« Pourquoi il n’y aura pas de “gilets jaunes” en Afrique »

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  • Achille Mbembe : « Pourquoi il n’y aura pas de “gilets jaunes” en #Afrique »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/18/achille-mbembe-pourquoi-il-n-y-aura-pas-de-gilets-jaunes-en-afrique_5399132_

    [Les #élites au #pouvoir en Afrique] ont su mettre à profit leurs positions et leurs avoirs dans le but de bâtir des patrimoines et consolider leur mainmise sur l’#Etat. Davantage encore, elles se sont transnationalisées. La profondeur d’enracinement de ces élites au sein de leur société est telle qu’elles sont parvenues à clientéliser des pans entiers de leurs communautés. Les chaînes de #dépendance sont dès lors étendues, et pour les dépossédés, le poids de la dette sociale peut être lourd à porter. Rompre coûte très cher, pour des gains généralement aléatoires.

    Là où il a le mieux réussi, le projet des élites au pouvoir a toujours été multiethnique, celui d’une classe sociale consciente de ses intérêts et étroitement connectée à des réseaux internationaux. Mais pour asseoir son hégémonie, cette classe sociale n’a pas hésité à manipuler la conscience ethnique. C’est en effet par ces canaux et ceux de la parentèle que se constituent les chaînes de dépendance et de la redistribution. Ce faisant, cette classe s’est servi de l’opium identitaire pour diviser les catégories subalternes de la société, rendant ainsi difficile leurs émergence et coalition en tant que classe sociale distincte. Tant que cette division de la société entre une élite structurée en classe sociale intégrale et un peuple nourri aux fantasmes de la politique identitaire persiste, les chances d’une révolution sociale radicale seront maigres.

    #clientélisme #identités #ethnie