• Réédition : Contrepoint, d’Aldous Huxley, aux Belles Lettres (5 mai 2023)
    https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454412/contrepoint

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Contrepoint_(roman)

    Je perçois maintenant que le véritable charme de la vie intellectuelle - la vie consacrée à l’érudition, à la recherche scientifique, à la philosophie, à l’esthétique, à la critique - est sa facilité. C’est la substitution de schémas intellectuels simples aux complexités de la réalité ; de la mort immobile et formelle aux mouvements déconcertants de la vie. Il est incomparablement plus facile d’en savoir beaucoup, disons, sur l’histoire de l’art et d’avoir des idées profondes sur la métaphysique et la sociologie, que de connaître personnellement et intuitivement beaucoup de choses sur ses semblables et d’avoir des relations satisfaisantes avec ses amis et ses amants, sa femme et ses enfants.

    La vie est beaucoup plus difficile que le sanskrit, la chimie ou l’économie. La vie intellectuelle est un jeu d’enfant ; c’est pourquoi les intellectuels ont tendance à devenir des enfants - puis des imbéciles et enfin, comme le montre clairement l’histoire politique et industrielle des derniers siècles, des fous meurtriers et des bêtes sauvages. Les fonctions réprimées ne meurent pas ; elles se détériorent, elles s’enveniment, elles retournent à la primitivité. Mais entre-temps, il est beaucoup plus facile d’être un enfant intellectuel, un fou ou une bête qu’un homme adulte harmonieux. C’est pourquoi (entre autres raisons) il y a une telle demande d’éducation supérieure. La ruée vers les livres et les universités est comme la ruée vers les débits de boissons. Les gens veulent noyer leur prise de conscience des difficultés à vivre correctement dans ce monde contemporain grotesque, ils veulent oublier leur propre inefficacité déplorable en tant qu’artistes dans la vie. Certains noient leur chagrin dans l’alcool, mais encore plus nombreux sont ceux qui le noient dans les livres et le dilettantisme artistique ; certains essaient de s’oublier dans la fornication, la danse, le cinéma, l’écoute, d’autres dans les conférences et les hobbies scientifiques. Les livres et les conférences sont de meilleurs noyeurs de chagrin que l’alcool et la fornication ; ils ne laissent aucun mal de tête, aucun de ces sentiments désespérants post coitum triste.
    Jusqu’à tout récemment, je dois avouer que je prenais très au sérieux l’apprentissage, la philosophie et la science, toutes ces activités que l’on regroupe avec grandiloquence sous le titre de « Recherche de la vérité ». Je considérais la recherche de la vérité comme la plus haute des tâches humaines et les chercheurs comme les plus nobles des hommes. Mais depuis un an environ, j’ai commencé à voir que cette fameuse Recherche de la Vérité n’est qu’un amusement, une distraction comme une autre, un substitut plutôt raffiné et élaboré de la vie véritable ; et que les Chercheurs de Vérité deviennent tout aussi stupides, infantiles et corrompus à leur manière que les ivrognes, les esthètes purs, les hommes d’affaires, les partisans de la Bonne Vie à la leur. J’ai aussi perçu que la recherche de la Vérité n’est qu’un nom poli pour le passe-temps favori de l’intellectuel qui consiste à substituer des abstractions simples et donc fausses aux complexités vivantes de la réalité. Mais la recherche de la Vérité est beaucoup plus facile que l’apprentissage de l’art de vivre intégral (dans lequel, bien sûr, la recherche de la Vérité prendra sa place véritable et proportionnée, avec les autres amusements, comme les quilles et l’escalade).
    Ce qui explique, mais ne justifie pas, que je continue à m’adonner de façon excessive aux les vices de la lecture d’informations et de la généralisation abstraite. Aurai-je jamais la force d’esprit de me défaire de ces indolentes habitudes d’intellectualisme et de consacrer mes énergies à la tâche plus sérieuse et plus difficile de vivre intégralement ? Et même si j’essayais de me défaire de ces habitudes, ne découvrirais-je pas que l’hérédité en est à la base et que je suis congénitalement incapable de vivre pleinement et harmonieusement ?

    • « J’ai acheté Contrepoint aujourd’hui et lu sans interruption pendant six heures pour le terminer. La prose d’[Aldous] Huxley est si délicieusement assurée - ses observations si glorieusement fines, si l’on peut toutefois se glorifier de la dénonciation habile du vide de notre civilisation - j’ai trouvé le livre très stimulant, cela dit un hommage à mes capacités critiques embryonnaires. Je me délecte même de l’inévitable dépression qui suit la lecture du livre, simplement parce qu’il a suscité en moi une agitation stérile de façon si astucieuse ! La virtuosité m’impressionne plus que toute autre chose en ce moment de ma vie - la technique, l’organisation et la luxuriance verbale m’attirent très fortement. » (Susan Sontag, 1er mars 1949)

  • #Rwanda : un document prouve l’ordre de la France de laisser s’enfuir les génocidaires

    Juillet 1994. Les principaux membres du gouvernement responsable du #génocide des #Tutsis sont dans une zone contrôlée par l’#armée_française. Leur arrestation est possible et même réclamée. Un document inédit, émanant du cabinet du ministre des affaires étrangères de l’époque, #Alain_Juppé, prouve aujourd’hui que la #France a préféré les laisser partir. Il est signé de l’actuel patron de la DGSE.

    L’#ordre_politique de laisser s’enfuir à l’été #1994 les principaux membres du gouvernement responsable du génocide des Tutsis au Rwanda, alors que leur arrestation était possible et même demandée, a été directement pris par le #gouvernement_français, selon un document inédit émanant du ministère des affaires étrangères.

    Le massacre des Tutsis du Rwanda, dernier génocide du XXe siècle, a fait près d’un million de morts en cent jours, entre avril et juillet 1994.

    Le document, dont Mediapart a pu prendre connaissance, apparaît vingt-cinq ans après les faits comme la pièce manquante de l’un des épisodes les plus sombres de la #responsabilité française dans la tragédie rwandaise.

    Il a été obtenu par le chercheur François Graner, auteur de plusieurs livres sur le Rwanda et membre de l’association Survie, qui a récemment pu accéder à des #archives inexplorées de la présidence Mitterrand grâce à une décision du Conseil d’État. La plus haute juridiction administrative a mis fin, en juin dernier, à des années d’entraves orchestrées par les gardiens de la mémoire de l’ancien chef de l’État et de la politique de la France durant le génocide des Tutsis.

    Le document en question est un télégramme « confidentiel diplomatie » émis le 15 juillet 1994 par le cabinet du ministre des affaires étrangères de l’époque, Alain Juppé, aujourd’hui membre du Conseil constitutionnel, et adressé à l’ambassadeur #Yannick_Gérard, alors représentant du Quai d’Orsay auprès des militaires français envoyés au Rwanda dans le cadre de l’#opération_Turquoise.

    L’ambassadeur Gérard avait réclamé le jour même des « instructions claires » du gouvernement (pour lui et pour l’armée française) afin de procéder sur place à l’#arrestation des autorités qui, écrivait-il dans un télégramme, « portent une lourde responsabilité dans le génocide ». Le fait est que les principaux membres du gouvernement génocidaire, au premier rang desquels son président, #Théodore_Sindikubwabo, se trouvaient alors dans une zone intégralement contrôlée par l’armée française, à proximité du Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo), pays frontalier du Rwanda.

    « Nous n’avons pas d’autre choix, quelles que soient les difficultés, que de les arrêter ou de les mettre immédiatement en résidence surveillée en attendant que les instances judiciaires internationales compétentes se prononcent sur leur cas », soulignait le haut fonctionnaire, conscient d’avoir des génocidaires identifiés à portée de main.

    La réponse du gouvernement français fut pourtant à l’exact opposé de la requête de l’ambassadeur Gérard. Dans le télégramme du 15 juillet, rédigé à 18 h 22 et adressé à « Yannick Gérard seul », le cabinet du ministre Juppé donne ainsi pour instruction de transmettre aux autorités génocidaires « notre souhait qu’elles quittent » la #zone_contrôlée par les forces armées françaises.

    Le message à transmettre semble si délicat que le cabinet Juppé demande à son ambassadeur de ne pas s’entremettre personnellement avec les génocidaires. « Vous pouvez en revanche utiliser tous les canaux indirects et notamment vos contacts africains, en ne vous exposant pas directement », peut-on lire dans le télégramme, qui a d’ailleurs pour titre : « Le département vous autorise à passer notre message de manière indirecte ».

    « Vous soulignerez que la communauté internationale et en particulier les Nations unies devraient très prochainement déterminer la conduite à suivre à l’égard de ces soi-disantes autorités », précise encore le télégramme, qui, insistant de la sorte sur une décision à venir de la communauté internationale, offre un #sauf-conduit au gouvernement génocidaire pour quitter sans la moindre anicroche le territoire sous contrôle français. Et passer au #Zaïre.

    Le document porte la signature « #EMIE ». Il s’agit de #Bernard_Émié, l’actuel directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), l’un des principaux #services_secrets français, qui était à l’époque conseiller d’Alain Juppé au ministère des affaires étrangères, avant de rejoindre l’Élysée sous la présidence de Jacques Chirac.

    Sollicité par Mediapart, Alain Juppé a fait savoir qu’il ne souhaitait pas répondre à nos questions. Également sollicité, Bernard Émié n’a, pour sa part, pas donné suite.

    Un quart de siècle après la tragédie rwandaise, il n’y a aujourd’hui pas de doute sur le fait que la France savait qui étaient les organisateurs et commanditaires du génocide, et où ils se trouvaient. C’est donc en toute connaissance de cause que le gouvernement et l’Élysée les ont laissés filer.

    D’innombrables documents et témoignages, obtenus depuis des années par des historiens, des journalistes ou des juges, ont déjà largement permis de documenter que la France avait connaissance d’un génocide en préparation avant que celui-ci n’ait lieu et qu’elle a maintenu un soutien indéfectible aux autorités en cause quand le pire a commencé.

    Cela est si vrai que le gouvernement génocidaire, constitué au lendemain d’un attentat ayant tué le président #Habyarimana, jugé trop modéré par la frange la plus radicale du pouvoir hutu, a été formé, le 8 avril 1994, dans les locaux mêmes de l’#ambassade de France à Kigali, sous le nom de « #gouvernement_intérimaire_du_Rwanda » (#GIR).

    C’est un certain Théodore #Sindikubwabo, ancien président de l’Assemblée nationale, qui sera choisi pour diriger le pays avant que celui-ci ne s’enfonce dans les ténèbres. Pédiatre de formation, Sindikubwabo est considéré comme l’un des commanditaires du génocide, soupçonné d’avoir personnellement incité aux #massacres – notamment à l’occasion d’un discours retransmis le 19 avril sur Radio Rwanda – et d’avoir démis de leurs fonctions les préfets et autorités qui ne tuaient pas assez.

    Sindikubwabo fait partie des responsables politiques du génocide qui ont pu rallier le Zaïre en juillet 1994 avec l’aval du gouvernement français. Il est mort en 1998 dans des circonstances mal connues et sans jamais avoir été inquiété pour ses crimes.

    L’ordre de Juppé, l’ombre de Védrine

    Il existe dans les archives disponibles la trace d’un contact, en mai 1994, entre Sindikubwabo et le général #Christian_Quesnot, le chef d’état-major particulier du président de la République. Dans une note du 6 mai écrite à l’attention de #François_Mitterrand, après son échange avec le nouveau chef de l’État génocidaire – les massacres ont débuté un mois plus tôt –, le militaire indique que le dignitaire rwandais le « remercie » pour tout ce qu’il a « fait pour le Rwanda ».

    Dans ses commentaires personnels à la fin du document, le général Quesnot préconise alors d’appuyer, même au prix d’une « #stratégie_indirecte », le pouvoir rwandais face aux forces armées tutsies. Le général Quesnot dit, en effet, craindre l’établissement d’un « #Tutsiland » (sic), le tout « avec l’aide anglo-saxonne et la complicité objective de nos faux intellectuels remarquables relais d’un lobby tutsi auquel est également sensible une partie de notre appareil d’État ». Le document est annoté de la main du secrétaire général de la présidence de la République, #Hubert_Védrine, d’un mot : « Signalé ».

    Pourtant, sur le terrain, la diplomatie et les services de renseignements français ne cessent d’accumuler des éléments sur la responsabilité du gouvernement intérimaire dans le génocide.

    Un télégramme « confidentiel diplomatie » daté du 10 juillet 1994 de l’ambassadeur Gérard, également découvert par le chercheur François Graner grâce à la décision du Conseil d’État de juin dernier, évoque même « un témoignage digne de foi qui confirme la responsabilité collective et personnelle des autorités de #Gisenyi [le gouvernement génocidaire – ndlr] dans les massacres ». Le diplomate ajoute que, selon d’autres témoignages « directs et concordants », le président Sindikubwabo a personnellement appelé à plusieurs reprises à « l’élimination totale des Tutsis » et que l’une de ses ministres a, en particulier, réclamé le massacre « des femmes et des enfants ».

    Cinq jours plus tard, c’est donc en parfaite connaissance de cause que l’ambassadeur Gérard demande des « instructions claires » au gouvernement pour pouvoir mettre aux arrêts ou, au moins, en résidence surveillée les génocidaires.

    En vain.

    À Paris, la question de l’arrestation des membres du gouvernement génocidaire a pourtant été source de confusion au sommet de l’État, comme le prouvent plusieurs autres documents.

    Dans les archives de l’Élysée figure notamment la copie d’une dépêche émise depuis Paris, le 15 juillet en fin de matinée, par l’agence de presse Reuters sous un titre éloquent : « Paris prêt à arrêter les membres du gouvernement ». « Les membres du gouvernement intérimaire rwandais […] seront mis aux arrêts s’ils tombent aux mains de soldats de français dans la #zone_humanitaire_protégée par l’opération Turquoise », indiquait l’agence de presse internationale, qui disait tenir ses informations d’une « source autorisée à Paris ».

    Seulement voilà : une annotation manuscrite, inscrite par Hubert Védrine dans la marge de la dépêche imprimée par les services de l’Élysée, montre qu’il n’en était, en réalité, rien. « Lecture du Président : ce n’est pas ce qui a été dit chez le Premier ministre », peut-on lire sous la plume du secrétaire général de l’Élysée.

    Le document du cabinet Juppé sur l’ordre de laisser filer les génocidaires, daté lui aussi du 15 juillet, vient aujourd’hui conforter le soupçon d’un ministre des affaires étrangères, Alain #Juppé, en accord avec la politique élyséenne, bien qu’appartenant à un gouvernement de cohabitation dirigé par #Édouard_Balladur. Ce dernier fera d’ailleurs savoir à ce sujet, en 1998, qu’il « n’était pas question » aux yeux de Mitterrand « de châtier les auteurs hutus du génocide ». « Et il n’était pas question aux miens, ajoutait-il, de permettre à ceux-ci d’aller se mettre à l’abri au Zaïre ».

    C’est pourtant exactement ce qui s’est passé, et ce, sur ordre de son propre ministre Alain Juppé. Sur le terrain, l’#exfiltration est pilotée par le lieutenant-colonel #Jacques_Hogard, qui commande le groupement Sud-Turquoise au Rwanda, formé de troupes de la #Légion_étrangère.

    Dans un supplément spécial consacré aux opérations au Rwanda, la revue militaire Képi blanc a résumé des années plus tard la situation dans un style d’une raideur militaire qui ne fait guère dans la contorsion : « L’#EMT [#état-major_tactique] provoque et organise l’#évacuation du gouvernement de transition rwandais vers le Zaïre. »

    Le lieutenant-colonel #Hogard confirmera lui-même à plusieurs occasions les faits, notamment au journaliste David Servenay et à l’universitaire Gabriel Périès, auteurs du livre Une guerre noire (La Découverte). Dans cet ouvrage, le militaire raconte être allé voir en ces termes son homologue zaïrois pour lui parler des génocidaires qu’il s’apprêtait à laisser partir : « Vous ne fermez pas les #frontières, vous les laissez poreuses, je ne veux pas que vous empêchiez ces gens-là de partir, le Zaïre est grand, ils n’ont que ça pour partir. »

    Dès le 16 juillet, c’est-à-dire au lendemain du télégramme envoyé par le cabinet Juppé, le lieutenant-colonel Hogard rencontre le chef de l’État du Rwanda pour lui faire savoir que lui et ses hommes doivent – et peuvent – partir dans les vingt-quatre heures. Et c’est ainsi que la France escorte du Rwanda à la frontière zaïroise parmi les principaux responsables politiques du génocide.

    Un militaire de l’opération Turquoise, Guillaume Ancel, a raconté des années plus tard dans un livre (Rwanda, la fin du silence, éditions Belles Lettres) avoir vu le lieutenant-colonel Hogard quelque temps après cette scène. « Certes, il est convaincu que ce n’est pas notre rôle de rendre justice, mais escorter poliment des décideurs qui ont de terribles responsabilités dans les massacres et “du sang jusqu’au cou” le tourmente. Il aurait pu les arrêter, il aurait même pu les neutraliser, mais ses ordres ne lui laissaient pas le choix », a-t-il témoigné.

    Un document déclassifié de l’état-major de l’armée française confirme que les membres du gouvernement génocidaire « ont franchi la frontière rwando-zaïroise » le 17 juillet en fin de journée, « l’option clairement avouée étant de replier également le reste des #FAR [#forces_armées_du_gouvernement – ndlr] avec leur armement au Zaïre, afin de poursuivre la #résistance depuis ce pays ».

    En un mot : que les génocidaires soient à l’abri pour que le sang, lui, continue de couler.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/140221/rwanda-un-document-prouve-l-ordre-de-la-france-de-laisser-s-enfuir-les-gen
    #génocide #Quesnot #Balladur #Edouard_Balladur

    signalé par @arno : je mets ici le texte complet

    • Une guerre noire. Enquête sur les origines du génocide rwandais (1959-1994)

      Au printemps 1994, au Rwanda, près d’un million de personnes ont été exterminées en quelques semaines. À un rythme trois fois plus élevé que le génocide des juifs d’Europe. Comment un tel crime de masse a-t-il été rendu possible ? Quelle est la responsabilité des grandes puissances occidentales et de la France, surtout, si proche des génocidaires ? Après quatre ans d’enquête, dans les archives du monde entier, sur le terrain, auprès des militaires français, rwandais et belges, à interroger diplomates et politiques, Gabriel Périès et David Servenay tentent de répondre à ces questions. À l’aide de témoignages inédits et de documents confidentiels, ils lèvent le voile sur l’une des origines secrètes du génocide rwandais : la doctrine française de la « guerre révolutionnaire ». Des opérations clandestines menées dans le « pré carré » au moment de la décolonisation, en passant par le trouble jeu du général De Gaulle, ils établissent la généalogie de ce qui fut pendant des décennies un véritable savoir-faire de l’armée française. Formalisé pendant la guerre d’Indochine et appliqué en Algérie, il a largement inspiré les dispositifs répressifs mis en place dans un grand nombre d’États africains… dont le Rwanda des années 1960. Et ce n’est pas le fruit du hasard si l’un des meilleurs élèves africains de la « guerre révolutionnaire » perpétra, plus de trois décennies plus tard, le dernier génocide du XXe siècle : hiérarchies politico-militaires parallèles, gardes présidentielles transformées en escadrons de la mort, action psychologique, quadrillage administratif et militaire des populations formèrent un système efficace susceptible de mobiliser toute une société au service du projet exterminateur de ses dirigeants. Cette histoire inconnue éclaire d’un jour nouveau la responsabilité de l’État français dans le génocide rwandais.

      https://www.editionsladecouverte.fr/une_guerre_noire-9782707149145

      #livre #Gabriel_PÉRIÈS #David_SERVENAY

    • Rwanda, la fin du silence. #Témoignage d’un officier français

      Au lourd secret qui entoure le véritable rôle de la France et de son armée lors du génocide des Tutsi au Rwanda, #Guillaume_Ancel oppose la vérité de ses carnets de terrain, témoignage des missions auxquelles il a participé durant l’opération Turquoise. La fin du silence est aussi le récit du combat mené par cet ancien officier pour faire savoir ce qui s’est réellement passé durant cet été 1994 et « rendre hommage, dignement, aux centaines de milliers de victimes rwandaises que nous n’avons pas su empêcher. »
      Officier de la Force d’action rapide, détaché au sein d’une unité de la Légion étrangère, le capitaine Ancel mène avec ses hommes des opérations d’extraction de personnes menacées. Sous couvert d’une opération humanitaire destinée à mettre fin aux massacres, cet officier comprend vite que la France soutient le gouvernement génocidaire rwandais dont elle a formé l’armée. Il décrit les errements de l’armée française, ballotée au gré de décisions politiques dont les motivations sont toujours tenues secrètes, les archives officielles restant inaccessibles. Ce témoignage dévoile également certains épisodes méconnus de cette opération « #humanitaire » durant laquelle l’armée française a tué. Parfois pour défendre, parfois pour des raisons moins avouables.

      https://www.lesbelleslettres.com/livre/3565-rwanda-la-fin-du-silence
      #opération_humanitaire

  • Le Temps du posthumanisme - Les Belles Lettres
    https://www.lesbelleslettres.com/livre/3795-le-temps-du-posthumanisme

    Le mouvement posthumaniste, autre nom et radicalisation du transhumanisme, qui projette un homme dépassant sa condition corporelle par son hybridation aux machines, va bien avec notre temps. Ses partisans le conjuguent au futur : ils nous annoncent ce que l’avenir sera, sans s’embarrasser du moindre conditionnel hypothétique. Par leur assurance prophétique, ils veulent nous aspirer dans la spirale du temps technologique, renforçant ainsi la tyrannie du mode de vie que nous imposent déjà jour (...)

    #éthique #technologisme #transhumanisme

  • Archives du dept du Commissariat aux affaires étrangères (datant de 1941 à 1945) qui administrait les relations de l’Union soviétique avec la Grande-Bretagne, les États-Unis et la France, ainsi que les ambassades soviétiques à Londres, Washington et Paris - 3 900 fichiers d’archives ont été numérisés.

    bonne lecture.

    Elisabeth Kozlowski

    –-----

    CercecСССР и союзники | Документы Архива МИД России о внешней политике и дипломатии ведущих держав антигитлеровской коалиции

    http://agk.mid.ru

    Главная цель этой документальной публикации, подготовленной Министерством иностранных дел России к 70-летию Победы, − напомнить об уроках истории, сохранить историческую правду для будущих поколений. Российской и зарубежной общественности, специалистам-историкам, учащейся молодежи, всем интересующимся эпохой Великой Отечественной и Второй мировой войны предоставляется широкий доступ к материалам Архива внешней политики Российской Федерации (АВПРФ).

    Для публикации отобраны несекретные и рассекреченные документы 1941-1945 гг. из фондов Народного комиссара иностранных дел СССР В.М. Молотова, отделов (референтур) Народного комиссариата иностранных дел, в ведении которых находились отношения Советского Союза с Великобританией, США и Францией, посольств СССР в Лондоне, Вашингтоне и Париже.

    Оцифровано более 3900 архивных дел общим объемом более 370 тысяч листов.
    Этот огромный документальный массив воссоздает объективную картину становления и развития антигитлеровской коалиции − уникального явления в истории международных отношений XX века, наглядно показывает ту весомую роль, которую сыграл Советский Союз в объединении народов мира в борьбе против агрессоров.

    #archives #union soviétique #sgm #ex-urss