Revue des livres, des idées et des écologies

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  • Que demande la lutte politique aujourd’hui ? [Isabelle Stengers sur Nous ne sommes pas seuls]
    https://www.terrestres.org/2022/01/13/que-demande-la-lutte-politique-aujourdhui

    Ce livre ne cesse d’en appeler à la sensibilité proprement corporelle que nous avons en partage avec les animaux, les plantes, les insectes, c’est-à-dire aussi au milieu perceptif et actif qui est celui qu’a en propre chaque vivant et que les auteur.es appellent de belle manière « espace de sens »). Contre toute exception humaine, il évoque le tissu de la vie comme « cette myriade d’espaces de sens enchevêtrés et différenciés » (218). Mais qu’en est-il de l’attention que demande l’enchevêtrement des attachements humains ? Ici la définition est tranchante – il s’agit de ne « jamais céder sur cette capacité déterminante qu’ont les humains à partager un commun qui les rend capables de s’organiser ensemble et de formuler les termes d’un conflit. » (107) Et le « un », ici, n’est pas l’article indéfini, il est celui de la ligne de partage, telle que l’a définie Bernard Aspe pour opposer à une pensée spéculative rêvant de composition, la politique « en acte », qui demande un « saut », une discontinuité. Elle fracture, pourrait-on dire, l’espace des sens, opérant la division entre « eux et nous. »

    On ne comprend que trop bien que soit refusée l’hypothèse de pratiques politiques qui répondraient à l’injonction de composer, de « vivre ensemble », entre amis et ennemis (91). Mais qui sont les « eux » ? L’art de l’ennemi n’a-t-il pas été de brouiller, autant que faire se peut, cette question, comme aussi de diviser les « amis » en dehors des moments éminemment simplificateurs de l’action conflictuelle ? La ligne de partage que requiert la définition antagoniste de la politique ne pose pas problème lorsque l’action est engagée. En revanche, elle me semble avoir pour grave défaut d’offrir à l’adversaire commun un espace de manœuvre idéal pour diviser, susciter les accusations de trahison, créer ce que Philippe Pignarre et moi avons appelé des alternatives infernales.

  • Autonomie : l’imaginaire révolutionnaire de la subsistance | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2021/11/27/autonomie-limaginaire-revolutionnaire-de-la-subsistance

    Bonnes feuilles – Liberté ? Le mot, le concept et la valeur de liberté figurent parmi les plus importantes captures du libéralisme. S’en revendiquer reviendrait nécessairement à se rattacher à ce courant idéologique. Pourtant, des conceptions alternatives de la liberté existent et ont existé. A la conception libérale de la liberté, Aurélien Berlan oppose une autre voie politique et existentielle.

    Dans son essai Terre et liberté, Aurélien Berlan s’interroge sur ce qui, dans la conception moderne de la liberté, a contribué à nous mettre sur les rails du désastre socio-écologique actuel. Dans un premier chapitre, il montre que derrière la conception libérale de la liberté, il y a le désir d’être déchargé, délivré, de certaines activités relatives à la dimension politique et matérielle de la vie quotidienne. Et dans le deuxième chapitre, il élargit la focale de son enquête pour mettre en évidence que ce désir de délivrance, notamment dans sa dimension matérielle, s’enracine très profondément dans les imaginaires et les pratiques sociales – et qu’il est devenu hégémonique à l’âge moderne, traversant la plupart des conceptions socialistes de la liberté. Nous vous proposons le début du chapitre 3 où Aurélien Berlan analyse une autre conception de la liberté, diamétralement opposée puisqu’elle n’invite pas à se décharger des nécessités de la vie, mais à les prendre en charge nous-mêmes.

    #Aurélien_Berlan #liberté #autonomie #subsistance #philosophie #Histoire

  • À propos de « Mémo sur la nouvelle classe écologique » de Bruno Latour et Nikolaj Schultz : « classes géosociales » ou « prolétariat du vivant » ? https://www.liberation.fr/idees-et-debats/bruno-latour-des-lendemains-ecologiques-qui-chantent-20220105BOQARQAWJFB4

    (…) nous devons apprendre à avoir de la considération pour le territoire où l’on vit, mais aussi pour le territoire dont on vit, c’est-à-dire tous les lieux d’où proviennent les ressources nécessaires à nos existences. Plus facile à dire qu’à faire ? Avec la pandémie, nous avons mesuré notre pouvoir d’action : « Dans le monde entier, des milliers de gens ont développé des pratiques de subsistance durable à petite échelle, comme l’agriculture domestique, pour assurer leur subsistance au-delà de notre système de production », explique Nikolaj Schultz, coauteur de Bruno Latour et spécialiste des classes géosociales.

    Mais Latour nous appelle plutôt à penser avant d’agir. À ses yeux, nous devrions prendre le temps de dire ce que nous sommes (ou non) prêts à sacrifier de nos vies actuelles pour entrer dans le monde d’après. En pleine pandémie, il invitait dans AOC à rédiger des cahiers de doléances à la manière de 1789, pour faire advenir une « classe géosociale » capable de défendre les intérêts du vivant. Façon de faire entrer sérieusement l’écologie dans l’arène politique : « Longtemps, l’écologie s’est pris les pieds dans l’idée qu’elle constituait un projet de consensus au-delà des divisions sociales. Or, l’écologie ne met pas fin aux conflits, elle les intensifie », affirme Nikolaj Schultz.

    La révolution écologique ne se fera pas avec le prolétariat du siècle passé. « L’écologie doit accepter de donner un sens nouveau au terme de classe », écrivent Latour et son doctorant dans le Mémo sur la nouvelle classe écologique. Ils proposent donc de revoir le concept de fond en comble. « Il s’agit de décrire les classes non pas en fonction de leur position “économique” dans le système de production, mais en fonction de leur accès, de leurs liens, et de leurs relations avec les conditions d’existence terrestres », explique Nikolaj Schultz.

    Il ne s’agit pas de renier l’importance des luttes menées par les classes prolétariennes, mais de pointer les limites d’un modèle d’émancipation focalisé sur la production, et donc sur la « destruction des conditions d’habitabilité de la planète ». « Marx n’a parlé que de la reproduction des humains, et pas des non-humains, or, celle-ci est paradoxalement cruciale, aujourd’hui, pour la reproduction et la survie humaine », poursuit Nikolaj Schultz.

    L’eurodéputée écologiste (Europe Ecologie-Les Verts) Marie Toussaint y voit un approfondissement des idées latouriennes : « Dans Où atterrir ? Latour opposait uniquement les “terrestres” et les “destructeurs”, passant sous silence les enjeux de la répartition et de la distribution des ressources. C’est l’objet de la plupart des luttes pour la justice environnementale. En parlant de classe géosociale, il se rapproche d’une compréhension de cet enjeu. »

    La construction des classes géosociales annonce donc une vaste refondation : « Il faut un temps très long pour faire s’aligner […] les manières, les valeurs, les cultures avec la logique des intérêts ; ensuite, repérer les amis et les ennemis ; puis, développer la fameuse “conscience de classe” ; et, enfin, inventer une offre politique », dit Latour avec Schultz. Pour le philosophe Paul Guillibert [@pguilli] auteur de l’essai Terre et Capital (Amsterdam) qui s’efforce de concilier marxisme et pensées environnementales, « ce concept permet de dire que les classes sont toujours liées à une manière d’habiter la Terre. C’est une manière de lier l’héritage du socialisme et l’avenir de l’écologie ».

    Pour un penseur qui a mis en évidence l’importance de la controverse dans les sciences, les points de débat théoriques sont nombreux et assumés. (…)

    Les réactions les plus dures viennent de penseurs marxistes. Dans un post de blog assassin sur le site du Monde diplomatique, le philosophe Frédéric Lordon l’attaque sur son incapacité à s’en prendre frontalement au capitalisme. Affirmant que « le latourisme politique est un mystère », il l’invite à « envisager de proférer une réponse enfin sérieuse à la question de savoir, non pas “où”, mais sur quoi atterrir – et pour bien l’écraser : sur le capitalisme ». Il est vrai que le mot apparaît peu dans ses textes…

    https://blog.mondediplo.net/pleurnicher-le-vivant
    https://blog.mondediplo.net/maintenant-il-va-falloir-le-dire

    Plus tranquille, Paul Guillibert considère que Bruno Latour comble progressivement « un impensé des rapports économiques et des rapports d’exploitation », mais sans assez de considération pour le corpus marxiste. « Il oublie de voir ce qu’il y a d’écologique dans les classes existantes », dit le philosophe. « Le capitalisme, c’est déjà une écologie. D’ailleurs, la bourgeoisie est peut-être la première classe écologique de l’histoire, puisqu’elle a eu très tôt conscience de sa capacité à transformer la nature pour accumuler du profit, par exemple avec le système des plantations coloniales », explique-t-il.

    Le Mémo… composé avec Nikolaj Schultz veut répondre à cette objection : « Si nous avions voulu faire table rase, nous n’aurions pas parlé de classe, dit Schultz. La nouvelle situation écologique est fondamentalement une réminiscence de ce qui s’est produit à l’époque de Marx, parce que la question de la subsistance des sociétés est revenue. » Mais pour Paul Guillibert, il est possible d’aller plus loin : « Parler de prolétariat des vivants plutôt que de classes géosociales est sans doute une façon d’être plus latourien que Latour. » Chiche ?

    • malgré des réserves sur de nombreux points et sur une tonalité que je dirais bien trop « gentille », il me semble que l’ouvrage le plus clair à ce propos c’est le Balaud/Chopot (Nous ne sommes pas seuls) parce qu’il tient sur une opposition radicale : le capital, c’est une écologie qui façonne (détruit) le monde. la question peut se résumer à un « notre écologie contre la leur, nos alliances interspécifiques contre les leurs ». là au moins il n’est pas question de prêter a priori une valeur autre qu’heuristique à l’écologie mais d’en distinguer les modalités.

      Aussi droitier soit-il, Latour doit pour ne pas les perdre tout à fait suivre la prolifération de disciples de énième génération, trop peu disciplinés pour en rester à des théorisations subalternes et pauvres au regard de celles du maître. Un éducateur qui doit se laisser éduquer par des élèves (la position sociale des élèves, précaires de la recherche et autres militants sans grade, contribue à ramèner les idées à un certain sol : conflictuel).

    • Comment Bruno Latour est devenu le penseur qui inspire la planète (L’Obs, 2021) — cela faisait longtemps qu’il traînait dans mes onglets celui-ci) https://www.nouvelobs.com/idees/20210113.OBS38781/comment-bruno-latour-est-devenu-le-penseur-qui-inspire-la-planete.html

      (…) Un temps, Latour se rêve en « Marx de l’écologie », mais les élus écologistes le déçoivent. « Ils ne lisent pas, contrairement aux anciens communistes. » Or, pour lui, ce que nous vivons est d’une ampleur gigantesque, un bougé comparable à la révolution galiléenne. Tout comme l’astronome italien a ouvert la voie à la modernité, nous découvrons grâce aux scientifiques d’aujourd’hui (parmi lesquels Latour se compte…) que nous sommes dépendants d’une zone critique, une mince pellicule de vie à la surface de la Terre, où tout n’est qu’« engendrements » : les déchets des uns sont la nourriture des autres (les bactéries ont créé l’oxygène dont nous dépendons). Redevenus « terrestres », nous sommes amenés à tout reconsidérer : nos institutions politiques, nos catégories juridiques, etc. Bruno Latour assume sa part dans ce travail de redescription. Depuis 2019, grâce à un financement public, il le mène avec des habitants de Saint-Junien (Haute-Vienne) et de La Châtre (Indre) : « L’idée, explique une participante, est de redonner une prise sur un changement climatique qui peut donner l’impression que l’on est impuissant. Un éleveur de la FNSEA est venu défendre l’agriculture conventionnelle avant de comprendre qu’il dépendait du maïs argentin et d’une chaîne d’engraissage italienne ; décrire cet état de fait l’a incité à changer ses pratiques. »

      Ce virage climatique ne convainc pas une partie de ses proches. L’historien Jean-Baptiste Fressoz récuse la théorie du Grand Partage et estime qu’à force de refuser de « réduire », le philosophe est aveugle aux structures lourdes du capitalisme. Les mots « domination » et « exploitation » sont singulièrement absents de son œuvre. Radical dans ses théories, Latour se garde de l’être dans l’action. « La politique, c’est du conflit, et le conflit, c’est de la réduction. Or, par définition, Bruno ne veut pas réduire », décrypte Dominique Boullier. Il n’est ni Sartre ni Foucault, et encore moins Bourdieu (qui n’avait pas une grande estime pour lui), et son sens politique est l’objet de plaisanteries, même chez ses amis. « On se disait que si on voulait trouver une orientation politique, il suffisait de prendre l’inverse de celle de Bruno. Quand il a fait des choix, c’était souvent pour provoquer ses collègues. Il a soutenu la guerre en Irak en 2003, par exemple », taquine Boullier. Et tant pis pour ceux qui attendent de lui des solutions à appliquer. « Il n’en est pas capable, et je ne sais pas si ça l’intéresse vraiment. Latour regarde le monde avec d’autres catégories que celles de la politique, c’est ce qui lui permet de voir des choses nouvelles », complète l’historien Dominique Pestre.

      Ce que Latour aime dans les idées, c’est qu’elles circulent, s’égaillent, s’expriment dans de nouvelles formes, comme des expositions ou des « conférences-performances ». « Quand il nous a proposé une pièce sur le climat en 2009, on a trouvé l’idée étrange, raconte la metteuse en scène Frédérique Aït-Touati, avec laquelle il travaille depuis quinze ans. Mais il nous a embarqués, on s’est passionnés et on a tourné dans le monde entier. » C’est le genre de prof à organiser des « thèses dansées », car les idées s’incorporent : tout le monde en chaussettes et un chorégraphe qui invite les doctorants à mimer leur thèse. Il mène des discussions parallèles avec des centaines de gens très divers. Depuis l’Illinois, Richard Powers lui envoie ses manuscrits. D’anciens étudiants lui soumettent leurs articles avant publication. Il lit, commente, encourage, sans jouer au mandarin. Il aime recevoir chez lui et faire se rencontrer les gens. L’écrivaine Maylis de Kerangal garde un beau souvenir d’une soirée en hommage à l’anthropologue américaine Anna Tsing de passage à Paris : « A chaque pas je rencontrais quelqu’un que j’avais lu, ou envie de lire, et qui parfois m’avait lue, des gens que je n’aurais sans doute pas rencontrés ailleurs. A cette soirée se sont noués des liens extrêmement denses. Tout se croisait et s’est prolongé jusqu’à aujourd’hui. » Guilhem Fouetillou : « Dans un autre siècle, il aurait fait des mariages. »

      Dans « Où suis-je ? », Latour utilise la notion d’« hétérotrophe », empruntée à la biologie. Les êtres hétérotrophes se nourrissent en prélevant de la matière organique sur d’autres d’organismes vivants : ce sont les animaux. La plante, elle, est « autotrophe », car elle fabrique directement sa matière organique à partir des éléments minéraux. L’être humain, souligne le philosophe, est d’autant plus hétérotrophe qu’il n’existe que par ses relations. Lui-même, comme une illustration en acte de cette théorie, est au cœur d’un réseau de pensée toujours plus « fort » et « étendu ». Ses concepts (« l’acteur-réseau », « les non-humains », « les terrestres ») sont devenus des gimmicks chez les étudiants (au grand dam de certains profs !), dans les milieux artistiques, chez certains politiques… Ses disciples, telle la philosophe Vinciane Despret, gagnent en notoriété. Fatigué par un cancer, Latour s’est dépêché de terminer « Où suis-je ? ». Discrètement, chacun y est cité, remercié. Les plus jeunes, stars montantes de la pensée écologiste comme Baptiste Morizot, Nastassja Martin, Emilie Hache, Charlotte Brives ou Pierre Charbonnier (qui vient d’être nommé à Sciences-Po). Et ses compagnonnes de toujours en philosophie, comme la Belge Isabelle Stengers ou l’Américaine Donna Haraway. (…)

    • Camarade Latour ?
      https://www.terrestres.org/2022/07/18/camarade-latour

      Quel est le sujet politique de la bifurcation écologiste ? Le livre de Latour et Schultz part d’un constat de plus en plus partagé : maintenir les conditions d’habitabilité de la Terre nécessite de rompre avec le développement irrésistible de la production. Mais à l’heure de cette redéfinition terrestre des classes, les écologistes sont-ils voués à devenir la nouvelle classe dominante ou bien doivent-ils lutter avec les autres dominé·es pour abolir les classes ?

      Par Paul Guillibert & Frédéric Monferrand ici présents : @pguilli @prac_6 / 18 juillet 2022 cc @colporteur

  • Covid 19, climat : la société industrielle est de plus en plus dépassée par le chaos qu’elle a créé, elle n’a pas de solutions
    https://ricochets.cc/Covid-19-climat-la-societe-industrielle-est-de-plus-en-plus-depassee-par-l

    En subissant la pandémie de covid-19 ou les dérèglements climatiques, on se retrouve dans un profond désarroi. Beaucoup vont alors tendre à blâmer les gouvernements, les experts et certains intérêts économiques, et en même temps à espérer ou réclamer de « meilleures » mesures, des « solutions », de l’action « efficace » et salvatrice, aux mêmes gouvernements, experts et forces économiques, en leur demandant d’être meilleurs ou en voulant les remplacer par d’autres plus avenants. Il est repproché à certains humains, (...) #Les_Articles

    / #Catastrophes_climatiques_et_destructions_écologiques, #Résistances_au_capitalisme_et_à_la_civilisation_industrielle, #La_civilisation,_la_civilisation_industrielle, (...)

    #Technologie
    https://reporterre.net/En-2021-les-incendies-ont-entraine-des-emissions-records-de-carbone
    https://www.terrestres.org/2021/10/13/le-hantement-du-monde
    https://reporterre.net/Samuel-Alizon-La-strategie-zero-Covid-devient-irrealiste
    https://www.terrestres.org/2021/11/28/du-risque-industriel-cles-en-mains-as-soon-as-possible
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/09/pollution-erosion-rarefaction-la-fao-s-alarme-de-la-degradation-des-terres-e
    https://reporterre.net/Tornades-et-rafales-s-abattent-sur-cinq-Etats-des-Etats-Unis
    https://www.science-et-vie.com/archives/reseaux-vitaux-attention-fragile-17480
    http://www.palim-psao.fr/2021/12/les-raisons-de-la-vaccination-peut-on-encore-etre-perplexe-par-sandrine-a
    https://iatranshumanisme.com/2020/03/26/la-chine-un-exemple

  • COP 26, un résumé lapidaire - Si la COP réussissait ce serait une catastrophe de plus
    https://ricochets.cc/COP-26-un-resume-lapidaire-Si-la-COP-reussissait-ce-serait-une-catastrophe

    En résumé, les conférences mondiales des parties pour le climat COP c’est : Des décisions non contraignantes Des promesses en deçà de ce que les autorités experts disent qu’il faudrait soi-disant faire pour rester sous les 1.5° ou 2° d’élévation de température globale Des promesses jamais tenues et toujours reportées De nouvelles promesses qui s’ajoutent aux anciennes promesses non tenues Une manipulation des foules (qui sont souvent trop consentantes hélas) pour leur faire demander des choses (de simples (...) #Les_Articles

    / #Catastrophes_climatiques_et_destructions_écologiques, #Le_monde_de_L'Economie

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/05/cop26-jour-5-des-milliers-de-jeunes-dans-les-rues-pour-crier-l-urgence-clima
    https://reporterre.net/Les-peuples-indigenes-denoncent-l-arnaque-des-marches-carbone
    https://www.terrestres.org/2021/11/04/lart-de-vendre-des-promesses

  • Total face au réchauffement climatique (1968-2021) | Christophe Bonneuil, Pierre-Louis Choquet et Benjamin Franta
    https://www.terrestres.org/2021/10/26/total-face-au-rechauffement-climatique-1968-2021

    Total savait et Total n’a rien fait, sinon fabriquer du doute. En écho au récent coup de tonnerre scientifique et médiatique sur l’attitude délétère de la multinationale face au changement climatique, nous publions la traduction intégrale en français de l’étude de Global Environmental Change, enrichie de précisions et de nouveaux documents. Source : Terrestres

  • Réensauvagements : vers une conception écologique et relationnelle de la santé

    Un excellent article à recommander à tous ceux pour qui « la #vaccination est la seule solution »...

    Comment, dès lors, prendre sérieusement en considération les appels à un altruisme d’appartenance à une communauté humaine ou nationale ? Pour tenter de comprendre et de répondre à l’événement, une approche purement biologique, a été adoptée : focalisée sur la dimension pathologique du virus et sur la nécessité de son contrôle, sans réellement envisager les conditions de survenue de la maladie elle-même, les vulnérabilités préalables impliquées. Les formes graves de la maladie à COVID-19 surviennent en effet préférentiellement dans le cadre de contextes propices : contextes médicaux individuels avec conditions pathologiques sous-jacentes (diabète, obésité, etc.) et contextes socio-économiques ou populationnels favorisants (promiscuité, métiers exposés, périphéries des grandes villes, etc.). Les formes d’interventionnisme caractéristiques de la biopolitique mises en place sont paradoxalement révélatrices de négligences multiples, négligences des inégalités sociales économiques et des inégalités de santé, terreau des formes graves et des conséquences de la COVID-19. Les approches de santé publique de long terme (renfort des systèmes de santé, des capacités d’accueil des hôpitaux, atténuation des inégalités sociales) paraissent quelque peu sacrifiées devant les approches biologiques de court terme : diagnostics, séquençage, vaccination, etc. La pandémie met ainsi en évidence un triomphe plus général de la biologie sur la santé publique.
    À travers cette focalisation sur le virus au détriment de l’identification des milieux propices au déploiement des potentialités virales, cette émergence est interprétée sous l’angle d’un récit unique et totalisant : approche réductrice des conditions d’émergence, mesures biopolitiques présentées comme inévitables, repositionnement de la technoscience en condition essentielle du retour à la normale. Ces orientations majoritaires font obstacle à une autre lecture et à d’autres propositions d’actions sur le long terme. Resituer cette crise sanitaire au sein des crises écologiques et sociales qui en ont fait le lit permet de s’interroger sur ce qui est révélé par ces émergences : est-ce la pathogénicité de l’agent ou celle des milieux écologiques et sociaux impliqués ?

    https://www.terrestres.org/2021/07/29/reensauvagements-vers-une-conception-ecologique-et-relationnelle-de-la-s

    #Terrestres, #Covid-19, #solutionnisme_technologique, #scientisme, #syndémie, #biologie, #écologie, #technocritique, etc.

    • Cette approche n’a strictement aucun rapport avec une politique de santé pendant une épidémie, à l’échelle des gens vivants à un instant donné : ce qu’on veut sauver, ce sont les gens là maintenant, pas les gens « de dans 30 ans » (et encore je suis super gentil).

      Une politique de « réduction des conditions de risques », pour contrer l’effet de syndémie, c’est-à-dire ne plus vivre dans la pollution, manger mieux, réduire les inégalités, etc, à l’échelle d’une population entière, c’est un boulot qui se fait sur des décennies ! Changer l’alimentation et l’urbanisme, changer les manières de produire, etc.

      Donc ça n’a vraiment aucun sens quand on parle de sauver les millions de gens qui meurent du Covid, là, cette année.

      Et quand on parle de ça, bah oui, la vaccination c’est un peu incontournable pour sauver les gens de maintenant, avec la pollution de maintenant, et l’alimentation de maintenant, une solution nécessaire, pas du tout la seule, pas du tout suffisante, mais nécessaire.

      Après, yen a des qui pensent qu’on s’en bas les gonades et qu’ils ont qu’à crever tous ces cons, pauvres et qui mangent mal, en mauvaise santé, et qu’on fera un monde mieux où on sera moins malade pour dans 30/50/100 ans (barrez les mentions improbables). C’est un choix.

    • T’es couillon ou tu le fais exprès ? Le monsieur te dit qu’il ne voit pas le rapport avec quoi que ce soit sur le fait de sauver les gens qui vivent là maintenant.

      Et donc c’est pas deux stratégies qui se concurrencent : c’est deux stratégies pour des choses n’ayant strictement rien à voir.

      L’une pour comment on sauve les gens maintenant, l’autre pour comment on fait pour que les gens de dans 50 ans vivent mieux, avec moins de syndémie. Ya donc aucune incompatibilité à être d’accord avec les deux à la fois, bien au contraire.

    • @rastapopoulos

      "sauver les gens qui vivent là maintenant"

      C’est précisément ce que le gouvernement ne fait pas lorsque des intérêts industriels sont en jeux :

      Celia Izoard, “Cancer : l’art de ne pas regarder une épidémie”, revue Terrestre, juillet 2020.
      http://www.terrestres.org/2020/07/01/cancer-lart-de-ne-pas-regarder-une-epidemie

      "c’est deux stratégies pour des choses n’ayant strictement rien à voir"

      T’es couillon ou tu le fais exprès ?

      En soulignant cela, il ne s’agit pas de jouer une maladie contre une autre, mais de retrouver la mesure de l’épidémie et de ses causes. La nourriture ultra-transformée, la pollution par les pesticides, les métaux lourds, la radioactivité et j’en passe… induit des cancers chez certains et affaiblit les défenses immunitaires de tous. Les fameuses « comorbidités » si fatales à nombre de gens contaminés par le Covid-19, n’ont pas d’autre origine.

      https://seenthis.net/messages/923177

      Sinon, t’as toujours pas répondu à la question du monsieur...

      #sauver_des_vies mais pas trop quand même...

    • Le fait qu’on augmente notre ésperance de vie est un facteur qui augmente le risque d’avoir des cancers. Les comorbidité c’est plutot aussi le signe qu’on ne meurt plus autant de la première morbidité et qu’on peu vivre avec plusieurs. Le malbouffe augmente les risques de cancers et de morbidités et c’est bien de lutter contre mais par rapport au covid ca me semble pas la priorité la plus urgente.
      Il me semble que c’est plutot de lutter contre les brevet des vaccins et l’interdiction de profit sur les médicaments et de permettre à la terre entière d’être vacciné qui est l’enjeu central. Le covid ca pourrait etre l’occasion de changer la politique mondial de santé et d’avoir une sorte d’organisation transnationale contre ce fléau qui serait un outil pour les prochains fléaux qui nous attendent (pollution, réchauffement, alimentation, épidémie de cancer...)

    • j’ai d’ailleurs déjà écrit ici que l’on ne préviendra pas les zoonoses ou les accidents de labo) sans modifier radicalement nos sociétés (élevage, déforestation, production pour la production, solutionniez technologique, etc.) et la lutte contre la pandémie est une des occasions d’avancer avec détermination sur ce plan (car elle l’impose) dune attaque contre ces secteurs, ces logiques, ces intérêts qui sont ceux qui détruisent la « santé publique » tout autant que les programmes de réduction des coûts et de balakanisation hiérarchisées des réponses aux enjeux de santé.

  • Alors grosse fatigue à lire l’omniprésente littérature geignarde anti-« dictature sanitaire » à sens unique.

    Parce que certes on a un gouvernement autoritaire et incompétent, mais dans le même temps, on a la permanence écrasante des comportements j’temmerdistes qui rendent notre vie sociale impossible. C’est pas comme si c’était l’exception, l’abruti sans masque, les grandes embrassades, les cons qui ne veulent pas qu’on ouvre les fenêtres, etc. : c’est tout le temps, partout, et à chaque fois c’est fait avec ostentation et virilisme. Les types fiers d’être cons, c’est pas nouveau, mais en pleine pandémie, ça pourrit le fonctionnement même minimal de tous les autres.

    Comme lu récemment : si tu ne veux pas être infantilisé, faudrait voir à pas te comporter comme un enfant. (Mais « nous, tout ce qu’on veut, c’est danser encore ».)

    Je n’arrive pas à aller boire un verre le soir, parce qu’à côté, il y a les bandes de 12 abrutis qui propulsent bruyamment leurs glaires alentours. Je ne vais pas au cinéma, je n’y accompagnes pas les enfants, parce que je suis à 200% certain que tout le monde retire son masque dans le noir. Je crains les réunions sociales, parce qu’à un moment on va te faire remarquer que t’es parano avec ton masque. J’ai un mal fou à prendre le tram, parce qu’à chaque fois (à… chaque… fois…) il y a le gros con qui s’installe, masque sous le pif, avec l’air de défiance viril du type qui t’en collera une si tu lui demande de le porter correctement, alors qu’il s’assied à côté d’un couple de petits vieux. Je ne vais plus à mes cours de dessins depuis bientôt un an et demi, même quand c’était autorisé, parce que le port du masque était approximatif (et rester six heures dans une pièce avec des gens qui portent le masque couci-couça, c’est pas jouasse). Et c’est sans fin.

    Et une fois qu’on a le vaccin, ça a été le déferlement de justifications pour expliquer qu’on ne se fera pas vacciner, parce que le gouvernement il est méchant. Et tu peux être certain que l’abruti qui refuse de porter correctement son masque dans le tram, c’est le même qui pense que le vaccin pour lui c’est pas la peine. Et évidemment que ce sont les non-vaccinés qui relancent l’épidémie, c’est comme ça que ça marche la statistique des épidémies : à l’école les enfants vaccinés seront tout de même contaminés par l’enfant de la famille d’anti-vax.

    Bref : je déteste ce gouvernement, je déteste sa gestion sécuritaire et autoritaire de la crise sanitaire (et de tout en général), mais dans le même temps, ma vie sociale immédiate est largement interdite par la permanence, partout et tout le temps, des comportements dégueulasses qui ruinent les comportements responsables et solidaires de tous les autres.

    La multiplication de ces textes, ça sonne comme si on se mettait à dénoncer la vaccination contre la poliomyélite, qu’on annonce fièrement qu’on va refuser de faire vacciner ses enfants, au motif que c’est un vaccin obligatoire et parce que le gouvernement a remis la légion d’honneur au préfet Lallement.

    • On me demandait mon avis, en me signalant que le gvt allait dans le sens que je souhaitais, aka forcer les soignants à se faire vacciner. Et là, j’ai bien été contraint de dire que oui, en effet. Mais en les transformant en délinquant. Ce que je n’avais jamais évoqué dans ce sens. A nouveau, devoir expliquer que je ne suis pas le gvt. Et qu’il doit y avoir une autre solution que de transformer les citoyens en criminels. J’ai terminé en disant que ce gvt n’a qu’une seule solution à tous les problèmes : provoquer le chaos, créer des criminels par une nouvelle loi, puis envoyer la Police.

      J’ai mon super QRcode, pris en photo sur le téléphone, car hors de question d’installer la moindre application pour afficher un code à barre. Et comme c’est parti, je ne vais pas l’utiliser. Grève de la société des loisirs.

    • @arno, @rastapopoulos :

      Ce que je vois du côté de Forcalquier, c’est des touristes vaccinés qui ne portent pas de masque dans les lieux publics (commerces, poste, etc.), qui sont très satisfait d’eux-mêmes et auxquels personne ne fait de remarque.

      Je comprend ton exaspération Arno, mais ce n’est pas la vaccination qui est en cause, mais l’hypocrisie qui consiste à prétendre que la vaccination n’est pas obligatoire alors que dans les faits, il sera impossible, ou très compliqué, de faire sans.

      https://seenthis.net/messages/922429

    • @tranbert : c’est bien ce que je dis : encore un texte à sens unique.

      Parce qu’on peut considérer qu’une fois que le vaccin existe, qu’il est gratuit, largement accessible (dans les grandes villes, tu pouvais obtenir sans problème un rendez-vous pour te faire piquer dans les deux jours depuis que la vaccination est ouverte à tous), il y a tout aussi bien un problème de liberté publique, tout aussi injustifiable juridiquement : en quel honneur on continuerait à m’imposer à moi et ma famille une quantité astronomique de restrictions, alors que moi et ma famille sommes vaccinés ?

      Parce que c’est ce que j’écris ci-dessus : comme tout le monde, je me suis plié et je me plie à un grand nombre de restrictions, pour me protéger et protéger la collectivité. Maintenant il y a, parmi les gestes barrière, un nouveau qui est d’une efficacité redoutable et nous devrait nous permettre de retrouver beaucoup plus de libertés, c’est la vaccination.

      Alors « juridiquement », et en considérant que c’est un problème de liberté individuelle, il y a tout aussi bien un problème à m’imposer, à moi et à ma famille, un grand nombre de restrictions, au motif que d’autres refusent ce geste barrière.

      C’est ça l’aspect unilatéral pète-couille de ces textes qui s’indignent : considérer uniquement la liberté individuelle des gens qui refusent de se vacciner, sans jamais se poser la question de ce que ces gens m’imposent désormais à moi, qui suis vacciné, en terme de restriction de mes propres libertés. Et quelle est la logique qui voudrait que la liberté de ces gens prime sur la mienne ?

      Et il ne faut pas être naïfs : s’il y a une nouvelle vague, et que le gouvernement tente d’imposer des restrictions à tout le monde (parce qu’on refuserait le principe de faire la différence entre vaccinés et non vaccinés), alors il y aura des actions en justice, et le gouvernement sera débouté s’il m’impose, à moi qui suis vacciné, les mêmes restrictions qu’aux non vaccinés. Ça ne fait pas un pli : si c’est pas le gouvernement qui impose le passe vaccinal, ce seront les tribunaux rapidement. Pour illustrer : « ah merde, nouvelle vague, il faut remettre de la distanciation sociale : on va interdire les concerts ! »… illico les organisateurs de concerts vont lancer un référé, au motif que c’est une interdiction disproportionnée, puisqu’il suffit de demander aux gens de prouver qu’ils ne sont pas malades à ce moment là, soit parce qu’ils sont vaccinés, soit parce qu’ils viennent de faire un test antigénique… et évidemment le tribunal leur donnera raison. Hop : passe sanitaire. Et ce sera illico pareil pour les restaurants, les musées, les cinémas, les voyages…

      –---

      Sinon, merde : dramatiser le vaccin est déjà une posture à la con.

    • @arno @rastapopoulos

      Arno, tu marche vraiment sur la tête. Ce seraient les gens qui refusent d’être vaccinés qui t’imposent des restrictions, alors que jusqu’à preuve du contraire, c’est le gouvernement qui impose des restrictions à tout le monde, de la manière la plus violente et la plus injuste.

      Car vacciné ou pas, le virus continue et continuera à circuler. Le vaccin protège des conséquences graves de la maladie, sans aucun doute. Mais beaucoup de gens - la majorité en fait, dont moi-même - ont attrapé ce virus et n’ont eu que des symptômes bénins. Donc, l’immunité naturelle fonctionne très bien aussi, couplée aux geste barrières classiques. Le vaccin n’est pas la seule solution.

      Curieusement, on ne fait pas autant de foin pour le cancer qui tue autant, sinon plus par année. Mais si le gouvernement s’attaquait aux véritables causes du cancer, il faudrait qu’il s’en prenne aux intérêts des industriels et des capitalistes - nucléaristes en tête.

      Cancer : l’art de ne pas regarder une épidémie
      https://www.terrestres.org/2020/07/01/cancer-lart-de-ne-pas-regarder-une-epidemie

      Il y a donc clairement deux poids et deux mesures.

      Et avec le pass sanitaire, Macron a pris sa revanche sur tous les mouvements sociaux de ces dernières années - et d’abord celui des #Gilets_jaunes. Lorsqu’il dit « je vous fait confiance » en imposant des mesures qui rendent de fait obligatoire la vaccination, il veut dire à tous les contestataires de sa politique : « vous finirez par vous soumettre à mes injonctions ».

      Le 14 juillet, il était à la fête : militaires marchant au pas, 10 000 personnes soumise aux QRcode et fouilles au défilé, 2 millions de futurs vaccinés après son discours...

    • Mais beaucoup de gens - la majorité en fait, dont moi-même - ont attrapé ce virus et n’ont eu que des symptômes bénins. Donc, l’immunité naturelle fonctionne très bien aussi, couplée aux geste barrières classiques. Le vaccin n’est pas la seule solution.

      Curieusement, on ne fait pas autant de foin pour le cancer qui tue autant, sinon plus par année. Mais si le gouvernement s’attaquait aux véritables causes du cancer, il faudrait qu’il s’en prenne aux intérêts des industriels et des capitalistes - nucléaristes en tête.

      Alors non, la majorité des gens n’a pas attrapé le virus (tout au plus 20% à 25% de la population, autant dire qu’il reste un beau vivier). Ensuite on a eu plus de 100 000 morts tout en arrêtant la vie sociale et (en partie) économique, sans parler des millions de Covid long, si on avait laissé couler on serait au triple a minima, sans parler de toutes les autres conséquences encore plus catastrophiques. Dernier point : je ne sais pas ce que viennent foutre les « nucléaristes » là dedans (le nucléaire en France n’est pas franchement responsable de cancers en masse, la clope et l’alcool par contre...).

      Donc voilà, c’est de ce genre de discours dont on est nombreux à en avoir marre. Discours qui nient l’épidémie, font du what-aboutisme, éventuellement racontent deux ou trois conneries sur le vaccin (OK ce n’est pas ton cas). Le fossé s’est creusé, ça devient difficile de se comprendre.

  • Les structures cachées des empreintes cachées | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2021/05/17/les-structures-cachees-des-empreintes-cachees

    Ce processus pluriséculaire d’extorsion organisée est porté à son acmé par le capitalisme néolibéral. Cette accélération ne tombe pas de nulle part. En France comme ailleurs, l’Etat se met explicitement au service de la recherche de profits élevés par les capitalistes : il promeut globalisation marchande et financière, libre circulation des marchandises et capitaux, via la construction européenne et les traités de libre-échange, et impose, avec d’autres institutions internationales, les politiques néolibérales aux pays périphériques (privatisations, ouverture aux investissements étrangers, etc.). Le régime néolibéral des pays riches consiste en une appropriation apparemment sans limite de force de travail, de matières et d’espaces extraterritoriaux accompagnée d’une délocalisation toujours plus poussée des dégâts et conflits socio-environnementaux. Ainsi, les rapports de domination sont toujours plus disséminés spatialement : les habitants des territoires objectivement dominés et exploités ne perçoivent plus les dominants, et réciproquement. Ce processus ne s’est pas déployé sans laisser des traces profondes et différenciées (selon des grilles de classe, race et genre) sur les milieux et les corps périphériques (prolétarisation forcée, déforestation massive, bétonisation, destruction d’écosystèmes et de moyens de subsistance, extermination d’espèces, etc.). Des traces, donc, et des résistances : des conflits socio-environnementaux sont apparus un peu partout, des lieux d’exploitation (mines, forêts, usines, etc.) aux infrastructures de transport et d’énergie, en passant par les villes radicalement transformées pour attirer un tourisme de masse16. En Europe, les oppositions aux traités de libre-échange ont permis un arrêt temporaire du TAFTA et du traité UE-Mercosur (gommette orange ?) – ailleurs, leurs acronymes pullulent (TPP, RCEP, ZLECA).

  • Redevenir-rester vivant·es | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2021/05/17/redevenir-rester-vivant%c2%b7es

    Lutter ensemble commence dans « l’antre de la violence » — c’est le titre de l’introduction. Cette antre de la violence, c’est celle des oppressions dans toutes leurs manifestations : des plus spectaculaires (guerres, contre-révolutions, attentats) aux plus tolérées et invisibilisées qui ne détruisent pas moins nos vies — celle de la police qui assassine en moyenne quinze personnes (presque toujours non blanches) par an4, celle des coups des conjoints et des proches qui tuent six femmes par mois, celle des politiques migratoires et sécuritaires qui font de la mer Méditerranée ce cimetière débordant de milliers de corps. Cette violence de l’oppression « nous traverse tous·tes » (p. 18). Autrement dit, et pour reprendre les mots-poings de Virginie Despentes : « Rien ne nous sépare de la merde qui nous entoure »5. La merde : la violence des oppressions classistes, racistes, sexistes, queerphobes, validistes6 à laquelle nous sommes biberonné·es depuis notre naissance par toutes les institutions de notre société (école, média, culture, justice, police, élites politiques). Rien, personne n’échappe à ces flots de merde qui nous traversent en continu et façonnent nos désirs, nos gestes, nos regards, les images dans nos têtes, peu importe le côté de l’oppression duquel on se situe. Le point de départ du livre, c’est que cette « violence se manifeste [a fortiori] également sur nos terrains de lutte » (p. 18) » : elle n’épargne ni nos collectifs, ni nos tentatives de faire front ensemble. Ici non plus, « rien ne nous sépare de la merde qui nous entoure ».

  • Au delà de l’écologie des limites et des empreintes
    https://ricochets.cc/Au-dela-de-l-ecologie-des-limites-et-des-empreintes.html

    Nombre de discours « écologistes » escamotent les problèmes structurels en se contentant d’invitations à « mieux consommer », à produire plus « vert » et plus « équitable ». On observe le même mécanisme d’évitement dans la soi-disant chasse aux inégalités de richesse et à la pauvreté ...qui ne remet jamais en cause les principes et les bases matérielles du capitalisme. Un article sur Terrestres expliquent bien ce phénomène dérivatif qui décharge à bon compte la responsabilité d’un système et permet de continuer peu ou (...) #Les_Articles

    / #Ecologie

    https://www.terrestres.org/2021/05/17/les-structures-cachees-des-empreintes-cachees

  • La fin du monde vue par le capital financier | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2021/05/11/la-fin-du-monde-vue-par-le-capital-financier

    « L’âge des désordres » est devant nous et « voir l’avenir en prolongeant les courbes passées pourrait constituer votre plus grave erreur ». Telle est la vision du monde d’un acteur majeur du capitalisme financier, révélée par la fuite d’un rapport privé de la Deutsche Bank à l’usage de ses principaux « clients ». Un parcours éclairant en forme de dystopie pour les possédants.

    En cette époque de fantasmes complotistes, il est toujours utile d’entrer dans ce que pensent les militants du capital à partir de leurs propres écrits, quand ils se parlent entre eux. Comment ils analysent le dérèglement écologique et climatique en cours et ses dégâts asymétriques sur les sociétés, comment ils envisagent les gagnants et les perdants de la pandémie et comment ils entendent traverser les transformations géopolitiques et politiques du monde pour défendre leurs intérêts supérieurs. 

    Ce rapport de septembre 2020 de la Deutsche Bank (en intégralité ici : https://www.terrestres.org/wp-content/uploads/2021/05/DB_2020_The-age-of-disorder.pdf), initialement réservé, à prix d’or, à ses clients, a fuité sur les réseaux et nous nous permettons d’enfreindre la propriété intellectuelle afin de le verser au débat dans le monde francophone1.

    Ces quatre dernières décennies de globalisation, avec le recul de tous les obstacles démocratiques à la circulation des capitaux et des marchandises, ont connu la plus forte croissance du capital de tous les temps historiques, ainsi que d’excellents rendements des actifs financiers dans tous les domaines. Ce fut, lit-on, un système optimal pour la croissance globale, un monde de « gagnants-gagnants », un « sweet spot for the globalisation era ». Voilà l’ancien « ordre » que regrette maintenant la Deutsche Bank. Celle-ci prophétise la fin de cette ère de la mondialisation sans entrave et l’avènement d’une « ère du désordre », qui menace les valorisations financières et les équilibres conquis par le capital dans les décennies précédentes. Cette fin annoncée a été précipitée par la survenue de la pandémie de Covid-19. Les intérêts du capital financier se préparent ainsi à défendre leurs positions menacées sur plusieurs fronts ainsi que leur vision du monde.

    [...]

    Face à « l’agressivité » des mesures environnementalistes conduisant selon elle à un accroissement des inégalités, la banque compte sur le refus des classes populaires déjà affectées par le COVID, pour réduire la portée des politiques écologiques. Bref, ce que propose le rapport, c’est une alliance populiste (que l’on a déjà pu observer avec Trump, Bolsonaro mais aussi en Europe) autour de l’idéologie de croissance entre les intérêts du capital et ceux des couches populaires. S’oppose ainsi, en termes presque gramsciens, une stratégie du capital financier à ce qui pourrait être une autre stratégie alliant écologie et conquête de l’égalité.

    #capitalisme #militants_du_capital #classes_populaires #écologie

  • La fin du monde vue par le capital financier | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2021/05/10/la-fin-du-monde-vue-par-le-capital-financier

    En cette époque de fantasmes complotistes, il est toujours utile d’entrer dans ce que pensent les militants du capital à partir de leurs propres écrits, quand ils se parlent entre eux. Comment ils analysent le dérèglement écologique et climatique en cours et ses dégâts asymétriques sur les sociétés, comment ils envisagent les gagnants et les perdants de la pandémie et comment ils entendent traverser les transformations géopolitiques et politiques du monde pour défendre leurs intérêts supérieurs.

    Ce rapport de septembre 2020 de la Deutsche Bank (en intégralité ici : DB_2020_The-age-of-disorder), initialement réservé, à prix d’or, à ses clients, a fuité sur les réseaux et nous nous permettons d’enfreindre la propriété intellectuelle afin de le verser au débat dans le monde francophone1.

    • Face à “l’agressivité” des mesures environnementalistes conduisant selon elle à un accroissement des inégalités, la banque compte sur le refus des classes populaires déjà affectées par le COVID, pour réduire la portée des politiques écologiques. Bref, ce que propose le rapport, c’est une alliance populiste (que l’on a déjà pu observer avec Trump, Bolsonaro mais aussi en Europe) autour de l’idéologie de croissance entre les intérêts du capital et ceux des couches populaires. S’oppose ainsi, en termes presque gramsciens, une stratégie du capital financier à ce qui pourrait être une autre stratégie alliant écologie et conquête de l’égalité.

    • Ces quatre dernières décennies de globalisation, avec le recul de tous les obstacles démocratiques à la circulation des capitaux et des marchandises, ont connu la plus forte croissance du capital de tous les temps historiques, ainsi que d’excellents rendements des actifs financiers dans tous les domaines. Ce fut, lit-on, un système optimal pour la croissance globale...

      Ah ben, où est passée la « crise » que prophétise depuis 40 ans la #wertkritik ?!?

    • Mais quel troll celui là, spa possib… :D

      Au-delà du lol,
      1) il s’agit là de l’avis de la banque sur son système, avec bien sûr une magnifique capacité d’introspection et d’auto-critique, comme on le sait bien… (d’autant plus qu’il s’agit d’une banque allemande, donc d’un des centres qui s’en sort encore un peu mieux par rapport au reste du monde)
      2) cet article peut parfaitement dire n’importe quoi aussi, comme beaucoup sur le sujet du capitalisme, notamment car seulement certains centres précis ont connu de la croissance, alors qu’au niveau global, le capitalisme étant obligatoirement mondial, ce n’est pas du tout la joie
      3) c’est justement parce que le capitalisme informatisé produit en masse des surnuméraires et donc moins de création de valeur, qu’il se réfugie ensuite dans des opérations financières : le crédit et la spéculation, qui n’ont rien à voir avec la création de valeur par les humains et qui ne font qu’aggraver les problèmes structurels et repousser de quelques maigres années les écroulements suivants, qui produiront comme en 2008, en toujours pire, des catastrophes humanitaires (des millions de gens qui perdent leur boulot, leurs ressources, des problèmes immobiliers, des déplacements de population, des guerres, et bien d’autres joyeusetés).
      Donc oui clairement c’est en crise vu que ce n’est pas parce que les opérations financières existaient depuis le début du capitalisme qu’en proportion ça avait la même importance : c’était mineur par rapport à la valeur issue du travail (comprenant l’esclavage, la colonisation, etc). Mais depuis la révolution informatique, c’est inversé, ce n’est pas la même variante du capitalisme. Et de plus en plus de zones du monde sont désormais à la ramasse question intégration dans cette machinerie, croissance, etc, c’est encore plus une minorité qu’avant qui s’en sort. Même du point de vue du capitaliste, quoi, seuls une minorité s’en sortent, toujours plus petite.

  • Réimaginer la terre avec les peuples autochtones

    Barbara Glowczewski

    https://lavoiedujaguar.net/Reimaginer-la-terre-avec-les-peuples-autochtones

    https://www.terrestres.org/2020/03/10/reimaginer-la-terre-avec-les-peuples-autochtones

    « À l’heure du plus grand défi de l’humanité, qui est la crise climatique causée par l’industrialisation du monde sous domination de la vision capitaliste, nous les Peuples Premiers, nous invitons le monde à revoir et reconsidérer sa relation avec ce que les Occidentaux appellent la Nature. Nous en dépendons complètement et pourtant nous restons continuellement sourds à ses cris de douleur. Chacun doit agir à son échelle, et la Guyane, en tant que pays amazonien à son rôle à jouer. La France, en tant que cinquième puissance mondiale doit assumer ses responsabilités et arrêter son hypocrisie. » Cette déclaration fut prononcée le 12 décembre 2019 par Yanuwana Christophe Pierre, réalisateur kali’na, président fondateur de la JAG (Jeunesse autochtone de Guyane), qui s’est mobilisée avec succès contre le projet de la Montagne d’Or, consortium de multinationales, russe et canadienne. Les peuples autochtones, habitants des forêts, savanes ou désert, soignaient la terre avant l’imposition de normes industrielles et administratives qui interdisent, par exemple en France, d’habiter l’endroit où l’on travaille, que ce soit une parcelle agricole ou un atelier d’artiste en ville. Le parc national en Amazonie guyanaise a autorisé le maintien de villages indiens mais leurs droits de chasse et de pêche, leurs pratiques ancestrales pour faire pousser leurs nourritures et construire leurs villages sont menacés tant par la normalisation des lois que par les orpailleurs clandestins qui polluent les rivières et la forêt en menaçant la survie de tous les habitants humains et non humains. (...)

    #peuples_autochtones #Barbara_Glowczewski #Irène_Bellier #Guyane #Montagne_d’Or #colonisation #Afrique #Australie #Canada #Mexique #Jérôme_Baschet #Malcom_Ferdinand

  • Sans smartphone, pas de liberté ? | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2021/02/06/sans-smartphone-pas-de-liberte

    e projet de loi sécurité globale a provoqué une levée de bouclier à gauche et dans les syndicats (dont ceux de journalistes, mais largement au-delà). Au cœur de cette contestation figure le fameux (feu) article 24 et la tentative mal dissimulée du gouvernement de décourager les témoignages sur les violences policières par des arguties peu convaincantes. Cette mobilisation s’est ainsi très rapidement concentrée autour de l’ éventuelle interdiction qui nous serait faite de diffuser des vidéos d’agissements de la police, notamment lors des manifestations. Il serait trop fastidieux de faire un inventaire exhaustif des textes, banderoles, prises de paroles, bombages et slogans plaçant au centre de la mobilisation contre cette loi, la liberté de filmer et son corollaire, celui d’alimenter internet, ses réseaux dits sociaux, ses infrastructures, et bien sûr ceux qui s’en nourrissent : multinationales et… police. Considérée comme un supplément d’âme à ne cultiver qu’une fois les questions prioritaires réglées, la critique des technologies reste hélas de l’ordre de la coquetterie pour une gauche, très majoritairement productiviste1, qui a d’autres chats à fouetter actuellement. Logiquement, les analyses et réponses à ce projet de loi, pour nombre d’entre elles, en sont l’ illustration et si « le monde est flou », les slogans sont parfois explicites.

    Le site d’information Lundi Matin, par exemple, se réjouit du succès de bombages réalisés à Bordeaux le 24 novembre. Sur les murs de l’École Nationale de la Magistrature, l’un d’eux proclame sans trembler : « Pas de vidéos, Pas de justice ». Un autre : « Sous les pavés, la carte SD », assez révélateur de l’imaginaire technophile de certains héritiers de 68. Les animateurs du site (habituellement attentifs à la question des flux dans leur critique du capitalisme), sans doute galvanisés à leur tour par la puissance du récit et des slogans associant justice, révolte et vidéo, n’ont pas jugé utile de souligner un éventuel lien entre flux informatiques et destruction du monde. Dommage. L’auteur de l’article, finalement pris d’un doute, estime cependant qu’il est un peu tôt pour affirmer que ce genre de manifestation inaugure « le début d’une série de protestations à la hauteur des enjeux. »2 C’est peu de le dire.

    • Plus honnête sans doute, quoique pas plus rassurant sur l’état des forces en présence, la pancarte « Vos armes contre -n-o-s—c-a-m-é-r-a-s- … plus rien » confirme ce que l’on craignait : sans smartphone, nous ne sommes plus rien. Ce terrible aveu révèle et prend acte d’une forme d’impuissance grandissante (d’un manque d’imagination ?), dans le camp progressiste – mais pas seulement, à esquisser un monde plus vivable, ou a minima une résistance, en l’absence de l’appareillage technologique que la société industrielle nous a collé dans les mains. Il trahit donc le sentiment dégradé que nous avons de nous-mêmes et de nos capacités à agir.

      […]

      Plus honnête sans doute, quoique pas plus rassurant sur l’état des forces en présence, la pancarte « Vos armes contre nos caméras … plus rien » confirme ce que l’on craignait : sans smartphone, nous ne sommes plus rien. Ce terrible aveu révèle et prend acte d’une forme d’impuissance grandissante (d’un manque d’imagination ?), dans le camp progressiste7 – mais pas seulement, à esquisser un monde plus vivable, ou a minima une résistance, en l’absence de l’appareillage technologique que la société industrielle nous a collé dans les mains. Il trahit donc le sentiment dégradé que nous avons de nous-mêmes et de nos capacités à agir.

      […]

      Le recours à ces appareillages ne nous protège de rien mais nous confisque la parole et fragilise sa légitimité en lui préférant implicitement une preuve par l’image, censément plus délicate à contester. Si c’est bien à cette idée que se rangent les slogans évoqués plus haut, le pouvoir et ses conseillers en numérisation peuvent se féliciter d’avoir convaincu très au-delà de leur cercle d’influence.

      […]

      Geoffroy de Lagasnerie, philosophe et inspirateur de la gauche radicale, répond à sa façon au journaliste du site Reporterre :

      « J’ai beaucoup de mal à penser la technique du point de vue du pouvoir. La technique, on peut toujours s’en retirer. Je ne vois aucun effet de pouvoir de Facebook, de Twitter ou d’Instagram parce que je peux les fermer. Le seul pouvoir dont je ne peux me retirer, c’est l’État. Mais Facebook ne me met pas en prison. Instagram ne me met pas en prison. Mon Iphone ne me met pas en prison. »

      Pourtant mis par son interlocuteur sur la piste des conséquences écologiques désastreuses imputables à l’omniprésence des technologies, il ne voit décidément pas matière à s’attarder sur ce point.

      […]

      Bien qu’elle n’en ait pas l’exclusivité, cette cécité assumée est emblématique d’une gauche qui semble ne répondre qu’à des stimuli que la sphère universitaire et culturelle prémâche puis lui sert sur un plateau (de télé ou de radio en général). Il ne faut pas s’étonner que, puisant à de telle sources, elle peine à penser la liberté hors de ses thèmes de prédilection : focalisation sur le seul caractère inégalitaire de la répartition des richesses produites, sur les dominations (de genre, de race, etc.) et sur les sales manières de l’Etat policier. Rien d’étonnant non plus à ce qu’elle accepte sans sourciller l’idée de confier à un iPhone le soin de la défendre face à l’Etat.

      #liberté #critique_techno #smartphone #téléphone_portable #caméra #police #violence_policière #violences_policières #informatisation #Progrès #anti-industriel #progrès_de_notre_dépossession

    • Autre lien pour archive https://sniadecki.wordpress.com/2022/05/06/num-smartphone

      Bien entendu, il y a du vrai dans tout cela. Mais ces déclarations masquent mal le caractère un peu paradoxal, ou à tout le moins ambigu de nombre de revendications : s’agit-il de récuser la société de surveillance ou d’y occuper la place à laquelle on a droit ? Il ne semble question, au chapitre des libertés publiques, que d’ assurer celle de filmer un pouvoir et ses policiers à qui on reproche dans le même temps de truffer l’espace public d’innombrables dispositifs de surveillance (caméras de vidéosurveillance, reconnaissance faciale, drones, hélicoptères, etc.). Ce souci premier de réciprocité dans la surveillance est-il vraiment de nature à nous mobiliser ? On peut à juste titre contester cette énième tentative de fonder en droit une inégalité de traitement entre policiers et citoyens (assez ancienne au demeurant) mais ça n’a finalement que peu à voir avec un questionnement sur le fond d’une société qui consent à ce que tout le monde filme et surveille tout le monde.

      […]

      Que les fonctions « surveiller la police » et « renseigner la police » figurent toutes deux au menu de ces appareils devrait nous mettre la puce à l’oreille… Rappelons également pour les étourdis qu’un smartphone sert indifféremment à se passer de sa secrétaire et à lui envoyer son mail de licenciement, à enrichir Tim Cook ou Mark Zuckerberg, à télécharger l’application Stop covid, à tracer des malades et localiser des manifestants, à participer au déploiement de la 5G et, c’est vrai, à témoigner des violences policières.

      […]

      Passons à la question de l’efficacité des moyens, qui semble primer pour les défenseurs des libertés et nous ramener à la nécessité, pour prouver les violences policières, de les filmer. L’avènement et l’utilisation massive des ordiphones comme autant de caméras braquées sur le pouvoir et sa police ont-ils fait baisser le niveau de surveillance et de répression des mobilisations sociales en France ? La circulation sur les réseaux sociaux des images qui en sont extraites a-t-elle, si peu que ce soit, modifié les rapports de force entre Etat et contestation ? Et si oui, au profit de qui ? Souvenons-nous d’une époque, non pas bénie, loin de là, mais où personne n’avait de smartphone et où le niveau de tension et de violence policière était assurément moins élevé qu’il ne l’est depuis 10 ou 15 ans en manifestation. Depuis l’apparition des cortèges connectés, c’est un « usage bien établi » : les policiers filment les manifestants, et réciproquement. Cette mise en abyme a-t-elle vraiment pesé favorablement sur l’issue des luttes sociales ? Rien n’est moins sûr.

      […]

      Villages du cancer, pollution des nappes phréatiques, raréfaction de l’eau potable et des sols encore cultivables, suicides et exploitation au sud, remplacement des humains par des robots au nord, consommation énergétique effrénée et aliénation partout : l’industrie du numérique a fait ses preuves et ses états de service sont bien documentés. N’est-ce pas pourtant à cette dernière que s’en remettent ceux qui revendiquent le droit de chacun à filmer avec un smartphone, sans autre considération pour ce qui précède ? Devons-nous, au nom du droit, nous accommoder de ces menus détails ? Notre liberté peut-elle se défendre valablement au détriment de celle, parmi d’autres, des adolescents esclavagisés dans les usines Foxconn en Chine ?

    • Le site d’information Lundi Matin, par exemple, se réjouit du succès de bombages réalisés à Bordeaux le 24 novembre. Sur les murs de l’École Nationale de la Magistrature, l’un d’eux proclame sans trembler : « Pas de vidéos, Pas de justice ». Un autre : « Sous les pavés, la carte SD », assez révélateur de l’imaginaire technophile de certains héritiers de 68.

      C’est remarquable parce que dans l’édition de cette semaine, « les mêmes » (en fait, non, peut-être pas) se lancent dans une sorte d’exégèse d’un film relatant les « exploits » d’obscurs conspirateurs contre des infrastructures informatiques au début des années 80 :

      https://lundi.am/Machines-en-flammes

      Après une longue absence, la rubrique cyber-philo-technique revient sur lundimatin à l’occasion des sabotages de fibre optique du 27 avril dernier et de la projection à venir du film Machines in flammes par la librairie Michèle Firk sur les actions du CLODO (Comité pour la Liquidation ou le Détournement des Ordinateurs) aux alentours de Toulouse dans les années 80. L’article relie quelques fils pour tisser une compréhension de la numérisation du monde qui inclut les sabotages auxquels elle se confronte en permanence au cours de son histoire.

  • Cultiver, bloquer, occuper, freiner..., unir nos forces pour impulser et inventer des résistances nouvelles, à la mesure du ravage
    https://ricochets.cc/Cultiver-bloquer-occuper-freiner-unir-nos-forces-pour-impulser-et-inventer

    Voici un programme réjouissant, qui parle non seulement de résistance et de blocages de projets écocidaires, mais aussi d’alternatives et d’offensives pour le vivant les communs : Appel des Soulèvements de la Terre La catastrophe écologique n’est pas à venir, elle est déjà là. Nous ne nous résoudrons pas à la contempler, impuissants, isolés et enfermés chez nous. Nous avons besoin d’air, d’eau, de terre et d’espaces libérés. Les causes et les responsables de la destruction des sols nous entourent : (...) #Les_Articles

    / #Résistances_au_capitalisme_et_à_la_civilisation_industrielle, #Agriculture, #Ecologie, La (...)

    #La_propriété
    https://www.terrestres.org/2021/03/10/soulevements-de-la-terre
    https://reporterre.net/Contre-l-apocalypse-climatique-les-soulevements-de-la-Terre
    https://lessoulevementsdelaterre.org
    https://lessoulevementsdelaterre.org/programme-saison-1
    https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/la-lutte-des-sucs
    https://www.lavoiedujaguar.net/17-avril-2021-Nouvel-appel-a-agir-contre-la-reintoxication-du-monde

  • La décroissance : le socialisme sans la croissance | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2021/02/18/la-decroissance-le-socialisme-sans-la-croissance

    Qui a peur de la « décroissance » ? Il est des alliances étonnantes : que Le Monde Diplomatique, organe combatif d’une certaine gauche sociale et marxiste française, critique acerbe du système capitaliste, ouvre grandes ses colonnes, pour penser l’écologie et la décroissance, à Leigh Phillips, un représentant du Breakthrough Institute – think tank californien défendant le transhumanisme et la géo-ingénierie au service de l’innovation et des profits de la nouvelle économie numérique capitaliste –, voilà qui doit faire réfléchir sur l’état de désorientation des forces de gauche dites « progressistes » face à la destruction écologique.

    Climato-scepticisme insidieux (le changement climatique ne serait qu’un problème technique aussi facile à régler que le fut l’interdiction des gaz à l’origine du trou dans le couche d’ozone dans les années 1980). Apologie aveugle de l’innovation technologique, culte de « l’espèce humaine » toujours capable, par son artifice, d’échapper aux effets néfastes de ses activités sur le monde naturel. Sophismes grossiers qui amalgament l’idée de décroissance avec celles de pénurie et de surpopulation : tout y est dans cet article caricatural (intitulé « Les mirages de la décroissance »). Comment se fait-il que le grand récit du Progrès, de la Croissance voire de la Civilisation fédère dans une commune détestation de l’écologie une idéologie libertarienne « pro-technologie » avec une certaine gauche marxiste française ? À quand un véritable examen critique par le Monde Diplomatique des liens intimes qu’entretient depuis son origine cet impératif de la Croissance avec l’expansion du mode de production capitaliste et sa colonisation du monde ?

    Le comité de rédaction de la revue Terrestres.

  • Endosser l’ombre striée des feuillages | Dénètem Touam Bona
    https://www.terrestres.org/2021/01/13/endosser-lombre-striee-des-feuillages

    Quand des feux sans fin assombrissent les cieux de régions tropicales convoitées (Amazonie, Bornéo…), on s’alarme aussitôt de la destruction de la forêt « primaire ». Cette nostalgie irrépressible du jardin d’Eden nourrit pourtant l’érotisme prédateur qu’elle croît condamner : le viol (néo)colonial d’une nature « vierge ». Source : Terrestres

  • La nature sublime | Bernard Aspe et Lena Balaud à propos de : #Jacques_Rancière, Le Temps du paysage. Aux origines de la révolution esthétique
    https://www.terrestres.org/2020/12/19/la-nature-sublime

    Les jardiniers-paysagistes Price et Knight nous appelaient à une expérience d’agrandissement sensible en résonance avec la grandeur des paysages qui se laissent compléter (dans une complémentation bien sûr inachevable) par l’imagination. Cet agrandissement qui se place dans la dimension du sensible suspend les opérations de l’esprit, dans un « contentement sans nom » (p. 78) et un « enthousiasme tranquille » (p. 79). Ce sont ce contentement et cet enthousiasme que Kant évacue en faisant disparaître cette qualité particulière que partagent la nature-artiste et le nouveau sujet esthétique qu’elle convoque : celle de pouvoir grandir encore.

  • Cent Mille Ans | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2020/12/19/cent-mille-ans

    La Meuse n’a pas été choisie au hasard. La filière #nucléaire y a jeté son dévolu après avoir été expulsée partout ailleurs. On compte dans les environs de Bure 6 habitants au kilomètre carré, avec une population vieillissante. Claude Kaiser, un élu local, raconte souvent cette anecdote. Lorsqu’il avait rencontré une conseillère du Premier ministre Lionel Jospin, au début du projet, celle ci lui avait dit de « mettre 10 000 personnes dans la rue à Bar le duc. A partir de là, on pourra peut-être commencer à discuter ». L’élu local lui a répondu que c’était impossible dans la Meuse. « c’est bien pour cela qu’elle a été choisie », a-t-elle alors rétorqué.

    Avec la bande dessinée Cent Mille Ans, ce qui nous préoccupe se situe moins en profondeur qu’à la surface. A Bure, nous avons compris que le nucléaire n’est pas seulement un enjeu technique ou une question d’expertise scientifique. Il est avant tout une manière de gouverner : un ordre social qui achète les populations locales, et réprime ses opposants.