« La France doit prendre en compte l’Allemagne » (Thomas Gassilloud, LREM)

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  • L’Allemagne bloque l’exportation du missile Meteor de MBDA vers l’Arabie Saoudite
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/l-allemagne-bloque-l-exportation-du-missile-meteor-de-mbda-vers-l-arabie-s


    Le missile air-air longue portée Meteor est opérationnel depuis décembre sur les Eurofighter.
    Crédits : MBDA

    Berlin bloque les licences d’exportation de matériels allemands intégrés sur le missile air-air longue portée Meteor, vers l’Arabie Saoudite. Les Allemands fabriquent notamment le système de propulsion et les charges militaires.

    Les temps sont durs pour MBDA... Le missilier européen est l’un des groupes de défense, qui joue le plus le jeu de la coopération européenne mais, revers de la médaille, il devient finalement très (trop ?) vulnérable aux aléas politiques des pays où il confie de la charge de travail. Après les déconvenues en Egypte avec l’interdiction des Etats-Unis d’exporter de certains composants du missile de croisière Scalp vers Le Caire (réglementation ITAR) aujourd’hui en voie de résolution, MBDA doit faire face à une nouvelle interdiction d’exportation d’un de ses missiles.

    Cette fois-ci, c’est au tour de Berlin de bloquer les licences d’exportation de matériels allemands intégrés sur le missile air-air longue portée Meteor, vers l’Arabie Saoudite. Contacté par La Tribune, MBDA n’a pas souhaité commenter. Ryad souhaiterait armer ses futurs Typhoon proposés par Londres avec des missiles air-air Meteor. Ce missile, qui est opérationnel depuis décembre sur les Typhoon, a pour principale mission de détruire ou de neutraliser des cibles aériennes à longue distance. Un missile qui ne devrait pas être utilisé dans le cadre du conflit au Yémen. Cette décision de Berlin va sans douter sérieusement agacer Londres. Le Royaume d’Arabie saoudite et MBDA avaient déjà signé en 2014 un premier contrat d’exportation du missile d’un montant estimé à 1 milliard de dollars.

    Des matériels « #German_free » ?
    A l’image de la volonté des industriels français de développer des matériels #ITAR_Free pour éviter les interdictions américaines, certains d’entre eux se posent désormais la question de développer des matériels sans équipement allemand. Pour autant, les équipements allemands du Meteor, qui sont au cœur même du missile, peuvent être très difficilement dupliqu[és]. Car il s’agit du système de propulsion (Bayern Chemie) et de la charge militaire (TDW) ainsi qu’à, un degré moindre, du système de mesures inertielles (Northrop Grumman LITEF GmbH). Bayern-Chemie et TDW sont des filiales de MBDA en Allemagne.

    L’Allemagne complique sérieusement les programmes en coopération, surtout dans le cadre du SCAF (Système de combat aérien du futur) et du MGCS (Main ground combat system ou char du futur), deux projets franco-allemands de très grande envergure. Déjà le missile Meteor est l’un des programmes européens les plus emblématiques de l’industrie de défense avec la mise en place d’une coopération qui rassemble six pays. C’est également une réussite. Car le Meteor a des performances nettement supérieures à celles des missiles actuellement en service ou des missiles air-air à statoréacteur susceptibles d’être mis en œuvre à l’horizon 2020.

    • Coïncidence…

      Exportations d’armes : « La France doit prendre en compte l’Allemagne » (Thomas Gassilloud, LREM)
      https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/exportation-d-armes-la-france-doit-prendre-en-compte-l-allemagne-thomas-ga


      "La France est prête à dire dans le cadre de l’exportation des programmes MGCS ou SCAF, qu’il faut prendre en compte les intérêts et avis de l’Allemagne", a déclaré le député du Rhône Thomas Gassilloud (LREM).
      Crédits : Thomas Gassilloud

      Dans une interview accordée à La Tribune, le député du Rhône Thomas Gassilloud (LREM) appelle la France à prendre en compte « les intérêts et les avis » de l’Allemagne sur le char franco-allemand du futur (Main Ground Combat System) et sur les exportations d’armes. Il appelle l’Allemagne à s’assumer elle même pour se défendre et ne plus compter exclusivement sur l’OTAN.

      La Tribune : Une petite délégation de parlementaires français (1), à laquelle vous avez participé, a rencontré en Allemagne des députés de la commission de défense du Bundestag et des hauts responsables de la défense. En tant que rapporteur du budget de l’armée de terre, avez-vous le sentiment que le programme du futur char franco-allemand est « blindé » ?
      […]
      Deuxième enjeu important, l’harmonisation de la politique d’exportation des armes entre Berlin et Paris, qui est un point divergent entre les deux pays. Avez-vous le sentiment lors de votre visite à Berlin que des points de convergences peuvent être atteints ?
      Parler de la question de l’exportation est effectivement fondamental avant de se lancer dans des programmes en commun. Développer et fabriquer un programme à deux veut clairement dire que chaque pays n’est plus en mesure de produire de manière autonome cet équipement sauf à dupliquer les chaines d’assemblage, les approvisionnements... Ce qui serait absolument sous-optimal. Il faut donc effectivement harmoniser les conditions d’exportation pour qu’il n’y ait pas de blocage et donc des malentendus entre les deux pays. C’est un point qu’il faut traiter rapidement. Les programmes MGCS et SCAF peuvent être des programmes accélérateurs pour aboutir à une convergence entre la France et l’Allemagne

      Faut-il moderniser le traité Debré-Schmidt ?
      Le Traité d’Aix-la-Chapelle, qui doit être ratifié, prévoit déjà les grandes lignes...

      ... Mais il n’y a rien de concret et ni de précis dans le nouveau Traité sur ce point ?
      Il y a déjà un cadre global. Une des pistes est de parvenir à un Traité Debré/Schmidt 2.0, qui vise à clarifier les conditions d’export entre les deux pays, avec potentiellement un organe consultatif de gouvernance commun. Cet organisme pourrait émettre des avis sur les licences d’exportation à accorder ou pas. Ce qui aurait permis par exemple d’éviter récemment le cas saoudien où un pays de manière unilatérale [a décrété] un embargo. Je ne pense pas qu’on aura un rapprochement immédiat des doctrines d’export entre la France et l’Allemagne mais on peut au moins se doter d’un organe de gouvernance commun. Chacun faisant un pas vers l’autre, on peut arriver à cheminer vers quelque chose de plus acceptable.

      Estimez-vous que la France soit prête à brader un pan de sa souveraineté sur les questions d’exportation ?
      Non. En revanche, la France est prête à dire dans le cadre de l’exportation des programmes MGCS ou SCAF, qu’il faut prendre en compte les intérêts et avis de l’Allemagne. C’est l’une des conditions pour être plus forts ensemble mais, en aucun cas, c’est un renoncement. Il faut que les deux pays déterminent en amont les conditions sur lesquelles ils peuvent exporter. En matière d’exportation, l’Allemagne est souvent soumise à des aléas politiques car les partis majoritaires en Allemagne ont des visions assez différentes sur ce dossier. Il y a des risques d’une moins grande prévisibilité des décisions en fonction des équilibres politiques en Allemagne. En France, un certain consensus a été établi car chacun se rend bien compte que les exportations sont une condition de notre souveraineté, mais bien entendu qu’il faut fortement les encadrer.

    • Un «  organisme commun  » serait certainement moins dépendant des «  équilibres politiques  » en Allemagne où quelques partis qui comptent persistent à être sensibles à une certaine réprobation publique des ventes d’armes à n’importe qui, contrairement à la France où (presque) tout le monde trouve que c’est bon pour son PIB, son emploi, etc. Et, accessoirement, sans doute plus sensible aux amicales sollicitations du lobby militaro-industriel.