« Je suis pessimiste » nous dit Eric Debarbieux

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  • Violence scolaire : "Je suis pessimiste" (Éric Debarbieux - Le Café Pédagogique)
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    « Des solutions existent mais encore faudrait-il une volonté politique. »

    Toutes les enquêtes montrent que la violence à l’école est une violence de répétition, de rackett, de bagarres, de micro-violences. Ce que les anglo-saxons appellent le « bullying », le harcèlement entre élèves. Or cette forme de violence est très difficile à vivre.
    […] en ce qui concerne la montée de la violence, il faut souligner plutôt la stabilité : depuis 1993 en France on n’observe pas une progression globale. C’est ce que nous disent les enquêtes de victimation. La violence est ciblée sur quelques établissements en lien avec l’exclusion sociale. 4 à 10% des élèves, selon le établissements, sont victimes de la violence scolaire. La dureté de celle-ci varie selon les établissements.
    […] Au début des années 1990, le racket était individuel. Aujourd’hui il est de plus en plus souvent effectué par des groupes d’élèves. Ca a plusieurs conséquences. D’une part ça fait plus mal car en groupe on va toujours plus loin.
    […] Tout le monde est d’accord pour dire que la violence scolaire a plusieurs causes. La situation économique, familiale ont leur part mais il y a aussi des facteurs liés à l’institution scolaire. En particulier, il y a une forte corrélation entre la qualité du climat scolaire et la victimisation. Le climat scolaire c’est la qualité des relations entre adultes et élèves et entre adultes ; la capacité à avoir un dialogue et non un affrontement avec les élèves. C’est aussi la clarté des règles collectives. […] En France on continue à voir les familles comme des ennemies de l’Ecole et c’est dramatique. […] On n’affronte pas le problème. On a d’ailleurs tendance à tout mélanger. Par exemple les troubles de comportement et la violence scolaire.
    […] Je fais partie des sociologues qui pensent que les classes existent. Et je crois qu’une des violences les plus préoccupantes ce sont les violences d’origine sociale. A mon avis la violence scolaire participe du conflit des classes.
    […] En ce moment on voit bien comment on cherche à classer les jeunes et à les mettre dans des ghettos par exemple par une approche thérapeutique. Or ce qui marche ce n’est pas la rééducation behaviouriste mais au contraire une démarche qui fait avancer l’intelligence et le comportement ensemble.

    #éducation #violence #élèves