• (3) Alexandre #Benalla, pour tout l’#or du #Tchad - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2019/01/21/alexandre-benalla-pour-tout-l-or-du-tchad_1704358

    Dans la négociation, l’ancien garde du corps d’Emmanuel Macron a été plus qu’un intermédiaire. Il s’est révélé atout maître. Car Déby en est persuadé  : en s’adressant à Benalla, il parle à l’oreille d’Emmanuel Macron. Est-ce réellement le cas  ? Emmanuel Macron a-t-il fait de son ancien garde du corps l’instrument d’une diplomatie parallèle  ? Pourtant, l’Elysée a toujours affirmé tout ignorer de l’équipée de Benalla en terre tchadienne, passeports diplomatiques en poche. Quoi qu’il en soit, les 22 et 23 décembre, le président français s’est rendu à N’Djamena et a affiché un soutien indéfectible à Déby. Sans un mot bien entendu pour la tragédie qui se déroule dans le nord, loin des caméras. Pendant ce temps, la ville de Miski n’a pas cessé d’être assiégée, Kouri Bougoudi d’être un théâtre d’affrontements et chaque matin sur les montagnes acérées d’un Tibesti-martyr, d’une région bientôt envahie par les pelleteuses des multinationales de l’or, se lève une aube encore plus rouge que la veille.

  • Alexandre Benalla, pour tout l’or du Tchad - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2019/01/21/alexandre-benalla-pour-tout-l-or-du-tchad_1704358


    Seconde audition d’Alexandre Benalla au Sénat, à Paris ce lundi.
    Photo Albert Facelly pour Libération

    Quel était le véritable objet du voyage de l’ancien garde du corps du président Macron au Tchad ? La question reste entière, malgré l’audition de l’intéressé devant une commission sénatoriale ce lundi. C’est peut-être en direction de la nouvelle manne du pays, l’or du Tibesti, qu’il faut chercher la raison de cette mission qui a suscité le scandale.
    […]
    Fin novembre, moins d’une semaine après le retour du président tchadien en provenance d’Israël, c’est au tour d’Hababou Solomon d’atterrir à N’Djamena, en compagnie d’Alexandre Benalla. La visite est aussi courtoise qu’intéressée. Hababou Solomon vient chercher sa rétribution pour ses bons offices, sa diplomatie de l’ombre au Qatar et en Israël. La délégation de dirigeants de la société turque Sur International qui les accompagne et qui vient vendre des uniformes militaires est un leurre, une couverture. Hababou Solomon et Benalla ont des ambitions de Rockfeller plutôt que de fripiers. Au soir du 3 décembre, Hababou Solomon annonce à Déby que des investisseurs qataris proches de l’émir sont prêts à se lancer dans l’extraction de l’or du Tibesti.

    Les Qataris ne sont pas des néophytes en la matière. En 2014, ils avaient déjà participé à l’exploitation de l’or du Batha, une région du centre du pays. Là, l’affaire promet d’être encore plus juteuse. Le montage est simple  : une joint-venture domiciliée en Turquie mais à capitaux qataris, Barer Holding, doit discrètement prendre le contrôle d’une société fantôme, Sogem SA, qui dispose déjà d’un agrément étatique pour exploiter l’or depuis le 11 avril. Il faut dire que la Sogem SA est contrôlée en sous-main par des proches de Déby, notamment son neveu et grand argentier, Abderrahmane Mahamat Itno, alias « Bedey ». En échange, Barer Holding s’engage à apporter la mise de fonds pour démarrer l’exploitation aurifère. La joint-venture pourra ensuite s’approprier 65 % des bénéfices, 35 % allant au clan Déby.

    Dans la négociation, l’ancien garde du corps d’Emmanuel Macron a été plus qu’un intermédiaire. Il s’est révélé atout maître. Car Déby en est persuadé  : en s’adressant à Benalla, il parle à l’oreille d’Emmanuel Macron. Est-ce réellement le cas  ? Emmanuel Macron a-t-il fait de son ancien garde du corps l’instrument d’une diplomatie parallèle  ? Pourtant, l’Elysée a toujours affirmé tout ignorer de l’équipée de Benalla en terre tchadienne, passeports diplomatiques en poche. Quoi qu’il en soit, les 22 et 23 décembre, le président français s’est rendu à N’Djamena et a affiché un soutien indéfectible à Déby. Sans un mot bien entendu pour la tragédie qui se déroule dans le nord, loin des caméras. Pendant ce temps, la ville de Miski n’a pas cessé d’être assiégée, Kouri Bougoudi d’être un théâtre d’affrontements et chaque matin sur les montagnes acérées d’un Tibesti-martyr, d’une région bientôt envahie par les pelleteuses des multinationales de l’or, se lève une aube encore plus rouge que la veille.

  • Le projet de loi justice, une bombe antidémocratique
    https://www.liberation.fr/debats/2019/01/21/le-projet-de-loi-justice-une-bombe-antidemocratique_1704396

    Le 15 janvier, les avocats, rejoints par l’ensemble des professionnels du domaine, ont de nouveau manifesté contre le projet de loi réformant la justice adopté en première lecture à l’Assemblée nationale. Loin d’être un combat corporatiste, cette manifestation, comme tant d’autres, permet de faire entendre des voix qui n’ont pas été écoutées dans le cadre d‘une réforme qui vient une fois de plus ébranler notre pacte social.

    Ce droit de manifester, garanti dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, subit pourtant depuis de nombreuses années des attaques régulières des pouvoirs publics. En rétablissant une loi anticasseurs datant de 1970, le gouvernement actuel contribue à une longue liste d’atteintes que l’on considère, à juste titre, comme l’une des garanties fondamentales des libertés publiques. Ainsi,

    – la loi du 2 mars 2010 renforçant la lutte contre les violences de groupe permet aujourd’hui les interventions préventives et les placements en garde à vue des manifestants à l’occasion des différents actes qui rythment nos samedis depuis dix semaines ;

    – La loi renseignement du 24 juillet 2015 étend la collecte des données non seulement aux affaires de terrorisme et de criminalité organisée, mais également aux « violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique », donc potentiellement à de simples manifestations ;

    – La loi relative à la sécurité publique du 28 février 2017 renforce les pouvoirs des forces de l’ordre notamment en aggravant les sanctions pour les faits de rébellion ou de refus d’obtempérer.

    Ces réformes permettent de confondre militants, manifestants, casseurs, criminels, terroristes, et d’utiliser les moyens d’enquête et d’investigation les plus intrusifs : c’est par ces atteintes aux libertés individuelles que les pouvoirs publics répriment aujourd’hui le mouvement social.
    L’état d’urgence dans la loi ordinaire

    Il en est de même des lois de juin 2016 et d’octobre 2017 qui intègrent les principales dispositions de l’état d’urgence dans la loi ordinaire, qui donnent lieu à des assignations à résidence, des perquisitions sous l’autorité administrative et non plus judiciaire, ce y compris pour des militants sans aucun lien avec le terrorisme pour peu que le ministre de l’Intérieur estime qu’il « existe des raisons sérieuses de penser que le comportement d’un individu constitue une menace d’une particulière gravité pour la sécurité et l’ordre public ».

    A lire aussi : Manifestations : les libertés passent par la casse fichier

    Autrement dit : ces réformes sont autant de manières de rendre inopérants les garde-fous imposés à l’exercice d’un pouvoir qui depuis dix semaines semble plus enclin à répondre de manière guerrière plutôt que politique aux revendications du peuple. Peut-on en effet encore dire que les récents blessés à l’occasion de l’usage d’armes par les forces de l’ordre ont eu droit à une réponse proportionnée, principe de base de notre justice, à leur présence sur les lieux ?

    Alors que les luttes sociales et politiques convergent, il est urgent que l’opinion publique mesure ce que cette énième réforme de la justice a d’attentatoire aux libertés publiques, et en quoi elle nous concerne tous, justiciables, avocats mais surtout citoyens, car nous sommes tous susceptibles un jour de répondre de nos actes devant des juges :

    – Les écoutes téléphoniques et les mesures de géolocalisation seront désormais possibles pour la plupart des délits ;

    – Ces mesures pourront désormais être prises sous la seule autorisation du procureur de la République en cas d’urgence ;

    – Les techniques spéciales d’enquêtes pour la plupart des délits seront généralisées et étendues, alors qu’elles étaient jusque-là réservées aux menaces terroristes ou à la criminalité organisée ;

    – Le gardé à vue ne sera présenté que de manière facultative au procureur de la République lors de la prolongation de la garde à vue ;

    – La notification des droits du gardé à vue se fera sous forme d’enregistrement sonore et non plus par écrit, rendant la vérification des formalités essentielles de privation de liberté difficiles ;

    – Une Cour criminelle départementale sera créée pour juger principalement des viols, ce qui tend à considérer le viol comme un crime de seconde zone, en contradiction avec la prétendue sensibilisation du gouvernement sur les atteintes faites aux femmes ;

    – Il pourra être imposé aux victimes de déposer leur plainte de manière électronique, les privant ainsi de l’accueil humain, accroissant les possibilités de détresse et de solitude.

    Ces principales mesures qui concernent le domaine pénal ne sont pas les seules à être critiquées par les professionnels de la justice et du droit, puisque le gouvernement s’est également attaché à modifier les conditions d’accès à la procédure civile, la rendant :

    – plus coûteuse : recours obligatoire à des mesures préalables de médiations payantes pour les « petits litiges » ;

    – plus lointaine : la fusion des tribunaux d’instance et des tribunaux de grande instance ;

    – moins humaine : les décisions pour les injonctions de payer seront rendues par des algorithmes.

    Le gouvernement actuel, qui prétend tenir sa légitimité d’une défense de la démocratie, participe à déconstruire l’un de ses piliers historiques. A l’heure où les citoyens veulent agir, redevenir maîtres de leur destin, lutter contre les injustices sociales et s’emparer d’une démocratie qui, par un paradoxe fou, ne leur appartient plus, ils doivent prendre la mesure de ces nouvelles régressions des droits et des libertés pour défendre l’un des biens les plus précieux de notre démocratie : la justice !

    #justice #injustice #culture_du_viol #domination_masculine

    • Malgré un article qui dénonce la direction fasciste que prend la justice, je supporte difficilement le saupoudrage de nous et de notre. On parle du réel des libertés mais le journaliste nous enferme avec lui dans un nous qui n’existe pas et ressemble à un nationalisme de mauvais aloi.