• #BienvenueEnFrance : aujourd’hui c’est le 6ème jour de GREVE DE LA FAIM pour les 5 etudiant-e-s de #Nantes qui s’opposent à l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant-e-s étranger-e-s, ceci dans une indifférence quasi générale. Pas trop honte Frédérique Vidal ?!
    https://www.flickr.com/photos/valkphotos/47028876182

    Flickr

    ValK. a posté une photo :

    #13février, Blocus de la Fac (dès 6h/6h30) puis Manif (10h) contre l’augmentation drastique des frais d’inscription pour les étudiant-e-s étranger-e-s.

     #BienvenueEnFrance : aujourd’hui c’est le 6ème jour de GREVE DE LA FAIM pour les 5 etudiant-e-s de #Nantes qui s’opposent à l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant-e-s étranger-e-s, ceci dans une indifférence quasi générale. Pas trop honte Frederique Vidal ?
    #13février, Blocus de la Fac (dès 6h/6h30) puis Manif (10h) contre l’augmentation drastique des frais d’inscription pour les étudiant-e-s étranger-e-s.
    Communiqué de Université de Nantes en Lutte : https://nantes.indymedia.org/articles/44531

    Bilan santé par les Street Medics : https://nantes.indymedia.org/articles/44527

    Plus d’infos sur : https://twitter.com/UnivNantesLutte et https://www.facebook.com/Universit%c3%a9-de-Nantes-en-lutte-1691556827783529 et plus de photos sur : http://frama.link/valk 

    Articles sur le sujet :

    Les pré-inscriptions d’étudiants étrangers à l’université française sont-elles stables, comme l’affirme le gouvernement ?
    #Factchecking de Libération - https://www.liberation.fr/amphtml/checknews/2019/02/11/les-pre-inscriptions-d-etudiants-etrangers-a-l-universite-francaise-sont-

    Analyse du dispositif #BienvenueEnFrance par Olivier Ertzscheid sur : https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/11/bienvenueenfrance.html
    Puis dénonciation de Frédérique Vidal : Ministre du mensonge, du racisme d’état et de l’apartheid décomplexé. https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/02/frederique-vidal-ministre-racisme-mensonge-discrimination-apartheid.htm

  • affordance.info : Spéculation faciale : panique dans le panoptique.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/12/speculation-faciale.html

    A Nice on apprend que « les passagers du tramway sont filmés par un système qui lit les émotions sur leur visage pour détecter toute situation anormale. » C’est une filiale d’Engie qui s’y colle. Plus loin dans l’article du Monde, mais toujours à Nice on apprend encore que :
    « le conseil municipal a voté, en juin, l’expérimentation d’une batterie de solutions safe city avec Thales, à la tête d’un consortium de quinze sociétés spécialisées dans l’analyse des réseaux sociaux, la géolocalisation, la biométrie ou la simulation de foules. »

    Je rappelle qu’en Chine, en plus du déjà tristement célèbre système de « Social Credit Score », on découvrait récemment des projets gouvernementaux de surveillance permettant de déployer : 
    "des capteurs cérébraux ("Brain-reading technology") pour détecter les changements d’état émotionnel des employés sur les chaînes de production, dans l’armée et dans les postes de pilotage de trains à haute-vitesse."

    En Chine. En 2018. Et donc à Nice, en 2018 toujours, tout le monde à l’air de trouve ça normal que « les passagers du tramway soient filmés par un système qui lit les émotions sur leur visage pour détecter toute situation anormale. »

  • affordance.info : La chemise du DRH et le tissu social.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/12/chemise-drh-tissu-social.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad382d745200c-600wi

    Il paraît qu’il faut être « responsables ». Il paraît qu’après la colère il faut maintenant passer à une phase de dialogue constructive. Il paraît qu’il faut sortir des ronds-points pour revenir à la table des négociations. Il paraît qu’il faut élire des représentants mais que demander davantage de représentativité de la parole du peuple via des référendums d’initiative citoyenne serait un risque et un danger. Il paraît que c’est inconvenant de dire que l’on ressent de la haine pour ceux qui nous gouvernent. Il paraît que la violence n’est jamais une solution. Il paraît paraît qu’il ne faut pas déchirer la chemise de DRH qui pensent et appliquent des plans de licenciement d’une entreprise qui fait des bénéfices.

  • affordance.info: La guerre des tétons. From (censoring) Tits to (Freedom of) Speech
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/12/la-guerre-des-nichons-1.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad37f1070200c-600wi

    Sociétalement - et un peu plus sérieusement aussi - les trois grands fléaux des internets, les trois grands « risques » actuels qui se disputent la une de l’actualité, sont constitués du tiercé gagnant suivant :

    la désinformation (les Fake News mais pas que, les logiques d’influence, les rumeurs et hoax, etc)
    les contenus haineux
    les tétons la pornographie (et les tétons aussi, et surtout quand même)

    Donc :

    Fake News
    Hate News (se déclinant d’ailleurs majoritairement en Hate Jews)
    Pr0n News.

    Or ce contre quoi les plateformes propriétaires - les « jardins fermés » comme les appelle Tim Berners Lee - luttent le plus activement et le plus efficacement ne sont ni les discours de haine ni le stratégies de désinformation, mais bien les contenus relevant de la nudité (souvent extensivement assimilée à de la pornographie).

    Et ce que j’entends vous démontrer dans cet article est que qui vole un oeuf vole un boeuf et que qui censure des tits censure aussi des speechs. Allons-y.

  • Algorithmes partout, intelligence nulle part. A propos de Gillian Brockell.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/12/algorithmes-partout-intelligence-nulle-part-.html

    L’histoire est de celles qui font monter les larmes. En tout cas moi j’ai eu les yeux qui piquent en la lisant. C’est celle d’une femme qui à perdu son enfant à la naissance. Un enfant mort-né. Une femme qui écrit aux patrons des GAFA, aux patrons des « Tech Companies », pour leur demander d’arrêter de lui proposer des liens publicitaires sur une maternité dont elle doit faire le deuil.

    Cette femme s’appelle Gillian Brockell. Et voici la lettre qu’elle a publié sur Twitter (ma traduction)

    "Chères entreprises technologiques,

    Je sais que vous avez su que j’étais enceinte. C’est ma faute, je n’ai pas pu résister aux Hashtags #30weekspregnant et #Babybump sur Instagram. Et j’ai été tellement stupide que j’ai même cliqué une fois ou deux sur des publicités que me proposait Facebook pour des vêtements de maternité.

    Vous avez certainement vu ma lettre de remerciement à toutes mes amies qui sont venues pour la fête prénatale et à mes soeurs qui ont pris un vol depuis l’Arizona et qui m’ont tagué dans leurs photos. Vous m’avez certainement vu taper sur Google « robe de vacances maternité » et même « barrière de sécurité pour lit bébé ». Et je parie qu’Amazon vous a même donné ma date de terme, le 24 Janvier, lorsque j’y ai créé ma liste de voeux de cadeaux de naissance.

    Mais ne m’avez vous pas vu également taper « est-ce que c’est une contraction de Braxton Hicks ? » et « bébé qui ne bouge pas » ? N’avez vous pas remarqué les trois jours de silence, très inhabituels pour une utilisatrice très connectée comme moi ? Et puis n’avez-vous pas vu non plus l’annonce avec les mots-clés « coeur brisé » et « problème » et « mort-né » et les 200 émoticônes larmes de mes amis ? Cela ne fait-il pas partie des choses que vous pouvez surveiller ?

    Et lorsque des millions de gens avec le coeur brisé cliquent sur « je ne veux pas voir cette publicité », et que là encore votre réponse est « pourquoi ? » avec le cruel mais vrai « ce n’est pas pertinent pour moi », vous savez, vous, les entreprises technologiques, ce que votre algorithme décide ? Il décide que vous avez accouchée, il suppose que tout s’est bien passé, et il vous inonde de publicités pour les meilleurs soutien-gorge d’allaitement (j’ai des feuilles de chou sur mes seins parce que c’est que la médecine offre de mieux pour stopper la montée de lait), il vous inonde de trucs et astuces pour endormir bébé (je donnerai n’importe quoi pour pouvoir l’entendre crier la nuit), et d’annonces pour les meilleures poussettes pour ses premières années de croissance (le mien pèsera pour toujours 1 kilo et 800 grammes)

    S’il vous plaît, entreprises technologiques, je vous en supplie : si vous êtes assez intelligentes pour comprendre que je suis enceinte, que j’ai accouchée, alors vous êtes également suffisamment intelligentes pour comprendre que mon bébé est mort et pour me diffuser des publicités appropriées, ou peut-être, peut-être, pour ne pas me diffuser de publicités.

    Sincèrement

    Gillian."

  • affordance.info : Après avoir Liké, les gilets jaunes vont-ils voter ?
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/12/les-gilets-jaunes-vont-ils-voter.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad3a51481200d-600wi

    par Olivier Ertzscheid

    Chacun d’entre nous est en relation avec ce que l’on appelle des liens « forts » et des liens « faibles ». Les liens « forts » ce sont nos « vrais » amis / famille, les gens avec qui l’on interagit le plus souvent. Et les liens « faibles » sont « les amis de nos amis », c’est à dire les cercles relationnels plus distants, mais dont la force et la capacité de prescription est également très efficace en cela qu’ils permettent d’avoir accès à d’autres cercles, d’autres réseaux. C’est la théorie de la force des liens faibles développée par Mark Granovetter en 1971 et dont Facebook est l’incarnation absolument parfaite.

    Facebook dispose du graphe complet des liens forts et des liens faibles de chacun des 2,2 milliards de nos profils. C’est déjà fascinant (et angoissant) mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.

    A un autre niveau du graphe on trouve les différentes « interactions » dont le célèbre « Like ». Et là encore, pour chacun d’entre nous, et au prisme de chacun de nos liens faibles ou forts, Facebook dispose de l’ensemble des « Like » que nous avons déposés et qui renseignent là encore assez admirablement sur nos opinions politiques, religieuses, sur notre situation sociale, sur nos intentions d’achats, sur nos goûts et nos dégoûts culturels, etc. Là encore les chiffres sont dantesques : 4,5 milliards de Likes distribués chaque jour, presque 5 milliards de contenus partagés chaque jour et plus de 10 milliards de message chaque jour. Bref « une version post-moderne de la Stasi » comme disait Julian Assange.

    Et puis au milieu de tous ces graphes déjà tous reliés entre eux, il existe aussi, dans la structure du réseau lui-même, des points qui jouent le rôle « d’attracteurs ». Ces points peuvent être des profils individuels, par exemple les gens qui ont statistiquement beaucoup plus de liens forts ou de liens faibles que les autres, et qui sont donc, pour le dire très vite, plus « influents » ou qui sont des « aiguilleurs de viralité » beaucoup plus efficaces ; et puis il y a, donc, les pages et les groupes. Dont le Compteur officiel de gilets jaunes ("Combien sommes-nous de gilets jaunes ?").

    Le deuxième truc important c’est qu’il s’agisse d’un groupe (il faut s’y inscrire) et non d’une page (à laquelle on peut s’abonner ou que l’on peut "liker"). Un groupe, on y "entre". Et une fois qu’on y est entré, l’algorithme de Facebook va faire le reste. Et comme le rappelait l’excellent Vincent Glad :

    "Le mouvement a été sans conteste aidé par le nouvel algorithme Facebook qui survalorise les contenus de groupes au détriment des contenus postés par des pages (et donc par les médias). Après quelques likes sur un groupe, on se retrouve submergé du contenu de ce groupe dans son fil d’actualités. Le nouvel algo a précipité les gilets jaunes dans une « bulle de filtre » où ils ne voient presque plus que du contenu jaune."

    Pour Facebook il est donc très facile de très précisément savoir, à l’échelle de chaque profil individuel, qui a liké, commenté, approuvé ou désapprouvé tout ou partie des revendications, et de le faire revendication par revendication, profil par profil, avec un niveau de granularité très fin. Non seulement c’est très facile mais en plus c’est la base de son modèle économique, de son architecture technique, et de ses récents et récurrents ennuis ...

    Ces informations, Facebook est en capacité de les « vendre », à tel ou tel parti politique dans le cadre de n’importe quelle élection. Pour être précis - c’est important - il ne « vendra » pas « le nom de Untel qui a liké telle proposition » mais il permettra à tel annonceur agissant pour tel parti politique ou tel lobby, d’afficher la bonne publicité ou le bon argument au bon moment sur le bon profil pour le convaincre que son candidat soutient cette idée. Bref très exactement ce qui s’est produit dans le cadre du scandale Cambridge Analytica (avec toute les histoires de « dark posts » et autres « shadow profiles ») et qui, sachons-le, va continuer de se produire puisque la seule décision de la plateforme après ledit scandale fut de promettre davantage de transparence.

    #OhWait.

    On a donc, une nouvelle fois un assez gros problème qui se profile à l’horizon pour autant que l’on soit attaché à une version républicaine de la démocratie. Parce que quelle que soit l’issue du mouvement des Gilets Jaunes et indépendamment de sa temporalité propre, il est absolument évident que les prochaines élections en France vont se jouer sur la cinquantaine de thèmes qui sont présentés ici. En commençant par ceux liés au pouvoir d’achat.

    Quelle que soit l’issue du mouvement, la base de donnée « opinion » qui restera aux mains de Facebook est une bombe démocratique à retardement ... Et nous n’avons à ce jour absolument aucune garantie qu’elle ne soit pas vendue à la découpe au(x) plus offrant(s).

    Il n’est pas impossible que cette émancipation leur soit également volée parce qu’une nouvelle fois, il faut le dire, le répéter et le comprendre, Facebook facilite autant les révolutions sociales qu’il en compromet la victoire. Et qu’une plateforme commerciale privée se substituant à un espace de débat public a d’abord vocation à instrumentaliser toute forme d’expression singulière ou groupale au service de ses seuls intérêts économiques.

    Ajoutez à cela le fait que voilà des décennies que l’action politique a privé et amputé les classes populaires et intermédiaires d’un peu de leur pouvoir d’achat et de beaucoup de leur dignité. Considérez également toutes ces années où la parole et la voix de ces mêmes classes populaires et intermédiaires, pour autant qu’on leur ait permis de l’exprimer, a été niée dans son expression même, notamment au moment du référendum européen de 2005. Et puis tant que vous y serez, n’oubliez pas d’ajouter aussi toutes ces années à refuser la proportionnelle et à déconnecter toujours davantage la votation de la représentation pour s’étonner ensuite de la montée des abstentions.

    Ce que les Gilets Jaunes sont en train de tenter de rebâtir dans une errance politique qui n’est mesurable qu’à l’aune de leur désespérance idéologique c’est, simplement, fondamentalement et essentiellement, un espace réel de revendications. Rien d’autre. Autour de ronds-points qui sont leurs assemblées. Un espace réel de revendications toutes légitimes. Oui. Toutes légitimes car toutes relevant d’un sentiment d’urgence. Et cette urgence est moins celle des fins de mois difficiles que celle d’une dignité à reconstruire.

    Que la rationalité politique classique et les alcôves classiques du compromis (la fameuse « table des négociations ») paraissent tout à fait inatteignables n’est une surprise que pour ceux qui ont laissé ce fiasco s’organiser tant qu’il leur permettait de préserver leurs intérêts. Chaque plateau télé, chaque débat radiophonique confrontant les moins radicaux des Gilets Jaunes aux plus modérés des représentants politiques l’affirme avec l’évidence d’une formidable claque dans la gueule.

    #Facebook #Gilets_jaunes #Démocratie

  • affordance.info : L’algorithme de la marque jaune.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/12/algorithme-marque-jaune.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad37fa10e200c-600wi

    par Olivier Ertzscheid

    Ce qui sera visible sur votre mur sera donc (en plus des critères précédents) choisi en fonction de votre « intérêt » et de votre proximité avec la personne qui a posté un contenu ; en fonction de la « performance » du contenu en lui-même (sa viralité en gros) ; en fonction de la capacité de la personne qui a posté un contenu à poster des contenus en général très performants (ce qui explique la « prime » de visibilité et d’audience ainsi donnée à certains comptes dans le mouvement des Gilets Jaunes) ; en fonction du « type » de contenu (un post avec uniquement du texte sera moins partagé qu’un post avec des liens, qui lui-même sera moins viral qu’une bonne image qui elle-même l’est souvent moins qu’une très courte vidéo) ; et enfin en fonction de « l’actualité » du contenu, le fait qu’il soit récent et/ou qu’il renvoie à des événements récents (et donc toujours capables de mobiliser facilement notre attention).

    Si on regarde, par exemple, le fonctionnement de Google et de son algorithme Pagerank, le problème y semble assez évident et il peut être formulé comme suit :

    Dans une grande très quantité de pages indexées, comment trouver celles répondant le mieux à une requête donnée ? Réponse : les plus « pertinentes » seront les plus « populaires », et cette popularité sera déterminée par le nombre de liens hypertextes pointant vers elles.

    Simple. Basique.
    Et Facebook donc, quel problème cherche-t-il à résoudre ?

    Facebook cherche-t-il à trouver des contenus répondant le mieux à une requête ? Non puisque nous ne posons (presque) jamais de question à Facebook.

    Facebook cherche-t-il à déterminer la popularité et la pertinence d’un contenu ? Non plus. En tout cas pas fondamentalement.

    Fondamentalement, Facebook cherche à nous contraindre à interagir avec des contenus de la plateforme pour disposer de profils « qualifiés » (= décrits et caractérisés aussi finement que possible). Facebook appelle cela « l’engagement ». L’algorithme de Facebook cherche donc à résoudre le problème de l’engagement. Problème qui peut être décrit de la manière suivante :

    Comment inciter des gens à interagir avec des contenus qui ne les concernent pas et qu’ils ne recherchent pas ?

    Je répète : le problème de l’algorithme de Facebook est de savoir comment inciter des gens à interagir avec des contenus qui ne les concernent pas et qu’ils ne recherchent pas.

    Et comme il a mis en place plein d’outils pour y parvenir (souvenez-vous que ses ingénieurs ont suivi des cours de persuasion technologique), pour peu que des contenus nous concernent, même un peu, même de loin, ou que nous les recherchions, même secondairement, même anecdotiquement, le volume d’interaction monte en flèche. Et le chiffre d’affaire de Facebook avec.

    Je le répète donc une troisième (et dernière) fois, le problème de l’algorithme de Facebook est de savoir comment inciter des gens à interagir avec des contenus qui ne les concernent pas et qu’ils ne recherchent pas.

    C’est cela, le problème de Facebook. Juste cela. Et c’est parce que c’est cela le problème de Facebook que nous avons collectivement un problème avec Facebook et que Facebook a également tout un tas de nouveaux problèmes dont il faudra bien qu’il finisse par répondre devant la justice et peut-être pas uniquement devant la justice fiscale. Et si l’algorithme de Facebook cherche à résoudre ce problème particulier c’est à la fois pour entretenir son propre modèle économique et pour pallier son incapacité à produire une forme de désir de questionnement

    Et dans le cadre de ce problème, la question de la « vérité » ou même de la « véracité » est entièrement escamotée au seul profit de l’engagement :

    "Facebook est une machine à produire de l’engagement. Google est une machine à produire de la popularité. Ce qui veut dire que le régime de vérité de Google est celui de la popularité. Est « vrai » dans l’écosystème Google, au regard des critères de l’algorithme de Google, ce qui est populaire. (...) Est « vrai » dans l’écosystème Facebook ce qui permet de produire de l’engagement, d’être « atteint » (le fameux « reach ») et, par effet de bord, de « porter atteinte ». Peu importe que cela soit « vérifiable », peu importe que cela soit « populaire » (effet de l’illusion de la majorité), il suffit, dans le régime de vérité de Facebook, que cela produise de l’engagement."

    Cette vidéo et ces images sont bien sûr tout à fait authentiques. Et cette scène et ce qui a suivi c’est ... Bref. « Ces images terribles sont la preuve à charge d’un dérapage, qui tutoie les procédés de vengeance vidéo, ou revenge porn, plus proches de la loi du talion que du maintien de l’ordre », écrit André Gunthert. Mais là n’est pas mon sujet.

    Dès que cette vidéo est « sortie » (c’était en fin de matinée hier), je l’ai vue rediffusée ("partagée") par un très grand nombre de mes « amis » ou « amis d’amis » Facebook sans qu’ils aient matériellement ou intellectuellement pu prendre le temps d’en vérifier l’authenticité. Sur le coup beaucoup de titres de presse ont bien sûr immédiatement fait des « papiers » pour générer de l’audience mais l’essentiel de ces « papiers » ne comportaient aucun élément factuel sur l’authenticité, de la vidéo, sur sa date de tournage, sur son auteur, etc. Rien. A ce moment là, et « à ce moment là » est le point important de cette phrase, à ce moment là rien ne permettait d’indiquer que cette vidéo et ces images n’étaient pas fausses ou décontextualisées ou montées ou filmées dans d’autres manifestations dans d’autres contextes.

    Et pourtant des gens qui n’ont sociologiquement rien de « Gilets Jaunes », des gens qui sont par ailleurs à peu près parfaitement éduqués à l’image et à son analyse, des gens qui ne se méfient pas « des médias » ou qui n’y voient pas un ennemi, des gens parmi mes amis et mes « amis d’amis » ont instantanément partagé cette vidéo sans jamais se poser la question de son authenticité au moment où ils lui servaient de caisse de résonance. Exactement de la même manière que chez « les Gilets Jaunes », plein de gens rediffusent et partagent exactement de la même manière des vidéos et des images sans jamais se poser la question de leur authenticité au moment où ils les partagent.

    Ma démonstration s’arrête là puisqu’elle n’avait pour objet que d’essayer de vous convaincre que la question des Fake News n’est pas simplement une question « d’éducation aux médias », qu’elle n’est pas non plus une question « de classe » (sociale), mais qu’elle n’est qu’une question de biais cognitif et d’architecture technique toxique. Comme je l’avais déjà analysé ici.

    L’AFP Factuel et d’autres comptes de médias ont ensuite plus tard dans l’après-midi attesté que la vidéo était authentique et ont produit tous les éléments de contexte nécessaires. Mais même si ce temps de Fact-Checking fut très rapide (bravo d’ailleurs aux différents médias), il fut une éternité à l’échelle de la temporalité « virale ».

    #Facebook #Viralité #Culture_numérique #Algorithmes

  • affordance.info : Après avoir Liké, les gilets jaunes vont-ils voter ?
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/12/les-gilets-jaunes-vont-ils-voter.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad3a51481200d-600wi

    On a donc, une nouvelle fois un assez gros problème qui se profile à l’horizon pour autant que l’on soit attaché à une version républicaine de la démocratie. Parce que quelle que soit l’issue du mouvement des Gilets Jaunes et indépendamment de sa temporalité propre, il est absolument évident que les prochaines élections en France vont se jouer sur la cinquantaine de thèmes qui sont présentés ici. En commençant par ceux liés au pouvoir d’achat.

    Quelle que soit l’issue du mouvement, la base de donnée « opinion » qui restera aux mains de Facebook est une bombe démocratique à retardement ... Et nous n’avons à ce jour absolument aucune garantie qu’elle ne soit pas vendue à la découpe au(x) plus offrant(s).

    Pour autant que l’hypothèse sociologique ramenant l’essentiel du mouvement des gilets jaunes aux classes populaires et aux professions intermédiaires soit valide (et je pense qu’elle l’est comme expliqué entre autres par ici), la suite est parfaitement connue, elle est même déjà écrite.

    Le discrédit actuel des partis politiques « non radicaux » étant ce qu’il est, l’espoir de ne pas voir la France basculer sous présidence FN ne repose plus que sur le nombre de faux pas ou d’erreurs de communication que feront les leaders de ce parti fasciste et sur le charisme d’huître de leurs potentiels alliés. La seule alternative possible étant aujourd’hui à chercher du côté de la France Insoumise, à la seule condition que son leader charismatique parvienne à redescendre un peu sur terre.

    Dans mon dernier article sur le sujet je concluais en soulignant la forme « d’émancipation paradoxale » que produisait Facebook en permettant aux Gilets Jaunes d’accéder à un espace, discursif, médiatique, organisationnel et situationnel dont ces gens-là se retrouvaient privés depuis l’effondrement des corps intermédiaires supposés les représenter.

    • Quand on ne fait pas partie du groupe la partie « à propos » affiche 1,7 millions de membres. Et quand on le rejoint, la même partie « à propos » rajoute un million au compteur. La preuve avec les copies d’écran ci-dessous.

      Vue sans être membre du groupe

      Vue en étant membre du groupe. + 1 million :-)

      Assez ahurissant non ? C’est pas la 1ère fois que Facebook bidouille les chiffres ceci dit, mais là ... M’enfin, c’est le risque quand on est l’organisateur et en même temps la #police ;-)
      (...)
      Ajoutez à cela le fait que voilà des décennies que l’action politique a privé et amputé les #classes_populaires et intermédiaires d’un peu de leur #pouvoir_d'achat [hum hum toi aussi faudrait que tu redescendes sur terre ! ndc] et de beaucoup de leur dignité. (...)

      Ces informations, Facebook est en capacité de les « vendre », à tel ou tel parti politique dans le cadre de n’importe quelle élection. Pour être précis - c’est important - il ne « vendra » pas « le nom de Untel qui a liké telle proposition » mais il permettra à tel annonceur agissant pour tel parti politique ou tel lobby, d’afficher la bonne publicité ou le bon argument au bon moment sur le bon profil pour le convaincre que son candidat soutient cette idée.

      #Facebook #gilets_jaunes #revendications #abstention #vote #data #démocratie

  • (20+) Dans le combat final des gilets jaunes, Jupiter va affronter des modérateurs Facebook - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2018/11/30/dans-le-combat-final-des-gilets-jaunes-jupiter-va-affronter-des-moderateu

    Dans ce nouveau genre de mobilisation, où la participation en ligne est toute aussi importante que les blocages sur les ronds-points, les chefs par défaut sont les admins des pages Facebook. Eric Drouet et Priscillia Ludosky sont maintenant tous les deux #admins du groupe La France en colère !!!, qui comprend 250 000 personnes. Dans le groupe des huit, une troisième tête se dégage : le charismatique Maxime Nicolle aka Fly Rider, qui avait été invité chez Cyril Hanouna. Il gère Fly Rider infos blocages, un groupe de 62 000 personnes qui suivent ses #Facebook_live quotidiens.

    S’il fallait tracer les limites d’un ancien et d’un nouveau monde, Emmanuel Macron et Philippe Martinez apparaissent comparés à Eric Drouet et Maxime Nicolle comme la relique d’une époque révolue. Ces deux leaders des #gilets_jaunes renouvellent totalement la manière de gérer un mouvement social.

    Avec eux, tout se passe en direct sur Facebook, via des lives où les deux porte-parole se retrouvent sous un feu nourri de questions et de critiques, auxquels ils répondent toujours, avec un grand calme et une certaine responsabilité (malgré la diffusion parfois de fausses informations).

    On se demanderait presque pourquoi BFM TV ne les diffuse pas en direct à l’antenne. Ces lives n’ont pas moins de pertinence dans le conflit qu’un discours d’Emmanuel Macron ou Edouard Philippe. Alors que, parmi les gilets jaunes, plus personne ne croit au discours des #médias traditionnels, ces Facebook live, et plus largement toutes les vidéos qui circulent sur le réseau, apparaissent comme le seul média fiable.

    Exemple de ces dialogues entre gilets jaunes et leurs #leaders informels. Sur un live de Maxime Nicolle, un internaute lui écrit en commentaire : « Et après ça il faut accepter des milliers de jeunes migrants, j’en ai marre des gens qui se voilent la face et qui se demandent où part le fric des Français. » Très calme, sans cette panique typique du journaliste télé confronté à une question qui sort du cadre, Nicolle lit la question et répond du tac au tac : « L’immigration, elle est due à quoi ? A la France qui vend des armes à des pays qui bombardent les civils. Au lieu de traiter la conséquence en étant raciste contre les immigrés, si tu veux que ça change, faut s’attaquer à la source du problème et arrêter de vendre des armes à ces pays. »

    On peut évidemment douter de cette explication un peu simpliste, mais force est de constater que Maxime Nicolle joue là le rôle d’un corps intermédiaire – typiquement d’un leader syndical – en canalisant la colère populaire, en répondant aux inquiétudes des éléments les plus extrêmes de sa base. Dans les groupes de gilets jaunes, il y a une vraie différence entre le ton posé de ces Facebook lives, fascinants moments de débat public, et la violence parfois affligeante des commentaires.

    Démocratie de l’audience
    Nicolle et Drouet le répètent sans cesse, ils ne sont pas des chefs ou des porte-parole mais de simples « #messagers » de la colère des gilets jaunes qu’ils répercutent sur les plateaux télé ou dans les palais de la République. « Il faut pouvoir informer les gens, expliquait Nicolle dans un Facebook live. Il y a des gens comme moi et d’autres qui font des vidéos parce qu’ils ont des facilités d’élocution, que d’autres n’ont pas. Si nous, on ne le fait pas, personne ne le fera à notre place. » C’est une démocratie de l’audience : le succès de leurs groupes et de leurs Facebook lives leur donne une mission d’information et de représentation par rapport aux autres gilets jaunes.

    Cela a été très peu relevé mais il s’est passé un événement considérable lors de la rencontre entre les deux #représentants des gilets jaunes et François de Rugy mardi soir : la réunion a été diffusée en Facebook live par Eric Drouet, en caméra cachée, sans l’accord du ministre de l’Ecologie.

    Maxime Nicolle le disait dans une vidéo : « Je ne sais pas si je serai convoqué pour aller discuter à l’Elysée mais si c’est le cas, ce sera filmé en direct. Sinon ça ne vaut pas la peine. » Pour les gilets jaunes, une réunion avec le gouvernement ne peut qu’être diffusée en #direct, sinon ils manqueraient à leur obligation de transparence et pourraient trahir, dans l’opacité des négociations politiques, les revendications de la base. La République en marche, le mouvement participatif le moins participatif de tous les temps, incapable de toute transparence, ferait bien de s’en inspirer.

    Sondage sur le groupe Facebook de Maxime Nicolle aka Fly Rider.

    La différence entre un élu politique et un représentant gilet jaune est que ces derniers sont soumis en temps réel à la supervision et à la critique de leurs congénères. On découvre là un séduisant modèle de démocratie directe.

    Contrairement à ce que pensent les gilets jaunes, persuadés que Macron les censure par l’entremise de Facebook, leur meilleur allié s’appelle Mark Zuckerberg. Le mouvement a été sans conteste aidé par le nouvel #algorithme Facebook qui survalorise les contenus de groupes au détriment des contenus postés par des pages (et donc par les médias). Après quelques likes sur un groupe, on se retrouve submergé du contenu de ce groupe dans son fil d’actualités. Le nouvel algo a précipité les gilets jaunes dans une « bulle de filtre » où ils ne voient presque plus que du contenu jaune.

    Cette mise en avant des groupes résulte d’un changement de paradigme de Mark Zuckerberg, qui a décidé, à l’issue d’une tournée dans l’Amérique profonde, de développer la fonctionnalité Groupes du réseau.

    « Connecter ensemble les amis et la famille a été quelque chose très positif, déclarait Zuckerberg en 2017. Mais je pense qu’il y a ce sentiment général que nous avons une responsabilité pour faire plus que cela et pour aider les communautés et aider les gens à être exposé à de nouvelles perspectives et rencontrer de nouvelles personnes – pas seulement donner la parole aux gens, mais aussi aider à construire un terreau commun pour que les gens avancent ensemble. » Qui mieux que les groupes de gilets jaunes ont appliqué la doctrine de Zuckerberg ?

    Le patron de Facebook a pensé la fonctionnalité Groupes comme une manière de désenclaver l’Amérique périphérique : « Je vais aller dans une église et le prêtre va me dire : "Je sais que si une usine ferme dans ma ville, je vais faire de l’aide psychologique à de nombreuses personnes le mois suivant." Quelqu’un doit s’occuper de cela. Les structures qui aidaient les gens sont en train de disparaître. »

    Les admins de #groupe Facebook, dont les prérogatives ne cessent d’être augmentées par Zuckerberg, sont les nouveaux corps intermédiaires, prospérant sur les ruines des syndicats, des associations ou des partis politiques. Ayant méticuleusement fait disparaître ces courroies de transmission entre lui et le peuple, Emmanuel Macron se retrouve maintenant en frontal face à des admins de page Facebook.

    Dans le combat final des gilets jaunes, Jupiter va affronter des modos. Qui vont le filmer en direct en vidéo verticale et n’hésiteront pas à le kickban s’il refuse de donner pièce à leurs revendications. Bonne chance, Manu.

    • La même info devient : « The “Yellow Jackets” Riots In France Are What Happens When Facebook Gets Involved With Local News » sur Buzzfeed News #clickbait
      https://www.buzzfeednews.com/article/ryanhatesthis/france-paris-yellow-jackets-facebook

      Cela dit on a peut-être pas fini d’entendre parler de ce changement d’algo au profit des « groupes » Facebook.

      Facebook Groups are “the greatest short-term threat to election news and information integrity” http://www.niemanlab.org/2018/11/facebook-groups-are-the-greatest-short-term-threat-to-election-news-and-i

      Intéressant O. Ertzscheid, comme d’hab.

      affordance.info: Après avoir Liké, les gilets jaunes vont-ils voter ?
      https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/12/les-gilets-jaunes-vont-ils-voter.html

      Difficile d’évoquer la mobilisation en ligne, Facebook et le mouvement des Gilets Jaunes sans convoquer en arrière-plan ce qui s’est passé dans le cadre de la campagne électorale de Trump ou du Brexit et de ce que l’on sait aujourd’hui de la manipulation de l’opinion orchestrée par Cambridge Analytica et du rôle que cela a joué (dans l’élection de Trump et dans le vote pour le Brexit donc). 

      Les Décodeurs du Monde ont repris les listes de revendications « officielles » des Gilets Jaunes et les ont complété par les mots d’ordre revenant régulièrement sur les réseaux sociaux ou dans les manifs pour obtenir une liste d’une cinquantaine de revendications, et les ont placées sur l’échiquier politique « de Mélenchon à Le Pen ». Vous pouvez vous-même voter « oui » ou « non » pour chacune des propositions et comparer cela avec la position des leaders des principaux partis politiques lors de la dernière campagne présidentielle. Bref c’est rigolo et assez instructif. 

      Naturellement, énormément de ces propositions sont apparues, dans Facebook, sous la forme de simples posts isolés et ont généré parfois des centaines de commentaires. Certaines ont aussi fait l’objet de points particuliers lors des différents Facebook Live de Fly Rider, ou d’Eric Drouet et de Priscilla Ludowsky qui sont les principaux « attracteurs » du mouvement sur Facebook depuis leurs comptes et pages respectives.

      Pour Facebook il est donc très facile de très précisément savoir, à l’échelle de chaque profil individuel, qui a liké, commenté, approuvé ou désapprouvé tout ou partie des revendications, et de le faire revendication par revendication, profil par profil, avec un niveau de granularité très fin. Non seulement c’est très facile mais en plus c’est la base de son modèle économique, de son architecture technique, et de ses récents et récurrents ennuis ...

      Ces informations, Facebook est en capacité de les « vendre », à tel ou tel parti politique dans le cadre de n’importe quelle élection. Pour être précis - c’est important - il ne « vendra » pas « le nom de Untel qui a liké telle proposition » mais il permettra à tel annonceur agissant pour tel parti politique ou tel lobby, d’afficher la bonne publicité ou le bon argument au bon moment sur le bon profil pour le convaincre que son candidat soutient cette idée. Bref très exactement ce qui s’est produit dans le cadre du scandale Cambridge Analytica (avec toute les histoires de « dark posts » et autres « shadow profiles ») et qui, sachons-le, va continuer de se produire puisque la seule décision de la plateforme après ledit scandale fut de promettre davantage de transparence.

      #OhWait.

      On a donc, une nouvelle fois un assez gros problème qui se profile à l’horizon pour autant que l’on soit attaché à une version républicaine de la démocratie. Parce que quelle que soit l’issue du mouvement des Gilets Jaunes et indépendamment de sa temporalité propre, il est absolument évident que les prochaines élections en France vont se jouer sur la cinquantaine de thèmes qui sont présentés ici. En commençant par ceux liés au pouvoir d’achat.

      Quelle que soit l’issue du mouvement, la base de donnée « opinion » qui restera aux mains de Facebook est une bombe démocratique à retardement ... Et nous n’avons à ce jour absolument aucune garantie qu’elle ne soit pas vendue à la découpe au(x) plus offrant(s). 

      Pour autant que l’hypothèse sociologique ramenant l’essentiel du mouvement des gilets jaunes aux classes populaires et aux professions intermédiaires soit valide (et je pense qu’elle l’est comme expliqué entre autres par ici), la suite est parfaitement connue, elle est même déjà écrite.

      Le discrédit actuel des partis politiques « non radicaux » étant ce qu’il est, l’espoir de ne pas voir la France basculer sous présidence FN ne repose plus que sur le nombre de faux pas ou d’erreurs de communication que feront les leaders de ce parti fasciste et sur le charisme d’huître de leurs potentiels alliés. La seule alternative possible étant aujourd’hui à chercher du côté de la France Insoumise, à la seule condition que son leader charismatique parvienne à redescendre un peu sur terre.

      Dans mon dernier article sur le sujet je concluais en soulignant la forme « d’émancipation paradoxale » que produisait Facebook en permettant aux Gilets Jaunes d’accéder à un espace, discursif, médiatique, organisationnel et situationnel dont ces gens-là se retrouvaient privés depuis l’effondrement des corps intermédiaires supposés les représenter. 

      Il n’est pas impossible que cette émancipation leur soit également volée parce qu’une nouvelle fois, il faut le dire, le répéter et le comprendre, Facebook facilite autant les révolutions sociales qu’il en compromet la victoire. Et qu’une plateforme commerciale privée se substituant à un espace de débat public a d’abord vocation à instrumentaliser toute forme d’expression singulière ou groupale au service de ses seuls intérêts économiques. 

      Ajoutez à cela le fait que voilà des décennies que l’action politique a privé et amputé les classes populaires et intermédiaires d’un peu de leur pouvoir d’achat et de beaucoup de leur dignité. Considérez également toutes ces années où la parole et la voix de ces mêmes classes populaires et intermédiaires, pour autant qu’on leur ait permis de l’exprimer, a été niée dans son expression même, notamment au moment du référendum européen de 2005. Et puis tant que vous y serez, n’oubliez pas d’ajouter aussi toutes ces années à refuser la proportionnelle et à déconnecter toujours davantage la votation de la représentation pour s’étonner ensuite de la montée des abstentions. 

      Ce que les Gilets Jaunes sont en train de tenter de rebâtir dans une errance politique qui n’est mesurable qu’à l’aune de leur désespérance idéologique c’est, simplement, fondamentalement et essentiellement, un espace réel de revendications. Rien d’autre. Autour de ronds-points qui sont leurs assemblées. Un espace réel de revendications toutes légitimes. Oui. Toutes légitimes car toutes relevant d’un sentiment d’urgence. Et cette urgence est moins celle des fins de mois difficiles que celle d’une dignité à reconstruire. 

      Que la rationalité politique classique et les alcôves classiques du compromis (la fameuse « table des négociations ») paraissent tout à fait inatteignables n’est une surprise que pour ceux qui ont laissé ce fiasco s’organiser tant qu’il leur permettait de préserver leurs intérêts. Chaque plateau télé, chaque débat radiophonique confrontant les moins radicaux des Gilets Jaunes aux plus modérés des représentants politiques l’affirme avec l’évidence d’une formidable claque dans la gueule.

  • #BienvenueEnFrance.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/11/bienvenueenfrance.htm

    Pure hypothèse. Admettons que concernant l’accueil des étudiants étrangers dans les universités françaises, quelqu’un émette l’idée suivante : multiplier par 16 les frais d’inscription en licence, master et doctorat afin de s’assurer de virer les pauvres au profit des riches et accessoirement de remplacer les noirs par des blancs. 

    Voilà. On trouverait d’abord ça très très con. Ensuite on se dirait « mais quel bel enfoiré ». Et juste après on aurait quand même du mal à évacuer totalement l’hypothèse d’un vieux fond de racisme décomplexé. Et ben figurez-vous que le gouvernement de la start-up nation vient de lancer l’idée. Il vient même carrément d’annoncer la mise en oeuvre du truc pour Septembre 2019.

    Le premier ministre et la ministre de l’enseignement supérieur sélectif et de la recherche du profit, ont annoncé que les étudiants étrangers (hors Union européenne), qui pouvaient jusqu’à présent venir faire leurs études en France au même tarif que les Français, vont dès la rentrée prochaine payer beaucoup plus cher au nom d’une « stratégie d’attractivité » (sic) déclinée comme suit :

    « opérer une forme de révolution pour que notre attractivité ne soit plus tant fondée sur la quasi-gratuité que sur un vrai choix, un vrai désir, celui de l’excellence. »

    Bah oui comment peut-on être contre l’attractivité et contre l’excellence ? Et quand je dis beaucoup plus cher, c’est vraiment beaucoup plus cher :

    « Alors qu’une licence coûte aujourd’hui 170 euros par an, un master 243 euros et un doctorat 380 euros, ils paieront respectivement 2 770 euros pour la première et 3 770 euros pour les deux autres. »

    Ainsi donc Edouard Philippe et Frédérique Vidal ont décidé d’associer à leur plan de communication le hashtag #BienvenueEnFrance.

    Oui je sais. C’est dingue. Ils sont dingues.

    https://www.change.org/p/edouard-philippe-non-à-l-augmentation-des-frais-d-inscription-pour-les-étudi

  • affordance.info : #BienvenueEnFrance.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/11/bienvenueenfrance.html

    Pure hypothèse. Admettons que concernant l’accueil des étudiants étrangers dans les universités françaises, quelqu’un émette l’idée suivante : multiplier par 16 les frais d’inscription en licence, master et doctorat afin de s’assurer de virer les pauvres au profit des riches et accessoirement de remplacer les noirs par des blancs.

    Voilà. On trouverait d’abord ça très très con. Ensuite on se dirait « mais quel bel enfoiré ». Et juste après on aurait quand même du mal à évacuer totalement l’hypothèse d’un vieux fond de racisme décomplexé. Et ben figurez-vous que le gouvernement de la start-up nation vient de lancer l’idée. Il vient même carrément d’annoncer la mise en oeuvre du truc pour Septembre 2019.

  • https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/11/bienvenueenfrance.html

    #BienvenueEnFrance.

    Pure hypothèse. Admettons que concernant l’accueil des étudiants étrangers dans les universités françaises, quelqu’un émette l’idée suivante : multiplier par 16 les frais d’inscription en licence, master et doctorat afin de s’assurer de virer les pauvres au profit des riches et accessoirement de remplacer les noirs par des blancs.

    Voilà. On trouverait d’abord ça très très con. Ensuite on se dirait « mais quel bel enfoiré ». Et juste après on aurait quand même du mal à évacuer totalement l’hypothèse d’un vieux fond de racisme décomplexé. Et ben figurez-vous que le gouvernement de la start-up nation vient de lancer l’idée. Il vient même carrément d’annoncer la mise en oeuvre du truc pour Septembre 2019.

  • affordance.info : Les gilets jaunes et la plateforme bleue.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/11/gilets-jaunes-facebook-bleu.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad3a15778200d-pi

    Gilets Jaunes et plateforme bleue.

    Du point de vue qui est le mien sur ce blog, à savoir l’observation des phénomènes culturels et sociétaux liés au numérique, l’opération gilets jaunes est un exemple de plus de la manière dont Facebook en particulier, « les réseaux sociaux » et internet en général, ont « facilité l’organisation des révolutions sociales mais en ont compromis la victoire » comme l’expliquait Zeynep Tufekci il y a déjà 4 ans.

    Le journaliste Jules Darmanin a publié sur Twitter ce qui me semble être, avec celle de Zeynep ci-dessus, l’autre analyse la plus pertinente de ce mouvement de mobilisation en ligne :

    « Les gilets jaunes se sont constitués grâce aux groupes facebook, il est donc logique qu’ils finissent comme des groupes facebook : mal modérés, pourris par des éléments toxiques et remplis de gens qui ont des visions différentes pour le même groupe. »

    Gilets Jaunes et Nuit Debout.

    Cette mobilisation sans réelle revendication claire, semblant ne reposer sur aucune base syndicale ou politique, sans leader ou porte-parolat identifiable (à part Jacline Mouraud ...) est un peu à la France des déclassés ce que le mouvement Nuit Debout avait été à la France des jeunes sur-diplômés. En tout cas du point de vue de la réception médiatique et sociologique du phénomène.

    Personne n’a encore bien sûr conduit d’analyse sur la composante sociologique des gilets jaunes à l’image de ce qui avait pu être fait pour le mouvement Nuit Debout mais il apparaît clair, tant dans le traitement médiatique que dans les ressentis exprimés sur les réseaux sociaux, qu’il y a autant de « beaufs, connards, racistes » dans les gilets jaunes pour les uns qu’il pouvait y avoir de « bobos, gauchos, droitdelhommistes » dans Nuit Debout pour les autres.

  • Bloc-notes de liens lus ou survolés ou que j’ai envie de lire / écouter parce qu’ils semblent analyser ou déconstruire le mouvement "Gilets Jaunes" du 17 novembre sans tomber pour autant dans un dédain anti-beaufs ou une lutte classes-pauvres vs classes-moyennes, etc.


    Si vous en repérez aussi, ou si une autre compile (sur cette base filtrante) existe, je suis preneuse ;)

    "Chantage vert, colère noire, gilets jaunes" : https://dijoncter.info/?chantage-vert-colere-noire-gilets-jaunes-671

    Entretien avec deux gilets jaunes bretons : « pas de politique ni de syndicats » : https://radioparleur.net/2018/11/16/entretien-gilets-jaunes-bretons

    Un k-way noir chez les gilets jaune, l’histoire d’un vilain petit canard. : https://paris-luttes.info/un-k-way-noir-chez-les-gilets-11047

    Gilets jaunes et écolos, pas le même maillot, mais la même récupération : https://rebellyon.info/L-ecologie-est-t-elle-un-concept-ethere-19782

    Sur le 17 novembre – Les révolutionnaires ne font pas la révolution : https://web.archive.org/web/20200813174527/https://nantes.indymedia.org/articles/43595

    À propos de la manif du 17 novembre  : https://diacritik.com/2018/11/15/a-propos-de-la-manif-du-17-novembre

    C’est jaune, c’est moche et ça peut vous pourrir la vie… : https://defensecollective.noblogs.org/post/2018/11/14/cest-jaune-cest-moche-et-ca-peut-vous-pourrir-la-vie

    17 novembre – Les 8 gilets incontournables Lequel porteras-tu ? : https://rouendanslarue.net/17-novembre-les-8-gilets-incontournables

    Gilets jaunes : en voiture ! Notes sur le 17 novembre : https://rouendanslarue.net/gilets-jaunes-en-voiture-notes-sur-le-17-novembre

    Mouvement du 17 novembre - Que faire ?  : https://nantes.indymedia.org/articles/43450

    Pourquoi il faut parler d’écologie le 17 novembre. : https://nantes.indymedia.org/articles/43520

    Éléments de la Commission Nationale Ecologie du NPA sur la mobilisation du 17 novembre : http://npa29.unblog.fr/2018/11/14/carburant-et-taxtes-npa

    Prix des carburants : des contradictions sociales surmontables : https://www.alternatives-economiques.fr/prix-carburants-contradictions-sociales-surmontables/00086912

    Les petits-commerçants « étouffés par les taxes » : le mouvement Poujade : https://paris-luttes.info/le-mouvement-poujade-11039

    L’idéologie sociale de la bagnole : https://infokiosques.net/lire.php?id_article=346

    ++ Livres :
    Nathalie Quintane "Que faire des classes moyennes ?"
    Alain Accardo "Le Petit Bourgeois-Gentilhomme".

    #mouvement_social #recuperation #poujadisme #colere_populaire #giletsjaunes #gilets_jaunes #gilets #jaunes #17novembre #17novembre2018 #la_revolution_mais_pas_trop mais aussi la force des #medias_Libres #mediaslibres et #automedias

    • Des gouts découlent heurts !

      Des goûts et des couleurs avec Michel Pastoureau (5/5) Le jaune France Culture
      https://www.franceculture.fr/emissions/hors-champs/des-gouts-et-des-couleurs-avec-michel-pastoureau-le-jaune-et-lor-55

      Le #jaune serait donc la couleur la moins appréciée ? Alors que l’ensemble des aux autres couleurs de base ont toutes un double symbolisme, le jaune est la seule à n’avoir gardé que l’aspect négatif.

      Des goûts et des couleurs …, on peut discuter à l’infini, et tout le monde reconnaît la force de la subjectivité dans ces domaines. Mais saviez-vous que les couleurs ont une histoire culturelle, politique et psychique ? Imaginiez-vous qu’il existe des couleurs qui nous font chaud au cœur et d autres qui nous font peur et ce, par delà les latitudes et les origines religieuses ? Toute cette semaine « Hors-champs » tente de faire la cartographie amoureuse des couleurs grâce à un historien amoureux des ours, des emblèmes héraldiques et de … certaines couleurs.

      Comme toujours avec des archives et des chansons, balade dans l’histoire de la peinture, des mentalités et de nous mêmes...

    • https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10155665502096960&set=a.49908841959&type=3&theater

      J’avais un oncle il s’appelait Gaby. Je l’aimais bien. Il était gazier. J’étais gauchiste. Il avait un grand poster de JM Lepen dans son garage. On buvait des bières en réparant des bagnoles. Passons. Des années plus tard, j’avais fait un grand papier dans Libé pour expliquer comment le FN et Lepen arrivait à monter la tête de types bien comme Gaby. Deux pages. July (Serge) le patron m’avait félicité genre : « Enfin un journaliste qui ne les prend pas avec des pincettes ». Pourquoi je parle de Gaby et pourquoi je pense à lui en ce moment ? A cause des gilets jaunes. Gaby bossait à Gaz de France (son cousin, mon pater, bossait à EDF). Ils bossaient 7 jours sur 7 sans trop compter. Il y avait les lignes à réparer, les tuyaux à aligner. La chaleur des pauvres à assurer. Ils étaient fonctionnaires. On partait en vacances dans les tentes bleues de la CCAS. Passons. Pourquoi j’en viens à évoquer ce passé vermoulu ? Le gilet jaune… L’injustice fiscale. La plupart des éditorialistes et des politiques n’y comprennent que dalle à cette colère. Emmanuel Macron et son armée de républicains en marche ont compris eux. Et ils commencent à flipper. A passer des consignes. A jouer de la carotte et du bâton. Vu d’ici, c’est pitoyable. Je ne sais pas ce qu’il adviendra de ce mouvement basique et populaire, si la stratégie du pouvoir va fonctionner, mais cette colère n’a rien à voir avec le réchauffement climatique et très peu avec le diesel. Les gens à l’origine du gilet jaune le disent depuis le début. Ils en ont assez d’être pris pour des pigeons, des vaches à traire, des décérébrés du bulbe, des sans honneur. Ils veulent se révolter. Il se révoltent. Gaby bossait à Gaz de France donc. Il y a usé sa santé. Il est parti en retraite sans se douter qu’on allait vendre Gaz de France à Suez en 2007. Quand je dis vendre, je déconne. Offrir serait plus adéquat. Une histoire de prédateurs et d’hommes politiques très compromis. Sarkozy, Hollande Villepin, Royale, Coppé, Longuet… Tous vont oeuvrer avec des responsabilités diverses à cette prédation consentie. Je ne vais pas développer ici (lisez notre livre, « les prédateurs » en vente partout). Tonton Gaby casse sa pipe. GDF devient Engie. Méthode Suez, extrême capitalisme. On pressure et on défiscalise à mort. Non seulement, se chauffer devient un luxe mais Engie, avec la bénédiction des politiques, Macron de chez Rothschild en tête, envoie ses bénéfices au Luxembourg (27 milliards en 2015, passez l’info à Google). L’État français se prive de 2 milliards d’impôts. Alors que nous, cochons de payeurs, on raque. On raque. Et on regarde passer les trains et les prédateurs qui se goinfrent. Et on ne doit rien dire. Et on doit – sous prétexte de réchauffement climatique, sous prétexte de récupération politique- fermer sa gueule. Ben non. Ce qui se prépare ici, c’est une Jacquerie. Le message est clair et éminemment politique. Les pauvres en ont marre d’avoir froid, de jouer du crédit le 15 du mois, de faire des demi pleins. Alors qu’à la télé, ils entendent chaque jour se raconter une histoire qui n’est plus la leur. Alors que leur président déroule le tapis rouge à ceux qui ne paient pas d’impôts, Frère, Desmarais, Bolloré, Arnault… Ceux qui font croire qu’ils nous sont indispensables, qu’ils sont des premiers de cordées. Foutaise. Demain, avec le fantôme de Gaby je serai gilet jaune à donf.
      Les beaufs et les cols blancs de Saint Germain n’ont rien compris, ce n’est pas un mouvement marqué à droite. Ni vraiment à gauche. C’est punk. No future dans ce monde-là

      #Denis_Robert
      https://seenthis.net/messages/736344

    • Les « gilets jaunes », ou la révolte de la France des ronds-points

      Jean-Laurent Cassely

      http://www.slate.fr/story/169626/blocage-17-novembre-gilets-jaunes-revolte-ronds-points-france-peripherique-die

      « Nous allons nous rejoindre sur un parking de centre commercial à Sens », témoigne encore le créateur d’un groupe Facebook local appelant au blocage. Dans le territoire marqué par l’étalement urbain, le rond-point devient l’équivalent logistique et symbolique du rôle joué par la place dans les mouvements de protestation de centre-ville, dont l’expression française fut la tenue, place de la République à Paris, du rassemblement Nuit Debout. La place conserve, à gauche, une connotation politique forte, comme en témoignent encore récemment le cas de l’aménagement du quartier de La Plaine à Marseille, ou le mouvement politique lancé par Raphaël Glucksmann, baptisé « Place publique ».

      À l’opposé de cette culture politique, en tout cas assez loin de ses habitudes, l’automobile devient le langage de la protestation des mouvements périphériques. Si les unes et les uns se réunissent en grappes humaines, forment des assemblées et des cortèges, nourrissant une culture politique marquée par les grands mouvements sociaux, les luttes passées qui peuplent l’imaginaire collectif du « peuple de gauche » et un idéal de démocratie directe et participative, les autres, dans un rapport au corps et à l’espace différent, forment des « opérations escargot » et autres figures chorégraphiques d’un grand ballet motorisé qui se danse depuis l’intérieur de son habitacle. C’est par le « périph » que les manifestants ont prévu de rouler (et non de marcher) sur Paris. C’est aussi sur le périphérique des grandes villes que se sont réunis plusieurs groupes locaux pour préparer la journée du 17 novembre.

    • De la France périphérique à la France des marges : comment rendre leur juste place aux territoires urbains marginalisés ?

      https://urbs.hypotheses.org/411

      Samuel Depraz, enseignant-chercheur, géographie, Université Jean Moulin Lyon 3, UMR Environnement, Villes et Sociétés

      La France périphérique, ou la paresse intellectuelle de la dichotomie

      C’est, d’abord, une lecture simpliste qui nie ce qui fait l’essence même de la géographie, c’est-à-dire l’attention à la nuance et à la diversité des territoires. « Décrire la terre », c’est être sensible aux différences et à la pluralité des mondes sociaux. Ainsi, dans les périphéries, les situations de pauvreté ne sont jamais identiques d’un espace à l’autre, et on trouvera tantôt de la pauvreté monétaire, tantôt de la précarité matérielle, parfois aussi un déclassement social et un isolement des personnes. La pauvreté, c’est aussi un rapport social défavorable, souvent entretenu par des politiques publiques défaillantes. Le tout se recoupe souvent, mais pas toujours : on rappelle ainsi les dimensions – complexes – de la pauvreté, au sens de Serge Paugam (2005) ; ceci nécessite une lecture plus détaillée des territoires, comme le propose par exemple Catherine Sélimanovski dans son analyse de « la frontière de la pauvreté » (2008) ou encore l’analyse de Raymonde Séchet sur la relation entre espaces et pauvreté (1996). Et l’idée de périphérie, souvent réduite à sa dimension économique, s’appréhende également par de multiples autres outils : mobilités et transports, flux migratoires, modes de vie alternatifs et contestation sociale ou électorale – sans que l’on puisse raisonnablement combiner tous ces indicateurs thématiques, au risque de produire des corrélations hasardeuses et des indices agrégés absurdes.

    • Le thread d’un journaliste-photographe avec des portraits de vraies tronches de vies jaunes :

      [THREAD] Quelques réflexions à propos des #giletsjaunes. Hier, je ne me suis pas mêlé à mes confrères journalistes pour « couvrir » cette journée du #17novembre2018. Faire des images de cette journée était tout à fait respectable. Mais je m’interroge sur le sens de ces images. Je m’explique. L’action de ces #giletsjaunes échappe aux politiques et marque une défiance à l’égard des médias. Le gilet jaune est devenu un symbole mais un symbole réducteur sur le sens de ce mouvement. Il symbolise la voiture et les carburants. Or, la colère va bien au-delà...

      https://twitter.com/VinceJarousseau/status/1064157135150465026

    • La vie en jaune
      http://www.dedefensa.org/article/la-vie-en-jaune

      18 novembre 2018 – Hier, j’avais très mal au dos, attaque pernicieuse et violente à la fois d’une sciatique irréfragable, une du grand âge.... Alors, j’ai sacrifié pas mal de mon temps sur un fauteuil à dossier très droit et, avec peu de courage pour lire, j’ai laissé aller l’“étrange lucarne”. Il n’était question que de cette “journée en jaune”

      Je me fixe sur le “centre de crise” de la chaîne, Arlette Chabot aux commandes, conduisant un talk-show permanent avec deux vieilles badernes de ma génération, dont l’incurablement pontifiant d’Orcival, de Valeurs Actuelles, avec en arrière-plan les reportages constants sur les divers points stratégiques choisis comme références de cette “journée en jaune”.

      Vers la fin de l’après-midi, l’habituel “tour de France” des correspondants était ramené aux points (...)

      repéré sur https://seenthis.net/messages/736556

    • À qui appartient la mort d’une femme, qui a le droit de l’arracher à l’anecdote d’un accident ? | Slate.fr
      http://www.slate.fr/story/170049/chantal-mazet-gilets-jaunes-morte-savoie-17-novembre

      Elle n’a pas trouvé la force, explique-t-elle, de prendre la route, ni d’annoncer à sa fille que sa grand-mère était morte ; elle a trouvé un « soutien moral » chez les gilets jaunes et ses « amis de l’instant ». Et sa maman, « décédée SUR LE MOUVEMENT », « APPROUVE DONC NOTRE ACTION !!!! ». Ces capitales et ces points d’exclamation sont le cri de l’heure. Ils ne disent pas seulement une souffrance, mais ce que cette souffrance construit politiquement.

      Vers une heure du matin, Alexandrine Mazet, ajoutait ceci, dans le désordre de la nuit : « Qu’ils aillent tous se faire tater les castaner de rugy macreux & co !!echec du rassemblement ??? échec de votre tentative de manipulation !!!VOUS NOUS AVEZ POUSSÉS DANS NOS RETRANCHEMENTS ! VOUS SEMEZ LA DISCORDE AU SEIN MÊME DU PEUPLE FRANÇAIS !VOUS ÊTES LA CAUSE DE CE RASSEMBLEMENT ! DONC DE CAUSE À EFFET VOUS ÊTES RESPONSABLES !!! ».

    • https://soundcloud.com/user-898678423/entretien-avec-deux-gilets-jaunes-bretons-pas-de-politique-ni-de-syndica

      Qui sont les anonymes qui appellent aux blocages samedi 17 novembre et se réclament du peuple ? Loin d’être limitée à la hausse du diesel, leur colère est celle d’une France moyenne, éloignée des métropoles et de la participation politique, et qui croit aux vertus révolutionnaires de Facebook. Rencontre avec deux porte-paroles bretons d’un groupe de gilets jaunes en colère.

      source : radioparleur.net 2nd lien cité par @val_k

    • https://twitter.com/LaMulatresse_/status/1064195118813650945

      Je viens de la case en dessous du prolétaire moyen,

      Le prix de l’essence nous concerne pas vu qu’on a pas de voiture, nous on se tape le bus et les trains dont tout le monde se fout totalement

      Les gilets jaunes = les gens qui nous méprisent le plus. On est des profiteurs et on vole leurs travail de merde sous payé selon eux. Donc si j’ai envie de dire que ce sont de gros beaufs racistes et sexiste personne ne m’en empêchera.

    • À la cour du président des riches, on s’interroge. Qui sont ces gueux sous nos fenêtres ? Pourquoi ces brailleries et ce grabuge alors que nous faisons tout pour leur bien ? Du côté des experts médiatiques et des voyantes ultra-lucides, on se demande quelles sont ces gens-là, des beaufs racistes et violents ou juste des ploucs avec leurs bagnoles qui puent ? Des fachos ou des fachés ? Faut-il les lécher ou les lyncher ?

      Selon les sondages, ils ont la faveur de l’opinion, donc ils ont nos faveurs [1]. Il sera toujours temps de les lâcher ; une bavure, une violence et on les repeint en rouge brun. Mais avant tout, la question est : qui est derrière ça ? Qui ? Le FBI, la Russie ? L’extrême droite ? Le lobby du pétrole ? De la bagnole ? Les Chinois qui fabriquent les gilets jaunes ?

      Et non, les amis, celui qui est derrière ça, c’est Macron lui-même, le Robin des Bois à l’envers, celui qui prend aux pauvres pour donner aux riches. C’est lui qui est à l’origine de tout ça, au départ, la violence, c’est lui. Lui et son monde. La violence de l’injustice et de l’arrogance, c’est eux. Sauf que les gueux ont fini par se lasser. Abusés, humiliés, invisibles et tondus jusqu’à l’os, la goutte d’eau a allumé l’étincelle. Alors que règnent la résignation et le repli, voilà qu’ils se lancent de partout, en jaune, depuis le plus profond du pays. Surprise générale devant ce grand cahier de doléances. Près de 300 000 ce samedi à travers l’hexagone.

      Bon mais, c’est bien joli, spontané, auto-organisé, mais sans structure organisée, vous croyez que ça peut marcher ? On sait en tout cas qu’avec les partis et les syndicats organisés, pour la loi Travail et pour les cheminots, la victoire n’a pas vraiment été au rendez-vous. Alors ? C’est vrai, pas de drapeaux rouges avec les gilets jaunes. Pas de République, ni de Bastille, on fonce tout droit sur l’Élysée en repassant par où la foule était massée lors des funérailles de Johnny. Un hasard, sans doute. Et partout, dans le pays, les ronds-points, les péages, les parkings de supermarchés. D’autres espaces, d’autres lieux de lien.

      La suite ? Un coup d’épée dans l’eau ou la prise de la Bastille ? Un défoulement sans suite ou un mouvement de fond ? Bien sûr, la droite racole à fond et l’extrême droite est à la manœuvre, normal, bien sûr la gauche doit soutenir et porter cet étonnant élan. Oui, un élan aussi étonnant, c’est pas si souvent. Samedi, vers l’Élysée, entre grenades et lacrymos, notre reporter Dillah Teibi a rencontré quelques-unes et quelques-uns de ces gueux.

      Daniel Mermet

      https://seenthis.net/messages/736858

    • Les gilets jaunes à l’épreuve des agressions racistes et homophobes

      https://rouendanslarue.net/les-gilets-jaunes-a-l-epreuve-des-agressions-racistes-et-homophobes

      L’expression terrifiante du sexisme, du racisme et de l’homophobie. Des humiliations, des agressions et parfois des lynchages d’une violence à vomir comme à Saint-Quentin où une femme a été forcée de retirer son voile, ou encore à Bourg-en-Bresse où un couple homosexuel a été attaqué. Précisons que dans le premier cas d’autres gilets jaunes ont tenté d’aider et de protéger cette femme avant d’être pris à partie à leur tour.

      Les organisateurs-administrateurs de page facebook condamnent et se désolidarisent de tels actes, à Saint-Quentin mais aussi à Cognac où c’est une femme noire qui s’est fait agresser. On peut supposer qu’ils sont réellement choqués par de tels gestes. Ils sentent bien aussi, comme beaucoup, que même si ces faits sont minoritaires et qu’ils ne sont pas publiquement assumés (au contraire, les administrateurs suppriment régulièrement les propos racistes sur les pages Facebook), ils fragilisent cette mobilisation en la montrant sous son pire aspect – dont se repaissent évidemment les médias.

      En effet, ce ne sont pas les prétendus casseurs ou les éléments extérieurs qui sont une menace pour ce mouvement. Mais tous ceux qui sont prêts à agresser d’autres personnes pour des motifs racistes, sexistes et/ou homophobes. Nous continuons de penser, avec d’autres (Nantes Révoltée, LaMeute et Dijoncter notamment) que ce mouvement mérite notre attention et que cette lutte est légitime. Les affects racistes et homophobes, s’ils sont bien présents, ne sont ni hégémoniques ni le moteur de cette colère – comme c’était le cas par exemple dans la manif pour tous. Sinon il faudrait effectivement la déserter sur le champ.

    • affordance.info : Les gilets jaunes et la plateforme bleue.
      https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/11/gilets-jaunes-facebook-bleu.html
      https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad3a15778200d-pi

      Gilets Jaunes et plateforme bleue.

      Du point de vue qui est le mien sur ce blog, à savoir l’observation des phénomènes culturels et sociétaux liés au numérique, l’opération gilets jaunes est un exemple de plus de la manière dont Facebook en particulier, « les réseaux sociaux » et internet en général, ont « facilité l’organisation des révolutions sociales mais en ont compromis la victoire » comme l’expliquait Zeynep Tufekci il y a déjà 4 ans.

      Le journaliste Jules Darmanin a publié sur Twitter ce qui me semble être, avec celle de Zeynep ci-dessus, l’autre analyse la plus pertinente de ce mouvement de mobilisation en ligne :

      « Les gilets jaunes se sont constitués grâce aux groupes facebook, il est donc logique qu’ils finissent comme des groupes facebook : mal modérés, pourris par des éléments toxiques et remplis de gens qui ont des visions différentes pour le même groupe. »

      Gilets Jaunes et Nuit Debout.

      Cette mobilisation sans réelle revendication claire, semblant ne reposer sur aucune base syndicale ou politique, sans leader ou porte-parolat identifiable (à part Jacline Mouraud ...) est un peu à la France des déclassés ce que le mouvement Nuit Debout avait été à la France des jeunes sur-diplômés. En tout cas du point de vue de la réception médiatique et sociologique du phénomène.

      Personne n’a encore bien sûr conduit d’analyse sur la composante sociologique des gilets jaunes à l’image de ce qui avait pu être fait pour le mouvement Nuit Debout mais il apparaît clair, tant dans le traitement médiatique que dans les ressentis exprimés sur les réseaux sociaux, qu’il y a autant de « beaufs, connards, racistes » dans les gilets jaunes pour les uns qu’il pouvait y avoir de « bobos, gauchos, droitdelhommistes » dans Nuit Debout pour les autres.

    • Merci pour les liens vers l’analyse de #Olivier_Ertzscheid, @unagi, c’est une des personnes qui me fait le plus réfléchir actuellement. Un autre est #André_Gunthert, avec cette excellente analyse de l’image sociale, comme souvent, autour des dessins assez minables de #Xavier_Gorce :

      A l’instar de nombreux éditorialistes, le mouvement des gilets jaunes a inspiré à Gorce une incompréhension et une raillerie mordante. L’épithète d’« abrutis » franchit un seuil de virulence rarement observé dans la presse des classes favorisées

      Il aura suffi du soutien empressé de Marine Le Pen pour effacer la substance du symptôme manifesté par la jacquerie : celui de la paupérisation qui atteint les classes moyennes françaises comme elle a envahi celles des Etats-Unis, portée par les politiques de transfert des ressources vers les plus riches.

      Faut-il aider des pauvres de droite (selon la lecture opportunément politique de leur apolitisme) ? Allons donc ! Il suffit de les insulter.

      « On n’a pas fini de se moquer des pauvres » : http://imagesociale.fr/6717

    • J’étais en train de le lire, @unagi (càd de faire un enregistrement pour @karacole ) mais ce passage m’a vraiment fait bloquer (je mets en gras la partie) :

      L’effondrement de leur foyer, celui de leurs fins de mois, celui de leur niveau de vie, de leurs sorties au restaurant, de leurs cadeaux à leurs enfants, celui de leur quotidien à chaque fois amputé de ces quelques euros qui te maintiennent dans une forme de dignité et d’attention à l’autre et à des causes qui te dépassent, mais qui, lorsqu’ils viennent à manquer, t’enferment dans les plus grégaires de tes instincts, dans les plus vaines de tes colères .

      Je suis très mal à l’aise avec cette partie parce que je la trouve glissante : ce n’est pas perdre des euros qui te fait basculer, c’est paniquer, c’est perdre espoir, c’est se sentir menacé, mais surement pas quelques euros ou même la pauvreté, et c’est la que le glissement est dangereux, même si je ne crois pas que l’auteur pense que les pauvres ne sont pas dignes, je crois qu’il aurait été judicieux de le formuler autrement... Du coup, comme je n’ai pas pu m’empêcher de commenter, j’hésite à mettre en ligne l’enregistrement ... :/ P’t’être que je vais faire une sélection et en mettre en ligne plusieurs en même temps.

    • Gilets jaunes : Le soulèvement de la France d’en-bas
      https://lvsl.fr/gilets-jaunes-le-soulevement-de-la-france-den-bas

      Le mouvement des gilets jaunes se résumerait-il à une « grogne » des Français moyens, qui regardent Auto-Moto et Téléfoot le week-end en attendant le retour de la saison des barbecues ? C’est l’image qu’en donne la majorité des médias et des commentateurs politiques. Cette « grogne » n’est en réalité que la partie émergée d’un iceberg : celui d’une crise profonde qui fracture la société et le territoire français.

    • « Depuis samedi, nous nous sentons un peu moins seuls et un peu plus heureux »

      Avant même que nous agissions, la plupart des médias et de nombreux politiciens nous on décrit comme des gros balourds anti-écologiques qui voulaient préserver le droit à polluer tranquille. Sur quelle planète pensent-ils que nous vivons ? Contrairement à eux, nous avons les pieds sur terre. Non, nous ne réclamons pas le droit à polluer chaque jour un peu plus une planète déjà bien mal en point. Ce que nous refusons c’est ce chantage dégueulasse qui consiste à faire peser sur nos épaules la responsabilité du carnage écologique et son coût. Si la planète est dans cet état, si on n’est même pas certains que nos petits enfants y survivront, c’est pas parce que nous utilisons notre voiture pour aller au boulot mais parce que des entreprises, des dirigeants et des hommes politiques ont jugé pendant des années qu’il fallait mieux faire tourner l’économie à toute blinde plutôt que de se préoccuper des animaux qui disparaissent, de notre santé, de notre avenir.

      https://lundi.am/Depuis-samedi-nous-nous-sentons-un-peu-moins-seuls-et-un-peu-plus-heureux

    • @val_k Je comprends ton questionnement, « et à des causes qui te dépassent » est aussi sujet à interprétations. Il me semble le passage est batit sur une illusion et sur l’absence de connaissance de ce qu’est être pauvre, vraiment pauvre. Si ton enregistrement donne à débattre, ou non, je pense que c’est intéressant de le partager et que tu en exprimes les limites.

    • S’il y a plus de 300 000 fachos actifs dans l’hexagone il est grand temps de prendre son passeport et de quitter le pays. Mais tel n’est pas le cas !

      UNITÉ DE CEUX QUI COMPTENT EN CENTIMES

      CONTRE CEUX QUI COMPTENT EN MILLIARDS

      Ce qui ne passe plus c’est l’injustice, l’incohérence et l’hypocrisie.

      Car la réalité de l’année 2018 est celle-ci : Frais bancaires : +13%, Carburant : +12%, PV stationnement : +130%, Assurances : +3 à 5%, Mutuelle : +5%, Timbres poste : +10%, Carte grise : +15%, Tabac : +10%, Abonnement bus : +3%, Péage routier : +1,3%, Gaz : +7%, Forfait hospitalier : +15%, Abonnement vélib : +30%, Contrôle technique automobile : +23%, Cantine scolaire : +1 à 3%, Fioul domestique : +36%, Électricité : +17%, CSG : +21,7%....

      Quant aux retraites, c’est -1,7% et le smic : +1,2%, tandis que les salaires stagnent globalement.

      http://www.rennes-info.org/Gilets-jaunes-Syndicalement

    • Gilets jaunes : on y va ? Expansive.info
      https://expansive.info/Gilets-jaunes-on-y-va-1282

      Dresser un profil ethnique et générationnel de ce mouvement en moins d’une journée en dit long sur les capacités intellectuelles omniscientes de l’intelligenstia radicalisée pour laquelle ces initiatives sont soit directement pilotées par l’#extrême-droite, soit réactionnaires par essence donc essentiellement le terreau sur lequel l’extrême droite va se renforcer. Étant données les positions qui relèvent d’un marxisme orthodoxe éculé pour lequel le seul vrai sujet révolutionnaire est le prolétariat industriel (et la seule vraie lutte celle liée à la production ou au travail), ou pour les plus "post-modernes" le sous-prolétariat « racisé » qu’on ne cesse d’opposer aux "blancs privilégiés", il semble effectivement que ce mouvement soit du pain béni pour l’extrême droite à laquelle nous laissons, par notre mépris et distance, tout un #espace_politique à prendre.

      « Gilets jaunes », un peuple qui vient  ? Patrick Cingolani
      https://www.liberation.fr/debats/2018/11/20/gilets-jaunes-un-peuple-qui-vient_1693139

      On aura beau dénoncer la dimension d’arriération du mouvement quant à l’enjeu écologique, c’est bien l’#égalité_sociale contre l’iniquité du traitement de faveur fait aux plus riches qui est l’objet central de cette contestation.

      Gilets jaunes : des signaux alarmants, selon les renseignements, #DCRI
      http://www.leparisien.fr/economie/gilets-jaunes-des-signaux-alarmants-selon-les-renseignements-20-11-2018-7

      Radicalisation des Gilets jaunes, convergence des luttes, ou effet d’aubaine ? Observateurs et analystes peinaient à y voir clair ce mardi soir sur l’évolution de ce mouvement hétérogène et non coordonné dont chacun s’accorde sur le caractère inédit.
      Une chose est sûre : pour le ministère de l’Intérieur, le #maintien_de_l’ordre est extrêmement compliqué à organiser...

    • peut-être que ce billet de @lieuxcommuns t’as échappé @val_k

      « Gilets jaunes » : la démocratie directe en germe ?
      Le mouvement populaire en cours, qu’il le sache ou non, défie toute l’organisation de la société et récolte un mé­pris officiel à la hauteur. Le surgissement de cette colère réveille des questions enfouies depuis si longtemps que leur simple formulation effraie. Pourtant la dégradation de la situation générale est telle qu’un choix s’impose entre le chaos qui s’avance et la reconquête, lente et laborieuse, d’une souveraineté véritablement collective.

      https://seenthis.net/messages/737319
      une analyse du collectif @lieuxcommuns en + de leur impeccable #revue_de_presse


      en bonus, leblogalupus.com trouvé sur leur site.
      https://leblogalupus.com/2018/11/19/les-revoltes-du-week-end

    • "Les gilets jaunes et les « leçons de l’histoire »
      http://lenumerozero.lautre.net/Les-gilets-jaunes-et-les-lecons-de-l-histoire

      Néanmoins, ces similitudes entre des luttes sociales de différentes époques masquent de profondes différences. Je vais m’y arrêter un moment car elles permettent de comprendre ce qui fait la spécificité du mouvement des gilets jaunes. La première différence avec les « jacqueries » médiévales tient au fait que la grande majorité des individus qui ont participé aux blocages de samedi dernier ne font pas partie des milieux les plus défavorisés de la société. Ils sont issus des milieux modestes et de la petite classe moyenne qui possèdent au moins une voiture. Alors que « la grande jacquerie » de 1358 fut un sursaut désespéré des gueux sur le point de mourir de faim, dans un contexte marqué par la guerre de Cent Ans et la peste noire.

      La deuxième différence, et c’est à mes yeux la plus importante, concerne la coordination de l’action. Comment des individus parviennent-ils à se lier entre eux pour participer à une lutte collective ? Voilà une question triviale, sans doute trop banale pour que les commentateurs la prennent au sérieux. Et pourtant elle est fondamentale. A ma connaissance, personne n’a insisté sur ce qui fait réellement la nouveauté des gilets jaunes : à savoir la dimension d’emblée nationale d’un mouvement spontané. Il s’agit en effet d’une protestation qui s’est développée simultanément sur tout le territoire français (y compris les DOM-TOM), mais avec des effectifs localement très faibles. Au total, la journée d’action a réuni moins de 300 000 personnes, ce qui est un score modeste comparé aux grandes manifestations populaires. Mais ce total est la somme des milliers d’actions groupusculaires réparties sur tout le territoire.

    • Gilets jaunes. Affrontements à Langueux : la rumeur [#DCRI / Parisien Libéré, ndc] de l’ultra-gauche démentie
      https://www.letelegramme.fr/france/affrontements-a-langueux-la-rumeur-de-l-ultra-gauche-dementie-21-11-201

      Les « casseurs » langueusiens n’ont aucun lien connu ou déclaré avec l’ultra-gauche. Ils n’expriment aucune accointance politique particulière, au-delà de leur intention de se frotter au système sans ménagement. Et c’est plutôt ce caractère nouveau d’une radicalité plutôt rurale, capable de se donner des moyens d’action (barre de fer, cocktails Molotov) dans une certaine improvisation, qui a fait tiquer les services de renseignement. Leur point commun : ils ont un casier. Mais là encore, pas de quoi en faire des caïds d’habitude. En témoignent les peines dont trois d’entre eux ont écopé, ce mercredi, devant le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc. Quatre mois ferme sans mandat de dépôt pour l’un. Des peines de 4 et 6 mois de sursis assorties d’une obligation de travaux d’intérêt général pour les deux autres.

      #punks

    • @vanderling méfiance avec l’article de blog mediapart que tu mets en lien... L’auteur est un abonné qui squatte allègrement les commentaires de pratiquement tous les articles. C’est un obsédé, il a un problème : il voit des totalitarismes partout, jusqu’à l’hallucination, et fait des amalgames absolument infects.

      D’ailleurs si tu lis « l’article » en question, en gros c’est : je copie/colle des bouts d’articles de mediapart et j’en fait mon beurre (insinuations, inférences foireuses, etc.). Pas vraiment une référence le gars...

    • Quand les « gilets jaunes » dérapent...
      https://www.cgtdouanes.fr/actu/article/propos-sur-la-douane-des-manifestants-gilets-jaunes-a-flixecourt
      Les douaniers en colère (et on les comprends)

      Dans un post abject sur Facebook et des vidéos qui circulent sur tous les médias ce jour, des manifestants appartenant au « mouvement » des gilets jaunes se félicitent d’avoir traqué des migrants dans la cuve d’un camion. Ils s’enorgueillissent même de faire « mieux que la douane et de pouvoir (y) postuler, CV et lettre de motivation ». D’autres propos, absolument ignobles, ne peuvent être repris ici.

      Forts de leurs convictions racistes, ils ont préféré appeler la gendarmerie plutôt qu’une association d’entraide pour les secourir. Dans cette vidéo, les protagonistes appellent à « un barbecue géant ». Tout ceci rappelle de bien tristes et peu glorieux événements de notre histoire…mais c’est surtout un appel clair à la haine raciale.
      Est-ce donc de ce monde là que nous voulons ? Un monde de haine, de bêtise, d’ignorance, de division…
      N’oublions jamais que le racisme est un délit.

    • http://mondialisme.org/spip.php?article2714

      Alors que l’extrême gauche (voire au-delà) se pâme devant les « gilets jaunes » (le jaune étant pourtant traditionnellement dans le mouvement ouvrier la couleur des briseurs de grève) quelques voix isolées se dressent devant le consensus médiato-politique comme celle du site « Ligne de crêtes » en avançant des arguments solides. On peut ne pas être d’accord avec tout ce que contient l’article ci-dessous, mais approuver l’essentiel : non à l’union sacrée des autonomes radicaux à Marine Le Pen, en passant par Dupont-Aignan, Laurent Wauquiez, Mélenchon, Lutte ouvrière, le NPA, Besancenot et les Identitaires !
      Celles et ceux qui dénoncent Trump et Bolsonaro ne voient pas que ce mouvement des gilets jaunes repose sur les mêmes bases sociales hétérogènes qui les ont portés au pouvoir, la même confusion idéologique (dans laquelle se reconnaissent l’extrême droite et l’extrême gauche, cette dernière ayant abandonné toute ligne de classe), les mêmes moyens (les réseaux sociaux où les fascistes masqués pratiquent le dévervelage depuis des années), le même programme (en réalité supprimer toutes les conquêtes sociales, résultat de luttes collectives, au nom d’une prétendue critique radicale de l’Etat et de la défense des droits des contribuables), les mêmes théories du complot (Macron et les « banques ») et les mêmes pulsions nationalistes et xénophobes.

      YC, Ni patrie ni frontières, 23 novembre 2018.

      https://www.lignes-de-cretes.org/de-la-difference-entre-boucher-une-artere-et-creer-un-coeur

    • Cela fait plus d’une semaine qu’a débuté le mouvement des « gilets jaunes ». Ce mouvement social prend une ampleur et des dimensions inédites en France depuis de nombreuses années. C’est un mouvement dans lequel il semble difficile de s’impliquer pour une grande partie des militants révolutionnaires, syndicaux, de gauche, écolos… Bien qu’avec les jours qui passent de plus en plus de personnes et de groupes s’y investissent.

      Exploités énervés est jusqu’à ce jour resté muet sur le sujet. Comme tant d’autres nous avons pu être surpris, mais suffisamment curieux pour aller voir. Nous sommes allés sur différents blocages à Alès et ce que nous avons vu, c’est des travailleurs, des chômeurs, des retraités, des lycéens… qui en ont marre de voir leur conditions d’existence se dégrader quotidiennement, de n’avoir aucun contrôle sur les décisions, tandis qu’une minorité s’enrichit toujours plus.

      Il est certain que ce mouvement est traversé de contradictions. Il porte en lui les contradictions du temps présent. Nous pensons que c’est dans l’échange, dans la lutte, que les dépassements pourront se produire.

      https://exploitesenerves.noblogs.org/gilets-jaunes-mobilisation
      https://exploitesenerves.noblogs.org
      https://www.youtube.com/watch?v=gJV1gy9LUBg

    • Incursion en France jaunie où la colère est nourrie et exploitée
      Un article très bien documenté et qui devient indispensable tant le déni se développe chez les « camarades » qui préfèrent tenter le zbeul plutôt que se retenir en pariant, une fois encore, sur le moindre mal. A lire sur Le blog de Sauvergardons bocage : https://blogs.mediapart.fr/sauvergardons-bocage/blog/211118/incursion-en-france-jaunie-ou-la-colere-est-nourrie-et-exploitee

      Réseaux sociaux et médias ont boosté les « gilets jaunes » comme aucune lutte ne l’a jamais été auparavant. Un peu d’investigation révèle à quel point l’extrémisme de droite est dans la place donc ancré dans ce mouvement qu’on respecte parce qu’il porte du déclassement ou par culpabilité ? Pourquoi nous en sommes là ?

    • Classes d’encadrement et prolétaires dans le « mouvement des gilets jaunes »
      https://agitationautonome.com/2018/11/25/classes-dencadrement-et-proletaires-dans-le-mouvement-des-gilets-

      La « colère populaire » qui se fait entendre est un funambule sur une ligne de crête. Tout dépendra de l’abnégation de certains blocages à perdurer dans leur essence, c’est-à-dire une négation de la politique comme pratique collective, syndicale ou autonome, et à leur préférer une horizontalité confuse débouchant sur un commun plus populiste et nationaliste type M5S (malgré de réelles dissemblances) qu’émancipateur. Si c’est cette optique qui l’emporte, le fait d’investir ces espaces donnera à ces derniers une respectabilité déviant toute critique. Alors, le « mouvement » cherchera à se trouver des leaders, tendant la joue à toute une partie du spectre politique parlementaire. A l’inverse, si l’ensemble des franges du « mouvement social » (en particulier syndicales) tentent de mobiliser et de charpenter ce mouvement des gilets jaunes sur des bases saines (notamment antiracistes, comme certaines Union Locales et Fédérations le tentent actuellement), il est fort probable qu’il y ait un intérêt stratégique dans certains espaces pour structurer la contestation sur des bases classistes (prolétariennes).

      Il s’agira de dépasser les objectifs antifiscaux éloignés de notre camp social pour se focaliser dans un premier temps sur les attaques actuelles de la bourgeoisie contre les travailleurs. Cela signifie la grève générale comme premier moyen de lutte.

      La revendication du droit à la mobilité, telle qu’elle, reste bien entendu encore prise au piège dans les filets de la reproduction négociée du capital, et nous ne savons qu’une chose : dans la phase politique actuelle, seules deux perspectives se dégagent. Celle du fascisme, ou celle du communisme.

    • Retour sur le parcours d’un agriculteur star devenu « gilet jaune »
      https://labogue.info/spip.php?article302

      Il n’est pas question ici d’analyser le mouvement des gilets jaunes mais il nous a semblé important de pointer du doigt ceux qui veulent se réapproprier un « mouvement #citoyen » en prenant le masque de la respectabilité.

      Focalisons-nous donc sur l’un des organisateurs autoproclamés des « gilets jaunes » à #Limoges : Christohe Lechevallier.

    • « Gilets jaunes », la nouvelle Jacquerie ?
      26/11/2018
      https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/gilets-jaunes-la-nouvelle-jacquerie

      Les Gilets Jaunes, une révolte populaire ? Une jacquerie 2.0 ?

      Après un week-end de mobilisation, et alors que les blocages se poursuivent aujourd’hui dans toute la France, tentative de clarification d’un mouvement et de ses revendications, avec le grand historien de l’immigration et de la classe ouvrière Gérard Noiriel , auteur d’Une Histoire populaire de la France (Agone, 2018).

      Directeur d’études à l’EHESS, il est aussi l’auteur de Le Creuset français. Histoire de l’immigration (Seuil, 1988) et de Qu’est ce qu’une Nation ? (Bayard, 2015).

      http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-26.11.2018-ITEMA_21902640-1.mp3?track=false

    • La création d’une « délégation » de huit gilets jaunes a été annoncée ce matin dans un communiqué.
      https://www.liberation.fr/checknews/2018/11/26/qui-a-choisi-les-huit-porte-parole-des-gilets-jaunes-que-veulent-ils_1694

      Vu la taille du morceau, très teinté brun, j’ai fais une publication spécifique de l’analyse complète de ces profils : https://seenthis.net/messages/738886

      et sinon, @mad_meg la video marche très bien si on clique sur le lien, je sais pas pourquoi la vignette déconne... et non, justement, ça n’est pas civitas, mais juste des braves gens...

    • Des gilets jaunes à ceux qui voient rouge
      https://agitationautonome.com/2018/11/22/des-gilets-jaunes-a-ceux-qui-voient-rouge

      La diversité des gilets jaunes selon les points de mobilisation a permis à tout un chacun d’y apposer son petit drapeau idéologique en ne retenant que ce qui l’arrange. Ainsi l’Action Française, le Bastion Social (ex-GUD), le Rassemblement National, Les Républicains mais aussi la France Insoumise, divers groupes trotskistes du NPA à Lutte Ouvrière, ou même des anarchistes partis répandre la bonne parole ont tous pu prétendre à la victoire et se galvaniser de la réussite toute relative de cette journée d’actions du 17 novembre – rappelons que 250 000 manifestants dans toute la France, c’est considéré comme une défaite lors d’une mobilisation syndicale, et encore ici ils ne font même pas grève.

      Quoi qu’en disent certains manifestants isolés exprimant leur ras-le-bol de façon désordonnée à des caméras en quête de déclarations choc, le mouvement s’est construit autour d’un discours poujadiste de protestation contre « les taxes » et « les impôts » qui « étouffent le peuple », ce qui est loin d’être un combat de classe (et contrairement à ce qui est avancé, près de 70 % de la hausse du prix vient des fluctuations du cours du pétrole et non pas d’une politique délibérée de l’Etat).

    • Deux sociologues dans les beaux quartiers avec les gilets jaunes
      https://www.humanite.fr/deux-sociologues-dans-les-beaux-quartiers-avec-les-gilets-jaunes-664163

      En ce samedi 24 novembre 2018, nous partons rejoindre le mouvement des gilets jaunes pour nous faire notre propre opinion. Nous pressentons que l’instrumentalisation de l’extrême droite est une manipulation de plus pour discréditer la colère des « gueux », pour reprendre une expression souvent employée par des manifestants qui se sentent dépouillés non seulement financièrement, mais jusque dans leur humanité même. Le mépris et l’arrogance d’Emmanuel Macron reviendront plus souvent dans les témoignages que nous avons recueillis que la hausse des taxes sur le carburant. Cette hausse est en réalité le déclencheur d’une colère beaucoup plus profonde, qui réunit les hommes et les femmes dans une révolte dont ils savent parler. Ils contestent la légitimité d’Emmanuel Macron à l’Élysée, son élection n’étant que le résultat du pouvoir de l’argent sur le monde politique : « Nous ne sommes pas dans une démocratie mais dans une dictature ! » « Nous allons faire en sorte que Macron ne puisse plus se présenter comme le chef du monde libre et de la démocratie. » « Plus rien n’est cohérent, on ne peut plus faire de projets. » Quant aux violences commises, notamment sur les Champs-Élysées, elles sont « la réponse à la violence de l’oppression que nous subissons chaque jour ».

      « C’est nous qui vous engraissons »
      Les gilets jaunes choisissent de manifester dans les beaux quartiers, de façon visible, avec ce jaune fluorescent comme symbole de leur chaleureuse détermination à renverser les rapports de forces, puisque « c’est nous qui vous engraissons : rendez-nous notre pognon ! », comme ils l’ont dit aux clients du restaurant de l’Avenue, à l’angle de la rue de Marignan et de l’avenue Montaigne, juste en face de chez Dior. La préfecture de police voulait les cantonner au Champ-de-Mars, qu’ils ont boudé tout au long de la journée au bénéfice des lieux de pouvoir, le plus près possible de l’Élysée.

      Pour nous deux, la confrontation entre les gilets jaunes et les clients chics de ce restaurant cher du 8e arrondissement a constitué un moment d’observation sociologique exceptionnel. Poussés par les gaz lacrymogènes, les bombes assourdissantes et les canons à eau, nous avons fui par la rue de Marignan avec le slogan repris en chœur : « Macron démission ! » Il est aux environs de 13 heures et la terrasse du restaurant de l’Avenue est pleine à craquer d’hommes et de femmes des beaux quartiers qui portent sur leur corps et leur tenue vestimentaire la douceur et la richesse d’une vie quotidienne embaumée par les pétales de roses. Les gilets jaunes encerclent la terrasse avec leur corps malmené par des conditions de vie difficiles, et ce fameux gilet jaune, symbole du prolétariat et des gagne-petit. Il n’y aura aucune violence physique mais les paroles seront franches dans cette confrontation de classe entre les premiers et les derniers de cordée. « Profitez-en, cela ne va pas durer », « Picolez car vous n’allez pas rire longtemps ! » Les femmes minces et élégantes et leurs maris en costume croisé se lèvent peu à peu pour se réfugier à l’intérieur du restaurant, « Ah bon ! alors on vous dérange ? » demande un gilet jaune. Qu’à cela ne tienne, les manifestants se collent aux baies vitrées et poursuivent leurs invectives de classe : « L’ISF pour les bourgeois ! », « Ils sont en train de bouffer notre pognon ! » C’en est trop, les clients du restaurant ferment alors les rideaux. « Ah ! vous ne voulez plus voir les gueux ? » Ceux-ci se sont peu à peu éloignés pour manifester toujours et encore leur colère.

      Colère de classe contre assurance de classe
      Nous avons été frappés par le calme des grands bourgeois et surtout par leur détermination à déjeuner dans ce restaurant, le lieu où ils avaient décidé de retrouver leurs amis et où ils avaient réservé leur table, dans un entre-soi qu’ils savaient au fond d’eux-mêmes garanti par les forces de l’ordre. Au point même que, vers 13 h 30, quelques clients faisaient la queue à l’extérieur en attendant de pouvoir bénéficier d’une table à l’intérieur. Ils ont affiché une assurance de classe qui ne doit pas présenter de faille, tant que leur vie n’est pas en danger.

      Nous avons été surpris par la reconnaissance de notre travail sur la violence des riches : « Vous avez mis des mots sur notre souffrance et tout ce que vous dites, c’est la vérité ! », « Vous êtes vraiment nos porte-voix ! » Nous avons fait des selfies, il y a eu des embrassades amicales, nous avons échangé et longuement discuté avec les personnes qui nous ont reconnus et abordés. Avant de partir pour le salon du livre de Radio France à la Maison de la radio dans le 16e arrondissement, nous avons rencontré un militant de la fédération CGT des dockers qui leur a conseillé « de rallier les gilets jaunes pour participer à ce mouvement », en disant qu’il « fallait savoir prendre le train en marche pour l’orienter et le soutenir dans ses aspects de confrontation entre les intérêts du capital et ceux du travail ».

      Notre témoignage sûrement incomplet ne se veut pas une analyse péremptoire de ce mouvement des gilets jaunes. Il s’agit plutôt d’attirer l’attention sur les processus de stigmatisation qui ont été mis en œuvre dès le départ afin de masquer une colère de classe en casse séditieuse d’extrême droite. Lorsque nous sommes arrivés à Radio France, la fouille de nos sacs à dos a révélé la présence de nos deux gilets jaunes, dont nous avons dû nous séparer le temps de nos dédicaces mais que nous avons récupérés à la sortie. Nous avons été accueillis par de nouveaux gilets jaunes nous annonçant leur volonté de s’en prendre aux médias publics. Ils avaient le projet d’occuper le lendemain, dimanche 25 novembre, l’esplanade devant France Télévisions.

      Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot.

    • Une compilation d’articles pour réfléchir autour de ce mouvement populaire ambivalent et clivant.

      Est-il possible de poser un angle de lutte de classe au sein de ce mouvement ?
      Y-a-t-il possibilité de diffuser au sein de ce mouvement des problématiques autour du genre ou des questions de racisme ?
      Comment ?
      Quels avantages le camp de l’émancipation peut-il tirer de ce moment ?
      Les fachos ont-ils déjà pris le contrôle ?
      Est-il possible de les isoler politiquement au sein du mouvement ?
      Doit-on abandonner tout espoir d’influer positivement sur le cours de ce mouvement ?
      Doit-on le combattre ?
      Comment ?

      https://bourrasque-info.org/home/chroot_ml/ml-brest/ml-brest/public_html/local/cache-vignettes/L271xH200/arton1261-1f408.jpg?1543018951
      https://bourrasque-info.org/spip.php?article1261

    • LE TEXTE que j’attendais : Gilets jaunes : questions pour ceux qui cherchent des alliances : https://carbureblog.com/2018/11/27/gilets-jaunes-questions-pour-ceux-qui-cherchent-des-alliances
      Lecture audio chez @karacole : https://archive.org/details/GiletsJaunes


      Merci @arnoferrat pour le repérage !

      /.../ Et qui va sortir gagnant de cette alliance ? Est-ce que la lutte des classes, c’est seulement entre le « peuple » et le pouvoir ? Est-ce que l’interclassisme ça n’est pas aussi une lutte des classes dans leurs alliances même ? Est-ce que le problème c’est Macron ? Est-ce qu’il faut « dégager Macron » et refaire des élections ? Et dans ce cas qui sera élu à sa place ? Est-ce que les quartiers populaires ont quelque chose à y gagner ? Est-ce que la France blanche-d’en-bas a quelque chose à y gagner ? Est-ce que les plus pauvres ont quelque chose à y gagner ? Pourquoi quand les quartiers manifestent leur colère il y a couvre-feu, alors que quand la France blanche-d’en-bas le fait elle est reçue dans les ministères ? Est-ce qu’on a jamais demandé aux émeutiers de 2005 de se choisir des représentants ? Est-ce qu’il y a seulement entre les quartiers et la France blanche-d’en-bas de l’incompréhension et de vagues préjugés hérités de la colonisation ? /.../

  • affordance.info : Le FISC, l’espace public, Facebook et Gérald Darmanin.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/11/fisc-facebook-darmanin.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef022ad3bff514200b-pi

    Quitte à tout défoncer au niveau des libertés fondamentales, allons-y gaiement et « mettons les réseaux sociaux dans la grande base de donnée ». Heureusement que la formule relève davantage de l’incurie Darmanienne que d’une procédure technique envisageable. Et il y a fort à parier que « les réseaux sociaux » auront mis l’ensemble des administrations régaliennes sur leurs serveurs avant que les états n’aient mis les réseaux sociaux dans leur grande base de donnée. Mais quand même. Aucune de ces deux perspectives n’est souhaitable ou même réjouissante.

    Par ailleurs ce qui est déjà opérationnel et tout à fait techniquement envisageable, c’est l’installation de « backdoors » permettant en effet à différentes administrations, fiscales ou autres, en France ou à l’étranger, d’accéder nativement à une partie des informations que nous confions aux réseaux sociaux. L’affirmer relevait du fantasme et du complotisme jusqu’aux révélations de l’affaire Snowden (entre autres).

    Ce qui est également opérationnel techniquement c’est l’approche de type « data mining » qui va automatiser la recherche et la collecte de ces informations dont les « photos de voiture de luxe que peut-être ce sont les tiennes, ou peut-être pas », mais surtout tout un tas d’autres signaux faibles bien plus efficaces et révélateurs pour l’administration fiscale.

    Soyons ici tout à fait clair, si ce bouzin est effectivement mis en place, non seulement les libertés fondamentales vont prendre un vieux coup de tomahawk dans la tronche (et ce ne sera pas le premier), mais surtout cela va générer un nombre proprement hallucinant de faux-positifs (sans même parler de l’incitation à la délation ...)

  • affordance.info : Pricey Birthday : Facebook a (encore) tué les anniversaires.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2018/11/facebook-a-encore-tue-les-anniversaires.html

    par Olivier Ertzscheid

    Depuis que je suis sur Facebook, c’est à dire quasiment depuis la création de la plateforme, je l’ai vu faire évoluer notre perception (et notre célébration) des anniversaires.
    Birthday killing.

    J’ai vu Facebook tuer les anniversaires et ce dès 2010, six ans à peine après sa création.

    « But now everyone knows it’s your birthday. I used to be right up there with cake, but Facebook has commoditized my one and only social skill. I’ve been replaced by the computer. And it’s not just Facebook. I was the second person to wish my son a happy fourth birthday. The first was his dentist’s customer relations management software. »

    Tout comme vous j’ai, dans le même temps, vu également apparaître ces formes à peine dissimulées de hameçonnage attentionnel consistant à nous inviter, par notifications le plus souvent aussi intempestives que bullshitesques, à féliciter nos « relations » pour célébrer leurs « anniversaires de travail » sur LinkedIn.

    J’ai vu donc la petite mort d’un rituel social en même temps que sur les mêmes plateformes assassines naissaient d’autres rituels de célébration : ainsi les adolescents et jeunes adultes se mirent à l’occasion de chacun des anniversaires de leurs camarades à publier sur Facebook différents « dossiers » de photos les représentant dans des postures assez peu valorisantes et assez drôles (j’en sais quelque chose puisque je suis encore ami avec mes étudiant(e)s).

    J’ai vu aussi ce dernier rituel se tarir à mesure que lesdits jeunes adultes et adolescents délaissaient la plateforme pour migrer vers d’autres espaces de socialisation en ligne comme WhatsApp, Snapchat ou Instagram, laissant Facebook à leurs (vieux) parents.

    Et j’ai vu. Et j’ai vu, récemment, apparaître sur Facebook un nouveau rituel d’anniversaire. Consistant à collecter directement de l’argent pour financer telle ou telle cause / association (il est également possible de lancer une collecte de fonds pour soi-même). J’ai ainsi vu naître le « Mercy Market », le marché de la pitié.

    Avec le Charity Birthday façon Facebook, c’est toute la relation « donateur-donataire » qui est reconfigurée, tant sur le plan monétaire que sur le plan symbolique. Celui qui reçoit (le donataire) n’est plus qu’un intermédiaire entre le donateur et le donataire réel (l’association caritative) et cet intermédiaire a pour fonction de solliciter directement le donateur sur le plan social en le désignant nommément et, comme je l’indiquais plus haut, en lui faisant porter la charge symbolique d’un éventuel refus. Une charge symbolique d’autant plus importante et signifiante qu’elle mobilise des problématiques en lien avec le domaine caritatif.

    Dans ces Charity Birthday, Facebook efface également le lien entre "personnalisation du cadeau" et "niveau de proximité et d’intimité" avec l’impétrant(e). Comme il avait effacé le marqueur affectif consistant à mémoriser uniquement les dates d’anniversaires de ses amis les plus importants en systématisant la procédure de rappel calendaire.
    C’est peut-être l’anniversaire du don caritatif mais c’est toujours pas la fête des politiques publiques de lutte contre la misère et les inégalités.

    Les logiques de dons caritatifs via des plateformes généralistes (comme Facebook) ou dédiées (l’ensemble des solutions de crowdfunding) occupent une place chaque jour plus importante et déterminante à l’échelle de ce que les acteurs économiques identifient désormais clairement comme un "Mercy Market" qui est le nouvel avatar du "Charity Business".

    #Anniversaire #Facebook #Charity_business #Rituels_numériques