• “Enough is enough”: Why and how a Belgian village decided to stop commemorating a massacre from World War One – or did it?

    Is there a time to stop commemorating? Two years ago I heard that a village in Belgium, whose population had been massacred by the German Army in 1914, had recently decided to stop the traditional annual commemoration of this massacre. This sounded unusual, even spectacular. I knew about communities who do not want to commemorate acts of violence because their majority had been on “the perpetrator-side”. I knew about survivors of mass-violence who preferred not to remember what had happened to them or who were denied possibilities to commemorate this. I knew about memory sites which had fallen in oblivion, or commemorations which had been abandoned after a political regime-change. But I had never before heard of a community which had been the victim of a massacre, and which had regularly, over decades, commemorated this massacre, and then one day, without any change in the political situation, decided deliberately to stop this annual commemoration. So I decided to investigate this case.

    The present article is the story of this research, which led me to discover the village of Spontin, in Southern-Central Belgium, where I met different protagonists from the village community and it’s surroundings. It’s a story with twist and turns: each question I answered brought up new questions, and the deeper I went into the topic, the more interlocutors I spoke with, the more enigmatic the case seemed to become: had there actually been a decision to stop the annual commemoration? And if yes, by whom and how had it been taken? Beyond the case of Spontin, the text raises various more general questions: under which circumstances does it make sense to stop or to continue the tradition of commemorations? What are the appropriate means to keep alive the memory of painful events? Who is legitimate to decide about such matters? At the same time, the article is also a reflection on my own relation to the topic of memorialization, on my own expectations and approaches when doing this research, and on my role as a foreign researcher investigating a village community I did not know before.


    http://www.memoires-en-jeu.com/inedits/enough-is-enough-why-and-how-a-belgian-village-decided-to-stop-comm
    #mémoire #guerres #histoire #WWI #première_guerre_mondiale #Belgique #Spontin

  • Je découvre ce matin une revue...
    #Mémoire_en_jeu : Revue critique interdisciplinaire et multiculturelle sur les enjeux de mémoire

    Par les temps qui courent, les mémoires sont de moins en moins partagées. Nombre d’entre elles nourrissent des replis identitaires et cimentent les pierres des nouveaux murs qui ceignent nos frontières, qu’elles soient géopolitiques ou intellectuelles. Elles sont régulièrement instrumentalisées comme de nouvelles armes. Entretenir des liens entre les mémoires, les faire circuler en les enrichissant mutuellement n’est pas une évidence, encore moins une situation établie une fois pour toutes, ni un fonctionnement irréversible. C’est un engagement, un positionnement critique et un pari multidirectionnel, multiculturel et multidisciplinaire que Mémoires en jeu fait siens.

    Mémoires en jeu se veut être l’espace d’expression d’un groupe ouvert qui sait rester à l’écoute des débats contradictoires. C’est avant tout le projet d’un collectif en mouvement, d’ampleur internationale. S’il est en majorité composé d’universitaires et d’intellectuels, il a pour souci d’accueillir des initiatives venant d’autres horizons. Établir des passerelles entre la recherche et la société n’est pas un vœu pieux, mais une des conditions pour une approche à la fois lucide et critique des enjeux de mémoire. Les questions de mémoire touchent toutes nos sociétés, c’est pourquoi leur compréhension nécessite d’être à la fois scientifique, artistique et culturelle, sans céder ni au reportage ni aux modes. La vocation de Mémoires en jeu est ainsi de restituer les états, situations, usages et évolutions des mémoires qui traversent les sociétés et les groupes, quels qu’ils soient, présents dans les sociétés européennes en particulier, et dans le monde, en général.

    Si les mémoires s’agrègent aujourd’hui autour des violences collectives, c’est que celles-ci ont été fondatrices des espaces et des temporalités dans lesquels nous vivons ensemble et par lesquels nous nous reconnaissons. En ce sens, les questions de mémoire dont nous parlons sont associées à des violences soit historiques (liées aux dominations, guerres, massacres et génocides dont notre histoire est chargée), soit économiques ou politiques (liées aux exils, aux déplacements de populations et aux flux migratoires à partir desquels se sont constituées ou reconstituées des diasporas et des communautés sur leur terre d’accueil). C’est pourquoi Mémoires en jeu, qui se donne pour sous-titre : « enjeux de sociétés », traite des mémoires en tant que questions. Et si elle vise à un effort de problématisation et d’analyse de ces enjeux, c’est pour en faire émerger toute la complexité qui dépasse ce que l’on nomme de façon souvent trop générale « mémoire ». Nous ne serons pas des pourvoyeurs de réponses.


    http://www.memoires-en-jeu.com
    #mémoire

  • Géographie du souvenir. Ancrages spatiaux des mémoires de la #Shoah

    Comme l’écrit Denis Peschanski dans sa préface, le livre de #Dominique_Chevalier apporte une pierre importante aux études sur la Shoah et, de manière plus générale, à la réflexion sur les relations entre mémoire et #espace qui furent au cœur des travaux de Maurice Halbwachs. L’ambition de l’ouvrage est en effet d’articuler des régimes de spatialité à des régimes d’historicité, voire de #mémorialité, dans la lignée de la réflexion alimentée depuis les années 1990 sur les « lieux spatiaux », alors même que la notion de « #lieux_de_mémoire » esquivait en partie la relation au territoire.

    Pour mener à bien son entreprise, Dominique Chevalier définit une problématique, un objet, des espaces et une méthodologie. Les politiques mémorielles et patrimoniales de la Shoah, dans leur dimension spatiale, constitue l’objet de cette recherche dont le pari est d’étudier sous l’angle géographique les différentes formes de territorialités et de mémorialités des principaux musées-mémoriaux urbains mondiaux consacrés au judéocide. Les connexions entre échelles spatiales, échelles temporelles et échelles mémorielles, corrélées aux relations des rapports sociaux/spatiaux permettent la co-construction et la co-production de lieux de mémoire singuliers si remarquables qu’il paraît tout à fait légitime de parler de « régime de spatialité », nous prévient l’auteur (p. 18). Le questionnement se déploie alors dans plusieurs dimensions : géopolitique d’abord, territoriale ensuite, spatiale, à l’intérieur des musées, pour finir. C’est ainsi que, de l’échelle la plus réduite à la plus grande, se constitue un continuum entre des espaces distincts qui dessinent in fine une forme de mondialisation de la mémoire de la Shoah, tissée de circulations intenses. Encore fallait-il échapper aux pièges que tend la mémoire de la Shoah d’un continent à l’autre : aux États-Unis, le terme de « survivor » désigne tous les Juifs ayant survécu aux années 1930 et 1940, y compris ceux installés en Amérique, alors que celui de « rescapé », dans la tradition européenne et israélienne, ne désigne que ceux qui survécurent à l’expérience des camps.

    Quelles sont les répercussions spatiales, géographiques et géopolitiques de cette mémoire qui semble constamment et partout présente, bien au-delà des lieux d’exclusion, de concentration et d’extermination des Juifs pendant la guerre ? L’enquête commence à une échelle « macro » où sont situés les lieux commémoratifs mondiaux, avec une attention particulière pour ces lieux « délocalisés » spatialement, loin du terreau des souffrances, loin des « lieux-témoins » centre-européens. Ces lieux ex situ, qui n’utilisent pas le substrat tangible des camps comme « ressource mémorielle » (p. 205), échappent donc à la concordance mémoire/lieu. Ils constituent une ressource idéelle accentuant une production culturelle et spatiale inédite et spécifique : Yad Vashem, les musées de Washington, de New York, de Los Angeles, de Montréal mais aussi de Budapest, de Berlin, de Paris et de Varsovie, sont ainsi mobilisés. Quant à la méthode, Dominique Chevalier s’appuie sur des observations in situ et des témoignages qui dénotent un goût pour les rapports subjectifs des individus à l’espace, notamment en ce qui concerne l’analyse des pratiques des usagers.

    La première partie de l’ouvrage identifie quatre temps de la mémoire de la Shoah qui correspondent à quatre investissements spatiaux distincts. Le premier voit l’affrontement du mémorial de Paris et de Yad Vashem, à Jérusalem, dans les années 1950. La double concurrence, idéelle et idéologique, qui résulte de ces projets contraste avec le projet du kibboutz Lohamei Haghetaot, fondé par 196 rescapés de la Shoah. Le deuxième temps est celui de la guerre froide, de la guerre des Six Jours et de la guerre du Kippour qui contribue à lier étroitement la mémoire de la Shoah à celle de l’existence, un temps compromise, de l’État d’Israël. C’est sur ce substrat que la Shoah s’américanise rapidement, à partir de 1974-1977. Troisième temps, celui du Rideau de fer et de la chute du mur de Berlin où l’Allemagne s’impose comme un épicentre européen de la mémoire de la Shoah puis, dans son sillage, certains pays de l’Europe centrale comme la Hongrie et la Pologne. Enfin, à partir des années 2000, on assiste à une extension mondiale qui touche aussi bien l’Australie que l’Afrique du Sud, la Turquie ou, dans une moindre mesure, l’Iran.

    La deuxième partie de l’ouvrage se concentre sur les stratégies spatiales de chacune de ces créations ex situ qui révèlent une forme de globalisation des rapports au passé. En géographe, Dominique Chevalier avance une sorte de typologie des territoires mémoriaux de la Shoah sans s’éloigner du fil conducteur de sa réflexion qui est le phénomène de métropolisation des lieux de mémoire. Dans un premier cas de figure, le musée-mémorial s’articule de manière essentielle à l’histoire des Juifs dans un territoire donné : à Paris, le mémorial s’implante très tôt à proximité du Pletzl mais aussi, de façon plus étonnante, à Shanghai, Los Angeles ou Montréal, les musées s’implantent dans le quartier des rescapés. Deuxième cas de figure : la co-présence d’autres mémoires blessées qui établissent avec la Shoah un lien existentiel. À Melbourne, la mémoire du judéocide se trouve associée à celle des Aborigènes ; au Cap, à celle de l’esclavage ; à Fukuyama, à celle des bombes atomiques. En troisième lieu, les musées-mémoriaux s’enracinent dans des lieux symboliques mais dont la récurrence mémorielle n’est liée ni à un passé juif, ni à la possible communion avec d’autres mémoires douloureuses. Là, ils valorisent des territoires dans lesquels s’ancrent des architectures médiatisées, telles que celle de Berlin où intervint Daniel Libeskind mais aussi l’Holocaust Mahnmal de Peter Eisenman, et l’Holocaust Memorial Museum à Washington. La quatrième catégorie concerne les espaces offrant l’opportunité d’embrasser de larges paysages naturels, comme le mémorial de San Francisco, le Jewish Heritage Museum de New York et Yad Vashem à Jérusalem. Pour finir, Dominique Chevalier souligne combien la Maison de la Terreur, à Budapest, relève d’une logique à part qui est celle du non-lieu, d’un lieu excentré. Tous ces exemples ont en commun de constituer des instruments essentiels d’aménagement et de communication territoriale et politique, que ce soit celle de la catastrophe revendiquée pour légitimer a posteriori la création de l’État d’Israël, ou bien celle des culpabilités embarrassantes qui servent à expier les fautes, comme à Washington ou à Berlin. En bref, pour Dominique Chevalier, l’espace urbain est un « miroir social sur lequel se réfléchissent des intentions, des logiques d’acteurs, des temporalités, des références identitaires, des relations passé/présent et des rapports local/global particuliers » (p. 132).

    La troisième partie s’intéresse à la micro-échelle des lieux où se noue la connexion entre le lieu et le sujet sur le mode de l’expérience individuelle et collective. Accéder au musée, se déplacer en son sein puis franchir la distance qui sépare l’observateur d’un objet difficile à comprendre comme l’est la Shoah : tels sont les passages obligés auxquels se confrontent les visiteurs des lieux étudiés. Les corps sont de plus en plus mis à l’épreuve des mémoires blessées par des dispositifs architecturaux et muséographiques qui favorisent le déséquilibre, les troubles et les vertiges de l’espace. L’usage des sons et du jeu lumière/ténèbres y est intense. L’architecture se veut volontiers anxiogène afin de reproduire le récit mémoriel développé par les institutions muséales. Ces lieux mettent en scène trois formes spatiales privilégiées : l’espace de méditation, sorte de « cabinet de réflexion » (p. 167), qui prépare le visiteur à devenir témoin et à transmettre ce qu’il vient de voir ; des micro-territoires de reconstitution (une rue de ghetto, un wagon à bestiaux, etc.) ; des espaces de sacralisation de la nature qui sont autant de lieux de purification, de ressourcement moral à la gloire du Créateur ou de l’État, selon les versions. Cette mythification de la nature n’est pas propre aux musées de la Shoah mais elle y joue un rôle essentiel. L’auteur montre ainsi que les micro-agencements muséaux, organisés à travers des seuils, des passages, des déambulations, des frontières, des discontinuités, traduisent et incarnent des récits chronologiques et muséographiques. L’expérience souvent douloureuse de ces lieux cherche à se rapprocher, sur un plan physique et émotionnel, des trajectoires individuelles des victimes et des diasporas européennes.

    La dernière partie de l’ouvrage est consacrée au tourisme de mémoire, c’est-à-dire aux destinataires de tels lieux. L’expérience muséale n’a pas la même signification que le visiteur soit étudiant, chercheur, touriste, enfant de rescapé, juif ou pas, etc. Dominique Chevalier tente alors une comparaison des publics pédagogiques, qui constituent partout la part la plus importante des visiteurs, sur la base de trois cas d’étude (Washington, Jérusalem et Paris). Puis elle se concentre sur le touriste dont elle souligne les similarités avec les autres touristes patrimoniaux, culturels et urbains. À l’inverse, le thanatotourisme (dark tourism) des lieux de massacre ne trouve pas là de terrain privilégié dans la mesure où la relation matérielle et historique avec les lieux de la catastrophe y est distendue.

    En conclusion, l’auteur, à travers l’exemple de la Shoah, a indéniablement réussi à démontrer que la mémoire constitue (aussi) un objet spatial, et ceci à plusieurs échelles. La mémoire produit de l’espace « en conjuguant le global au local, le général au particulier » (p. 209). Ces lieux permettent à leur manière la circulation de savoirs entre les lieux mêmes de la destruction des Juifs d’Europe et les autres lieux attestant diverses mémoires douloureuses. Ces musées, qui sont bien souvent des vitrines architecturales, sont des éléments de valorisation des territoires, outils et produits du marketing culturel et patrimonial performant. En effet, le propre de ces lieux n’est pas le contenu de leurs collections mais leur capacité à raconter une histoire difficile. Au total, cet ouvrage remarquable ouvre une foule de nouvelles pistes de réflexion, des formes de l’autonomie du sujet à l’invention sociale des territoires. Il mérite indéniablement d’être lu.


    http://www.memoires-en-jeu.com/compte_rendu/geographie-du-souvenir-ancrages-spatiaux-des-memoires-de-la-shoah/
    #livre #mémoire #géographie #géographie_culturelle
    ping @reka

  • Quelques #cartes vues au #musée et #mémoriel du #génocide cambodgien (1975-1979)

    L’expulsion de la population de la ville de Phnom Pehn a eu lieu en 3 jours. En 3 jours seulement pratiquement aucune personne ne vivait plus à Phnom Pehn, les #Khmer_Rouges avaient organisé l’expulsion dans les campagnes. L’#homme_nouveau devait renaître de là, des campagnes. Il ne faut pas oublier qu’après des années de bombardements sur le Camodge de la part de l’armée des Etats-Unis, un nombre important de réfugiés s’étaient réfugiés dans la capitale. La ville étaient donc peuplée de personnes nées à Phnom Pehn plus un nombre important de déplacés internes. Tout ce monde a été évacué en 3 jours.

    #Phnom_Pehn #S-21 #camp_d'extermination #prison #migrations_forcées #expulsions #cartographie #visualisation #flèches #génocide_cambodgien
    #Cambodge

    #Tuol_sleng genocide museum


    http://www.tuolslenggenocidemuseum.com