Le FLN est-il toujours crédible ?

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    Crise ou pas crise. Démission de l’un ou limogeage de l’autre. L’essentiel est dans l’avenir que prévoit la providence à ce prestigieux Front, devenu Parti. La fièvre chronique ayant frappé l’APN et les primaires du Sénat motive la question en titre. 

    La présence structurelle du parti semble donner entre deux échéances électorales l’impression d’une simple existence d’un néant dynamique soit l’illusion de la coquille vide. Ce grand parti libérateur et rédempteur, artisan du sentiment nationaliste ne serait-il plus habité par ces élans rassembleurs et unitaires de la composante patriotique ? Aurait-il subi, à l’instar d’autres corporations le syndrome de l’usure et du vieillissement méthodique et fonctionnel malgré le renfort d’une jeunesse hélas en mal de formation idéologique ? Cet anachronisme qui ne devait point sévir au sein des forces vives et centrifuges serait pourtant devenu une nature essentielle pour le fonctionnement de tout l’appareil tant central que local. 

    Si la libération du pays avait exigé dans le temps l’utilité nécessaire d’un front unique apte à pouvoir mener vers les rives de l’indépendance l’immense volonté populaire, il en serait un peu autrement après la période post-indépendance. Le parti se transformant en un appareil usuel de propagande commençait à se faire sortir de l’option politique qui devrait tendre à réunir davantage les potentialités managériales et gestionnaires. Il faisait plus dans l’inquisition que dans la persuasion politique. L’Etat se confondait dans la rigueur qu’exerçait par fonction non élective le commissaire du parti. L’administration ne trouvait issue que dans l’application de résolutions. Il subsiste cependant, nonobstant le multipartisme certaines intercessions du même genre. 

    L’unicité du parti n’avait rien apporté comme élément fondateur d’une nation si ce ne fut cette discipline quoique honnie, mais qualifiée d’indispensable pour éviter toute dérive. Le moindre vent de vouloir dire ou faire des choses en dehors d’un « cadre organisé » s’assimilait de facto à un acte contre-révolutionnaire. La démocratie n’avait qu’une signification occidentale et bourgeoise au moment où, l’appropriation de l’outil de travail, la justice sociale et l’égalitarisme rimaient avec la négation des classes. L’embourgeoisement condamné à plus d’un titre sera une fois la démocratie mise sur scène, un mode apte à appâter les foules et gagner croit-on, l’estime de la populace. Les slogans d’à bas l’impérialisme et la réaction se tairont et les vociférateurs feront la chaîne devant les ambassades des pays qualifiés ainsi. Le parlement en 1976 ne constituait qu’un regroupement de gens réunis pour une utilité tout en faisant office d’une preuve tenant lieu d’un amphithéâtre de libre expression dans le cadre d’une démocratie « responsable et organisée » mais à voir sa composante aujourd’hui, les regrets de cette période vous tiennent au cou. Des gens de tout bord. Des députés, au moins certains n’ont aucun punch, ni gabarit, ni ne peuvent tenir la gorge en hauteur. 

    En fait de classes, elles n’avaient certes aucun statut juridique sauf que la réalité matérielle de certains pontes en disposait autrement. L’opulence ne signifiait pas un rang mercantile donné beaucoup plus qu’elle voulut signifier un état d’esprit. La division sociale n’était pas douée d’être perçue telle une expression justifiant l’option politique prise dans la théorie de la lutte des classes. La bourgeoisie d’alors se limitait à un affichage idéologique tacite et dissimulé parfois contraire, dit-on aux principes de la révolution populaire. En ce jour l’oligarchie a pris en otage ce faramineux sigle. Ou sont-ils ce socialisme, cette lutte de classes, cette charte nationale ? La représentativité élective sous ce parti tend de jour en jour à devenir l’apanage de la finance, du clanisme et loin d’un consensus idéologique ou d’un courant politique défini. On l’aurait vu dans les dernières joutes électorales et en ces jours-ci, fin novembre 2018 dans le renouvellement du tiers sénatorial. 

    L’édification nationale formée de taches de grandes envergures tels que le barrage vert, la transsaharienne, le volontariat dans la campagne, devait se partager par tout un chacun sans quoi les idéaux majeurs d’une révolution jeune et ferme n’auraient point eu les mérites dignes de la grandeur d’une nation à peine sortie des affres séculaires de la dépendance colonialiste. Oui cela va paraitre un langage ancien, obsolète et dépassé. Mais, c’est cela l’âme d’un parti, sa raison d’être sinon ; il n’exprimera qu’une association d’intérêt disons…public. 

    Ce fut un temps où l’engagement politique ne variait nullement de l’ardeur à pouvoir continuer la révolution autrement et sur d’autres fronts. L’école, la rue, l’usine et tout espace de la vie active ne pouvait être extrait à un militantisme qui ne cesse de déborder jusqu’aux fins de tous les rouages institutionnels. Maintenait nous assistons à une forme de militantisme qui ressemble beaucoup plus à une recherche de gain et de profit. La parti s’est transformé en une agence d’emploi, un organisme recruteur et non pas une tribune hissant la voix du peuple profond. Ce sont ces sacrées indemnités introduites depuis 2012 pour les élus qui ont faussé le jeu. Le militantisme doit être un acte bénévole et gratuit. La seule rétribution ce sera cette satisfaction à pouvoir su élever le niveau de la conscience politique des grandes masses. Oui, vous y verrez là, un discours ancien, obsolète et dépassé. Allah ghaleb. 

    Le parti qui jusqu’ici remporta la victoire sur un plan et la perdit sur tous les autres se trouvait coincé entre les serres d’un système qui voulut en faire un simple mécanisme de règlement de compte historique. Tantôt il prêchait la bonne parole au profit d’un pouvoir, tantôt il faisait dans l’éloge et la déification de personnes. Il était ainsi devenu au regard des foules le réceptacle de l’échec de toute politique. Il en était prescrit insidieusement d’en faire le parti unique. Il jouait le rôle sans avoir en finalité le mot ou l’ultime mot. Dans cette lancée le FLN ne pouvait survivre aux mites qui le rongeaient. Les figures de proue commençaient à lui causer une sérieuse hémorragie pour voir d’autres noms s’élever et s’ériger à l’avenir en des symboles incontournables dans l’échiquier politique algérien. 

    Octobre 1988 ne fut en d’autres termes qu’un salut politique pour la résurrection du FLN. Jusqu’aux soupirs languissants de l’agonie organique il lui avait permis en fin de cheminement un certain « ressourcement ». Bien ou mal opérée, cette nouvelle démarche dynamique n’aurait pas réussi totalement du seul fait de l’insistance farouche et sournoise de l’ancienne garde. Manœuvrant à distance, les caciques ne lâchent pas les rennes qui les ont traînés aux zéphyrs de la gloire Du jeune Etat. Les coulisses ne sont plus utiles, pour eux plus que ne le sont les eaux troubles de ce qu’ils qualifieront de démocratie. Cette dernière est là d’abord au service de leurs intérêts. Puis, elle aura à servir dans un proche avenir ceux de leurs relais que sont les futurs certains personnages politiques façonnés dans le coté cour de l’immeuble coté infecte de la corporation. 

    C’est ainsi que l’on s’aperçoit au fur et à mesure du défilé de toutes les élections que les batailles dans le parti n’ont jamais pris l’allure de courants idéologiques contradictoires. Les conflits opposaient les personnes, les clans et les familles et non les idées ou la nature de projets sociaux. Il reste édifiant encore de pouvoir constater avec lassitude que même avec la survenance, d’ailleurs salutaires d’autres associations politiques, le FLN tient à contrario du discours à imposer une caste au nom d’une légitimité, non plus historique mais conjoncturellement obéissante. L’opportunisme est confectionné grâce à l’octroi d’une carte ou le renouvellement d’une autre. La lutte n’apparaît qu’autour de l’échéance de vote qui fera le plus souvent des hommes publics pour ceux qui ne sont que de quelconques noms usuels. Il n’y qu’à voir ces récentes candidatures au Senat. L’ego a aveuglé presque tout le monde ou ce ptit tout le monde aspire sans nul égard au profil adéquat, à désirer sans scrupules devenir sénateur. Les actuelles primaires, qui ne devraient pas avoir lieu sont la preuve de ce manque de fermeté centrale. L’on aurait dû imposer ces primaires dans les élections locales et laisser les militants dresser les listes à soumettre aux citoyens électeurs. Et non l’inverse. Car en matière de Senat, l’affaire se joue en interne et tous les militants ne sont pas tous électeurs. L’on n’a pas à mener campagne au sein même de son parti. Et alors que faire lors du vote du 29 décembre ? Il va falloir aussi refaire une autre campagne pour encore s’assurer la voix des siens, de son propre parti. Drôle de situation, drôle d’irresponsabilité. 

    Le sens éveilleur de ceux qui ne vivent que par la légende, les rapports et la carte du parti, ne sera certainement pas capable d’entraîner dans un élan enthousiaste le resserrement des rangs que les intérêts personnels ont dispersés. Comment une population locale qui ne connaît de certains noms que l’habitude de les voir ressurgir aux moments opportuns, puisse croire le discours redondant tendant à faire du renouveau et du rajeunissement un credo sacro-saint du parti nouvelle-version alors que le plateau candidatural qui lui serait présenté n’offre que du réchauffé ? Qu’ont-ils fait ces éternels candidats, ratés à tout métier, oisifs en perpétuelle attente de meilleures opportunités électorales ? 

    Faisant dans une nébuleuse volonté, sa propension de changement, il n’arbore qu’une démocratie circonstancielle dénuée de toute logique propre à un parti où le centralisme démocratique était une règle d’or. La probable défection collective des vrais militants, les opportunistes, les attentistes et la présence intense et dense des profiteurs sans idéologie ni cognition et dont l’unique but n’est autre que de continuer à se positionner dans un confort matériel singulier insistent pour jeter un regard sérieux et radical dans les entrailles du parti. La nouvelle direction reste tenue à apporter un rafraichissement, non seulement dans l’organisation territoriale des bureaux de Mouhafadha mais également dans l’esprit de ceux qui viennent s’enrôler. 

    Bouchareb ou un autre Secrétaire général sont dans le devoir moral et historique de redresser cette situation où règnent la rente, le carriérisme et l’entremise malsaine. Etre membre du bureau politique ou du comité central ne doit plus faire rire. Tellement pris en dérision, ce titre si peu ou prou noble dans le passé qu’il recommande à la direction centrale de penser à tracer des pré-requis, un canevas critériologique et de s’atteler dans le prochain congrès à réaménager les conditions y afférentes. Il doit émaner d’un parcours studieux, d’une aptitude à la réflexion, de stature, de forte dimension, de personnalité, de maturité politique le tout dans une envergure nationale. Il y lieu aussi de finir avec cet automatisme disant qu’un député est forcement membre du CC. Si l’on avait à citer des noms, wallah c’est le fou-rire qui prendra le dessus.                                      
    par El Yazid Dib                                                                                                               http://www.lequotidien-oran.com/?news=5269492