• L’axe évangélique – Le grand continent
    https://legrandcontinent.eu/2019/01/17/laxe-evangelique
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    Fin novembre, Eduardo Bolsonaro, le fils du futur président brésilien Jair Bolsonaro, était en visite à la Maison Blanche, pour une rencontre avec Jared Kushner, le gendre et conseiller du président Donald Trump. Les discussions, qui ont porté sur le déplacement de l’ambassade du Brésil à Jérusalem, ont illustré la convergence diplomatique en voie de renforcement entre ces deux grandes puissances continentales. Cette nouvelle entente entre les chefs d’État des deux pays n’est pas seulement le fait d’une coïncidence électorale. Elle est le produit d’une dynamique politico-religieuse continentale qui a conduit à l’émergence d’un axe évangélique, soit une convergence religieuse et idéologique caractérisée par son polycentrisme. Autrement dit, l’axe est l’émanation d’une même force diffusée à partir de centres géographiques distincts, il se caractérise par l’émergence d’un évangélisme politique à l’échelle continentale.

    Les États-Unis sont le foyer historique de cet axe : au cours des dernières décennies du vingtième siècle, l’évangélisme s’y est fortement intégré au tissu politique. À ce titre, l’élection présidentielle de 1960 constitue une étape charnière dans l’émergence du discours religieux employé à des fins politiques. Lors de la campagne, le candidat républicain Richard Nixon n’a pas hésité à invoquer les valeurs traditionnelles chrétiennes pour mobiliser catholiques et évangéliques contre John Fitzgerald Kennedy. Mais c’est surtout depuis les années 2000 que l’influence évangélique est devenue particulièrement visible au sein de la droite américaine. Le président G. W. Bush n’a jamais caché sa conversion au « Born again Christianism », un courant clef de l’évangélisme états-unien qui se caractérise par la redécouverte du Christ à l’âge adulte. Ce puissant sentiment religieux s’est largement répercuté dans la communication présidentielle et l’évangélisme est devenu un instrument de gouvernement comme un autre. Après les attentats du 11 septembre 2001, le « pape des évangéliques », Billy Graham1, participe à l’apaisement national : il anime une messe de trois jours depuis la cathédrale nationale de Washington.