Le lanceur de balles de défense, arme controversée du maintien de l’ordre - Saint-Jean-de-Braye (45800)

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  • Le lanceur de balles de défense, arme controversée du maintien de l’ordre - AFP
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    « Mal nécessaire » ou arme excessivement dangereuse ? La controverse autour de l’utilisation des lanceurs de balles de défense (LBD) a été relancée après les blessures de manifestants lors de récentes mobilisations de « gilets jaunes » et de lycéens. Le 5 décembre, un lycéen loirétain était blessé par ce type d’arme à Saint-Jean-de-Braye.

    « J’ai eu une fracture sous l’oeil au niveau du plancher orbital, le nez fracturé à trois endroits et 25 points de suture », assure à l’AFP Constant Deniaux, 43 ans, qui affirme avoir été touché par un tir de #LBD alors qu’il participait le 8 décembre à un barrage filtrant de « gilets jaunes » sur le boulevard périphérique de Caen.

    « Je ne sais pas pourquoi j’ai été visé. J’étais à 30 mètres, sur les hauteurs, et j’étais observateur. Je pense que j’ai été visé délibérément », poursuit ce technico-commercial, actuellement au chômage, qui dit faire partie « des personnes blessées inutilement ».

    Des tirs de LBD ont également blessé des lycéens mobilisés contre la réforme du bac, dont un élève de 16 ans atteint à la tête le 5 décembre à Saint-Jean-De-Braye.

    « J’aimerais comprendre pourquoi des policiers ont utilisé ce genre d’arme contre des gamins »

    « Choquées » par ces incidents, quelque 200 personnalités, dont plusieurs députés de gauche, ont appelé début décembre à interdire « immédiatement » l’usage de ces fusils d’épaule à un coup qui projettent des balles semi-rigides de calibre 40 mm. En janvier 2018, le Défenseur des droits Jacques Toubon avait déjà plaidé pour leur retrait.

    Depuis le début de la mobilisation des « gilets jaunes » le 17 novembre, les blessures par LBD et d’autres violences policières présumées ont abouti à 48 saisines de l’IGPN, la police des polices.

    L’IGPN avait ouvert huit enquêtes liées à l’utilisation de lanceurs de balles de défense en 2017 et onze en 2016, année marquée par les manifestations contre la loi travail.

    « Un cadre légal précis »

    Face à la polémique, les autorités continuent de défendre une arme non létale dont l’usage est règlementé.

    L’utilisation du LBD « s’appuie sur un cadre légal précis », affirme une source policière, évoquant notamment des formations obligatoires et l’obtention d’un certificat d’aptitude.

    « Le LBD est une arme intermédiaire, utilisée pour stopper des manifestants et arrêter les individus dangereux ou agressifs envers la police », affirme Jean-Louis Courtois, expert en armes auprès de la Cour d’appel de Paris et rédacteur en chef de la revue Commando magazine.

    « C’est le matériel le plus adapté avant l’utilisation létale d’une arme à feu », ajoute-t-il, constatant qu’"il n’y a eu aucun mort" pendant les manifestations malgré des affrontements parfois violents.

    « Le retrait de ce type de matériel mettrait en danger les fonctionnaires de police », assure aussi M. Courtois, pour qui l’utilisation du LBD est « un mal nécessaire ».

    Un tournant

    Pour Vincent Denis, maître de conférence en histoire moderne à La Sorbonne et spécialiste de la police, l’utilisation des LBD à partir de la fin des années 90 a toutefois marqué « un tournant » car « la doctrine du maintien de l’ordre depuis 1945 était de ne pas tirer sur les manifestants ».

    Non létales, ces armes blessent pourtant « pour la vie », ce qui « contribue à alourdir le bilan en matière de blessés », assure M. Denis.

    Depuis début décembre, le journaliste-documentariste indépendant David Dufresne collecte sur Twitter des vidéos de violences policières présumées lors des récentes mobilisations en France et s’étonne « qu’il y a ait si peu de débat autour de ces dizaines de blessées » par LBD.

    « La police surfe sur un seuil de tolérance plus élevé qu’autrefois », assure M. Dufresne, auteur de « Maintien de l’ordre » (Editions Pluriel).

    « Depuis les manifestations contre la loi travail, l’affrontement est complètement assumé », ajoute-t-il, « il y a une forme de militarisation du maintien de l’ordre qui n’était pas du tout à l’oeuvre jusqu’ici. »

    Pour l’heure, les autorités ont eu gain de cause sur le plan judiciaire : la Cour européenne des droits de l’Homme a rejeté le 18 décembre une requête de manifestants blessés par des tirs de LBD et qui en demandaient l’interdiction en urgence

    Malgré la polémique, le ministère de l’Intérieur a lancé le 23 décembre un appel d’offres pour l’acquisition de 1.280 nouveaux LBD.

    AFP

    #Maintien_de_L'ordre