• Sur Gaza, et l’état de la gauche en France | Stefano Palombarini
    https://blogs.mediapart.fr/stefano-palombarini/blog/151023/sur-gaza-et-letat-de-la-gauche-en-france#at_medium=custom7&at_campai

    (https://t.co/mItVLvgSbR)

    A UN human rights expert warned today that Palestinians are in grave danger of mass ethnic cleansing and called on the international community to urgently mediate a ceasefire between warring Hamas and Israeli occupation forces .

    Outre l’infinie tristesse pour ce que vivent les peuples d’Israël et de Palestine, il y en a une autre certes plus petite, mais douloureuse : c’est de constater qu’une grande partie des dirigeants de la gauche ne sont pas du tout à la hauteur du rôle qui est le leur.

    Même s’il peut sembler superflu de revenir sur la qualification de l’attaque du Hamas, c’est par là qu’il faut commencer.

    Cette attaque est criminelle et ignoble, il n’est pas de débat possible. Comme il devrait être évident que pour la comprendre, il faut la lire dans un conflit ouvert depuis des dizaines d’années. C’était un acte de guerre qui s’en est pris à la population civile : ses responsables devraient en répondre devant un tribunal international, car des crimes de guerre et possiblement de crimes contre l’humanité ont été commis.

    Le réaction du gouvernement d’extrême droite d’Israël, qui agit systématiquement en violation de la légalité internationale, n’était pas difficile à prévoir : en riposte aux crimes de guerre du Hamas, il n’hésite pas un instant à en commettre d’autres.

    Face à un conflit marqué par des crimes en série, la seule position raisonnable de la communauté internationale aurait été de demander un cessez-le-feu, comme le fait l’Onu qui craint aujourd’hui un « nettoyage ethnique de masse » à Gaza.

    Mais.

    Mais la France et l’Union Européenne ont renoncé à toute autonomie et sont totalement alignées depuis longtemps aux États-Unis, qui ont en Israël un allié incontournable. Le récit qui s’est imposé est alors celui qu’on connaît : une attaque terroriste (contre un pays en paix ?), à laquelle Israël avait le droit de répondre.

    Dans ce récit, qui oppose une grande démocratie meurtrie à un groupe terroriste, il n’y a pas d’appel au cessez-le-feu possible. On peut, au mieux, demander à Israël de la modération dans la riposte, et lui faire confiance.

    Et quel étonnement, n’est-ce pas, quand la confiance est trahie.

    Et quelle surprise aussi quand, après avoir dit et répété que le Hamas ne représente en rien les palestiniens, on constate que le gouvernement ami qu’on soutient « inconditionnellement » considère la population de Gaza toute entière comme responsable des crimes du Hamas.

    En réalité, à une lecture des événements qui repose sur une analyse sérieuse de la situation historique, qui rappelle entre autres choses que Gaza est sous blocus depuis 2007, s’en oppose une autre qui se fonde sans distance critique sur la propagande pro-Israël.

    À cette propagande, si forte qu’elle conduit à traiter d’« amis du Hamas » celles et ceux qui pensent que ses responsables devraient finir devant la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre, se sont pliés les grands médias, la droite, l’extrême droite et Emmanuel Macron, ce qui était prévisible. Mais aussi une partie de la gauche.

    Une gauche dont le rôle serait de défendre les peuples israélien et palestinien des crimes de guerre qui produisent des massacres, d’appeler à un cessez-le-feu, et de s’appuyer sur les organisations comme l’Onu qui essaient de travailler pour le respect de la légalité.

    Mais pour cela, il faudrait pouvoir tenir un discours en rupture avec celui imposé comme le seul admissible, et donc résister aux insultes médiatiques et à la « menace » de mauvais sondages. Une partie importante de la gauche, visiblement, n’en est pas capable.

    Ce qui, personnellement, me fait le plus de peine, c’est de voir EELV et le PCF trahir leurs positions historiques pour se mettre dans la direction du vent, mais il y a plus important : les représentants d’un bloc social qui s’est construit autour de l’hypothèse d’une rupture avec les rapports de force hégémoniques doivent être prêts à affronter souvent, très souvent des situations de ce type, surtout s’ils se retrouveront un jour à gouverner.

    S’ils veulent porter un programme de rupture, les représentants de la gauche doivent être prêts à affronter presque systématiquement non seulement les adversaires politiques, mais tous les grands médias et les intérêts des puissants.

    Outre l’infinie tristesse pour ce que vivent les peuples d’Israël et de Palestine, il y en a une autre certes plus petite, mais douloureuse : c’est de constater qu’une grande partie des dirigeants de la gauche ne sont pas du tout à la hauteur du rôle qui est le leur.

  • #stephano_palombarini, coauteur du #bloc_bourgeois avec bruno #Amable

    Les gilets jaunes, le néolibéralisme et la gauche | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/stefano-palombarini/blog/211218/les-gilets-jaunes-le-neoliberalisme-et-la-gauche

    Le mouvement des Gilets Jaunes (GJ), bien qu’inattendu, n’est pas vraiment surprenant. Avec Bruno Amable et Elvire Guillaud, nous avons identifié de bonne heure, dès 2012 [1], le profil du bloc bourgeois qui a ensuite permis à Macron d’accéder au pouvoir, et les politiques qui en assuraient la formation et la cohérence. Une coalition sociale centrée sur la partie la plus favorisée de la société, et l’accélération des réformes néolibérales qu’elle impulse, étaient destinées à susciter des souffrances sociales qui tôt ou tard devaient s’exprimer. De plus, on sait que – par sa composition – le bloc bourgeois ne peut être socialement majoritaire : c’est la fragmentation de l’offre politique, et notamment la crise des blocs de gauche et de droite, qui lui ont permis de s’imposer. Là encore, il n’est alors pas bien compliqué d’expliquer le soutien très vaste rencontré par les GJ dans la population française.

    L’identification des causes de ce mouvement ne pose donc pas de problème majeur. Plus compliqué, par contre, est de comprendre comment l’émergence d’une protestation sociale si forte et diffuse modifie le paysage politique, et quelles perspectives elle ouvre. C’est à ces questions que je vais essayer d’esquisser des premières réponses dans ce billet, dont j’espère on excusera la froideur analytique. Car bien évidemment, pour les raisons que je viens d’évoquer, parce qu’ils expriment la souffrance ressentie par la partie la plus pauvre et fragile de la population, directement exposée à la violence des politiques du pouvoir macronien, les GJ ne peuvent que susciter de la sympathie ; mais qui ne doit pas faire obstacle à l’analyse concrète de la situation et de ses évolutions possibles.

    Le mouvement des Gilets Jaunes (GJ), bien qu’inattendu, n’est pas vraiment surprenant. Avec Bruno Amable et Elvire Guillaud, nous avons identifié de bonne heure, dès 2012 [1], le profil du bloc bourgeois qui a ensuite permis à Macron d’accéder au pouvoir, et les politiques qui en assuraient la formation et la cohérence. Une coalition sociale centrée sur la partie la plus favorisée de la société, et l’accélération des réformes néolibérales qu’elle impulse, étaient destinées à susciter des souffrances sociales qui tôt ou tard devaient s’exprimer. De plus, on sait que – par sa composition – le bloc bourgeois ne peut être socialement majoritaire : c’est la fragmentation de l’offre politique, et notamment la crise des blocs de gauche et de droite, qui lui ont permis de s’imposer. Là encore, il n’est alors pas bien compliqué d’expliquer le soutien très vaste rencontré par les GJ dans la population française.

    L’identification des causes de ce mouvement ne pose donc pas de problème majeur. Plus compliqué, par contre, est de comprendre comment l’émergence d’une protestation sociale si forte et diffuse modifie le paysage politique, et quelles perspectives elle ouvre. C’est à ces questions que je vais essayer d’esquisser des premières réponses dans ce billet, dont j’espère on excusera la froideur analytique. Car bien évidemment, pour les raisons que je viens d’évoquer, parce qu’ils expriment la souffrance ressentie par la partie la plus pauvre et fragile de la population, directement exposée à la violence des politiques du pouvoir macronien, les GJ ne peuvent que susciter de la sympathie ; mais qui ne doit pas faire obstacle à l’analyse concrète de la situation et de ses évolutions possibles.

    Un premier pas vers l’unification des classes populaires ?

    D’un point de vue analytique, le premier constat est celui d’un mouvement d’une certaine façon symétrique au bloc bourgeois. Ce dernier réunit les classes favorisées « au-delà de la droite et de la gauche » ; les GJ semblent faire de même, mais du côté des classes populaires.

    [...]

    Bref, les GJ pourraient préfigurer le bloc anti-bourgeois dont nous avions discuté la possible formation dans L’illusion [3] en soulignant cependant qu’une politique de médiation en mesure de satisfaire l’ensemble des classes populaires nous semblait bien difficile à concevoir, compte tenu de la distance qui marquait les attentes, par exemple, des salariés à faible qualification par rapport à celles des ‘petits patrons’, des artisans ou des commerçants.

    [...]

    Cependant, force est de constater que les GJ expriment une certaine unification politique des classes populaires ; dont il faut ainsi se demander sur quels ressorts elle repose.

    [...]

    En poussant, et même en obligeant les classes défavorisées à délaisser le conflit contre le patronat sur le partage de la valeur ajoutée et à se concentrer entièrement sur la demande de transferts monétaires de la part du gouvernement ou sur celle d’une baisse des impôts, le néolibéralisme se nourrit de la misère sociale qu’il engendre.

  • Budget italien : pas de démocratie dans le cadre des traités européens

    La commission européenne a refusé le budget présenté par le gouvernement italien. Des commissaires non élus, dont le socialiste français Pierre Moscovici, menacent un État souverain d’une amende de plusieurs milliards d’euros s’il ne se plie pas à leurs directives. Le gouvernement italien, qu’on le soutienne ou qu’on le combatte, a été élu démocratiquement. Cette décision est un pas de plus dans le sens de la souveraineté limitée des peuples en Europe.

    La commission européenne est incapable d’imposer à l’extrême-droite italienne le respect des droits humains fondamentaux envers les réfugiés. Sur ce sujet, les dirigeants européens sont prêts à faire toutes les concessions à Salvini. Mais sur la politique économique, cette Europe se montre intraitable. Pas la moindre déviation vis-à-vis du libéralisme n’est tolérée.

    En 2015, Jean-Claude Juncker déclarait : » Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens « . En réalité, c’est dans le cadre de ces traités que la démocratie n’existe pas.

    https://melenchon.fr/2018/10/23/budget-italien-pas-de-democratie-dans-le-cadre-des-traites-europeens

  • A propos de la gauche anti-migrant
    https://melenchon.fr/2018/09/17/cest-tant-cest-trop

    Par exemple, nous ne sommes pas d’accord pour que l’immigration soit le débat central de la prochaine élection comme l’a proclamé Brossat au nom du PCF. Ce serait servir la soupe à Macron et Le Pen. Et nous ne sommes pas d’accord pour renoncer à traiter les causes de l’immigration comme l’affirme Brossat contre Quatennens au nom du devoir d’accueil inconditionnel de son grand père juif fuyant les nazis. Nous ne sommes pas d’accord pour taire le fait que le patronat utilise la main d’œuvre sans-papier pour la maltraiter et la sous-payer dans le but de se procurer de la main d’œuvre peu chère et de peser sur le salariat organisé. En le disant, cela ne signifie ni que nous rendons les migrants responsables des bas salaires ni du chômage comme nous en accusent calomnieusement Besancenot, Hamon, Brossat.

    Nous avons prévu de créer un statut de réfugié économique pour répondre au problème que posent les personnes dans cette situation sans sombrer ni dans l’expulsion générale ni dans le refus du contrôle. Nous nous prononçons pour la régularisation des travailleurs sans-papier et le même contrat de travail pour tous en opposition au statut de travailleur détaché. Nous ne sommes pas pour le droit de libre installation. En effet nous défendons la réalité des frontières parce que nous en avons besoin par ailleurs pour appliquer notre programme et faire du protectionnisme solidaire, de la relocalisation, de l’impôt universel, du contrôle des marchandises et de la douane. C’est une position de raison que la nôtre. Nous pensons qu’elle mérite d’être discutée en tant que telle et non disqualifiée par l’injure.

    Titre de moi, afin de relier ces propos de JLM aux débats qui ont eu lieu récemment à ce sujet.