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  • affordance.info : Facebook et l’algorithme du temps perdu
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2022/07/facebook-algorithme-temps-perdu.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef02a308d8b516200c-600wi

    Un algorithme dans un réseau social c’est un peu comme un produit ou un rayon dans un supermarché. De temps en temps il faut le changer de place pour que les gens perdent leurs habitudes, traînent davantage et perdent du temps à la recherche de leurs produits et rayons habituels, et tombent si possible sur des produits et rayons ... plus chers. Mais également pour que dans cette errance artificielle ils soient tentés d’acheter davantage. Tout le temps de l’errance est capitalisable pour de nouvelles fenêtres de sollicitations marchandes.

    Or la question de l’urgence du changement est particulièrement d’actualité pour la firme qui risque pour la première fois de son histoire de perdre des parts de marché publicitaire, et qui, au cours des trois derniers mois de l’année dernière, avait annoncé qu’elle avait perdu des utilisateurs quotidiens pour la première fois en 18 ans d’histoire.

    #Facebook #GAFAM #Algorithme #EMI #Réseauxsociaux

  • affordance.info : 4 questions aux algorithmes (et à ceux qui les font, et à ce que nous en faisons)
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2022/04/4-questions-algorithmes.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0282e14f7a64200b-600wi

    La problème de la transparence comme de la redevabilité, même en se limitant aux algorithmes publics, c’est qu’un « algorithme » est un fait calculatoire et décisionnel qui ne peut être isolé de faits sociaux qui en déterminent les causes et les effets. Un algorithme est développé par des gens, qui obéissent à d’autres gens, et qui sont tous pris dans des déterminismes et des contraintes économiques, professionnelles, politiques, sociales, etc. Penser que l’ouverture et et la redevabilité des algorithmes suffira à régler l’ensemble des problèmes qu’ils posent n’a pas davantage de sens que penser que l’étiquetage des denrées alimentaires résoudra les problèmes de malbouffe, d’obésité et de surproduction agricole.

    #SNT #NSI #EMI #algorithmes #Réseauxsociaux #Facebook #Moteurderecherche

  • affordance.info : Ukraine. Para Bellum Numericum. Chronique du versant numérique d’une guerre au 21ème siècle.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2022/02/guerre-ukraine-numerique.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0278806d9a68200d-600wi

    Il y a déjà de longues années, je présentais le média Twitter à mes étudiant.e.s en leur expliquant qu’il était vital de s’y intéresser car s’y donnaient à voir non seulement des informations vitales mais aussi à valeur patrimoniale que l’on se devait de suivre attentivement et, pour certaines d’entre elles, de s’efforcer de conserver. Et je prenais ce qui semblait alors assez surréaliste et baroque, l’une des premières « déclarations du guerre » ce faisant exclusivement via ce média. C’était le 14 novembre 2012, et le compte Twitter officiel de l’armée Israëlienne annonçait lancer des frappes sur le peuple palestinien vivant dans la bande de Gaza.

    Depuis cette première déclaration de guerre via Twitter, les choses ont énormément changé et c’est l’écosystème numérique dans son entier, avec au premier plan les grande plateformes sociales, qui jouent un rôle déterminant, à la fois dans des opérations de désinformation ou de propagande, mais aussi plus globalement sur le plan géostratégique et géopolitique.

    Il y a 10 ans de cela, déclarer la guerre sur Twitter était une anomalie. Aujourd’hui et avec la guerre aux portes de l’Europe en Ukraine, l’anomalie serait d’imaginer une guerre sans Twitter.

    A partir de ce que révèle chaque jour la guerre en Ukraine, je veux dans cet article essayer de faire un point, forcément provisoire, sur ce qui se joue lors d’une guerre dans, par, grâce et à cause des grands écosystèmes numériques et de leur écho médiatique et géopolitique.

    #Guerre #Médias_sociaux #Ukraine #Olivier_Ertzscheid

  • affordance.info : Le Resto U n’est pas rentable. Alors on le ferme.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/10/le-resto-u-nest-pas-rentable.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef026bdef9b92e200c-600wi

    Ce matin sur France Inter, alors que la réalité de la situation dans les universités c’est que désormais chaque campus est devenue une succursale des restos du coeur (merci à eux d’ailleurs puisqu’eux, ils filent à bouffer à nos étudiant.e.s), ce matin sur France Inter j’ai appris que le resto U de l’université Paris 8 en Seine Saint-Denis, plus précisément celui de l’IUT de Montreuil, n’avait pas ouvert depuis un an et ne réouvrirait probablement pas. Parce que ce n’était pas "rentable. La présidente de l’université y était rapidement interviewée et elle avait l’air presque aussi résignée que désabusée.

  • "Le fait est que sur le volume global des publications (niveau), sur leur circulation individuelle (vitesse), et sur leurs partages collectifs (accélération), Facebook n’est pas en capacité de fournir des dispositifs humains de modération adaptés, et qu’il n’est pas davantage en capacité de fournir des dispositifs algorithmiques de modération « soutenables » (c’est à dire qui répondent aux besoins). Mais il doit pour survivre au moins économiquement, affirmer qu’il est en capacité de le faire. Il fait donc ce que toute entité morale ou politique, singulière ou collective, ferait dans ces cas là : il triche et il ment. Il ajoute du discrétionnaire dans une architecture qui ne devrait être que fonctionnelle. Il installe des régimes d’arbitraire parce qu’il est incapable de standardiser des arbitrages."

    https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/09/facebook-vip-xcheck.html

    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef026bdef17462200c-500wi

    #Facebook #RéseauxSociaux

  • Un algorithme de Facebook confond des personnes noires avec des singes
    https://www.rtbf.be/info/medias/detail_un-algorithme-de-facebook-confond-des-personnes-noires-avec-des-singes?i

    Un algorithme de recommandation de Facebook a demandé à des utilisateurs s’ils souhaitaient voir d’autres "vidéos sur les primates" sous une vidéo d’un tabloïd britannique montrant des personnes noires, a révélé le New York Times vendredi. https://www.nytimes.com/2021/09/03/technology/facebook-ai-race-primates.html

    La vidéo du Daily Mail, vieille de plus d’un an, est intitulée "un homme blanc appelle les flics contre des hommes noirs à la marina". Elle ne montre que des personnes, pas de singes.


    Facebook apologized on Friday for mislabeling and said it was looking into its recommendation feature to “prevent this from happening again.”Credit...Jim Wilson/The New York Times

    En dessous, la question "voir plus de vidéos sur les primates ?" avec les options "Oui / Rejeter" s’est affichée sur l’écran de certains utilisateurs, d’après une capture d’écran diffusée sur Twitter par Darci Groves, une ancienne designer du géant des réseaux sociaux.

    "C’est scandaleux", a-t-elle commenté, appelant ses ex-collègues de Facebook à faire remonter l’affaire.

    "C’est clairement une erreur inacceptable", a réagi une porte-parole de Facebook, sollicitée par l’AFP. "Nous présentons nos excuses à quiconque a vu ces recommandations insultantes."

    #Facebook #intelligence_artificielle #racisme

  • affordance.info : Faut-il se désabonner des morts ?
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/07/se-desabonner-des-morts.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0282e11026d8200b-600wi

    Par Olivier Ertzscheid

    13 juil 2021
    Faut-il se désabonner des morts ?

    [Pour Philippe Aigrain]

    Nos vies numériques sont aussi tissées de fils soudainement coupés. D’amis, de connaissances, et de ceux-là de nos hérauts que nous suivions sans les connaître vraiment, et qui soudainement ont la mauvaise idée d’aller jacter avec la camarde.

    Axel Kahn fit récemment le récit digne de sa mort à venir, de son inéluctable. Il disait « L’humus de mon corps, quand il sera putréfié, permettra de participer, peut-être, dans la terre, à l’éclosion d’une marguerite. Et l’idée qu’il y ait un peu de molécules d’Axel Kahn dans une pâquerette, cela me réjouit. »

    Faut-il se désabonner des morts ?

    Cette fois c’est Philippe Aigrain qui nous quitte, d’un accident de montagne. Je le connaissais peu. Et l’admirais beaucoup. Si sa disparition me touche autant c’est qu’à chaque rencontre, à chaque échange, il n’était que gentillesse, discrétion, et convictions remarquables et remarquablement défendues.

    Je l’avais croisé pour la dernière fois dans la cave de chez C&F Editions. Il y a des gens, et ils sont rares, avec qui tu sais que tu ne pourras qu’être d’accord, précisément parce qu’ils ont une certaine vibration, une musique, un accord, et que cet accord se dégage de l’ensemble de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font. Du peu que j’en ai vu, il me semble que Philippe Aigrain était de ceux-là. Il avait cet accord, celui qui engage nécessairement le vôtre.

    1200px-Philippe_Aigrain_-_Journée_du_domaine_public_2012

    Faut-il se désabonner des morts ?

    Il y a longtemps c’est un autre modèle devenu copain des réseaux, Jean Véronis, qui filait à l’anglaise. Et puis la copine collègue Louise Merzeau aussi. Deux espiègles chacun à leur façon. Et maintenant Philippe Aigrain. Les traces qu’ils laissent.

    Faut-il se désabonner des morts ?

    Il y a aussi ces étudiantes et ces étudiants, en presque 20 ans on en croise des vies, on en voit aussi hélas qui se terminent bien trop tôt.

    Faut-il se désabonner des morts ?

    Ceux qu’on déteste aussi, et ceux que l’on combat. Il ne faut pas souhaiter la mort des gens. Même de ceux-là.

    Faut-il se désabonner des morts ?

    Chaque réseau social sa mémoire, son rappel, ses rites, ses mémoires. Les anniversaires Facebook de ceux qui ne sont plus, ce rappel incongru qui tape au coeur qui tachycarde à l’inattendu. Faut-il se désabonner des morts ? Les mentions Twitter de comptes qui se sont tus, qui rappellent qu’ils existaient et que nous les suivons toujours. Faut-il se désabonner des morts ? Les blogs aussi dont certains avaient choisi d’y tenir le récit de leur vie maladie. Le récit mal à dire. L’impudeur de ces récits de fin de vie, ou de ces thérapies à ciel ouvert et lourd et tant d’issues incertaines, cette impudeur transpire la pudeur refusée et déniée à ces corps auscultés, perforés, amputés dans la tranchée de la maladie qui nous fait parfois si mal à lire et peut-être à elles et eux, certainement même, qui est leur mal en dit.

    Faut-il se désabonner des morts ?

    Philippe Aigrain, en son accord, était aussi un poète. J’aime beaucoup sa série « Fissures », dont le 20ème poème commence ainsi :

    « la terre assoiffée rétractant sa croûte révèle un pavage secret d’hexagones cabossés »

    #Philippe_Aigrain

  • affordance.info : Le centimètre sentimental.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/04/centimetre-sentimental.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0263e9a07c45200b-600wi

    Je parle souvent d’une anecdotisation des régimes de surveillance, palpable dans la multiplication des dispositifs connectés dans nos environnements comme dans nos pratiques quotidiennes. Cet AirTag est une pierre de plus dans ce jardin. Il faut se souvenir qu’aux tout débuts de l’industrialisation du commerce des traces numériques, c’étaient avant tout des mères de familles américaines qui payaient pour utiliser les services de sociétés leur permettant de créer des comptes « amis » avec leurs enfants sur le réseau Facebook pour mieux les espionner ou bien encore pour géolocaliser ceux-ci en permanence dès qu’ils sortaient de la maison. Avec l’AirTag tout est plus simple, t’en colles-un dans le cartable de ton fils et c’est bingo. Marche aussi bien sûr pour faire du testing entre amoureux surtout épris de doute sur l’honnêteté de l’autre. Il ne s’agit pas simplement d’un capteur de plus. Il s’agit d’un capteur de plus que nous disposons où nous voulons. Et la nuance est de taille.

  • Vaccinés, vos papiers !
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/02/vaccines-vos-papiers.html

    Lentement mais sûrement, l’idée d’un passeport vaccinal en France fait son chemin. Certains pays comme Israël avancent franchement sur ce point et l’ont déjà validé concernant les transports aériens vers des pays le mettant également en place (Chypre et la Grèce), appuyés en cela par le taux de leur population déjà vaccinée (autour de 40% de la population globale mais 80% de la population « vaccinable »). En plus de ce passeport permettant de sortir du pays, Israël a également déployé un « passeport vert » (...)

    #passeport #smartphone #TousAntiCovid #géolocalisation #technologisme #COVID-19 #discrimination #Islam #pauvreté #santé (...)

    ##pauvreté ##santé ##GAFAM
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef027880188c27200d-600wi

  • Comment fait-on pour que les hommes cessent de violer ?
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/01/comment-fait-on-pour-que-les-hommes-cessent-de-violer.html

    C’est le dernier shitstorm en date sur Twitter. Les comptes (initialement militants et féministes) qui ont publié cette phrase se sont trouvés bloqués ou suspendus. En suspens la phrase : « Comment fait-on pour que les hommes cessent de violer ? » Pourtant cette phrase n’est pas agressive, pourtant elle n’est pas insultante, pourtant elle est même conforme à la réalité sociologique du viol (bah oui, la majorité des violeurs sont des hommes, voir - notamment - les travaux que mène la sociologue (...)

    #Twitter #algorithme #féminisme #censure #modération #religion #sexisme #violence #discrimination #femmes (...)

    ##viol
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef026bdeb90331200c-600wi

  • Les gymnases qui brûlent, les étudiants qui se défenestrent et les bonbons sur la table
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/01/gymnases-brulent-etudiants-defenestrent-bonbons.html

    Au moment où je commence la rédaction de cet énième article sur la situation alarmante des étudiant.e.s dans nos universités, le hashtag #etudiantsfantômes est en Trending Topic sur Twitter. Cela veut dire qu’on en parle. Qu’en tout cas elles et ils nous parlent d’eux. De ce qu’ils et elles vivent. Et que l’on commence à peine à les entendre et à les écouter. A peine. Source : affordance.info

  • Universités : le temps de désobéir est venu.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/01/universites-le-temps-de-desobeir.html

    Nos étudiant.e.s n’en peuvent plus. Celles et ceux qui n’ont pas encore abandonné, celles et ceux qui n’ont pas encore sombré dans la dépression ou dans des comportements compulsifs nous le disent chaque jour : ils et elles ne s’attendent plus à rien. Et c’est peut-être ce qu’ils nous disent de plus terrible. Ils et elles ne s’attendent plus à ... rien. Ils se refusent même à espérer vu que chacun de leurs (minces) espoirs est douché, rincé, lessivé, soit par l’absolu et souverain mépris du gouvernement qui n’a jamais un mot pour eux, soit par l’incurie des directives ministérielles qui prétendent ordonner un impossible, soit par la parole même des équipes administratives et pédagogiques qui ne peuvent qu’annoncer une consigne la veille et l’annuler le lendemain. Nous ne fabriquons plus rien d’autre que du renoncement et de la résignation. C’est encore plus qu’insupportable, c’est au-delà de l’anormal, et ce sera désormais sans moi...
    Et si on vient m’expliquer que c’est irresponsable, alors je prendrai mes étudiant.e.s et mes étudiants et je ferai ce que racontait l’année dernière le président : je traverserai la rue. Simplement ça. Car de l’autre côté de la rue de l’IUT où j’enseigne à des jeunes gens et jeunes filles entre 18 et 20 ans qui sont 60 par promo mais dans des amphis de 120 places, de l’autre côté de la rue de l’IUT où j’enseigne, il y a un lycée disposant de BTS et de classes prépa ou d’autres enseignants donnent depuis septembre sans jamais aucune interruption des cours en présentiel à des jeunes gens et des jeunes filles entre 18 et 20 ans dans des classes de 35 places peuplées de parfois plus de 35 élèves.

  • Les ouailles du Capitole.
    affordance.info : https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/01/les-ouailles-du-capitole.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef026bdeb3e418200c-600wi

    A lui seul, Trump fut pendant toutes ces années, la fenêtre d’Overton non pas de la capacité d’être élu ou de gouverner dans le mensonge - d’autres l’avaient été avant lui - mais de la capacité de gouverner dans une forme consensuelle de délirium. Il a rendu acceptable aux yeux de l’opinion, et pas uniquement américaine, le fait qu’une personnalité délirante pouvait présider une nation et bâtir l’ensemble de sa politique sur des faits pour l’essentiel « alternatifs ». C’est à cela qu’il va nous falloir continuer de réfléchir tant d’autres démocraties, dont la notre, semblent aujourd’hui perméables au même genre de scénario.

    Pour le reste, « Internet a facilité l’organisation des révolutions mais en a compromis la victoire », comme l’explique patiemment Zeynep Tufekci depuis des années. Et l’épisode d’hier soir au Capitole n’échappe pas à cette règle. Gil Scott Héron le chantait également déjà en 1970 : « The Revolution Will not Be Televised. » Certaines révolutions en tout cas, ne le seront pas.

  • Pourquoi un cours de rue ?
    Les « signaux » qui remontent du terrain sur la situation des étudiant.e.s sont de plus en plus affolants et inquiétants.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/12/cours-de-rue.html
    Pourquoi un cours de rue ? Parce que l’image la plus partagée par les étudiant.e.s suite aux annonces de Castex de ce Jeudi, c’était celle-là.

    Pourquoi un cours de rue ? Parce que les prières de rue ont permis d’ouvrir les églises. Quoi d’autre ? Et qu’un référé de la conférence des évêques de France a suffi pour que le conseil d’état oblige le gouvernement à exploser le seuil de 30 personnes pour le ramener à un nombre de personnes au mètre carré. Mais que notre référé à nous, universitaires, n’a rien donné. Parce que le jeune président de la startup nation qui était en fait un vieux con comme les autres a décidé que 2,5 millions d’étudiant.e.s seraient les derniers de sa putain de cordée. J’ai juste besoin de comprendre pourquoi des gens démographiquement plutôt bardés de comorbidités et de fragilités diverses (sociologie de la messe hein, pas de jugement) peuvent se retrouver à plus de 6 par mètre carré pour chanter et manger des osties distribuées à la main dans des églises mal ventilées, et pourquoi des jeunes gens et jeunes filles de 18 à 25 ans ont interdiction jusqu’en Février de se retrouver dans des amphis ou dans des salles de cours avec les mêmes jauges et l’ostie en moins, et avec des conditions sanitaires déjà efficaces (la rentrée de Septembre l’a démontré). C’est en gros la réponse à cette question que je vais aller chercher (et j’espère n’être pas le seul) en faisant mon cours de rue devant l’église Saint-Louis à La Roche sur Yon.

    Juste pour vous donner une idée de mon niveau d’incompréhension au lendemain de l’annonce par Emmanuel Macron de la réouverture des universités en février, soit presque deux mois après l’ouverture des messes et autres lieux de culte, j’en suis venu au point où j’ai carrément écrit aux diocèses de Loire-Atlantique et de Vendée pour leur demander de me prêter une église pour y accueillir mes étudiant.e.s. La preuve avec la réponse (mignonne) du curé local.

    Pourquoi un cours de rue ? Parce que seul.e.s près de 2,5 millions d’étudiantes et d’étudiants sont privés de sociabilités essentielles. Tout le monde, absolument tout le monde a repris une activité quasi-normale, les commerces - essentiels ou pas essentiels, les lycéens et collégiens, les salariés (qui sont très loin de tous télétravailler), les employés, les professions libérales, tout le monde vous dis-je. Sauf les étudiantes et les étudiants, qui sont littéralement en train d’en crever avec leurs maux à elles et à eux, qui s’appellent dépression, angoisse, isolement, perte de repère, de confiance, de sommeil, de poids, niveau de stress constant, et tant d’autres maux encore.

    Pourquoi un cours de rue ? Parce qu’en tant qu’enseignant c’est absolument insupportable de n’avoir rien d’autre à leur offrir que de longues heures de cours en visio, des partiels de fin d’année et un peu de commisération. Et que leur détresse est uniforme : elle les touche tous et toutes, les très bons et les plus fragiles, les plus motivés et les plus démotivés, les mieux confinés et les plus isolés, de la 1ère année de licence à la dernière année de master. Tous et toutes.

    Pourquoi un cours de rue ? Parce qu’il va finir par y avoir un drame et que ce jour là il faudra être capable de continuer de se regarder en face dans une glace. Parce que nous, leurs parents, leurs enseignants, leurs aînés, nous nous devons de faire autre chose que de les regarder crever à petit feu. Et si vous pensez que j’exagère vous êtes très loin du compte. Y compris dans des lieux d’études plutôt protégés comme Sciences Po, près de la moitié des étudiants présentent aujourd’hui des symptômes dépressifs graves au regard de l’échelle HAD (la méthodologie et les résultats complets de l’étude sont disponibles en ligne) Tous les enseignants chercheurs travaillant sur le sujet sont unanimes, la santé mentale des étudiant.e.s est en danger grave et imminent. Et ils et elles le disent, l’écrivent, le hurlent partout et tout le temps. Ils et elles n’ont pas besoin de psychologues mais ils et elles ont besoin de se voir et de se retrouver.

    Voir aussi
    https://www.nouvelobs.com/idees/20201211.OBS37400/les-facs-sont-fermees-faisons-cours-dans-la-rue.html

    • Pourquoi des cours de rue ? Parce que face à tout cela, et dans un contexte sanitaire grave dont il ne s’agit à aucun moment de nier la réalité, les réponses du gouvernement apportées à la question étudiante sont pathétiques, indignes, méprisantes. Toutes les universités (par ailleurs « soi-disant » autonomes ...) sont en capacité d’accueillir tou.te.s les étudiants dans des conditions sanitaires parfaitement adaptées. Elles étaient prêtes dès Septembre, elles n’ont jamais cessé de l’être. Pas la peine d’attendre le 20 Janvier, le 5 février ou les calendes grecques.

      L’annonce de Castex selon laquelle des plans étaient à l’étude pour dès Janvier accueillir « des étudiant.e.s ciblé.e.s » n’a aucun sens, absolument aucun sens. Irréalisable, irréalisable, infaisable. Ciblés sur quel critère ? Les plus pauvres ? Les plus dépressifs ? Les plus jeunes ? Les étudiants étrangers ? Celles et ceux-là même dont le même gouvernement multipliait par 16 les frais d’inscription à l’université ? Et quel mépris supplémentaire pour celles et ceux qui ne seront pas dans le coeur de « cible » de cette bande de communicants d’opérette. Et surtout quelle putain de méconnaissance de la réalité du malaise en milieu étudiant. Tou.te.s les étudiant.e.s ont un besoin vital, vital, de retrouver immédiatement le chemin de leurs sociabilités universitaires. Oser prétendre le contraire une fois de plus, oser insinuer qu’il en serait de prioritaires à « cibler » est un non-sens absolu, ce n’est pas une simple erreur d’appréciation mais c’est une faute politique qui ne se résoudra pas par le lancement d’un énième putain de numéro vert.

      Pourquoi un cours de rue ? Parce qu’il faut aussi parler de l’organisation des examens. Et pour en dire quoi ??? Que penser de l’idée même d’obliger des étudiant.e.s contraint.e.s à des confinements mortifères à revenir s’entasser dans des amphis ou dans des gymnases pour passer ... des examens le temps d’une ou deux journées ???

      Le point ultime du mépris et de ce doigt d’honneur adressé à la jeunesse étant atteint du côté de la fac de médecine de Saint-Etienne où il faudra choisir entre mentir sur son état de santé (si l’on a le Covid ou que l’on est cas contact), créer un cluster, ou redoubler. Même chose à Brest, et toutes les facs de médecine vont être concernées. Toutes parce que c’est le ministère lui-même via une note de service du 1ere Décembre de la DGESIP qui a créé cette situation ubuesque et d’une violence symbolique absolument inouïe. C’est le ministère de l’enseignement supérieur lui-même qui organise et décrète ainsi une rupture d’égalité dans l’accès à un concours. C’est totalement dingue. Ces gens sont totalement dingues et totalement dépassés. Mais les étudiant.e.s, nos étudiant.e.s n’ont pas à subir cette incurie, ce mépris et cette violence.

      Pourquoi un cours de rue ? Probablement aussi parce que la misère galope : en France, dans la 6ème puissance économique mondiale, il n’y aura bientôt plus une seule université, plus un seul campus sans son épicerie solidaire ou sa distribution alimentaire aux étudiants nécessiteux. Rennes, Nantes, Bordeaux, Paris, Marseille, et tant d’autres. Et les « petits » sites délocalisés n’y font pas exception : nous sommes en train d’en ouvrir une à l’échelle du campus de La Roche sur Yon. Les étudiant.e.s qui restent sont dans des situations financières et sanitaires de plus en plus précaires, les autres ont renoncé et vont, comme ils peuvent, se jeter sur des emplois de la gig-économie et autres précariats. D’autres enfin cumulent précariat économique et précarité étudiante pour espérer que ce qu’ils gagnent mal dans un monde leur permettre d’à peine survivre dans l’autre. Jusqu’à quand considérerons-nous que la mise en place d’épiceries solidaires est une fin en soi et qu’il n’est d’autre moyen de gérer la misère ? La création annoncée en fanfare de 60 (!) postes d’assistantes sociales dans les universités pour un public de 2,5 millions d’étudiants dont 20% vivaient déjà en dessous du seuil de pauvreté avant le premier confinement, cette annonce est parfaitement indigne et relève non pas d’une politique d’accompagnement mais d’une opération de communication de cache-misère. La médecine universitaire en France est digne de celle d’un pays du tiers-monde, quand à l’accompagnement psychologique qui en est une des composantes, il est en dessous de tout : la France dispose d’un psychologue pour 30 000 étudiant.e.s soit 20 fois moins que le taux recommandé par l’IACS (Accréditation internationale des services de santé mentale universitaires). Ce n’est pas simplement consternant, dans la période actuelle c’est criminel. Alors oui, voilà pourquoi, aussi, des cours de rue. Parce que si même le droit d’assister à des cours est ôté à ces étudiantes et à ces étudiants, comment voulez-vous que nous, enseignants et personnels universitaires, puissions encore nous regarder dans une glace sans l’envie de nous gifler et sans éprouver un immense sentiment de honte et de gâchis ?

      Pourquoi un cours de rue ? Parce que tout le monde voit bien que Macron ne changera pas d’avis. Les étudiant.e.s reprendront en dernier, s’ils reprennent un jour. Il ne se dédira pas. Il prétextera l’évolution de la condition sanitaire dont tout le monde sait qu’elle sera probablement pire après les fêtes pour s’en tenir à ce qu’il avait indiqué initialement, c’est à dire que que les universités ouvriront ... 15 jours après tout le monde, y compris les restaurants. Nous serons alors en février, les vacances arriveront aussi, pour 15 jours, viendra ensuite le mois de Mars qui marque la fin de beaucoup de cycles et d’années universitaires (avec le départ en stage des étudiant.e.s). Et alors pour la deuxième année consécutive, une génération verra l’espoir d’une vie sociale s’étouffer une nouvelle fois. They Can’t Breathe.

      Alors je vais faire un cours de rue. Un premier. Puis probablement un deuxième, et un troisième. Vous vous souvenez peut-être d’un magnifique film sorti il y a quelques années : « Être et avoir ». Et bien voilà. Nous étudiant.e.s n’ont pas besoin « d’avoir » des cours, ils et elles ont un besoin vital d’être en cours. D’être en cours. Et puis j’espère que nous serons nombreuses et nombreux à en faire. Des cours de rue. Partout. Sur les places. Sur les marchés. Dans les rues. Nous en profiterons pour faire un clin d’oeil à Sahar Varèse, personnage du roman « Les furtifs » d’Alain Damasio, une « proferrante » (concaténation de « professeur » et « errante »). Et surtout, nous en profiterons pour offrir à nos étudiant.e.s ce dont ils ont le plus besoin et ce sans quoi nous-mêmes ne sommes rien sans eux pour le vivre ensemble : un gai savoir.

  • affordance.info : L’homme qui a vu des données. Nuit de la publication et brouillard de l’intentionnalité.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/10/homme-qui-a-vu-des-donnees.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0263e9707839200b-600wi

    Tout tient dans ces quelques lignes. Plus de quinze ans de débat sur la responsabilité éditoriale des plateformes. Tout tient dans ces quelques lignes. La solution et le problème. Zuckerberg n’a pas décidé de bannir les discours de négation ou de remise en question de l’Holocauste parce qu’ils étaient contraire à la morale ou démentis par la vérité de l’Histoire. Il l’a décidé. Seul. Parce qu’il avait vu, seul, « des données ». Tout tient dans ces quelques lignes. Le problème Mark Zuckerberg. Le problème de 2,5 milliards d’utilisateurs. Et la solution Mark Zuckerberg. La solution d’un seul.

    Quelles données ? Nul le le sait sauf Zuckerberg lui-même. Que disaient elles ces données ? Que les violences antisémites augmentaient.

    Mais ce choix de Zuckerberg est aussi et avant tout une épiphanie. Celle de ce qu’Antoinette Rouvroy nomme « gouvernementalité algorithmique » : « La gouvernementalité algorithmique est l’idée d’un gouvernement du monde social qui serait fondé sur le traitement algorithmique des données massives plutôt que sur la politique, le droit et les normes sociales. » Quelle preuve plus éclatante - et alarmante - que celle là ?

    Zuckerberg est à la responsabilité éditoriale ce que le chat de Schrödinger est à la mécanique quantique. Il est responsable et en même temps il ne l’est pas. Au nom du premier amendement et du modèle économique de sa plateforme il doit garantir que tout puisse être dit et il doit rassurer sur le fait que tout ne peut pas l’être, en tout cas publiquement. Et toute la mécanique quantique de cet équilibre tient dans ces 12 lettres. « Publiquement ».

    Au final, plus la bulle Facebook gonfle et plus celle de l’espace public authentique et sincère se dégonfle. Ce n’est pas un hasard si cette plateforme se demande en Octobre 2021 s’il faut bannir les comptes négationnistes. Pas un hasard non plus si à chaque attentat ou crime terroriste - et celui de Samuel Paty vient encore de nous le rappeler - la frénésie médiatique sombre dans la même pantomime ridicule où l’on s’écharpe sur le non problème de l’anonymat et sur la capacité de censure directe et discrétionnaire comme alpha et oméga d’un débat qui évite soigneusement de mettre en cause les fonctionnalités techniques des plateformes qui produisent des conditions d’énonciation dégradées et toxiques au même titre que les conditions de production chez Marx produisent et fabriquent et déterminent des conditions d’exploitation.

    #Olivier_Ertzscheid #Facebook #Espace_public

  • affordance.info : Tadata ou la prostitution comme business model
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/10/tadata-ou-la-prostitution-comme-business-model.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef026be41884ed200d-600wi

    C’est un frémissement si caractéristique de Twitter, une onde d’abord calme puis un déchaînement. L’objet du débat s’appelle « Tadata ».

    C’est une start-up. Qui permet à des jeunes, dès leur majorité numérique (fixée à 15 ans pour la France), à des jeunes de 15 ans donc, de vendre (oui oui) leurs données personnelles à des tiers et d’en tirer (plus que maigre) bénéfice à base de bons d’achats, coupons de réductions et - parfois seulement - contre (très peu) d’espèces sonnantes et trébuchantes.

    [Edit] La réaction à cet article de l’un des deux fondateurs du service est à lire en commentaire et à la fin du billet
    Se prostituer pour ses données.

    Le pitch est simple : « les méchants GAFAM te volent tes données ? Tu en as marre que ce soit gratuit et d’être le produit ? Deviens entrepreneur de toi-même et vends tes données pour te faire de l’argent de poche. » [vous pouvez vomir ici]

    Quand la CNIL devient un argument marketing des voleurs de données... on croit rêver.

    Cette entreprise de Data prostitution pour mineurs, la première en France, a été créé par Alexandre Vanadia et Laurent Leboucher Pomiès. Un temps justement cornérisée par la CNIL, elle se vante désormais d’avoir obtenu le feu vert d’icelle, ce qui m’avait passablement irrité avant que Lionel Maurel ne me rappelle justement que « le RGPD ne prévoit plus d’autorisation préalable par la CNIL ». L’application de prostitution de données pour mineurs s’est donc en effet « mise en conformité » sur quelques fondamentaux purement techniques et s’est ensuite empressée de communiquer par voie de presse sur ce « validé par la CNIL » qui n’a rien validé d’autre que le fait qu’elle existait.

    De fait, la CNIL avait initialement été saisie sur la base d’une plainte, et actuellement la CNIL ne fait « que » vérifier la validité du consentement recueilli et les conditions de désinscription du service. Et basta.

    #Tadata #Olivier_Ertzscheid #Affordance.info #Grosse_colère

  • La 5 (re)G. Nous sommes tous des enfants connectés.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/09/5-g-rejet-tous-enfants-connectes.html

    « 1ère, 2ème, 3ème génération, nous sommes tous, des enfants d’immigrés connectés. » Voilà ce que l’on aurait pu scander dans des manifestations défendant le déploiement de la 5G. Pendant que dans le camp d’en face, des hordes d’Amish rigoristes décroissants scanderaient en retour « les femmes au logis, les technologies aussi ». Maintenant qu’enfin le sujet du déploiement de la 5G suscite un débat de société, il résonne philosophiquement avec les horizons décroissants de la sobriété numérique et autres (...)

    #5G #technologisme #écologie #InternetOfThings

    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef026bde94ac72200c-600wi

  • affordance.info : Rentrée à l’université : irrespirable et sans filtre.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/08/rentree-universite.html
    https://www.affordance.info/.a/6a00d8341c622e53ef0263e95d81fe200b-600wi

    Comment se fait-il qu’à une semaine des rentrées scolaires et universitaires, en plein regain de l’épidémie, aucune étude publique sur ces questions n’ait été commanditée, aucune réflexion menée, aucune solution proposée ? Comment se fait-il qu’en France, à une semaine des rentrées scolaires et universitaires qui vont se dérouler dans des environnements humains saturés et plus ou moins bien « masqués », et alors même qu’aucun poste supplémentaire ne sera accordé, qu’aucun équipement dédié ne sera financé autrement qu’à la charge des établissements eux-mêmes**, comment se fait-il que cette question absolument centrale de l’aération, de la ventilation et de la filtration ne soit inscrite dans aucun agenda alors même qu’en plus de répondre à une des questions centrales que pose cette épidémie planétaire, elle répondrait aussi aux normes environnementales qui restent à inventer à l’heure d’une asphyxie globale de la planète ?