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  • Où va la Bretagne ?. « Tous les voyants sont au rouge » - Bretagne - LeTelegramme.fr
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    Jean-Claude Le Ruyet, Jean-René Le Quéau, Albert Moal, Yves Lebahy, Paolig Combot, tous militants de l’association Ar Falz, qui organise un colloque sur l’avenir de la Bretagne, vendredi, à Morlaix
    (Photo R. L.)

    Nous craignons que la Bretagne parte en pilhoù (†). Tous les voyants sont au rouge. Si nous ne réagissons pas, elle n’existera plus dans une génération ». Le discours veut être un électrochoc. Il donne le ton d’un colloque organisé par Ar Falz à Morlaix, vendredi, sous le chapeau « Où va la Bretagne ? ». Le géographe Yves Lebahy détaille son point de vue.

    Yves Lebahy, la Bretagne va-t-elle mal ?
    La région ne va pas si mal, en apparence. La Bretagne est dans la médiane européenne pour le niveau de vie. Le taux de chômage est sous la moyenne française. La qualité de vie y est reconnue. C’est une terre d’excellence pour l’éducation. Mais quand on gratte, des choses très inquiétantes apparaissent. Il y a un taux de suicide important. La jeunesse exprime un grand malaise à travers des addictions très fortes à l’alcool, les drogues. Un taux de chômage contenu peut aussi vouloir dire que les demandeurs d’emploi partent faute de propositions ici. La révolte des Bonnets rouges était une jacquerie symptomatique d’une société en malaise.

    Selon vous, le territoire est-il fracturé ?
    La fracture entre les métropoles de l’Est breton, Rennes et Nantes, et l’Ouest, apparue dans les années 1990, s’accentue. Même si ce phénomène est nié par les élites rennaises, il y a une double relégation de la Basse-Bretagne par rapport à la Haute-Bretagne et de l’intérieur par rapport au littoral. Depuis une vingtaine d’années, une économie de villégiatures, avec des populations âgées, s’est concentrée sur le littoral, ce qui dérégule l’immobilier, met en péril les activités liées à la mer. Ce qui a permis à la Bretagne de vivre depuis 50 ans, l’agriculture, la pêche, l’industrie, notamment agroalimentaire, régresse. La croissance démographique naturelle est proche de zéro dans les Côtes-d’Armor et le Morbihan, et elle est négative dans le Finistère. La jeunesse n’a un avenir que si elle migre. Jusqu’où pouvons-nous accepter la mobilité des individus victimes de la perversité d’un système économique ?
    […]
    (†) en lambeaux