• Etre une femme trans ou devenir soi - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2020/02/18/etre-une-femme-trans-ou-devenir-soi_1778784

    En prétendant que les choix de présentation d’elles-mêmes que font les femmes trans renforcent les stéréotypes de genre, Stern les assimile à des travesties, témoignant d’une méconnaissance totale de l’expérience vécue de la transition. A n’en pas parler, on reste avec des mots, on esquive la question du sens. Sans prétendre parler à la place des femmes trans, mais parce que j’ai réfléchi le sujet et y travaille, je propose pour ma part de la saisir en déployant une perspective phénoménologique qui prend au sérieux « la réalité matérielle de l’imaginaire » (Jay Prosser) et qui pose l’articulation intime de la chair et du soi.

    Les modalités esthétiques par lesquelles une femme trans modèle son apparence renvoient à une dynamique proprement existentielle par laquelle elle cherche à se reconnaître. Il ne s’agit pas pour elle de se maquiller ou de s’habiller comme une femme mais de le faire en tant que femme afin d’atteindre une forme d’adéquation entre ce qu’elle est et ce qu’elle paraît. Car nous n’accédons à nous-mêmes qu’en nous représentant, le paraître est un « accroissement d’être » qui révèle la dignité de ce qui était déjà là et qui le confirme (Jacques Dewitte). Ce que certaines féministes considèrent comme de l’outrance stéréotypée renvoie en réalité à une démarche de coïncidence à soi par laquelle la femme trans devient ce qu’elle est, une femme.

    Par Camille #Froideveaux-Metterie

    Je poste à part parce que cette tribune est passée inaperçue ici et parce qu’elle est à un endroit où je n’ai pas le droit de poster. Ce qui par ailleurs commence à me gonfler et à me donner envie de n’utiliser Seenthis que comme un agrégateur de contenu et pas un réseau social.
    #transidentité

    • Je disais que je trouvais que ça me semblait contenir plein de trucs faux. Notamment parce qu’elle fait porter le chapeau de l’essentialisme au « camp d’en face », alors qu’elle même profère des idées essentialistes, à commencer par le passage que tu cites justement.

      celles qui estiment que les femmes trans ne sont pas des femmes et n’ont de ce fait aucune légitimité à prendre part aux luttes féministes

      C’est faux, je n’ai à peu près jamais lu ça. Ce qui est dit, c’est que les femmes trans peuvent participer en tant que trans-femmes, avec leur réalité propre, pas en tant que femmes cis, étant nées avec ce qui a permis à la société de les voir comme femmes depuis leur naissance, et qui continue de les faire reconnaitre comme femmes et vivre cette réalité sociale. Les trans-femmes ont certains problèmes en commun, d’autres pas. Et que donc quand les femmes veulent se regrouper uniquement entre femmes, elles doivent pouvoir le faire, et c’est à elles, en tant que groupe social (et non en tant qu’individus) de reconnaitre si elles intègrent telle ou telle personne trans-femmes dans leur groupe parce qu’elle lui reconnaisse une vie similaire et un non-danger pour le groupe, mais pas parce que ces personnes s’auto-déclarent femmes. C’est un choix social du groupe.

      L’argument est récurrent qui se réfère aux organes génitaux féminins comme à un socle exclusif et indéboulonnable.

      Les matérialistes non-essentialistes (ce qui constitue la plupart), depuis des décennies n’ont jamais dit ça non plus, elle confond là volontairement le fait de dire « les femmes ont des vulves, ou tel chromosome » avec le fait de dire « les femmes sont traités par la société en tant que femmes suivant le corps qu’elle leur reconnait, et alors la société leur assigne des caractéristiques sociales qui seraient propre aux femmes (alors que non) ». Ce n’est pas essentialiste, c’est socialiste.

      soit le fait que la question trans « colonise le débat féministe ». Je ne m’attarderai pas sur cette affirmation aberrante tant elle contredit la position ultra-minoritaire des combats transidentitaires et la place tout aussi ténue réservée aux femmes trans dans le féminisme.

      C’est une blague ? Il y a encore un peu débat et des groupes différents, mais que ce soit sur internet ET dans la vie physique, les positions trans sont partout, et dans bien des cas sont majoritaires ! Y compris désormais dans des organisations anciennes datant des féministes précédentes, comme le Planning familial. De nombreux groupes mainstream rejettent immédiatement la moindre personne émettant des critiques sur les politiques de l’identité, annulent des confs, publient des textes de désavoument… c’est une « place ténue » ça ?

      Et quant à la société complète, ce n’est pas « ultra-minoritaire » non plus puisque des pays entiers adoptent des lois de choix individuel de l’identité.

      Cette affirmation est complètement fausse, ne correspond pas du tout à la réalité ni online ni offline, et même tellement grossièrement l’inverse que ça fait vraiment stratégie pour l’utiliser rhétoriquement en se disant « les petits qui sont tous faibles ». Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas plein de problèmes, de violence, etc, mais « ultra-minoritaire » wtf…

      Il s’agit de rejeter la division hiérarchiquement sexuée de la société qui érige en « distinction socialement pertinente une différence anatomique en elle-même dépourvue d’implications sociales ». En prenant position auprès de celles qui rejettent les femmes trans, Delphy semble avoir oublié cette affirmation dont elle est l’autrice.

      Mais justement, il n’y a rien de contradictoire. Le fait de dire que les femmes, au sens femelles humaines, ne devraient pas avoir à vivre une réalité sociale si différente des mâles, car leur vulve, leurs seins, leur utérus, ne devraient pas changer à ce point leur vie quotidienne, et bien ça ne veut pas du tout dire que la définition de femmes deviendrait autre chose.

      À l’inverse, plein de trans considèrent que pour être une femme, il faut alors avoir les caractéristiques assignés par la société patriarcale aux femmes uniquement (dans l’époque actuelle, avoir des seins, des robes, du maquillage, parler de telle manière, etc).

      Alors que les féministes matérialistes disent justement que c’est le genre (le féminin, le masculin) qui est social, et qu’on peut parfaitement être une femme baraqué en jean non-attirée par les hommes, et on peut être un homme et vouloir du maquillage, prendre soin des autres, aimer se faire sodomiser (par qui que ce soit), et ça n’en fait pas des premières des hommes, ni des seconds des femmes.

      C’est précisément en partant du constat d’une possible non-coïncidence entre sexe biologique de naissance et identité de genre que celles-ci ont entrepris de déconstruire les assignations sexuées et les stéréotypes genrés.

      C’est un des points les plus importants : la complète identification entre « identité de genre » et « stéréotypes genrés ».

      Personne n’est pile le stéréotype d’un des deux genre, personne n’est 100% ce que la société considère comme féminin ou masculin. Et donc on peut parfaitement avoir des comportements associés à un stéréotype du genre opposé et ne PAS être considéré par la société comme étant pour autant du genre opposé. Le genre est social, alors que les choix de comportements sont individuels. En tant qu’homme barbu, si je me maquille, que je m’occupe d’enfants, la société continuera de me reconnaitre en tant qu’homme. Et je ferai alors face à des discriminations ou des violences non pas en tant que nouvelle femme (parce que je me sentirais femme), mais en tant que reconnu comme homme par la société mais ne correspondant pas assez aux canons de la masculinité.

      Les féministes matérialistes se sont battues et se battent pour abolir le genre, pour qu’aucun comportement ne soient plus assignés, et non pas pour les conforter (si t’as N% des stéréotypes du féminin alors t’es une femme, c’est valider ces assignations !)

      Les modalités esthétiques par lesquelles une femme trans modèle son apparence renvoient à une dynamique proprement existentielle par laquelle elle cherche à se reconnaître. Il ne s’agit pas pour elle de se maquiller ou de s’habiller comme une femme mais de le faire en tant que femme afin d’atteindre une forme d’adéquation entre ce qu’elle est et ce qu’elle paraît.

      Onanisme intellectuel ! C’est bien ça qui est reproché, ça signifie que ces gens considère que « paraitre une femme » c’est avoir tous les stéréotypes associés, alors que les matérialistes disent qu’on peut être une femme et ne jamais se maquiller, ne jamais porter des « habits de femmes »…

      Ya vraiment vraiment une lecture des stéréotypes de genre à la fois hyper proche mais qui aboutit à des conclusions diamétralement opposés, entre l’activisme trans et les féministes matérialistes. J’ai l’impression qu’elles partent de constats super proches voire exactement les mêmes sur ce que le patriarcat impose comme assignations sociales, et qu’elles en déduisent des philosophie de vie totalement différentes et même parfois opposées.

    • Merci @rastapopoulos de venir causer avec moi ! Je ne suis pas trop d’accord, je vois des féministes matérialistes nickel (Delphy, Meghan Murphy) adopter le sexe, la physiologie, comme ce qui sépare l’humanité en deux et la hiérarchise. Alors que je m’attendais plutôt à les voir adopter une identité de genre perçue comme très sociale, avec inclusion possible de femmes trans dans la mesure où elles sont perçues comme des femmes et dans la mesure où ça a du sens (pas dans une non-mixité consacrée au corps : auto-examen gynéco par exemple). Je me dis que leur position est stratégique, parce que contrairement à l’idée de poser un regard social sur l’identité (difficile à mettre en pratique), le corps règle les choses et les femmes canadiennes ne sont plus en mesure de restreindre l’accès de lieux de non-mixité politique ou de défense à quiconque, y compris des hommes de mauvaise foi ou des personnes que j’identifie à des hommes qui ont une fascination morbide pour les femmes qui suppose de les violer et de vivre dans un corps de femmes (auto-gynophilie). Mais ça m’étonne de les voir revenir aussi fort au corps sexué après avoir montré ce que fait le genre (ce qui concerne aussi des trans avec une expression de genre claire, on en a plein de témoignages). Ça ne change rien au fait qu’elles ont le droit à leur non-mixité, qu’on l’aime ou pas on n’a pas à la remettre en cause sauf à expliquer qu’elles ont un privilège acquis sur le dos des femmes trans (lequel ? dites-moi ! parce que militer et y consacrer temps libre, énergie et souvent pognon n’est pas un privilège).

      Je pense aussi que Froideveau sous-estime l’activisme trans et la volonté de beaucoup de femmes cis de s’effacer derrière elles (comme les femmes savent si bien s’effacer dans les luttes). Nous n’en sommes qu’au début et l’activisme institutionnel n’a pas beaucoup avancé en France mais dans les collectifs les femmes trans ne s’oublient pas trop. Il y a même des événements un peu queer, et pas des groupes de parole ou de soutien de personnes trans mais des trucs adressés à tout le monde, qui excluent les TERF à l’entrée (en tout cas en ajoutant la mention aux descriptions de leurs événements). Froideveau loupe un peu le coche...

      Mais son propos sur l’expression de genre des femmes trans me semble pas mal. D’abord je rencontre plein de femmes trans pas plus ni moins « sapées avec féminité » que des femmes cis. Des meufs trans ultra genrées, limite drag, corps et fringues, j’en connais peu... et j’en croise de moins en moins. Ensuite il y a la nécessité du passing qui nécessite d’en faire un peu plus quand le corps est un peu moins féminin. C’est un peu le propos de cette autrice trans.

      Anti-guide du questionnement de genre – Raymond, reviens, t’as oublié tes chiens !
      https://raymondreviens.wordpress.com/2017/01/17/anti-guide-du-questionnement-de-genre

      Sans ces modifications, si on veut éviter les humiliations et les violences liées au fait d’être vue comme un mec en robe, il faut avoir un corps pas trop marqué par la testostérone (donc disons moins de 25 ans, et encore pas pour tout le monde), se restreindre à des codes féminins hétérosexuels et savoir se démerder avec un pinceau à maquillage. Les modifications physiques sont pour la plupart des femmes trans un moyen d’être lue comme femme de manière permanente, sans contrainte particulière.

      J’ai cet exemple du mec qui vient à un événement lesbien avec une expression de genre masculine. Il n’est pas le seul dans la salle, plein de butches sont sapées comme lui. Mais corps de femme + fringues « masculines » n’est pas corps de femme + fringues « masculines » : il reste une personne qu’on ne va pas manquer d’identifier à un homme alors que les meufs en question sont identifiées comme butches, camionneuses, etc. Donc son genre, son identité sociale, dépend d’une expression plus marquée « féminine » que les femmes qui réclament la liberté de s’habiller comme elles veulent. Je trouve que Froideveau l’écrit bien, au milieu de ces propos dont tu as bien noté l’injustice.

    • Merci pour vos interventions.
      Je partage un bout d’entretien de #Francis_Dupuis_Déri qui apporte un autre éclairage sur la question. Toute la réponse serait à lire mais je laisse seulement l’extrait qui peut apporter sa pierre au débat pour certains d’entre nous. (Ca date de fin 2018.)

      J’ai lu avec très grand intérêt le numéro spécial de la revue Transgender Studies Quarterly , qui proposait un dossier complet sur le « transféminisme », soit l’alliance et la fusion entre féminisme et mouvement trans. On y présente les histoires très intéressantes de ces alliances au Brésil, en Italie, aux États-Unis et ailleurs, parfois dès les années 1960. J’y ai appris, enfin, qu’une féministe radicale dont je respecte beaucoup le travail, Andrea Dworkin, se déclarait solidaire des trans dès le début des années 1970, aux États-Unis. Elle proposait que l’État offre des services de santé gratuits pour les femmes trans, ou que la communauté militante offre les moyens à toute personne transexuelle d’obtenir une opération de changement de sexe. Selon Dworkin, la présence des trans nous révèle surtout la fluidité des identités de sexe et met à mal la logique de la binarité sexuelle. Même si elle rêvait d’un monde sans genre ou sexe, elle considérait dès 1974 que c’est seulement dans un nouveau monde constitué d’une « identité androgyne » que la transexualité n’aura plus le même sens, puisqu’il y aura une plus grande pluralité de choix. À la même époque, aux États-Unis, le groupe de musique Olivia Record, composé de féministes radicales lesbiennes séparatistes, se déclarait « trans inclusive ». Une des membres a aussi été militante du collectif de lesbiennes radicales Furies et a payé pour les frais médicaux de trans. L’amie et l’alliée de Dworkin, la féministe Catharine MacKinnon, dont la pensée sur la domination sexuelle m’a également beaucoup inspiré, s’est aussi déclarée solidaire des trans.

      (...)

      Plus concrètement, les trans ont obtenu plusieurs gains législatifs depuis quelques années au Canada et au Québec. Depuis 2015 au Québec, l’école est obligée d’accepter un changement de prénom, et les élèves de 14 ans et plus peuvent même exprimer cette demande sans l’autorisation de leurs parents. Mon université autorise enfin les étudiantes et les étudiants à changer leur nom, sur les listes de classe. Quant au mouvement des femmes au Québec, par exemple les réseaux de centres et de maisons d’hébergement pour femmes, je crois comprendre que la réponse est le plus souvent pragmatique face à la demande d’inclusion des trans (qui est souvent une demande d’aide). Il ne s’agit pas d’une prise de position de principe sur ce qu’est la non-mixité ou ce qu’est une femme, mais d’un travail d’écoute, d’échange, de réflexion collective, de consultation et d’arrangement pragmatique, chaque situation étant différente selon le contexte, les autres femmes présentes, les expériences passées, etc..

      Voilà… Je ne pense pas avoir répondu à vos questions, mais je vous ai présenté l’état de mes réflexions, en ce moment. Mais considérant que votre site publie des textes très critiques des trans et considérant l’état des débats et des rapports de force où je me situe, à Montréal, je pensais saisir l’occasion pour partager quelques réflexions, sans prétendre connaître la « vérité » sur ces sujets complexes, ni parler au nom des féministes radicales ou des militantes et théoriciennes trans.

      https://www.partage-le.com/2018/12/31/chronique-la-violence-masculiniste-suivie-dun-entretien-avec-francis-dup

      La revue en question :
      Transgender Studies Quarterly , vol. 3, no. 1–2, 2016,
      https://read.dukeupress.edu/tsq/issue/3/1-2
      (articles en libre accès ou via https://sci-hub.si / https://lovescihub.wordpress.com )

      Je pense que tradfem a fait beaucoup de mal en choisissant de traduire des textes, même essentialistes, sur cette question ce qui a contribué à cliver encore plus les féministes. Notre place de gars n’est pas là, je pense, dans ce combat. Mais pourquoi ne pas traduire des articles cette revue, pour rester fidèle à l’esprit de Dworkin, à la base de l’entreprise ?
      Je suis triste de l’état de ce débat et même si j’y pense aussi, je me dis que j’aimerais mettre de l’énergie ailleurs afin de soutenir le mouvement féministe.
      (antonin, je ne participe pas beaucoup ici, mais je te suis toujours avec grand intérêt.)

    • Super intéressant, le propos de FDD : d’abord sur son vécu de mec qui veut déboulonner le genre et qui pense qu’il suffit de le faire au niveau perso, et qui se rend compte qu’il outrepasse les limites de personnes pour qui ce n’est pas un jeu. Et puis ça me fait plaisir de voir Dworkin transinclusive.

    • Quand je disais :

      Ya vraiment vraiment une lecture des stéréotypes de genre à la fois hyper proche mais qui aboutit à des conclusions diamétralement opposés, entre l’activisme trans et les féministes matérialistes. J’ai l’impression qu’elles partent de constats super proches voire exactement les mêmes sur ce que le patriarcat impose comme assignations sociales, et qu’elles en déduisent des philosophie de vie totalement différentes et même parfois opposées.

      Bah du coup ya très exactement un article sur ça d’il y a plus de 10 ans, mettant un peu à plat ces différences dans un langage pas ampoulé, paru en français en 2013 dans Sisyphe et en 2014 dans Nouvelles Questions Féministes. Ça dit vraiment la même chose que ma phrase à la va-vite d’il y a un an, en plus long.
      https://seenthis.net/messages/898694

  • Quelle crise de la masculinité ?
    En accès libre
    #Francis_Dupuis-Déri
    https://www.hors-serie.net/En-acces-libre/2018-09-08/Quelle-crise-de-la-masculinite--id325
    En accès libre , émission publiée le 08/09/2018
    Durée de l’émission : 83 minutes

    Entretien visible en ligne ou à télécharger :
    – en vidéo :
    http://v42.hors-serie.net/telecharger/DLTDupuisD2.mp4


    – en #audio :
    https://www.hors-serie.net/medias/mp3/288783675.mp3

    (En suivant le tag, y’a deux entretiens récents écrits
    https://seenthis.net/messages/757145
    https://seenthis.net/messages/749037
    et audio
    https://seenthis.net/messages/751544)

    Le jeudi 7 février (hier), les Éditions du remue-ménage annoncent :

    Aujourd’hui paraissent en Europe francophone (France, Belgique, Suisse) LA CRISE DE LA MASCULINITÉ de Francis Dupuis-Déri et LES FILLES EN SÉRIE de @MartineDelvaux Grâce à Hobo Diffusion (Makassar), la présence outre-mer de notre maison d’édition féministe ne fera que croître.

    https://twitter.com/remue_menage/status/1093642964621033472

    Pour info, Dupuis-Déri sera en France en février :
    – Paris, librairie Violette and co, le jeudi 21, 19h
    http://www.violetteandco.com/librairie/spip.php?article1181
    – Rennes, librairie La Nuit des temps, mercredi 27, 19h
    "Si vous souhaitez réserver une place assise, vous pouvez nous envoyer un mail à librairielanuitdestemps/at/gmail.com ou nous appeler au 02 99 53 37 95 . Si toutes les places assises sont réservées, pas de panique, vous pouvez tout de même assister à la rencontre debout ou assis.e par terre.
    https://www.facebook.com/events/247047939553888
    – Ailleurs ?

    En attendant, Slate publie des extraits du bouquin :
    http://www.slate.fr/story/173145/crise-masculinite-mythe

    #fan-club

    • Présentation de l’entretien sur Hors-série :

      La Une de l’Obs cet été a tiré la sonnette d’alarme : « Etre un homme après #MeToo » serait une affaire compliquée - laissant les mecs, comme sur la photo qui illustrait cette couverture, hagards, démunis et esseulés. Que l’on ne s’inquiète pas trop, cependant : depuis l’Antiquité romaine, chaque fois que la moindre revendication féministe se fait entendre, l’alerte est sonnée et les masculinistes sont sur le pont, annonçant que la masculinité est en crise et la société en péril. Bien sûr, à l’époque de Caton l’Ancien ça ne s’appelle pas comme ça : « féminisme » et « masculinisme » ne sont pas encore des notions en vigueur, mais ça n’empêche pas le-dit Caton de penser le phénomène en une vision tout à fait analogue à celle d’un Eric Zemmour : « Les femmes, écrit-il en 195 avant J.C., sont devenues si puissantes que notre indépendance est compromise à l’intérieur même de nos foyers, qu’elle est ridiculisée et foulée aux pieds en public ».

      C’est le livre de Francis Dupuis-Déri qui nous l’apprend, en nous offrant une très précieuse mise en perspective historique : la prétendue « crise de la masculinité » est vieille comme le patriarcat, et son expression connaît des périodes de recrudescence à travers les siècles, non pas lorsque les rapports de sexe tendent vers des formes d’égalité (par exemple au Haut Moyen-Âge en Europe) mais lorsqu’au contraire la domination masculine a repris des formes si radicales et si spectaculaires que les protestations des femmes se font plus vives - suscitant, à chaque fois, ce qu’on pourrait appeler une « Réaction masculiniste ». Laquelle en général ne se contente pas de s’inquiéter qu’il ne soit plus possible d’être « un homme, un vrai » : c’est une rhétorique qui associe toujours la différenciation des sexes à leur hiérarchisation tacite (le masculin se caractérisant par des propriétés qui le vouent à une suprématie « naturelle ») et cette hiérarchisation à la bonne santé de la société. Dès le XVIIIème siècle, le masculinisme est un nationalisme, assignant les femmes aux seules tâches reproductives afin de soutenir une démographie assez tonique pour assurer la suprématie nationale sur les nations rivales. Et si par malheur les nations connaissent des crises économiques ou des défaites militaires, c’est bien sûr à cause des femmes, ou de la « féminisation de la société ».

      Il faut le lire pour le croire, et le livre du politiste québecois est une hallucinante somme de citations, dont la lecture est aussi cocasse que terrifiante : il s’est vraiment trouvé, à toutes les époques à peu près, des masculinistes pour expliquer les malheurs du monde par les trop voraces conquêtes des femmes. Le génocide au Rwanda, les attentats du 11 septembre 2001, l’échec scolaire des garçons, le taux de suicide des hommes, ne cherchez plus : c’est à cause de l’émancipation des femmes et de la féminisation de la société.

      On le comprend peu à peu, la soi disant « crise de la masculinité » a bon dos : c’est une arme de dépolitisation massive, qui permet de produire des pseudo-analyses du monde parfaitement aveugles aux rapports de violence et d’exploitation réels, et niant que la domination masculine est encore, factuellement, partout en vigueur. C’est aussi, tout bêtement, l’expression d’un anti-féminisme assez bas du front, qui s’invite ici et là - par exemple aux prochaines Universités d’été du féminisme, où s’exprimeront Raphaël Enthoven et Elizabeth Levy - en se faisant passer pour un art de la nuance ou un éloge de la différence dont il ne faut pas être dupe. Pour la paix des hommes et des femmes, pour leur émancipation respective et mutuelle, le masculinisme est le problème - ce n’est jamais la solution.

      NB : Le livre de Francis Dupuis-Déri, « La crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace », sorti au Québec (Ed. Remue Ménage), ne sera disponible dans les librairies françaises qu’à partir de janvier 2019.

  • Que répondre à votre beau-frère qui dira à Noël qu’on traverse une « grave crise de la masculinité » ?
    https://www.nouvelobs.com/notre-epoque/20181223.OBS10293/que-repondre-a-votre-beau-frere-qui-dira-a-noel-qu-on-traverse-une-grave-

    Dans son dernier ouvrage, Francis Dupuis-Déri, professeur de science politique, déconstruit le « mythe tenace » qui voudrait que les hommes aillent mal.

    Difficultés scolaires, incapacité à draguer, taux de suicide élevé, impuissance… On l’entend chez des partisans de tous bords et pas seulement depuis #metoo : les hommes iraient mal. La masculinité serait en crise.

    Dans « La crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace » (éditions du remue-ménage), qui sortira en France le 24 janvier 2019, le québécois Francis Dupuis-Déri déconstruit ce qui n’est pas une crise mais un discours de crise. Une rhétorique antiféministe dont on retrouve trace… dès l’antiquité.

    Le professeur de science politique, qui signe également des ouvrages sur les mouvements sociaux, travaille sur le masculinisme depuis les années 90. « Les femmes sont loin d’avoir atteint l’égalité alors ce discours m’a toujours énervé. » Entretien.

    • @bce_106_6 tu cites un texte qui ne fait qu’ajouter du confusionisme à la confusion de son écriture.

      Concernant l’interview de Francis Dupuy-Deri, chercheur et pro-féministe que j’apprécie particulièrement pour sa rigueur, je ne vois pas bien ce qui t’empêche de réfléchir dans l’analyse étayée qu’il nous offre.

      Ce qui m’a fasciné, en étudiant l’histoire et la diffusion dans l’espace de ce discours, c’est que les hommes sont en crise quel que soit le régime politique, le cadre législatif, le droit de la famille, la situation économique, le cadre culturel voire religieux… On trouve des expressions de crise de la masculinité à peu près partout, sur tous les continents. C’était un étonnement dans ma recherche, de voir que c’était un discours aussi ancien et diffus.

      #démystification

    • Je voie pas l’interet de ce texte ni son rapport avec ce que dit Dupui-deri. Je retrouve seulement la réthorique des anarchistes misogynes classiques ; néo-féminisme, défini comme « Les filles contre les garçons… Le but est toujours de diviser, exciter des haines, désespérer. »
      #manarchisme #anarcouilles

    • Je vous trouve bien mesurées, Mesdames !

      À la lecture des commentaires de @bce_106_6, je croirais être à la table du #beauf_officiel de ST dans la version « sympathique » à la cause des femmes… En tous cas, ce pourrait être ses arguments.

      com1 : c’est tellement évident que ça vaut pas la peine d’être mentionné et encore moins diffusé -> version « soft » de l’invisibilisation

      com2 : assimilation implicite (?) à du bullshit avéré (disclaimer : je n’ai pas suivi le lien, n’y étant pas vraiment invité par la fin du com)

      J’avais hésité au premier, le deuxième m’a convaincu.

    • Je suis d’accord @simplicissimus mais j’essaye de plus m’énérvé pour mon propre bien. J’ai bien remarqué la haine que @bce_106_6 porte aux femmes, pour lui toute femme est une bourgeoise qui ne devrait vivre que pour flatter une paire de couilles d’ouvrier. Ca fait longtemps que je le sais, je me souviens encore des saloperies qu’il écrivait pendant metoo allant jusqu’a relayé et soutenir les propos de Zemmour.
      edit - j’ai cru qu’ @elihanah était un conte alternatif de @bce_106_6 mais c’est manifestement une seenthicienne qui écrit pour son plaisir de faire une blague sexiste et agiste assimilant les femmes et les enfants et de légitimé la violence masculine contre ces deux groupes de personnes et peut être défendre son droit à elle en tant qu’adulte de battre et humilier des enfants.

    • @simplicissimus, je ne suis plus depuis longtemps la logorrhée haineuse du masculiniste et couilliste @bce_106_6 qui continue de se répandre sur seenthis.
      Comme @mad_meg mes réactions parfois virulentes m’affectent plus que les #pro_viol que j’attaque et qui disposent du soutien tacite de 90% de la population, bref, je me protège.

      J’ignorais même l’existence de l’infect post que tu cites @mad_meg et je te remercie de ne pas l’avoir laissé passer et de dénoncer ici ces propos pitoyables de #culture_du_viol.

      Remettre en cause et nager à contre courant prend beaucoup d’énergie et je me demande si cela sert à grand chose quand on voit que machin bce continue de véhiculer sa haine sur @seenthis sans être plus bloqué que cela.

    • Que répondre à votre beau-frère qui dira à Noël qu’on traverse une « grave crise de la masculinité » ?

      instinctivement j’ai failli répondre qu’il aille se faire couper les couilles. Ensuite j’ai étoilé le billet de @simplicissimus pas pour Francis Dupuis-Déri que je ne lis pas et encore moins pour le nouvelobs mais pour le fil de discussion et pour @bce_106_6 que je ne suis plus et que je bloque parfois quand il clic à répétition. Maintenant que j’ai répondu @seenthis me signalera la suite. Donc je désétoile. @monolecte hésite entre « ta gueule ! » et « dégage ! », moi je dirai juste " va te faire enculer ! "
      au réveillon de Noël c’est pas mon beauf qui a dérapé mais mon frangin. C’est le seul que j’ai avec trois sœurs et c’est lui l’aîné.
      c’est parti en couilles à la fin du repas après une réflexion de ma fille (ils bossent tous les deux à St Nazaire aux chantiers de l’Atlantique) sans prendre sa défense (elle est assez grande pour ça et pour raconter des conneries aussi) je ne supporte pas mon frangin quand il aboie et il aboie fort ce con ! Comme tout le monde fermait sa gueule et qu’il continuait de gueuler je lui ai dit qu’on étaient pas sourd et que c’était pas la peine de brailler comme ça. Ma fille s’est mise à chialer (c’est son défaut) et mon frangin s’est tiré. Ensuite on me raconte qu’il est dans une mauvaise passe. Divorce, plus de dialogue avec ses deux filles ... s’il leur gueule dessus comme ça, elles risquent pas de l’écouter. Pauvre chéri va ! et il a de la chance que j’ai arrêté de picoler parce que sinon je lui rentrais dans le lard malgré ses 100 kg et son mètre 98. Connard !

    • J’ai une amie qui ne va plus depuis longtemps au repas de Noël chez sa mère. Au courant des violences que sa fille a subit de son ex compagnon, il est invité cependant à chaque Noël avec sa nouvelle copine. Il faut dire que la mère a élevé ses enfants en les frappant régulièrement et qu’elle doit trouver logique de valoriser tout agresseur. Ses frères tentent aussi ce soir là de poursuivre leur œuvre de destruction envers leur sœur. Par exemple en se moquant de son féminisme à table devant ses neveux et nièces, c’est sa fille qui lui raconte dépitée. Elle avait en effet osé demander à la notaire qui gère la succession de leur père de respecter l’ordre des naissances comme la loi l’exige et non pas l’ordre des sexes, les frères étant bien entendus cités avant les sœurs.
      Depuis quinze ans le soir de Noël comme tous les autres jours de l’année, cette femme a choisit de ne pas se retrouver à la table de ses agresseurs·e.

    • Désolé, il me semblait avoir été assez clair, mais je veux bien reformuler.

      Com1 : que dit-il d’autre que c’est un non sujet, ce n’est pas la peine d’en parler ?

      Com2 : Tu mentionnes « en passant », pardon en « cadeau », un autre billet sur internet pour dire que, décidément, on trouve bien des conneries sur la toile. Le procédé, classique en rhétorique, a un nom : l’assimilation.

      Le billet propose un argumentaire bien construit à opposer à un éventuel discours de #crise_de_la_masculinité.
      (1) À l’évidence, il touche une corde asses sensible chez toi pour te pousser à réagir en le déclarant sans intérêt.
      (2) Au moins l’un des éléments du discours du beauf’ n’est apparemment pas étranger à ta façon de voir, ce qui te fait assimiler l’ensemble de l’argumentaire à des conneries.
      (3) en bonus, on a droit à la prétérition : «  je voudrais être méchant, je dirais du parfait BHL »

    • Que répondre à notre beau-frère qui affirme, tout en découpant la bûche de Noël, que l’« on traverse une grave crise de la masculinité, depuis #metoo » ?
      Lui offrir où au moins qu’il lise La crise de la masculinité de Francis Dupuis-Déri
      https://www.hobo-diffusion.com/catalogue/1876/la-crise-de-la-masculinite-observatoire-de-l-antifeminisme
      Et aussi coïts d’Andrea Dworkin à paraître en février prochain aux éditions Syllepse
      https://www.syllepse.net/coits-_r_62_i_755.html
      https://tradfem.wordpress.com/2018/12/29/coits-avant-propos
      source : @tradfem

    • simplicimus, bloquer mon profil, et ensuite m’insulter en écrivant que je suis front national, rassemblement national, c’est petit, et bête.
      => J’ai modifié mon profil, ce qui me permet de te répondre. Surprise !

      On ne fait pas son petit castaner comme on veut.
      castaner, lui, il a ses flics pour cogner celles et ceux qui le dérange.
      Toi, tu as toujours la même méthode, simpliste, bloquer, insulter, insinuer . . .

      Tu es dépassé par les événements, comme beaucoup en ce moment chez les Bourgeois.
      C’est ton problème de #beauf_officiel, qui n’a trouvé, pour exister, que de reproduire à la chaîne des articles sur le web, où l’on ne rencontre que rarement les mots capitalisme, violence institutionnel, collaboration par omission, enfumage . . . . .

      Intéressante ta recherche stalinienne sur les liens que tu me prêtes avec elihanah.
      Ça rappelle je suis partout.

    • mad meg, mon profil étant débloqué, je peux me permettre, humblement de te demander une seconde fois de citer mes propos approuvant zemmour.
      (Je comprends pas que tu mettes une majuscule au nom de ce type).

      Si je suis un troll de base, tu en est la reine quand le sujet concerne un tant soit peu le féminisme, que tu dessers, sauf peut être dans certains milieux assez peu représentatif de la société dans laquelle nous sommes, hélas.

      Quand à la grave question du nouvel OS : Que répondre à votre beau-frère qui dira à Noël qu’on traverse une « grave crise de la masculinité »
      Le papier ne refuse pas l’encre, ça remplit les colonnes a peu de frais, et ça permet de briller aux ternes. Dans quel monde vivez vous ?