Le 24 avril 2013, un bâtiment de huit étages s’est effondré à Savar près de Dacca, la capitale du Bangladesh. Suite à ce tragique incident, presque 300 personnes ont perdu la vie et plus de 2000 autres auraient été blessées selon le syndicat IndustriALL.
Dans ce bâtiment se trouvaient, outre des magasins, plusieurs fabriques de textiles qui produisaient des articles entre autres pour Mango, Benetton et Primark, mais aussi pour C&A, KiK et Walmart. Ces trois dernières entreprises faisaient également fabriquer des textiles par Tazreen, une usine qui se trouve non loin de Savar, et qui avait pris feu en novembre 2012 causant le décès de 112 ouvriers et ouvrières.
Mesures de prévention défaillantes
L’effondrement de cette fabrique vient s’ajouter aux nombreux incendies survenus au Bangladesh et démontre que la vie des ouvriers et ouvrières n’est pas assez protégée. Avant l’incident, ils avaient averti les responsables que des fissures étaient apparues dans les murs. Mais il leur a été demandé de poursuivre leur travail à l’intérieur du bâtiment. De tels événements pourraient être évités si la sécurité des employés et des employées était prise au sérieux.
La Campagne Clean Clothes (CCC), avec les syndicats bangladais et internationaux, exige une mise en œuvre durable et efficace de mesures de sécurité. Signer la Convention sur la protection contre les incendies initiée par IndustriALL et la CCC représenterait un pas important. Ce texte oblige le gouvernement et les entreprises à améliorer la sécurité technique des fabriques. Il implique des contrôles de la sécurité des bâtiments effectués par des spécialistes indépendants, la formation de comités de sécurité au travail de même que la production de rapports publics sur tous les contrôles. Du côté européen, seul Tchibo a jusqu’à maintenant signé la convention.
Contexte
Les accords multifibres qui régulaient, par des quotas, le commerce international dans la filière textile ont expiré en 2005. Suite à cela, la compétition internationale s’est accentuée. Le Bangladesh en tant que pays de production disposant de bas salaires est particulièrement compétitif. Beaucoup de produits de masse, qui se retrouvent aussi dans les magasins en Suisse, sont produits là-bas. L’industrie textile bangladaise a connu ces dernières années d’énormes taux de croissance. Pourtant, malgré une industrie en plein boom, les salaires des couturiers et des couturières restent bien en dessous du revenu minimal de subsistance. Même les marges pour les fabriques sont en règle générale très basses. Il n’est donc pas étonnant que dans les dernières dix années aucun investissement n’ait été réalisé pour les infrastructures et la sécurité des bâtiments.
Des entreprises internationales ont comblé le vide laissé par l’industrie locale, voire l’ont même dopée avec leur politique de prix. Celle-ci est actuellement criminelle pour les ouvriers et ouvrières, et elle n’est pas durable pour les pays de production. Il est nécessaire que les marques adaptent leur politique de prix, qu’elles donnent aux pays de production des chances de développement véritables et durables, et qu’elles versent des salaires de subsistance aux ouvriers et ouvrières pour la production de produits de marque.
Les images du drame sont choquantes et rappellent l’effondrement de la fabrique Spectrum en 2005, de même que les nombreux incendies mortels des dernières années. Tant que personne ne travaille de manière transparente au développement de mesures contraignantes, à l’amélioration dans tout le secteur de la sécurité des bâtiments et à la protection contre le feu, en étroite collaboration avec les syndicats locaux, de telles tragédies pourront toujours se produire.