Le sol toxique des villes

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  • Le sol toxique des villes
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    Cet ouvrage s’inscrit dans le sillage de travaux d’écologie politique qui estiment que l’on accorde trop d’attention aux déchets de la consommation, pas assez à ceux de la production. Construisant leurs propres données concernant quatre villes des États-Unis, Frickel et Elliott démontrent quantitativement l’ubiquité de la menace représentée par les #sols pollués, mais analysent également les raisons de son invisibilité. Ils dénoncent ainsi, de manière policée mais ferme, la faillite des agences règlementaires en charge de cette question. Celles-ci ne se focalisent que sur la pointe émergée de l’iceberg toxique, c’est-à-dire les sites sur lesquels des établissements de grande taille ont opéré pendant de longues périodes, en ignorant la multitude de sites plus petits et plus éphémères mais dont rien ne permet de dire qu’ils sont moins polluants.

    [...] Si les agences ne voient pas cette #pollution potentielle, peut-on en dire autant des riverains ? Pour répondre à cette question, les deux sociologues ont tiré au sort de manière aléatoire une centaine de parcelles potentiellement polluées pour chacune des quatre villes étudiées, puis ont envoyé leur équipe constater quels en étaient les usages aujourd’hui. Ce second volet de l’étude objective qu’au moins 75 % des parcelles qui ont eu un usage industriel sont aujourd’hui dédiées à un autre usage. En d’autres termes, elles ne présentent plus les signes – friche, hangars en ruine... – qui auraient pu alerter sur la dangerosité potentielle des sols. Plus encore, 16 à 30 % des parcelles potentiellement polluées sont dédiées aujourd’hui à un usage résidentiel ou “public” (civic), par exemple un parc. Si le site ne ressemble plus à ce qu’il était, ne reste-t-il pas néanmoins la mémoire des riverains les plus anciens ? C’est ici que le constat d’une rotation résidentielle élevée prend toute son importance. À mesure que les anciens habitants déménagement, la mémoire de la pollution des sols s’étiole.