/20190109_sophie_nina_instants.mp4

    • @reka Ben oui, je ne comprends pas très bien ta remarque.

      Nina Garcia est géniale. En revanche je ne disqualifierai pas nécessairement le jeu avec les pédales (que Nina Garcia utilise elle-même)(par exemple sur la fin de cet extrait)(mêe si ce n’est pas flagrant) et puis ça dépend quand même pas mal de qui utilise les pédales non ? Quand c’est Fred Frith cela peut être divin. Bruno Chevillon à la contrebasse joue avec une très belle collection de pédales et c’est très beau aussi, non ?

    • euh ! pas d’offense mes amis, je tague pour retrouver les posts quand je me mettrai à écrire sur des sujets que je prépare, et je m’intéresse un peu aux microcosmes et/ou aux attitudes microcosmiques :) là c’était pour retrouver la citation de LL de Mars plus tard, pas plus. Et sinon je suis sur que Nina Garcia est super géniale oui !

    • @reka me sens pas offensé ; vivre dans les trous les moins fréquentés est une fatalité construite, et ce que je peux raconter là pour la bd ( https://www.du9.org/dossier/comment-jai-ecrit-certains-de-mes-livres ouverture du chapitre) est vrai pour la musique. Je trouve quand même le choix de « microcosme », utilisé le plus régulièrement de façon méprisante (dans le même champ rhétorique que « élitiste » pour parler de tout ce qu’on condamne moralement alors que c’est déjà socialement condamné à l’invisibilité), pas très très adroit.

      @philippe_de_jonckheere je suis persuadé qu’on trouve même des chasseurs poètes et des zozos de droite généreux. Mais je ne vais pas en tirer de conclusions générales sur la chasse ou le capitalisme. Quand je dis 20 ans de cassage de burnes, de paresse musicale, de poncifs lancinants, d’inaptitude totale à intégrer le silence au travail, de construction mentale et poétique rock mal planquée sous de l’expérimentation qui n’en est plus depuis longtemps à force de conventions, je suis gentil. C’est plutôt 30 ans. Dès que je vois un type débouler avec sa guitare et ses pédales sur une scène, je n’attends plus de savoir si c’est le petit génie du siècle qui vit perdu dans la meute de ceux qui ont fait de la modernité un simple petit ajustement de lutherie, je change de crèmerie. D’une manière générale, notre champ musical est écrasé par les conventions et c’est devenu assez compliqué d’être surpris, bousculé, par un concert. Je m’emmerde de plus en plus. Faut attendre un peu, traverser un moment de désert sans doute. Pour l’instant, la quasi totalité des prestations vues dans les quatre cinq dernières années est composée par des jeunes musiciens empruntant les voies balisées que leurs aînés ont préparé pour eux et enquillent les murs de bruit en chaussons, le théâtre des hybridations pop qui est aussi calibré que celui de la scène pop elle-même, l’application tranquille des grammaires timbrales inventoriées sur les instruments par papi. Je m’emmerde, donc, un peu. Mais je sais que c’est momentané. Faut juste que je me déplace. Que je trouve où on joue autre chose.

    • Ben c’est dommage mais cet hiver il y a eu une série extraordinaire de concerts aux Instants chavirés :

      https://seenthis.net/messages/560299

      Sans parler de ce concert a printemps, possiblemet l’un des plus beaux jamais écoutés aux Instants :

      http://www.instantschavires.com/barre-phillips-jacques-demierre-urs-leimgrubertoshimaru-nakamura-m

      Mais c’est sûr que les Instants c’est pas la porte à côté pour tout le monde.

      En revanche, de fait, avec le recul, pour ce qui est de la guitare électrique d’utilisation contemporaine et des groupes plus jeunes, tout n’est pas du niveau de Mariachi, loin s’en faut.

    • Voilà qui redouble, en fait, ce que je disais : il faut que je trouve les endroits où je vais rencontrer quelque chose qui me renverse. Qui me surprenne. Et ce ne seront probablement pas les Instants .
      Les Instants , ce sont en quelque sorte mes classiques qui s’y jouent. C’était déjà très largement la salle de référence à l’époque de Tato Royo , une des innombrables expérience de A. Rivière ( http://www.le-terrier.net/albums/tatoroyo/03.htm ) et elle le reste. J’ai acheté mon premier Frith en 82 ou 83, son French Gigs avec Coxhill, et c’était déjà des types importants d’une certaine scène rock, pas vraiment des nouveaux venus.
      Pas grand rapport avec ce qui me manque, là (ni ce qui me fatigue, d’ailleurs)
      Dès que je peux voir un concert de J.L. et de Seiji, oui, j’y vais, évidemment. Et ils me surprennent toujours. Ils n’ont rien perdu, jamais, de leur curiosité ni de leur aptitude à tout refoutre en vrac sur leur table de travail. Dieu les bénisse. Amen.
      Mais là encore, ça n’a rien à voir avec ce que je dis.
      C’est comme si vous me suggeriez d’aller voir ce qui se produit du côté de Metamkine. Ai-je vraiment besoin d’être guidé vers moi ? (et un moi pas tout jeune, ce qui n’est pas très fair play)
      Pour la BD, pas de problème ; en fouillant dans les petits salons, je déniche toujours des trucs ahurissants faits par des jeunes chercheurs de tous horizons, et même s’ils ne représentent qu’un stand sur trente à fournir autre chose que le calibre décoratif de l’École riso-würst strabourgeois ou de l’académie post punk poseuse, hé bien le bruit des autres ne les recouvre pas.
      Pour la musique expé, c’est un peu plus compliqué. Les festivals, c’est l’enfer. Dix heures de merde noise ridiculement ringarde pour enfin entendre, parfois, quelque chose d’inventif écrasé sous le cliquetis des verres de bières et le bavardage des gros cons venus chercher « du son ». C’est un public de glands. Des ambiances de glands.
      Mon manque de temps actuel fait que je dispose d’un peu moins de mobilité pour traquer les lieux. Il me faut des jeunes guide sioux. Je vais trouver.
      Bon.
      En attendant que je revienne vous parler les yeux pleins de larmes de joies de nouvelles découvertes, un peu de Jeune Fille Orrible pour patienter (merci à P. & A., guides sioux pour l’occasion)

      https://www.youtube.com/watch?v=3lykGeJ3Z7M

    • Bah... c’est une question de perception. Pour moi microcosme n’est pas une qualification méprisante mais plutôt l’expression d’un univers « un peu fermé » et parfois _de facto excluant. Sans plus. Juste un constat.

    • @reka « pour moi ». C’est un peu insuffisant, quand même, ce repli idiosyncrasique interprétatif. Tu veux évacuer l’usage ?
      Si je te dis que c’est un terme récurrent injurieux associé de façon systématique par leurs détracteurs aux sphères de la musique, de la poésie contemporaine ou de la bande dessinée expérimentale, je te demande de me croire. Ces sphères me sont familières. La façon dont on les traite également. On peut aussi dire « pour moi, bouboule, c’est pas insultant, c’est un terme affectueux pour parler des gros », ou « les gonzesses, pour moi, c’est pas insultant du tout, c’est cool, j’adore les gonzesses ». Pour moi , c’est la bonne façon de se mettre des paupières aux oreilles.
      D’autre part, ce ne sont pas des univers fermés. Ils sont ouverts. Grands. Vient qui veut. Que quasi personne n’y vienne pose d’autres types de questions, sans aucun rapport avec celle de l’ouverture. Des questions d’usages culturels. La fondation Horne est vide. Elle est à 100 mètres des Uffizi qui sont pleins. Et ? Quelque chose à voir avec la fermeture ? C’est excluant, la fondation Horne ? Quand dans un multiplex tu vois la salle du dernier Besson pleine et celle du dernier Kerrigan vide, t’en conclues que le Multiplex a des salles excluantes ? Pas ouvertes ? Les portes coincent, c’est ça ? Les piles d’Onfray qui se vident et l’exemplaire unique du Meillassoux qui prend la poussière, c’est un problème de collure du livre, on l’ouvre mal le bouquin ? Il est fermé, le livre ? Il faut un code pour l’ouvrir ? Le titre est crypté ? T’es sûr de ça ? Ah non, tiens. Dans tous les cas, le truc populaire, c’est celui qu’on a rendu populaire en chantant son nom partout. Et le truc impopulaire, c’est le truc dont personne ne cause. Dont tout le monde se branle A PRIORI. Pourquoi ? Bin, parce qu’il est excluant, tu penses bien. Magie de l’autovérification.
      Croire excluant les mondes qu’on exclue soi-même en les ayant jugés d’avance inopportuns (pas assez ceci, trop cela - pas assez populaires notamment, oula) est un des tours de cochons les plus communs qu’on joue à ceux que leur goût isole déjà pas mal comme ça. Mais ça ne suffit jamais. Faut payer triplement le prix de ne pas se sentir concerné par les formes statistiques de la création.
      Tu parles d’un problème de perception . J’aimerais bien les donnés de la perception (et pas ceux de l’idée reçue).

    • @l_l_de_mars Je présume que le A. de P.&A. est par ailleurs un très bon éditeur de choses graphiquement très subtiles et auquel cas, nous avons le même guide sioux.

      En revanche dans votre argumentation, il y a un truc que je ne capte pas bien. Parmi les concerts de cet hiver aux Instants , il y avait notamment JLG et Seijiro Murayama (certes avec Olivier Benoît, qui a eu toutes les peines du monde à trouver sa place entre les deux autres lascars) et ce n’était pas le plus beau de la série à vrai dire (JL impérial, Seijiro en deça, et OB pas hyper avec les deux autres). Le duo Agnel/Minton était renversant (moins avec Audrey Chan, nettement moins d’ailleurs). Alors certes Minton n’est pas exactement un perdreau de l’année, il n’empêche sa musique évolue avec lui, elle reste, notamment de par certaines limitations avec l’âge, d’autant plus aventureuses, reposant moins sur la prouesse et davantage sur la capacité de créer dans l’instant. Van Rohe et Turner, bah là effectivement sont plus tout jeunes surtout Van Rohe, mais là aussi, ils ont joué une musique que par définition ils n’avaient jamais joué avant. Donc toutes ces personnes jouant déjà dans les années 80 ou 90 n’ont plus la capacité de vous étonner ?

      Ou c’est un truc de relève attendue ? (et qui ne vient pas) (ce que je peux comprendre, pour ma part quand je m’aventure aux concerts plus amplifiés des Instants, c’est très rare que j’y trouve mon content)

      Ou alors c’est encore un autre truc que je ne comprends pas et auquel vous n’êtes pas sommé de répondre non plus hein ?

    • @philippe_de_jonckheere je fais court, mais on aura l’occasion d’en parler j’imagine.
      Les exemple dont vous me parlez - notamment Sophie Agnel dont l’agitation théatrale au dessus de son pauvre piano me fatigue très également pour ce qu’elle représente d’un mode de jeu daté, vain, surexpressif, où on a une seconde de travail timbral pour une heure de cours de kung fu, forme d’improvisation qui n’a jamais su vraiment se démarquer des tics de contrastes et d’appuis de la musique savante française des années 60 - ou le piano de Van Hove que j’ai bien du mal a extraire du jazz duquel il vient et qui ne connait, lui aussi, devant tant de jeu que si peu le timbre - tout ça appartient à un territoire de l’invention musicale qui, dans le meilleur des cas, rejoue ses parties avec plus ou moins de bonheur, et dans le pire, se fige dans ses habitudes et se fossilise. Je suis pas client de tout ça. Ça m’emmerde. Toute une panoplie d’attitudes devant la musique a abandonné quelque chose de l’inconnu à découvrir et tricote. Notamment devant la musique bruitiste qui se perd dans le mur du son alors qu’il y a encore tant de choses à chercher avec elle, ou la musique instrumentale quand elle poursuit cette espèce d’anecdotisme du jeu, de l’expression etc.
      Oui, j’attends une relève, mais une relève musicale (donc pas exclusivement liée à des questions d’âge, d’embranchements générationnels, puisque de très jeunes gens jouent de la musique de vieux et que des gens comme JL, effectivement, cherchent encore d’autres trucs - bon, c’est pas non plus un dinosaure, faut pas déconner, c’est pas parce que je me sens courbattu qu’il faut abuser de généralités).
      Ce n’est pas parce que ce fil a commencé sur des problèmes de lutherie que c’est le paradigme général, évidemment, ce n’est qu’une entrée (donc, la question de l’amplification ou pas, peu m’importe) : c’est en tant qu’un dispositif instrumental précis - guitare électique et pédales - a fini par composer un habitus sonore que s’est constitué devant nous, pas à pas, une construction académique qui s’ignore. Mais il y en a d’autres, tout aussi mortifères pour la création - la boucle qui joue l’hypnose depuis les années 80 et me pose de sérieux problèmes poitiques, le drone qui prend la relève hypnotique et me pose de très égaux problèmes politiques, a fortiori parce qu’ils réactivent l’increvable momie phénoménologiste etc - auxquelles il faut ajouter un problème général d’entrée en musique de toute une génération de gens prenant le train en marche. Il n’y a aucun sens à enfiler un costume de guerrier quand on n’est en guerre contre rien de précis ou quand plus personne ne se souvient de la guerre pour laquelle ce costume fut taillé. En d’autres termes, on rencontre en musique le même problèmes que dans les arts plastiques où un gros défaut de culture finit par produire des situations de création aux causes médiées ou historiquement inexistantes.
      Merde, je me rends compte qu’il faudrait encore quelques heures pour causer de ça et je suis censé écrire le texte pour Pré Carré 10...

    • notamment Sophie Agnel dont l’agitation théatrale au dessus de son pauvre piano me fatigue très également pour ce qu’elle représente d’un mode de jeu daté, vain, surexpressif, où on a une seconde de travail timbral pour une heure de cours de kung fu, forme d’improvisation qui n’a jamais su vraiment se démarquer des tics de contrastes et d’appuis de la musique savante française des années 60

      Grosse carricature là, vous qui avez le trait tellement subtil, pas cette fois.

      Pour le reste, oui, on en recause, peut-être cet été.

    • https://www.youtube.com/watch?v=iWr6vJW5IYM

      #caricature

      il n’y a pas une seconde là dedans qui soit autre chose qu’une caricature grossière de l’idée puérile qu’on se fait de l’impro depuis trente ans
      C’est précisément le genre de trucs que je ne veux plus JAMAIS revoir, et peu importe qui joue. Je trouvais ça à chier quand c’était Nush dans les années 90, je vais pas trouver ça bon aujourd’hui.