BALLAST | L’abécédaire de Frantz Fanon

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    « Chaque fois que la liberté et la dignité de l’homme sont en question, nous sommes tous concernés, Blancs, Noirs ou jaunes1 », avait assuré le natif de Fort-de-France afin d’expliciter son engagement, en 1943, au sein de l’Armée française de libération. Mais le jeune soldat — gravement blessé à la poitrine par un éclat d’obus — ne tarda pas à confier sa désillusion : le racisme perdurait dans les rangs républicains… Le psychiatre qu’il devint rallia une décennie plus tard la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, allant jusqu’à se présenter comme l’un de ses citoyens et espérer y être mis en terre — il le fut, au début des années 1960, trois de ses ouvrages à ses côtés. L’auteur des désormais classiques Les Damnés de la terre et Peau noire, masques blancs estimait que les analyses marxistes devaient être « légèrement distendues » dès lors qu’il était question de penser le colonialisme : retour, en 26 lettres, sur l’une des figures révolutionnaires du XXe siècle.

    • Fanon, c’est la puissance des mots et des idées #frantz_fanon rules.

      Colonialisme : « Redisons-le, tout groupe colonialiste est raciste. »

      Europe : « Il s’agit pour le tiers-monde de recommencer une histoire de l’homme qui tienne compte [...] des crimes de l’Europe dont le plus odieux aura été [...] l’écartèlement pathologique de ses fonctions et l’émiettement de son unité [...] et à l’échelle immense de l’humanité, les haines raciales, l’esclavage, l’exploitation et surtout le génocide exsangue que constitue la mise à l’écart d’un milliard et demi d’hommes. »

      Histoire : « Le colon fait l’Histoire et sait qu’il la fait. Et parce qu’il se réfère constamment à l’histoire de sa métropole, il indique en clair qu’il est ici le prolongement de cette métropole. L’histoire qu’il écrit n’est donc pas l’histoire du pays qu’il dépouille mais l’histoire de sa nation en ce qu’elle écume, viole et affame. »

      Peuple noir : « Il y a autant de différence entre un Antillais et un Dakarien qu’entre un Brésilien et un Madrilène. Ce qu’on cherche en englobant tous les nègres sous le terme "peuple noir" c’est à leur enlever toute possibilité d’expression individuelle. Ce qu’on cherche ainsi, c’est à les mettre dans l’obligation de répondre à l’idée qu’on se fait d’eux. »