18 décembre 2018 - Le Monolecte

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  • L’apocalypse en jaune fluo - Le Monolecte
    https://blog.monolecte.fr/2018/12/18/lapocalypse-en-jaune-fluo

    Le comportement syndicaliste pendant la révolte des gilets jaunes a été tout bonnement exemplaire en exposant radicalement ses élites dans leur rôle à présent quasi officiel de garde-chiourmes des perdants récalcitrants de la guerre des classes. Rarement il nous a été donné d’entendre un silence plus éloquent que celui des centrales syndicales alors même que le soulèvement populaire qu’elles prétendaient appeler de tous leurs vœux fleurissait à tous les rondpoints comme des gerbes de boutons d’or après l’ondée printanière.

  • L’apocalypse en jaune fluo - Le Monolecte
    https://blog.monolecte.fr/2018/12/18/lapocalypse-en-jaune-fluo

    C’est une véritable apocalypse en jaune fluo qui a déferlé sur la France et qui a résisté, jour après jour, semaine après semaine, au froid, au découragement, à la violence, à la haine et quelque part, aussi, à la tentation du pire et du chaos. C’est une apocalypse au sens premier du terme : la révélation !

    Parce que c’est cela qui s’est réellement passé et que plus rien ne pourra effacer : ce qui était invisible est devenu visible, ce qui était nié s’est imposé à tous, ce qui était caché a été exposé de manière irrévocable.

    #gilets_jaunes #démocratie #confiscation_démocratique

    • Certains « gilets jaunes » trouvent une « famille » sur les ronds-points, Aline Leclerc
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/21/certains-gilets-jaunes-trouvent-une-famille-dans-leur-lutte-sur-les-ronds-po

      Le mouvement, apparu le 17 novembre, a fait naître une forme de #solidarité et de fraternité chez ceux qui ne s’étaient jamais révoltés.

      « Râleurs des canapés, mettez vos gilets ! » , annonce la pancarte posée bien en vue contre un pylône du rond-point. L’air de rien, elle dit beaucoup de ce qu’est le mouvement des « gilets jaunes » : la #révolte de ceux qui, jusqu’ici, ne s’étaient jamais révoltés et bougonnaient seuls, chez eux, devant leur télévision. Il y a un mois, ils ont éteint leur écran, enfilé leur gilet. Et sur l’échangeur de la nationale ou le terre-plein à côté du péage, ils ont rencontré des inconnus qui leur ressemblent, avec qui ils refont désormais le monde autour d’un feu de bois, en buvant le café. Au-delà de leurs revendications toujours vives sur le pouvoir d’achat ou la crise démocratique, c’est aussi cela qui les fait continuer la lutte : le plaisir de s’être trouvé cette nouvelle « famille », comme ils aiment désormais à le dire.

      « Ici tout le monde se raconte et on se rend compte qu’on a un peu tous les mêmes problèmes »

      « Ah ça, le répertoire s’est rempli, c’est vrai qu’on s’est fait des amis ! », s’enthousiasme Jessica, mère au foyer rencontrée dans l’Yonne. « Les gens pensaient qu’il n’y avait qu’eux qui avaient des difficultés. Mais ici tout le monde se raconte et on se rend compte qu’on a un peu tous les mêmes problèmes. La misère de chacun, elle nous touche », explique Bernard, ancien thermicien dans une centrale nucléaire. Mobilisé à Montchanin (Saône-et-Loire) depuis le 17 novembre, malgré, explique-t-il, « ses 74 ans et ses deux cancers ». Il nous rappelle cet autre retraité croisé à Saint-André-de-Cubzac (Gironde). En chimiothérapie, il bravait le froid glacial pour retrouver les « gilets jaunes » au bord de la nationale, tous les après-midi : « Ça me change les idées, chez moi c’est sinistre, je m’ennuie. »
      « Ici, il y a une alliance entre la recherche du bien et la recherche de #liens, philosophe Guy, garçon de café à la retraite, autour du feu de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Des gens qui s’isolaient dans leur #précarité, en se retrouvant, recréent du sens. Il y a une faim de vie. »

      Ce bon vieux temps où l’on n’avait pas la télé
      A Montchanin, les « gilets jaunes » racontent comment ils se sont démenés pour qu’un des leurs, handicapé par deux AVC, retrouve le chauffage. « Par fierté, il a longtemps rien osé dire, s’émeut Bernard. Mais c’est la force de ce mouvement. Et moins Macron nous entend, plus les gens se ressoudent ! Le peuple, il est en train de tout se ressouder, et c’est ça qui leur fait peur ! »

      « Ils ont tout fait pour qu’on devienne individualiste »

      Derrière lui, Nono, 54 ans, mécanicien intérimaire, insiste : « Ils ont tout fait pour qu’on devienne individualiste. En nous divisant, et en lavant le cerveau des gens. » Autour du feu de Montceau-les-Mines, Georges, ancien mineur de 68 ans, évoque ce bon vieux temps où l’on n’avait pas la télé : « Les gens se réunissaient le soir pour discuter, y’avait des veillées fraternelles… Et c’est un peu ça en fait qu’on revit, cette fraternité. »

      « On vit dans un monde tellement égoïste, on a toujours mieux à faire qu’aider les autres, ou visiter sa vieille grand-mère. Et là, voir les gens solidaires, ça me fait un bien fou, témoigne aussi Angélique, coiffeuse de 34 ans. Je me dis qu’il n’y a pas que des mauvais ! » Elle ajoute, pensive : « Je ne sais pas si on sera plus heureux, mais on ne sortira pas pareil des “gilets jaunes”. » Et George d’ajouter : « Le premier des changements, il est en nous ! »

      Cela a fait naître en eux une grande fierté

      En relevant la tête, eux, les oubliés, les méprisés, ont réussi en un mois à s’imposer dans les médias et à défier le pouvoir, obtenant même quelques victoires. Beaucoup ne s’en seraient jamais cru capables. Cela a fait naître en eux une grande fierté. Et des rêves grandiloquents : ceux qui restent mobilisés aujourd’hui veulent tout bonnement « changer le système ». Cette #machine_à_broyer qui les écrase depuis quarante ans. « Un jour, peut-être, on parlera des “gilets jaunes” dans les livres d’histoire, songe Angélique, qui élève seule ses deux enfants. Et ce jour-là, je pourrai leur dire “j’y étais !” On n’a pas vécu la guerre, mais on aura fait ça. Je me serai battue pour leur avenir. »

      « Personne n’est capable de vous dire quand ce sera la fin »
      On entrevoit alors combien il sera difficile de mettre fin au mouvement pour ceux qui le pensent révolutionnaire. « Alors quoi, tout le monde rentre chez soi, et puis les #riches restent riches et les #pauvres restent pauvres ? On enlève les barrages et on continue le système ? On peut pas faire ça ! », estime Georges, l’ancien mineur. « On est lucide, on se rend compte qu’il n’y a pas de solution évidente, concède Michel, son beau-frère. Personne n’est capable de vous dire quand ce sera la fin. »

      Beaucoup n’ont tout simplement pas envie qu’elle arrive. « Ça fait peur à certains, estime David, 45 ans, mobilisé à Montceau-les-Mines. Les gens sont devenus amis, la manifestation du samedi est devenue la sortie du week-end. Si on rentre chacun chez soi, ensuite quoi, on se fait juste coucou au Leclerc ? »