pourtant JEAN-PHILIPPE RÉMY, ENVOYÉ SPÉCIAL DU « MONDE » EN SYRIE, qui revient d’Alep, ne semble pas en avoir vu si on s’en réfère à son entretien avec des lecteurs du net !!
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SAM : Avez vous vu des djihadistes au sein de l’ASL ?
A la base, l’ASL s’est constituée avec des cellules organisées dans la clandestinité par des déserteurs de l’armée gouvernementale rejoints par des contestataires. Le rôle de ces déserteurs est important, puisqu’ils amenaient avec eux leur formation militaire. Formation cependant limitée, puisque l’on compte peu d’officiers supérieurs parmi eux. Certains de ces déserteurs, du reste, étaient simplement en train d’effectuer leur service militaire. Parallèlement, d’autres groupes se sont constitués sur la base de combattants de tendance salafiste. Combien étaient-ils à l’origine ? Sans doute relativement peu. On parle parfois de de 10 à 20 %.
Mais un phénomène nouveau est apparu au cours des dernières semaines dans la région d’Alep. Plus les combats durent avec ces conditions de vie d’une dureté incroyable, et plus certaines unités de l’ASL commencent à virer du côté islamiste. Ce phénomène est difficile à mesurer, mais on le constate dans beaucoup d’unités. Ce que cela signifie ensuite pour l’ASL est impossible à prédire, mais il faut garder en tête que plus le temps passe et plus cette coloration islamiste des combattants risque de s’accentuer. Il y a dans l’ASL des combattants qui ont pris les armes pour changer le régime et vivre dans une Syrie plus libre. Ce serait un autre crime que de les abandonner à ce stade.
Visiteur : La présence de combattants étrangers dans les rangs de l’Armée syrienne libre ne risque-t-elle pas de rendre plus difficile encore l’après-Assad ?
Même s’il est évident que des combattants étrangers se trouvent en Syrie actuellement, et même si le secret qui les entoure ne permet pas de cerner avec exactitude leur poids au sein de l’opposition armée, ces combattants semblent demeurer minoritaires. On croise des étrangers, on entend parler d’eux dans certaines unités, mais il ne m’a pas semblé distinguer qu’ils jouaient un rôle capital dans la bataille. Bien sûr, compte tenu de la situation, la plus extrême prudence s’impose. Mais ce phénomène de transformation des combattants syriens me semble, à ce stade, plus préoccupant que la présence de combattants étrangers.
Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que certains Syriens sont allés se battre sur différents terrains djihadistes, notamment en Irak. Il y a bien entendu une galaxie islamiste qui sera l’une des grandes questions dans le futur. Mais on est loin d’être face à une insurrection qui serait totalement contrôlée par cette tendance. Dans l’après-Assad, cela fera partie des problèmes, mais cela sera loin d’être le seul. Du reste, pour l’instant, les questions de l’après-Assad restent encore théoriques. L’incertitude sur le terrain est tellement importante que la guerre civile pourrait durer encore longtemps, si aucun de ces facteurs ne change.
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