• Liberté d’in-expression : quand les États de l’Union européenne souhaitent sous-traiter la censure aux géants du web !

    http://theconversation.com/liberte-din-expression-quand-les-etats-de-lunion-europeenne-souhait

    Liberté d’in-expression : quand les États de l’Union européenne souhaitent sous-traiter la censure aux géants du web !

    Yannick Chatelain

    Enseignant Chercheur. Head of Development. Digital I IT, Grenoble École de Management (GEM)

    Le texte européen le plus liberticide de cette décennie est en approche

    Hors un certain nombre de pays qui se sont opposés à ce texte, le Conseil de l’Union européenne vient d’acter un projet de loi au parfum pour le moins désagréable pour ce qui concerne les libertés publiques. Poussé par la gouvernance actuelle française, ce texte – peu médiatisé – pourrait s’avérer l’un des coups les plus violents jamais portés à la liberté d’expression dans les pays « démocratiques » de l’Union européenne. Le débat autour de ce texte va maintenant se poursuivre au parlement européen.

    #internet

    • Je me permets de remarquer qu’en Allemagne l’état ne respecte déjà plus la constitution en permettant à Facebook de s’occuper de la censure lui même.

      Grundgesetz für die Bundesrepublik Deutschland, Art 5 GG - Einzelnorm
      https://www.gesetze-im-internet.de/gg/art_5.html

      Eine Zensur findet nicht statt.

      Ensuite sont énumérées les exceptions sous forme de lois qui doivent suivre les principes définis dans le même paragraphe et par l’esprit de la constitution. La censure en Allemagne est donc toujours un acte officiel ( hoheitlich ) réservé aux autorités de l’état et vérifiable par ja justice.

      En principe je peux censurer les commentaires dans mon petit blog. Dans le context de Facebook la dimension de la question en fait une véritable affaire d’état.

      L’initiative décrit dans l’article sert à légaliser la privatisation de la censure dans les autres pays de l’EU et à donner un faux semblant de légalité à la pratique allemande.

      Ce développement est beaucoup plus dangereux encore quand on pense à ses conséquences économiques : Si l’état allemand respectait la constitution, Facebook serait obligé de payer pour les frais de justice qui sont la conséquence de l’exercice de son activité. Il faudrait former, embaucher et rémunérer des milliers de juristes pour vérifier les actes de censure. Le modèle économique de Facevook s’écroulerait sous ces frais énormes.

      Alors pour ne pas mettre en danger Facebook l’état lui donne l’autorisation de s’en coccuper aux moindres frais à travers des agences privées.

      C’est Avarto, une entreprise du Groupe Bertelsmann qui réalise la mission.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Bertelsmann#Arvato

      C’est une belle alliance. La fondation Bertelsmann Stiftung , le propriétaire du Groupe Bertelsmann , s’engage depuis des décennies pour la transformation de la société d’après le modèle neolibéral et peut être considérée comme la force principale derrière une grande partie des modification que nous a apporté le gouvernement Schöder/Fischer (SPD/Verts, 1998 - 2005) dont l’aboliltion des allocations de chomage et leur remplacement par le système Hartz IV.

      https://de.wikipedia.org/wiki/Bertelsmann_Stiftung

      Ce contexte montre comment les changements politiques, juridiques et économiques servent la même cause : on réduit la partie de l’état dans les services publiques afin d’éviter les conventions collectives trop coûteuses du secteur. En même temps on fait baisser le niveau des salaires dans le privé par l’abolition des lois protégeant les salariés. Ensuite on se met plein les poches par l’organisation de ce vol organisé.

      Nous sommes passés par là entre 1998 et 2005, aujourd’hui c’est le tour de la France. Macron ne se trompe pas quand il a peur de gilets jaunes, car il maîtrise les institutions alors que dans la rue trop de facteurs sont hors de sa portée.

      De la contestation à la sédition… jusqu’au terrorisme : le poids des mots, le choc de la censure !
      https://theconversation.com/liberte-din-expression-quand-les-etats-de-lunion-europeenne-souhait

      Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, quand le ministre de l’Intérieur dénonce « les séditieux » parmi les gilets jaunes, on peut s’inquiéter fortement sur l’usage futur et dévoyé qui pourrait être fait par la gouvernance actuelle (et d’autres) d’une telle loi.

      Les mots ont un sens, et les mots ne sont pas innocents ! Ils le sont d’autant moins lorsque l’on est aux responsabilités. Je rappelle donc qu’une sédition « est une forme d’émeute face à un pouvoir ou une autorité établie, dont le but ne serait pas uniquement de renverser les détenteurs d’une puissance, mais de rompre définitivement tout lien avec ce système ».

      La problématique est que de « sédition » à « criminel » puis à « terroriste » il n’y a qu’un pas qui pourrait être vite franchi pour justifier une censure totalement outrancière en cas de mouvement social contestataire s’exprimant demain sur Internet.

      Aussi, et au regard du type de qualificatif qui a été utilisé lors du mouvement de contestation sociale massif qui se déroule actuellement en France, que ce qualificatif soit supposé désigner quelques individus ou un collectif est en définitive peu important… Le mot a été lâché ! Il laisse sous-entendre que sous une telle loi un mouvement de contestation du type des « gilets jaunes » – en France comme ailleurs – pourrait être traité comme un mouvement potentiellement séditieux et de fait être censuré au plus tôt par les autorités et leurs nouveaux alliés de la censure.

      SÉDITION : Définition de SÉDITION
      http://www.cnrtl.fr/definition/s%C3%A9dition

      Le mot de liberté passe presque pour un cri de sédition ; on persécute, on calomnie ses plus zélés défenseurs (Robesp., Discours, Guerre, t. 8, 1792, p. 91).

      Grundgesetz
      https://www.gesetze-im-internet.de/gg/GG.pdf

      #censure #GAFAM #disruption #politique #Bertelsmann @unagi