Honneur aux lycéens | Le Club de Mediapart

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    https://blogs.mediapart.fr/laurence-de-cock/blog/081218/honneur-aux-lyceens

    Les images de l’arrestation de 150 jeunes à Mantes resteront. Elles sont indélébiles. C’est ce qu’ont souhaité ceux qui les ont sciemment filmées et diffusées. Grand bien leur en fasse ; ces images les salissent à jamais tout comme elles salissent ceux qui les ont soutenues et justifiées. Mais, plus grave, les faits eux resteront marqués dans la tête de ces enfants à genoux, mains sur la tête, humiliés comme jamais. Les faits laisseront des traces dont nous ne mesurons pas l’ampleur et les effets. En attendant Les lycéennes et lycéens en manifestation ont préféré détourner le symbole pour le renvoyer à la laideur des visages haineux de la République. On l’a dit souvent, la jeunesse est belle. Hier, ils ont crié leur fierté en reprenant la libre possession de leurs gestes : à genoux, mais debout, leur dignité jetée à la face de leurs bourreaux.

    Et pourtant nous sommes nombreuses et nombreux – et je crois même que nous sommes une grande majorité – à ne pas supporter que l’on court-circuite notre fragile tâche par des excès d’autoritarisme et de répression bien burnée. Nous ne le supportons pas car elle nous humilie à notre tour. Et la petite phrase du vidéaste amateur en témoigne : « Voilà une classe qui se tient sage, je pense qu’ils n’ont jamais vu ça, on va faire voir ça à leurs profs ». Ils ont donc aussi voulu s’adresser à nous, et nous faire prendre la mesure de leur efficacité à soumettre nos élèves comme des criminels, menottés, face au mur, sommés de regarder droit devant ». IIs ont cru sans doute que nous allions applaudir, remercier, fondre en larmes de gratitude. Mais c’est toute une profession qu’ils ont piétinée. Nous n’oublierons pas non plus.

    Maintenant c’est l’ensemble de la jeunesse qui est en ligne de mire, et ce depuis plusieurs années. Peut-être depuis ce jour, sous le gouvernement Valls, où des lycéens de 15 ans ont été violemment frappés devant leur lycée (Bergson) au début du mouvement contre la loi travail. Aujourd’hui donc ce sont nous, les enseignants qui croyons en l’intelligence de nos élèves et qui les formons quotidiennement aux valeurs de la démocratie, qui sommes montrés du doigt comme les nouveaux cracheurs de feu de la République. Il faudrait dissuader les jeunes de s’organiser, de manifester. Mais depuis quand sommes- nous devenus les gardiens d’une démocratie qui ne serait que des incantations vides ? Peut-être depuis que l’institution a décidé de pilonner elle-même tous les espaces d’une possible conscientisation politique de la jeunesse : à commencer par des salles dans les lycées pour accueillir les AG ; mais en passant aussi par la suppression de programmes soucieux de pluralisme et des apports des sciences sociales : en Sciences économiques et sociales, en histoire et géographie par exemple.

    #Education #Société_contrôle

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    https://blogs.mediapart.fr/laurence-de-cock/blog/081218/honneur-aux-lyceens

    Qui n’est pas enseignant ne peut mesurer l’effroi que ces images de Mantes produisent chez nous qui accompagnons les jeunes quotidiennement dans l’apprentissage de savoirs critiques, émancipateurs. Nul angélisme ici, des élèves violents, décrocheurs, insaisissables, nous en avons tous eus. Nous avons connu les classes revêches, le sentiment d’impuissance et d’inutilité qui submergent l’enseignant dépassé par la tâche. Et pourtant nous sommes nombreuses et nombreux – et je crois même que nous sommes une grande majorité – à ne pas supporter que l’on court-circuite notre fragile tâche par des excès d’autoritarisme et de répression bien burnée. Nous ne le supportons pas car elle nous humilie à notre tour. Et la petite phrase du vidéaste amateur en témoigne : « Voilà une classe qui se tient sage, je pense qu’ils n’ont jamais vu ça, on va faire voir ça à leurs profs ». Ils ont donc aussi voulu s’adresser à nous, et nous faire prendre la mesure de leur efficacité à soumettre nos élèves comme des criminels, menottés, face au mur, sommés de regarder droit devant ». IIs ont cru sans doute que nous allions applaudir, remercier, fondre en larmes de gratitude. Mais c’est toute une profession qu’ils ont piétinée. Nous n’oublierons pas non plus.