• Khan al-Ahmar : nous défendons le rêve de la Palestine face à la démolition
    Middle East Eye - Eid Khamis - 22 novembre 2018
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    Je m’appelle Eid Khamis et Israël veut détruire Khan al-Ahmar, le village où j’ai vécu toute ma vie.

    Je suis né dans ce village ; je me suis marié dans ce village ; mes enfants sont nés dans ce village et ils s’y sont mariés. Tous mes souvenirs sont ici, les bons comme les mauvais. Je vis ici depuis 52 ans.

    En 1951, les forces israéliennes nous ont expulsés de force de nos terres d’origine dans le désert du Naqab, où nous vivions en tant que bédouins, et nous sommes aujourd’hui contraints de vivre dans des cabanes en acier et de nous battre pour les droits de l’homme les plus élémentaires.

    Colonisation et démolition

    Nos grands-pères vivaient à Tal Arad, qui surplombe la mer Morte. Les terres appartenaient à notre tribu – les Jahalin – et chaque famille possédait son propre lopin de terre, qu’elle exploitait et utilisait pour son bétail. Ils cultivaient du blé, de l’orge et des lentilles.

    Lorsque nous avons été déplacés en Cisjordanie, nous avons vécu comme des nomades jusqu’à notre installation à Khan al-Ahmar, à l’est de Jérusalem. Il y avait deux sources d’eau, un espace pour l’élevage et le marché de la vieille ville de Jérusalem pour vendre nos produits, yaourts, lait ou beurre.

    Nous avons loué nos terres à des propriétaires privés palestiniens dans la ville d’Anata, à proximité. Nous, bédouins, avons noué des relations étroites et bénéfiques avec les villageois. Le propriétaire terrien prenait 50 % de nos bénéfices. La situation était paisible jusqu’en 1967, lorsque Israël a occupé la Cisjordanie et Jérusalem-Est.

    En 1975, l’armée israélienne s’est approprié la région et l’a déclarée zone militaire fermée pour l’établissement de colonies de peuplement illégales à proximité.

    Au fil des ans, l’armée a démoli de nombreuses structures, y compris des maisons, et a rendu notre vie de plus en plus difficile, dans l’espoir de nous contraindre à fuir.

    Le 5 septembre dernier, après plus de huit ans de bataille juridique – avec des avocats, des audiences et des propositions de plans de zonage généraux –, la Cour suprême israélienne a décidé que le village devait être démoli et a rejeté toutes nos suggestions.

    La route vers Jérusalem

    Le problème de Khan al-Ahmar est plus grand que le village lui-même. Ce n’est pas un problème de construction ou d’école. Il s’agit de la création d’un État palestinien ; les soi-disant efforts de paix dépendent de ce village. Si ce village est démoli, c’est le rêve palestinien qui s’effondre.

    Israël veut notre terre pour deux raisons. Premièrement, Israël a déjà coupé la Cisjordanie de Jérusalem au nord, au sud et à l’ouest en créant un ensemble de colonies autour de la ville. Désormais, les Palestiniens n’ont qu’une seule porte ouvrant sur Jérusalem, et c’est l’est – où nous sommes. L’Occupation vise à fermer cette dernière porte aux Palestiniens.

    #Khan_al-Ahmar