À propos de l’exemple allemand et de la doctrine du maintien de l’ordre basé sur la déescalade de la violence. Je suis un peu circonspect. J’ai le sentiment sûrement exagéré que cela réduit le débat sur le maintien de l’ordre à une question technique, gestionnaire. En écoutant les cours du collège de France d’Alian Soupiot, je me suis demandé dans quelle mesure il était possible de mettre en relation les modèles de maintien de l’ordre et les modèles sociaux en cours dans les pays concernés. En France, on cite le modèle allemand à la fois pour son modèle de concertation sociale et son modèle de maintien de l’ordre basé sur le dialogue. Le modèle social allemand n’est pas moins libéral qu’ailleurs, mais il a su préserver un modèle historique de concertation fondée sur les notions de « co-détermination » et de « communauté ». Pour la France, le renversement de la doctrine du maintien de l’ordre en acte et le retour à une forme de guerre à basse intensité ne sont-ils pas corrélés au renversement du modèle économique et social keynésien issu de l’après-guerre ? Fin du dialogue social et monté en puissance d’un maintien de l’ordre guerrier. En ce sens, l’exemple allemand est malheureusement plutôt l’exception qui arrive encore à marier libéralisme et dialogue social. L’histoire présente ne semble pas aller dans ce sens. Et on imagine mal un changement du maintien de l’ordre en France sans une brèche dans la nasse libérale.
« La démocratisation de la police n’est pas achevée. » Je dirai même qu’elle recule et à grands pas.