Laetitia Monsacré, journaliste qui co-dirige la version française du NewYorker : « aujourd’hui on n’informe plus, on fait de la fabrique d’opinion ».
▻http://www.jimlepariser.fr/la-grande-manipulation
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Etre journaliste depuis plus d’un mois en France lorsque l’on couvre les “Gilets jaunes”, c’ est en effet- n’en déplaise à Emmanuel Macron qui a essayé de nous associer dans ses voeux aux homosexuels, juifs et autres victimes de ces “gaulois” forcément incultes- devoir porter un casque et afficher “Presse” comme pour couvrir une guerre lointaine avec l’espoir que cela nous protège. De qui ? Certainement pas des gilets jaunes qui, lorsque j’ai dû courir avec eux pour échapper aux grenades lacrymogènes lancées sans aucune raison, m’ont tendu mon portable tombé dans la tourmente. Ma carte de presse perdue en même temps a fini dans la poche d’un Baqueux, un policier, qui m’a lancé “J’en fait collection”. Ces mêmes “représentants de l’ordre”-sic, qu’Emmanuel Macron ne cesse de féliciter comme ce jour de Noël où il est allé visiter les motards de la police ayant été “violemment agressés”. Stéphanie Roy, @Steph_Roy_, une ancienne journaliste de l’agence mondiale de presse, Associated Press-une référence- travaillant désormais pour l’agence de presse indépendante LinePress, a filmé la scène. Toute la scène. Trois motards arrivant comme des cow-boys sur l’avenue Georges V alors que des gilets jaunes descendent joyeusement les Champs Elysées, bonnets de Noël et Marseillaise reprise en coeur. Les touristes sourient, quelques restaurateurs s’inquiètent pour leur terrasse, mais l’ambiance est comme le disent les journalistes “bon enfant”. Mais voilà que les trois policiers lancent des grenades comme on lance des confettis, l’un d’eux tellement à son excitation qu’il en fait tomber sa moto. Alors évidemment ça tourne mal. Tu donnes de la merde, tu reçois de la merde. Une, deux trottinettes, des sapins, la riposte fuse. Légitime ? Dans tous les cas, compréhensible et c’est là, que le dimanche 23 décembre fut un jour de deuil pour le journalisme. Images tronquées diffusées en boucle sur les chaînes du service publiques et d’information continue, infox répugnante amalgamant les gilets jaunes à des racistes pour trois quenelles, à des antisémites pour une vidéo qui tourne sur les médias classiques alors qu’elle n’aurait jamais du quitter les réseaux sociaux ou encore à des homophobes en opposant le Mariage pour tous au RIC, bref une volonté éditoriale écoeurante de faire passer un message de propagande digne d’une dictature : “Les Gilets jaunes sont l’ennemi du peuple”. On minore, on diabolise- selon.