novembre 17, 2018 – Salimsellami’s Blog

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  • La folie des sénatoriales – Salimsellami’s Blog
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    Photo : S.Sellami                                                                                                                                                   

    Le 29 décembre au soir nous aurons de nouveaux élus nationaux à la haute chambre. Les sénateurs. A quoi sert en fait un sénateur ? 

    À valider un système, sans pour autant lui chercher des éléments correctifs ou révolutionnaires. Il est là, comme le député à s’absenter et ne s’asseoir qu’en cas de danger pour son statut. Il est là à la recherche d’investissement, à se procurer un toit à Alger, à guetter tel ou tel ministre, à fuir les siens, ces témoins de sa précarité, à ne plus fréquenter les cafés maures qui l’ont vu se trimbaler, à ne plus répondre aux appels répertoriés leur préférant le « numéro privé ». 

    L’Assemblée dans ses deux formes est une merveille universelle, dans son fond un tremplin pour l’ambition démesurée et une tribune pour ceux en mal de médiatisation. Le poste que procure le mandat parlementaire en ses deux versions n’obéit à nulle circonspection si ce n’est celle de savoir à quelle caisse de retraités, dans cinq ans ; faudrait-il piocher les arrhes et les dividendes engrangés par l’occupation d’un siège dans le cénacle des automates goinfres et faméliques. 

    D’anonymes individus, inconnus dans leurs contrées il en a fait, se disent-ils, de prestigieux défenseurs des intérêts suprêmes de la nation. C’est cette confusion d’intérêts qui fait la différence. Certains prennent leur p’tit ego pour une affaire d’ordre public, d’autre y voit là une mission divine de devoir sortir le peuple de ses longues mélancolies. 

    Décembre est là pour raffiner les têtes, et affûter les envies. Voilà qu’arrive la période des bourgeons à implanter aléatoirement au sénat tant coté cour que jardin. C’est toute l’envie de porter un costume galvanisé et une cravate inoxydable qui agite les candidats aux sénatoriales de décembre. C’est cette irrésistible sensation de croire atteindre un sommet inégalé pour se contenter de finir sa course politique, qui suscite les élus d’hier à plus d’ardeur, de ferveur et d’audace. Le ticket d’accès, pensent-ils, à la permission de tout avoir, tout dire et tout voir passe par ce forcing. Quand ils n’ont pu se résoudre à faire scintiller une carrière professionnelle ; ils se jettent par revanche sur celle dite politique. 

    Les primaires n’ont été d’aucune utilité, tant que l’utilité était déjà devancée, au début ; dans la liste initiale ayant permis la qualité d’électeur privilégié. Le collège électoral. Ainsi la farce qui aurait donné ce trouble psychique de croire opiniâtrement que l’on peut être sénateur est cette gabegie qui avait permis à quiconque de se porter sur des listes localement électorales. L’on peut devenir un élu dans une commune, mais pas forcément candidat potentiel aux sénatoriales. Le sénat ne doit pas être une petite affaire de quartier ou un autre mode de recrutement quand on est sans emploi, sans métier, sans profil, sans capacités. Il exige d’autres paramètres. La stature, la personnalité et la valeur morale. Ce n’est pas un diplôme de professeur de géométrie ou d’algèbre, une fortune d’importateur ou une ancienneté préhistorique du parti qui octroie la primauté au sénat. C’est autre chose. L’humilité, la maturité politique agissante et le désintéressement personnel. 

    Malheureusement on les voit venir, ces candidats de tous horizons. Celui qui se savait tout petit et suait juste pour être un délégué communal mendiant ces maudites indemnités, le voilà -et pourquoi pas- s’agripper et prétendre devenir sénateur ! Cette prétention a vaincu leur auto-évaluation et les a totalement aveuglés. 

     
    par El Yazid Dib                                                                 

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