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  • Pédophilie : l’écrivain Gabriel Matzneff dénonce des « attaques injustes » à son encontre
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/12/29/pedophilie-l-ecrivain-gabriel-matzneff-denonce-des-attaques-injustes-a-son-e


    Gabriel Matzneff, le 10 avril 2014 à Paris.
    JACQUES DEMARTHON / AF

    Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 23h08

    L’écrivaine et éditrice Vanessa Springora raconte dans un livre qui sortira le 2 janvier comment elle a été séduite par le presque quinquagénaire au milieu des années 1980 lorsqu’elle avait 14 ans.

    L’écrivain Gabriel Matzneff, au cœur d’une polémique autour de son attirance sexuelle pour les mineurs, a dénoncé dimanche 29 décembre des attaques « injustes et excessives » à son encontre. Visé par des accusations de pédophilie de la part de l’écrivaine Vanessa Springora, l’écrivain, aujourd’hui âgé de 83 ans, a répété, dans un message écrit au Parisien, « la beauté de l’amour que nous vécûmes, Vanessa et moi ».

    Le goût autoproclamé de l’écrivain, aujourd’hui âgé de 83 ans, pour les jeunes filles et les jeunes garçons n’a jamais fait ciller le monde de l’édition. Mais la sortie le 2 janvier de Consentement, de Vanessa Springora, est en train de changer la donne. L’écrivaine et éditrice raconte dans ce livre comment elle a été séduite par le presque quinquagénaire au milieu des années 1980 lorsqu’elle avait 14 ans et le poids de cette histoire sur sa vie, ponctuée de dépressions.

    Le livre sort dans un contexte de dénonciation des violences sexuelles en France, après une nouvelle accusation de viol visant le réalisateur franco-polonais Roman Polanski et celles d’agressions et de harcèlement sexuels de l’actrice Adèle Haenel à l’encontre du cinéaste Christophe Ruggia.

    Le ministre de la culture, Franck Riester, a apporté samedi son soutien à « toutes les victimes » de Gabriel Matzneff jugeant que « l’aura littéraire » n’était « pas une garantie d’impunité ».

  • Tollé politique après le dérapage du représentant de Macron sur le chantier de Notre-Dame de Paris
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/11/15/tolle-politique-apres-le-derapage-du-representant-de-macron-sur-la-reconstru

    https://www.youtube.com/watch?v=AMWYwE_1Atg

    « Je le lui ai déjà expliqué plusieurs fois et je le lui redirai : qu’il ferme sa gueule et nous avancerons en sagesse pour que nous puissions sereinement faire le meilleur choix pour Notre-Dame, pour Paris et pour le monde. »

    #crétin_abyssal
    #ganache

    • L’Elysée semble pour l’heure vouloir empêcher un nouveau départ de feu qui pourrait s’avérer lourd de conséquences pour les délais de reconstruction de la cathédrale fixés à cinq ans. « Le président de la République ne souhaite pas de polémiques autour d’un enjeu aussi important que le chantier de reconstruction de Notre-Dame, indique l’Elysée, au lendemain de la bévue du général. Il souhaite que chacun retourne au travail dans le calme et le respect de chacun. » Si la création officielle de l’établissement public est prévue début décembre, rien n’est dit, en revanche, sur le traitement qui sera réservé à Jean-Louis Georgelin. Certains affirmant, dans l’entourage présidentiel, que le général aurait été « invité à faire preuve de discernement dans ses interventions publiques et à ne pas s’exprimer pour l’heure dans les médias ».

      La commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, « tous groupes politiques confondus », a été beaucoup moins tolérante. Elle a publié, jeudi 14 novembre, un communiqué qui préconise implicitement de démettre le général de toute responsabilité dans ce dossier : « (…) Les conditions ne sont désormais plus réunies pour que le préfigurateur soit en capacité de fédérer autour de ce projet d’une ampleur sans précédent les différents acteurs chargés d’entreprendre, dans les meilleurs délais, la reconstruction de ce joyau de notre patrimoine national et de respecter les compétences dévolues à chacun d’entre eux par la loi. »

      La réaction sénatoriale avait été précédée par celle du ministre de la culture et de la communication. En dépit de l’inimitié notoire entre le représentant spécial du président et Franck Riester, ce dernier a déclaré sur Twitter, sans toutefois appeler explicitement à une sanction, que « les propos du général Georgelin à l’encontre de Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques chargé de Notre-Dame, ne sont pas acceptables. Le respect est une valeur cardinale de notre société. En tant que responsables publics, nous devons être exemplaires ».

  • Vincent Duclert : « Jamais Picquart n’a été le précurseur de Zola, jamais il n’aurait écrit “J’accuse” »

    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/11/12/vincent-duclert-jamais-picquart-n-a-ete-le-precurseur-de-zola-jamais-il-n-au

    L’historien Vincent Duclert estime que le film de Roman Polanski donne une image héroïque qui trahit la réalité du militaire engagé pour faire innocenter Dreyfus.

    Vincent Duclert, historien, est l’un des grands spécialistes de l’affaire Dreyfus, à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages de référence. Il vient de publier « Ecrire, c’est résister », la correspondance entre Alfred Dreyfus et son épouse Lucie, de 1894 à 1899 (éd. Folio Histoire, 304 p., 7,90 €).

    Quel regard porte l’historien que vous êtes sur le film de Roman Polanski, « J’accuse » ?

    Dès lors que le film s’ancre dans l’histoire, on est autorisé à le juger sur son rapport à cette matière. Or je constate, pour aller à l’essentiel, que le film donne de son personnage principal, le colonel Picquart, une image qui trahit la réalité.

    Il y apparaît en effet comme un personnage héroïque, qui se sacrifie à la cause de Dreyfus, et qui travaille main dans la main à cet égard avec le camp des dreyfusards. Il n’en fut rien. Comme le montre le récent ouvrage de Philippe Oriol, Le Faux Ami du capitaine Dreyfus, Picquart, dont il ne faut pas nier pour autant le rôle important qu’il a joué, n’a jamais agi que pour défendre sa propre cause quand il a été menacé, il n’a jamais collaboré avec les dreyfusards. Bien au contraire, il a toujours songé à défendre l’armée, il ne s’est jamais dépris de son antisémitisme ni de son aversion à l’égard de Dreyfus.

    En un mot, rien ne trahit mieux les raccourcis navrants du film que son titre : jamais Picquart n’a été le précurseur de Zola, jamais il n’aurait écrit « J’accuse ».

    Cette héroïsation de Picquart a enfin pour regrettable effet de donner de Dreyfus, par contraste, une image de pure victime. Il se trouve que cette image a longtemps collé au personnage. Or, Dreyfus fit montre d’un grand stoïcisme et d’une remarquable capacité de résistance. Sa correspondance avec sa femme Lucie en témoigne fortement. Dreyfus est en vérité ce qu’on semble encore avoir beaucoup de mal à concevoir : un héros juif.

    […] #mur_d'argent

  • « Cash Investigation », à la rencontre des nouveaux prolétaires du Web
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/24/television-cash-investigation-a-la-rencontre-des-nouveaux-proletaires-du-web

    « On ne “recrute” jamais », souligne un ancien manageur d’Uber Eats, détaillant la novlangue de l’entreprise. « On “met en place un partenariat”. » Les enquêteurs de l’émission ont même mis la main sur un document interne de Deliveroo listant les termes à bannir (« travail », « CV », « ancienneté »…) et ceux à privilégier (« shift », « fiche de présentation », « durée de prestation »…), pour éviter le spectre du contrat de travail – et les droits et devoirs qui en découlent.

    Toujours sur la question du statut des autoentrepreneurs Uber, Deliveroo... Et histoire de ne pas parler que de l’impeachment du sir Donald. Je n’ai pas vu le Cash Investigation cependant - je vais essayer de le voir prochainement.

  • A la fin de l’article sur le nouveau musée de Montpellier, cette petite précision...

    Au Mo.Co de Montpellier, des trésors de l’art conceptuel issus d’une collection privée
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/29/au-mo-co-de-montpellier-des-tresors-de-l-art-conceptuel-issus-d-une-collecti

    Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le Mo.Co.

    Je ne comprends pas du tout ce que ça veut dire en pratique. C’est quoi, « dans le cadre d’un partenariat » ? C’est sponsorisé ?

  • Philippe « Zdar » Cerboneschi, du duo électro #Cassius, pionnier de la #French_Touch, est mort

    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/20/philippe-zdar-cerboneschi-du-duo-electro-cassius-pionnier-de-la-french-touch

    Hormis Cassius, Zdar, avec son compère Boom Bass, est derrière le duo #La_Funk_Mob (plutôt #trip-hop)

    https://www.youtube.com/watch?v=Kg5Doe3B8y0

    Mais aussi les deux premiers #MC_Solaar (plutôt #hip-hop)

    https://www.youtube.com/watch?v=RMubvi8hizE

    Avec #Étienne_de_Crécy, il était Motorbass (plutôt #house_music)

    https://www.youtube.com/watch?v=ex4IJn3qQmQ

    Il a également produit les Beastie Boys, The Rapture, Cat Power, Chromeo, Tiga, M, Franz Ferdinand ou encore Kanye West.

    « L’important est d’être appelé pour de bonnes raisons. J’essaie de repérer les managers qui me contactent parce que je suis à la mode et de parler musique avec les artistes. Adam Yauch des #Beastie_Boys, par exemple, avait compris mes racines rock, hip-hop et électro »,

    https://www.lemonde.fr/culture/article/2011/09/10/derriere-les-albums-de-phoenix-ou-de-rapture-la-patte-de-philippe-zdar_15703

    #Philippe_Cerboneschi

  • Désaccord profond entre l’Assemblée et le Sénat sur la reconstruction de Notre-Dame de Paris
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/05/notre-dame-desaccord-profond-entre-l-assemblee-et-le-senat_5471717_3246.html


    La cathédrale Notre-Dame de Paris, le 31 mai.
    BERTRAND GUAY / AFP

    La commission d’entente entre les deux chambres ne parvient pas à se mettre d’accord sur les écarts possibles aux règles d’urbanisme pour tenir le calendrier souhaité par Emmanuel Macron.

    Le parcours du projet de loi encadrant la restauration et la conservation de la cathédrale Notre-Dame de Paris a connu un arrêt brutal, mardi 4 juin, à l’Assemblée nationale. La commission mixte paritaire, réunie en cas de désaccord persistant entre les deux Assemblées, a duré moins d’une heure. « Le sort réservé à l’article 9 du projet de loi, tendant à habiliter le gouvernement à déroger à de nombreuses règles de droit commun dans le cadre des travaux relatifs à la restauration de la cathédrale, a cristallisé les désaccords entre les membres des deux Assemblées », a déclaré le Sénat dans un communiqué.

    La présidente de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication à la Chambre haute, Catherine Morin-Desailly (UC, Seine-Maritime), a fait part de l’incompréhension des sénateurs face au mépris affiché par le gouvernement « à l’égard des travaux d’audition minutieux et des propositions constructives réalisés par la représentation nationale sur une problématique susceptible de rassembler les parlementaires de tous bords ».
    […]
    Soumis à une procédure accélérée, le projet de loi pour Notre-Dame a pratiquement terminé sa course. Après une nouvelle lecture par l’Assemblée Nationale et par le Sénat, c’est le Palais-Bourbon qui statuera sur sa nature. Définitivement.

  • A Notre-Dame, les failles de la protection incendie
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/05/31/a-notre-dame-les-failles-de-la-protection-incendie_5470055_3246.html

    Des anciens chefs d’équipe de l’entreprise chargée de la sécurité du site avaient alerté leur hiérarchie et la direction régionale des affaires culturelles sur des dysfonctionnements de matériel et d’organisation.

    Personne ne voulait vraiment les écouter, ou les prendre au sérieux. « La cathédrale est debout depuis plus de huit cents ans, elle ne va pas brûler comme ça », recevaient régulièrement en guise de réponse les anciens chefs d’équipe du PC sécurité de Notre-Dame, qui, à longueur de notes et de rapports, alertaient sur un système de protection incendie qu’ils jugeaient trop bancal.

    Lundi 15 avril, lorsque les flammes ont ravagé la toiture de l’édifice sur lequel ils ont veillé des journées entières et dont ils connaissaient les moindres recoins, un sentiment de gâchis a gagné ces spécialistes de la sécurité, la plupart ex ou encore employés de la société privée Elytis.
    Les premiers éléments de l’enquête qui leur sont parvenus – laquelle écarte toujours, à ce jour, l’acte criminel – n’ont rien arrangé.

    Une mauvaise interprétation du signal au moment du déclenchement de l’alerte a considérablement retardé l’intervention des secours, comme l’ont déjà évoqué Marianne et Le Canard enchaîné. La personne en poste au PC ce jour-là, à peine formée, ne connaissait pas bien les lieux. Grâce à de nombreux témoignages, Le Monde a pu reconstituer cette demi-heure où tout a basculé et prendre la mesure, documents à l’appui, des failles du système que ces hommes dénonçaient.

    Notre-Dame, monument historique le plus visité d’Europe, est l’unique cathédrale en France à être dotée d’un PC sécurité. Le local est installé dans le presbytère, cette petite maison côté Seine qui ne jouxte pas tout à fait l’église mais abrite l’appartement du gardien.

    En 2014, lorsque la société Elytis s’y installe, deux de ses salariés sont prévus par vacation. Dans le jargon de la protection incendie, le Ssiap 2, chef d’équipe, veille sur le SSI (système de sécurité incendie), cette espèce de grande armoire sur laquelle des voyants et un petit écran s’allument en cas de « feu », ou de « dérangement ». Le Ssiap 1, lui, fait des rondes, et doit effectuer la « levée de doute », en moins de cinq minutes, lorsque l’alerte retentit. Mais, rapidement, le dispositif est allégé : un seul salarié Elytis par vacation et, en appui, un surveillant de la cathédrale formé aux bases de la sécurité incendie.

    Une demi-heure de perdue

    Lundi 15 avril, M. D., employé d’Elytis (nous avons fait le choix de ne pas publier les noms des agents) prend son poste à 7 h 30. A 15 h 30, comme personne ne le relève, il enchaîne avec la deuxième vacation, celle qui se termine à 23 heures. Ce sont ses premières heures au PC de Notre-Dame : il a déjà travaillé trois jours, depuis le début du mois, mais n’a encore jamais fait le tour complet du bâtiment.

    A 18 h 18, lorsque le voyant rouge « feu » s’allume, il alerte l’agent d’astreinte et lui lit ce qui s’affiche à l’écran : « combles nef/sacristie », suivi d’un code à plusieurs chiffres.

    C’est Jean-Paul B., l’agent de permanence ce soir-là. Ancien policier, depuis cinq ans à Notre-Dame, il connaît bien la cathédrale. En une minute à peine, le voilà à la sacristie. Rien à signaler dans les combles, annonce-t-il à la radio. Mais, à 18 h 23, l’origine de l’alerte n’étant toujours pas trouvée, les haut-parleurs diffusent le message d’évacuation générale. Quelque 600-800 visiteurs – à l’échelle du site, ce n’est pas la grande foule –, dont certains sont venus assister à la messe du soir, se retrouvent sur le parvis.

    Lundi 15 avril, M.D., employé d’Elytis, prend son poste à 7 h 30. Ce sont ses premières heures au PC de Notre-Dame
    Dans le même temps, averti du signal, Joachim, l’ancien chef sacristain et désormais gardien de la cathédrale, part rejoindre Jean-Paul B. à la sacristie. Employé de Notre-Dame depuis trente-cinq ans, il est de ceux qui connaissent le mieux le bâtiment. Et quasiment le seul à s’y retrouver lorsqu’il fallait, il y a encore quelques années, 700 clés pour ouvrir et fermer portes, grilles et portails de l’église. Depuis peu, deux-trois passes lui ont simplifié le travail.

    En passant devant le PC, le gardien demande à l’employé d’Elytis – qu’il sait tout nouveau à ce poste – d’appeler son responsable, Emmanuel P., pour savoir à quoi renvoie précisément le code de l’écran. A la sacristie, le gardien aide le surveillant à fouiller les bureaux du premier étage, mais toujours rien à signaler. Et pour cause : c’est dans les combles de la nef qu’il faut se rendre, explique Emmanuel P. d’Elytis en appelant Jean-Paul B. sur son portable. Il est alors 18 h 43.

    Mauvais pressentiment

    Les escaliers sud du transept sont les plus proches pour gagner les hauteurs. Les plus pratiques aussi, car ils mènent directement aux combles. Mais il faut bien cinq minutes au surveillant, accompagné cette fois du régisseur de la cathédrale, qui devait organiser une répétition de concert une fois la messe terminée, pour atteindre la charpente, la « forêt », comme étaient surnommées ces centaines de poutres multiséculaires qui soutenaient l’édifice. Gagné par un mauvais pressentiment, Joachim, le gardien, a préféré commencer à déverrouiller les portes de l’église au cas où les secours devraient intervenir.

    Inévitablement, l’enquête s’attardera sur ce délai et sur l’interprétation qui a été faite de l’alarme, retardant considérablement l’arrivée des pompiers

    L’ascension vers le toit est sportive. Vers 18 h 45, l’alarme générale retentit une seconde fois et les fidèles qu’on avait fait rentrer dix minutes plus tôt pour la messe sont à nouveau évacués. Lorsque les deux employés de Notre-Dame franchissent enfin la troisième porte qui sépare le rez-de-chaussée des combles et gravissent la dernière volée de marches, des flammes de plusieurs mètres dévorent déjà la charpente, non loin du mécanisme de l’horloge situé juste avant la croisée des transepts. L’horloge, dont les quatre cadrans donnaient l’heure aux passants, était remontée tous les mercredis matin de 254 coups de manivelle.

    « Il y a le feu, il y a le feu », alertent les deux hommes, à la radio, en dévalant les escaliers. Il est 18 h 48. Le PC sécurité prévient enfin les secours. Soit une demi-heure après la première détection. Inévitablement, l’enquête s’attardera sur ce délai et sur l’interprétation qui a été faite de l’alarme, retardant considérablement l’arrivée des pompiers. Les premiers engins arrivent un peu avant 19 heures, mais, très vite, il n’y a plus aucun espoir de sauver la toiture.

    Un seul salarié Elytis au poste de sécurité

    Nombreux sont les chefs d’équipe d’Elytis qui ont dénoncé, ces dernières années, une organisation défaillante au regard de ce qui pouvait être attendu pour un tel édifice.

    Certains d’entre eux ont détaillé aux enquêteurs les incidents relatés sur la main courante, ce grand registre où tout est inscrit : les prises de poste des agents, le nom des personnes à qui les clés sont remises, les détecteurs hors service, mais aussi les allers et venues des entreprises de travaux. Le 9 mars 2018, il est ainsi précisé que « la société Europe échafaudage [celle chargée d’édifier la structure autour de la flèche de la cathédrale] interviendra le lundi 12 mars sur le site ».

    Lorsque les dysfonctionnements étaient jugés trop sérieux, un rapport d’incident était rédigé par les chefs d’équipe d’Elytis puis adressé à leurs supérieurs hiérarchiques, ainsi qu’à la personne de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) chargée de cette question, la responsable unique de sécurité (RUS). Contactés, ces derniers n’ont pas donné suite aux sollicitations du Monde.

    Le passage de deux à un seul salarié Elytis au poste de sécurité est la critique qui revient le plus fréquemment dans les témoignages. Les premiers mois, en 2014, « le dispositif est bien dimensionné », explique Cee Elung, ancien de la société, le seul à bien vouloir s’exprimer en son nom depuis qu’il est aux prud’hommes après avoir été licencié par son ex-employeur. Mais, très vite, l’allègement du dispositif rend les vacations inconfortables.

    Avec la nouvelle organisation – un chef d’équipe Elytis secondé par un surveillant cathédrale –, les rondes de prévention sont devenues impossibles

    Avec la nouvelle organisation – un chef d’équipe Elytis secondé par un surveillant cathédrale –, s’entraîner à monter en haut des tours et les rondes de prévention sont devenus impossibles, déplorent les agents.
    Pourtant, la main courante du 9 février 2015 prouve l’utilité de celles-ci : « Pendant la ronde [dans la] charpente et la forêt, tours nord et sud : des mégots au sol partout : des matériaux de haut potentiel calorifique trouvés partout. Mr Benjamin Mouton [architecte] informé. Réponse de Mr Mouton : ça fait rien – rien peut passer que on ne peut pas maîtriser [sic]. Mr P. [Emmanuel P.] avisé. » Quant aux agents, ils n’ont désormais plus d’autre choix que de rester la journée entière, l’œil rivé sur l’écran. Les pauses sont un casse-tête, à moins de laisser le SSI sans surveillance.

    L’appareil n’est d’ailleurs pas 100 % fiable, écrivent-ils. Ici, relève un salarié, le 9 février 2015, c’est un déclencheur manuel qui renvoie au « magasin » alors qu’il a été déclenché dans la tour. Là, c’est la « sonorisation », qui ne fonctionne plus. Ce problème, très fréquent l’hiver et au printemps 2015, agace d’ailleurs Cee Elung. « Si une personne se présentait pour un renseignement ou une remise de clés, c’était autant de temps pendant lequel je quittais l’écran des yeux et que je prenais le risque de manquer une détection », explique-t-il. Le 27 mai 2015, il écrit avoir une énième fois « rendu compte » à son supérieur de ce « dysfonctionnement du SSI ». Mais ce dernier, ajoute-il, l’aurait alors accusé d’un « manque de loyauté envers Elytis » et de « mettre en danger leur contrat » avec Notre-Dame. Ambiance.

    Surveillance des travaux problématique

    Il arrive aussi que la relève ne se présente pas. Certaines fois sont plus problématiques que d’autres. Dimanche 18 octobre 2015, le chef d’équipe Elytis constatant qu’à 12 h 30 on lui rapporte passe et radio, et qu’« il n’y a pas d’agent Ssiap dans la cathédrale pour le reste de la journée/soirée », il signale l’incident en lettres rouges sur la main courante et rédige un rapport.

    Le PC sécurité est censé aussi être informé des chantiers en cours. Or, le 18 mai 2015, à 13 h 45, le chef d’équipe s’étonne que des « travaux de point chaud » aient été effectués « sans permis feu ». « Lors de rondes, l’agent trouve des ouvriers en train de découper et de faire du meulage. Après vérification, aucune confirmation avec le PC SSiap-NDP. Aucun email, document ou appel téléphonique pour nous informer ou aviser. »

    Avec la nouvelle organisation, la délivrance de ces permis feu et la surveillance des travaux sont devenues problématiques. « Contrairement à ce qui a pu être dit, personne n’allait vérifier le chantier après le départ des ouvriers », rapporte aujourd’hui un agent de la cathédrale.

    Tous ces hommes, anciens employés ou toujours en poste, déplorent avoir été si souvent pris de haut et déconsidérés. La première oreille attentive qu’ils aient réellement trouvée, c’est finalement celle de la brigade criminelle, ces dernières semaines.

  • « Je me suis senti agressé » : un architecte en guerre contre le street art sur ses barres à Paris
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/05/28/street-art-et-architecture-en-conflit-sur-la-dalle_5468800_3246.html

    La justice a interdit l’extension d’un parcours de fresques dans le 13e arrondissement de Paris.


    Vue sur les fresques des artistes Shepard Fairey (« Delicate Balance » ; « Rise above Rebel » ; « Liberté, Egalité, Fraternité »), Add Fuel (« Envolvente ») et Invader (« PA_240 »), dans le 13e arrondissement de Paris.

    C’est l’histoire d’une greffe ratée entre un parcours de street art momumental et un site des années 1970 avec cinq barres de logements sociaux sur dalle, implanté au beau milieu du boulevard Vincent-Auriol (Paris 13e). Après une procédure en référé lancée le 7 mai par l’architecte Gilles Béguin et la designer graphique Isabelle Jégo, la justice a tranché le 20 mai : le duo a obtenu l’interdiction, sans leur accord préalable écrit, de toute intervention de street art sur les pignons de l’îlot Say, tout juste rénové par leurs soins et propriété de la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP). « C’est une décision exceptionnelle sur le fondement du droit moral », commente l’avocate Agnès Tricoire, leur conseil.

    Porté par la mairie du 13e, Boulevard Paris 13 est un parcours de fresques orchestré par la galerie Itinerrance, qui avait déplacé les foules en 2013 avec son projet éphémère de Tour Paris 13 – des dizaines d’artistes de la scène street art avaient été invités à intervenir dans un immeuble voué à la destruction. Ces dernières années, son directeur, Mehdi Ben Cheikh, s’est attelé à transformer la portion du boulevard Vincent-Auriol traversée par le métro aérien (ligne 6) en un « musée à ciel ouvert » en constante expansion. Les curieux peuvent y découvrir un enchaînement de muraux de grandes signatures, de l’Américain Shepard Fairey (Obey) au Français Invaders.

    Le conflit survenu sur l’îlot Say est inhabituel et, du côté de la RIVP, les mots sont durs. « Depuis onze ans que je suis à la direction de la RIVP, avec des centaines d’opérations de complexité variable, je n’ai jamais vu un architecte se comporter aussi mal. Je suis un grand défenseur des architectes, mais là, il y a eu un manque de loyauté », réagit Serge Contat, son directeur général. Il estime que, depuis trois ans, Gilles Béguin les « a baladés dans une espèce d’ambiguïté sans jamais contester le projet de street art ».

    « Nous avons tous perdu du temps »

    Même son de cloche du côté du maire. « Je n’ai jamais voulu mettre architectes et artistes en concurrence, et je ne souhaite pas polémiquer, assure Jérôme Coumet (PS). Nous faisons toujours des demandes d’intervention très en amont, et dans ce cas, nous avons prévenu dès 2016 que nous souhaitions faire intervenir des artistes sur des pignons. L’architecte avait accepté le principe, il n’a pas tenu sa parole, et nous avons tous perdu du temps. »

    Gilles Béguin, architecte : « J’ai voulu que la rénovation soit sensible à l’histoire ouvrière du quartier, dont il a été fait table rase dans les années 1970 »

    Gilles Béguin, lui, défend la cohérence de son travail. « Mon projet de rénovation a été retenu par la RIVP en 2012, études et permis avaient été déposés en 2013. En 2016, le projet était déjà très avancé quand le maire a organisé une rencontre avec le galeriste », résume l’architecte. Il défend son approche des lieux, basée sur l’histoire du site, qui était une vaste raffinerie de sucre jusqu’en 1968 : « J’ai voulu que la rénovation soit sensible à l’histoire ouvrière du quartier, dont il a été fait table rase dans les années 1970. » Il a fait appel, dès 2015, à la designer graphique Isabelle Jégo. « Il y a eu un travail de recherche à partir des archives et de la mémoire des habitants », avec l’idée « de réinterpréter l’esprit d’origine des parements en béton cannelé », avec des pictogrammes et des phrases moulés dans des plaques de béton en composite blanc. Avec, comme effet recherché, une « vibration de la lumière évoquant une pluie de sucre », détaille l’architecte.


    « Madre Secular 2 », par Inti et « Etreinte et Lutte », par Conor Harrington aux 81 et 85, boulevard Vincent-Auriol (Paris 13e).

    « Lors de cette rencontre de 2016, nous avons dit OK pour un pignon, mais pas pour de la peinture recouvrante, plutôt une intervention discrète comme une mosaïque d’Invader, et en collaboration avec nous. Notre projet était déjà très cohérent, je ne voyais pas l’intérêt d’ajouter des fresques, surtout sans lien avec l’histoire des lieux. Ils ont voulu passer en force », estime-t-il, visiblement affecté.

    « Mépris » pour son travail

    Pendant trois ans, l’incompréhension grandit. D’un côté, les tenants du street art estiment que le message a été passé et que les pignons sont à disposition ; de l’autre, l’équipe architecturale se réjouit du rendu de son revêtement et espère que le projet d’intervention n’est plus d’actualité. Gilles Béguin explique avoir appris à la mi-avril que des fresques étaient finalement programmées sur neuf pignons sur dix. Puis des nacelles sont apparues au pied du revêtement fraîchement posé. « Ils ont estimé que la question des fresques n’était pas mon problème. Je me suis senti agressé, et je me suis juste défendu face à un manque de respect pour notre travail, qui n’offre pas une esthétique spectaculaire, mais respecte le contexte », confie-t-il.

    « Il y a quand même une trentaine de fresques déjà réalisées à fêter », rappelle le maire, Jérôme Coumet

    Ce même « mépris » pour son travail, selon les termes de l’avocate, a été ressenti concernant l’annonce de la pose sur l’un des toits-terrasses de l’ensemble d’une sculpture du street artiste français Seth, l’un des lauréats du concours Embellir Paris. L’ajout de cette silhouette enfantine sur un toit constitue-t-elle aussi une atteinte au droit moral ? La justice a estimé que oui. Avouant être réticent à l’esthétique de l’œuvre, l’architecte reconnaît que l’essentiel s’est joué sur la manière : « Tout s’est organisé sans me demander mon avis, et alors que je n’avais même pas encore fait réceptionner le bâtiment. »

    « Tant pis, on trouvera un autre endroit », commente Mehdi Ben Cheikh, qui précise qu’il était prévu qu’une fresque du même Seth soit réalisée sur le pignon à l’aplomb de la sculpture. L’inauguration officielle du parcours, le 13 juin, qui devait accompagner l’arrivée des nouvelles interventions, est maintenue, avec un « banquet populaire » qui s’étirera sous le métro aérien entre les stations Nationale et Chevaleret. « Il y a quand même une trentaine de fresques déjà réalisées à fêter », rappelle le maire, tandis qu’une « solution de secours » a été imaginée pour Seth, précise le galeriste : il a agrandi sa fresque précédente sur un immeuble situé de l’autre côté du boulevard.

    • Perso je dirais pas ca @val_k c’est l’application du droit moral des artistes sur leurs création (droit français), rien à voire avec le copyright (droit US) qui ne reconnais pas ce droit moral aux artistes. L’architecte explique bien qu’il n’était pas opposé sur le principe (il etait ok pour certains artistes) mais demande à être consulté sur le choix et le nombre des fresques. Il dit avoir souhaiter faire une intervention en rapport à l’histoire ouvrière du lieu (assez light je reconnais, l’effet pluie de sucre semble être un peu de la rigolade) et ne voulais pas d’un motif seulement décoratif et dépolitisé. Il précise avoir en plus fini de restauré le revetement et avoir été surpris de voire que la ville efface ce travail en voulant recouvrir 9 des 10 facades. Ici on a un architecte qui prétend à une démarche politisé avec un respect du lieu dans lequel il est implanté et en face des galeristes et agents municipaux qui surf sur la mode du street art et se servent des artistes sans prise en compte de l’histoire du lieu, des batiments, des habitants. Ces fresques font monté la cotes des artistes et de l’immobilier, c’est pas si altruiste qu’on pourrait le pensé comme démarche et je dirait pas qu’il y a un méchant architecte qui fait du copyright madness contre des gentils peintres qui font une jolie ville avec des belles couleurs et leur grand cœurs si généreux. Ca semble plus à une bataille d’ego et d’intérêts politique entre promoteurs.

    • En effet à la lecture de l’article hier je me suis demandée dans quelle mesure ce combat était « douteux ». Etait-ce la bataille d’un architecte mégalo qui ne laisse pas vivre ses façades, ou celui d’un artiste qui oeuvre pour un peu de mieux pour les résidents des tours (qui en grande partie seraient des locataires , par conséquent non intéressés par la plus value immobilière qu’apporterait un musée de street art à ciel ouvert, les transformant par la même occasion en sorte de « bêtes de foire »), sans considérer l’avis des politiques . Je me suis Donc permis, par acquis de conscience, de contacter en direct M.Gilles BEGUIN, et ai recu reponse a mes questions dans la journée ! Magnifique :) et au final, en substance, en espėrant ne pas déformer ou edulcorer ses propos, je trouve au final que l’article n’est pas tout à fait objectif (mon avis uniquement) bien qu’il permette de se poser des questions ; car le présenterait plutot comme un produit de la première option, alors que la démarche releve au contraire plutot de la seconde a ce que je comprends. Bref je crois que tous les éléments du débat ne sont pas présentés ici, comme en premier lieu l’avis détaillé de l’artistE qui a signé les façades de la rénovation ainsi que peut être et surtout les résultats des consultations de résidents ! Apres on peut toujours relever le fait que ca fait beaucoup d’énergie dépensée, qui n’aurait certainement pas été perdue si les personnes de l’asso en question et les architectes étaient simplement allés boire un coup ensemble au préalable :) ah la communication..

    • @goujon n’hésite pas à partagé les infos qui nous manque si tu en as de première main.
      En dehors de cette histoire je me demande quel est le ratio d’artistes femmes. Je vais voire, je reviens
      de retour, il n’y a que 1,5 femmes sur les 30, 1,5 car l’une est en fait un couple...

  • BD : case prison pour des contrefaçons de Tintin ?
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/05/24/bd-case-prison-pour-des-contrefacons-de-tintin_5466701_3246.html

    Six mois d’emprisonnement ont été requis contre l’illustrateur Pascal Somon. Verdict mardi 28 mai au tribunal correctionnel de Reims.

    Dessiner Tintin peut-il conduire en prison ? Pour cocasse qu’elle paraisse, telle est la menace qui pèse sur Pascal Somon, 58 ans, illustrateur et auteur de BD. Attendu mardi 28 mai, le verdict du tribunal correctionnel de Reims pourrait provoquer un certain remous dans le milieu du 9e art, si la cour décidait de suivre le parquet qui, fin avril, a requis contre lui six mois d’emprisonnement ferme pour contrefaçon en récidive. Poursuivi par Moulinsart, la société de droit belge chargée de protéger l’œuvre d’Hergé, Pascal Somon n’en est pas à son coup d’essai. En 2015, la cour d’appel de Reims l’avait condamné à cinq mois de prison avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve, pour les mêmes faits.

    Qu’est-il reproché à ce dessinateur peu connu, auteur de quelques albums, dans un style franco-belge, au tournant des années 1980 et 1990 ? De faire commerce de représentations de Tintin, signées de sa main, à travers la vente de dessins originaux et l’impression d’affiches. Propriétaire du personnage et de son exploitation sous la forme de produits dérivés, Moulinsart mène une lutte acharnée contre ceux qui reprennent à leur compte l’image de Tintin, même quand il s’agit de réalisations artistiques, comme c’est le cas ici.
    Sa condamnation, il y a quatre ans, n’a pas empêché Pascal Somon de poursuivre dans la même voie

    On ne fera pas insulte à Pascal Somon en disant qu’il n’a pas le coup de patte du maître bruxellois, mort en 1983. Ses « Tintin » s’apparentent à des posters mettant en scène le jeune reporter dans des situations ne figurant dans aucune de ses aventures. Tintin joue ici au golf, là au base-ball ; on le voit tatouer un explicite « Hommage à Hergé » sur le bras du capitaine Haddock, conduire une moto, poser devant un avion de chasse, passer du bon temps avec une femme… Si certaines illustrations font clairement référence aux albums les plus fameux de la collection, elles ne sont jamais des copies de cases ou de couvertures existantes.

    « Aucune confusion possible »

    « Il s’agit d’interprétations. J’ajoute des éléments supplémentaires afin qu’il n’y ait aucune confusion possible. En aucun cas, je ne dégrade l’œuvre d’Hergé pour laquelle j’ai beaucoup de respect », se défend le dessinateur dans son atelier du centre de Reims. Réalisés pour le compte de tintinophiles et de collectionneurs, ses dessins mêlant gouache et crayons de couleur font également évoluer Tintin dans les univers graphiques d’auteurs de BD admirés, tels que Bilal, Moebius, Druillet, ou encore l’illustrateur américain Norman Rockwell. Sa dernière réalisation montre le héros à la houppe dans le costume d’Arzach, personnage de SF mutique créé par Jean Giraud, alias Moebius, dans les pages de Métal Hurlant.

    Tout a commencé en 1988 avec une affiche inspirée des Cigares du pharaon, quatrième album de la série. « Au départ, j’ai dessiné Tintin par plaisir. Et puis des particuliers ont commencé à me passer des commandes. Je n’aurais sans doute pas dû imprimer des affiches et les vendre. Ceci étant, je n’ai pas fait fortune avec cela. Je ne roule pas en Porsche », précise-t-il.

    Les problèmes ont, eux, débuté il y a une dizaine d’années. Découvrant des « Tintin » de Pascal Somon sur les murs de la librairie spécialisée Album, à Paris, Moulinsart les fera décrocher et renvoyer à leur auteur, avant d’engager un recours contre ce dernier. Le plagiat ne fait aucun doute pour la société belge qui accuse également le dessinateur rémois de porter atteinte au vœu d’Hergé, qui ne voulait pas que son héros lui survive, d’une façon ou d’une autre.

    Sa condamnation, il y a quatre ans, n’a pas empêché Pascal Somon de poursuivre dans la même voie. En 2017, de nouvelles affiches représentant Tintin et portant sa signature sont découvertes par Moulinsart chez un antiquaire d’Annecy. Le dessinateur est à nouveau assigné en justice, avec, cette fois, l’épée de Damoclès que fait peser la récidive.

    « On ne va quand même pas jeter au trou quelqu’un sous prétexte qu’il dessine des Tintin », s’emporte l’illustrateur. Mais si cela devait arriver ? « Alors apportez-moi des oranges. Bleues de préférence », dit-il dans un clin d’œil au deuxième long-métrage en prises de vue réelle des aventures de Tintin, Tintin et les oranges bleues (1964).

  • Zabou Breitman : « Dès que ça devient trop sérieux, j’ai toujours envie de déconner »
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/05/26/zabou-breitman-des-que-ca-devient-trop-serieux-j-ai-toujours-envie-de-deconn

    Comédienne, réalisatrice, metteuse en scène, Zabou Breitman, 59 ans, multiplie les projets au théâtre et au cinéma. Son premier film d’animation, Les Hirondelles de Kaboul, d’après le roman de Yasmina Khadra, coréalisé avec Eléa Gobbé-Mévellec, vient d’être présenté au Festival de Cannes dans la sélection Un certain regard. Parallèlement, son spectacle enchanteur, Logiquimperturbabledufou, est actuellement repris au théâtre du Rond-Point. A la rentrée, Zabou Breitman mettra en scène La Dame de chez Maxim, de Feydeau, au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Elle fait aussi partie des cinq candidats à la succession d’Irina Brook à la direction du Théâtre national de Nice.


    Je ne serais pas arrivée là si…

    Si je n’avais pas eu des parents si particuliers, si atypiques. Un papa très cultivé, issu d’une famille bourgeoise de médecins originaire de Russie, devenu comédien et scénariste. Une mère originaire du Québec, issue d’une famille pauvre de onze enfants, qui a eu une éducation catholique raide, dure, et avait un désir de se sauver, un désir de liberté. C’était une révoltée. Elle rêvait d’être comédienne, a été premier prix de conservatoire à Québec. Lui, après la guerre, avait envie de voyager. Il est parti au Canada, est tombé amoureux et s’est marié avec ma mère. Tous deux étaient en rébellion contre leur famille, ils se sont échappés. Et tous deux étaient très féministes. Mon père me disait tout le temps : « Je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas faire les mêmes trucs qu’un garçon. » Grâce à lui, je sais fabriquer plein de choses et j’ai tout lu.

    Tout ?

    Tous les genres : de la science-fiction à la bande dessinée, de Gotlib, Hara Kiri, Charlie Hebdo à la comtesse de Ségur, Les Trois Mousquetaires, Jules Verne, Victor Hugo. Mon père me répétait : « Ce qui compte, ce n’est pas ce que tu lis, mais que tu lises. » Je ne serais pas arrivée là si je ne m’étais pas énormément ennuyée. On avait quitté Paris, je me suis retrouvée dans un prieuré du XIIIe siècle, enfant unique, avec personne. Alors je lisais beaucoup. J’ai tellement lu que je n’arrive plus à lire. Mes parents m’ont fabriquée de tout ce qu’ils étaient : lui plutôt Courteline, Feydeau, Hugo, Racine, Shakespeare, elle, plutôt Goldoni et Tchekhov.

    Lors de votre discours à la cérémonie des Molières en 2018, vous avez dit, en parlant de vos parents, que « le métier les avait abandonnés »…

    Parce que je ne serais pas arrivée là si, après le grand succès qu’ont connu mes parents avec le feuilleton télévisé Thierry la Fronde – écrit par mon père et dans lequel ma mère jouait le rôle de la compagne du héros –, il n’y avait pas eu leur échec. Oui, ils ont été abandonnés. Et cet échec a été fondamental dans ma construction.

    Que s’est-il passé ?

    En 1968, ils ont été extrêmement actifs. A tort ou à raison, ils étaient purs et durs. Ma mère suivait, un peu dans la soumission. Enfant, j’ai baigné dans l’engagement politique. Des organisations comme Secours rouge, Comité Gavroche… J’ai pleuré quand ma mère m’a annoncé que la Sorbonne avait été reprise. Cet élan était beau, mais, quand vous voyez vos parents détruits par ça et que, pour finir, parce qu’ils n’ont plus de travail, vous vous retrouvez à vivre dans un truc pas chauffé, il y a une désillusion. Ils ont lâché et ont été lâchés. Mais je n’en souffrais pas vraiment. Pourtant il y avait des Noëls où il n’y avait rien. J’étais plus triste pour eux que pour moi.

    Ces parents si particuliers, qu’est-ce qu’ils vous ont le plus appris ?

    Mon père me disait : « Ce qui compte, c’est l’histoire horizontale. Quand tu as une date, regarde ailleurs dans le monde à la même date ce qui s’est passé. C’est comme cela que tu comprendras l’histoire. » Ma mère, elle, était plus en retrait. Comme tous les gens qui ont été brimés dans leur enfance, elle ne se sentait pas légitime. Sa beauté était son garde-fou, son arme. Elle me parlait des femmes, lisait les romancières. Je ne me rendais pas compte qu’il fallait lutter, ça m’est apparu bien plus tard. Elle me disait régulièrement : « Tu as de la chance. » Et cela m’exaspérait. Mais oui bien sûr, j’ai de la chance d’avoir toujours été autorisée et libre. Mais je ne l’ai pas compris avant qu’elle meure dans la misère, détruite.

    Quelles étaient vos envies durant votre jeunesse, vous projetiez-vous dans un univers artistique ?

    Non, pas du tout. J’ai été une bonne élève jusqu’à 13 ans, puis j’ai lâché l’affaire. Je m’emmerdais lors des dissertations. Grâce à ma mère, qui gardait tout, j’en ai retrouvé une, dont le sujet était : « Partir, c’est mourir un peu. » A la fin de mon devoir, j’avais écrit une histoire drôle : au Moyen Age, on laissait les gens dans les cachots, on les torturait, et ces martyrs finissaient par mourir, se décomposer. Moralité : « Martyr, c’est pourrir un peu ! » Cela amusait mon père ! Ma mère, c’était plutôt : « Quand même, tu exagères. » Mais j’ai toujours aimé les histoires drôles. Parce que j’adore la disjonction. Dans tout ! La disjonction permet de jouer avec le lecteur ou le spectateur, elle suscite la connivence. Dès que ça devient trop sérieux, j’ai toujours envie de déconner. On a le droit, c’est l’esprit humain.

    Pourquoi être allée passer cette audition pour une émission pour enfants, « Récré A2 » ?

    Parce que je n’avais pas d’argent. J’étais en fac, il me fallait un petit boulot. Une dame qui avait participé à Thierry la Fronde et qui travaillait sur Antenne 2 a dit à mon père que Jacqueline Joubert (directrice de l’unité jeunesse) recrutait. Donc j’y suis allée. Le surnom de Zabou vient de Récré A2. Mes parents l’utilisaient souvent et comme il y avait déjà une Isabelle dans l’émission, on a opté pour Zabou, persuadés que cela plairait aux enfants. Je m’amusais beaucoup à écrire mes sketchs.

    C’est grâce à la télé que vous allez faire du cinéma ?

    Jacky, avec qui je travaillais dans Récré A2, était copain avec Ramon Pipin du groupe Odeurs. C’est lui qui m’a incité à passer l’audition du film Elle voit des nains partout ! (1982). Mais je ne me suis jamais dit que j’avais trouvé ma voie. Tout n’est qu’une succession de choses, tout le temps.

    Mais il y a eu quand même un moment capital, votre rencontre avec Roger Planchon. Ce rôle d’Angélique qu’il vous a donné dans « George Dandin », de Molière, a été, avez-vous dit, un « détonateur »…

    Je ne pense pas qu’il existe de détonateur. Il n’y a que des choses qui font écho. Ce que disait Planchon m’inspirait tellement ! Rétrospectivement, il a été capital. Planchon était venu me voir jouer La Vie à deux, de Dorothy Parker, adaptée par Agnès de Sacy. Après le spectacle, il me propose un rôle. Je lui dis : « Oui, mais c’est pour quoi ? » Il m’explique qu’il s’agit d’Angélique dans George Dandin. Je lui réponds : « Pardon, mais on peut tellement s’emmerder dans le classique, on ne comprend pas toujours ce qui s’y dit. » J’étais totalement inconsciente ! Il me sourit et réplique, la main sur le cœur : « Alors on va faire en sorte de ne pas s’emmerder. » Quelle classe ! Ensuite, j’allais à toutes les répétitions, même celles où je ne travaillais pas. Juste pour l’écouter. Quand je n’y arrivais pas, il me disait : « Ce n’est pas grave, ce n’est pas encore passé au cœur. Laisse faire. » Je comprends encore mieux aujourd’hui à quel point tout ce qu’il disait était fondamental.

    Isabelle Breitman, Zabou et finalement Zabou Breitman, pourquoi avez-vous décidé d’ajouter votre patronyme à votre nom de scène ?

    Mon père avait choisi Jean-Claude Deret, du nom de sa mère, ce que faisaient beaucoup d’acteurs à l’époque. Et puis, au sortir de la guerre, Jean-Claude Deret, cela faisait moins juif que Breitman. En 1983, alors que je tourne l’ineffable Gwendoline, de Just Jaeckin, je fais des photos sur le tournage, et, sur les conseils d’un ami, je les vends à France Soir magazine. Jean-Marie Cavada, alors responsable de Parafrance, le distributeur du film, m’appelle et m’explique qu’il y avait une exclusivité avec une agence photo. Catastrophée, je m’excuse mais il me dit à plusieurs reprises : « Vous avez fait ça pour l’argent. » Je réponds non et je sens un petit venin arriver. Il ajoute : « Ça ne m’étonne pas, c’est quoi votre vrai nom déjà ? » J’ai senti comme un poison dans le corps, j’ai eu mal au ventre. J’ai refusé direct d’être victime, j’ai repensé à mon grand-père paternel juif, mais profondément laïque. Jamais je ne m’étais vue juive, sauf ce jour-là. J’ai rétorqué : « Pardon ? ! » Il a poursuivi : « Je me comprends très bien. »

    Je ne voulais pas en parler. Cela a mis dix ans avant que je le raconte, lors d’une interview, à André Asséo. Quand l’article est paru, Cavada a fait un scandale, des démentis. Je m’en fous. Je sais ce qui s’est passé, ce qui s’est dit très exactement. Et j’ai repris mon nom : Zabou Breitman. Cela a été un acte volontaire, la décision la plus forte que j’ai prise. La première fois que j’ai vu mon nom écrit entièrement sur une affiche a été pour La Jeune Fille et la mort, d’Ariel Dormant.

    Votre carrière est très éclectique, il est difficile de vous ranger dans une case. Est-ce assumé ?

    C’est assumé et involontaire. J’aime faire plein de choses, je n’y peux rien. Au lieu de rester à « ce serait bien de faire ça », je le fais ! Je suis toujours partante et fonctionne beaucoup à l’instinct. Pourquoi ne ferions-nous pas ce qu’on a envie de faire ? Mais le syndrome de la bonne élève, rendre un beau truc, reste très fort. Je lutte et travaille pour y arriver. Je suis bordélique dans ma vie mais obsessionnelle dans le travail.

    « Des gens », « Se souvenir des belles choses », « Logiquimperturbabledufou », d’où vous vient votre attirance pour ces histoires aux êtres fragiles, empêchés ?

    C’est peut-être dû au rythme de ma vie. J’ai eu une enfance extraordinaire, puis la fracture épouvantable vécue par mes parents a sans doute laissé des traces. Par exemple, ce qui me rend dingue, c’est l’approximation dans l’exécution, que les gens ne soient pas extrêmement appliqués à faire bien quelque chose. Parce qu’à ce moment-là on est dans le cynisme, dans l’absence de l’être humain. Pourquoi s’appliquer autant alors qu’on va tous crever ? Mais parce que, précisément, on peut le faire. Le gâchis me lamine. Au « bon, ben, tant pis », je réponds tout le temps, « non, tant pis pas ». J’adore me dire « si, c’est possible » et me battre pour faire les choses.

    Votre premier film en tant que réalisatrice, « Se souvenir des belles choses », vous l’avez écrit avec votre père et avez obtenu le César de la meilleure première œuvre…

    Avec mon père, on a toujours écrit ensemble. Mais quand j’ai reçu le César, je ne l’ai même pas nommé, même pas remercié. Je m’en suis voulu. J’en suis encore malade. Peut-être est-ce parce qu’il disait souvent « Ah, tu es bien ma fille », comme si je ne faisais rien par moi-même. Peut-être ai-je voulu lui mettre une petite pâtée, lui rendre la monnaie de sa pièce !

    En 2012, vous bousculez, avec Laurent Lafitte, l’antenne de France Inter avec l’émission parodique sur la santé « A votre écoute, coûte que coûte ».

    Avec Laurent, on a fait Des Gens, pièce tirée de deux documentaires de Raymond Depardon. Je l’avais repéré lors d’un tournage avec Gilles Lellouche. Il avait beau avoir un tout petit rôle, je me disais : « Mais il est dingue cet acteur ! » Puis il a fait son one-man-show extraordinaire, Laurent Lafitte, comme son nom l’indique. On est devenus très amis et un jour, Philippe Val, alors directeur de France Inter, voit son spectacle et lui propose une carte blanche. Mais Laurent avait une idée autour d’une émission de service et me la propose. Nous avons commencé à écrire. On s’est tout permis ! On a tellement ri ! Le standard a explosé plusieurs fois !

    Avez-vous toujours ce besoin de mener un projet ?

    Oui, absolument. Mon père disait toujours : « Si on n’a pas de projet, on meurt. » A chaque projet, je pense très fort à lui. Particulièrement pour Logiquimperturbabledufou, il aurait adoré.

    Que ce soit contre l’homophobie ou contre les violences conjugales, vous n’hésitez pas à vous engager. Qu’est-ce qui vous pousse ?

    Quand j’étais petite, mon père m’expliquait : « Tu noteras toujours que la xénophobie, l’antisémitisme, l’homophobie et la misogynie ont les mêmes ressorts d’intolérance. » Cela m’a marquée. Si je peux faire quelque chose, il faut être là. Mais à cause de ce que j’ai vécu enfant, confrontée à la politique beaucoup trop jeune, j’aborde les choses différemment. L’engagement c’est aussi jouer, faire un film. Tout compte, tout est politique. L’engagement, c’est une attitude générale.

  • Le Sénat supprime un article sensible du projet de loi pour Notre-Dame
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/05/23/le-senat-supprime-un-article-sensible-du-projet-de-loi-pour-notre-dame_54661


    Ouvriers, techniciens, architectes sont à pied d’oeuvre sur le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris, dévastée par un incendie le 15 avril.
    STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

    L’article 9 devait permettre de déroger aux règles en matière d’urbanisme, d’environnement, de patrimoine, ou de commande publique.

    A l’Assemblée nationale, lors de la présentation du projet de loi pour la conservation et la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, voté en première lecture, le feu couvait déjà dans les rangs de l’opposition. Ce dont rêvaient certain(e)s député(e)s, le Sénat l’a fait. « Convaincue qu’autoriser des dérogations aux règles en vigueur pour faciliter la restauration de Notre-Dame est inutile et se révélerait dangereux à la fois pour l’exemplarité de ce chantier et la crédibilité de notre législation, la commission de la culture a supprimé l’article 9 du projet de loi », a expliqué, mercredi 22 mai dans un communiqué, la commission de la culture, de l’éducation et de la communication de la Chambre haute. La suppression de l’article a été votée à l’unanimité moins les voix de la République en marche, le parti présidentiel.

    Le rapporteur du texte au Sénat, Alain Schmitz (Yvelines, LR), qui avait été particulièrement actif lors de l’audition par la commission, le jeudi 16 mai, du ministère de la culture et de la communication, Franck Riester, s’interroge :
    « Comment les autres propriétaires de monuments historiques pourraient-ils encore accepter de se soumettre aux dispositions de nos codes si l’Etat lui-même est autorisé à s’en affranchir pour lancer l’un des chantiers patrimoniaux les plus emblématiques ? Ce serait ouvrir une véritable boîte de Pandore ».

    Que dit l’article 9 du projet de loi ? « Le Gouvernement est autorisé à prendre par ordonnances toutes dispositions (…) de nature à faciliter la réalisation, dans les meilleurs délais et dans des conditions de sécurité satisfaisantes, des travaux de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris. » Ces ordonnances « peuvent prévoir des adaptations ou dérogations aux règles en matière d’urbanisme, d’environnement, de construction et de préservation du patrimoine (…), aux règles en matière de commande publique (…) ».

    Le caractère impératif de la procédure est notamment lié à l’injonction du président de la République, Emmanuel Macron, qui, dès le lendemain de l’incendie ayant gravement endommagé Notre-Dame le 15 avril, avait publiquement déclaré « [vouloir] que la reconstruction soit achevée d’ici cinq années. » Une décision hâtive, compte tenu de la méconnaissance, alors, de l’ampleur des dégâts et, donc, de la tâche à accomplir, et de sa durée.

    Tout en souhaitant « ne pas voir le ministère de la culture mis hors-jeu », la commission sénatoriale a rappelé, lors de ses échanges avec Franck Riester, comme l’avaient rappelé précédemment les député(e)s, que certaines dispositions actuelles du code du patrimoine permettent de s’adapter à des situations de nature exceptionnelle. « Face à des besoins en urgence impérieuse, nous n’avons pas le temps de faire des appels d’offres », indique Charlotte Hubert, présidente de la compagnie des architectes en chef des Monuments historiques, présente sur le site de Notre-Dame de Paris.

    Comme la loi l’y autorise, la Direction des affaires culturelles (DRAC) Ile-de-France, par l’intermédiaire de la préfecture, a d’ores et déjà réquisitionné des entreprises possédant les compétences nécessaires. Ce fut ainsi le cas pour les maîtres verriers ou les serruriers chargés de la dépose des vitraux hauts de la nef et du chœur. En pareille circonstance, un économiste, au sein de l’équipe de maîtrise d’œuvre, vérifie les tarifs proposés par les prestataires avant de passer commande. La prestation réalisée est aussitôt réglée.

    Dans ses attendus, la commission de la culture a également jugé nécessaire d’inscrire dans la loi une référence aux engagements de la France vis-à-vis de ses obligations internationales en matière de patrimoine. « L’architecture de la cathédrale a été déterminante pour le classement du bien “Paris, Rives de la Seine” au patrimoine mondial de l’Unesco en 1991, a rappelé sa présidente, Mme Catherine Morin-Desailly (Seine-Maritime, UC). Les travaux de restauration de Notre-Dame devront préserver l’authenticité et l’intégrité du bien si nous ne voulons pas prendre le risque de porter atteinte à la valeur universelle exceptionnelle de celui-ci et de perdre le bénéfice de ce classement (…) ».

    La commission a également souhaité lever l’ambiguïté quant à la nature du dispositif spécifique chargé de gérer et de contrôler l’ensemble du projet de restauration. Si, lors de son audition, Franck Riester a évoqué parmi les pistes celle d’une « maîtrise d’ouvrage gérée directement par l’administration centrale », les sénateurs, « dans un souci d’améliorer l’intelligibilité du projet de loi » souhaitent confier cette responsabilité à un nouvel établissement public dont le fonctionnement serait « encadré strictement » : soit « un établissement public à caractère administratif placé sous la tutelle du ministère de la culture » dont la maîtrise d’œuvre – ce qui est déjà le cas sur le site de la cathédrale – serait assurée sous l’autorité de l’architecte en chef des Monuments historiques.

    Au plan politique, enfin, la volonté des sénateurs de supprimer l’article 9, risque, selon Alain Schmitz, de rendre « compliqué » un accord en commission mixte paritaire (CMP). En cas de désaccord persistant lors d’un processus législatif, cette dernière réunit sept élus de chacune des deux chambres, plus éventuellement leurs présidents respectifs, qui valideront – ou pas – l’adoption du projet de loi. Le texte du projet de loi, remanié par la commission de la culture, sera examiné en séance publique par le Sénat en première lecture, lundi 27 mai.

    • Le Sénat s’attaque au projet de loi pour la restauration de Notre-Dame
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/27/le-senat-s-attaque-au-projet-de-loi-pour-la-restauration-de-notre-dame_54679

      Au Sénat, dominé par l’opposition de droite, le texte est critiqué comme « une loi d’exception » rédigée « dans la précipitation ». Le texte a déjà été largement amendé.

      Après l’Assemblée nationale, le Sénat doit examiner en première lecture, lundi 27 mai, le texte encadrant la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, dont charpente et flèche ont été détruites dans un incendie le 15 avril. Emmanuel Macron a assuré vendredi assumer « totalement » un « calendrier serré, volontariste ».
      […]
      Le texte a déjà été largement amendé en commission, mais les derniers propos du président de la République devraient contribuer à alimenter les débats en séance. Les sénateurs ont ainsi supprimé l’article habilitant le gouvernement à déroger si nécessaire, et dans un souci de rapidité, à certaines règles en matière d’urbanisme, protection de l’environnement, commande publique ou préservation du patrimoine.

      La restauration devra être fidèle au « dernier état visuel connu » du monument avant le sinistre, y compris la flèche, ont déjà acté les sénateurs. Un prérequis qui n’exclurait cependant pas l’utilisation de matériaux et techniques différents.

      Ce point risque de relancer dans l’hémicycle la querelle entre anciens et modernes qui a suivi l’annonce d’un concours d’architecture international pour restaurer la flèche. Vendredi, M. Macron a assuré que le chantier « redonnerait une flèche » à la cathédrale.
      Le texte habilite le gouvernement à créer par ordonnance un établissement public chargé de la conduite du chantier. Les sénateurs l’ont placé sous la tutelle du ministère de la culture.

  • Le manuscrit de Voynich déchiffré (si, si)

    https://m.phys.org/news/2019-05-bristol-academic-voynich-code-century-old.html

    What it reveals is even more amazing than the myths and fantasies it has generated. For example, the manuscript was compiled by Dominican nuns as a source of reference for Maria of Castile, Queen of Aragon, who happens to have been great aunt to Catherine of Aragon.

    The manuscript is written in proto-Romance—ancestral to today’s Romance languages including Portuguese, Spanish, French, Italian, Romanian, Catalan and Galician. The language used was ubiquitous in the Mediterranean during the Medieval period, but it was seldom written in official or important documents because Latin was the language of royalty, church and government. As a result, proto-Romance was lost from the record, until now.

    L’article: https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/02639904.2019.1599566

  • « Naissance d’une nation, naissance d’une contestation », aux origines d’une conscience politique
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/04/30/naissance-d-une-nation-naissance-d-une-contestation-aux-origines-d-une-consc

    Qui a vu [...] Naissance d’une nation, œuvre profondément #raciste mais fondatrice du #cinéma hollywoodien ?

    [...]

    Le documentaire pointe à ce titre une curieuse concomitance entre l’essor du cinéma aux #Etats-Unis et l’une des plus grandes #régressions qu’aient jamais connues les Etats-Unis, l’instauration des « lois #Jim_Crow », qui séparent la population américaine en deux catégories : les Blancs et les « colorés », alors que l’#esclavage a été aboli en 1865.

    #Hollywood #racisme

  • La forêt française est prête pour la reconstruction de Notre-Dame
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/04/18/la-foret-francaise-est-prete-pour-la-reconstruction-de-notre-dame_5451868_32

    J’entendais hier 21 ha de chênes

    « Notre forêt fournit un peu plus de 2 millions de mètres cubes de chêne à usage très noble, chaque année, dont 800 000 pour la construction (charpente, parquets…) [le reste servant essentiellement à la tonnellerie]. Les besoins pour le chantier de Notre-Dame sont estimés à 1 500 mètres cubes, soit, pour obtenir ce volume de bois utilisable, quelque 3 000 à 4 000 mètres cubes à couper. On produit donc plus de deux cents fois le volume nécessaire », détaille Aymeric Albert, le responsable commercial des ventes de bois à l’ONF. Voilà pour la quantité.

    Pour la qualité, il n’y aurait pas non plus de problème. Selon Aymeric Albert, la majorité de ces chênes ont atteint l’âge vénérable, 120 à 150 ans, et la taille nécessaire pour être utilisés en charpente : « Les plus vieux de nos chênes atteignant 450 ans se trouvent notamment dans les forêts de Tronçay (Allier) et de Bercé (Sarthe), ayant été plantés sous Colbert [XVIIe siècle]. » Et précise-t-il, « pour des charpentes, qui sont par définition cachées, il n’est pas nécessaire de disposer d’une qualité exceptionnelle, d’arbres parfaits, ils peuvent ainsi avoir des nœuds dans le bois, ce qui n’est pas possible pour les parquets ou les tonneaux. »

  • « تل أبيب ع نار » للفلسطيني سامح زعبي : السلاح يغير السيناريو لا الحمص | القدس العربي
    https://www.alquds.co.uk/%D8%AA%D9%84-%D8%A3%D8%A8%D9%8A%D8%A8-%D8%B9-%D9%86%D8%A7%D8%B1-%D9%84%D9%

    Ne vous jetez pas sur un traducteur en ligne si vous avez envie de savoir pourquoi le hoummous/khoummous est un personnage essentiel de Tel Aviv on fire (تل أبيب ع نار), le second film de Sameh Zoabi, un Palestinien de 48 qui considère "qu’au Moyen-Orient le feuilleton est une chose sérieuse". Un must à ne manquer sous aucun prétexte. (Au fait, certains experts de la région vont être déçus : pas une seule allusion à l’islam, même pas un petit appel à la prière !)

    في الفيلم يأمر الضابط سلام بالقدوم بصحن حمص، كلما مرّ بالحاجز كي «يساعده» في إعادة كتابة السيناريو. سلام الذي لا يأكل الحمص منذ الصغر بسبب عقدة سببها حصار الجيش لبيت أهله في الانتفاضة الأولى، ولم يكن لديهم غير الحمص لأكله، اشترى مرة حمصا معلبا وأعده للضابط الذي أكله بشهية. لاحقا، في مطعم حمص فلسطيني، يقول الضابط لسلام إن الأحمق فقط من يأكل الحمص المعلب، عاجزا عن التمييز بين المعلب والطازج.
    وإن استطاع الضابط إحداث تغييرات في السيناريو الفلسطيني، بالسلاح، ليلائم الإسرائيلي، في الصراع بين الروايتين/الحكايتين وأصحابهما، يبقى هذا القادم الطارئ على البلاد عاجزا عن التمييز بين الحمص الطازج والحمص المعلب، وله روايته الكاذبة عن «ملكية الحمص»، ولنا روايتنا، وهذا ما لا يستطيع تغييره بالسلاح.

    https://www.youtube.com/watch?v=udLZLSfcKMA

    #palestine #zoabi

  • La réalisatrice Agnès Varda, pionnière de la Nouvelle Vague, est morte
    Par Clarisse Fabre Publié aujourd’hui à 11h27, mis à jour à 11h32
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/03/29/la-realisatrice-agnes-varda-pionniere-de-la-nouvelle-vague-est-morte_5443036

    Agnès Varda en quelques dates

    30 mai 1928 Naissance à Ixelles (Belgique)

    1951 Photographe du Festival d’Avignon

    1955 « La Pointe courte »

    1962 « Cléo de 5 à 7 »

    1965 « Le Bonheur », prix Louis-Delluc

    1968 « Black Panthers »

    1985 « Sans toit ni loi », Lion d’or à Venise

    1991 « Jacquot de Nantes »

    2003 Expose à la Biennale de Venise

    2007 « Les Plages d’Agnès », César du meilleur documentaire

    2016 Expose au Centre Pompidou ses photos de Cuba prises en 1962

    2017 Oscar d’honneur et sortie de « Visages Villages » avec JR

    29 mars 2019 Mort à l’âge de 90 ans à Paris