Suspiria - Official Trailer | Amazon Studios

?v=BY6QKRl56Ok

  • Je suis allé voir le #film Suspiria (2018) de Luca Guadagnino, avec Dakota Johnson et Tilda Swinton
    https://www.youtube.com/watch?v=BY6QKRl56Ok

    C’est évidemment le remake du Suspiria de Dario Argento (écrit avec Daria Nicolodi), de 1977 (avec Jessica Harper).

    Généralement je ne vais pas voir les remakes des classiques de l’horreur. J’ai l’impression que ça donne soit des copies plan par plan mais avec des effets numériques tape à l’œil, soit des outrances gore. Mais là, un remake de Dario Argento, j’avais envie de voir.

    Hé ben c’est pas mal du tout. Il y a une ambiance pesante tout le long, on est relativement surpris par les évolutions de la trame, et les actrices sont épatantes. Évidemment, Tilda Swinton (qui, je le découvre en regardant la fiche IMDB en sortant de la salle, joue aussi le vieux monsieur, ainsi que la mère Markos), pour te foutre les chocottes, tu peux pas te rater. (Je vois que Dakota Johnson et Tilda Swinton étaient déjà dans A Bigger Splash (2015) du même Luca Guadagnino. Pas encore vu.)

    C’est largement de l’horreur d’ambiance, mais fais gaffe quand même : le premier meurtre est long et pénible, et il y a quelques effets gore. Un peu comme Hérédité (2018) : de l’ambiance, mais quand c’est horrible, c’est horrible…

    Plutôt bonne idée d’ajouter des éléments de cadre historique à Berlin, avec la bande à Baader, des évocations de la guerre… c’est pas vraiment lourd, et ça donne un peu de fond à un scénario un peu con-con sinon (c’est des histoires de sabbat de sorcières, à la base).

    Musique de Thom Yorke (Radiohead). Ouaip. Et un cameo de Jessica Harper. Ouaip aussi.

    (En revanche, la programmation du Gaumont à Montpellier, je comprends pas : le film ne passe qu’une fois par jour, à 21h50.)

    • Du coup je me suis revu le Suspiria de Dario Argento (1977) :
      https://www.youtube.com/watch?v=5Y0EEqtWrJI

      Je vais commencer par préciser que Suspiria n’est pas mon Argento préféré : pour moi le chef-d’œuvre, c’est Profondo Rosso avec David Hemmings (1975). C’est beaucoup plus « tenu » et développé, et on y retrouve l’humour à la con d’Argento (après, Profondo Rosso est presque deux fois plus long ; alors forcément il y a le temps pour y mettre beaucoup plus de choses). Mais bon, Suspiria, c’est tout de même un de mes classiques.

      Ce qui est amusant, en revoyant l’original après le remake, c’est que les choix du second font ressortir les limites du premier.

      – Toute la fin est différente. Et ça donne du corps et des enjeux à l’anecdote (le « sabbat de sorcières », un peu con-con sinon). En gros, dans le film d’Argento, le pourquoi et les enjeux autour du personnage de Jessica Harper, il n’y en a pas vraiment.

      – Et justement, les personnages du premier film ne sont pas très développés. Jessica Harper, on ne sait pas trop son parcours. Et surtout, ses copines, c’est assez néantissime. Le personnage de Udo Kier, on se demande même ce qu’il fait là.

      – L’aspect surnaturel surgit dans la scène finale, et le mot « sorcières » est prononcé pour la première fois au bout d’une heure de film. Les meurtres sont plus ou moins réalistes, essentiellement au couteau (comme dans tout bon giallo). Ce sont les espèces de cris omniprésents dans la bande son qui signalent que ce n’est pas un simple polar ; c’est assez pénible du coup, la bande son en fait des caisses dans l’infernal – je ne parle pas de la musique des Goblin, ça curieusement je supporte assez bien –, pendant que le scénario joue sur l’incertitude. Du coup, pendant une heure on fait comme si c’était un thriller, pendant 20 minutes on introduit le thème des sorcières sur le ton de l’évidence, et dans les 3 dernières minutes on montre que c’est totalement surnaturel (mais avec des effets sonores omniprésents qui, eux, contredisent cette hésitation pour le « surnaturel »). Dans le remake, c’est assumé : le thème des sorcières et des 3 Mères est balancé dès le début, et le premier meurtre (long et pénible, comme je l’ai écrit ci-dessus) est explicitement surnaturel.

      – Comme le surnaturel ne vient que tardivement, il y a une « résolution » de type thriller/polar, classique d’Argento, avec une information incompréhensible montrée au début, dont l’héroïne se souvient et qu’elle ne comprend que plus tard dans le film. Ici c’est assez lourd, et pas franchement intéressant, avec les « 3 iris » et le « secret », qui ouvrent une porte dérobée : c’est donc juste une anecdote – pas le dévoilement de la raison de la folie meurtrière comme dans Profondo Rosso par exemple.