Pour une fois que j’écoute entièrement l’humeur de G.Erner à 6h58 avant de sauter dans mon slip. Un bien bel hommage à Bernard Darty.
Et, passé la première minute de stupeur — parce que l’on ignorait parfois qu’il existait un Bernard Darty, comme s’il existait un Maurice Franprix — il est temps de rendre hommage à son œuvre. Car tous les Français, j’imagine, ont dans leur souvenir un moment associé à Bernard Darty.
Qui n’a pas vécu un samedi après-midi chez Darty, ne sait pas véritablement ce que cela signifie de perdre sa vie. Le samedi après-midi chez Darty, ou pire qu’un samedi après-midi chez Darty : un samedi après-midi chez Darty accompagné d’un ou de plusieurs enfants, avec comme ambition l’achat d’un nouveau lave-linge.
De la même façon que l’humanité n’est pas faite pour monter une cuisine Ikea, l’humanité n’est pas non plus faite pour passer son samedi après-midi chez Darty — souvenez-vous de Rousseau « l’homme est né pour être libre », et partout il est dans les chaînes… de magasins, bon, ça, ce n’est pas Rousseau qui le dit. Il y a quelque chose d’assez paradoxal dans cette promesse de libération de la personne — s’émanciper du lavoir ou du lavomatic — une promesse de libération de la personne qui se paye du prix de l’aliénation de plusieurs heures : l’achat du lave-linge, l’attente de la livraison du lave-linge avec le créneau de 8h à 19h (« non on ne peut pas fixer un créneau plus restreint »), l’attente de la réparation du lave-linge, parce que oui l’obsolescence programmée ce n’est pas un mythe. D’ailleurs, si Bernard Darty a bien fait de se spécialiser dans l’électroménager plutôt que dans les dalles funéraires, c’est parce qu’un lave-linge, c’est rarement pour la vie.
Alors, je voulais parler de Bernard Darty parce qu’une chaîne comme France Culture doit rendre hommage à son œuvre, non pas tant le lave-linge, puisque Darty ne les produisait pas, mais le contrat de confiance, un contrat de confiance qui entend lutter contre la société de défiance, puisque la France est comme vous le savez le pays où la défiance de l’individu est la plus forte à l’égard des institutions, contrat de confiance qui est pourtant une merveilleuse preuve de la naïveté de l’humanité puisque personne ne peut acheter un lave-linge en imaginant que celui-ci ne dure plus que quelques saisons (comme un animateur), que le moteur ne grille pas, que le filtre ne soit pas à changer, et le programmateur, je ne vous parle pas du programmateur qui vaut, j’imagine, autant que le lave-linge.
Oui, mais voilà, malgré tout, Bernard Darty a réussi à imposer ce qu’aucun homme politique n’a réussi à faire : imposer un contrat de confiance, un contrat de confiance pour la vie, c’est remarquable à une époque où rien ne dure, pas même les quinquennats.
Celui de RTL est plus sobre sans doute en remerciement des multiples spot de PUB de Darty sur la 1ère radio française. D’ailleurs tu ne sais plus si tu écoutes de la pub entre les balivernes d’Yves Calvi où les grosses têtes de l’autre gros con de Ruquier où le contraire. C’est vous dire si les français sont cons à manger du foin !
#contrat_de_confiance