• Porte-paroles et silenciation des femmes.
    https://www.liberation.fr/checknews/2018/12/08/eric-drouet-benjamin-cauchy-et-christophe-chalencon-les-trois-gilets-jaun

    Inconnus il y a encore quelques semaines, certains de leurs visages sont maintenant sur nos écrans jour et nuit. Et leurs noms devenus familiers. D’autres n’ont fait qu’une seule apparition en tant que « porte-parole » des gilets jaunes, et sont retombés dans l’anonymat.

    Ces inconnu·Es retombé·es dans l’anonymat sont en particulier les femmes et les personnes racisées

    6) Priscillia Ludosky, l’initiatrice effacée (38 apparitions)
    C’est elle qui a lancé une pétition qui a aujourd’hui recueilli plus d’un million de signatures. Comme CheckNews l’expliquait, l’autoentrepreneuse a rapidement fait partie des premiers citoyens mobilisés, puisque c’est la médiatisation de sa pétition qui a lancé le mouvement. Au titre d’auteure de la pétition virale, Priscillia Ludosky est qualifiée de « porte-parole » dès le 26 novembre, où elle est elle aussi annoncée comme l’une des huit représentants officiels. C’est dans ce contexte qu’elle se rend au ministère de l’Ecologie le 27 novembre, en compagnie d’Eric Drouet. Cet événement permet à la jeune femme de prendre la parole, en duplex sur BFMTV après son entretien avec le ministre François de Rugy. La séquence est largement rediffusée sur la chaîne par la suite.

    Même si elle est mentionnée régulièrement, Priscillia Ludosky disparaît ensuite complètement des médias. Les 38 apparitions recensées consistent en fait en des rediffusions de son rendez-vous au ministère, et des rediffusions d’anciennes apparitions. Cette dernière n’intervient sur aucun plateau, a contrario de son acolyte Eric Drouet. Seules trois de ses 36 interventions sur BFM sont inédites. Un autre gilet jaune, Jean-François Barnaba, confiait ainsi à Libé il y a quelques jours n’avoir « plus de nouvelle » : « Personne n’arrive à la joindre. Certains disent qu’elle est à l’étranger, au Canada je crois. » Une hypothèse que CheckNews, qui n’arrive plus non plus à la joindre depuis plusieurs semaines, n’a pas pu vérifier.

    Mais Priscillia Ludosky continue toutefois de publier sur Facebook. Le Parisien rapporte ainsi que : « En lien étroit avec plusieurs autres leaders de la mobilisation, elle publie ce jeudi [6 décembre] un sondage pour soumettre aux internautes quatre revendications à défendre dans le futur. »

    L’historique a aussi la dent dure contre certains squatteurs de plateaux. Le 4 décembre, dans un communiqué publié sur le réseau social, elle déplorait ainsi : « Certains, soi-disant concernés par la situation en tant que citoyens en colère, ne nous ont jamais contactés pour aider de quelque manière que ce soit, et font tout de même le tour des médias pour parler et même négocier au nom des gilets jaunes. Et à bras ouverts, ils sont accueillis par les médias ». Sans préciser qui elle visait, mais attaquant aussi les médias, coupables d’inviter « des personnes controversées, qui défendent leurs intérêts personnels. »
    7) Jacline Mouraud, la revenante (37 apparitions)

    Très largement médiatisée au début du mouvement, Jacline Mouraud est complètement absente des chaînes étudiées du 25 novembre au 2 décembre. Celle qui fut qualifiée « d’égérie » des gilets jaunes avant de s’évanouir (du corpus analysé) réapparaît ce jour-là, à l’occasion de la publication de la tribune qu’elle a cosignée avec, notamment, Christophe Chalençon et Benjamin Cauchy. Le retour de Jacline Mouraud, décrite comme l’une des leaders des « gilets jaunes libres » ou modérés, est une véritable percée médiatique : en cinq jours, elle apparaît à 37 reprises. 22 de ses 35 interventions sur BFM sont des rediffusions. Néanmoins, depuis qu’elle a déclaré, avec Benjamin Cauchy, avoir reçu des menaces de mort, sa présence se manifeste presque exclusivement à travers des duplex, comme ce fut le cas par exemple sur France 2, pendant son émission spéciale.

    14) Marine Charette-Labadie et Laetita Dewalle : 9 apparitions chacune

    Sur 40 porte-parole seulement 4 femmes, qui « s’évanouissent » ou « disparaissent complétement des médias ».