La réforme du lycée : une régression sociale et pédagogique

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    Le lycée Blanquer va accroître les inégalités sociales et culturelles déjà existantes entre les établissements et entre les élèves. Les spécialités les plus rares ne vont pas disparaître pour tout le monde. Les grands établissements du centre des grandes villes auront toujours une spécialité latin ou théâtre. Eux seuls offriront l’accès à la culture ultra sélective des humanités et de l’élite à des élèves déjà biberonnés à cette culture du fait du milieu social de recrutement des lycées de centre ville. Les élèves des lycées de campagne ou de banlieue qui pouvaient généralement intégrer une terminale L à 20 élèves ne pourront plus du tout étudier ces matières de façon approfondie.

    Un exemple dans mon Académie : Dans les Deux-Sèvres, là où il existait pourtant ces options jusqu’à présent (Théâtre et Musique), il n’y aura plus aucune spécialité Arts. Donc si tu as 16 ans, que tu habites la cambrousse et que tu t’intéresses de près à l’art, j’espère que tes parents peuvent te payer des cours du soir ! Tu peux aussi essayer de te débrouiller seul, mais quand après avoir trimé de ton côté en résistant à la pression de l’orientation et aux sarcasmes de ton entourage sur l’inutilité de tes passions, tu finiras par débarquer dans un conservatoire d’une grande ville, tu subiras la violence symbolique humiliante des codes et de la culture de ceux qui ont eu un prof dans un lycée de centre-ville pour les leurs enseigner. Le phénomène existe certes déjà. Mais il sera accru par cette réforme, qui a aussi pour objectif que le quidam de la campagne s’oriente gentiment vers les secteurs qui recrutent sur sa « terre natale ».

    Ces inégalités seront également renforcées par la réforme de l’évaluation et du baccalauréat, qui signe la fin du bac comme diplôme national et fait la part belle à « un grand oral » qui s’annonce discriminant du point de vue des compétences rhétoriques et sociales qu’il mettra en valeur. Mais je développerai cet aspect sur la réforme du bac dans un prochain article.

    • ...et sans surprise au vu des orientations budgétaires actuelles :

      Pour quiconque sait faire un peu de mathématiques, pour en avoir fait suffisamment et dans des conditions acceptables à l’école, la logique de la réforme du lycée Blanquer apparaît vite d’ordre strictement comptable. En effet, sans spéculer sur les suppressions de postes qui seront liées à la disparition progressive de certaines spécialités, il faut insister sur le fait que la suppression des filières générales à elle seule entraîne mécaniquement la suppression d’une classe sur cinq environ dans les petits lycées, un peu moins dans les gros établissements.