La question

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  • La question – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/12/20/la-question

    Qui peut nous dire comment sera fait notre demain politique ? Se présentera t-il ou non ? 

    Transition ou continuité ? Prolongation ou anticipation ? Entente ou consensus ? 

    Personne ne le sait. 

    Oser décrire ou réfléchir des prospectives politiques de chez nous, est un domaine divin. (ilm el ghayb). La sorcellerie toutes couleurs confondues a fait ses aveux d’impuissance. Allah ghaleb ! Chacun prend son imaginaire pour scenario et son fantasme pour probabilité. 

    A force de ne voir rien venir, l’on se sent myope. Et ce n’est pas parce que l’on ne voit rien, que rien n’arrivera. L’on suppute, l’on suppose, pas plus. Cependant le flou en tant que procédé est tout de même une image. Écrire n’est pas un acte toujours volontaire. Il est une dictée qui vous somme depuis une histoire, une rue, une image, un être ou un fait à sortir de votre emprisonnement. Écrire est aussi une déclaration d’amour à la passion qui vous le fait vivre. 

    C’est briser le cou à la léthargie et tordre le pli au jour et à la nuit. Mais penser à disserter sur une invisibilité, sur un climat muet, sur une conséquence relève de l’érudition surhumaine. Cependant ce ne sera pas en bloquant sciemment les aiguilles d’une montre que l’on empêchera le temps d’avancer.  

    Ou en changeant le tic-tac que l’on pourra transformer le concert de la postérité. L’histoire est comme le temps. Imprenable. Sans état d’âme. L’actualité est ainsi rendue imperceptible pour devenir un outil manipulatoire aux mains de ceux qui croient faire l’avenir d’une nation. Une manipulation politico-génétique. Que ce soit mis à leur profit d’embellir davantage le label historique, terni par les affres d’une chronologie lente et pesante, ou au secours d’une fin de règne mal-en-point ; le recours à l’opacité gestionnelle reste injustifiable à plus d’un titre. 

    Le président comme tout homme imbu et fortifié par la chance systémique eut d’abord l’idée de vouloir aplatir tout embryon d’idée de résistance pour pouvoir enfin imposer avec fermeté sa vision publique des choses, le contours des intérêts de sa nation et la recherche du bonheur à jamais perdu de son peuple. Bouteflika n’est plus le candidat de 1999. Peu loquace, discret et presque aphasique. Il ne signifie plus le consensus d’alors tant que la concorde n’eut pu embrasser toutes les frontières nationales. Il intercepte avec un vif pressentiment, l’avenir incertain qui à la défaveur de la conjoncture internationale mettant en branle la logique de la puissance au dépens du droit et de la légalité ; ne peut se faire garantir un écoulement chronique heureux plein de bonne humeur, de santé et de prospérité. Le vœu se fige à l’intention. La politique au désir de la survivance. La fin d’un conte, idyllique soit-il est toujours un commencement pour un autre. C’est pratiquement pareil en politique où les élections font le compte à contresens d’un conte qui peut durer cinq ans. Tous les mandats s’écourtent devant la vitesse du temps et le vieillissement des cellules qui ne donnent au temps que le temps d’un souvenir ramassé à un autre. 

    Loin d’un président, fort dans son temps, le gouvernement est assimilé à une réunion de personnes que ni l’unicité de programme somme toute divergent, ou de vision politique, ni le partage de compétence sectorielle ne semblent pouvoir composer aisément un capital-savoir ou un commando de choc homogène. II y a de ces ministres qui attisent la haine populaire par leur mesquinerie ou leur audace pernicieuse. 

    L’Algérie tarde à venir au bout de ses peines. Sa présomption à la décision et l’engagement d’éradiquer le malheur qui ronge les corps et les âmes ; il n’est à la lumière des intérêts réciproques qu’une formalité constitutionnelle impossible à contourner. 

    La nécessité fait taire la stérilité. Celle-ci à son tour se perpétue telle une passion irrésistible chez l’adolescent. Ravageuse et irresponsable. L’on ne se rend compte de l’importance de la vie philosophique, de soi et d’autrui qu’une fois la politique et ses effets nihilistes vous empoisonnent l’environnement. Le sud brûle sous des gaz non encore consumés, sans qu’aucun sapeur apte à éteindre le feu n’ait à se faire voir. 

    L’ANP a d’autres chats à fouetter qui ne cessent de miauler dangereusement le long des frontières. Les demandes de « wilayisation », le dégout national, les inégalités sociales, les mérites brimés, la promotion des médiocres et toute la litanie sont une affaire préliminaire du gouvernement. Ce staff qui n’arrive plus à mettre la tête là où il le fallait, se contentant de graisser la patte à la bouderie. Au lieu d’aller au fond des choses, il les effleure croyant guérir le mal par des pansements budgétaires. C’est fort possible que l’on arriverait à faire taire une colère, alors que l’essentiel était de faire taire la douleur. Voire, attaquer les causes élégiaques. 

    Ouyahia ne bouge pas la main pour secouer la léthargie qui cerne les autres mains. Bouteflika de même. Sinon quelquefois, à coup de messages. Lui qui campe à sa manière dans un silence mi-figue mi-raisin face, non seulement aux désirs nourris de toute part de le voir partir les mains derrière le dos, mais aussi envers ses multiples courtisans, flagorneurs et cornemuseurs de tout bord. Ah, s’il était dans ses formes d’antan que deviendraient ces nouveaux magnats parvenus à ses étages ? Ces ministres qui mentent en ne cessant de dire que c’est sur instructions du président qu’ils inaugurent un p’tit guichet municipal. Enfin tant qu’il y des hommes il y aura tout le temps des cajoleurs. 

    Si la turpitude politique et l’excès de prudence tactique de nos politiciens s’attardent et se retardent à dégager clairement un choix, le questionnement absurde qu’il est mais réel et indiscutable suivant, reste de mise : que faire pour que l’avenir du pays ne soit plus sujet à hypothèque ? Les positions observées chez tous les acteurs nationaux, partis, pouvoir, opposition, élite à ce sujet ne se sont jusqu’à présent exprimées qu’à travers des positions simulées et suggérées par les médias. Que font ces sénateurs, ces députés ? A part pointer le nez dans une salle, une ouïe dans les coulisses et une main dans la poche de la cagnotte nationale. 

    Pendant ce temps, le temps est au profit du vide, à l’attentisme stérile et inadéquat, du moins à ses hommes. Ils se rassérènent ; ces « attendeurs » de la diversion probable qui déchirerait les rangs mal serrés d’un pouvoir en phase de désunion. Contrairement à eux, Bouteflika utilise même en graphie un langage de paix et de bons offices. N’est-il pas un enfant légitime du vrai FLN ? N’était-il pas un officier supérieur de la glorieuse ALN ? Ne fut-il pas un défenseur acharné des peuples opprimés ? Le ministre le plus jeune de la planète ? Le traqué par la cour des comptes ? Le grand routard du golfe lors de sa traversée des grands déserts ?  

    Le témoin du partage du monde ? Le compagnon des grandes figures ? Mais, c’est là où ses concurrents le prennent en piège. Ils disent que Bouteflika est un verbe d’Etat qui ne se conjugue qu’au passé simple. Une antériorité. Même recomposé ; son énoncé est une antinomie de l’instant et du futur. 

    Ce n’est plus une évidence de dire que la force de l’un se puise parfois et en certaines circonstances dans la déficience de l’autre. La marge de manœuvre qui s’offre souverainement au président de la république va lui permettre avec toute l’aisance voulue de pouvoir réunir les conditions nécessaires à la finition de son mandat. Mais là, rien ne filtre. L’on ne sait rien. Les supputations vont bon train comme tous les scenarios qui se cogitent. Alors, l’on baigne dans l’attente. 

    Avec cette énième attente de voir mieux ; l’image semble moins claire que ne l’est le complexe intime entre un pouvoir et ses forces invisibles. Evoluant en toute évidence au sein et dans la proximité immédiate de ce même pouvoir, l’autre pouvoir sans silhouette ni apparence renforce son anonymat par la sensation qu’il fait dire, que quelque chose existe, immatérielle, incolore, inodore et c’est bien elle qui tracte tout le fil d’un avenir incertain. Que tout est artificiel, bien réfléchi, compartimenté et murmuré à bon escient à l’adresse de l’opinion publique et selon des besoins conçus et insatiables de curiosité. Les gens savourent les mystères et pensent démêler les énigmes du sérail. 

    Le rédacteur moins érudit que l’ensemble, impuissant déclare son incompréhension totale de la « chose ». À défaut de myopie, la diplopie ou le fait de voir double vous attrape sur tous les angles monoculaires. Si l’on arrive à distinguer des spectres, l’on est toujours loin de pouvoir les identifier. Mirage ou réalité ? C’est ça le propre dit-on d’une politique, mais pas d’une sincérité obligatoire en pareil cas. 

    L’acte politique ne semble depuis longtemps ne s’exercer qu’aux paliers des discours. Les élus nationaux ne semblent pas être dans la sainteté des secrets du sommet. Ils se donnent l’impression, suite à des chuchotements d’avoir obtenu l’oscar du prochain lauréat, du nouveau ministre ou du redéploiement d’un tel wali. Ce qui fait dire que la politique est l’inverse de la météo. En présence de gros nuages la probabilité d’averses est ressentie à un fort taux. 

    Brouiller les pistes, créer des amalgames, planter le doute, affermir la crainte, aplatir l’impossibilité ; est-ce là un guide de gestion ? this is the question. 

    par El Yazid Dib

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