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  • Stains : le préfet met en demeure le maire de retoucher la fresque contre les violences policières
    https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/le-prefet-met-en-demeure-le-maire-de-stains-de-retoucher-la-fresque-contr

    Le préfet de Seine-Saint-Denis, Georges-François Leclerc, a annoncé ce lundi après-midi, après avoir reçu une délégation du syndicat de police Alliance en marge d’une manifestation à Bobigny, qu’il allait mettre en demeure le maire (PCF) de Stains Azzedine Taïbi de retirer la mention « policières » de la fresque réalisée dans sa commune en hommage à George Floyd et Adama Traoré.

    Le préfet de Seine-Saint-Denis accède ainsi au souhait des policiers, ulcérés par cette œuvre murale représentant les portraits des deux hommes avec la mention « Contre le racisme et les violences policières ».

    Après, je doute que la « mise en demeure » soit même vaguement légale. Je suis persuadé que le maire peut lui dire de se la rouler et de la ranger au frais en attendant qu’un tribunal invalide cette saloperie.

    • J’imagine que la mise en demeure est basée sur l’article L2215-1 du code général des collectivités territoriales :

      La police municipale est assurée par le maire, toutefois :
      1° Le représentant de l’Etat dans le département peut prendre, pour toutes les communes du département ou plusieurs d’entre elles, et dans tous les cas où il n’y aurait pas été pourvu par les autorités municipales, toutes mesures relatives au maintien de la salubrité, de la sûreté et de la tranquillité publiques.
      Ce droit ne peut être exercé par le représentant de l’Etat dans le département à l’égard d’une seule commune qu’après une mise en demeure au maire restée sans résultat

      https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006070633&idArticle=LEGIART

    • Oui, c’est aussi ce que je me suis dit. Et c’est tout à fait parlant : parce que c’est qui, ici, qui menace de troubler l’ordre public, sinon les syndicats de flics eux-mêmes ? Il est tout de même assez saugrenu d’arguer de la menace du trouble à l’ordre publique, alors qu’ici très clairement, ceux qui menacent de foutre le bordel, ce sont les flics eux-mêmes…

      Ce qui malgré cela ne résout pas le problème de la légalité. Le préfet ne peut décréter qu’une peinture politique, inaugurée en présence du maire lui-même, trouble l’ordre public. La liberté d’expression, et surtout l’expression d’opinions politiques, est elle aussi protégée dans ce pays.

    • https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/06/la-fresque-la-phrase.html

      La fresque ou la phrase. Ce que l’on veut garder. Ce que l’on veut effacer ou recouvrir. Ce dont on veut se souvenir. Ce qui reste et ceux qui ne sont plus là. Ce ne sont que des mots. Mais ils sont essentiels. Comme sont essentiels les noms de Georges Floyd et d’Adama Traoré. Comme est légitime et nécessaire l’interrogation sur les violences policières, deux autres maux. Effacer des mots c’est effacer des réalités. N’effaçons rien de ce que nous sommes. Parce que nous sommes la somme de nos mots. Et que chaque respiration est une humanité en devenir. La contraire de l’étouffement. We can breathe. Nous qui pouvons respirer librement le devons encore davantage en partage à celles et ceux pour qui chaque respiration est un risque.

      Et si la démocratie est en effet un exercice de rendu public, dans cette démocratie là, chaque publication est aussi une respiration. Et doit pouvoir le rester.

  • Le charme modéré de la bourgeoisie numérique. Et son immunité algorithmique.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/06/charme-bourgeoisie-numerique.html

    Ce que c’est qu’une plateforme : la décision d’un seul. Jack Dorsey, pdg de Twitter, qui « fact-checke » un tweet de Trump et en censure un autre. Le premier Tweet fact-checké concernait le - supposé - danger du vote par correspondance, quant au tweet « censuré » il s’agissait d’une vidéo de campagne publiée après la mort de Georges Floyd et bloquée par Twitter pour ... infraction aux droits d’auteur. Zuckerberg, pdg de Facebook qui se refuse à « intervenir » ou à « modérer » s’abritant derrière une (...)

    #Facebook #algorithme #racisme #domination #sexisme #BlackLivesMatter #SocialNetwork

    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0264e2e2bac1200d-600wi

  • affordance.info : Je suis un algorithme local.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/05/parcoursup-algorithme-local.html

    Je suis un algorithme local.

    Les « algorithmes locaux ». Voilà le terme étrange sous lequel, depuis 2018, on désigne commodément - et pour mieux en dissoudre le sens - les processus de sélection des différents établissements d’enseignements supérieurs dans le cadre de cette machine à fabriquer de la résignation qui s’appelait initialement « APB » (Admission Post-Bac) et aujourd’hui « ParcourSup ».

    Parcoursup est une saloperie et une « procédure » que je combats depuis son lancement. Je la combats en tant qu’enseignant concerné (je suis enseignant-chercheur à l’université de Nantes) et je la combats en tant que parent (un enfant concerné l’année dernière, un qui le sera l’année prochaine, le troisième devrait être sélectionné par un drone nourri à l’IA sur la base d’un prélèvement ADN non consenti au train où vont les choses). Comme parent et comme enseignant je combats et je combattrai toujours la logique de Parcoursup pour deux raisons essentielles.

    La première de ces raisons est qu’elle est, en France, la première mise sous coupe algorithmique totale des possibilités offertes (ou refusées) à toute une génération. Et qu’à ce titre elle est une habituation au forceps à se laisser gouverner, non pas par « des algorithmes », mais par des gens avec des projets politiques dissimulés derrière des algorithmes. Et cette nuance est d’importance. C’est ce qu’explique régulièrement et brillamment Antoinette Rouvroy quant elle parle de « gouvernementalité algorithmique », par exemple lors de cette rencontre avec Le Mouton Numérique :

    « c’est finalement ce désintérêt à la fois pour la singularité des vies et pour leur inscription dans des contextes collectifs [(groupe, communautés, etc.)] qui confère à ce mode de gouvernement à la fois une aura d’impartialité très grande mais aussi une très grande difficulté à contester des décisions qui sont prises sur base de détection d’opportunité »."

    Et la seconde raison, plus essentielle, pour laquelle je combats et combattrai toujours cette Orwellienne orientation, est ce vers quoi tend la logique profonde de Parcoursup : c’est une machine à fabriquer de l’intranquillité qui elle même fabriquera de la résignation qui à son tour fera le lit de tous les asservissements consentis.

    #parcoursup #algorithmes #enseignement_supérieur

  • Je suis un algorithme local.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/05/parcoursup-algorithme-local.html

    Les « algorithmes locaux ». Voilà le terme étrange sous lequel, depuis 2018, on désigne commodément - et pour mieux en dissoudre le sens - les processus de sélection des différents établissements d’enseignements supérieurs dans le cadre de cette machine à fabriquer de la résignation qui s’appelait initialement « APB » (Admission Post-Bac) et aujourd’hui « ParcourSup ». Parcoursup est une saloperie et une « procédure » que je combats depuis son lancement. Je la combats en tant qu’enseignant concerné (je suis (...)

    #algorithme #technologisme #discrimination #enseignement

    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0264e2df0f56200d-600wi

  • Deux-Sèvres. La colère des bénévoles fabricants de visières de protection
    https://www.ouest-france.fr/nouvelle-aquitaine/deux-sevres/deux-sevres-la-colere-des-benevoles-fabricants-de-visieres-de-protectio
    https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMDA1ZDA0ZDc1OGVjZjc2YjRhZDQ0ZGQ3MWY3ZjBlYmZiZDU?width=1260&he

    "C’est avec tristesse que je vous annonce la fin de mes impressions de visières. Depuis le 23 avril dernier, la direction générale du travail (DGT) et la direction générale des entreprises (DGE) ont précisé les conditions d’évaluation de la conformité requises pour les visières de protection destinées à la lutte contre le Covid-19" », indique Alexandre Henic, sur sa page Facebook.

    « "Pour résumer, le don ou la vente à prix coûtant d’une visière peuvent être requalifiés en concurrence déloyale. La réalisation d’une visière gratuitement, même par un bénévole, peut être requalifiée en travail déguisé. Les visières doivent désormais répondre à une norme technique que je ne suis pas en mesure de suivre" », ont ainsi posté Alexandre Henic, de Pompaire, et le Bressuirais Grégory Mabilais.

    #visières #makers

    • Médailles, makers et écoeurement.
      https://affordance.typepad.com
      Il y a eu le coup des médailles. Il a fallu se pincer pour y croire. Des médailles aux soignants. Et des primes. Mais pas à tous. Et surtout, surtout, pas de revalorisation.

      Et puis il y a eu, depuis le début de cette épidémie, la mouvement des « makers ». Couturières, ingénieurs, bénévoles, amateurs éclairés, professionnels à fibre associative, ou simples citoyens n’ayant à offrir rien d’autre qu’un peu de leur temps. Tous et toutes ont, pendant deux mois, inventé, assuré, fabriqué, développé, imprimé, empaqueté, livré, offert, donné des visières, des masques en tissu et tant d’autres choses aussi. Pendant deux mois, ces visières, ces masques ont atteint des proportions parfois quasi-industrielles et toujours industrieuses. Pendant deux mois ces visières, ces masques en tissu ont sauvé des vies. Pendant deux mois ils et elles ont été distribués gratuitement bien sûr. Pour sauver des vies. Des vies de malades, de soignants, de professionnels en première, deuxième, troisième ligne ou même au-delà des lignes. Pendant plus de deux mois d’incurie de l’état, pendant que l’on brûlait ici des masques, pendant que les usines étaient fermées, pendant que les rares ouvertes ne suffisaient pas, loin s’en faut, à garantir un nombre d’équipements suffisants pour les soignants, pendant deux mois ces bénévoles, ces makers, ces vous et moi, ces autres que l’on ne connaît pas ou que l’on croise parfois, pendant deux mois ces gens-là ont cousu, imprimé, livré, assemblé des des centaines de milliers d’équipements vitaux, vitaux, dans toute la France. Gratuitement. Sans rien attendre. Sans rien demander. L’économie du don.

    • Moi, je dis bravo. Quand y’avait pas de masque, ils ne servaient à rien. Les gens se démerdent (comme souvent), en fabriquent, échangent, font de l’économie de survie et de la solidarité et pof l’industrie rattrape le retard, alors les masques servent en fait à quelque chose et on ne peut plus se débrouiller par soi même parce que c’est de la concurrence déloyale. Et tout ça sous vos applaudissements de 20h. 👏👏👏👏👏

  • Le virus et les affordances
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/05/virus-affordances.html

    Le numérique comme pandémonium de la pandémie. Tous les démons réunis. De celui de la surveillance à celui de la déshumanisation. Il est étonnant ce virus. Dans ce qu’il dit, permet, autorise et légitime de notre rapport au numérique à proportion de ce qu’il interdit, ne permet plus, délégitime dans notre rapport aux autres hors numérique. Source : affordance.info

  • Pourquoi tant de tutos

    "Le chef de le start-up nation aime d’ailleurs à se fantasmer en John F. Kennedy d’opérette et n’hésite jamais à s’approprier son discours d’investiture quand il ânonne péniblement avec son ton compassé de mauvais acteur de théâtre : « Demandez-vous chaque matin ce que vous pouvez faire pour le pays. » Et faites-le vous-mêmes.

    Pourtant il est tellement évident de se demander aujourd’hui ce que l’état a fait, et pas seulement en temps de crise, pour écouter et accéder aux revendications des soignants, des enseignants, des avocats, et de tant d’autres. Ce que l’état a fait de leurs témoignages incessants, insistants, invitants. Demandez-vous chaque matin ce que vous pouvez faire pour le pays. Lavez-vous les mains. Fabriquez des masques. Lavez vos masques. Recommencez. Demandez-vous chaque matin ce que vous pouvez faire pour le pays. Lavez-vous les mains. Fabriquez des masques. Lavez vos masques. Recommencez. Demandez-vous chaque matin ce que vous pouvez faire pour le pays. Lavez-vous les mains. Fabriquez des masques. Lavez vos masques. Recommencez. Demandez-vous chaque matin ce que vous pouvez faire pour le pays. Lavez-vous les mains. Fabriquez des masques. Lavez vos masques. Recommencez.

    Le tutoriel comme injonction. Puisqu’il y en a, des tutoriels, alors qu’attendez-vous ?

    Et le DIY comme politique de santé publique. Fabriquez vos masques, vos respirateurs. Et demain vos lits d’hôpitaux et vos médicaments. Il n’aurait plus manqué que le tuto chloroquine pour que la gabegie soit complète."

    https://www.affordance.info/mon_weblog

  • L’immunité collective numérique n’existe pas

    "Nous avons construit ou laissé construire une dystopie juste pour que les gens cliquent sur des publicités. Et des gouvernements dépendent aujourd’hui de l’analyse de ces clics publicitaires pour informer et documenter des décisions de santé publique dans un contexte d’urgence sanitaire. C’est cela, le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.
    Et comme remède, comme solution, comme résilience nous n’aurions rien d’autre à offrir que davantage de solutions de traçage numérique ? Davantage de commandes de « micro-drones du quotidien », « drones de capacité nationale » ou autres « nano-drones spécialisés » ? Comme perspective et comme avenir nous ne pourrions imaginer que des barèmes algorithmiques pour déterminer la valeur (sic) d’une victime ??!

    Si nous n’agissons pas de manière déterminée, le monde d’après ressemblera à celui que vient de décrire Eric Schmidt, ancien Big Boss de Google. Un monde dans lequel, grâce (sic) à l’épidémie du coronavirus, les gens pourraient être, accrochez-vous, "un peu plus reconnaissants ("grateful") envers les Big Tech et un peu moins envers leurs gouvernements." Être reconnaissants. On aurait tort de prendre cette déclaration pour du cynisme. C’est tout au contraire un aboutissement. Celui d’un projet de société porté par ces Big Tech, celui qui irrigue toute leur philosophie de l’action."
    « Il n’y a pas besoin de soldats ou de héros car nous ne sommes pas en guerre. Seulement de soignants, d’équipements médicaux, de lits d’hôpitaux et de financements pérennes de la recherche fondamentale et appliquée.

    Il n’y a pas besoin de surveillance car nous ne sommes pas en délinquance ni en délation et que le suivi épidémique doit pouvoir reposer uniquement sur le cadre éthique qui est celui du soin.

    Il est possible de veiller sans surveiller. Il est possible de veiller sans surveiller. Il faut que ce le soit. Que cela redevienne un possible. »

    https://www.affordance.info/mon_weblog

  • Masque. Nom masculin.

    "La pénurie est toujours là. Alors quand on ne peut pas changer la réalité on change les mots qui la désignent. Vieille recette. Novlangue. Néo-parler. Dissoudre le réel sous les mots qui l’euphémisent, le diluent, le dissolvent. Apparition donc des masques « grand public » et des masques « alternatifs ». En date du 2 avril dans le communiqué de l’académie de médecine.

    "en situation de pénurie de masques[1] et alors que la priorité d’attribution des masques FFP2 et des masques chirurgicaux acquis par l’État doit aller aux structures de santé (établissements de santé, établissements médico-sociaux, professionnels de santé du secteur libéral) et aux professionnels les plus exposés, l’Académie nationale de Médecine recommande que le port d’un masque « grand public », aussi dit « alternatif », soit rendu obligatoire pour les sorties nécessaires en période de confinement"

    C’est une recommandation de l’académie de médecine. Le tutos Youtube sont également fournis à la fin. Certifiés."

    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/04/masque-nom-masculin.html

  • DU CHOC AU STOCK : CHRONIQUE D’UNE DISRUPTION VIRALE

    « Car dans un temps que nous ne pouvons qu’espérer être le moins long possible, ce sont les connaissances scientifiques, et seulement les connaissances scientifiques qui nous sortiront de cette catastrophe humanitaire et sanitaire. Cela c’est notre seule et unique certitude partagée. Il n’y en a aucune autre. Aucun autre possible. Aucun autre lendemain. Aucune autre chance que celle de la science. Il faut donc que toutes ces connaissances scientifiques, toutes, soient immédiatement et gratuitement accessibles à tous et toutes. Aux chercheurs et aux chercheuses bien sûr, mais à l’ensemble des citoyens. C’est vital. Et le mot vital est à prendre ici au sens premier. »

    « Mais ce qui était frappant c’est que jamais dans tous ces plateaux et dans tous ces débats on n’a rappelé l’essentiel : la plupart de ces connaissances scientifiques sont aujourd’hui bloquées derrière des accès payants exorbitants que rien ne justifie sinon la structure d’un marché que quelques grands groupes éditoriaux contrôlent entièrement et qui fait qu’indépendamment de l’actuelle crise du Covid-19, chaque jour des dizaines de milliers de personnes dans le monde crèvent parce qu’ils n’ont pas accès aux connaissances et aux données scientifiques qui leur permettraient de développer des traitements adaptés, génériques, accessibles. Il n’a pas non plus été rappelé à quel point, dans le domaine médical et dans celui du marché mondial des vaccins et des médicaments, règnent de grands groupes pharmaceutiques, qui sont tout aussi autant cyniques, corrompus et criminels que les grands groupes éditoriaux précédents. »

    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/04/choc-stock-disruption-virale.html

  • Aux masques citoyen : stigmate, uniforme et panoplie

    « Il est donc acquis que demain, après-demain, et peut-être après tant de lents demain encore, nos vies seront masquées. Et que ces masques feront stigmate. Stigmate au carré. Ceux qui en sont privés sont marqués. Ceux qui en portent sont remarqués. »
    "Celles et ceux qui en ont. Et celles et ceux qui n’en ont pas, donc, sont également marqués. D’une forme de hiérarchie sociale qui est un fer rouge. Tout dépend de qui les voit n’en portant pas. Hier celles et ceux qui n’en portaient pas n’avaient pas d’autre choix que celui de l’innocence désarmée. Dès demain celles et ceux qui n’en porteront pas seront coupables ou criminels. Stigmate encore. "
    "Il va nous falloir trouver une manière de porter le masque qui ne nous assigne pas davantage à une normalité asservie, docile et attentiste. Il va nous falloir trouver comment renverser le stigmate. Pour qu’il ne soit plus seulement ce qui, « lors d’une interaction, affecte, en le discréditant, l’identité sociale d’un individu », mais qui tout au contraire nous pousse à questionner sans relâche la nature de politiques de stigmatisations dont le libéralisme est la main, dont le capitalisme est le dogme, et dont la surveillance est l’alibi parfait.

    Aux masques citoyens.
    Le masque est pour les soignants une protection. L’un des signes diacritiques d’une panoplie de soin. L’une de leurs armes.

    Mais quand le masque se déploie à l’échelle d’une société contrainte dans ses mouvements et policée par l’arbitraire d’états d’urgences persistants, alors le masque est la première pièce de l’uniforme. D’une mise au pas. D’une mise au pli. D’une mise en sur bouche. Une certitude cependant : des ces sociétés d’uniformes, comme de celles uniformes, ne naîtra jamais aucune solution aux pandémies virales qui questionnent notre rapport au vivant et aux autres.

    Ce n’est pas pour rien qu’il n’y a pas « d’uniforme » des soignants, des médecins, des chirurgiens, des infirmières. Juste des panoplies. Ils ont besoin d’armes, de toutes ("pan-") leurs armes ("-oplo"), et le reste est affaire de connaissance, de savoir et de soin, plutôt que d’embrigadement et d’ordre et de marcher au pas. La différence entre le masque uniforme et le masque panoplie.

    Nous avons davantage besoin d’armes que d’ordres. Lorsque nous les aurons, portons nos masques comme des panoplies, jamais comme des uniformes."

    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/05/aux-masques-citoyens-stigmate.html

  • affordance.info : Nos étudiant(e)s ne sont pas des délinquant(e)s
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/05/nos-etudiants-ne-sont-pas-des-delinquants.html

    Dès le début du confinement, les universités ont été les premières à annoncer que les cours en présentiel ne reprendraient pas avant Septembre. Et que donc la totalité des examens se dérouleraient « à distance » et « en ligne ».

    Dans les quelques jours qui ont suivi, beaucoup de collègues ont été séduits par les propositions d’un certain nombre d’entreprises avec des solutions - payantes - clés en main pour « surveiller » et administrer la passation des examens universitaires.

    #université #surveillance #privatisation #examens

    • Un triptyque classique. Trois tableaux.
      Premier tableau . Le gouvernement a édicté une sorte de tuto. de 64 pages (ramené à 54 après sa parution initiale) qui édicte les règles d’un cadre sanitaire de reprise laissant chacun des acteurs concernés pantois devant l’inanité, l’absurdité ou le manque de « sens » de ces mesures tutorielles. _
      Deuxième tableau. Dans le même temps il laisse chacun face à sa responsabilité individuelle de « parent choisissant » (le fameux « volontariat ») et de « salarié sans le choix » (la reprise économique doit se faire) avec le poids moral de cette contradiction impossible à supporter.
      Troisième tableau . Il rappelle opportunément qu’il ne faudra pas demander des comptes ni aux directeurs d’école, d’établissements scolaires, maires et préfets (qui pourraient donc être immunisés contre tout recours) ni à l’état lui-même (qui a donc délivré son tuto de 64 pages).

      Démerdez-vous braves gens. La société des tutos. La rhétorique du pipeau. La politique des idiots.

      Apologue à l’épilogue.

      Ma plus grande crainte en ce moment n’est pas celle de ma propre reprise (je suis enseignant à la fac, et les facs, elles, ne reprendront qu’en septembre, autre inconséquence, autre incompréhensible ...), ni même celle de la reprise de mes enfants (même si pour deux d’entre eux la question se posera mais ma position sociale privilégiée me permettra d’assumer chacun de mes choix - et des leurs - quels qu’ils soient).

      Ce qui me terrifie littéralement en ce moment c’est la phrase que je cite souvent de Hannah Arendt.

      « Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez. »

      Voilà ce que le climat d’irresponsabilité politique actuelle dessine et forge, voilà ce que dessinent et forgent ces mensonges et ces va-et-vient permanents, ces atermoiements brusquement suivis de décisions impérieuses que rien ne semble étayer sinon l’arbitraire de la volonté d’un seul homme, ces calendriers improbables, ces coloriages mouvants de zones rouges un jour et vertes le lendemain, ces périmètres distanciels aléatoires ne renvoyant à aucune forme de réalité sociale, « un kilomètre autour de chez soi » puis « 100 kilomètres en dehors de sa zone », ces mesures résolues sitôt ramenées à l’irrésolu du volontariat des uns (celles et ceux qui le peuvent) et à l’insolvable de la misère des autres (qui ne peuvent rien d’autre que d’être volontaires) ... Et toujours ces putains de tutoriels.

      Personne, personne ne sait ce que sera le monde d’après. Mais tout le monde, tout le monde comprend qu’il sera politique. Cette crise est pour certains l’occasion de faire de la citation d’Hannah Arendt un programme politique, une finalité, une ambition, un projet. Leur projet. Comme pour mieux tétaniser les prochains rendez-vous électoraux présidentiels. C’est un risque considérable. Une folie déjà presque palpable. Plus personne ne croira plus rien. La capacité d’agir se limitera aux tutoriels autorisés corrélés à la misère du fin du mois qui toujours pour les mêmes, viendra toujours trop tôt. Quand à pouvoir juger et penser ... que nous reste-t-il à juger et penser dans un monde au chaque décision comme chaque indécision s’accompagne de son exact inverse, de sa vérité feinte ou de son mensonge révélé ?

      "Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez."

  • affordance.info : L’immunité collective numérique n’existe pas.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/04/immunite-collective-numerique.html

    La première fois que j’ai entendu parler d’immunité « grégaire » ou « collective » dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Coronavirus, nous étions alors début Mars, Bojo n’avait pas encore été sauvé par le service de santé publique qu’avec d’autres il s’échinait à démanteler avant d’en découvrir les vertus dès lors qu’il en faisait littéralement les frais. La première fois que j’ai entendu parler d’immunité « grégaire » ou « collective » dans le cadre de la lutte contre la pandémie du Coronavirus, nous étions (...)

    #LaQuadratureduNet #surveillance #santé #GigEconomy #GAFAM #COVID-19 #BigData #prédiction #métadonnées #technologisme #géolocalisation #iOS #StopCovid #smartphone #Bluetooth #Android #algorithme #Google #Facebook (...)

    ##santé ##Apple
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef025d9b4688fe200c-600wi

    • Mais ce qui est faux et dangereux, c’est de considérer que toute donnée brute, dès lors que son recueil est massif, suffit à informer la décision de manière conjoncturelle ou à pallier les manques structurels récurrents d’un financement des politiques et des infrastructures de santé publique.

  • L’humanité malade du corona : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. » par Olivier Ertzscheid sur affordance.info :
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/03/corona-ils-ne-mourraient-pas-tous-mais-tous-etaient-frappes.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef025d9b3ea44c200c-600wi

    En lisant, en notant...

    Xavier Bertrand si véhément sur les « salopards » qui volent des masques FFP2, lui qui alors ministre de la santé en 2011, juste après la crise du H1N1 et succédant à Roselyne Bachelot, avait refusé d’en renouveler le stock. Et 18 000 lits de nuit supprimés depuis 6 ans. 100 000 lits d’hôpital supprimés en 20 ans. Qui sont les salopards ? Qui ?

    Et pour le reste, pas besoin de héros, comme le soulignait Baptiste Beaulieu avec une infinie justesse : 

    « L’héroïsation du personnel soignant est un narratif commode pour dépolitiser nos revendications et nous enfermer dans une posture intenable : un héros, ça ne demande pas du personnel supplémentaire, ni ce truc un peu sale qu’on appelle des sous. »

    Nous n’avons pas besoin de héros mais d’argent, de lits d’hôpitaux, et plus globalement de services publics enfin installés en dehors du champ de la concurrence, de la performance, de la rentabilité ou de tout autre miroir tendu par la main du marché dans la gueule de la nation et de ses enfants.

    [...plus loin ...]

    là encore, il faudra expliquer les choix de l’exécutif de ne pas mettre en place de détection systématique.

    • Pendant ce temps là, les Hôpitaux se dirigent vers la faillite.
      Plus rien n’est facturé, plus rien ne rentre dans les caisses.

      Arrêt des consultations et des opérations non urgentes, qui génèrent leurs revenus.
      + Absence du personnel administratif nécessaire à la facturation, en confinement.
      + Les lits ont été vidés, en attendant les contaminés au #coronavirus, et ne rapportent rien.

      On attend les insultes, pour manque de rentabilité de la part de ce gouvernement #EnMarche vers le désastre.

  • La peste et le corona.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/03/la-peste-le-corona.html par Olivier Ertzscheid sur affordance.info :

    (4 mars 2020)

    Osons une hypothèse. Si le coronavirus Covid-19 est sans précédent c’est parce qu’il est celui auquel nous sommes en train d’être les plus attentifs, parce qu’il est celui sur lequel nous avons le plus porté notre attention, individuelle et collective. Et si nous y portons particulièrement notre attention, c’est parce qu’il nous raconte une histoire qui n’est pas l’histoire de sa propagation, de sa nuisance ou de sa dangerosité. Mais l’histoire de la plupart des enjeux primaires du siècle à venir.

    • La guerre des masques. Rupture de stock. Soucis de fabrication. Import export. La Chine qui nous en offre maintenant par millions. Ironie de l’histoire. Victoire du commerce ou du don et de l’échange qui fut à l’origine de tout commerce ? Des masques. Priorité aux soignants mais là où les forces de police sont équipées (souvent) des derniers modèles les soignants, eux, en manquent, n’en ont pas. Ils en auront promet le général en chef. Trop tard. La première ligne est tombée. Il voulait des héros. Il en aura. Il aura des martyrs aussi. Ceux de son incurie. Et celle de ses prédécesseurs.

      Xavier Bertrand si véhément sur les « salopards » qui volent des masques FFP2, lui qui alors ministre de la santé en 2011, juste après la crise du H1N1 et succédant à Roselyne Bachelot, avait refusé d’en renouveler le stock. Et 18 000 lits de nuit supprimés depuis 6 ans. 100 000 lits d’hôpital supprimés en 20 ans. Qui sont les salopards ? Qui ?

      L’avenir de la pandémie se lit aussi dans un simple graphique de l’OCDE. En 2018 la France compte 6 lits d’hôpitaux pour 1000 habitants. Le Japon et la Corée en comptent deux fois plus. Le nombre de lits ne fait pas tout bien sûr. Mais prétendre qu’il n’est rien ou qu’il serait en l’état suffisant revient à dire aux gens qu’ils vont crever par terre. Nous y sommes.

      La proxémie est un concept théorisé et inventé par l’anthropologue Edward T. Hall dans les années 60 qui se définit comme « l’ensemble des observations et théories que l’Homme fait de l’espace en tant que produit culturel spécifique ». Il isole notamment 4 grands types de distances, variables selon les cultures : intime, personnelle, sociale et publique. C’est notamment grâce aux travaux de Hall que l’on a pu comprendre et démontrer pourquoi la notion de « surpeuplement », le fait de se sentir oppressé, était très variable selon les cultures, aussi bien d’ailleurs chez l’être humain que chez l’animal.

      J’avais déjà essayé de montrer de quelle manière nos interactions en ligne modifient structurellement les différents espaces proxémiques. Comment « le numérique » est en lui-même un espace qui redistribue les rapports à l’intime, au personnel, au social et au public.

      Si l’on veut aujourd’hui bien comprendre et mesurer ce que ces mesures de « distanciation sociale » révèlent dans leur adoption, leur refus ou leur contournement dans et par la population, il faut commencer par intégrer le fait que nous sommes aujourd’hui pris dans deux approches proxémiques souvent contradictoires. Je m’explique.

      La première lame est celle du discours paradoxal de l’état ("confinez-vous mais allez voter et bosser") et la seconde est celle des discours paradoxaux des médias qui alternent le relai des discours de réassurance en les contrebalançant presque systématiquement par d’autres uniquement construits sur des scénarios et des instructions alarmistes. Avec, dans l’un comme dans l’autre cas, autant de prises de parole de gens s’exprimant « es qualité » que de gens s’exprimant « parce qu’ils sont de bons clients ». Ce qui n’arrange rien à l’affaire.

      Or là encore comme l’ont montré les travaux de l’école de Palo Alto, quand un citoyen est confronté à des discours paradoxaux cela le conduit irrémédiablement à rejeter l’ensemble des discours qui lui sont adressés, indépendamment de leur nature (alarmiste ou rassurante) : en l’occurence cela explique que « plein » de gens - notez bien les guillemets sur « plein » - continuent à faire des joggings ou à aller à la plage ou à ne pas se laver les mains ou à ne pas respecter les distances, etc.

      Pour les classes les plus riches et les plus éduquées, la réduction de la distance spatiale n’impacte pas de manière causale la réduction de la distance sociale. Les interactions demeurent, familiales et professionnelles, et elles s’enrichissent même parfois. Alors que pour les classes les plus pauvres, les plus fragiles, non seulement l’accès même au confinement ne leur est pas permis au même titre que pour les dominants, dans leurs espaces de (sur)vie sociale (cas des sans-papiers) ou de (sur)vie professionnelle (cas de tant et tant d’ouvriers, d’employés de la grande distribution, etc.), mais en plus de cela, lorsqu’ils ont accès à un confinement ou permission de se confiner, cette réduction de la distance spatiale impacte davantage et de manière strictement causale la réduction de la distance sociale.

      Bien sûr et heureusement les classes sociales les plus pauvres et les plus fragiles ont aussi des interactions numériques (relire le remarquable « L’internet des familles modestes » de Dominique Pasquier, notamment), mais qui sont souvent des interactions dégradées, subies et non-maîtrisées (dans le cas par exemple des parents supposés accompagner leurs enfants dans la « continuité pédagogique » mise en place par les établissement scolaires) ; des interactions qui n’embrassent plus qu’une petite partie du champ familial ou amical et qui excluent celles du champ professionnel, donnant ainsi l’impression d’une vie « amputée » là où les cadres et les dominants continuent d’interagir sur les deux plans (familial et professionnel).

      Il ne s’agit donc pas, non plus, de dire que les mesures de distanciation sociale sont inutiles, mais de rappeler que même en étant insuffisantes dans le cas de virus hautement transmissibles, elles concourent avec d’autres (la détection systématique par exemple) à des effets dilatoires sur la mise au point d’une réponse vaccinale.

      Et là encore, il faudra expliquer les choix de l’exécutif de ne pas mettre en place de détection systématique.

      La crise sanitaire montante autour du coronavirus nous place dans une situation paradoxale (et oui, encore une). Tant que nous n’avons pas fait l’expérience réelle de la mort d’un proche, tant que nous n’avons pas éprouvé le risque et la peur de voir un être cher être dans des situations de contamination à haut risque, nous jouons de manière non-coopérative. Qu’il s’agisse d’accumuler du papier toilette, de continuer d’aller faire son petit jogging ou de profiter d’un apéro au soleil, nous n’avons par d’autre point focal que nous-mêmes. Dès lors que l’épidémie est présente dans nos espaces singuliers ou qu’elle s’en approche (proxémie) nous changeons de logique - du moins faut-il l’espérer - pour basculer dans des formes coopératives qui, sur la question du confinement, des gestes barrière et de la distanciation sociale pourraient se traduire ainsi :

      « Quel sera le comportement adopté par les autres auquel je vais pouvoir me rallier puisque ce comportement présente une caractéristique évidente qui fera qu’ils le choisiront ? »

      Super intéressant mais de la matière pour dix billets, c’est beaucoup à lire d’un coup.

      Liens vers

      Nous avons par exemple cet article de Février 2020 de la revue The Lancet : “The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence” qui rappelle et synthétise une courte liste d’éléments clés en situation de crise :

      “Information is key; people who are quarantined need to understand the situation
      -Effective and rapid communication is essential
      Supplies (both general and medical) need to be provided
      The quarantine period should be short and the duration should not be changed unless in extreme circumstances
      Most of the adverse effects come from the imposition of a restriction of liberty; voluntary quarantine is associated with less distress and fewer long-term complications
      Public health officials should emphasise the altruistic choice of self-isolating”

      https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)30460-8/fulltext#seccestitle10

      L’autre article dont je veux vous parler est un peu plus ancien (2010), est paru dans la revue Computational Biology, et s’intitule : « Game Theory of Social Distancing in Response to an Epidemic. » Accessoirement - et c’est justement tout sauf accessoire - il est en libre accès ; l’occasion de rappeler aux grands groupes éditoriaux prédateurs de se sortir les doigts du cul et de mettre d’urgence en libre accès toutes les publications qu’ils détiennent illégitimement et qu’ils maintiennent derrière des accès payants exorbitants ou d’aller, dans le cas contraire, lécher des barres de métro et boire à la paille dans des kits d’intubation usés récupérés à la sortie de services de réanimation.

      Mais revenons à notre article : « Game Theory of Social Distancing in Response to an Epidemic. » La théorie des jeux ou comment des agents (humains, économiques, etc.) collaborent et/ou s’affrontent pour s’assurer de la préservation optimale de leurs intérêts propres en s’efforçant de minimiser les risques et les pertes. La théorie des jeux quoi :-) Et donc quand on croise la théorie des jeux et les injonctions à la distanciation sociale, voilà ce qu’il se produit et que nous raconte et nous explique cet article (ma traduction). L’auteur part du constat suivant :

      « Les pratiques de distanciation sociale peuvent réduire la sévérité d’une épidémie, mais les bénéfices de cette distanciation sociale dépendant de l’échelle à laquelle les individus la mettent en place. Les individus rechignent souvent à payer le prix inhérent à la la distanciation sociale, et cela limite souvent son efficacité en tant que mesure de contrôle. »

      https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2877723

      « L’héroïsation du personnel soignant est un narratif commode pour dépolitiser nos revendications et nous enfermer dans une posture intenable : un héros, ça ne demande pas du personnel supplémentaire, ni ce truc un peu sale qu’on appelle des sous. »
      Baptiste Beaulieu
      https://twitter.com/BeaulieuBap/status/1240229229926797318

      « J’ai conscience que c’est le bordel pour tout le monde, hein. Notamment pour toutes les professions qui (comme par hasard) avaient des régimes spéciaux : soignant⋅e⋅s, profs, cheminots, transports routiers, etc. »
      Pierre-Yves Gosset de Framasoft
      https://framablog.org/2020/03/18/framaconfinement-jour-02-prendre-la-mesure

  • « Si le #coronavirus est inédit c’est parce qu’il nous raconte une histoire qui n’est pas celle de sa propagation, de sa nuisance ou de sa dangerosité. Mais l’histoire de la plupart des enjeux primaires du siècle à venir. »

    La peste et le corona.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/03/la-peste-le-corona.html

    Une pétition ici pour demander l’annulation de l’énorme festival SXSW à Austin, là des fans de James Bond réclamant un moratoire sur la sortie du prochain opus, ailleurs Google qui annule « sa » grand-messe prévue en mai. Et tant d’autres. Evénements, annulations, reports, interrogations ... La faute au Coronavirus.

    Un instant j’ai imaginé que le Coronavirus soit un virus informatique. Qui contaminerait nos conversations connectées. Et que dans une société miroir de la notre où du fait du virus de plus en plus de gens se trouvent en quarantaine, quatorzaine ou autres quinzaines, enfermés et limités à des interactions obligatoirement médiées par des écrans, l’autre virus, le Corona informatique, celui de mon imagination, nous pousserait au contraire loin des écrans et des conversations en ligne. Nous pousserait à retourner dans nos villes ou dans nos campagnes, à sortir. Ferait de chaque regroupement de plus de 5000 personnes en ligne, un danger, un risque. Ferait de chaque retweet, de chaque partage, de chaque like un toussotement suspect, une quinte de toux sociale potentiellement contaminante. Que nous fuirions comme la peste.

  • Pourquoi je démissionne de toutes mes fonctions (administratives) à l’université de Nantes
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/02/pourquoi-je-demissione-universite-nantes.html

    En 7 ans, je pense avoir exploré toutes les principales failles d’une université qui achève de se renier dans chacune de ses valeurs fondamentales et qui ne tient plus que par la curiosité et l’envie de ses étudiants et le dévouement, hélas souvent mortifère, d’une partie de son personnel enseignant, technique et administratif. Source : affordance.info

  • Le prix d’un pneu et d’un enfant mort. Et les managers à la rue.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/02/le-prix-dun-pneu-et-dun-enfant-mort.html

    Se taire. Voilà ce qu’il faudrait être capable de faire. En l’espace de quelques jours, trois faits. Qui disent la brutalité sans fin d’un monde. Laissant espérer qu’il s’agisse d’une brutalité de fin du monde. Car de ce monde là, vraiment, il ne reste plus rien à sauver. Source : affordance.info

    • On pourrait en rire. On pourrait considérer qu’il ne s’agit que de bêtises. Qu’il s’agit de mauvaises histoires, racontées par de parfaits idiots, pleines d’injonctions à se taire et à se soumettre, ne signifiant rien.

      Mais il ne s’agit pas que de bêtises. Mais il ne s’agit pas que d’histoires. Dites trop vite. Articulées avec la volubilité de l’anus d’un cachalot mort. Il s’agit d’un projet de société. D’un vrai. De leur projet de société. Ce projet est simple.

      Matériellement il faut rappeler à chacun se tuant à la tâche que tout cadeau qui lui est fait lui sera repris dès qu’on aura fini de le briser. De le mettre à la rue.

      Humainement il faut rappeler à chacun affrontant la mort d’un proche qu’il ne pourra compter sur rien d’autre que la solidarité de ses collègues qui sont ou bien aussi pauvres que lui, ou bien aussi ses managers ; alors que lui, est à la rue pleurant son enfant mort.

      Politiquement il faut rappeler que chaque parcelle d’espace public sera à son tour gangrénée par le « new public management ». Des managers de rue. (...)

      L’intentionnalité, pourtant, continuait de me crever les yeux. Comme l’intentionnalité de la demande de remboursement des pneus devait crever les yeux des ex salariés de Michelin mais pas ceux des communiquants ou des DRH. Comme l’intentionnalité du fait de demander à d’autres salariés de compenser par des dons l’incapacité de l’entreprise à prendre en charge un congé pour le deuil d’un enfant devait crever les yeux de toutes les personnes concernées mais pas ceux des ministres et députés le demandant. Car eux, ils n’y voyaient aucune intentionnalité. Juste des procédures. Des putains de procédures. Leurs putains de procédures.

      Parce qu’ils étaient des managers.

      Et qu’ils étaient à la rue.