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  • Roblox : le jeux vidéo qui va renverser Minecraft et enrichir les ados
    https://www.ladn.eu/media-mutants/case-study-media/roblox-jeux-video-renverser-minecraft-enrichir-ados

    Imaginé par David Baszucki, un ingénieur de Standford qui a débuté sa carrière en créant des logiciels de simulation de physique, Roblox avait au départ un objectif éducatif. Comme il l’explique à Forbes, « il s’agit d’une plateforme gratuite qui s’inspire de Lego, des Sims et qui donne aux enfants un espace unique ou ils peuvent construire, programmer et distribuer leurs jeux à leurs amis. »

    La guerre des clones

    Et des jeux, il y en a à foison dans Roblox. Plus de 56 millions de titres sont proposés en tout, même si la plupart d’entre eux sont des clones qui ne font que changer de texture. On y trouve des courses d’obstacle, de l’exploration de maisons hantées, des jeux de gestion comme les Sims, des chasses au trésor ou des aventures spatiales. Pour les choisir, les joueurs accèdent à une page d’accueil semblable à celle d’un réseau social simplifié. D’un côté, on y trouve un onglet « amis » sur lequel on peut se connecter avec ses copains situés à proximité ou bien discuter avec d’autres joueurs croisés au hasard dans Roblox. De l’autre, se trouvent les différents titres classés à l’aide d’un algorithme de recommandation. Il s’agit là de la véritable force de Roblox qui ne propose pas seulement un seul type d’amusement, mais bien toute une palette de loisirs accessibles en un clic.

    Et à la fin... c’est la monnaie qui dirige le monde

    Mais le véritable atout de Roblox, c’est sans doute la « carotte » qui encourage les utilisateurs à créer leur propre jeu. Alors que les fans de Minecraft collaborent ensemble « pour le plaisir », les créateurs made in Roblox sont rémunérés pour leur travail. Pour chaque contenu mis en ligne, la plateforme verse une monnaie virtuelle appelée Robux. C’est autour d’elle que tourne véritablement l’univers de la plateforme.

    Les Robux permettent d’acheter des skins qui changent l’aspect du personnage, des armes et des bonus. Certains créateurs peuvent même rendre leurs jeux « payants » en instaurant un petit péage à l’entrée. Grâce aux microtransactions, de nombreux enfants utilisent les cartes bleues de leurs parents pour acquérir des Robux et améliorer leur expérience de jeu. Mais à partir de 100 000 Robux, il est aussi possible d’échanger cette monnaie contre de vrais dollars (350 dollars, selon le cours actuel).
    Roblox, un vivier de (très) jeunes entrepreneurs

    Avec cette stratégie, certains adolescents sont carrément devenus des game designers professionnels sur la plateforme.

    #Roblox #Travail_clic

  • Plongez dans le web d’après avec Roblox - L’ADN
    https://www.ladn.eu/media-mutants/plongez-dans-avenir-web-roblox

    115 millions d’utilisateurs, près de 30 milliards de valorisation boursière, 20 millions de jeux... et pourtant vous ne connaissez pas Roblox ! Normal, la plateforme s’adresse avant tout aux moins de 15 ans. Et s’impose comme la version bêta du Web d’après. Cours de rattrapage. Indispensable.

    Aujourd’hui, Roblox fait partie de ces nouveaux géants de la Toile qui cassent tous les records et qui, pourtant, n’intéressent que deux types de population. Les moins de 15 ans qui aiment vivre une vie d’avatar déguisé en elfe. Et les VC, investisseurs de startups qui hument dans les courbes exponentielles l’odeur du succès international. Pour tous les autres, il n’est pas encore trop tard pour vous intéresser à Roblox. Pourquoi ? Parce que Roblox est certainement le phénomène qui explique le mieux à quoi ressemblera le « Web d’après ». Et pas seulement pour les elfes.

    ROBLOX, C’EST LE NETFLIX DES JEUX VIDÉO

    Roblox est donc une entreprise de jeux vidéo. OK. Mais contrairement à tous les autres géants de ce secteur, il ne crée pas de jeux. Il se contente de proposer une plateforme pour y accéder. Quand on se connecte sur le site de Netflix, on trouve des films, des séries et des docus. Eh bien ! Quand on se connecte à Roblox, on trouve des jeux. Beaucoup de jeux. Plus de 20 millions de jeux. Et tous créés par des utilisateurs de Roblox. Ici, pas besoin d’un abonnement. Tout est gratuit – au départ. La seule contrainte : créer son avatar – lui trouver un nom, composer son look. Vous apprendrez à vivre votre vie numérique sous la forme d’un petit personnage – qui ressemble grosso modo à une figurine LEGO, et avec lui, vous pourrez passer d’un jeu à l’autre. Sous cette apparence, et avec des oreilles d’elfe si vous le voulez, vous pourrez devenir un pro du business de la pizza, tenter de vous évader d’un labyrinthe, ou faire de la plongée sous-marine. Vous êtes désormais entré dans l’univers Roblox.

    ROBLOX, C’EST LE FACEBOOK DES MÉTAVERS

    Comme Facebook, Roblox fait partie de la promo 2004. Cette année-là, les jeunes pousses jetaient les bases du Web social : Internet allait devenir ce lieu d’interactions où chacun allait pouvoir produire, partager des contenus et commenter ceux des autres. Tout le modèle de Roblox repose encore sur ces dynamiques. Comme Facebook. C’est même là sa botte « secrète ». Les jeux sur Roblox sont tous décrits comme des « bacs à sable » (« sandboxes », en anglais). Les gameurs viennent y construire leurs mondes virtuels que d’autres joueurs peuvent venir visiter. Ici, on n’est pas chez Super Mario, il n’y a pas de scénario pré-écrit, chacun peut imaginer ses propres histoires. C’est ça qu’on appelle un « métavers ». Ce mode de jeu a une conséquence directe : on n’y vient jamais seul. « Le potentiel de Roblox découle de la compréhension profonde par ses dirigeants de notre besoin humain viscéral de nous connecter, de créer et de vivre des choses ensemble », s’émerveille encore Neil Rimer.
    Sur Roblox, les utilisateurs écrivent leurs propres scénarios. © Broblox sur Youtube

    Comme sur Facebook. Sans doute. Mais beaucoup plus que sur Facebook, aussi. Car une expérience de jeu sera toujours beaucoup plus impliquante, beaucoup plus riche, beaucoup plus mémorable que n’importe quel fil d’actualités. « Roblox a ouvert une porte dans l’imaginaire collectif du monde et nous a tous invités à l’intérieur », conclut Neil Rimer.

    #Roblox #Métavers #Réalité_virtuelle

  • Comment la géolocalisation des enfants est devenue un devoir parental
    https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/geolocalisation-enfants-devoir-parental

    Avec la généralisation des outils de surveillance destinés à la sphère domestique, la géolocalisation des enfants s’est imposée comme un nouveau geste éducatif.

    « Imaginez un monde où les enfants auraient la liberté de rester des enfants, un monde où nous pourrions nous assurer à tout moment qu’ils sont en sécurité... ». C’est par ces mots que Kiwip Watch, une montre connectée pour enfant qui lui permet non seulement de passer quelques coups de téléphone et suivre son activité physique, mais aussi, et surtout, qui offre à ses proches la possibilité de le géolocaliser à tout moment.

    Pour Yann Bruna, les motivations des parents sont plus complexes qu’ils ne le prétendent. « La géolocalisation correspond à l’extension d’une surveillance parentale qui s’exerce depuis l’intérieur du domicile vers l’extérieur, explique-t-il. On met en avant le fait que les enfants peuvent joindre leurs parents quand ils veulent avec le smartphone ou la montre connectée, mais c’est surtout l’inverse qui se passe. L’adolescent doit pouvoir rester joignable à tout moment. Dans ce cadre, la géolocalisation devient une réponse quand les jeunes se montrent indisponibles. »
    Grandir en étant surveillé

    Pour beaucoup de parents, l’existence des technologies de surveillance est une raison suffisante pour l’utiliser. Concrètement, « si on peut le faire, alors on le fait ». Mais quand on pousse la réflexion autour de ces nouveaux usages, notamment d’un point de vue éthique, les avis sont plus partagés. Certains parents incluent cette surveillance dans l’achat d’un smartphone avec la promesse de ne l’utiliser « qu’en cas de problème ». D’autres, comme Justine, se plient au jeu de la surveillance réciproque, indiquant que ses filles peuvent aussi accéder à la géolocalisation de son portable via la tablette familiale.

    Cette acceptation de la surveillance, Yann Bruna la confirme dans ses travaux de recherche. « C’est souvent le cas chez les jeunes filles qui ont intériorisé un besoin de sécurité et de réassurance dans un espace urbain possiblement dangereux, explique-t-il. Avec la géolocalisation, les enfants comme les parents ont l’illusion de pouvoir se soustraire à ce potentiel danger. D’autres adolescents que j’ai interrogés voient aussi cette surveillance comme une pratique infantilisante, voire un échec de la parentalité. Certains ados m’expliquaient qu’ils ne feraient pas ça avec leur propre enfant. » Le chercheur ajoute toutefois qu’il est devenu difficile de se soustraire à ces pratiques. « Quand les jeunes arrivent à la fin de l’adolescence, ils restent généralement dans le carcan de la géolocalisation. Ce ne sont plus leurs parents qui les surveillent, mais leurs amis ou leurs compagnons de vie.

    #Géolocalisation #Surveillance #Enfants

  • Après le rachat d’Elon Musk, la semaine de l’enfer sur Twitter
    https://www.ladn.eu/media-mutants/apres-rachat-elon-musk-semaine-enfer-twitter


    Dessin de Sié pour #Urtikan.net
    https://www.urtikan.net/dessin-du-jour/le-milliardaire-elon-musk-a-pris-le-controle-de-twitter

    La semaine qui a suivi l’annonce officielle du rachat de #Twitter par Elon Musk vous a semblé chaotique et confuse ? On récapitule les points clés.

  • Pourquoi accepte-t-on de payer pour être surveillé par Amazon ?
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/payer-cher-pour-etre-traque-lautre-face-des-technologies-de-surveillance

    Les produits qui traquent nos faits et gestes intimes se multiplient. La surveillance de luxe est un marché, et nous adorons nous y adonner. Explications.

    Fin septembre, Amazon présentait Halo Rise, un réveil-lampe de chevet connecté à la forme ronde et à la lumière douce, bientôt disponible à la vente aux États-Unis. Pour 139 dollars, l’appareil peut suivre votre respiration, les mouvements de votre corps, la température de la pièce et sa luminosité. Le tout est connecté à une application calculant votre « score de sommeil » et affiche des graphiques détaillés de la manière dont se déroulent vos nuits. À partir de ces données, Halo vous fait ses recommandations pour un sommeil apaisé. Précisons qu’il faut payer 4 dollars en plus chaque mois pour s’abonner à l’application après un essai gratuit de quelques mois – compris dans l’achat du réveil.

    Halo Rise est le dernier né d’une offre déjà bien fournie de gadgets conçus pour surveiller notre vie quotidienne. Leur prix oscille entre un peu moins de cent euros à près de mille (pour la dernière version de l’Apple Watch Ultra, notamment équipée de son « GPS double fréquence haute précision », et de ses capteurs de température et d’oxygène dans le sang). Tous ces objets qui traquent nos pas, contrôlent notre rythme cardiaque, analysent nos performances physiques, géolocalisent nos enfants, surveillent nos animaux, filment notre maison... forment ensemble un nouveau marché que le média Real Life Mag a baptisé la « surveillance de luxe ».

    #Surveillance

  • L’algorithme de TikTok peut-il prédire votre avenir ?
    https://www.ladn.eu/media-mutants/reseaux-sociaux/algorithme-tiktok-predire-avenir

    ❝Dans la partie de TikTok réservée aux adeptes du New Age, cette idée selon laquelle l’algorithme serait une force spirituelle qui délivre des messages aux utilisateurs aux bons moments est devenue une sorte d’évidence. Beaucoup d’influenceurs démarrent leur vidéo en déclarant : « Si tu es tombé sur cette vidéo, c’est qu’elle t’était destinée. Arrête de scroller et écoute ce que j’ai à te dire ». Pour les adeptes des lois de l’attraction, cette idéologie selon laquelle l’univers se plie à nos pensées, alors il existe une certaine logique : l’algorithme de TikTok reflétant notre personnalité pourrait répondre à nos envies ou à nos interrogations. De manière plus prosaïque, l’application aurait tout un tas d’outils pour viser juste et vous donner la bonne info au bon moment.

    La chose est connue : tous les utilisateurs débutants commencent avec la même expérience sur TikTok. Les premières vidéos qui apparaissent sont issues de comptes possédant énormément d’abonnés et présentant toujours un contenu semblable. Il faut passer les vidéos de jeunes femmes qui se dandinent ou de pranks filmés en accéléré pour que TikTok commence à proposer du contenu plus spécifique. C’est notamment le watch time (le fait de regarder la vidéo jusqu’au bout) et notre engagement (le fait de liker, partager ou commenter la vidéo) qui va donner des indices à l’algorithme. Il va pouvoir déterminer ce qui nous fait rester ou partir d’une vidéo. Si vous êtes un utilisateur de longue date, il est d’ailleurs facile de repérer les moments où la plateforme vous propose un nouveau type de contenu susceptible de vous plaire.

    Le reste tient aussi d’une part de suggestions et d’interprétation. Comme dans les arts divinatoires, chacun peut interpréter les hasards et autres coïncidences comme des messages de l’univers.

    Reste à convenir que TikTok est une application littéralement à votre écoute. Depuis 2020, on sait que la plateforme peut activer le microphone des smartphones même quand vous n’êtes pas en train de scroller les vidéos. Les utilisateurs d’iPhone sont protégés, mais ceux qui sont sur Android sont donc susceptibles d’être enregistrés à leur insu. Et ce n’est pas tout. TikTok utilise aussi ce qu’on appelle des traqueurs tiers qui renseignent l’entreprise sur votre activité en ligne hors de son application. D’après un rapport du site URL Genius, 13 traqueurs sur les 14 que compte TikTok enregistrent vos recherches Google, votre localisation, etc. Quand on comprend à quel point chaque utilisateur est espionné par l’application, alors la magie tend légèrement à disparaître. "

    #RéseauxSociaux #TikTok #Algorithme #DonnéesPersonnelles #Numérique

  • Quels sont les sites web les plus visités dans le monde ?
    https://www.ladn.eu/media-mutants/reseaux-sociaux/sites-web-visites-dans-le-monde

    On l’aurait presque oublié, tant la place des réseaux sociaux a pris de l’importance. Mais le web est constitué avant tout de sites que des milliards de personnes visitent chaque jour. Et contrairement à ce qu’on peut penser, « tout le monde » n’est pas sur Facebook. Une étude de l’hébergeur en ligne Hostinger montre d’ailleurs que les internautes de par le monde n’ont pas les mêmes priorités. En excluant de leur analyse Google, YouTube et Facebook sur lesquels les internautes passent entre 213 et 44.6 milliards d’heures par an, l’étude met en avant des usages bien plus précis et culturellement orienté. Que nous apprend cette carte ?

    #SNT #Internet #Web #Recherche #Culture #NSI

  • Un site de partage de mèmes pourrait-il détrôner le journal de 20 heures ?
    https://www.ladn.eu/media-mutants/un-site-de-partage-de-memes-pourrait-il-detroner-le-journal-de-20-heures

    Viralité, sérialité, attachement cognitif et affectif... L’hyper narrativité est une forme de fast foodisation de l’information. D’abord, ce sont des récits qui se déroulent sur plusieurs plateformes, en même temps, ce qui va accélérer leur circulation. Ensuite, ils vont fonctionner comme une série, en saucissonnant leur histoire en plusieurs petites parties. On les suit comme on mange un paquet de chips : en petite quantité, mais sans arrêt. Cela provoque un attachement affectif et cognitif maximum proche de l’addiction.

    #EMI #Information #Médias

  • Conspirationnisme, comment pouvons-nous en sortir ?
    https://www.ladn.eu/media-mutants/le-conspirationnisme-empeche-de-creuser-les-vrais-sujets-et-fait-perdre-beaucou

    Les gens sont traversés par des affects qui leur donnent envie d’une certaine forme de justice. Elle est sans doute mal formulée, mais les constats qu’ils tirent sont parfois justes : les labos pharmaceutiques qui sont à l’origine de scandales sanitaires sont toujours là. Il n’y a pas eu de réformes profondes du système. Le vrai problème de l’expression de leur défiance, c’est qu’elle est posée en terme mythologique et non en terme politique, ce qui empêche justement de faire progresser les sujets. En fin de compte, le conspirationnisme est l’agent ultime du statu quo. Il désigne, par exemple, les responsables comme des personnages intouchables et surpuissants. Quand vous décrivez Bill Gates comme un sataniste qui peut vous injecter une puce 5G pour vous contrôler à distance, votre problème devient insoluble. Pourtant il y aurait des sujets à débattre concernant Bill Gates : son rapport à la propriété intellectuelle, son poids considérable dans le budget de l’OMS, les problèmes de géopolitique qu’il soulève avec sa fondation... Mais pour traiter ces problèmes, il faut faire un travail citoyen et collectif. En bref, les théories conspirationnistes empêchent de creuser les vrais sujets et font perdre beaucoup d’énergie à la société.

    #Infox #Information #Désinformation #EMI #Médias #EMC

  • Tendance tourisme, sommes-nous tous des touristes comme les autres ?
    https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/all-inclusive-vs-back-packers-sommes-nous-tous-des-touristes-comme-les-autres

    Ce qui est étonnant avec le terme « touriste » , c’est que comme « bobo » ou « beauf » ou même « woke » , il n’est utilisé que pour désigner l’autre. De manière péjorative dans la plupart des cas. Personne ne se qualifie lui-même de touriste. Les gens vont décrier un lieu en disant qu’il est « plein de touristes » , se considérant comme différent, souvent au-dessus de cette masse. Pourtant, si tu te retrouves sur une plage de Thaïlande avec d’autres gens en maillot de bain, il y a zéro chance que tu ne fasses pas partie de cette « masse » justement. Qu’est-ce qui te différencie des autres, hormis que c’est toi qui parles ? Le fait que tu sois venu plus longtemps, ou que tu ne tombes pas dans les « pièges à touristes » ne change pas grand-chose. Or, cette distorsion fait qu’on a du mal à prendre conscience des problèmes liés au tourisme, car on ne fait pas partie du problème, on a toujours l’impression d’être à part et que pour nous c’est différent. « Voyager hors des sentiers battus » , c’est bien beau, mais globalement ce n’est qu’une autre forme de tourisme. À quelques exceptions près, la différence entre tourisme et voyage n’existe plus.

    #Tourisme #Voyage

  • Moi, journaliste fantôme au service des lobbies… - Journal Fakir
    https://www.fakirpresse.info/moi-journaliste-fantome-au-service-des-lobbies

    Pourtant, au fil des mois, on propose d’augmenter ma rémunération. Je suis un bon producteur de désinformation, le parfait bras armé (d’un stylo) des lobbyistes. Je n’ai même pas à réclamer  : de 60 euros l’article, je passe à 70, 80 puis 90 euros. Et au bout de quelques années, je n’écris pas pour moins de 110 euros. Pour les sujets un peu techniques, les tribunes et les urgences, allez, ça peut aller jusqu’à 200 euros.

    Je peux écrire sur n’importe quoi, de n’importe où et à n’importe quelle heure, avec une simple connexion internet. Pas besoin de me déplacer pour interviewer, encore moins pour enquêter, ni même de décrocher le téléphone. Pensez-vous... Tout cela, pour moi, est devenu beaucoup plus rentable que mes collaborations avec des magazines, les vrais. Pourtant, je veux arrêter de bosser pour l’agence fantôme. Mais difficile de dire non à cet argent facile. Certains mois, leurs commandes représentent jusqu’à la moitié de mes revenus. La famille s’est agrandie, c’est pas le moment de se serrer la ceinture.

    Pourquoi ces articles sont ils aussi bien payés, d’ailleurs ?
    J’ai la réponse chaque jour, quand je les retrouve en tête des résultats sur Google Actualités. C’est précisément l’objectif recherché par leurs commanditaires  : abreuver internet de contenus flatteurs ou complaisants pour leurs clients afin d’influencer l’opinion publique, de faciliter leurs affaires ou de taper sur un concurrent. Un incendie à la centrale nucléaire de Flamanville, en Normandie, fait les gros titres dans les médias ? On me commande en urgence une série d’articles pour souligner la sûreté des installations nucléaires en France, la rigueur des contrôles et la fiabilité de la sous traitance. Comme un pompier qu’on appelle pour éteindre l’incendie.

    #media #in-faux-rmation #manipulation #mensonge #lobbying

    • énorme !

      Note de la rédaction : On s’est rendu compte, peu après la parution de l’article dans notre édition papier (Fakir n° 103) que iStrat, l’agence de lobbying numérique, a été codirigée de juin 2013 à 2014 par… Olivia Grégoire , l’actuelle porte-parole du gouvernement !

    • C’est dingue !

      Plongée au coeur d’ #iStrat, manipulateur de Wikipedia et des sites #médias

      A l’occasion de l’OPA pour le contrôle du Club Med, le JDN a révélé une campagne de dénigrement sur Internet visant le financier Andrea Bonomi. Voici les coulisses de cette fabrique de l’intox version numérique.

      https://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/1148396-plongee-au-coeur-d-istrat-manipulateur-de-wikipedia-et-des-sit

      #Olivia_Grégoire

    • Opération intox : une société française au service des dictateurs et du CAC 40

      Une enquête de Mediapart raconte l’une des plus grandes entreprises de manipulation de l’information intervenue en France ces dernières années. Plusieurs sites participatifs, dont Le Club de Mediapart, en ont été victimes. Au cœur de l’histoire : une société privée, Avisa Partners, qui travaille pour le compte d’États étrangers, de multinationales mais aussi d’institutions publiques.

      Pendant six ans, Julien* a travaillé dans la plus grande confidentialité. Il n’a jamais vu ses supérieurs, tous anonymes. Lui-même se cachait derrière une dizaine de pseudonymes pour ne pas être identifié. Mais le jeu en valait la peine, dit-il : il y avait pas mal d’argent facile à se faire, et rapidement. Julien n’était ni un narcotrafiquant ni un vendeur d’armes.

      Il manipulait des informations.

      Jusqu’au jour où il a pris la plume pour raconter son histoire. Dans les colonnes du trimestriel Fakir, Julien a expliqué par le menu, début juin, les coulisses édifiantes de sa mission. La raison ? L’entreprise pour laquelle il travaillait lui a demandé d’écrire sur le journal du député François Ruffin (La France insoumise – LFI), dans lequel, hasard, Julien compte un ami cher.

      C’en était trop. Il décide de tout arrêter, de dénoncer les pratiques de son employeur et d’aider la presse à enquêter. Son récit, enrichi d’autres témoignages et de nombreux documents recueillis par Mediapart, permet aujourd’hui de révéler l’une des plus grandes entreprises de manipulation de l’information intervenue en France ces dernières années.

      Derrière ces pratiques se trouve une société d’intelligence économique et de cybersécurité inconnue du grand public, baptisée Avisa Partners, mais l’une des plus réputées de la place de Paris. Elle rachète à tour de bras des acteurs phares du secteur et valorise son activité à près de 150 millions d’euros.

      Co-organisatrice avec la gendarmerie nationale du Forum international de la cybersécurité (FIC), le principal événement européen sur les questions de la sécurité et de confiance numérique, Avisa Partners rassemble – ou a rassemblé – en son sein des figures du renseignement, du monde des affaires, de la politique ou de la diplomatie : l’ancien chef des services secrets intérieurs Patrick Calvar, l’ex-numéro 2 du Quai d’Orsay Maurice Gourdault-Montagne, l’actuelle porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire ou l’ancienne plume d’Emmanuel Macron à l’Élysée Sylvain Fort (voir leurs réactions en fin d’article)...

      Codirigée par un proche de Sarkozy et de Zemmour, Arnaud Dassier, et le fils d’un ancien directeur d’un service de renseignement militaire, Matthieu Creux, la société Avisa Partners s’est notamment spécialisée dans la vente d’influence médiatique et numérique à ses clients. Parmi eux, on trouve de très riches particuliers, des institutions publiques, de grandes entreprises et des régimes étrangers.

      En 2020, le fondateur d’Avisa, Matthieu Creux, détaillait au magazine Causeur une partie de son impressionnante clientèle : Interpol, le Ghana, la Côte d’Ivoire, Saint-Marin, le Togo, la Commission européenne, le ministère des armées, BNP Paribas, la Société générale, le Crédit agricole, la Banque Palatine, Axa, CNP Assurances, Engie, EDF, Total, L’Oréal, LVMH, Chanel, Carrefour, Casino, etc.

      Des documents internes à Avisa, obtenus par Mediapart, montrent aujourd’hui une palette plus vaste encore de « clients étatiques », dont certains pays qui sentent le soufre. Cela concerne par exemple l’« e-réputation » (réputation sur Internet) de la présidence du Congo-Brazzaville, dirigé depuis des décennies d’une main de fer par le dictateur Denis Sassou Nguesso, l’autocratie du Kazakhstan, en Asie centrale, pour l’organisation d’une exposition internationale, la pétromonarchie du Qatar pour la promotion de ses investissements en Europe et du Mondial 2022, le Tchad pour la valorisation des réformes économiques du dictateur Idriss Déby, la société nationale pétrolière du Venezuela contre les sanctions américaines qui la visent.

      Mais aussi le géant russe de l’aluminium Rusal pour diverses opérations de lobbying, la multinationale pharmaceutique et agrochimique Bayer pour la publication de contenus sur les réseaux sociaux afin de « contrer l’activisme anti-OGM » ou l’avionneur Airbus.

      Pour certains de ces clients, auxquels ils proposent du « online advocacy » (comprendre de l’influence numérique), Avisa et ses partenaires ont rodé une stratégie très particulière : l’infiltration, sous de fausses identités, d’espaces de discussion participatifs sur des sites de médias plus ou moins réputés – les pages débats de L’Express, du Huffington Post, les sites Agoravox et Contrepoints –, mais aussi Le Club de Mediapart, dans le but d’en faire des lieux de propagande qui ne disent pas leur nom.

      Les lectrices et lecteurs pensent lire le texte spontané et désintéressé d’un citoyen indigné, de la responsable d’une ONG, d’un chercheur aguerri, d’un opposant politique ou d’un cadre dirigeant d’une grande entreprise. En fait, il n’en est rien. Tout est savamment mis en scène dans le seul but de répondre à la commande d’un client, prêt à chèrement payer un tel service.

      Plusieurs anciens salariés d’Avisa rencontrés par Mediapart expliquent que l’objectif est variable : obtenir un bon référencement pour les sujets donnés sur Google News ou, plus prosaïquement, laisser une trace numérique positive ou négative, selon la commande, même infime, même peu commentée. Mais multiplié de blog en blog, de fausse identité en fausse identité, l’effet recherché peut être atteint, comme une goutte de poison qui se répandrait dans un organisme.

      Selon les situations, cela peut permettre de noircir la réputation d’une entreprise concurrente au moment d’un appel d’offres ou, pour un régime autocratique, de faire croire à l’existence d’informations gênantes sur un opposant et de lancer grâce à cela la machine infernale des réseaux sociaux et/ou de la presse locale affidée au régime.

      Mais la tentative de manipulation se retourne aujourd’hui contre ceux qui ont pensé pouvoir avancer masqués. Après une enquête interne, menée à partir de plusieurs données consolidées, Mediapart a pu identifier dans son espace participatif ouvert aux lectrices et lecteurs (Le Club) 634 « faux » billets de blog, rattachés à plus de 100 profils. Tous ces contenus ont depuis été supprimés par les équipes du Club de Mediapart, qui s’en expliquent dans un billet accompagnant cet article.

      Questionné par Mediapart, Avisa Partners estime que l’on « présente comme “manipulation de l’information” une activité qui est en réalité une prestation d’accompagnement ou de mobilisation qui permet à [ses] clients de contribuer légalement et utilement au débat public ».

      Par la voix de son cofondateur Arnaud Dassier, la société insiste sur le fait qu’il s’agit, selon lui, de « contenus sourcés et objectifs, parfois d’opinion, mais jamais mensongers et diffamatoires ». Il ajoute enfin que son entreprise « ne dispose pas d’équipes de production éditoriale et ne s’occupe pas des publications en ligne », renvoyant vers l’un de ses prestataires (lire l’ensemble des réponses en annexes).

      Également sollicité, aucun des clients d’Avisa pour lesquels nous avons identifié des contenus favorisant leurs intérêts n’a voulu nous dire quel était son degré de connaissance des méthodes employées.

      Publiés entre 2015 et 2020, ils portaient sur des thèmes aussi variés que l’actualité de la première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Nouvian-Ouattara – une cliente de l’entreprise depuis juin 2011, selon nos informations –, un conflit entre le Qatar et les Émirats arabes unis, ou les nouvelles technologies développées par EDF.

      Julien est lui-même l’auteur de certains de ces contenus. « Mes supérieurs me donnaient le sujet de l’article à écrire, il fallait qu’il aille dans le sens du client, tout en ayant l’apparence d’une certaine neutralité », témoigne le jeune homme, qui a ainsi répondu à plus de 600 commandes en six ans.

      Dans les colonnes du Club de Mediapart, comme dans les autres espaces participatifs de sites français ou étrangers, Julien n’est jamais apparu sous sa vraie identité quand ses articles ont été publiés. Il s’est toujours caché derrière de faux profils, dont les noms, photographies et biographies ont été inventés de toutes pièces.

      Julien n’avait pas la main sur cette partie des opérations. Ainsi, le rédacteur s’est transforme tour à tour en « Matthieu Guérin », un « consultant en énergies renouvelables », ou en « Yann Delannoy », décrit dans sa biographie comme un « empêcheur de tourner en rond ». Il a pu ainsi remonter le fil d’une douzaine de fausses identités qui lui ont été accolées.

      Mais parfois, le jeune homme écrit aussi pour le compte de personnes bien réelles. En novembre 2015, Julien doit ainsi rédiger une recension sur les « efforts entrepris par le Gabon dans la perspective de la COP21 », selon la commande qu’il reçoit par mail.

      Dix jours plus tard, son donneur d’ordre revient à la charge après l’envoi d’une première version : « Le client vient de nous envoyer des éléments. […] Je te les transfère donc en pièce jointe, serait-il possible que tu intègres quelques chiffres supplémentaires, pour disons 50 euros de plus ? » Les fichiers joints se trouvent être des documents officiels de la République gabonaise. La tribune, en bout de chaîne, sera signée par… Maixent Accrombessi, rien de moins que le directeur de cabinet du président du Gabon Ali Bongo. Elle paraîtra en anglais sur le site Africa Times, avant d’être reprise dans la presse francophone.

      Sollicités par Mediapart, Maixent Accrombessi et son avocat Me Francis Szpiner n’ont pas retourné nos demandes d’entretien.

      Julien ignorera tout de son véritable donneur d’ordre : il n’a jamais rencontré sa hiérarchie et ne connaît pas la véritable identité de ses chefs, qui agissent, eux aussi, sous pseudonymes. Tout se passe par mail ou par téléphone et, côté administration, Julien doit composer avec un entrelacs de sociétés, qui sont en réalité liées à Avisa Partners, selon les documents réunis par Mediapart.

      Julien est prolixe et tout-terrain, capable de passer d’un sujet à un autre en un claquement de doigts. C’est ainsi qu’entre un sujet sur l’Afrique et un autre sur les ports francs, il est aussi l’auteur, en février 2018, d’une tribune qui sera finalement signée par Xavier Girre, soit le directeur exécutif chargé de la direction financière chez EDF. L’article vante les investissements du groupe français dans les « projets bas carbone » et la « finance verte ».

      Le sujet est technique, mais Julien avait été prévenu. « Est-ce que tu es partant pour une tribune assez costaud, en tout cas qui sera validée par le client ? », l’avait averti sa supérieure de l’époque. Avisa Partners vend depuis des années à EDF des prestations d’« animation de médias en ligne » ou de « publication de contenus sur les réseaux sociaux », parfois dans le but de « contenir l’activisme anti-nucléaire », selon un document consulté par Mediapart.

      Après l’envoi d’une première proposition de tribune, la responsable de Julien se fait un peu plus insistante : « En l’état, je ne peux pas l’envoyer au client car je trouve que le ton n’est pas assez tribune et parti pris. Comme je te le précisais dans le brief : le style doit s’adapter au format tribune en imaginant qu’un cadre d’EDF en est à l’origine. »

      Julien ignorera tout de la destination de ce texte, et de son signataire officiel, jusqu’à sa parution sur le site internet de La Tribune. « Je faisais régulièrement des recherches Google pour savoir où et sous quelle identité étaient publiés mes articles », raconte-t-il, amusé.

      Sollicités par Mediapart, EDF et Xavier Girre n’ont pas répondu à nos questions précises sur les missions remplies par Avisa Partners. L’entreprise indique juste qu’elle « s’assure que les actions mises en œuvre sont conformes à la réglementation, aux meilleures pratiques du secteur et à l’application stricte des exigences imposées par les moteurs de référencement ».

      Le 31 juillet 2019, un blogueur inconnu, Pat M., publie à son tour dans Le Club de Mediapart un billet sur le « virage autocratique sans précédent » au Bénin, dénoncé par l’opposition. Pat M. n’est personne d’autre que Julien, une fois de plus. « L’enjeu pour nous est que tu cites Sébastien Ajavon, figure emblématique de l’opposition, en exil, et multi-casquette [il est présenté par Forbes comme l’une des plus grandes fortunes d’Afrique de l’Ouest – ndlr], et que tu en dises beaucoup de bien », lui demande par mail sa supérieure. Le rédacteur s’exécute et envoie son article en format Word. Le billet, ensuite mis en ligne par un tiers au nom du faux blogueur, est facturé 110 euros par Julien.

      Un mois plus tôt, en juin 2019, Julien avait été missionné pour un article au thème a priori attractif, puisqu’il s’agissait pour lui « de dénoncer l’évasion fiscale des super riches ». Mais il comprend vite que sous couvert de cette noble cause, ses commanditaires ont une cible à atteindre. Le sujet doit principalement concerner « certaines modalités dont notamment celles des ports francs, ce qui nous conduit à dénoncer les agissements d’Yves Bouvier », lui explique sa cheffe par mail. Elle insiste : « Il faudrait citer au moins trois ou quatre fois le nom d’Yves Bouvier », marchand d’art alors aux prises avec l’oligarque russe Dmitri Rybolovlev, notamment propriétaire du club de football de l’AS Monaco.

      « Ce sera sûrement publié sur Mediapart », annonce la responsable de Julien, en entretenant à dessein la confusion entre Le Club (l’espace des lecteurs et lectrices, gratuit) et le journal (l’espace des journalistes, payant). L’article, « très urgent », sera publié sous le pseudo « Syphon Reluc », et facturé 150 euros par Julien.

      Contacté par le biais de son avocat Me Hervé Temime, Dmitri Rybolovlev n’a pas souhaité donner suite à notre demande d’entretien.

      En mars 2017, la commande porte cette fois sur les efforts insoupçonnés du Kazakhstan dans la lutte contre le dérèglement climatique. « Alors que Donald Trump s’attaque aux mesures environnementales prises par Barack Obama, le monde s’interroge sur l’avenir de notre planète si le deuxième plus gros pollueur du monde que sont les USA ne s’engage plus pour la lutte pour la préservation de l’environnement », introduit d’abord le supérieur de Julien. Avant d’en venir directement à l’objet de la commande : « Paradoxalement, le Kazakhstan, petit pays d’à peine 17 millions d’habitants, prend le chemin inverse et se positionne comme le défenseur de l’environnement. »

      Le billet à la gloire de la dictature d’Asie centrale sera publié trois semaines plus tard, juste avant l’ouverture de l’exposition internationale d’Astana. Le média Intelligence Online a depuis révélé, en janvier 2022, qu’Avisa Partners était bien un prestataire du gouvernement kazakh. Contactée, l’ambassade du Kazakhstan à Paris n’a pas répondu.

      Nos recherches dans les archives du Club de Mediapart montrent que plusieurs faux profils ayant servi à diffuser des articles rédigés par Julien l’ont aussi été pour diffuser d’autres contenus tout aussi douteux. Ce qui laisse penser que chaque profil était mis au service de plusieurs rédactrices et rédacteurs différents.

      Exemple avec ce billet publié le 2 novembre 2015 et vantant la « réussite » du référendum organisé par le dictateur Denis Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville, lui permettant de se présenter à un troisième mandat consécutif. « Si une partie de l’opposition est vent debout finalement, c’est surtout parce qu’elle est consciente de ses propres faiblesses et de la force d’un président congolais qui a visiblement toujours le soutien d’une majorité de la population après une première élection en 2002 », affirme le billet.

      Jamais, dans les échanges de Julien avec ses supérieurs, ces derniers n’ont été explicites sur l’identité des clients derrière les commandes d’articles. « Quand tu es au niveau opérationnel, tu ne sais pas ce qui se passe au-dessus », confirme un ancien d’Avisa. Tout est soigneusement cloisonné. Mais au fil des ans, le rédacteur a pu déceler certaines constantes : des articles pro-Kazakhstan, pro-Qatar, pro-Ouattara (Côte d’Ivoire), pro-Bongo (Gabon). Dans l’émission « Complément d’enquête » (France 2), Julien a aussi témoigné, sous couvert d’anonymat, de tous les articles rédigés pour défendre la stratégie d’EDF.

      Sur les factures générées à la fin de chaque mois, Julien a aussi trouvé des indices bavards. Par exemple, le numéro du client souhaitant un article sur le député François Ruffin – et ayant pour but de « montrer l’envers du décor du personnage », selon la commande de sa cheffe – est le même que celui à l’origine de billets concernant des marques du groupe LVMH, le groupe de Bernard Arnault, en conflit ouvert avec François Ruffin depuis son documentaire à succès Merci Patron !.

      Le géant du luxe LVMH, déjà mis en cause pour avoir fait espionner François Ruffin et infiltré son journal Fakir, est-il le commanditaire de cette opération d’intox ? Contacté par Mediapart, un porte-parole du groupe affirme, sans autre forme de précision : « LVMH dément formellement être associé à de telles pratiques. »

      Les factures de Julien donnent d’autres indices sur le montage des opérations de désinformation auxquelles il s’est prêté. Jusqu’en mars 2018, Julien facturait une société française, baptisée MM, fondée par Matthieu Creux (qui a vendu ses parts en novembre 2015 à un de ses proches), l’un des dirigeants d’Avisa Partners. Les deux entreprises étaient d’ailleurs domiciliées à la même adresse, à Paris.

      Mais après mars 2018, Julien sera payé par une autre structure, Maelstrom Media, domiciliée cette fois à Bratislava, en Slovaquie. Pour le rédacteur, rien n’a changé : mêmes chefs sous pseudo, même fonctionnement par mail, mêmes clients. « On change de nom ! », l’avait d’ailleurs prévenu par mail un de ses chefs, faisant lui-même le lien entre MM et Maelstrom Media.

      Logé dans un bloc HLM de la banlieue de la capitale slovaque, Maelstrom Media a été fondé début 2018 par un homme, Michal T., qui a reconnu au cours d’un entretien travailler pour le compte d’Avisa. Tout en essayant de minimiser sa relation avec l’entreprise française, qu’il présente comme un client parmi d’autres.

      Arnaud Dassier tient lui aussi à rappeler qu’Avisa n’entretient « aucun lien exclusif ou capitalistique » avec Maelstrom Media, une « société qui travaille avec de nombreux concurrents ».

      D’autres indices permettent pourtant de faire le rapprochement entre l’entreprise slovaque et Avisa : une ancienne responsable de Julien chez Maelstrom Media, qui agissait sous pseudo mais dont Mediapart a retrouvé l’identité réelle, travaillait en même temps pour… Avisa. Elle y avait notamment la charge de la « coordination des pigistes » et de la « rédaction d’articles de crise ». Contactée, cette dernière n’a pas voulu revenir sur cette expérience.

      Selon notre enquête, il arrive qu’Avisa utilise parfois ses méthodes de manipulation de l’information à son propre profit. En septembre 2019, sur fond de différend commercial portant sur une somme de 270 000 euros, un homme d’affaires américain et palestinien, Habib Patrick Shehadeh, a ainsi reçu un message du président d’Avisa Partners, Matthieu Creux, particulièrement explicite : « Je vous donne 10 jours avant de saisir la justice en France et à Dubaï, et avant de relater cette affaire dans les médias. Si je n’ai pas de vos nouvelles dans les plus brefs délais, avec l’assurance que vous êtes motivé pour nous payer, je raccourcirai cet ultime délai. »

      Le délai sera, de fait, drastiquement raccourci : une demi-heure plus tard, Matthieu Creux annonce à son correspondant qu’un « premier article sera publié dans 3 heures ». Avant de lui envoyer les liens de billets publiés sur les sites Secret défense.org, Juriguide.com, Affaires internationales.fr ou Le Club de Mediapart, où Habib Patrick Shehadeh est présenté par de mystérieux auteurs comme un « escroc recherché », un « arnaqueur de bonne famille » ou un Palestinien travaillant secrètement au service d’Israël.

      L’avocat de l’homme d’affaires, Me Jean-Yves Dupeux, parle d’articles « gravement attentatoires à l’honneur et à la considération » de son client, les faisant, passer sa famille et lui, pour « des traîtres et les mett[ant] dès lors, au regard des tensions extrêmement violentes que suscite le conflit israélo-palestinien, en danger de mort ». Une procédure en diffamation a été engagée contre Matthieu Creux. Son procès doit se tenir ce lundi 27 juin devant la XVIIe chambre du tribunal de Paris.

      Interrogé, Avisa confirme être en « contentieux » avec Habib Patrick Shehadeh, « après plusieurs tentatives de conciliation », mais affirme ne pas être « à l’origine » de la « couverture médiatique » l’ayant ensuite touché.
      Des personnalités recrutées pour respectabiliser Avisa Partners vis-à-vis de l’extérieur

      Depuis longtemps, la société Avisa suscite la méfiance de plusieurs services de renseignement français à cause de ses liens avec certains clients – pays, entreprises ou individus – dont les intérêts peuvent être contradictoires avec ceux de la France. Ces inquiétudes ont d’ailleurs provoqué plusieurs démissions de cadres de sociétés qui ont été rachetées ces dernières années. Raison pour laquelle Avisa s’est progressivement attaché les services de plusieurs personnalités françaises dans le but de se respectabiliser vis-à-vis de l’extérieur.

      « Les insinuations sur une prétendue brouille entre Avisa et l’État français sont le fruit d’une campagne de dénigrement alimentée par certains de nos concurrents », conteste à ce sujet Arnaud Dassier.

      C’est ainsi qu’en 2020 Avisa a recruté l’ancienne plume d’Emmanuel Macron à l’Élysée, Sylvain Fort. Ce dernier, qui avait notamment la responsabilité des relations institutionnelles du groupe, vient de faire ses cartons de l’entreprise pour des raisons éthiques, selon La Lettre A. Contacté par Mediapart, il n’a souhaité faire aucun commentaire.

      L’actuelle porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, a également croisé la route des dirigeants d’Avisa Partners. De mars 2013 à avril 2014, avant qu’elle occupe le devant de la scène politique nationale, la secrétaire d’État a même été directrice associée de l’agence Istrat (qui a précédé Avisa), chargée du développement de la clientèle. « Olivia Grégoire n’a jamais été associée au capital de la société », qu’elle a rapidement quittée en 2014, et « n’a jamais revu ses fondateurs », tient à signaler aujourd’hui son cabinet.

      L’ancien chef des services secrets intérieurs français, Patrick Calvar – il a dirigé la DGSI de 2012 à 2017, prenant la suite de Bernard Squarcini –, a lui aussi intégré l’orbite d’Avisa au printemps 2019. Sollicité par Mediapart, il affirme n’avoir rien su des pratiques de la société et explique : « J’ai rejoint le comité stratégique d’Avisa, un organe consultatif de l’entreprise, ayant été approché à cet effet par le père de Matthieu Creux avec qui j’avais noué lors de ma carrière des relations très cordiales. Ce comité n’a été réuni qu’une fois depuis mars 2019 à ma connaissance. J’ai aussi exécuté à deux reprises sur les cinq dernières années, à la demande d’Avisa, des prestations, facturées, mais qui n’avaient ni de près ni de loin et de quelque manière que ce soit un lien avec des pratiques de communication ou de possible manipulation de l’information. »

      L’ancien secrétaire général du ministère des affaires étrangères, le diplomate Maurice Gourdault-Montagne, a été appelé par Avisa pour diriger son comité d’éthique, qu’il vient, lui aussi, de quitter. « Je n’ai strictement aucune idée de faits de possible manipulation d’information. J’ai occupé gracieusement un poste de président du comité d’éthique d’Avisa, qui n’est bien évidemment pas au courant de tout », commente auprès de Mediapart l’ancien sherpa du président Jacques Chirac et ambassadeur en Chine, en Allemagne et en Grande-Bretagne.

      La charte éthique de l’entreprise stipule pourtant qu’en « amont de chaque nouvel engagement contractuel, Avisa Partners réunit son comité éthique afin de valider la possibilité pour le groupe de s’engager auprès d’un nouveau client ou sur une nouvelle mission ».

      Mais ce dispositif n’était visiblement pas efficient, puisque Avisa vient d’annoncer son intention de renforcer son comité d’éthique. « Dans le cadre de la refonte interne d’Avisa, j’ai préféré sortir du comité d’éthique, pour des raisons de temps », indique Maurice Gourdault-Montagne.

      Le diplomate affirme toutefois avoir fait une prestation chez Avisa pour le lobbying de la candidature de l’Arabie saoudite à l’Exposition universelle de 2030. « Ce qui n’avait rien de contradictoire avec les intérêts français », tient-il à préciser.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/270622/operation-intox-une-societe-francaise-au-service-des-dictateurs-et-du-cac-

    • S’armer contre la désinformation professionnelle
      https://blogs.mediapart.fr/le-club-mediapart/blog/270622/s-armer-contre-la-desinformation-professionnelle

      Grâce à une enquête publiée dans le journal « Fakir », Mediapart a pu identifier un réseau de faux blogueurs et dépublier l’ensemble de leurs contributions. Derrière ces comptes, des agences de communication et des lobbys, coutumiers de l’utilisation d’identités factices. Cette manipulation d’une ampleur inédite entraîne également une vigilance accrue dans nos pratiques de modération.

    • Profession : journaliste fantôme / Simon Gouin #grand_format
      https://grand-format.net/series/nucleaire-desinformation-journaliste-fantome

      Employé pour défendre l’image de grandes entreprises et de personnalités, Julien rédigeait des centaines d’articles diffusés un peu partout sur la toile. En 2017, un incident à la centrale de Flamanville, dans la Manche, le conduit à écrire sur le nucléaire, pour le compte d’EDF. Le message principal : rassurez-vous, tout est sous contrôle. Témoignage sur une opération de com’ maquillée en véritables articles de presse.

      https://basta.media/julien-journaliste-fantome-paye-pour-vanter-les-atouts-du-nucleaire-dans-de

    • Incroyable :
      Aux petits oignons 14. Succession : « Les vieux s’accrochent et l’ancien monde résiste »
      https://us11.campaign-archive.com/?e=0abeb2cefd&u=11ea85761d70cb652e11fd80b&id=4467a96fb9

      C’est une nouvelle tellement absurde qu’elle pourrait sortir tout droit du scénario d’un épisode de Succession, la satire à succès de HBO sur un empire médiatique que dissèque l’émission de la semaine (voir plus bas). Mais elle est bien réelle, et révélée ce jeudi 1er juin par l’Informé : Avisa partners va aider l’Union européenne à lutter contre la désinformation.

  • The Queen’s Platinum Jubilee 2022
    https://platinumjubilee.gov.uk

    In 2022, Her Majesty The Queen will become the first British Monarch to celebrate a Platinum Jubilee after 70 years of service.

    Get involved in celebrating Her Majesty’s historic reign in the run up to the Platinum Jubilee Central Weekend which takes place from 2nd to 5th June.

    https://www.youtube.com/watch?v=yqrAPOZxgzU


    un très beau gif posté par moi même pour les 68 ans de service de mémère
    https://seenthis.net/messages/856626
    https://www.youtube.com/watch?v=Qa1wdUkeuvE

  • General Electric : 800 millions d’euros transférés de France vers des paradis fiscaux
    https://disclose.ngo/fr/article/general-electric-800-millions-euros-transferes-de-france-vers-des-paradis-

    Depuis le rachat de la branche énergie d’Alstom, en 2015, la multinationale américaine aurait mis en place un vaste système d’évasion fiscale entre son usine de Belfort, la Suisse et le Delaware. Selon nos estimations, le manque à gagner pour le fisc français serait de 150 à 300 millions d‘euros. Lire l’article

    • https://www.ladn.eu/nouvelle-economie/disclose-general-electric-optimisation-fiscale
      https://www.lemonde.fr/polar/article/2018/04/11/dominique-manotti-s-attaque-a-l-affaire-alstom_6002204_5470928.html

      Le romancier policier n’est jamais aussi pertinent que lorsqu’il s’inspire d’une réalité immédiate et palpable. Nous ne le soulignerons jamais assez. À cet égard, les livres de Dominique Manotti sont exemplaires. Qu’ils s’agissent de « Nos fantastiques années fric » (2001), « L’honorable société » (co-signé avec Doa, 2011), de « L’or noir » (2015), pour ne citer que quelques-unes de ses plus belles réussites, elle s’inspire d’une actualité concrète (les ventes d’armes pendant les années Mitterrand, un meurtre étrange entre les deux tours d’une élection présidentielle, les réseaux de drogue à Marseille, etc.) et en démonte les ressorts à l’aune d’une fiction tout aussi noire que redoutablement efficace.

      Agrégée d’histoire, spécialiste de l’histoire économique du XIXe siècle, cette ancienne militante de la CFDT ne s’est mise au roman policier qu’en 1995, après avoir douloureusement constaté l’échec d’un certain nombre de ses engagements. Fortement marquée par le cinéma américain des années 50-60, celui des films de John Huston, Howard Hawks ou Billy Wilder, ainsi que par les livres d’Ed Mc Bain ou de Chester Himes, elle opte à ce moment-là, avec « Sombre sentier », son premier roman sur des travailleurs immigrés turcs, pour une sorte d’« extension du domaine de la lutte » qui passe par une littérature sans fioriture, cash et clash, où règne, au niveau du style, une esthétique du sec, propre aux pères fondateurs représentés par Dashiell Hammett et Raymond Chandler. Depuis, avec énergie et talent, Dominique Manotti poursuit dans cette voie escarpée du polar politique…

      « Racket », le petit nouveau, ne contrevient pas à cette règle qu’il réussit même à transcender d’une façon époustouflante. Dans « Racket », tout est vrai et tout est faux. Vrai, parce que le point de départ du livre est la vente par Alstom en 2014 de sa filière Energie à General Electric, une entreprise américaine. Les conditions en furent étranges, puisque le PDG de l’époque, Patrick Kron, fut sans doute victime d’un chantage de la part de la justice américaine et qu’un haut cadre d’Alstom, Frédéric Pierucci (il se nomme François Lamblin dans « Racket ») est toujours en prison aux Etats-Unis sans que l’on connaisse les véritables raisons de son incarcération. D’aucuns parlent même de scandale d’Etat et pensent y voir une manipulation américaine pour s’emparer d’un fleuron stratégique de l’industrie française. Arnaud Montebourg, à l’époque ministre de l’Economie, et Emmanuel Macron, conseiller économique à l’Elysée, comptèrent parmi les acteurs de cette très étrange affaire. Ils apparaissent d’ailleurs, sous des noms d’emprunts, dans le roman de Dominique Manotti. Et n’en sortent pas vraiment grandi, l’un, par sa légèreté, l’autre par son machiavélisme.

      En même temps, tout est faux dans « Racket ». Parce que le personnage principal s’appelle Noria Ghozali, une ancienne inspectrice de la DCRI, mutée d’office aux Renseignements Généraux, lorsqu’elle s’est aperçue qu’un de ses frères avait rejoint Daesh en Syrie. Noria, les lecteurs assidus de Manotti l’ont déjà croisée dans « Nos fantastiques années fric », jeune fliquette de vingt ans, puis dans « Bien connu des services de police », où elle a quarante ans. Aujourd’hui, elle en a quarante-cinq ans et, amère, se demande si la police représente bien son avenir. Il y a aussi Nicolas Barrot, l’assistant à tout faire et aux dents longues du PDG d’Orstram (l’équivalent fictif d’Alstom), sorte de Rastignac aux petits pieds, adepte de massage naturiste, qui, propulsé dans les méandres des manipulations des services secrets américains, va y perdre ses illusions. Sans oublier, Steven Buck, mi-banquier mi-mafieux, amateur de sexe brutal avec des travestis (à noter une scène hallucinante au Bois de Boulogne). Bref, une jolie petite comédie humaine, où des flics obstinés et sans véritables moyens tentent, en vain, de lutter contre un hold-up mené en toute légalité par le gouvernement américain, au nez et à la barbe de l’exécutif français, qui a décidé qu’il était urgent de ne rien faire, pour ne pas fâcher un allié historique…

      Pourquoi agitez-vous les mots de chantage, d’extorsion, de corruption, de forfaiture ? Allons donc ! Vous y allez fort. La vérité ? Tout s’achète. C’est bien connu. Le silence. Comme l’acquiescement. Il suffit d’y mettre le prix. Ou d’organiser une petite disparition.

      « Racket » est terrifiant. Parce que, dans un style sec et sans apprêt, il regarde le monde en face, sans subterfuge, sans romantisme, sans psychologisation excessive. Il parle d’argent, de pouvoir et de sexe. Cela glace le sang.

      . Dominique Manotti, « Racket », Equinox, 512 p., 18 euros.

      Yann Plougastel

  • HPI et surdoués, un diagnostic qui sert les intérêts d’une classe sociale
    https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/non-votre-enfant-nest-pas-hpi-vous-etes-juste-riche

    Le diagnostic reconnaissant un haut potentiel intellectuel (HPI) s’inscrit-il dans le cadre de stratégies éducatives, en particulier celles des classes supérieures qui cherchent à obtenir divers sauf-conduits scolaires pour leur enfant ? C’est l’hypothèse de Wilfried Lignier, sociologue au CNRS, pour qui faire reconnaître comme surdoué son enfant permettrait d’augmenter son pouvoir face à l’école. Pour lui, l’idée même d’intelligence est devenue éminemment politique... Wilfried Lignier, auteur de La petite noblesse de l’intelligence (éditions La Découverte), étudie depuis plus de 10 ans les domaines de l’enfance, de l’école et de la médicalisation.

    (...)

    Si la question est de savoir si les enfants identifiés comme HPI sont nés comme ça, plusieurs éléments tendent à prouver le contraire. Les statistiques indiquent qu’ils sont généralement issus des classes supérieures, qu’ils sont HPI à certains « moments » et pas à d’autres (la plupart des enfants testés le sont principalement en CE1 pour sauter le CE2, et à la fin de la moyenne section pour sauter la grande section), et qu’ils sont à 75 % des garçons.

    (...)

    La vraie question, qui peut paraître abstraite mais qui est en fait très politique, est : pourquoi utiliser ce type d’identification, à quoi elle sert, qu’est-ce qu’elle doit changer, et pour qui ?

    (...)

    En 1880, alors que sous la Troisième République l’école est rendue obligatoire pour tous, le psychologue Alfred Binet est payé par le gouvernement français pour mettre au point la première échelle de mesure de l’intelligence. L’objectif d’alors était inverse, mais il s’agissait bien, déjà, de déroger là encore à l’ordre scolaire ordinaire : détecter les « sous-doués » (dans le jargon psychiatrique de l’époque, les « anormaux de l’école » ) pour les exclure légitimement de l’éducation collective.

  • HPI et surdoués, un diagnostic qui sert les intérêts d’une classe sociale
    https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/non-votre-enfant-nest-pas-hpi-vous-etes-juste-riche

    La question n’est pas de remettre en cause l’existence de niveaux intellectuels différents, car la sociologie l’explique simplement : le cerveau étant plastique, plus les gens seront entraînés, plus ils seront forts. Les études montrent en effet que le quotient intellectuel (QI) est corrélé avec la classe sociale et le niveau de diplôme de parents. Mais là où les psychologues diront que le QI est le meilleur prédicteur de la réussite sociale ou scolaire, les sociologues avanceront l’inverse : l’accumulation de ressources culturelles fait le QI. Si la question est de savoir si les enfants identifiés comme HPI sont nés comme ça, plusieurs éléments tendent à prouver le contraire. Les statistiques indiquent qu’ils sont généralement issus des classes supérieures, qu’ils sont HPI à certains « moments » et pas à d’autres (la plupart des enfants testés le sont principalement en CE1 pour sauter le CE2, et à la fin de la moyenne section pour sauter la grande section), et qu’ils sont à 75 % des garçons. Ce dernier point crée une contrainte argumentative certaine, pour ceux qui « croient » aux HPI : les garçons seraient intrinsèquement plus intelligents que les filles ? En outre, se demander si les HPI sont vraiment HPI, c’est déjà se tromper de question. Il est plus judicieux de se demander pourquoi certains parents font tester leurs enfants, vont s’investir de cette question, et ce qu’ils en retirent.

  • La fondation Wikimedia ne veut plus recevoir d’argent en cryptomonnaies
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/la-fondation-wikimedia-nacceptera-plus-les-dons-en-cryptomonnaies

    La fondation à l’origine de l’encyclopédie Wikipedia acceptait les dons en cryptos depuis 2014, mais déclare que c’est terminé. Derrière ce changement, la révélation de deux visions du web qui s’affrontent.

    Fin avril, après plusieurs mois de débat, les membres de la fondation Wikimedia ont tranché : les dons en cryptomonnaies ne seront plus acceptés et ceci jusqu’à nouvel ordre. Ils étaient autorisés depuis 2014.

    Le sujet a été lancé par Molly White, une modératrice de longue date connue pour ses positions contre les cryptomonnaies en particulier et le Web3 en général. L’ingénieure en informatique tient le blog « Web3 is going just great » , qui recense les arnaques et pires dérives liées aux ventes de NFT et aux cryptomonnaies. Pour elle, les cryptos vont à l’encontre de l’engagement de la fondation contre le réchauffement climatique compte-tenu de l’impact environnemental du Bitcoin et d’Ethereum, les deux principales monnaies numériques en circulation. Par ailleurs, elle explique que « les cryptomonnaies sont des investissements extrêmement risqués qui ne font que gagner en popularité chez les investisseurs particuliers » , et qu’en acceptant les cryptos, Wikimedia démocratise l’utilisation de ces investissements « intrinsèquement prédateurs » .

    Mozilla pas fan non plus des cryptos

    Cette décision fait écho à celle de la fondation Mozilla, prise quelques mois plus tôt. Suite à de virulentes critiques de ses utilisateurs, l’éditeur du moteur de recherche Firefox a lui aussi d’abord décidé d’abandonner les dons en cryptomonnaies qu’il acceptait depuis 2014. L’un de ses fondateurs Jamie Zawinski, aujourd’hui retiré du projet, avait notamment fait part de son agacement en janvier 2022 sur Twitter. Clair et direct. « Bonjour, je suis sûr que celui qui gère ce compte n’a aucune idée de qui je suis, mais j’ai fondé Mozilla et je suis ici pour dire "allez vous faire voir" et "merde". Toutes les personnes impliquées dans le projet devraient avoir terriblement honte de cette décision de s’associer à des escrocs de Ponzi qui incinèrent la planète » , avait-il envoyé au compte officiel de Mozilla au sujet des dons en cryptos.

    Mozilla est toutefois en partie revenu sur sa décision. Depuis avril, les cryptomonnaies sont de nouveau autorisées, mais seulement celles basées sur la « preuve d’enjeu » , un protocole de validation des transactions moins énergivore que la preuve de travail (qui nécessite d’importants calculs informatiques) utilisé par Bitcoin et Ethereum.
    L’internet des communs vs le Web3 ?

    Le fait que deux acteurs historiques de l’Internet « des communs » prennent position contre les cryptomonnaies n’est pas anodin. Cela montre une rupture idéologique entre le monde du Web3 et celui de la culture libre des années 1990-2000. On aurait pu penser que ces deux cultures du web se rapprocheraient, puisque les défenseurs du Web3 militent pour un internet détaché des grandes plateformes, où les utilisateurs « reprendraient » le pouvoir. Mais le Web3 est aussi le lieu de la sur-monétisation des échanges sur le web, et d’un accès à une forme de propriété. Ce qui n’est pas vraiment la vision défendue par Wikipedia ou Mozilla, qui ont toujours plaidé pour un accès gratuit et universel à la connaissance.

    Il est intéressant de noter qu’en 2014, les décisions de Wikipedia et de Mozilla d’accepter les cryptos n’ont pas suscité tant de remous. Mais en 2022, l’usage des cryptomonnaies s’est démocratisé, les NFT et leur mauvaise réputation sont passés par là, et la critique environnementale est bien plus prégnante qu’elle ne l’était il y a dix ans.

    Marine Protais

    #Web3#Cryptomonnaies #Wikipédia #Mozilla

  • [C&F] Géopolitique de l’internet
    http://0w0pm.mjt.lu/nl2/0w0pm/1grw.html?m=AMUAAMU2LxsAAABEWDQAAAkTGo0AAAAAtBIAAK4dABjAHgBiZ_3kG-XwO1D7R_

    [C&F] Géopolitique de l’internet

    Bonjour,

    Avec les événements récents, nous voyons bien que le monde est resté avant tout un univers géopolitique, avec des blocs de pays qui s’affrontent pour le leadership, soit par les moyens du commerce et de la finance, soit par les moyens du soft power et de l’influence, soit directement par leurs forces armées. L’idée d’une « mondialisation heureuse » n’est plus d’actualité, et le mythe d’un réseau numérique qui ferait se rencontrer, se comprendre et « devenir amis » les peuples du monde s’est noyée dans le même tourbillon.

    Le monde est redevenu un terrain d’affrontement. Il devient donc d’autant plus urgent de s’intéresser à la géopolitique mondiale et de voir quelle est la place qu’occupe le réseau internet dans ce cadre.

    Avec son livre Red Mirror, Simone Pieranni nous offre un premier outil, à la fois simple d’accès, appuyé sur une longue connaissance de la Chine et couvrant de nombreux domaines de la quête de domination de ce pays. L’auteur place la Chine sur la carte des acteurs majeurs de l’internet et de l’intelligence artificielle. En particulier comme modèle de ce que nous voulons éviter à tout prix : la censure, la surveillance permanente et la logique de quantifier tous les instants de nos vies.

    Red Mirror. L’avenir s’écrit en Chine
    Simone Pieranni (Rédacteur en chef du quotidien Il Manifesto)
    Traduit de l’italien par Fausto Giudice
    Cahier photos par Gilles Sabrié
    15 x 21 cm. - 184 p. - Collection Société numérique
    Version imprimée - 25 € - ISBN 978-2-37662-021-1
    Commander Red Mirror en ligne : https://cfeditions.com/red-mirror

    Ils en parlent

    « Si l’avenir qui s’écrit en Chine, comme l’annonce l’auteur, poursuit effectivement une tradition millénaire chinoise, il est important que les occidentaux qui n’en sont pas conscients découvrent, avant qu’ils leur soient imposés, l’esprit et le sens caché de cet avenir qui risque de les décevoir ! Lu avec attention et de l’esprit critique, ce petit livre devrait les dessiller ! »
    Ouest-France , 23 avril 2021.

    « La Chine et sa surveillance de masse, son système de notation des individus, l’omniprésence de la reconnaissance faciale... Le pays de Xi Jinping alimente de nombreux fantasmes et commentaires. Mais peu de témoignages rapportent avec précision la nature de ces technologies et leur impact sur les comportements des citoyens. Celui de Simone Pieranni, journaliste italien du quotidien Il manifesto, qui a vécu plusieurs années en Chine et continue de s’y rendre, est particulièrement instructif et précieux. »
    L’ADN , février 2021.
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/red-mirror-le-livre-pour-comprendre-le-quotidien-hypertechnologique-des-chinois

    « Si l’on souhaite comprendre ce qui se passe en Chine, l’une des meilleures sources sont les articles de Simone Pieranni, journaliste pour le quotidien Il Manifesto, fondateur de l’agence de presse China Files. L’approche de Pieranni est ouverte, libre, attentive à la politique mais aussi aux secousses culturelles que traverse le géant asiatique. Son dernier ouvrage, Red Mirror, dont le titre s’inspire de Black Mirror, la série télévisée qui explore les possibles scénarios dystopiques d’un avenir pas vraiment très éloigné, nous raconte la Chine sous l’angle de l’importance extraordinaire qu’y prend l’innovation avec l’utilisation massive des hypertechnologies, laquelle, d’une certaine manière, a une longueur d’avance sur ce qui se passe en Europe. »
    Introduction de l’interview de Simone Pieranni par Marc Saint-Upéry dans Médiapart
    https://blogs.mediapart.fr/saintupery/blog/170820/red-mirror-chine-hypertechnologies-et-capitalisme-de-surveillance

    #Red_Mirror #Chine #Géopolitique #Simone_Pieranni

  • En 2025, la Chine aura jeté 6 millards de téléphones portables
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/chine-telephones-portable-recyclage-economie

    Actuel leader du marché mondial du #smartphone, la Chine fait face à un problème de taille : son incapacité à recycler les appareils abandonnés par les consommateurs.