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  • La lutte contre les sectes dissoute dans celle contre la radicalisation
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/01/la-mission-antisectes-absorbee-dans-l-organisme-de-lutte-contre-la-radicalis

    Selon le ministère de l’intérieur, qui a confirmé, mardi 1er octobre, une information de France Inter, la Miviludes, jusqu’ici directement gérée par Matignon, va en effet être absorbée par la Place Beauvau, d’ici au début de 2020. Un rapprochement qui marque un changement d’époque, et le primat accordé à la lutte contre la radicalisation djihadiste plutôt qu’à l’emprise sectaire dans un contexte budgétaire serré.

    Une erreur, estiment les associations qui travaillent avec cet organisme. Charline Delporte, présidente du Centre national d’accompagnement familial face à l’emprise sectaire (Cafes), fustige un recentrage qui laisse de côté la pluralité de la Miviludes : « On avait le volet éducation, le volet judiciaire, le volet formation, et là on n’aura plus que le volet policier, ce n’est pas possible. »

    Donc tant que les #sectes mettent les gens sous emprise sans en faire des terroristes, tout va bien ?

  • Chef cuisinier soixante-six heures par semaine, payées 1 700 euros. / Cuisiniers, intérimaires, femmes de ménage... Une centaine de travailleurs sans papiers en grève en Ile-de-France, Julia Pascual
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/01/une-centaine-de-travailleurs-sans-papiers-en-greve_6013793_3224.html


    Au KFC de la place d’Italie, à Paris, le 1er octobre. KAMIL ZIHNIOGLU POUR « LE MONDE »

    Ils travaillent pour KFC, Léon de Bruxelles ou dans le bâtiment. Plus d’une centaine de #travailleurs_sans_papiers de Paris et sa banlieue ont entamé une #grève mardi pour réclamer leur régularisation.

    Ils sont stewards chez KFC, plongeurs ou cuisiniers chez Léon de Bruxelles ou dans une brasserie chic du 16e arrondissement de Paris, femmes et hommes de ménage dans un hôtel Campanile, un cinéma UGC ou un foyer pour migrants, intérimaires dans le bâtiment…
    Ils sont plus d’une centaine et, mardi 1er octobre, ils ont entamé une grève dans douze entreprises. Leur point commun : tous sont des travailleurs sans papiers à Paris et dans sa banlieue et réclament leur #régularisation.

    Au moment où la préparation du débat parlementaire sur l’immigration – qui se tiendra lundi 7 octobre à l’Assemblée nationale – cible les risques d’abus du système de protection sociale ou de détournement de la demande d’asile, ces hommes et ces femmes, Maliens, Sénégalais et Mauritaniens, mais aussi Togolais ou Ghanéens, rappellent qu’ils « cotis[ent] et contribu[ent] au système de solidarité nationale et de Sécurité sociale ».

    « Contrairement à ce que dit la stigmatisation qui a cours, ils sont créateurs de richesse et de développement, martèle Marilyne Poulain, membre de la direction confédérale CGT et pilote du collectif immigration CGT, qui soutient le mouvement. Il faut redonner une visibilité à cette réalité-là. ». Contrats à durée déterminée (CDD) à répétition, heures supplémentaires non payées, temps de travail inférieur au minimum légal… Beaucoup de ces travailleurs en grève ont aussi des « conditions [de travail] dégradées, voire indignes du fait de leur situation administrative et de leur vulnérabilité », fait remarquer Mme Poulain.

    Payés de la main à la main
    « Ce sont les intérimaires qui déchargent les camions, constate Jean-Albert Guidou, de la CGT départementale, à propos des salariés de Haudecœur, une entreprise d’importation de produits alimentaires de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), où une dizaine de personnes se sont mises en grève. A la fin de la journée, ils doivent avoir porté autour d’une tonne. C’est l’exemple classique d’une entreprise où on met les intérimaires, a fortiori sans-papiers, sur les postes difficiles avec des risques pour la #santé. »

    Au restaurant japonais New Sukiyaki, en plein quartier touristique et festif de la Bastille, à Paris, Abdourahmane Guiro, 27 ans, embauche six jours sur sept, à raison d’une cinquantaine d’heures par semaine. « Je suis payé 1 500 euros, explique ce Sénégalais. Mais sur le bulletin, c’est affiché 1 100 euros. » Le reste, il le touche de la main à la main. Son collègue Yacouba Dia, 27 ans lui aussi, et chef de cuisine, travaille soixante-six heures par semaine, payées 1 700 euros.

    Dans les restaurants #KFC de la place d’Italie ou de Tolbiac (13e arrondissement), de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), de Vitry-sur-Seine ou du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), les « employés polyvalents » et sans-papiers aimeraient bien, eux, faire davantage d’heures.
    La durée minimale de travail du salarié à temps partiel est fixée à 24 heures par semaine mais Mahamadou Diakite ne travaille que vingt heures et Mamadou Niakate travaille, lui, quinze heures, tout comme son collègue Boubou Doukoure. « Parfois, on travaille plus, assure ce Malien de 34 ans. Mais on n’est pas payé. Le patron nous dit qu’on a mal compté nos heures. »

    « Les employeurs font écrire une décharge aux salariés pour qu’ils disent que c’est eux qui ne veulent pas travailler au minimum légal », ajoute Kande Traoré qui, lui, culmine à vingt-huit heures par semaine. « Les gens sont dociles alors ils en profitent, s’indigne Boubacar Doucoure, délégué CGT pour l’enseigne KFC. Il y a dix ans de cela, j’étais comme vous, dit-il en s’adressant à ses collègues. J’étais dans la peur. »

    Boubacar Doucoure est aujourd’hui manager et en situation régulière en France, après avoir fait grève en 2008. « Entre 2000 et 2008, j’ai travaillé sans papiers. J’ai cotisé, j’ai payé des impôts. Et pourtant, je n’aurai jamais de retraite », fait-il remarquer. Quand il entend le discours ambiant qui tend à assimiler les migrants à de potentiels resquilleurs, ça le « révolte ».

    « On a peur d’être virés »
    La plupart des salariés en grève ont été embauchés sous alias, c’est-à-dire en présentant des documents d’identité d’une personne en situation régulière. « Un frère m’a fait une photocopie de sa carte de séjour, de sa carte Vitale et d’une attestation d’hébergement et j’ai amené ça au patron qui m’a fait un contrat à durée indéterminée (CDI), explique Mamadou Niakate. Au travail, on m’appelle Diaby. » Son collègue Mahamadou Diakite arbore, lui, un badge au nom de Mantia.
    Quand un travailleur sans papiers veut entamer des démarches de régularisation auprès d’une préfecture, il a besoin – pour remplir les critères d’admission exceptionnelle au séjour – que son employeur établisse un #certificat_de_concordance_d’identités et, dans tous les cas, qu’il remplisse un formulaire Cerfa de demande d’autorisation d’embauche d’un salarié étranger non-européen. « On n’ose pas demander parce qu’on a peur d’être viré », confie Moussa Diakite, un Malien de 44 ans qui travaille dans la démolition via la société d’intérim Cervus, basée à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

    C’est peu ou prou ce qui est arrivé à Boubou Doukoure. Pendant sept mois, il a travaillé en CDD dans un abattoir de Lorient (Morbihan). Il accrochait des poulets sur une ligne d’abattage. Lorsque son employeur a voulu lui faire un CDI et qu’il s’est rendu compte de sa situation, il l’a congédié sur le champ.

    Moussa Diakite dit avoir « plusieurs fois essayé de demander une régularisation » en déposant un dossier en préfecture. Sans succès.
    « Ces travailleurs sont soumis à un double arbitraire, patronal et préfectoral », souligne Maryline Poulain. Moussa Diakite s’est mis en grève pour la première fois de sa vie. Il craint un « durcissement des conditions » de vie des immigrés, lui qui se sent déjà « limité dans [ses] #libertés » et « réduit dans [ses] déplacements ». En seize ans de présence en France, il n’est retourné qu’une seule fois au Mali, où il a une femme et deux enfants.

    Sollicitées mardi 1er octobre, plusieurs entreprises concernées par le mouvement de grève n’avaient pas souhaité faire de déclaration au Monde. Certaines se sont rapidement engagées à accompagner leurs salariés dans leur démarche de régularisation, conduisant à la levée, mardi soir, de trois des douze piquets de grève.


    Au KFC de place d’Italie, à Paris, le 1er octobre. KAMIL ZIHNIOGLU POUR « LE MONDE »

    #intérim #travail #économie #luttes_sociales #salaire #conditions_de_travail #xénophobie_d'État #liberté_de_circulation #liberté_d'installation

  • « Tontons », « cousins » ou « balances »... Les indics se mettent à table
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/24/tontons-cousins-ou-balances-les-indics-se-mettent-a-table_6012764_3224.html

    Alexandre Kauffmann, auteur du « Troisième Indic » (à paraître chez Flammarion le 25 septembre), s’est immergé dans le monde des informateurs de la police, où gravitent petits dealeurs et escrocs sans envergure et où tout se monnaye, surtout les confidences.
    Sur les boulevards des Maréchaux du 17e arrondissement de Paris, Lakhdar – les noms des indicateurs et des policiers ont été modifiés – désigne un bar à l’auvent défraîchi. « Je vais le faire fermer, annonce-t-il tout en conduisant sa voiture jaune citron. Dans ce trou à rats, il n’y a que des tapins [des prostituées]. Le patron, c’est le frère de ma femme. Il dit du mal de moi. Je l’ai balancé cette semaine à la police. Ils vont s’occuper de lui. »

    Plus loin, les jardins suspendus du nouveau tribunal de grande instance, édifice dominant tout le Nord-Ouest parisien, se découpent sur un ciel blanc. « Si l’affaire se passe bien, poursuit Lakhdar, je toucherai une prime et la Préfecture renouvellera mon APS [autorisation provisoire de séjour]. »

    Dos voûté, traces de brûlures dans le cou, lunettes de vue relevées sur le front : cet homme de 57 ans, ancien proxénète, dealeur occasionnel de cocaïne, ressemble davantage à un retraité nécessiteux qu’à un informateur de la police judiciaire. Après avoir fui le Maroc, au milieu des années 1980, où ses vols répétés lui avaient attiré bien des ennuis, il s’était d’abord réfugié chez un cousin installé à Marseille. Mais la cité phocéenne l’a déçu : « J’étais venu voir la France, et il n’y avait que des Arabes ! » Une semaine plus tard, il prenait un train pour Paris. « Je suis arrivé à la gare de Lyon sans un sou, raconte-t-il. J’ai rencontré une vendeuse dans un magasin. Le coup de foudre ! On s’est mariés et je l’ai mise sur le trottoir, avenue Foch. »

    Lakhdar est devenu indicateur au début des années 2000, en sortant de la prison de Fleury-Mérogis, où il purgeait une peine de deux ans pour « proxénétisme ». « Un ancien détenu m’a présenté le commandant Christophe [son officier traitant au sein de la police judiciaire parisienne]. C’est la seule personne que je ne trahirai jamais. » Et pour cause : c’est de lui qu’il tient son pouvoir. Avant toute considération morale, Lakhdar cherche d’abord à dominer son entourage, de préférence ceux qui lui ressemblent : les membres de sa famille, les proxénètes à la petite semaine, les dealeurs sans envergure. C’est là sa revanche sur une existence misérable. Elle illustre à merveille les consignes que donnaient les services de renseignement soviétiques, au temps de la guerre froide, pour recruter des traîtres à l’Ouest : « Cherchez d’abord des gens que le destin ou la nature a blessés, (…) qui souffrent d’un complexe d’infériorité, qui rêvent de pouvoir et d’influence. » Le même principe s’applique à l’échelle de Lakhdar : l’appétit d’autorité prime sur le reste. Le prestige est préférable à l’honneur.

    « Avec moi, c’est propre »

    Depuis plusieurs jours, le Marocain prépare une autre affaire pour le commandant Christophe. Un « salafiste de Seine-Saint-Denis » qui vendrait des pistolets-mitrailleurs Uzi. « Il s’appelle Lamine, nous indique Lakhdar. Entre nous, il n’est pas plus salafiste que moi… Il vend juste de l’héroïne, parfois un ou deux flingues. Christophe voulait que je lui trouve un musulman avec des armes. C’est bon pour ses chiffres. Je lui donne un dealeur du 93. Tout le monde est content. » Lakhdar a déjà dénoncé Lamine à deux reprises, sans jamais éveiller ses soupçons.

    « La dernière fois, il m’a appelé en sortant de prison pour s’excuser de ne pas avoir donné de nouvelles. Je l’ai engueulé ! Je l’aime bien, Lamine, vraiment.

    – Alors pourquoi le balancer ? », demande-t-on.

    Le quinquagénaire nous considère avec étonnement.

    « Il faut bien que quelqu’un le fasse. Et avec moi, c’est propre. Cette fois-ci, je dois encore trouver quelqu’un pour jouer le rôle du client : Lamine ira chercher les armes, et la police pourra identifier sa planque. »

    Lakhdar se considère comme un professionnel. Selon lui, si Lamine n’a pas su le repérer comme indicateur après deux dénonciations, c’est qu’il manque de prudence. Il ne peut s’en prendre qu’à son amateurisme. Vendre de l’héroïne et des armes est un métier dangereux : c’est à lui, et à lui seul, d’assumer les conséquences de son incurie. L’informateur marocain n’éprouve aucune animosité envers ceux qu’il appelle ses « victimes ». Il « donne » Lamine parce que c’est son métier et le signe de son pouvoir. Le geste – quand il ne s’inspire pas des haines recuites de famille – n’a rien de personnel.

    Comme Lakhdar, près de 2 000 informateurs sont inscrits au bureau central des sources (BCS), établi à Nanterre (Hauts-de-Seine). Chaque identité y est référencée sous un code secret. La majorité de ces « indics » renseignent la police sur des délits de petite et moyenne envergure – vol à l’arraché, cambriolage, trafic de stupéfiants… Autant d’affaires qui permettent au ministère de l’intérieur d’embellir les statistiques.

    Récompense officieuse

    Avant la création du BCS, au début des années 2000, aucune règle n’encadrait l’activité des « tontons », le surnom des indicateurs dans le jargon policier. Nombre d’enquêteurs s’accommodaient de cette liberté, d’autres en faisaient les frais.

    En 2002, trois officiers d’un groupe « stups » des Hauts-de-Seine sont mis en examen pour avoir rétribué l’un de leurs informateurs avec une saisie de 9 kilos de haschisch. Les syndicats de police les soutiennent. Ils exigent un statut légal pour les sources, se souciant moins de les protéger que d’assurer leur propre sécurité juridique. Thierry Mariani, alors député UMP du Vaucluse – passé depuis au Rassemblement national –, porte ce combat à l’Assemblée nationale. En 2004, après de multiples amendements, la loi Perben 2 aligne le statut des indicateurs de police sur celui des « aviseurs » des douanes, lesquels bénéficient depuis près d’un demi-siècle d’un « droit à rémunération ».

    « Pour bien connaître les criminels, il faut l’avoir été soi-même »
    Eugène-François Vidocq (1775-1857), délinquant puis indicateur
    Le législateur est demeuré silencieux sur les autres avantages accordés aux « personnes étrangères aux administrations publiques », comme sont qualifiés les indicateurs. Rien sur l’obtention d’une carte de séjour, la levée des fiches de recherche ou la tolérance de certaines infractions. Officiellement, ces privilèges n’existent pas.

    Depuis sa création, le BCS n’a qu’une vocation : recenser les informateurs pour les rémunérer. A elle seule, cette mission pose de nombreuses difficultés au service d’assistance technique de Nanterre. En échange d’avantages non déclarés, une part importante des informateurs – plus de la moitié, selon certains magistrats – renseigneraient en effet la police sans que ceux-ci soient répertoriés. Et parmi ceux qui le sont, beaucoup rempliraient de manière approximative les fiches destinées à les identifier.

    Lakhdar se vante ainsi d’être inscrit sous deux noms différents au BCS. « Ça me permet de travailler avec plusieurs services, confie l’informateur. C’est pas de trop, vu le montant des primes… » Lorsque son beau-frère a été interpellé, au bout d’un mois d’investigation, il a reçu 1 500 euros en espèces. Au sein de sa famille, personne ne soupçonne son rôle dans cette arrestation. Il a même rendu une visite de courtoisie à sa « victime » en prison.

    Au-delà de l’argent, Lakhdar s’intéresse surtout à la partie officieuse de sa récompense : le renouvellement de ses papiers. Son APS expire prochainement. Etant donné l’épaisseur de son casier judiciaire, les sursis que lui accorde la Préfecture de Paris ne dépassent jamais six mois. Ils sont délivrés à titre exceptionnel par le « bureau des affaires générales », autrefois « bureau des affaires réservées ». Lakhdar doit ainsi se rendre plusieurs fois par an au cœur de Paris pour solliciter ce service aux activités confidentielles.

    Une « charte » rarement respectée

    Ce matin, son officier traitant – le commandant Christophe – l’attend près du parvis de Notre-Dame pour le conduire sur place. L’indic se présente en retard, la mine chiffonnée, une chemise en carton sous le bras. « Les parties de rami se sont enchaînées toute la nuit, j’ai pas vu l’heure passer, s’excuse-t-il. J’ai perdu 400 euros… »

    Le commandant exhibe sa carte à l’entrée de la préfecture. « Ces personnes sont avec moi », prévient-il en nous désignant. Une atmosphère de caserne studieuse règne dans la cour centrale. En conduisant seul sa « source » au bureau des affaires générales, l’officier contrevient à la « charte du traitement des informateurs ». Etabli il y a une dizaine d’années, réactualisé en 2018, ce document du ministère de l’intérieur, que Le Monde s’est procuré, précise que « les rendez-vous du traitant avec l’informateur doivent se dérouler en présence d’un autre agent ».

    En réalité, dans la gestion quotidienne de la plupart des « tontons » – des profils semblables à celui de Lakhdar –, les vingt-huit articles de cette charte sont rarement respectés, sinon jamais. A commencer par la prescription n° 3 : « L’immatriculation au bureau central des sources n’exonère pas l’informateur de ses responsabilités civiles ou pénales. » Le commandant n’a pourtant jamais empêché Lakhdar de vendre de la cocaïne. « Ça ne gêne personne, plaide l’indicateur marocain. En plus, je refourgue souvent du speed en disant que c’est de la coke. Ça me coûte moins cher, même pas 1 euro le gramme. Et tout le monde en redemande ! »

    Nous gagnons un bureau étroit au premier étage, où flotte une odeur de peinture fraîche. Deux fonctionnaires, assises sur des sièges aux longs dossiers, compilent des documents en silence.

    « Je vous amène mon meilleur élément, M. Lakhdar B. !, lance l’officier à l’une des employées. Vous le connaissez déjà ? »

    La femme considère l’informateur avec une courtoisie administrative :

    « Oui, je crois me souvenir… »

    Elle ouvre son dossier.

    « Combien d’enfants avez-vous, monsieur B. ? »

    Lakhdar hausse les épaules.

    « Deux garçons et une petite fille. Ils sont tous Français. Et moi, je continue à galérer avec mes papiers. Je suis comme en liberté provisoire. Avec votre APS, on n’a même pas le droit de louer une piaule. »

    Condamnés à la précarité, les informateurs étrangers multiplient les délits pour survivre : escroqueries, vols, trafics de stupéfiants… Cette instabilité, propice à la collecte de renseignements, est loin de déplaire aux services de police.

    « Vous n’avez pas fait que des actions humanitaires en France, reprend la fonctionnaire. Six condamnations…

    – J’ai aussi apporté un tas d’affaires.

    – Et pas les plus mauvaises, intervient le commandant Christophe. La semaine prochaine, grâce à Lakhdar, on va interpeller un salafiste à la tête d’un trafic d’armes. Vous savez bien qu’on n’obtient pas ces renseignements au couvent des Carmes… »

    « Citez-moi des honnêtes gens qui pourraient faire ce métier », demandait déjà aux professeurs de morale Antoine de Sartine, lieutenant général de police sous Louis XV. « Pour bien connaître les criminels, il faut l’avoir été soi-même », abondait, au siècle suivant, Eugène-François Vidocq, tour à tour bagnard, indicateur et policier.

    L’entremise du « Libyen »

    Figures sulfureuses, les « sources » sont tenues à l’écart des procès-verbaux, où toute trace de leurs activités est effacée. Pour les protéger contre d’éventuelles représailles, mais aussi pour se débarrasser d’un statut légal ambigu. « Selon un renseignement émanant d’une personne digne de confiance et désirant garder l’anonymat » : les procédures réduisent le plus souvent l’implication des informateurs à cette formule elliptique. « Ce “camouflage” est déjà une entorse à la vérité, admet un magistrat du parquet de Paris. Les poursuites pénales doivent être transparentes, loyales et contradictoires. En acceptant d’arranger les faits pour effacer le rôle des indicateurs, policiers et magistrats sont dans une zone de non-droit. »

    « Avant le début d’une audience, j’ai précisé au substitut du procureur que mon client était inscrit au Bureau central des sources. Il m’a répondu : “Ça n’est pas un métier !” »
    Anne-Claire Le Jeune, avocate

    Le ministère public soupçonne certains officiers traitants d’utiliser ces actes hors procédure pour manipuler le cours des enquêtes. C’est pourquoi le parquet est peu enclin à fermer les yeux lorsque l’infraction d’un « tonton » est portée à sa connaissance. « Un indic peut être interpellé par des agents de la sécurité publique [les policiers en tenue] qui refusent de le relâcher malgré nos appels, précise le commandant Christophe. Quand il se retrouve au tribunal, on a l’impression que les magistrats considèrent son activité comme une circonstance aggravante – surtout s’il s’agit d’un petit informateur comme Lakhdar. En reconnaissant la rémunération des sources, la loi Perben 2 a jeté la suspicion sur tout le reste. Le parquet doit comprendre que sans renseignement humain, la police est aveugle. »

    L’avocate parisienne Anne-Claire Le Jeune, connue pour avoir défendu des indicateurs dans une trentaine d’affaires, affirme constater une détérioration des relations entre les officiers traitants et les magistrats du parquet d’un dossier à l’autre : « Il n’y a pas longtemps, avant le début d’une audience, j’ai précisé au substitut du procureur que mon client était inscrit au bureau central des sources. Il m’a répondu : “Ça n’est pas un métier !” »

    Beaucoup d’enquêteurs – à commencer par les adhérents d’Alliance, l’un des principaux syndicats de policiers – regrettent ce « dévoiement » de la loi Perben 2, qui inciterait les magistrats à limiter les « coups de pouce » aux tontons, quand ils ne les poursuivent pas.

    Après avoir obtenu le renouvellement de son APS, Lakhdar s’est employé à resserrer son piège autour de Lamine, le trafiquant d’armes et d’héroïne. Ce soir, il a promis de lui présenter un « client sérieux ». But de la manœuvre ? Organiser un « coup d’achat », c’est-à-dire pousser le trafiquant à dévoiler son mode opératoire.

    L’indic a cherché toute la journée un partenaire pour jouer le rôle de l’acheteur. « Je n’ai trouvé qu’Ayoub, regrette-t-il. Il vendrait son propre nez. C’est un tonton du commandant Christophe, lui aussi. Il fume trop de crack. On l’appelle “le Libyen”, parce qu’il ressemble à Kadhafi. En fait, c’est un Algérien. » Lakhdar l’a rencontré en 2003, à Fleury-Mérogis. Au cours d’une promenade, le Libyen lui avait offert un joint. Ils s’étaient revus une fois libres, à Paris. Lakhdar était alors en relation avec un semi-grossiste en cocaïne. S’improvisant intermédiaire, il avait proposé à Ayoub de lui en obtenir 250 g. Le Libyen lui avait donné rendez-vous dans un café du 13e arrondissement. Juste avant de le rejoindre, Lakhdar avait été pris d’un doute. Il s’était présenté au bar sans la marchandise. « T’as bien fait !, lui avait dit le Libyen. Je t’avais balancé aux flics ! Tu devrais travailler avec eux, toi aussi. Je vais te mettre en contact. » C’est ainsi, par l’entremise du Libyen, que le nom de Lakhdar a pour la première fois été inscrit au bureau central des sources (BCS).

    « Achète d’abord 5 grammes d’héro »

    Alors que la nuit est déjà tombée, le Marocain gare sa voiture jaune devant le métro Bonne-Nouvelle. Un homme d’une quarantaine d’années, la peau mate, une frange de moine au front, s’avance vers notre véhicule. « Attention, virus libyen ! », avertit Lakhdar. Voici donc Ayoub, le fumeur de crack, l’indicateur revenu de toutes les embuscades. Traits tirés. Bottes de daim bleu. Chemise mal repassée. Il s’assied en silence sur la banquette arrière.

    Après avoir grillé une dizaine de feux rouges, nous rallions le bar du 18e arrondissement où doit se tenir le rendez-vous avec Lamine, présenté à la police comme un salafiste par l’ancien proxénète marocain. Un rideau de fer couvre la devanture de l’établissement. Lakhdar chausse ses lunettes à verres grossissants et se penche sur l’écran de son portable. « Il faut prévenir le patron qu’on est là », soupire-t-il. Un vieil homme au crâne dégarni soulève le rideau de fer. « C’est lui le patron, commente Lakhdar, un abruti, mais un bon cuisinier. Il nous a préparé un agneau. » Les plaisirs de la table occupent une place importante dans sa vie d’indic. Il a beau snifer de la mauvaise cocaïne, porter de fausses marques, il a ses exigences en matière de gastronomie. La cuisine est sans doute le dernier bonheur franc et entier d’une existence falsifiée par le mensonge.

    A l’intérieur du bar, nous suivons un couloir humide jusqu’à une arrière-salle en travaux. Une table ronde est disposée sous des ampoules suspendues à des fils électriques. Dans l’attente du trafiquant, alors que nous dégustons un agneau savoureux, Lakhdar rappelle au Libyen sa partition.

    « Achète d’abord 5 grammes d’héro. Tu dis que c’est un test. Après, tu promets d’en prendre plus. »

    Ayoub se gratte le cou avec impatience.

    « Tu me prends pour un débutant ?

    – Des affaires, t’en as plantées pas mal… Quand Lamine est en confiance, tu parles des fusils Uzi. Sinon, on attend la prochaine fois. »

    Le Libyen nous prend à témoin :

    « Je lui ai appris le métier, et il croit que c’est lui le chef !

    – L’écoutez pas, supplie Lakhdar. C’est un escroc. Il est prêt à balancer tout le monde, même le commandant Christophe ! »

    L’envers des procédures

    De fait, il arrive que des indicateurs insatisfaits dénoncent leur officier traitant. Ils se rendent à l’inspection générale de la police nationale (IGPN) pour détailler l’envers des procédures : les filatures sauvages, la perception de « primes » en produits stupéfiants ou l’organisation de « coups d’achat ». « Un tonton trouvera toujours quelque chose d’irrégulier à raconter, se désole le responsable d’une cellule de renseignements opérationnels au sein de la police judiciaire. Des officiers qui gagnent à peine 3 000 euros par mois risquent de perdre leur boulot pour avoir aidé un informateur ou au contraire pour avoir refusé de le faire… »

    D’autant que les affaires de policiers ayant dépassé le cadre du simple arrangement avec leurs sources se sont succédé ces dernières années : en 2011, avec la chute du commissaire Neyret à Lyon ; en 2014, avec le vol de 52 kg de cocaïne au Quai des Orfèvres, à Paris ; sans oublier, entre 2012 et 2015, le dévoiement des livraisons surveillées de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) – service remanié et rebaptisé en raison de ce scandale.

    Depuis trois ans, des réunions entre les ministères de la justice et de l’intérieur se tiennent à la Chancellerie pour dessiner les contours d’une réformer du statut des informateurs
    Les ministères de l’intérieur et de la justice ont conscience qu’il est urgent de réformer le statut des informateurs. Depuis trois ans, des réunions interministérielles se tiennent à la chancellerie pour en dessiner les contours.

    Jusqu’à présent, les pistes de travail se sont avérées infructueuses. Le régime des repentis ne s’applique actuellement qu’à deux personnes en France. Il est jugé trop sélectif pour les indicateurs, comme celui des infiltrés, conçu avant tout pour les agents de l’Etat. Le modèle belge, en revanche, est étudié avec une attention particulière. Dans ce pays, les agissements des sources sont consignés au sein d’une procédure annexe. Soumise à une cour indépendante par un magistrat spécialisé, cette procédure est « fermée » après validation, devenant inaccessible aux autres parties. « Pour que ce système fonctionne, un minimum de confiance est nécessaire entre policiers et magistrats, observe un participant aux réunions de travail de la chancellerie. C’est loin d’être le cas en France. Quand il est question des tontons, l’incompréhension entre [les ministères de] l’intérieur et [de] la justice freine toute avancée. »

    En attendant, la direction générale de la police nationale inonde ses services de notes et de mises en garde et multiplie les formations destinées à rappeler les principes cardinaux de la « charte du traitement des informateurs » – comme l’interdiction faite aux hauts gradés de gérer directement une source.

    Dans le bar du 18e arrondissement, alors que le vieux patron s’est éclipsé, un homme à la carrure massive fait son entrée. Yeux de velours, baskets montantes, veste en lin. C’est Lamine, un colosse taiseux et élégant. L’indicateur marocain lui présente son « client », en la personne du Libyen. Le trafiquant s’assoit à ses côtés et entame une négociation à voix basse. Il semble déçu qu’Ayoub ne lui achète que cinq grammes d’héroïne : « J’suis pas Carrefour, j’vends pas des clopinettes… » Il est ensuite question des pistolets Uzi. « 1 000 euros pièce ?, suffoque Lamine, déçu par l’offre jugée trop faible. Pourquoi pas 10 centimes ? »

    Les risques du « métier »

    Curieusement, Ayoub semble moins se soucier des dangers de l’opération que du prix des armes. Les deux informateurs n’ignorent pourtant pas les risques du « métier ». Entre eux, ils évoquent souvent le destin des indicateurs démasqués au prix de leur vie : Gabriel Chahine, artiste peintre ayant permis l’arrestation de plusieurs membres d’Action directe, retrouvé mort chez lui au début des années 1980, ou Lyes Gouasmia, jeune Marseillais assassiné en 2008, que Lakhdar prétend avoir connu.

    Ce soir, face au trafiquant d’armes, les deux compères ne demeurent pas moins sereins. D’abord parce qu’ils n’ont rien à perdre, ensuite parce qu’ils savent que leurs « victimes » – loin de la stature d’un Jacques Mesrine ou d’un Pablo Escobar – se risquent rarement à inquiéter des hommes « protégés » par la police.

    Lamine fait grincer sa chaise sur le carrelage :

    « Bon, je vous laisse. On se revoit pour l’héro. Et peut-être pour les fusils, si les offres sont plus sérieuses…

    – Attends, on se casse ensemble ! », lance Lakhdar avec empressement.

    Dehors, la vie nocturne bat son plein. Les cafés sont bondés, des rires nous viennent des terrasses. Le Libyen prend place dans la voiture de Lamine pour arranger un autre rendez-vous. Nous patientons avec Lakhdar à l’extérieur du véhicule. Penchant la tête vers une terrasse de café, de l’autre côté de la rue, il nous donne un léger coup de coude :

    « La blonde assise toute seule, vous la reconnaissez ? »

    C’est une femme aux cheveux courts, engagée dans une discussion animée au téléphone.

    « C’est la chef du groupe terrorisme. »

    Ayoub sort bientôt de la voiture en bâillant. Nous saluons Lamine, le trafiquant, d’un geste discret de la main. Sa berline s’éloigne en direction du périphérique. La femme blonde quitte la terrasse à la hâte pour monter à bord d’une camionnette blanche, qui s’engage dans le sillage du dealeur.

    La semaine suivante, à l’aube, son appartement, à Pierrefitte (Seine-Saint-Denis), est perquisitionné. Les enquêteurs y saisissent 10 grammes d’héroïne et deux armes de poing 6,35. Aucun pistolet-mitrailleur. Aucune trace d’appartenance à l’islam radical. Un brassard rouge autour du bras, la chef du groupe terrorisme confie son amertume au commandant Christophe : plusieurs semaines de filatures, de planques et d’interceptions téléphoniques pour un sachet de poudre et deux « calibres ». Les saisies n’étant pas à la hauteur de ses promesses, Lakhdar ne percevra qu’une prime minorée. Mais il a déjà trouvé un moyen de se dédommager : soutirer de l’argent à Lamine en lui assurant qu’un policier est prêt à arranger son dossier.

    #police #poukaves #dénonciation #justice

  • Les vraies motivations de #Happytal, service de conciergerie de luxe pour #hôpitaux
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/13/hopital-public-les-vraies-motivations-de-la-conciergerie-happytal_5498887_32

    Cette start-up promet d’« apporter de la douceur » aux patients. Mais son vrai business est l’optimisation de la facturation des chambres individuelles.

    #escrocs #attention

  • Mort de Steve à Nantes : son téléphone émettait au moment de l’intervention policière - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/mort-de-steve-a-nantes-son-telephone-emettait-au-moment-de-l-intervention

    Dans son rapport administratif daté de juillet sur l’intervention policière, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) écrivait que le « téléphone déclenchait un relais téléphonique à 03h16 » soit plus d’une heure avant l’action des forces de l’ordre. 3h16 est en réalité l’heure à laquelle le dernier SMS de Steve a été envoyé depuis son téléphone.

    Le Premier ministre Édouard Philippe avait fait valoir que le rapport de l’IGPN n’établissait « pas de lien » entre l’intervention controversée des forces de l’ordre et la disparition du jeune homme de 24 ans.

    https://www.huffingtonpost.fr/entry/mort-de-steve-canico-ce-detail-sur-son-telephone-ne-figurait-pas-dans

    Confirmant une information du Canard Enchaîné, des sources proches de l’enquête ont toutefois indiqué mardi à l’AFP que le téléphone du jeune homme “bornait au moment de l’intervention policière”, renforçant le flou sur les circonstances de sa chute dans la Loire. Selon l’hebdomadaire satirique, ce dernier bornage a été relevé à 4 heures 33 sur le Quai Wilson.

    #violences_policières (couvertes par les mensonges d’un #état_policier)

  • Assistantes maternelles, crèche, à domicile… Des modes de garde inégaux pour les moins de 3 ans

    Près d’un quart des parents n’ont pas accès à la solution qu’ils souhaitent pour faire garder leur enfant. 230 000 places supplémentaires seraient nécessaires dans les cinq ans à venir.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/09/assistantes-maternelles-creche-a-domicile-des-modes-de-garde-inegaux-pour-le
    #inégalités #gardes_d'enfants #crèches #France #inégalités_territoriales #cartographie #visualisation #enfants #enfance

  • Plusieurs centaines de tonnes d’escalopes de poulet gorgées d’eau distribuées aux associations caritatives
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/09/plusieurs-centaines-de-tonnes-d-escalopes-de-poulet-gorgees-d-eau-distribuee

    Trois mois après la découverte de steaks frauduleux destinés à des #associations_caritatives, près de 360 tonnes d’escalopes de poulet gorgées d’eau ont été distribuées principalement aux banques des Restos du cœur, de la Croix-Rouge et du Secours populaire, ont rapporté RTL et FranceInfo, lundi 9 septembre.

    Ces escalopes surgelées, qui ne présentent aucun danger pour la santé, sont distribuées depuis le milieu de l’année 2018 dans le cadre du Fonds européen d’aide aux plus démunis (#Fead) et présentent une teneur en eau supérieure à la norme européenne autorisée.

    Les services de l’Etat ont ouvert une enquête afin de déterminer s’il s’agit d’un ajout d’eau volontaire de la part du fournisseur, une entreprise danoise qui a remporté ce marché public, pour vendre de l’eau au prix du #poulet et se faire plus de marges. L’enquête a été transmise aux autorités danoises.

    #fraude #alimentation #pauvreté

  • « Gilets jaunes » : le jour où les quartiers chics ont eu peur
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/19/gilets-jaunes-le-jour-ou-les-quartiers-chics-ont-eu-peur_5491188_4500055.htm


    ARTUS DE LAVILLÉON POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE »

    Depuis l’automne 2018, les « gilets jaunes » saturent l’actualité. Cet été, « M » revient sur des aspects méconnus de cette crise sociale inédite. Après les violences sur les Champs-Elysées, la panique s’était emparée des habitants des arrondissements voisins.

    Elle est arrivée d’un coup, comme une soudaine chute de grêle au cœur d’un hiver doux. Elle a saisi ceux qui s’y attendaient le moins, s’est glissée dans les maisons et s’est faufilée dans les esprits. Le samedi 1er décembre 2018, la peur s’est abattue sur les beaux quartiers de Paris. Elle a revêtu une couleur, le jaune, celle des gilets du même nom, et un slogan, « sus aux riches », qui les fait encore frémir.
    Pour la première fois de leur vie, les habitants des 8e et 16e arrondissements parisiens, les plus huppés de la capitale, ont subi la violence aux portes de leurs appartements, craignant pour leurs biens et parfois pour leur vie.
    La casse, les voitures en feu, les vitrines brisées, ils les voyaient jusqu’alors sur les chaînes tout-info confortablement installés dans leurs salons douillets. Ils se sentaient à l’abri, si loin des cortèges habituellement cantonnés dans l’est de la capitale, sur les grandes artères qui relient les places de la Nation, de la Bastille ou de la République. N’était-ce pas pour le calme et la tranquillité qu’ils avaient choisi de vivre ici, dans cet Ouest aux vastes avenues élégantes et aux parcs parfaitement entretenus ?
    « C’était la première fois qu’on assistait à des actes de vandalisme, on n’avait pas d’expérience. » Yves, habitant du seizième arrondissement
    Le fameux samedi 1er décembre où, pour eux, tout a basculé, ce grand patron a bondi de son fauteuil en entendant les grilles de sa demeure céder sous les bras de manifestants enragés. Propriétaire d’un hôtel particulier doté d’un jardin avec vue sur l’Arc de triomphe, il était en train de suivre l’acte III de la mobilisation des « gilets jaunes » à la télévision, regardant, éberlué, des groupes de casseurs vandaliser le monument. Il n’aurait jamais imaginé qu’il les retrouverait sur sa pelouse.
    Sans réfléchir, il s’est précipité dehors en hurlant : « Sortez de là ! Vous êtes chez moi ! » Le petit groupe d’énervés, qui n’avait sans doute pas pensé qu’une telle bâtisse puisse appartenir à une famille – le siège d’une banque ou d’une grande entreprise, une ambassade, peut-être ? –, a reculé, surpris et penaud. L’hôtel particulier a été préservé ; la peur, elle, s’est durablement installée. « Les casseurs ont tapé sur les fenêtres pour essayer d’entrer dans la maison. C’était l’anarchie, j’espère ne jamais revivre ça », racontait quelques heures plus tard un voisin encore sous le choc au micro de France Bleu.

    Le patron a fait renforcer son enceinte et s’est offert les services d’une société de sécurité. Il a surtout beaucoup raconté sa mésaventure dans les dîners en ville, et la terreur s’est propagée tel un poison, de table en table, de déjeuners en soupers, de coups de téléphone en messages. Avec un terrible constat partagé par tous : c’était bien eux qui étaient visés, les nantis, les riches ou supposés l’être, ces privilégiés dont la foule en colère demandait la tête.

    Restaurants saccagés
    Le lendemain, dimanche 2 décembre, les riverains de la place de l’Etoile sont sortis constater les dégâts, hébétés. L’avenue Foch offre alors un spectacle de désolation avec ses rangées de voitures cramées jusqu’au châssis. Avenue de la Grande-Armée, ce sont les restaurants qui ont été saccagés. Les alentours sont dévastés : feux de circulation et panneaux arrachés, bitume fondu formant de larges crevasses, barricades de fortune abandonnées, devantures éventrées, vitrines en miettes, magasins pillés.
    Au total, ce samedi-là, les pompiers de Paris sont intervenus sur 239 départs de feu, dont 112 voitures, 116 incendies de mobilier urbain, et même six immeubles. Ici et là, des tags griffent les façades. « On va casser du riche », lit-on avenue Kléber. « On va faire danser la bourgeoisie », voit-on ailleurs. « Vous avez cherché la merde, vous l’avez eue », a écrit une main anonyme un peu plus loin.

    Même les sapins de Noël de la bijouterie Chopard du quartier de la Madeleine ont été renversés et piétinés. « C’était épouvantable, notre rue a été massacrée, se souvient Yves, chef d’entreprise à la retraite qui habite avenue Kléber depuis douze ans. Une colonne de fumée noire montait jusqu’à notre appartement, au huitième étage, on a cru être intoxiqué au monoxyde de carbone, l’odeur était insupportable, on a eu peur qu’ils mettent le feu à l’immeuble. On appelait les pompiers, mais ils étaient débordés. C’était la première fois qu’on assistait à des actes de vandalisme, on n’avait pas d’expérience. » Les week-ends suivants, ses enfants lui ont interdit de mettre un pied dehors : trop dangereux.
    « J’ai essayé de discuter avec eux plusieurs fois, c’était impossible : on devait être les premiers à monter sur l’échafaud. » Didier, locataire près de l’Etoile
    « J’ai vécu dans des pays violents mais, pour la première fois de ma vie, j’ai eu peur, renchérit Isabelle, cadre dans l’assurance, qui habite le 16e arrondissement avec son mari et ses deux jeunes enfants. Il y avait cette fumée permanente, des barricades partout, le bruit des bombes lacrymogènes résonnait dans les appartements. » « C’était la guerre », résume Didier, cadre commercial de 43 ans, locataire à deux pas de l’Etoile. Le 1er décembre, de retour d’un déplacement professionnel en Polynésie, il a eu un mal fou à regagner son domicile, situé dans une petite rue jouxtant l’Etoile. Une galère qui a duré des mois.
    Comme Yves, il était plutôt favorable aux revendications des « gilets jaunes ». Mais son empathie s’est émoussée au fil des pillages : « C’était le chaos, l’anarchie, ils frappaient sur les poteaux, cassaient tout ce qui leur passait sous la main, ils étaient souvent très alcoolisés, certains avaient l’air possédés, comme s’il fallait détruire à tout prix. Notre quartier était devenu une “no-go zone”. Nous n’étions plus les bienvenus chez nous, plus en sécurité. »
    Une violence vécue comme une injustice : « Je ne roule pas sur l’or, je n’ai pas de voiture ni de maison de campagne, je paye mes impôts, je vis normalement, je n’ai pas l’impression de profiter du système, mais ils nous voyaient comme des nantis. J’ai essayé de discuter avec eux plusieurs fois, c’était impossible : on devait être les premiers à monter sur l’échafaud. »

    Les patrons s’affolent
    La peur n’épargne personne, retraités, familles, simples salariés, mais aussi les grandes fortunes. Certains puissants perdent leur sang-froid. Dans les jours et les semaines qui suivent les violences du 1er décembre, une poignée de grands patrons qui ont l’oreille du président appellent, affolés, leur ami Emmanuel Macron. « Il faut céder comme en 68 ! », lui répètent-ils en substance.
    Tout à leur frayeur, d’aucuns vont même jusqu’à suggérer le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Plutôt tout lâcher que finir sur la guillotine. Les mêmes téléphonent à Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef. « C’est la première fois qu’ils se sont retrouvés confrontés à des manifestants dans leur rue, à leur porte », excuse ce dernier tout en soulignant que la « panique » n’a touché qu’une minorité de ses adhérents.

    Lorsque Emmanuel Macron demande aux chefs d’entreprise de l’aider à améliorer le pouvoir d’achat dans son allocution du 10 décembre, ils sont mûrs pour contribuer à « l’effort de guerre ». C’est à qui fera montre de la plus grande prodigalité. « Total a commencé très fort, puis tout le CAC s’est emballé », se souvient Geoffroy Roux de Bézieux un brin amusé. Le patron d’Iliad, Xavier Niel (actionnaire à titre personnel du Monde), promet une prime exceptionnelle de solidarité de 1 000 euros à 6 000 de ses salariés installés en France.
    Patrick Drahi, d’Altice, embraye. Publicis annonce un coup de pouce pour 1 587 de ses bas salaires. Stéphane Richard, le PDG d’Orange, distribue entre 500 et 1 000 euros à 20 000 salariés. Les directions des grands groupes se mobilisent. LVMH, qui a salué bruyamment « l’excellente mesure de nature à soutenir sans délai le pouvoir d’achat », s’engage également à verser des primes à ses petits salaires.

    L’écrin des puissances de l’argent
    Au plus haut niveau de la holding, après la mise à sac de Dior joaillerie, on craint le pire. Plusieurs scénarios d’attaque sont envisagés, et notamment l’incendie de la Fondation Louis Vuitton, Porte-Maillot. Une étude montre que, si le bâtiment peut être sauvé des flammes, la fumée, en revanche, endommagerait gravement les collections. Il est conseillé à Bernard Arnault de renforcer la sécurité de l’institution ainsi que celle de sa famille. Il refuse. Les grands patrons comprennent vite qu’ils ne sont pas dans le viseur des « gilets jaunes ».
    Les sièges des élus sont davantage attaqués que ceux des entreprises. Une seule permanence territoriale du Medef a été taguée sur les cent vingt que compte la confédération patronale.
    « Au début, beaucoup de “gilets jaunes” étaient des artisans ou des dirigeants de PME. Le mouvement n’était pas dirigé contre les patrons. Je dirais même que c’est le premier mouvement social dans l’histoire qui ne s’est pas fait contre le patronat », analyse Geoffroy Roux de Bezieux. Il en veut pour preuve l’absence de grèves pendant cette période. « Quand ils ont réalisé qu’ils ne craignaient rien, les mêmes qui étaient prêts à tout céder quelques jours plus tôt disaient qu’il fallait tenir bon, se souvient, en souriant, le président du Medef. La grande peur des bien-pensants était passée. »

    Plus que les entreprises, c’est le pouvoir qui est visé ; l’élite, les riches ou ceux désignés comme tels. A ce titre, les habitants du 16e arrondissement de Paris sont spontanément considérés par la foule comme l’incarnation de cette France des possédants et des privilégiés. « Le seizième a toujours été stigmatisé. Cela remonte aux années 1930 et au mythe des deux cents familles [selon lequel un petit groupe contrôlerait l’économie du pays], quand la bourgeoisie s’y installait en masse », note Claude Goasguen, député (Les Républicains) et ancien maire de l’arrondissement.
    Une réputation injustifiée, selon lui. « On a certes un gros ISF immobilier avec 70 000 contributeurs, mais c’est loin derrière le 7e et le 8e, qui ne sont jamais vilipendés. Sans compter que les vrais riches ne sont pas à Paris, ils habitent depuis longtemps au Luxembourg ou en Belgique. » Il n’empêche, le 16e reste dans l’imaginaire collectif l’écrin des puissances de l’argent.

    La fuite à Deauville
    Alors que les samedis de mobilisation se suivent et se ressemblent, les habitants de l’arrondissement sont contraints de changer leurs habitudes. Dès le 8 décembre, les voitures disparaissent des rues, notamment les plus luxueuses. Le vendredi, on les cache au fond des parkings souterrains ou à la campagne.
    Les plus inquiets et les plus fortunés ont recours à des sociétés de sécurité privées. Quelques hôtels particuliers s’équipent de safe room, pièce sécurisée avec eau, nourriture et moyens de communication pour se replier en famille en cas de grabuge. L’habitude est rapidement prise de s’exiler tous les week-ends. Les maisons de campagne sont ouvertes dès le vendredi après-midi jusqu’au dimanche tard dans la nuit, les chambres d’hôtel réservées d’une semaine sur l’autre.
    « Je ressens un malaise à me frotter les mains. J’aurais préféré moins bien travailler et que la société se porte mieux. » Serge Salmon, restaurateur à Trouville
    Le premier trimestre enregistre un boom de fréquentation sur la côte normande, mais aussi en Bretagne et dans les Hauts-de-France. Plus 70 % de réservations hôtelières en Seine-Maritime par rapport à 2018, + 55 % dans le Calvados, + 40 % dans la Manche, + 35 % dans l’Eure ou dans les Côtes-d’Armor. La seule commune de Deauville (Calvados) voit son taux augmenter de 55 % selon les chiffres de la plateforme de voyages Expedia Group.
    Une manne pour les économies locales : Montfort-l’Amaury, Fontainebleau, Forges-les-Eaux (Seine-Maritime), Le Touquet (Pas-de-Calais), Deauville, Trouville… Les restaurateurs et les commerces en profitent. Car, plutôt que de rester à Paris regarder brûler leurs grosses cylindrées, certains préfèrent aller faire chauffer leurs cartes bleues à l’abri des casseurs.
    Deauville devient ainsi un refuge idéal : deux heures et demie de Paris par l’autoroute, hôtels et restaurants en pagaille. Avec un atout supplémentaire en période de fête sur les autres destinations : une offre pléthorique d’enseignes allant d’Hermès à Benetton en passant par les marques de prêt-à-porter haut de gamme. Sans compter les joailleries, antiquaires ou magasins de décoration, il y en a pour tous les goûts.
    C’est ici que les « exilés du week-end » en profitent pour faire leurs courses de Noël. « Nous avons constaté une activité économique en hausse, des records de flux et de consommation, reconnaît le maire (Nouveau Centre) de la ville, Philippe Augier. Les gens ne voulaient pas rester à Paris à cause des exactions des “gilets jaunes”. A cela s’est ajoutée une météo très douce pour la saison qui a favorisé les déplacements. »

    Résultat : 20 % à 30 % de bénéfices supplémentaires pour les commerces de la région fin 2018 et une affluence remarquable en janvier et février, généralement considérés comme période creuse pour les hôteliers et les restaurateurs. Serge Salmon, le patron des Quatre Chats, restaurant en vue de Trouville, avoue avoir fait une excellente saison. « On a travaillé à merveille », confie-t-il, en ayant néanmoins du mal à se réjouir : « J’ai commencé dans ce restaurant avec un smic à deux. Même si ça marche bien aujourd’hui, je ressens un malaise à me frotter les mains. J’aurais préféré moins bien travailler et que la société se porte mieux. »

    Un traumatisme profond
    Pour tous les autres, ceux qui ne disposent pas de résidences secondaires et de comptes bancaires opulents, il a fallu s’organiser. L’épouse d’Yves, le retraité de l’avenue Kléber, était si inquiète après le 1er décembre que son mari l’a emmenée dormir le week-end suivant dans un hôtel de Neuilly. Le dimanche, ils ont croisé une dizaine de « gilets jaunes » en sortant de l’établissement et se sont dit que décidément ils ne seraient tranquilles nulle part. Alors autant rester chez eux, fenêtres et volets fermés. « Quand le vendredi soir on voyait les banques recouvrir leurs façades, on savait que ça allait casser le lendemain », raconte Yves.

    « Jusqu’en mars, on a vécu sous couvre-feu. » DIdier, habitant du seizième arrondissement
    Claude Goasguen pointe le rôle des chaînes d’information en continu qui donnent à voir une guérilla urbaine permanente et celui des réseaux sociaux où se propagent photos et vidéos-chocs, témoignages, rumeurs et « fake news ».
    « Il n’y a pas eu de mise à sac du 16e, assure-t-il. Néanmoins, pour les gens, c’était l’horreur. L’inquiétude a gonflé par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Les mères de famille – très puissantes dans cet arrondissement et regroupées en associations – considéraient qu’il y avait un risque majeur à envoyer leurs enfants à l’école. Des groupes Facebook composés de milliers de personnes échangeaient au sujet des violences et relayaient les angoisses, parfois à l’excès. Il a fallu essayer de rassurer. »

    Pour Noël, les habitants ont fait au plus simple et ont tout acheté sur Internet. « Le grand bénéficiaire a été Amazon », soupire Claude Goasguen, qui assure que certaines enseignes de son arrondissement ont vu leur chiffre d’affaires baisser des trois quarts.
    Isabelle, avec ses deux enfants en bas âge, s’est arrangée pour fuir les gaz lacrymogènes de son quartier tous les week-ends, ou presque, en partant dès le vendredi dans la maison normande d’amis proches. Le reste du temps, elle a pris l’habitude de faire ses courses dans d’autres arrondissements de la capitale. Dans son immeuble, le gardien a fait office de vigie, distribuant les consignes : « laissez vos voitures dans les parkings dès ce soir », « ne sortez pas aujourd’hui ».

    Didier, lui, n’a pas voulu « déserter », même si sa rue se transformait en souricière le week-end avec des cars de CRS barrant le passage et des groupes entiers de manifestants menottés en bas de chez lui : « On devait montrer notre carte d’identité sans cesse. Jusqu’en mars, on a vécu sous couvre-feu. On n’était pas libres de nos mouvements. » Avec quelques voisins, ils se relayent le samedi matin tôt avant l’arrivée des « gilets jaunes » pour ramener des provisions aux personnes âgées qui ont peur de sortir.
    « Les habitants du seizième vivent mal d’être montrés du doigt et caricaturés. Ce qui s’est passé avec les “gilets jaunes” a ravivé la mauvaise image qu’ils ont d’eux-mêmes. » Claude Goasguen, député LR
    Alors qu’ils commençaient à peine à s’habituer à vivre au rythme des samedis de colère, mi-mars, une vidéo postée sur les réseaux a tétanisé les riverains. Un « gilet jaune », face caméra, lance une « lettre ouverte aux habitants du 16e » : « On connaît vos adresses, on va faire brûler votre arrondissement. » Une nouvelle étincelle qui enflamme le quartier. Le député Claude Goasguen saisit la justice et fait interdire la vidéo. Les veilles de week-end, les résidents sont alors informés par SMS du parcours des manifestations d’après les informations données par la Préfecture. Mais « ça ne servait à rien, déplore le député. Les gens n’avaient plus confiance. »
    Huit mois plus tard, les « gilets jaunes » ne pénètrent plus dans l’arrondissement, les rues ont repris leur allure d’antan, mais la confiance n’est pas revenue. Les commerçants peinent à attirer à nouveau les clients. Les habitants ont changé leurs habitudes. Le week-end, ils ne se promènent plus, et la rue de Passy, naguère si animée, a perdu de son panache.
    Au-delà des conséquences économiques lourdes, c’est le moral de tout un quartier qui est profondément atteint. « Les habitants du 16e vivent mal d’être montrés du doigt et caricaturés, explique Claude Goasguen. Ils ont une forme de mauvaise conscience. Ce qui s’est passé avec les “gilets jaunes” a ravivé la mauvaise image qu’ils ont d’eux-mêmes. »

    « Gilets jaunes » : le 1er décembre, le jour où tout a basculé avec la « prise » de l’Arc de triomphe
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/16/gilets-jaunes-le-1er-decembre-le-jour-ou-tout-a-bascule-avec-la-prise-de-l-a

    Lors de l’acte III du mouvement, l’éruption de violences a sidéré les responsables des forces de l’ordre. « Le Monde » a reconstitué cette journée exceptionnelle, telle qu’elle a été vécue par les policiers.

    Quand il raconte la « prise » de l’Arc de triomphe, le 1er décembre 2018, Ali (le prénom a été modifié) se masse machinalement l’épaule. La droite, celle avec laquelle il a donné les premiers coups de boutoir sur la poterne du monument. « J’ai eu mal pendant une semaine, la porte était blindée », raconte cet artisan d’une cinquantaine d’années. L’épaule n’a d’ailleurs pas suffi. « J’ai pris un plot en acier et j’ai cogné, encore et encore. A un moment, un mec a ramené un banc en béton, on a fait levier, on a tapé et la porte s’est enfin ouverte. »

    Des dizaines de manifestants vêtus de gilets jaunes s’engouffrent alors dans le monument, direction le musée et le toit. « Je voulais juste qu’ils mettent un drapeau tricolore en haut », assure Ali, qui affirme pour sa part, photos et objets à l’appui, s’être saisi d’une écharpe et d’une mallette de soins de secours situées derrière l’entrée et avoir soigné des manifestants blessés. « On a tout entendu derrière, que c’était une attaque contre la République, etc. Mais le mec qui a ouvert la porte, ce n’est pas un facho, mon père était un militaire décoré de la croix de guerre. »

    Il est aux alentours de 16 heures, en ce 1er décembre 2018, Paris brûle littéralement, et le saccage de l’Arc de triomphe vient de commencer. Le point d’orgue des violences d’une journée que Le Monde a reconstituée à l’aide de sources policières et de témoignages inédits.

    « Autant de monde aussi tôt, on n’avait jamais vu ça »
    Car quatre mois après le début de la mobilisation des « gilets jaunes », la journée du 1er décembre demeure comme le tournant majeur de ce mouvement social inédit. Tant par son retentissement dans l’opinion que par les décisions en matière de politique et de maintien de l’ordre qu’elle a engendrées.
    Il n’est que 4 h 40, ce matin-là, quand les policiers stationnés aux abords de la grille du Coq, l’entrée du jardin du palais de l’Elysée, constatent, stupéfaits, la présence des premiers manifestants. Une heure plus tard, ils sont déjà près de 700 à se masser dans le quartier.
    « Autant de monde aussi tôt, on n’avait jamais vu ça », résume un cadre de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris. « On n’avait jamais vu ça » : cette formule revient comme une antienne dans la bouche de toutes les sources policières interrogées.
    Même les plus anciens écarquillent les yeux en racontant la suite. « Les heurts ont commencé dès 8 h 45, il y avait 5 000 personnes, on recevait des pavés, des tirs de mortier, se remémore un haut gradé. Autant de violences dès le matin, ce n’était jamais arrivé. On a compris que la journée allait être chaude et longue. »

    Depuis le début de la mobilisation des « gilets jaunes », les forces de l’ordre éprouvaient des difficultés à jauger en amont la teneur des rassemblements. Les services de renseignement territoriaux, qui transmettent des notes évaluant les risques, sont bousculés par la dynamique du mouvement. « Les gens qui tout à coup montent à Paris, on les connaît mal, les réseaux sociaux, ce ne sont pas des indicateurs fiables », résume une source policière.

    Zone sanctuarisée autour des Champs-Elysées
    Lors de son habituel briefing de veille de manifestation, le préfet de police ne se montre d’ailleurs pas particulièrement alarmiste devant les quelque 120 responsables du maintien de l’ordre, réunis dans la salle de commandement de la DOPC située au sous-sol de la préfecture. « Ce qui est frappant dans ce mouvement, c’est la rapidité avec laquelle le niveau de violence est monté d’un coup, analyse un cadre de la préfecture. Le 17 novembre c’était assez calme, il y a eu une petite émotion, quand certains ont voulu aller à l’Elysée, mais ça restait dans l’ordre des choses. Le 24 novembre, c’est monté d’un cran, et le 1er décembre ça a explosé. »
    Le dispositif retenu, avec 5 000 hommes, dont 45 unités de forces mobiles, est celui d’une zone sanctuarisée autour des Champs-Elysées, à l’intérieur de laquelle les « gilets jaunes » sont invités à venir manifester après avoir été fouillés. Un schéma consommateur en troupes, qui ne laisse que deux compagnies autour de l’Arc de triomphe et qui sera largement contesté par la suite.

    Le 1er décembre au matin, une visite ministérielle est organisée aux abords de l’artère, tandis que les principaux directeurs des services de police prévoient de faire le tour des troupes, comme à leur habitude. « Dès 8 h 45, on a eu des alertes sur le niveau de violence, tout le monde est rentré pour rejoindre les salles de commandement », raconte une source policière.

    Très vite la situation se dégrade. Les manifestants refusent le sas des Champs-Elysées et se massent à l’Etoile. Les engins lanceurs d’eau, qui n’entrent généralement en scène que l’après-midi, sont utilisés dès 9 heures aux abords du rond-point. « L’Elysée et le président étaient clairement les cibles, mais comme ils ne peuvent pas l’atteindre, ils cassent tout », résume un cadre de la préfecture.

    Une grande barricade flambe avenue Foch
    Des attroupements se forment dans les artères voisines, aux noms prestigieux. Des barricades sont érigées sur les avenues Mac-Mahon, Wagram, Hoche, Friedland… A 11 h 30, le « plateau » de l’Arc de triomphe, comme il est désigné dans le langage des forces de l’ordre, est envahi une première fois et la tombe du Soldat inconnu encerclée par des manifestants, qui veilleront tout du long à la protéger. Les policiers sur le terrain peinent à identifier les dynamiques à l’œuvre.
    Des drapeaux de l’extrême droite ont bien été brandis sur les barricades, mais des profils davantage affiliés aux black blocs ont été aperçus. Les gilets portés par quasiment tous les manifestants brouillent les repères, noyant dans un océan canari les schémas classiques. « Les membres de l’ultragauche et de l’ultradroite se sont battus entre eux dans des rues voisines, mais sur l’Arc de triomphe, tout le monde s’y est mis. Il n’y a qu’à regarder les tags sur le monument, il y a un ACAB antifasciste [pour « All cops are bastards »] à côté d’une croix celtique de l’ultradroite », remarque un cadre de la préfecture.

    Le long rapport de synthèse de neuf pages qui sera rédigé à l’issue de la manifestation ressemble, lui, à une anthologie des meilleurs feux de la Saint-Jean. A 13 h 45, plusieurs individus s’appliquent à incendier, avec détermination, des préfabriqués empilés sur six étages, rue du Faubourg-Saint-Honoré, sous les yeux médusés des policiers qui suivent l’opération depuis les écrans de la préfecture. Des flammes de plusieurs mètres de haut s’élèvent bientôt dans le ciel, menaçant l’immeuble voisin.
    A 14 h 20, une grande barricade flambe avenue Foch. Un magasin prend feu à 16 heures rue Saint-Florentin. A 16 h 30, c’est au tour d’un hôtel particulier rue de Presbourg. Au total, les pompiers seront amenés à intervenir sur 239 départs de feu, dont 112 voitures, 116 incendies de mobilier urbain, et six immeubles. Là encore, du jamais-vu.

    « Paris, symbole du pouvoir et de la richesse »
    Depuis le ciel de Paris, le pilote de l’hélicoptère de la préfecture tente d’alerter sur les brasiers les plus imposants. « On n’aime pas le faire voler, ça fait ville en état de siège », assure un haut gradé. Mais l’appareil s’avère indispensable. Il permet notamment de repérer des manifestants en train de s’en prendre à l’hôtel Salomon de Rothschild, rue Berryer. Savent-ils que le bâtiment n’a rien à voir avec la banque homonyme, ex-employeuse d’Emmanuel Macron, mais qu’il appartient à l’Etat ?

    Pour Michel Delpuech, le préfet de police, il n’y a pas de hasard : « Il y a eu un degré de violence inouï qui visait les symboles – l’Arc de triomphe, l’Elysée, les forces de l’ordre – et les biens – les belles voitures, les banques, les beaux quartiers. Pour les “gilets jaunes”, Paris est un double symbole, celui du pouvoir et celui de la richesse. »
    A 66 ans, le gardien de l’ordre parisien croyait avoir tout vu au cours de sa longue carrière. Ces dernières semaines, il s’est même replongé dans les mémoires de son prédécesseur, Maurice Grimaud, préfet de police lors des événements de Mai 68. Il assure que si les nuits de barricades ont alors marqué les esprits, aucune n’a atteint le degré de violence du 1er décembre, « qui marquera une page dans l’histoire contemporaine ». Ce jour-là, il suit les événements depuis la salle de la DOPC, où les nombreux moniteurs permettent de suivre en direct la situation dans l’ensemble de la capitale et de diriger toutes les opérations de maintien de l’ordre.

    A l’autre bout de la préfecture, au sein de l’autre grande branche de la maison, la direction de la sécurité publique de l’agglomération parisienne (DSPAP), qui gère tous les commissariats, les regards surveillent également un mur d’écrans. Alors que la DOPC s’occupe du cœur de la manifestation, la DSPAP est chargée des abords, pour prévenir la « casse d’appropriation », les pilleurs de magasins. Elle pilote à distance les brigades anticriminalité (BAC) et les compagnies de sécurité et d’intervention (CSI), qui réalisent les interpellations. Mais le 1er décembre, la définition des « abords » de la manifestation est plus que floue. « Ça partait dans tous les sens ! Le pire en maintien de l’ordre, ce n’est pas un cortège violent, ça on sait faire, c’est la dissémination dans tous les coins », explique un spécialiste maison.

    « Un caractère largement insurrectionnel »
    A la manifestation des « gilets jaunes » s’ajoute un autre rassemblement au départ de Saint-Lazare, avec des « antifa » et des collectifs comme les Chômeurs précaires, La Vérité pour Adama, pour protester contre les violences policières, ou la « Fête à Macron », proche du député (La France insoumise) de la Somme François Ruffin. « On les a vus descendre l’avenue de l’Opéra, puis s’éparpiller dans tous les sens, on en a retrouvé à Concorde, d’autres aux Tuileries, à République, à Bastille… », explique une source policière.

    Aux alentours de 16 h 30, alors que le saccage de l’Arc de triomphe est en cours, les événements prennent une tournure incontrôlable avenue Kléber, où les manifestants se massent autour des carcasses carbonisées des voitures de luxe. Une section de CRS se positionne dans l’artère, avant de finalement reculer, submergée par le nombre. Au milieu des manifestants fous de joie qui célèbrent cette « victoire », les pompiers tentent de se frayer un passage pour éteindre les incendies. « Il y avait un caractère largement insurrectionnel : la ville brûle et on chante la Marseillaise », estime un haut fonctionnaire.

    Sur le « plateau », que les forces mobiles n’arrivent pas à reprendre, la situation n’est guère plus brillante. Un homme de la 11e compagnie d’intervention de la DOPC est bousculé puis roué de coups au sol, avant d’être relevé par un « gilet jaune » qui l’aide à s’échapper. Une enquête sera ouverte pour tentative d’homicide volontaire et un homme interpellé quelques semaines plus tard. Un gendarme est aussi la cible de bombes agricoles et s’en sortira grièvement blessé.
    A quelques rues de là, six fonctionnaires sont pris au piège dans leur fourgon, assaillis par une bande de manifestants. Le véhicule est pillé et un fusil d’assaut HK G36 est volé, ainsi que plusieurs équipements. Au volant de leur voiture, d’autres policiers débouchent par erreur au beau milieu d’une rue tenue par les « gilets jaunes ». Dans l’incapacité de reculer, ils préfèrent abandonner le véhicule – il est immédiatement détruit – et s’enfuir. Plusieurs de ces fonctionnaires pris à partie témoigneront quelques jours plus tard devant Emmanuel Macron, jurant avoir aperçu une flamme meurtrière dans le regard des manifestants.

    15 000 grenades lacrymogènes utilisées, un record
    Parfois les auteurs de violences sont aussi les principales victimes. Au jardin des Tuileries, un groupe de « gilets jaunes » dégonde une grille, qui s’abat sur l’un d’entre eux. Dans la salle de commandement de la préfecture, on observe la scène, désabusé, tout en enregistrant les images qui serviront pour les enquêtes ultérieures.
    On planifie surtout la reconquête de la zone, rue par rue. « Dans ce métier, il faut être patient et avoir beaucoup de sang-froid, on finit toujours par reprendre la main : ils se fatiguent avant nous et nos fonctionnaires ont l’expérience. Mais il y a eu des situations très critiques, avec des moments d’inquiétude », témoigne Eric Belleut, le directeur adjoint de la DOPC, à la manœuvre ce jour-là.
    Les chiffres sur les efforts déployés parlent d’eux-mêmes : 15 000 grenades lacrymogènes utilisées pendant la journée, quand le précédent record, de mémoire de DOPC, ne dépassait pas la barre des 1 000. Les lanceurs de balles de défense ont également été mis à contribution avec 1 100 munitions tirées.

    Priorité est donnée à certains objectifs, quand d’autres sont abandonnés. « C’est dur à entendre, par exemple, pour certains commerçants qui se font saccager leur magasin, mais dans ces moments-là, il y a des choses essentielles et des choses qu’on laisse faire faute de moyens », confie une source policière. Deux cent cinquante demandes d’indemnisation pour préjudice matériel ou pour perte d’exploitation sont depuis parvenues à la préfecture.
    A la nuit tombée, entre 17 h 30 et 21 heures, les unités de maintien de l’ordre prennent peu à peu le dessus sur des manifestants de moins en moins nombreux et de plus en plus alcoolisés. Les troupes de la DSPAP, chargées d’empêcher les pillages, entrent en action et réalisent près de la moitié des 412 interpellations du jour.

    Les images font le tour du monde
    L’examen de la liste des 392 gardes à vue recensées le 1er décembre illustre bien ces deux temps de la manifestation. « On a deux vagues très nettes : jusqu’à 16 heures, on a des profils provinciaux, puis ensuite on passe sur une délinquance d’acquisition, davantage francilienne », explique une source policière. Parmi les « gilets jaunes » arrêtés, quasiment aucun n’est « criblé » par les services de renseignement, témoignage d’une journée où la masse a largement dépassé les groupes d’ultragauche et d’ultradroite.

    Les images marqueront durablement les esprits des hauts fonctionnaires de la préfecture de police de Paris, pourtant éprouvés. Frédéric Dupuch, qui à la tête de la DSPAP commande quelque 20 000 fonctionnaires, n’en revient toujours pas : « Je n’ai pas douté qu’on l’emporterait à la fin, mais pour la première fois de ma vie, j’ai compris que la République, les institutions, toutes ces choses qui nous sont chères et que nous croyions acquises de toute éternité, pouvaient tomber du jour au lendemain, renversées par une foule haineuse. »
    La réaction politique et policière dans les heures et les jours qui suivent est à la hauteur du choc ressenti. Si le bilan humain est relativement « léger » par rapport au niveau de violence – 153 blessés dont vingt-trois parmi les forces de l’ordre –, les dégâts symboliques sont importants et les images font le tour du monde.

    La première des consignes est surtout d’éviter un bis repetita la semaine suivante. Au sein de la direction générale de la police nationale (DGPN), qui fournit le gros des troupes mais n’a plus autorité quand elles sont à Paris, les critiques sont virulentes à l’égard de la stratégie choisie par la préfecture de police, qui dirige les opérations sur la capitale et la petite couronne. Entre ces deux entités, la guerre de territoire et de compétence remonte à loin. Mais pour beaucoup, l’heure n’est pas aux querelles, l’affront est global. « Le 1er décembre, c’est la journée de l’humiliation de la police nationale, il n’y a pas d’autre mot », tranche un haut gradé.

    En quelques jours, ce sont plusieurs années de doctrine de maintien de l’ordre qui vont être revues avec un changement profond de stratégie. Priorité est donnée à la mobilité des unités. Le périmètre statique autour de l’Elysée est allégé (on passe progressivement de onze à sept unités) et les forces sont redisséminées dans la capitale. Les détachements d’action rapide, qui permettent aux effectifs de BAC et de CSI de se projeter plus vite par petits groupes, sont créés, tandis que les blindés de la gendarmerie, efficaces pour déblayer les barricades, entrent en scène.

    Des dizaines d’heures de vidéos décortiquées
    Les grands moyens juridiques sont déployés. Consigne est donnée de réaliser des contrôles en utilisant une loi votée sous Nicolas Sarkozy, celle pénalisant « la participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou des violences ». Plus de 1 000 interpellations seront réalisées le 8 décembre, un record.
    Le préfet de police utilise également l’article 40 du code de procédure pénale, qui permet à toute autorité qui acquiert la connaissance d’un délit de le signaler à la justice, pour aiguillonner le parquet sur les profils les plus dangereux, repérés sur les réseaux sociaux. En tout, une quarantaine de signalements ont été effectués depuis le 1er décembre pour des messages divers, parmi lesquels des appels à « tuer des flics », à « brûler les locaux » de BFM-TV et CNews, à « décapiter Macron »…

    L’accent est également mis pour « sortir » le plus rapidement possible les affaires liées au 1er décembre. La direction régionale de la police judiciaire, le fameux « 36 », emploie la grosse artillerie pour retrouver les auteurs des principaux délits. « Il n’y a pas eu de moyens démesurés, eu égard à la sensibilité des faits, estime Christian Sainte, le directeur de la PJ. L’épisode de l’Arc de triomphe va rester gravé dans les mémoires. C’est une affaire hors norme. » Quatre cents photos sont réalisées par l’identité judiciaire, la police scientifique parisienne, ainsi qu’une centaine de prélèvements biologiques sur cette scène de « crime » pas comme les autres. Des dizaines d’heures de vidéos sont par ailleurs décortiquées, permettant d’interpeller une quinzaine de suspects.

    Dans la semaine qui suit le 1er décembre, la police judiciaire tente d’aller vite, pour éviter que les individus les plus remontés reviennent à Paris pour l’acte IV, le 8 décembre. La brigade de recherche et d’intervention, une unité d’élite, perquisitionne dans la semaine dans les milieux d’extrême droite, interpellant des auteurs de dégradations. La brigade de répression du banditisme est, elle, envoyée à Rouen, afin de cueillir l’écrasé des Tuileries, qui s’est enfui de l’hôpital. La « crim » s’occupe des affaires de tentatives d’homicide volontaire sur le policier et le gendarme.

    Un fusil d’assaut dans la nature
    Quant au premier district de police judiciaire, qui a autorité sur l’ouest de Paris, il hérite des dégradations de l’Arc de triomphe, des pillages de magasins les plus importants, ainsi que d’une affaire de viol d’une manifestante par un autre « gilet jaune », dans les sanitaires d’un restaurant McDonald’s. « Un viol pendant une manifestation revendicative, on n’avait jamais vu ça », note, incrédule, un policier expérimenté.

    Quatre mois après les événements du 1er décembre, parmi les affaires les plus symboliques, celle du vol du fusil d’assaut demeure toujours un mystère. Si deux personnes présentes pendant le pillage ont été interpellées, l’auteur principal et l’arme n’ont pas été retrouvés. Mais les services ne renoncent pas à enquêter, même sur des dégradations moins médiatisées.
    Ces derniers jours, deux « gilets jaunes » ont eu la surprise de voir la police sonner chez eux, dans le Sud-Ouest. Ils sont suspectés d’avoir participé au saccage de la voiture des policiers qui s’étaient malencontreusement trompés de rue. « Ils ne s’attendaient pas à nous voir débarquer quatre mois plus tard », s’amuse un haut gradé, pas mécontent de faire passer le message à tous ceux qui, le temps d’une journée, ce 1er décembre, se sont transformés en émeutiers.

    #Gilets_jaunes #émeutiers #riches #panique #fun

  • France : Des enfants migrants privés de protection
    Human Rights Watch

    Le rapport de 80 pages, intitulé « ‘Ça dépend de leur humeur’ : Traitement des enfants migrants non accompagnés dans les Hautes-#Alpes », montre que les évaluateurs, dont le travail consiste à certifier la minorité d’un enfant, c’est-à-dire qu’il a moins de 18 ans, ne se conforment pas aux normes internationales. Human Rights Watch a constaté que les évaluateurs utilisent diverses justifications pour refuser d’octroyer une protection aux enfants, telles que des erreurs minimes de dates, une réticence à aborder dans le détail des expériences particulièrement traumatisantes, des objectifs de vie jugées irréalistes, ou encore le fait d’avoir travaillé dans le pays d’origine ou au cours du parcours migratoire.



    Vidéo https://www.hrw.org/fr/news/2019/09/05/france-des-enfants-migrants-prives-de-protection
    et rapport https://www.hrw.org/fr/report/2019/09/05/ca-depend-de-leur-humeur/traitement-des-enfants-migrants-non-accompagnes-dans-les
    #mineurs #MNA #frontière #refoulement #France #Italie #âge #réfugiés #asile #migrations #frontière_sud-alpine

    ping @cdb_77 @cede @isskein

    • Hautes-Alpes : HRW pointe des violations des droits des enfants migrants

      L’ONG Human Rights Watch publie ce jeudi 5 septembre un rapport sur la situation des mineurs migrants non accompagnés dans le département des #Hautes-Alpes, à la frontière franco-italienne. Basé sur une enquête auprès d’une soixantaine d’enfants et adolescents, essentiellement originaires de l’Afrique de l’Ouest, ce rapport dénonce de multiples violations aussi bien du droit français que des normes internationales de protection des #droits_des_enfants.

      Ils ont entre 15 et 18 ans. Victimes d’abus dans leurs pays d’origine, ils ont traversé la Méditerranée pour chercher refuge en Europe. Mal accueillis en Italie, ils tentent de passer en France, au risque d’être refoulés par la police aux frontières.

      « D’après ce que les enfants que nous avons interviewé nous ont raconté, quand il y a des renvois, ils sont souvent arbitraires et reposent souvent sur le bon vouloir d’un ou des agents. La conséquence, c’est que de nombreux enfants -pour éviter une interpellation- passent la frontière à travers la montagne dans des conditions extrêmement difficiles », explique Bénédicte Jeannerod de Human Rights Watch (HRW).

      Et quand ils arrivent à passer en France, ils ne sont pas au bout de leurs obstacles. La reconnaissance de la #minorité leur est souvent refusée. « Les procédures, telles qu’elles sont mises en oeuvre dans le département des Hautes-Alpes, sont extrêmement défectueuses, souligne encore Bénédicte Jeannerod. Par exemple, dans son entretien d’évaluation, l’enfant va être accusé de mentir ; ou alors il va donner beaucoup de détails sur son parcours et on va lui dire que c’est un signe de (sa) majorité... Tous les éléments donnés par l’enfant sont retournés contre lui et aboutissent à des rejets de minorité #arbitraire. »

      Human Rights Watch rappelle que la France a l’obligation de protéger tout migrant mineur et de lui assurer l’accès à l’hébergement, à l’éducation et à la santé.

      Les personnes aidant les migrants également ciblées

      HRW dénonce aussi le harcèlement policier à l’encontre des bénévoles humanitaires qui participent aux opérations de recherches et de sauvetages des migrants en montagne. « Ce ne sont pas des associations en particulier, ce sont vraiment les personnes qui mènent ce travail d’assistance et de secours en montagne et qui subissent des contrôles d’identité injustifiés, qui sont poursuivies par la justice ou alors qui vont voir leur véhicule fouillé de manière abusive », poursuit Bénédicte Jeannerod.

      Ce sont des #pratiques_policières qui dissuadent ces opérations qui peuvent être des opérations vitales et qui s’opposent à la dernière décision du Conseil constitutionnel qui considère « qu’une aide apportée à des migrants, même en situation irrégulière, ne peut pas être criminalisée ou sanctionnée tant que cette aide s’effectue dans un objectif humanitaire et qu’elle ne bénéficie pas de contrepartie. »

      Le Conseil constitutionnel a consacré l’an passé la valeur constitutionnelle du « principe de fraternité » en réponse précisément à une requête de plusieurs associations et particuliers dont Cédric Herrou, un agriculteur devenu le symbole de la défense des migrants de la vallée de la Roya (Alpes Maritimes), l’un des principaux points de passage des migrants arrivés en Europe par l’Italie.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/19312/hautes-alpes-hrw-pointe-des-violations-des-droits-des-enfants-migrants

      https://www.youtube.com/watch?v=lVQjCoUTzPs


      #frontières #enfants #enfance #PAF #solidarité #délit_de_solidarité #maraudes_solidaires

      Le rapport en pdf:
      https://www.hrw.org/sites/default/files/report_pdf/france0919fr_web.pdf

    • Les militants promigrants dans les Hautes-Alpes harcelés par la police, selon HRW

      Contrôles d’identité, contraventions pour un prétexte fallacieux… Human Rights Watch déplore, dans un rapport, les manœuvres des forces de l’ordre pour « entraver les activités humanitaires ».

      « #Harcèlement » et « #intimidation », tels sont les outils de la police française pour « entraver les activités humanitaires » des militants venant en aide aux migrants à la frontière franco-italienne, affirme, dans un rapport publié jeudi 5 septembre, l’organisation non gouvernementale (ONG) Human Rights Watch (HRW).

      La publication, qui intervient une semaine après la condamnation de trois dirigeants de l’organisation d’extrême droite Génération identitaire pour une opération menée dans cette même région en 2018, documente également les refoulements de « mineurs non accompagnés » vers l’Italie.

      Lors de leurs maraudes, les bénévoles et militants associatifs sont régulièrement ciblés par des contrôles d’identité « abusifs », souligne le rapport, qui se focalise sur la situation dans les Hautes-Alpes.

      « Dans de nombreux cas, la police semble recourir à ces procédures de façon sélective, à des fins d’intimidation et de harcèlement ou pour entraver les activités humanitaires », poursuit l’ONG de défense des droits humains qui réclame une enquête sur ces pratiques. L’objectif, « c’est de leur mettre des bâtons dans les roues » et de « gêner leurs actions », résume pour l’Agence France-Presse (AFP) Bénédicte Jeannerod, directrice France chez HRW.
      « Le délit de solidarité continue d’être utilisé »

      « Systématiquement, lorsqu’on part en maraude à Montgenèvre [commune limitrophe de l’Italie], il y a des contrôles (…), souvent plusieurs fois dans la soirée », raconte un bénévole cité dans le rapport, qui porte sur une enquête menée entre janvier et juillet 2019.

      Contraventions pour un balai d’essuie-glace défectueux, une absence d’autocollant signalant des pneus cloutés… « Le délit de solidarité continue d’être utilisé », déplore Mme Jeannerod.

      Même si le pic de la crise migratoire est passé, en matière de flux, « la pression sur les militants continue de s’accentuer », confirme Laure Palun, codirectrice de l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), qui a publié en début d’année un rapport sur la situation à la frontière franco-italienne.

      Légalement, l’aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers en France est passible d’une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. En juillet 2018, le Conseil constitutionnel a jugé qu’un acte « humanitaire » ne pouvait pas faire l’objet de sanctions, sauf s’il est effectué dans le cadre d’une aide à l’entrée sur le territoire.

      Malgré cette décision, des poursuites continuent d’être engagées contre des personnes soutenant des migrants, déplore encore Human Rights Watch.

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/05/les-militants-pro-migrants-dans-les-hautes-alpes-harceles-par-la-police-selo
      #mineurs_non_accompagnés

  • Les cours criminelles départementales inaugurées à Caen
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/les-cours-criminelles-departementales-inaugurees-a-caen-20190903

    Deux viols sont jugés par ces instances départementales, sans jurés, ces 5 et 6 septembre.

    La Chancellerie a les yeux braqués sur la cour d’appel de Caen, qui organise, ces jeudi 5 et vendredi 6 septembre, les deux premières audiences de la cour criminelle départementale. Une expérimentation gravée dans le marbre de la loi du 23 mars 2019, qui a fait couler beaucoup d’encre lors de son annonce surprise, l’hiver dernier, en plein débat législatif. Elle se déroulera pendant trois ans dans sept départements : les Ardennes, le Calvados, le Cher, la Moselle, la Seine-Maritime, La Réunion et les Yvelines.

    Cette nouvelle juridiction criminelle a désormais à juger des affaires dont la peine encourue est inférieure ou égale à vingt ans, comme les viols, les viols aggravés, les violences volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner, les actes de torture ou de barbarie, les vols avec armes ou encore les séquestrations.

    Le but : audiencer plus rapidement les dossiers criminels et faire des économies.

    Je croyais que cette idée abjecte avait été abandonnée ! Les crimes commis contre les femmes n’irons plus aux assisses ils seront jugés pour pas cher et au pas de course dans des tribunaux spéciaux pour sous-citoyennes. Qu’est ce qui va rester aux assisses si les viols, les viols aggravés, les violences volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner, les actes de torture ou de barbarie, les vols avec armes ou encore les séquestrations....
    #égalité_mon_cul #justice_mon_cul #fraternité_pour_les_agresseurs

  • #Pape François : « C’est un honneur pour moi que les Américains m’attaquent »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/04/pape-francois-c-est-un-honneur-pour-moi-que-les-americains-m-attaquent_55065

    En phase avec la montée du conservatisme aux #Etats-Unis, en désaccord total avec la critique virulente du libéralisme économique portée imperturbablement par le chef de l’Eglise catholique, ces acteurs, qui sont aussi des financiers importants pour le Saint-Siège, auraient trempé dans un « #putsch » pour renverser François, à l’été 2018. Ayant échoué, ils consacreraient aujourd’hui leurs efforts à peser sur le choix du successeur du pape argentin. Une autre façon, affirme l’auteur, de fomenter un « coup d’Etat ».

  • Antisémitisme : les petits arrangements de Yann Moix avec la vérité à « ONPC »
    https://www.lexpress.fr/culture/livre/antisemitisme-les-petits-arrangements-avec-la-verite-de-yann-moix-a-onpc_20

    Yann Moix s’est expliqué samedi soir sur le plateau de Laurent Ruquier. On attendait un mea culpa sincère, on a eu droit à des éléments de langage. Décryptage.

    Yann Moix a décidément du mal avec les mea-culpa. À la suite des révélations de L’Express https://web.archive.org/web/20190826152559/https://www.lexpress.fr/culture/quand-yann-moix-publiait-dans-un-journal-antisemite_2095721.html, il lui avait déjà fallu s’y reprendre à deux fois avant d’avouer qu’il était bien l’auteur non seulement des dessins, mais aussi des textes publiés dans un petit magazine étudiant à tendance #négationniste. Hier soir, sur le plateau de #Laurent_Ruquier, le romancier a de nouveau présenté ses excuses pour ces errements de jeunesse. Mais interviewé par #Adèle_Van_Reeth et #Franz-Oliver_Giesbert, qui n’avaient pas la moindre idée de ce que contenaient les trois numéros d’Ushoahia, #Yann_Moix a de nouveau eu tendance à minimiser sa participation à coups de petits arrangements avec la vérité.

    Par ailleurs, Le Monde avait révélé hier https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/31/ces-heures-ou-yann-moix-a-tente-de-rester-frequentable_5504880_3224.html avant l’émission que Moix était le salarié de la maison de production #Tout_sur_l'écran, productrice d’On n’est pas couché. C’est en effet cette même société qui produit Chez Moix, l’émission présentée sur #Paris-Première par le romancier. Un étrange mélange des genres sur le Service Public. Retour sur un mea-culpa incomplet.

    "Je demande pardon pour ces bandes dessinées"

    Yann Moix connait trop bien le sens des mots pour les employer au hasard, surtout au coeur d’une polémique aussi explosive. Il a asséné pendant plus d’une heure un « élément de langage » forgé à l’avance : « Je faisais des bandes dessinées #antisémites. » Nous avons compté : Yann Moix a martelé dix-neuf fois l’expression « bande dessinée » durant l’émission, sans jamais avoir été repris une seule fois par ses interviewers ! Or, en demandant le pardon pour ces « bandes dessinées », le romancier renvoie à un mode d’expression qui évoque inconsciemment l’enfance et suscite donc l’indulgence.

    Vérification faite, sur la centaine de pages que forment au total les trois numéros d’Ushoahia, on ne trouve aucune bande dessinée de sa main dans le numéro 1 (le plus négationniste), trois pages seulement dans le numéro 2 et deux pages dans le troisième numéro. Soit donc seulement cinq pages sur... cent ! À noter que ces rares bandes dessinées visent le plus souvent à ridiculiser #Bernard-Henri_Lévy, parfois sur le mode scatologique, parfois pour se demander comment « le distinguer de Jean-Jacques Goldman ».

    Dans l’absolution que #BHL accorde ce matin à Moix, le philosophe reprend symptomatiquement le même élément de langage, n’évoquant que « ces fameuses BD ».


    Case d’une des rares bandes dessinées de Yann Moix publiée dans Ushoahia.

    En revanche, dans ces numéros, on trouve de très nombreuses caricatures de la main de Moix, très souvent antisémites. Le romancier, qui rêvait de publier dans Hara-Kiri, sait que caricature et bande dessinée sont loin d’être synonymes. Tout particulièrement quand le sujet en est l’ #antisémitisme, comme le rappelle le spécialiste Didier Pasamonik ce matin https://www.actuabd.com/TRIBUNE-LIBRE-A-DIDIER-PASAMONIK-A-propos-des-bandes-dessinees-de-Yann-Moix

    Mais surtout, en demandant pardon pour ses « bandes dessinées », Yann Moix occulte à nouveau l’essentiel : il était bel et bien l’auteur de nombreux textes d’Ushoahia. Après l’avoir tout d’abord farouchement nié dans son entretien à L’Express, il avait été contraint de le reconnaître vingt-quatre heures plus tard dans Libération, lorsque L’Express avait retrouvé https://www.lexpress.fr/actualite/societe/negationnisme-le-mensonge-de-yann-moix_2095809.html l’un de ses manuscrits signés de sa main contenant nombre des textes antisémites publiés dans Ushoahia.

    Or, en plus d’une heure passée dans le fauteuil de l’émission de Laurent Ruquier, Yann Moix n’a pas une seule fois évoqué ou assumé ces textes. Que cache ce déni ?

    "J’avais 20 ans"

    Quel âge avait vraiment Yann Moix au moment où il publiait ces textes et dessins ? La maturité n’est pas la même à 18 ans, à 20 ans ou à 22 ans. Dans Le Monde, son éditeur Olivier Nora évoque un « fanzine lycéen ». Sur le plateau d’ONPC, Moix parle de l’année 1988. Précisons donc que certains numéros d’Ushoahia sont parus dans les premiers mois de 1990 (l’un d’entre eux évoque longuement la mort du dictateur roumain Nicolae Ceaucescu survenue le 25 décembre 1989). Yann Moix, né le 31 mars 1968, s’apprêtait donc à fêter ses vingt-deux ans. Il avait quitté le lycée trois ans plus tôt, avait passé deux ans en classes préparatoires et étudiait dans une grande école, l’ESC Reims.

    Dans Orléans, il ne cesse d’ailleurs de rappeler combien il était précoce intellectuellement, s’amusant même du fait qu’il était sans doute le plus jeune abonné du Bulletin des amis d’André Gide de l’Histoire (il était alors en quatrième). Il raconte aussi comment il dévorait les oeuvres de Francis Ponge, Charles Péguy, Sartre, Céline, Baudelaire, Gombrowicz... D’ailleurs, le « style » des textes d’Ushoahia, aussi odieux soit-il, fait preuve d’une virtuosité certaine.

    "Je m’en prenais aussi aux myopathes, aux handicapés, aux Éthiopiens"

    Yann Moix sous-entend donc que les Juifs ne seraient qu’une cible parmi d’autres dans ses écrits de jeunesse et qu’il « faisait feu de tout bois ». Les myopathes ? Les handicapés ? Pas une ligne sur eux dans les trois numéros d’Ushoahia. En revanche, la couverture du numéro 2 est bien consacrée à la famine en #Éthiopie. Voici les premières lignes de l’article consacré au sujet : « Après les six millions de #Juifs soi-disant morts dans les camps en carton pâte que la Metro Goldwyn Meyer a fait construire un peu partout en Europe pour le compte (en banque) de quelques Juifs avides de pognon, on réinvente l’actualité pour renflouer les caisses de quelques dictateurs nègres dont le roseau de 30 cm ne suffit plus à aguicher les putains d’Adis-Abeba. » Et un peu plus loin : « En fait, ces #nègres maigres n’existent pas. Ce ne sont que les négatifs des photos truquées par les Juifs sur les prétendus camps de la mort. »

    Texte paru dans le numéro 2 d’Ushoahia.

    Le numéro 3 d’Ushoahia est lui consacré à l’abbé Pierre. Là encore, voici les toutes premières lignes de l’article : « Il est petit, épais comme un #Juif version #Buchenwald, porte des binocles pour mieux voir le fric (...) et une barbe de père Noël pouilleux qui serait resté trop longtemps à distribuer des cadeaux aux pensionnaires d’ #Auschwitz. Faut dire, vu le nombre de cheminées qu’il y avait là-haut, il devait y avoir du pain (grillé) sur ces planches qui ont servi à casser du Youpe, etc. » Le texte est signé « #Auschwitz-Man ».

    Extrait du numéro 3 d’Ushoahia.

    Bref, les #Éthiopiens et l’abbé Pierre ne sont une nouvelle fois que prétexte à développer une obsession antisémite et négationniste. Dans le numéro 3, même la pauvre peluche Casimir -pour laquelle Moix a toujours eu un faible, au point de la mettre en scène longuement dans son premier roman, Jubilations vers le ciel- porte un brassard à #croix_gammée.

    On comprend mieux pourquoi Yann Moix n’a pas souhaité s’appesantir sur les textes.

    "Ces révélations sont téléguidées par l’extrême-droite"

    Discréditer le supposé émetteur d’une information est une technique vieille comme le monde. Dans son interview à L’Express, en début de semaine, Yann Moix accusait son frère d’être la « balance ». À On n’est pas couché, changement de stratégie, c’est l’ « extrême-droite ». Deux anciennes amitiés de Moix avec des personnages sulfureux ont d’ailleurs été évoquées sur le plateau de Laurent Ruquier.

    Premier nom : #Marc-Edouard_Nabe, écrivain dont Moix fut très admiratif à ses débuts et dont il fut proche un temps, avant de se brouiller avec lui. Depuis, les deux hommes sont à couteaux tirés. Nabe est le premier à avoir cité le titre Ushoahia, en 2017, dans son livre Les Porcs 1, mais il n’a jamais eu entre les mains ces publications. Sinon, lui qui publie régulièrement sur son site « Nabe News » des documents révélant les parts d’ombre de ses ennemis, se serait évidemment fait un malin plaisir de rendre public un florilège des oeuvres de jeunesse compromettantes de Moix, étrillé à longueur de pages dans Les Porcs 1.

    Couverture du premier numéro d’Ushoahia dessinée par Yann Moix.

    L’autre ami évoqué à ONPC s’appelle #Paul-Éric_Blanrue. Auteur d’un documentaire avec le négationniste #Robert_Faurisson, il fut très proche de Moix dans les années 2000. Ce dernier lui donna même en 2007 une préface (sans ambiguïtés) à une anthologie de textes antisémites d’auteurs célèbres. Pour l’anecdote, #Blanrue fait une petite apparition - en sosie d’Elvis Presley - dans le film Podium de Yann Moix. Aujourd’hui, les deux ex-complices sont en froid. Mais si Blanrue avait entendu parler lui-aussi d’Ushoahia, il n’en détenait aucun exemplaire. Il nous l’avait confirmé, lorsque nous l’avions interrogé avant notre premier article sur le sujet. Il nous avait même envoyé trois mails, demandant si nous ne pouvions pas lui envoyer en primeur une capture d’écran de l’une des couvertures (ce que nous n’avons évidemment pas fait).

    Yann Moix le sait donc bien. Si l’ « #extrême-droite » avait eu la possibilité de faire « fuiter » ses dessins et écrits de jeunesse, elle l’aurait fait depuis longtemps. Alors pourquoi l’accuser ? Ne peut-il imaginer que certaines personnes aient tout simplement été horrifiées par ce qu’elles ont découvert dans les publications antisémites et négationnistes dont il était l’auteur et le dessinateur ?

    #Shoah #Racisme #Raciste

    • Par ailleurs, Le Monde avait révélé hier avant l’émission que Moix était le salarié de la maison de production Tout sur l’écran, productrice d’On n’est pas couché. C’est en effet cette même société qui produit Chez Moix, l’émission présentée sur Paris-Première par le romancier. Un étrange mélange des genres sur le Service Public. Retour sur un mea-culpa incomplet.

  • Au sud-ouest de Nantes, les causes des cancers pédiatriques toujours sans explication
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/30/cancers-pediatriques-en-loire-atlantique-l-ecole-de-sainte-pazanne-restera-o

    L’enquête menée par les autorités de santé à la suite du signalement de dix-sept cas de cancers chez des mineurs et jeunes adultes dans le secteur de Sainte-Pazanne écarte la piste d’une contamination au sein de l’école de la commune.

    La question reste en suspens. Pour l’heure, impossible de déterminer avec précision les éléments pouvant provoquer les cas de cancers pédiatriques recensés dans le secteur de Sainte-Pazanne, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Nantes. Depuis 2015, dix-sept cas de cancers chez des enfants, adolescents et jeunes adultes ont été signalés à l’Agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire. Trois personnes sont mortes depuis.

    Réuni jeudi 29 août pour la troisième fois depuis sa mise en place en mai, le comité de suivi du dossier – regroupant notamment l’ARS, l’agence Santé publique France, le collectif de parents Stop aux cancers de nos enfants, la préfecture, les professionnels de santé et la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) – promettait pourtant de faire le point sur les causes potentielles de maladie communes aux enfants.

    Quatre des jeunes atteints de cancer ont fréquenté ou fréquentent toujours l’établissement scolaire Notre-Dame-de-Lourdes, l’école privée de Sainte-Pazanne, située devant un ancien site industriel. Des investigations ont été menées pendant l’été pour « lever le doute » sur cette exposition environnementale.

    A quatre jours de la rentrée scolaire, il fallait s’assurer que l’école Notre-Dame-de-Lourdes pourrait accueillir les enfants dans des conditions de sécurité satisfaisantes. C’est le cas, affirme Nicolas Durand, directeur général adjoint de l’ARS des Pays de la Loire : « Plus de cent cinquante prélèvements et mesures ont été faits sur l’eau, l’air, le sol, le radon [un gaz naturel radioactif], les champs électromagnétiques (…). Il n’y a pas de risques qui dépassent les valeurs de référence. »

    M. Durand convient que des « concentrations importantes de radon » ont été mesurées dans certaines parties de l’école, mais ces premières mesures ne sont qu’indicatives puisqu’elles ont été faites sur une période de trois semaines en été dans des classes fermées, alors qu’elles doivent normalement être effectuées pendant deux mois en hiver. Une nouvelle campagne de contrôles par l’ARS aura donc lieu plus tard dans l’année. Des traces de formaldéhyde et de lindane, un insecticide classé cancérogène par l’Organisation mondiale de la santé, ont aussi été détectées dans l’établissement.

  • De plus en plus de mères sans-abri hébergées avec leur nouveau-né à l’hôpital Lariboisière
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/30/de-plus-en-plus-de-meres-sans-abri-hebergees-avec-leur-nouveau-ne-a-l-hopita

    La direction du groupe parisien assure qu’un « transfert » vers une « structure d’accueil adaptée » est en cours.

    Les gestes de Lumbia Maria sont encore hésitants au moment de changer la couche de son bébé, jeudi 29 août. Sans table à langer, elle se contente d’un chariot d’infirmière transformé pour l’occasion. Un peu moins d’un mois après son accouchement, la jeune femme est toujours aux urgences maternité de l’hôpital Lariboisière, dans le 10e arrondissement de Paris. Pas dans une chambre, mais dans la salle d’attente du pédiatre. Depuis quelques semaines plusieurs femmes sans-abri – entre cinq et dix – se partagent cet espace avec leur nouveau-né.
    En les accueillant, l’établissement assure le service public hospitalier, qui se doit d’accepter toute demande d’admission d’une femme enceinte dans le mois précédant et suivant son accouchement. Mais sans aucun confort, avec l’accès à un point d’eau mais pas de douche. Maria dort sur le sol de la salle d’attente depuis plus de deux semaines. Cisse Kady, une autre jeune maman, depuis quinze jours.
    La présence de telles femmes n’est pas une nouveauté. Mais leur nombre a crû en un an. Elles n’étaient que « deux ou trois l’été dernier », estime Jean-Louis Benifla, chef du service de la maternité.
    Reportage en Seine-Saint-Denis : le 115 désemparé face aux « bébés sans-abri »

    Après l’accouchement, ces femmes sont priées de quitter leur chambre au bout d’une petite semaine pour rejoindre la salle d’attente des urgences. Pour Marine, une aide-soignante qui souhaite rester anonyme, « les cadres subissent une pression quand ça bouchonne dans les salles de naissance » : il faut libérer les lits au plus vite. « On n’a pas assez de lits en aval », analyse le chef de service.
    40 % des patients des urgences en situation de précarité
    La direction de l’établissement estime que la mise à l’abri demandée par le règlement intérieur n’exige pas « que cela soit fait dans un lit d’hospitalisation, dès lors que la femme ne le requiert pas médicalement », a-t-elle précisé à la Confédération générale du travail (CGT) en octobre dernier. Une information communiquée par courriel à l’organisation, qui s’était émue de la situation. « Depuis, on est censés être en discussion avec le siège sur comment gérer cette crise, mais on n’a pas vraiment d’informations », regrette Elisabeth Genest, déléguée CGT à l’hôpital. (...)
    L’établissement, situé dans le nord de Paris, est connu pour accueillir des personnes en situation difficile. « Beaucoup de maternités refusent des patientes précaires et nous les envoient », raconte Elisabeth Genest, la déléguée CGT. « Une réflexion est en cours depuis deux ans pour mieux répartir les patientes entre les différents établissements », pointe M. Benifla.

    #hôpital #maternité #soin #femmes #nourrissons #pauvreté

  • Paris. Plomb de Notre-Dame : les dépistages se poursuivent à l’approche de la rentrée - Incendie de Notre-Dame de Paris - LeTelegramme.fr
    https://www.letelegramme.fr/dossiers/incendie-de-notre-dame-de-paris/paris-plomb-de-notre-dame-les-depistages-se-poursuivent-a-l-approche-de


    AFP

    Un troisième cas d’enfant avec trop de plomb dans le sang a été annoncé mercredi, « a priori » sans lien avec l’incendie de Notre-Dame, tandis que la mairie de Paris assure que « rien ne justifie » de repousser la rentrée scolaire.

    Au total, environ 260 enfants scolarisés dans les arrondissements proches de la cathédrale Notre-Dame de Paris ont réalisé une plombémie depuis l’incendie du 15 avril, qui a fait fondre plusieurs centaines de tonnes de plomb qui se trouvaient dans la charpente du monument gothique, estiment les autorités sanitaires, interrogées par l’AFP.

    Parmi les nouvelles analyses effectuées en août, « un cas à 52 » microgrammes de plomb par litre de sang, juste au-dessus du seuil de déclaration obligatoire de saturnisme (50), a été détecté, a déclaré Aurélien Rousseau, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France. Mais « l’enquête environnementale a permis de démontrer que l’exposition (au plomb, NDLR) était a priori au domicile de cet enfant », et non dans son établissement scolaire, a-t-il ajouté.

    Un premier cas d’enfant contaminé au plomb avait été signalé au début de l’été. Une source d’exposition sans lien avec l’incendie de Notre-Dame, située dans le 4e arrondissement, avait là aussi été découverte : le balcon du logement familial. En revanche, pour un deuxième enfant mesuré au-dessus de ce seuil, un cas dévoilé le 6 août, l’enquête a conclu à « des sources de contamination faibles dans l’habitation et modérées dans l’école », a précisé Aurélien Rousseau.

    L’ARS publiera début septembre le bilan complet des nouvelles plombémies
    Donc « c’est possible que ça vienne de l’école », a-t-il reconnu, avertissant toutefois que « même si c’est l’école, il n’est pas sûr que (la contamination) vienne de Notre-Dame », car elle peut être liée à une pollution préexistante du sol, provenant par exemple de travaux réalisés dans des bâtiments voisins.

    Ce cas concerne un enfant scolarisé en primaire dans un groupe scolaire situé rue Saint-Benoît, fermé fin juillet en raison d’une concentration élevée de plomb dans les cours extérieures. Sa plombémie a été mesurée à 58 µg/l, a précisé l’ARS. Cette école a bénéficié d’une « décontamination approfondie » pendant l’été, passant notamment par l’arrachage total du bitume de sa cour de récréation, où des concentrations élevées de plomb, supérieures à 7.000 µg/m², avaient été relevées.

    L’ARS publiera début septembre le bilan complet des nouvelles plombémies (mesure du taux de plomb dans le sang) réalisées à Paris au cours du mois d’août. Sur les 164 enfants testés à fin juillet, hormis les deux écoliers dépassant les 50 µg/l, 16 se situaient au-dessus du « seuil de vigilance », fixé à 25 µg/l.

    Quelques semaines après l’incendie de Notre-Dame des concentrations élevées de plomb, un métal toxique en particulier pour les enfants, avaient été relevées dans certains établissements scolaires aux alentours de la cathédrale.

    « Rien ne justifie » de repousser la rentrée
    Les nouveaux prélèvements réalisés à l’issue des nettoyages estivaux montrent un retour « en dessous des seuils fixés » dans les écoles publiques du secteur, tandis que les derniers résultats pour les écoles privées seront connus dans les prochains jours.

    Pour le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, « rien ne justifie » donc de repousser la rentrée, comme le réclame l’association environnementale Robin des Bois. « Nous avons toujours dit que nous ne prendrions aucun risque et donc si je peux vous dire aujourd’hui que toutes les écoles ouvriront c’est parce qu’il n’y a aucun risque », a-t-il affirmé sur Franceinfo.

    Plus « prudent », le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer s’est dit sur France inter « assez optimiste » quand à une réouverture des écoles à la date prévue, à partir de lundi prochain, se refusant toutefois à « dire quelque chose de tranché maintenant ». Une famille a par ailleurs assigné en justice l’école privée Sainte-Clotilde (VIIe arrondissement), pour réclamer un diagnostic sur la pollution de l’établissement et, si nécessaire, des mesures d’assainissement.

    Au cours de l’audience, mercredi matin, l’avocat de la direction diocésaine de l’enseignement catholique a expliqué qu’un diagnostic avait été réalisé et que des mesures de nettoyage étaient en cours. Selon la direction diocésaine, sur les 24 prélèvements effectués, trois - dans les sanitaires, un couloir et une salle de classe - dépassaient 70 microgrammes de plomb par mètre carré.

    Les autorités sanitaires recommandent un dépistage du saturnisme infantile en cas de dépassement du seuil de 70 µg/m2 en moyenne sur l’ensemble d’un logement ou d’un établissement.

    • La rentrée reportée dans cinq écoles privées autour de Notre-Dame de Paris

      si on comprend bien l’article, la pollution au plomb n’est pas forcément liée à l’incendie de Notre-Dame : les mesures, en intérieur !, ont été salopées dans les cinq écoles privées (catholiques) épinglées. Et dans le public, elles se sont passées dans les règles et les résultats sont conformes aux normes…

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/31/incendie-de-notre-dame-vers-de-nouvelles-analyses-de-plomb-dans-cinq-ecoles-

      L’Agence régionale de santé a recommandé de nouvelles analyses de détection du plomb à la suite de l’incendie de la cathédrale.

      La rentrée va être différée pour cinq écoles privées situées près de Notre-Dame. L’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France a, en effet, recommandé vendredi 31 août de nouvelles analyses de détection du plomb dans ces établissements du diocèse de Paris à la suite de l’incendie du monument. Le rectorat aussitôt demandé le report de la rentrée, prévue lundi, à Sainte-Catherine (5e arrondissement de Paris), Sainte-Clotilde (7e), Saint-Jean-Gabriel (4e), Saint-Thomas-d’Aquin (7e), Saint-Victor (5e), en attendant que tous ces établissements présentent les garanties requises d’innocuité.

      L’ARS estime que des prélèvements effectués dans ces écoles privées à la suite de l’incendie de Notre-Dame ne sont pas suffisants. Ils l’ont expliqué vendredi lors d’une réunion avec le rectorat et le diocèse pour leur présenter ses analyses. L’examen des prélèvements « fait apparaître que, pour Saint-Thomas-d’Aquin, Sainte-Clothilde, Saint-Jean-Gabriel et Saint-Victor, la méthodologie utilisée dans les rapports d’analyse […] concernant les espaces intérieurs ne permet pas de porter une appréciation quant à la réalité de l’exposition au plomb : volume de prélèvements insuffisants, localisation imprécise, valeur limite de quantification inadaptée », a relevé l’ARS.

      Dans l’école Sainte-Catherine, « les valeurs relevées dans les pièces accessibles aux enfants sont pour certaines élevées ». « La moyenne des valeurs observées est supérieure au seuil de 70 µg/m² » et « un test de dépistage est recommandé. » Des « peintures dégradées » contenant du plomb ne doivent y faire l’objet de travaux et « de nouveaux nettoyages renforcés suivis de nouvelles analyses » être mis en œuvre. Concernant l’école Saint-Victor, une valeur élevée de plomb a été identifiée dans un espace d’une courette extérieure et un test de dépistage est recommandé. Cette cour devra rester inaccessible tant qu’elle n’aura pas fait l’objet d’un nettoyage, recommande l’ARS.

      Un premier avis sanitaire du 7 juin concernait toutes les écoles recevant de jeunes enfants à proximité de la cathédrale. Depuis le 18 juillet, le périmètre avait été étendu aux structures « dans un rayon de 300 mètres autour de tout point sur lequel une valeur supérieure à 5 000 µg/m2 serait retrouvée sur la voirie ». Ce protocole a été mis en œuvre par la Ville de Paris pour les écoles publiques.
      « A ce jour, tous les établissements publics sont conformes aux normes de sécurité et accueilleront leurs élèves lundi 2 septembre », a souligné le rectorat. Selon Nicolas Péju, directeur régional adjoint de l’ARS, « la stratégie de dépistage fonctionne bien et un grand nombre de plombémies ont été réalisées en juillet et août ». « Le même cadre d’investigations est appliqué par l’ARS aux écoles publiques et privées », a-t-il insisté.

  • Toutes ces critiques sur le gaz hilarant (N2O), c’est avant tout une posture autoritaire réactionnaire.
    Ces maires cherchent l’ordre à outrance, ce qu’il font s’apparente au controle des masses, le contrôle des jeunes.
    Ils ne devraient pas avoir ce type de pouvoir.
    C’est pas des outils juridiques pour protéger, c’est pour normaliser.

    A mon petit niveau, je trouve juste chiant de trouver les capsules sur la chaussée, car elles sont éjectées vers la piste cyclable pour rejoindre les feuilles mortes et les éclats de verre et c’est encore les même qui trinquent (ça fait glisser les vélos).
    Si on infligeait la même chose aux 4 roues, il faudrait répandre des clous et de l’huile sur la chaussée... une idée pour la prochaine vélorution....
    Mais je reste néanmoins POUR l’usage du N2O, faut pas déconner.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/28/des-maires-s-alarment-de-la-hausse-de-la-consommation-de-gaz-hilarant_550352

    #protoxyde #drogues #jeunes #velo #cycliste #velorution #maire #sherif

  • Voyage à La Mecque : de nombreux pèlerins dupés par des agences de voyages
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/26/voyage-a-la-mecque-de-nombreux-pelerins-dupes-par-des-agences-de-voyage_5502


    Aurel

    […]
    Les jours passant, Souad a pris conscience que ce qui lui a été présenté par l’agence comme un coup du sort a en réalité toutes les caractéristiques sinon d’une escroquerie, du moins d’une pratique commerciale trompeuse accompagnée de multiples manquements à la réglementation. N’obtenant ni réponses à ses questions ni remboursement, cette femme de caractère a finalement contacté une association de défense du consommateur spécialisée dans le pèlerinage et se prépare à porter plainte. Or, cette année, Souad est loin d’être un cas isolé. Comme l’a révélé le site d’information musulman SaphirNews, ils seraient plusieurs milliers à, comme elle, avoir vu leur projet tomber à l’eau et, pour certains, leur paiement disparaître dans la nature. « Ils sont entre 3 000 et 5 000 », évalue Omar Dakir, le fondateur de l’Association culturelle d’entraide et de fraternité (ACEF), qui se bat contre les dérives dans le secteur du pèlerinage.

    « Tout est tellement invérifiable ! »
    Deux facteurs se sont conjugués pour aboutir à cette débâcle, semble-t-il sans précédent. Le premier est conjoncturel. Il concerne l’accès aux visas. Tous les ans, l’Arabie saoudite, gérante des lieux saints, attribue des quotas de visas pour le hadj (grand pèlerinage que tout musulman doit faire une fois dans sa vie s’il en a les moyens) à chaque pays. Hors pays musulmans (où le pèlerinage est géré par les pouvoirs publics), les visas, gratuits, sont attribués par les services saoudiens à des agences de voyages, qui sont alors dites agréées. L’agrément est, le plus souvent, renouvelé d’une année sur l’autre. Combien d’agences en disposent en France ? Le consulat d’Arabie saoudite ne publie pas la liste. Elles seraient une soixantaine, selon deux très bons connaisseurs. Mais comme tout ce qui touche à ce marché, les données sûres manquent. « Tout est tellement invérifiable ! », soupire Fateh Kimouche, créateur du site de défense du consommateur musulman Al-Kanz. Tout semble fait, en tout cas, pour empêcher le consommateur d’y voir clair.
    […]

    #paywall :-(

  • Une série de comptes-rendus plutôt complets sur la tentative de #NoG7 / #G7EZ par les reporters des sites MUTU permet de mieux comprendre la sensation d’énorme gâchis en cette fin de week-end.
    //edit : ajout du CR de Nantes Révoltée

    G7-EZ : C’est parti !
    https://expansive.info/G7-EZ-C-est-parti-1703

    /.../ Premier réveil sur le camp. Après un petit-dèj complet, on essaye d’avoir des informations de la réunion de la plate-forme de la veille au soir, apparemment aucune décision n’est sortie quant au programme du week-end qui semble remis en question suite aux pressions des pouvoirs publics. Des tensions sont palpables entre les volontés pacificatrices de la plate-forme et la détermination des militant.es venu.es tenter d’enrayer la tenue du #G7 /.../

    G7-EZ - Acte 2 : On s’enjaille à Hendaye pour que le G7 déraille !
    https://expansive.info/G7-EZ-Acte-2-On-s-enjaille-a-Hendaye-pour-que-le-G7-deraille-1704

    20h. Le rendez-vous est donné, nouvelle AG de lutte ce soir, les choses sérieuses s’amorcent dans des débats où la plate-forme G7-EZ et son consensus d’action se font chahuter par l’assistance. La discussion part d’une intervention des Gilets Jaunes de Saint-Nazaire. Ils expliquent avoir fait une prise de parole le matin même, lors de l’inauguration du contre-sommet à la Ficoba, pour critiquer ce consensus d’action qui leur semble bien mou. Ça a provoqué une discussion avec des membres de la plate-forme et l’envie d’aller plus loin dans la compréhension des enjeux locaux. Un nouvel échange avec des membres de la plate-forme est prévu jeudi soir, afin d’expliciter le contexte local ayant amené à la formation de ce « consensus d’action ». Une mise au point semble en effet nécessaire afin que différentes tactiques puissent se déployer sans que cette diversité mène à une rupture.

    G7-EZ, Acte 3 : Welcome to paradise
    https://expansive.info/G7-EZ-Acte-3-Welcome-to-paradise-1707

    Acte 3 du contre-sommet d’Hendaye : de jeudi soir à vendredi soir. Où il est question d’une manifestation féministe, d’un blocage de rond point, de voltigeurs et de barricades. Et comment deux flics à moto un peu paumés font monter la pression...

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    G7-EZ, Acte 4 : Police partout, contre-sommet nulle part
    https://expansive.info/G7-EZ-Acte-4-Police-partout-contre-sommet-nulle-part-1708

    Quatrième (et dernier ?) récit du contre-sommet G7, de Hendaye à Bayonne. Où il est question d’altermondialisme, d’une ville fantôme, de barricades enflammées et d’un sit-in annulé.

    G7 : L’ordre règne au Pays Basque
    http://nantes-revoltee.com/g7-lordre-regne-au-pays-basque

    « Police partout, contre-sommet nulle part » ?

    Dimanche 25 août, au milieu de rues désertes du pays Basque.

    Dans un paysage de mort, un petit cortège avance à travers la ville d’Hendaye et le Centre de Rétention, transformé pour l’occasion en centre de garde à vue géant où sont enfermés les opposants au G7. Le cortège est encerclé, étouffé même, par des centaines et des centaines de policiers de toutes les unités imaginables. Il y a même deux hélicoptère et un drone qui survolant les quelques dizaines de personnes qui improvisent cette marche, pour demander la libération de manifestants arrêtés la veille. Auparavant toute personne sortant du campement des opposants dans le but de se rendre à cette marche a été contrôlée et minutieusement fouillée. Une participante, l’air triste, souffle : « c’est le pire contre-sommet de l’histoire ».

    Retour sur ces dernières journées aux alentours de Biarritz :

    • Dans le Pays basque, un rassemblement anti-G7 annulé pour « faire baisser la tension »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/25/un-contre-sommet-du-g7-reussi-pour-les-organisateurs-meme-si-les-anti-n-ont-

      La mobilisation fut faible en comparaison des sommets historiques de Gênes ou Evian, mais quelque 15 000 personnes ont manifesté samedi à Hendaye.

      Article en entier ⬇️

      Ce devait être la dernière initiative des anti-G7 rassemblés non loin de Biarritz, où se tient le sommet officiel, mais celle-ci a finalement été annulée dimanche 25 août en milieu de journée. Une jolie carte avait même été distribuée, les jours précédents, aux milliers de participants au contre-sommet organisé par deux coordinations (basque, G7 EZ [non au G7], et française, Alternatives G7), pointant sept « cibles » autour de Biarritz. Ainsi, les mairies de Bayonne et d’Anglet et différents ronds-points dessinaient une « zone arc-en-ciel, symbole des différentes luttes et revendications », expliquaient les organisateurs.

      Las, tout a été annulé. Faute de combattants, beaucoup étant repartis dès la veille après la manifestation qui a réuni 15 000 personnes, selon les organisateurs, et a clos officiellement le contre-sommet qui s’est tenu à Hendaye et Irun, du 21 au 23 août. Sur la longue plage qui porte le joli nom de Chambre d’amour, à l’annonce dimanche midi de l’annulation de la manifestation, trois militants ne cachaient pas leur déception. « Nous sommes venus exprès de Saint-Etienne, on a dormi au ball-trap d’Urrugne et il n’y a personne ! » L’un est un ancien militant de la CGT, tous ont participé aux manifestations des « gilets jaunes » et s’affirment anticapitalistes. En arrivant vendredi sur la côte basque, pour la fin du contre-sommet, ils espéraient retrouver la chaleur des défilés. Rien. Cette longue plage d’où l’on voit le phare de Biarritz, où a eu lieu samedi soir le premier dîner de sept dirigeants des pays industrialisés, est vide de manifestants.

      Sur les planches, devant l’océan où glissent inlassablement les surfeurs, la porte-parole d’Attac et d’Alternative G7, Aurélie Trouvé, répond presque seule aux journalistes. La nuit même, annonce-t-elle, Joseba Alvarez, une figure de l’indépendantisme basque, membre de la coordination G7 EZ et de la gauche abertzale, a été arrêté. Il faisait l’objet d’une interdiction de territoire jusqu’au 29 août. « Avec son arrestation et la vingtaine de blessés légers que nous avons eue, nous avons décidé de faire preuve de responsabilité et d’assurer avant toute chose l’intégrité des manifestants », explique-t-elle. La veille, quelques affrontements ont eu lieu dans le Petit Bayonne. Les nombreux gendarmes mobiles et policiers, présents sur les ponts sur l’Adour et la Nive, deux rivières qui enserrent ce quartier, ont fait usage de grenades lacrymogènes et d’un canon à eau pour disperser quelque 200 à 300 manifestants.

      Les anti-G7, que l’on annonçait nombreux et souvent radicaux, n’ont pas rejoint en masse le Pays basque. « Nous aurions pu réunir 200 ou 300 manifestants, assure pourtant la porte-parole d’Attac, mais nous avons préféré suspendre la manifestation pour faire baisser la tension. » En réalité, le ministère de l’intérieur et la préfecture ont œuvré pendant des mois pour saper la mobilisation des “anti”. D’abord en faisant traîner durant des semaines le choix d’un lieu pour le contre-G7. Orthez, Dax… les lieux les plus éloignés de Biarritz ont été proposés, avant de finalement concéder Hendaye, à 32 kilomètres de la cité balnéaire.

      Le déploiement massif des forces de police et la perspective d’être débordés par des “black blocks” ont aussi dissuadé bon nombre de militants, comme la date choisie pour le G7, en fin de vacances scolaires. Enfin, la proximité des élections municipales a joué un rôle non négligeable. Dans ce bout de territoire, les militants les plus organisés appartiennent souvent aux mouvements indépendantistes basques. Or, de commune en commune, les élus locaux ont pesé – souvent à la demande du préfet – pour dissuader les indépendantistes, dont beaucoup concourent aux majorités municipales des villes de la côte, de mener un mouvement d’ampleur qui aurait pu nuire à l’image de la région.

      De fait, après huit mois de contestation des « gilets jaunes », une cote de popularité autour de 30 % pour Emmanuel Macron et l’intérêt dans une partie de l’Europe pour les thèmes alternatifs et environnementaux, les anti-G7 n’ont pas rassemblé les foules contestatrices qui s’étaient exprimées durant l’année. La mobilisation à Hendaye aura été bien faible aussi en en comparaison du rassemblement historique de Gênes, en 2001, où 300 000 personnes s’étaient réunies et où un manifestant, Carlo Giulani, a été tué par la police. Deux ans plus tard, en juin 2003, contre le G8 à Evian, 100 000 manifestants s’affrontèrent durement avec la police dans la ville voisine de Genève.

      Pour les responsables d’associations telles Attac, il s’agissait d’une autre période de l’altermondialisme, les rassemblements anti-G7 ou G8 drainant dorénavant des foules souvent moins importantes. Lors du dernier G7 tenu en France, en mai 2011 à Deauville (Seine-Maritime), les « anti » n’avaient été que 7 000 à défiler au Havre voisin. Cette même année, ils étaient moins de 10 000 à défiler à Nice contre le G20 de Cannes (Alpes-Maritimes).

      « Toutes les salles étaient trop petites »
      Alors pour les organisateurs, réunir 15 000 personnes sur le port d’Hendaye reste un vif succès, d’autant que la concurrence fût rude avec les fêtes incontournables du Pays basque comme celle de Bilbao, qui se tenait en même temps. « Dans un contexte d’occupation policière qui faisait craindre aux gens de ne pouvoir passer la frontière, dans ces conditions spéciales de psychose totale, rassembler autant de monde est un succès. Toutes les salles du Ficoba [salle d’Irun où se tenait le contre-sommet] étaient trop petites pour accueillir les participants. Et réussir la « marche des portraits » [les photos officielles dérobées dans les mairies] à Bayonne, où toute initiative était interdite, montre nos capacités à mobiliser », conclut Txetx Etcheverry, porte-parole de Bizi et cofondateur d’Alternatiba.

      Dimanche matin, 14 des 128 portraits officiels du président Macron, réquisitionnés lors des derniers mois dans les mairies de la France entière, ont été brandis lors d’une déambulation de plusieurs centaines de personnes dans les rues du Petit Bayonne. Tous portaient des cadres emballés, de façon à perturber d’éventuelles saisies par la police des portraits officiels. Mais les gendarmes mobiles se sont contentés de laisser passer les manifestants et les organisateurs ont pu tenir une conférence de presse devant des dizaines de journalistes de la presse internationale, en présence de Susan George, figure de l’altermondialisme et présidente d’honneur d’Attac, de Jean-François Julliard (Greenpeace France), d’Esther Bernard (Youth For Climate), de Pauline Boyer (Alternatiba) et de Cécile Marchand (ANV-COP21), toutes deux poursuivies pour avoir décroché des portraits.

      A cette occasion, le directeur de Greenpeace a rappelé son intention d’aller jusqu’au bout de la démarche judiciaire, avec la plainte déposée par l’Affaire du siècle, et « d’obtenir une condamnation de l’Etat français pour carence fautive contre le dérèglement climatique ».

      Ultime pied de nez aux quelque 13 000 gendarmes et policiers déployés pour le G7, ces organisations ont réussi à déployer une banderole dénonçant l’inaction du président Macron lors de la visite dimanche des « premières dames » dans un village typique du pays basque intérieur, Espelette.

    • Les anti-G7 revoient leurs ambitions à la baisse face au « climat sécuritaire »
      https://www.courrierinternational.com/depeche/les-anti-g7-revoient-leurs-ambitions-la-baisse-face-au-climat

      L’ampleur exceptionnelle du dispositif de sécurité déployé autour du G7 de Biarritz a globalement étouffé toute velléité de contestation violente mais a aussi dissuadé des opposants d’organiser dimanche une série d’actions pacifiques en clôture de leur « contre-sommet ».

      Toute la semaine, la présence des quelque 13.200 policiers et gendarmes français mobilisés, appuyés par l’armée, s’est faite sentir au Pays basque, transformé en camp retranché, et à Biarritz, complètement barricadée.