À Erquy, 48 heures après la mort par noyade d’une femme de 70 ans dans un canal rempli d’eau, plage de Caroual, sur le chantier du parc éolien de la baie de Saint-Brieuc, une plainte a été déposée pour mise en danger d’autrui par négligence. Le chantier a été arrêté.
Mercredi après-midi, la plage de Caroual, à Erquy (22), avait retrouvé son habituelle quiétude printanière, 48 heures après la mort par noyade d’une Rennaise de 70 ans tombée dans une tranchée sur le chantier de raccordement du parc éolien en mer de la baie de Saint-Brieuc.
Agents de sécurité sur place
Depuis l’accident, seuls l’arrêt du chantier « pour les besoins de l’enquête » comme a confirmé par téléphone l’entreprise RTE et la présence de trois agents de sécurité, vêtus de gilets orange fluo, sur place, laissent à penser qu’un événement est survenu. « Dorénavant en effet, sept jours sur sept, 24 h sur 24 h, RTE va employer trois vigiles pour éviter au public de venir sur cette zone où sont creusés les canaux de passage des câbles » a indiqué, ce mercredi 4 mai, le maire d’Erquy, Henri Labbé, « ravagé » par le drame. « Depuis le début des travaux du parc éolien sur la plage, je dis qu’un jour ou l’autre, au vu de la fréquentation du site, il y aura un accident ! Quiconque peut avoir l’impression que les travaux sont terminés eh bien non, la preuve. La victime a chuté dans l’une des deux tranchées qui n’avait pas encore été comblée. Elle était au mauvais endroit au mauvais moment », déplore l’élu.
L’association Gardez les Caps a déposé plainte pour mise en danger de la vie d’autrui par négligence (absence d’une signalisation visible et compréhensible, absence de surveillance sur une plage très fréquentée).
(Le Télégramme/Sylvie Vennegues)« Les vigiles, c’est avant qu’il aurait fallu les mettre », fait remarquer cette riveraine. « Six bouées jaunes et cinq petits panneaux d’interdiction pour signaler la zone de travaux, c’est insuffisant pour alerter les gens, surtout ceux qui ne sont pas du coin ! »
L’association Gardez Les Caps dépose plainte
« Avec une bonne signalisation, c’était anticipable. Ce qui vient de se passer à Caroual, c’est atroce », lâche Katherine Pujol, la présidente de l’association Gardez les Caps !
En haut de plage, cinq petits panneaux d’interdiction matérialise la zone de travaux large et longue de plusieurs centaines de mètres. (Le Télégramme/Sylvie Vennegues)« Quand vous ne connaissez pas les lieux, ce n’est pas la présence de quelques bouées jaunes à proximité des tranchées qui va vous interpeller sur la dangerosité du site. Aussi, l’association va-t-elle déposer plainte pour mise en danger de la vie d’autrui par négligence, absence d’une signalisation visible et compréhensible, absence de surveillance sur une plage très fréquentée. »
Avec une bonne signalisation, c’était anticipable. Katherine Pujol, présidente de l’association Gardez les Caps.
« La preuve qu’on ne peut pas mettre de l’éolien partout et n’importe comment, et, ce n’est pas juste une question de biodiversité mais aussi une question de sécurité. Depuis le début du projet, nous avons alerté sur le fait que l’éolien n’avait pas sa place dans la baie de Saint-Brieuc, à cause de sa roche, trop dure, de ses forts courants et de l’amplitude de ses marnages (). Lundi, jour de l’accident, il y avait près de 11 mètres de découvert sur la plage avec un coefficient de marée de 84. Depuis les travaux, se promener à marée basse le long de l’estran, c’est risqué. La preuve ! » déplore Katherine Pujol, très inquiète pour l’avenir, au point de s’interroger sur la réouverture complète de la plage de Caroual au public après les travaux. « En effet, la stabilité de la plage est sérieusement mise à mal ces temps derniers entre les marnages, les courants de fond et les travaux qui ont remanié le sable maintes et maintes fois. »
Écart en mètres entre le point le plus haut et le point le plus bas de la mer lors d’une marée.
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