BALLAST | Féminisme et cause animale

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  • « Cette pandémie est la répétition générale de la catastrophe écologique », Laurent Jeanpierre

    https://www.nouvelobs.com/idees/20200321.OBS26403/laurent-jeanpierre-cette-pandemie-est-la-repetition-generale-de-la-catast

    TRIBUNE. Pour le professeur en science politique, la tragédie de l’épidémie, en mettant au grand jour les contradictions du néolibéralisme, a aussi une dimension utopique.

    La conjoncture actuelle met face à une suite ininterrompue d’événements inattendus et surprenants, d’incertitudes profondes, de dilemmes moraux et politiques, de revirements éventuels. Devant une telle situation, il convient de redoubler de prudence dans les réflexions qui traversent inévitablement l’esprit et dans les conclusions analytiques, même provisoires, qui sont susceptibles d’être tirées. Ces précautions prises, la pandémie actuelle apparaît d’un côté comme un concentré de toutes les crises vécues par les sociétés contemporaines mondialisées depuis la chute du bloc soviétique et fait figure, d’un autre côté, de répétition générale de la catastrophe écologique annoncée même si certains de ses traits diffèrent des grandes tensions qui travaillent les écosystèmes et la planète. Car contrairement aux bouleversements climatiques ou environnementaux, c’est une crise soudaine, rapide, perceptible à l’oeil nu par le plus grand nombre, peu contestée dans sa réalité, et surtout de portée planétaire.

    L’hégémonie chinoise

    Son avènement souligne une fois de plus que l’organisation actuelle de nos sociétés produit désormais d’immenses chocs réguliers et inévitables qui sont à la fois systémiques, brutaux et mortels à grande échelle. Il y en aura d’autres, tout le monde le pressent désormais. Ces chocs sont révélateurs non seulement des interdépendances entre nations, entre systèmes productifs, mais aussi des relations étroites entre sphères d’activité, entre grands domaines de la vie collective : la crise sanitaire entraînée par le virus provoque une crise économique mondiale et implique déjà de profonds changements politiques à la fois nationaux et internationaux. Qui aurait pu l’anticiper voire même l’imaginer ? Les savoirs étant spécialisés, et les enchaînements pas toujours évidents à saisir, cette interdépendance n’affleurait pas jusqu’à présent à la conscience, mais chacun constate qu’elle est bien réelle, qu’un simple virus peut faire vaciller le monde et ses agencements. Il y a, d’ores et déjà, des effets géopolitiques à cette épidémie dont témoignent les différences entre son mode de gouvernement dans les sociétés asiatiques et les sociétés occidentales.

    Les États asiatiques, la Chine en premier lieu, ont montré qu’ils étaient capables de maîtriser la crise plus vite et mieux que nous. Les Chinois offrent même aujourd’hui une aide humanitaire aux Européens partis en guerre contre le virus. Ils entendent profiter de la crise pour démontrer la supériorité fonctionnelle de leur modèle politique et accélérer le basculement d’hégémonie qui était en cours à l’échelle du système-monde capitaliste d’autant que les États-Unis vont être touchés de plein fouet et durablement par les effets sanitaires et économiques du virus à cause de leur déni de la gravité de la situation et de l’état désastreux et scandaleusement inégalitaire de leur système de santé.

    La crispation autoritaire des démocraties

    La Chine, avec son alliance de capitalisme néolibéral débridé et d’autoritarisme, imprime sa marque sur les modes de gouvernement de la crise par les autres pays, ce qui a pour effet d’accélérer des tendances, elles aussi déjà existantes, à la crispation autoritaire des démocraties libérales et de leurs gouvernants néolibéraux. L’appel à l’armée, le droit d’exception, les déclarations d’état d’urgence sanitaire ou général, les entorses au droit du travail, la marginalisation du travail parlementaire, lorsque celui-ci existe, en sont les premiers symptômes dans de nombreux États depuis quelques jours. Il y a une sorte de privilège apparent de l’autoritarisme dans la gestion de ces crises, un privilège qui n’est ni souhaitable, ni désirable, mais empiriquement observable. Ainsi est-ce le modèle historique même des démocraties occidentales qui, pour l’heure, est remis en question, avec la complicité des dirigeants actuels. Cela est d’autant plus vrai que de tels moments extraordinaires ont toujours été l’occasion depuis un demi-siècle, comme l’a notamment montré Naomi Klein, de mettre en place de nouvelles formules gouvernementales plus contraignantes et plus inégalitaires, qui n’auraient pas pu être acceptées en temps ordinaires. L’histoire récente nous apprend que l’exception, en matière de libertés civiles par exemple, tend à devenir la règle. Une crise de cette ampleur est toujours un moment de test pour de nouveaux modes de gouvernement. C’est vrai en Asie, mais aussi en Europe et en France. À Taïwan, en Chine, à Singapour, des dispositifs inédits d’usage des données personnelles, de contrôle et de surveillance des populations ont été mobilisés. En France, le mystérieux message du gouvernement que nous avons presque tous reçu sur nos téléphones portables est un symptôme de cette gouvernementalité de l’urgence qui s’expérimente en situation critique et anticipe des usages futurs. Et cela ajoute à l’angoisse de la période et aux incertitudes quant à l’avenir.

    Une crise de la reproduction

    La crise est révélatrice de l’une des contradictions désormais les plus profondes du néolibéralisme quant à la valeur qu’il accorde à la vie. On s’aperçoit en effet que la gravité de ce virus, longtemps sous-estimée ces derniers mois, n’est pas liée uniquement à sa létalité, ni à sa contagiosité, mais aussi à la capacité des systèmes de santé d’accueillir des patients nombreux en état grave pour des périodes de deux semaines environ. Les luttes du corps médical, uni depuis deux ans contre le gouvernement actuel en France, n’en prennent que plus de relief. Nul doute qu’elles reviendront en boomerang lorsque la phase la plus critique de la conjoncture présente sera passée. C’est d’ailleurs déjà le cas car beaucoup de médecins et d’infirmières ou d’infirmiers interrogent l’incurie et l’impréparation gouvernementales. C’est donc la santé des systèmes de santé qui est au coeur du problème. Et on constate que dans beaucoup de pays, elle est très fragile et beaucoup plus en France qu’en Corée du Sud par exemple. Partout, les services publics de la santé ont subi les effets d’une conception comptable où les hôpitaux sont gérés comme des hôtels, le taux de remplissage tenant lieu d’indicateur pertinent. Nul n’ignore plus que le gouvernement de l’hôpital n’est plus aux médecins, il est aux gestionnaires. Le capitalisme néolibéral, qui valorise en principe le « capital humain » comme pièce cardinale de la valorisation économique, se montre incapable, par aveuglement idéologique, d’entretenir les conditions d’entretien de la vie. Autrement dit, il n’est pas en mesure de « se reproduire », c’est-à-dire de prendre soin des institutions qui permettent sa reproduction, au premier chef les institutions de santé publique qu’il a livrées aux gestionnaires, au marché, ou externalisées à chaque individu responsable désormais d’entretenir son corps et sa santé. Toutes les vies ne sont toutefois pas affectées de la même manière par cette dislocation des systèmes de santé et cette bio-politique (ou thanato-politique) différentielle. La capacité à survivre à cette épidémie n’est pas la même pour tout le monde. Les prisonniers, les pauvres, les sans domicile, les migrants, certains soignants - et aussi toutes celles et tous ceux qui ne peuvent pas travailler à distance ou qui sont contraints par leurs patrons à la production - vont inévitablement souffrir et payer de leur vie plus que les autres.

    La dimension utopique

    Car ce qui vaut pour la santé vaut aussi pour l’environnement : le milieu naturel que nous dévastons par notre activité finit par ne plus permettre les conditions même de reproduction de notre activité. La crise du COVID 19, comme d’autres pandémies récentes depuis les années 1990, vient elle-même d’un dérèglement des relations entre humains et animaux ou plutôt d’une interférence entre des rapports anciens et traditionnels de relations aux animaux et des modes de production industriels de notre alimentation. Par bien des aspects, nous vivons une anticipation des crises écologiques à venir. Il y a le confinement, l’isolement, l’angoisse de la mort des proches, de sa propre mort : la dimension tragique du moment est très forte et elle va s’accentuer avec le temps d’autant que pèsent aussi les incertitudes évoquées précédemment quant aux leçons politiques qui seront tirées de la période. Mais il y a tout de même aussi une dimension utopique à la crise qui pourrait être portée : elle met en contact, une partie importante de la population, certes privilégiée, avec un emploi du temps libéré ou en tout cas altéré, elle nous fait éprouver des formes de solidarités ou de souci de l’autre qui disparaissent dans les sociétés contemporaines, elle nous oblige à la redéfinition de nos besoins, à une réflexion collective sur ce qu’il faut entendre par « première nécessité » et à des expériences de rationnement nécessaires lorsque les supermarchés se vident à cause de mouvements de panique et d’égoïsme. Les avions se sont arrêtés, on ne voyage plus, on consomme moins. En sommes-nous plus malheureux ? Pas sûr.

    La mise à l’épreuve de notre individualisme

    Autrement dit on est en train de vivre ce qu’il faudrait faire pour entamer véritablement la transition écologique au rythme nécessaire compte tenu des urgences climatiques et des limites planétaires. Bien sûr, il aurait été mieux de le faire de manière choisie que forcée, mais tout ce qu’une partie de la population voyait comme impossible ou trop contraignant dans les sociétés libérales, tout ce qu’il faudrait faire pour être à la hauteur de la catastrophe écologique globale à laquelle nous faisons face, nous nous rendons compte que nous pouvons le faire sous la contrainte d’un virus. Et nous nous rendons compte que ce n’est pas si douloureux, voire que c’est porteur d’une redéfinition intéressante de notre rapport aux autres, à nous-mêmes, aux biens matériels, au travail. Nous, citoyens occidentaux, avons le sentiment d’être dans un « double bind » : attachés à nos libertés individuelles et publiques, nous constatons qu’elles sont de peu d’utilité dans des moments comme celui-ci, et nous redécouvrons soudain quelques vertus à la contrainte. Cela nous plonge dans des maelstroms moraux : des gens très conservateurs se mettent à défendre leurs libertés parce que le gouvernement en fait trop, et des libéraux enjoignent à la discipline. Tout cela fait apparaître plus clairement les contradictions du libéralisme, cette fois envisagé sur le plan politique et moral. Le confinement met à l’épreuve l’individualisme qui fait son socle et interroge ainsi ses limites éthiques. En ce sens, il y a quelque chose de propiatoire dans cette crise même s’il est illusoire de penser que quelques mois mettront à bas ce qui a été construit pendant des décennies ou des siècles.

    L’arbitraire de l’économie

    Certes, cette dimension utopique de la crise en cours est loin d’être dominante - la dimension tragique et dystopique pèse et pèsera beaucoup. Bien sûr, cette dimension utopique est aussi source de peur pour les gouvernements car nous risquons de prendre goût à cette autre organisation sociale et existentielle. Mais on peut supposer qu’elle laissera des traces dans les mois et les années qui viennent et espérer qu’elle imprégnera notre avenir lorsque sonnera l’appel du « retour à la normale ». Toute crise ouvre de nouveaux possibles. Celle-ci fait apparaître par exemple le caractère arbitraire de ce qu’on nous définissait jusqu’ici comme la réalité la plus réelle, la plus intangible, la plus indéboulonnable : l’économie. En quelques jours, les gouvernements du monde entier ont été capables de libérer des capitaux qu’ils n’avaient jamais voulu libérer, même après la crise de 2008. Tout ce qui était de l’ordre de « l’impossible » - l’élévation des déficits publics, la renationalisation de certaines entreprises - n’était donc pas impossible, mais arbitrairement proscrit. Les agencements socio-économiques et sociopolitiques qui prévalaient jusqu’alors se révèlent purement idéologiques, parce que tout le monde peut constater qu’en situation extrême, on peut les changer très vite sans que cela ne pose aucun problème. Il en restera forcément quelque chose. Nous vivons donc une expérience contrefactuelle grandeur nature : une fraction importante de la population, celle qui n’est pas en première ligne du soin ou de la production, est en train d’expérimenter ce que pourrait être une existence dans laquelle une grande partie des coordonnées de la vie sous le capitalisme néolibéral est suspendue. C’est inestimable.

    21 mars 2020

    Laurent Jeanpierre, bio express Né en 1970, Laurent Jeanpierre est professeur de science politique à l’Université Paris VII, il est notamment l’auteur d’« In Girum - Les leçons politiques de ronds-points », paru à La Découverte en 2019.

    • Parceque tous ces professeurs toujours au masculin qui ont des postes dans de grandes universités monopolisent l’espace (médiatique et dans les postes les plus élevés avec salaire, prestige et capital social qui va avec) au détriment des femmes qui sont pourtant plus diplomées, plus écologistes et plus nombreuses dans les universités et qui sont effacées vu que les hommes prennent toute la place. Ca m’exaspère en ce moment et du coup j’utilise « manspreading » qui est l’expression qui désigne un homme qui ecarte ses cuisses dans les transports publiques pour etre plus confortable au détriment de l’espace des femmes qui doivent se serré sur elles mêmes.
      Ensuite je ne croi pas à l’anthropocène mais à l’ #andropocène car les pollueurs, tueurs, capitalistes, consomateurs compulsifs, viandards, putiers &co, ce sont nos mâles et ca me semble important de le souligner et à mon avis si on ne veut pas refaire comme d’habitude il faut réduire la voilure des hommes. Le fait que ca soit un point aveugle pour les collapsologues qui parlent du monde de demain est hyper-problématique - hors de question à mes yeux de renvoyer les femmes à la servitude comme les font les Rabi, PMO et autres ecolos collapso machos. Et vu que c’est aujourd’hui qu’on veut parlé d’un nouveaux monde a mes yeux la base de ce nouveau monde c’est que les hommes prennent moins de place, arrete de se mettre en avant, arret de dicter ce qui est bien et bon et la ferment un peu. Comme j’ai pas le temps ni la patience d’expliqué tout ca à chaque fois et que de toute façon quant je l’explique ca percute pas beaucoup de cerveaux masculins qui de toute façon n’écoutent pas trop les femmes surtout quant elles sont pas douces et gentilles à leur flatter l’égo alors j’utilise ce tag.

    • Merci pour l’explication, @mad_meg. C’est vrai que ça pose question, que les écologistes parlent toujours si peu de domination (genre, race, classe), que ça avance si lentement, et que l’angle féministe pour causer de ça soit toujours assuré par des féministes, comme si les écolos mâles ne pouvaient s’en saisir pour l’articuler avec le reste.

    • J’ai pensé à toi quand je parlait des femmes écologistes et à mon avis les collapsologues devraient mettre en avant des personnes comme Aude Vidal ou Starhawk plutot que leur mâles personne professorales. Ils sont meme pas foutu de cité une meuf et de toute façon la plus part ne s’est même pas rendu compte que les féministes sont écolo-végé-décroissantes depuis belles lurette. Pour la question raciale et de classe c’est vrai qu’ andropocène n’en tiens pas compte et c’est un problème. J’avais pensé à caucaso-andropocène ou andro-caucasopocène mais c’est pas aussi musicale et c’est un peu long. J’espère que tu pourra te faire entendre dans ce foutoir viriliste qu’est la pandémie et merci pour ton commentaire sororal @antonin1 .

    • Meric, @mad_meg. Une copine m’a posé la question d’écoféministes en France en ce moment qui ont des propos intéressants et je n’ai pas pensé spontanément à Aude Vidal car même si elle est écolo et féministe, elle n’articule pas trop les deux ensemble. Isabelle Stengers, Bernadette Bendaude-Vincent, des femmes écolos plutôt technocritiques, reviennent sur le devant de la scène : un livre pour Stengers que j’ai eu envie d’aimer mais trouvé assez banal, où elle s’affronte à la question de la catastrophe, encore, et Bensaude aurait écrit un truc bien sur vivre avec les virus que je ne trouve pas (sauf une tribune collective). Mais les deux ne me semble pas spécialement féministes. Reste Vinciane Despret qui est vraiment féministe. J’ai conseillé à ma pote d’inviter Isabelle Cambourakis. Je ne sais pas si elle a trop écrit elle-même mais elle peut témoigner de la vitalité de ce champ de réflexion et des pratiques qui vont avec et qui commencent à peine à exister en France (après le Royaume-Uni, les USA, la version décoloniale en Amérique du Sud). C’est assez à la mode, même, et j’espère que ça va produire encore plus de trucs.

      J’ai posté ici
      https://seenthis.net/messages/838344
      ce truc qui réunit des écoféministes de la nouvelle génération dont une est une copine d’enfance, Suzanne Husky, qui travaille un peu avec Starhawk.

      Clairement, les mecs technocritiques ou collapso n’ont aucune bonne raison de ne pas entrer en dialogue avec des femmes et surtout des féministes. D’ailleurs, c’est le cas dans à peu près tous les champs...

    • PS : J’adore andropocène pour la rime avec anthropocène (parce que sinon on dirait androcène). C’est vrai que nombre de sociétés patriarcales n’ont pas pourri leur environnement, mais ça a le mérite d’évoquer une dimension importante du problème.

    • Merci pour les reférences @antonin1
      Si tu veux te servir d’andropocène c’est open source ^^
      Pour l’éco-féminisme je pense aussi à ceci :
      https://www.revue-ballast.fr/feminisme-et-cause-animale
      mais c’est pas une approche focalisé sur l’environnement bien qu’à mes yeux l’arret de la consommation de viande soit une solution assez centrale pour réduire notre impacte écologique.

      pour ceci « les mecs technocritiques ou collapso n’ont aucune bonne raison de ne pas entrer en dialogue avec des femmes et surtout des féministes. » ils ont même toutes les bonnes raison de pas le faire car ca leur promet des bonniches à engrossées qui peuvent même plus se défendre à coup de contraceptif (polluants) et qui font les corvées dans la grotte pendant qu’ils se tirent la nouille à la chasse (nature, essentialisation toussa toussa).

    • ca leur promet des bonniches à engrossées qui peuvent même plus se défendre à coup de contraceptif (polluants) et qui font les corvées dans la grotte pendant qu’ils se tirent la nouille à la chasse (nature, essentialisation toussa toussa)

      Ah ah ! Ceci dit, je pense que la cause animale et l’écologie ne sont pas la même chose. Je rencontre souvent des animalistes qui s’en tapent, de l’agriculture et de l’écologie, qui n’ont pas le bagage des militant·es de base sur ces questions parce qu’en fait ils et elles envisagent la question animale du seul point de vue moral. Je n’ai rien contre mais j’aime bien le savoir à l’avance parce qu’autant je peux respecter un engagement moral, autant les faux écolos je les démasque et je les jette. Animalistes ou fascistes ou capitalistes, je n’aime pas qu’on instrumentalise l’écologie.

      Et sur la convergence avec le féminisme, c’est pas si juste, même si le virilocarnisme est un fait anthropologique très bien vu (parfois contradictoire avec des besoins physiologiques de femmes en couches ou en menstrues à qui on refuse la viande alors qu’elles en ont le plus besoin !). La chasse est de l’ordre de la prédation et l’élevage du soin (historiquement, ce sont plutôt les femmes qui en ont été chargées et c’est la principale dimension de l’élevage paysan). Et puis ce détail, que j’aime rappeler surtout aux hommes animalistes qui sortent l’argument féministe. Les animaux ne peuvent pas dire « Ne me libère pas, je m’en charge. » Et ça change tout !

    • Par delà le statut de l’auteur, et bien qu’on ne puisse le négliger, l’article me paraissait proposer (le 23 mars) une bonne synthèse des questions posées à nouveaux frais par la catastrophe sanitaire en cours (à dire vrai je n’ai pas vu mieux de ce point de vue). Bien sûr, j’ai, par exemple, tiqué sur l’expression unifiante « corps médical » employée par l’auteur (concision oblige ?) qui occulte que les #luttes de soignants et soignantes n’ont été ralliées que tardivement par les médecins et autres titrés, effectivement plus aptes à jouer le rôle de porte parole (les alliances ne sont pas seulement affaire d’affinités, elles trimballent avec elles le monde dont elles sont issues ; les « conversions » à la lundi matin, c’est du roman à l’eau de rose).
      Une telle synthèse montre une bonne part de ce qu’il faut tenir ensemble ce qui me parait permettre un gain de temps par rapport à l’éparpillement obligé des lectures, analyses, phénomènes. Ce n’est pas comme ça qu’elle est lue ici, si elle l’est, tant pis.

      #crise_sanitaire #crise_économique #écologie #économie #ttrvail #géopolitique #gouvernementalité #droit_d’exception #libertés

    • @colporteur c’est sympas de pas me remercier de te répondre et de montrer que tu as rien compris ou que tu t’en fiche qu’on oublie 50% de l’humanité dans la synthèse du monde de demain. Il n’y a pas d’ « au dela du statut de l’auteur » justement c’est ce que j’essaye d’expliqué (en pure perte car @antonin1 connais deja bien tout ca) et du coup je le lirais pas ton mec avec sa synthèse qui efface la moitié de l’humanité pour son monde de demain pareil que celui d’hier.

    • Je ne pige pas pourquoi tu ajoutes ce # ici @mad_meg.

      C’est vrai que c’etait pas une question et du coup excuse moi d’avoir cru que tu voulais une explication. Je ne connais pas cette loi qui impose de lire avant de tagger. Ta honte tu te la garde, je la prend pas.

    • Bien sûr, j’ai, par exemple, tiqué sur l’expression unifiante « corps médical » employée par l’auteur (concision oblige ?) qui occulte que les #luttes de soignants et soignantes n’ont été ralliées que tardivement par les médecins et autres titrés

      Je lis aussi malgré ces lacunes que tu notes, @colporteur, mais au bout d’un moment, devant la pléthore de trucs intéressants qui tournent, je comprends qu’on éprouve le besoin de filtrer les vieux mâles bourges et blancs ! Les autres aussi écrivent des trucs intéressants.

  • « Féminisme et antispécisme ne doivent pas être perçus comme deux luttes séparées mais comme des mouvements solidaires qui se battent contre des formes de domination liées par un agenda largement commun. Les féministes, et plus généralement les militant·e·s progressistes, ne peuvent faire l’impasse d’une remise en question de la violence envers les autres animaux : ne pas remettre en question le spécisme revient à contribuer aux mêmes schémas de violence, d’arbitraire et d’injustice que ceux qui fondent le patriarcat, la suprématie blanche et le capacitisme. »

    #féminisme #antispécisme #CauseAnimale #végétarisme #vegan #veganisme #AnimalLiberation #écoféminisme #animal #femme #éthique #oppression #patriarcat #SuprématismeHumain #exploitation #domination

    https://www.revue-ballast.fr/feminisme-et-cause-animale

  • Quand un homme prétend « faire son marché … | « Singulier masculin
    https://singuliermasculin.com/2019/01/09/quand-un-homme-pretend-faire-son-marche/#comment-287

    Ainsi donc un homme de 50 ans, faisant le métier de « bonimenteur médiatique » (un saltimbanque de notre société du spectacle) a déclaré tout de go à la question » Pourriez-vous draguer quelqu’un de 50 ans et plus ? «  :

    « Ça, ce n’est pas possible. Je trouve ça trop vieux. Quand j’en aurai 60, j’en serai capable. 50 ans me paraîtra alors jeune […] Je préfère le corps des femmes jeunes, c’est tout. Point. Je ne vais pas vous mentir. Un corps de femme de 25 ans, c’est extraordinaire ».

    Auparavant, il avait annoncé qu’il n’était plus célibataire depuis quelques mois :

    « Je ne sors qu’avec des Asiatiques. Essentiellement des Coréennes, des Chinoises, des Japonaises. Je ne m’en vante pas. Beaucoup de gens seraient incapables de vous l’avouer car c’est du racialisme. C’est peut-être triste et réducteur pour les femmes avec qui je sors, mais le genre asiatique est suffisamment riche, large et infini pour que je n’en aie pas honte ».

    Passons sur l’intérêt et la qualité des questions, passons sur les thématiques avancées par un « magazine féminin », passons sur la personnalité du type « sale gamin » de l’interviewé. Et passons sur les répercussions en tous sens que cette déclaration a suscité : on y revient plus loin.

    L’intérêt, c’est de voir affirmé le privilège du dominant. Monsieur a ses préférences, Monsieur a ses exclusions, Monsieur a ses choix. Et cela lui parait tout normal. Tout normal de l’afficher sans honte. Son sexisme et son racisme et son âgisme. Monsieur ne cherche pas à rencontrer une personne humaine, une relation qui enrichit sa vie. Non, il a des critères d’âge et de physique. Son idéal ; « un corps de femme de 25 ans ». Monsieur prétend avoir le droit de « faire son marché ».

    #racisme #agisme #specisme #sexisme

    • La manière dont cet homme parle de son gout pour les femmes me fait pensé à une personne qui parle de son gout pour telle ou telle viande. Ca me renvoie au texte publié hier par @alimielle https://seenthis.net/messages/753573
      Que je conseil (lien direct vers le texte)
      https://www.revue-ballast.fr/feminisme-et-cause-animale

      Ce qui me fait le plus tiqué c’est la manière dont cet homme utilise le mot « racialisé ». Des hommes qui parlent de leurs référence pour la jeune chaire de femme asiatique j’en ai croisé un bon nombre, c’est tristement banal. #amour

      Par contre il dit :

      « Je ne sors qu’avec des Asiatiques. Essentiellement des Coréennes, des Chinoises, des Japonaises. Je ne m’en vante pas. Beaucoup de gens seraient incapables de vous l’avouer car c’est du racialisme . C’est peut-être triste et réducteur pour les femmes avec qui je sors, mais le genre asiatique est suffisamment riche, large et infini pour que je n’en aie pas honte ».

      Mais c’est pas du tout du RACIALISME ! C’est du RACISME . C’est probablement arrivé avant mais je n’avais pas encore rencontré ce détournement de ce mot pour dissimulé son racisme. Je m’interroge aussi sur « le genre asiatique » dont il parle. Est-ce qu’on préforme son « genre asiatique » ? Probablement que c’est le cas dans le porno d’où il puise sa préférence alimentaire.

      En tout cas c’est triste effectivement pour les femmes qui sortent avec lui de coucher avec un fétichiste raciste dominateur.

      Par rapport au racisme présent dans ses propos cet article aborde le sujet :
      Le problème avec les hommes qui n’aiment que les femmes asiatiques
      http://www.slate.fr/story/172302/femmes-asiatiques-essentialisme-stereotypes-moix-colonisation-fetichisme

      #vocabulaire

    • Ah ah, j’ai vu ça le mois dernier, un pote d’une amie qui approche les 60 ans et qui pleurait sa solitude en ces termes « mais où sont les femmes de 50 ans ? », un peu comme si il cherchait le rayon des poulets de Bresse.
      #pauvre_homme
      Et pour les femmes qui sortent avec Moix, je les plains, ça ressemble à de la prostitution ce qu’il évoque.

  • BALLAST | Féminisme et cause animale
    https://www.revue-ballast.fr/feminisme-et-cause-animale

    La Politique sexuelle de la viande d’Adams n’a rien d’un traité de philosophie morale ou d’éthique animale ; il s’agit avant tout d’une critique des féministes qui ont ignoré la « parole végétarienne » des auteures qui les ont précédées. Adams reproche aux études féministes de n’avoir pas suffisamment fait attention à ce fil d’Ariane qui parcourt les textes de ce corpus : plusieurs autrices expriment en effet — directement ou à travers leurs personnages — une préoccupation pour le sort que nos sociétés réservent aux animaux, s’opposent au fait d’emprisonner et de tuer des animaux pour produire de la nourriture dont nous n’avons pas besoin et relient fréquemment leur propre oppression à celle que subissent les animaux. Si femmes et animaux partagent une proximité historique et matérielle de fait, c’est avant tout qu’elles et ils partagent un adversaire commun : le patriarcat, ce dernier les assignant à une place spécifique dans l’ordre du monde. Indissociable du suprématisme humain et de l’idéologie humaniste, le patriarcat polarise les individus selon une hiérarchie de valeurs qui place en haut de la pyramide des êtres l’humain mâle, blanc, adulte, maître de lui-même et en pleine capacité de ses moyens physiques et intellectuels.

    En mobilisant certaines caractéristiques biologiques — telles que le sexe ou l’espèce — censées refléter la « nature » spécifique de l’individu porteur de ces caractéristiques, ces idéologies suprématistes tentent de justifier des inégalités de traitements et autres différences de considération des intérêts. La féminité et l’animalité sont perçues comme des propriétés déterminantes pour les individus qui les portent, propriétés s’éloignant du modèle dominant. Tandis que les hommes sont associés au rationnel, au culturel, à la domination des émotions et de la nature, les femmes sont associées au corps, aux émotions, aux intuitions ou aux instincts (à l’irrationalité), à la passivité — et donc situées plus près des animaux et de la nature que les hommes. Femmes et animaux seraient ainsi « naturellement » relégué·e·s au second plan, considéré·e·s comme des êtres de seconde classe. Comme le soutient la philosophe américaine Lori Gruen, la communauté de destin et la solidarité entre les femmes, les peuples autochtones, les groupes racisés et les animaux autrement qu’humains5 sont le résultat de l’histoire commune du patriarcat, de la suprématie blanche, du colonialisme et de la suprématie humaine.

    #féminisme #antispécisme #végétarisme #véganisme #patriarcat #domination