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    Plongée dans la complexité des inégalités mondiales
    8 FÉVRIER 2019 PAR ROMARIC GODIN
    Les éditions La Découverte publient la traduction française de l’ouvrage d’un des plus grands spécialistes des inégalités, Branko Milanović. Un texte dense et riche, nécessaire à la compréhension d’un des sujets les plus brûlants du moment.

    Ce phénomène est relativement récent et il est devenu réellement central avec la grande crise entamée en 2007. Parmi ceux qui, auparavant, ont contribué à faire émerger ce problème, on trouve Branko Milanović, formé en Yougoslavie et économiste en chef de la Banque mondiale de 1994 à 2001. Son dernier ouvrage, publié en anglais en 2016, paraît le 7 février dans sa traduction française aux éditions La Découverte, sous le titre Inégalités mondiales – Le destin des classes moyennes, les ultra-riches et l’égalité des chances.

    Et, comme le souligne l’auteur, plus les revenus sont hauts, plus la concentration de #richesse est élevée. Ceux qu’il appelle les « vrais ploutocrates mondiaux », les 1 426 milliardaires (soit approximativement 0,000002 % de la population mondiale) recensés par #Forbes, pourraient ainsi concentrer 2 % des richesses mondiales. Leur poids en termes de richesse est donc un million de fois supérieur à leur poids réel dans la population. Et, entre 1987 et 2013, leur richesse a progressé deux fois plus vite que le PIB mondial.

    Le rôle des inégalités nationales reste cependant « secondaire » pour l’instant, car, comme l’explique Branko Milanović, les inégalités entre pays demeurent beaucoup plus élevées que les inégalités à l’intérieur des pays. En d’autres termes, les inégalités selon le lieu restent beaucoup plus fortes que les inégalités selon la #classe, qui étaient le phénomène dominant au début du XIXe siècle.

    Logiquement, les sociétés riches tendent à se refermer sur elles-mêmes pour protéger cette richesse et à oublier les oppositions de classe. Branko Milanović ne va pas jusque-là mais son analyse permet d’éclairer la #crise_de_la_gauche dans les pays avancés et le succès d’une extrême droite qui défend précisément « cette alliance de classe contre l’étranger ». C’est la traduction politique de cette période hybride en termes d’inégalités que nous vivons.

    Il tient cependant pour vain et inefficace de chercher à bloquer les flux par des barrières ou des politiques « d’#immigration choisie ». Pour lui, la solution consisterait plutôt à permettre des flux plus importants de personnes, tout en proposant aux migrants des droits inférieurs aux citoyens du pays d’accueil. Il y aurait ainsi « deux ou trois niveaux de citoyenneté, pendant un temps au moins ».