InfoMigrants : reliable and verified news for migrants

https://www.infomigrants.net

  • Migrantes : le calvaire de la route de l’exil - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65740/migrantes--le-calvaire-de-la-route-de-lexil

    Migrantes : le calvaire de la route de l’exil. Capture d’écran du reportage de France 24.
    Par FRANCE 24 Publié le : 14/07/2025
    Les femmes représentent 51 % des flux migratoires dans le monde, selon l’ONU, mais elles sont bien souvent invisibilisées... Leur chemin d’exil est une longue succession d’obstacles et nombre d’entre elles seront victimes de violences sexuelles. Arrivées en France, que ce soit leur destination finale ou une étape avant le Royaume-Uni, leur calvaire n’est pas fini car leur situation précaire les désigne comme des victimes contraintes au silence et les empêche de porter plainte. Lucie Feutrier-Cook, experte en migration et droit d’asile, décrypte la réalité des migrantes et raconte la réalité de leur voyage.
    La France s’enorgueillit d’être le pays des droits de l’Homme mais les violences n’y sont pas moins graves qu’ailleurs, sur la route de l’exil de ces dizaines de milliers de femmes qui se cherchent un destin meilleur. À Grande Synthe, le Refugee Women’s Center leur apporte, à elles et aux enfants, une aide psychologique autant que logistique. Ici, les femmes ne représentent que 10 % à 15 % des migrants et elles évitent autant que possible d’attirer l’attention. Les passeurs ou les autres migrants sont des agresseurs potentiels alors la nuit, impossible de se soulager. L’association leur délivre donc des couches pour adultes, afin qu’elles puissent faire leurs besoins sans avoir à sortir de la tente ou de se déshabiller. Outre le risque de viol, certaines y sont contraintes à la prostitution, prises au piège de passeurs qui leur font ainsi payer la dette du voyage. Parfois, les enfants aussi en sont victimes. Pour eux, le travail forcé est un autre risque également.
    Le démantèlement de la jungle de Calais en 2016 était censé avoir réglé ces problèmes : les autorités françaises font en sorte de déloger les populations migrantes avec la destruction des campements toutes les 48 h et le soutien du Royaume-Uni, qui fait pression sur Paris pour que la France retienne sur son territoire les personnes qui veulent tenter la traversée de la Manche. Entre janvier et juillet 2025, 20 000 migrants sont parvenues à rejoindre l’Angleterre, soit une augmentation de 48 % par rapport à 2024 à la même période. La police française peine à endiguer le flux migratoire, au point que depuis 2018 et la signature du traité de Sandhurst, Londres la finance en partie pour l’aider dans sa mission… et met la pression pour qu’elle renforce ses mesures. Le thème était d’ailleurs au menu des discussions du Sommet franco-britannique qui s’est conclu par une poignée de main entre les dirigeants des deux partenaires. Emmanuel Macron et Keir Starmer se sont d’ailleurs mis d’accord sur un programme de retour des migrants : pour chaque migrant illégal renvoyé vers la France, le Royaume-Uni s’est engagé à prendre en charge un demandeur d’asile sur le territoire britannique.
    Mais la politique reste détachée des réalités du terrain. Selon le centre Primo-Levi, 90 % des femmes qui prennent la route de l’exil seront victimes de violences sexuelles. En Libye, au Maroc ou en Grèce, la violence sexuelle est systématique et vient autant des passeurs que des membres de forces de sécurité, détaille le Centre. Avant le départ, les femmes se renseignent bien sûr et mettent en place des stratégies pour limiter les risques d’agression… ou leurs effets. À la frontière entre l’Italie et la France, des femmes érythréennes avaient ainsi pris l’habitude de voyager ensemble, misant sur l’effet de groupe pour dissuader les hommes de s’en prendre à elles mais elles prenaient aussi une contraception de manière préventive. Pour éviter une grossesse indésirée en cas de viol, explique Lucie Feutrier-Cook.
    Malheureusement, il n’existe pas de solution miracle pour empêcher les violences sexuelles et à l’arrivée en Europe, la police n’aide pas à sécuriser ces femmes qui ont déjà traversé un continuum de violences, parfois tout une vie. Les autorités, les services en charge des demandes d’asile non plus ne prennent pas forcément la mesure du calvaire vécu par ces femmes, contrainte de revivre et répéter tout ce qu’elles ont vécu, elles qui ne sont pas des migrants comme les autres.

    #Covid-19#migrant#migration#france#routemigratoire#sante#santementale#violencesexuelle#femmes

  • France : un rapport d’associations dénonce d’importantes disparités territoriales dans la prise en charge des mineurs isolés étrangers - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65573/france--un-rapport-dassociations-denonce-dimportantes-disparites-terri

    France : un rapport d’associations dénonce d’importantes disparités territoriales dans la prise en charge des mineurs isolés étrangers
    Par Clémence Cluzel Publié le : 11/07/2025
    Publié jeudi 3 juillet, le rapport de deux associations de défense des droits des migrants alerte sur les nombreuses défaillances et disparités d’un département à un autre dans la prise en charge des mineurs non accompagnés étrangers en France. Ces inégalités dans l’accès au droit affectent aussi la reconnaissance de leur statut de mineur et contraignent des centaines de jeunes à survivre sans protection, dans la rue.
    "Critères subjectifs" pour déterminer l’âge, mineurs laissés à la rue, traumatismes ignorés, évaluation sommaire des documents d’identité, manque de structures adaptées... sont autant de défaillances dans la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA) en France dénoncées dans le rapport "Des droits au hasard du département d’arrivée ?” des associations Utopia 56 et l’Association d’Accès aux Droits des Jeunes et d’Accompagnement vers la Majorité (AADJAM), publié ce 3 juillet. L’enquête, menée entre fin 2024 et début 2025, dans 53 structures réparties dans 38 départements, dresse un constat accablant. Des "défaillances systémiques", des "dysfonctionnements administratifs" et des "disparités majeures" ont été relevés dans les départements de l’Hexagone concernant l’accueil et la prise en charge provisoire d’urgence des mineurs isolés étrangers. L’évaluation de la minorité ainsi que la mise à l’abri relèvent de la responsabilité des départements - et non de l’État - au regard de leurs compétences en matière de protection de l’enfance.
    Ainsi, "iI y a des différences de traitement importantes selon l’endroit du territoire où les jeunes arrivent", rapporte à l’AFP Angelo Fiore, membre d’Utopia 56, et corédacteur du rapport. "Cela a de lourdes conséquences dans la construction de leur avenir".
    Cet accès au droit, qui se fait “au hasard des départements d’arrivées des MNA”, entrave aussi la reconnaissance de leur minorité et accentue leur vulnérabilité. Chaque mois, de nombreuses personnes se déclarant mineures se retrouvent sans protection à la rue après avoir été décrétées majeures par les départements. Or, après dépôt d’un recours, un mineur sur deux est finalement reconnu comme tel par un juge des enfants. Durant le traitement de ce recours, qui peut durer un an et demi, les jeunes ne sont pas pris en charge par les autorités et sont ainsi livrés à eux-mêmes.
    Ces dernières années, la mission de la protection de l’enfance assurée par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) se retrouve confrontée à la politique migratoire toujours plus répressives des autorités françaises. Celle-ci s’illustre notamment par des expulsions brutales des lieux occupés par les personnes se déclarant mineures. Selon le collectif Le Revers de la Médaille entre février et mai 2024, 828 jeunes ont été expulsés de leurs lieux de vie à Paris.
    Ces MNA sont principalement originaires de Guinée, Côte d’Ivoire, Tunisie, Bangladesh mais aussi de Gambie et du Cameroun. Majoritairement masculins, ces jeunes ont fui des conflits, des situations de violences, la pauvreté ou sont en rupture familiale. En 2024, l’ASE protégeait officiellement 13 554 MNA en France.
    Si dès son arrivée en France un mineur isolé exilé peut demander une protection dans son département d’arrivée, son premier défi est de "comprendre où et comment accéder à celle-ci", note le rapport, avec de plus grandes difficultés pour identifier un interlocuteur la nuit et les weekends. Déjà confrontés à un long parcours d’exil souvent émaillé de violences, des jeunes ont rapporté avoir été confrontés à un refus de prise en charge dans certains départements.Pourtant, la loi leur impose d’assurer un accueil provisoire d’urgence auprès des MNA pour une durée maximum de cinq jours, renouvelable par deux fois. Depuis 2013, les frais de prise en charge reviennent aux départements qui peuvent être remboursés par l’État, suivant conditions. Le montant s’élève à 90 euros journaliers durant 14 jours.
    Dans la capitale, c’est l’association France Terre d’asile qui gère l’évaluation et la mise à l’abri de ces jeunes, au sein de l’Accueil des mineurs non accompagnés (AMNA). "En moyenne, nous avons 130 jeunes qui arrivent par semaine" rapportait en avril dernier Béatrix Allan, directrice du service d’évaluation au sein de l’AMNA.“Depuis 2015, nous faisons le constat d’une augmentation croissante du nombre de jeunes se déclarant mineurs non accompagnés venus de différents pays. Alors que 1 500 jeunes se présentaient pour une évaluation en 2015, ils étaient 10 500 en 2023, avec un nombre de présentations totalement inédit. En 2024, nous estimons le nombre à 8 500” indique la Ville de Paris. Les MNA représentent aujourd’hui 30% des enfants pris en charge par cette mairie qui, de par ses compétences départementales en matière de protection de l’enfance, leur consacre un budget global de 80 millions d’euros.
    “L’année 2023 a été marquée par une forte augmentation du nombre de mineurs non accompagnés pris en charge ainsi que de personnes se présentant comme MNA entraînant une saturation des dispositifs d’accueil”, appuie la Direction générale de la Cohésion Sociale (DGCS). En juin dernier, la commission d’enquête parlementaire définissait la protection sociale de l’enfance comme un “système qui craque de toutes parts” et dans lequel les MNA sont les “oubliés des oubliés”.La Direction indique que "les services de l’État sont attentifs aux situations et aux difficultés rencontrées par les départements” et “sont pleinement mobilisés pour les soutenir". En 2024, la création d’une “instance de dialogue renforcée avec les départements” et le gouvernement a permis de dégager "sept chantiers prioritaires” dont l’un portait sur la prise en charge des mineurs non accompagnés.
    Mais si la DGCS juge qu’il y a une "bonne appropriation par les départements" du guide de bonnes pratiques édité en 2019 par le ministère en charge des Solidarités afin d’harmoniser le traitement des mises à l’abri et évaluation de minorités, les conclusions du récent rapport dressent un autre constat.
    L’accueil est loin d’être uniforme sur le territoire, certains départements mènent en effet une fronde contre ce dispositif d’accueil et prise en charge qui est coordonné par la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ). La Seine Saint-Denis a suspendu temporairement l’accueil de nouveaux MNA en 2011 tout comme la Mayenne et l’Alsace en 2013. Aujourd’hui encore, plusieurs départements sont peu enclins à s’acquitter de ce devoir. Sollicité par la rédaction, le département des Alpes-Maritimes, qui connait un fort afflux de migrants, dont de MNA, depuis l’Italie depuis ces dix dernières années n’a pas répondu à nos questions.
    Manque de structures adaptées, placement dans des hôtels en violation de la loi Taquet, encadrement aléatoire faute de personnel, non-respect du temps de répit avant l’évaluation, absence de bilan de santé pourtant obligatoire… Les défaillances dans la prise en charge sont nombreuses et discriminantes par rapports aux traitements appliqués aux autres enfants en France.
    “Les pratiques observées varient d’un territoire à un autre, ce qui questionne doublement sur le traitement accordé à ces enfants migrants en France” souligne le rapport. Preuve d’un manque d’harmonisation des pratiques, un jeune reconnu non mineur dans un département peut l’être dans un autre après un nouveau dépôt.
    Le déroulement des enquêtes sociales destinées à évaluer la minorité de la personne a aussi déjà été plusieurs fois épinglé, notamment en 2018 dans un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW). Les entretiens express, parfois sans interprète, ainsi que la mise en doute quasi systématique de l’authenticité des documents d’identité transmis sont décriés par les associations. L’évaluation de l’âge se base également sur des critères "très subjectifs", pointe Angelo Fiore. Des "délits au facies" selon les associations qui ne prennent pas toujours en compte les traumatismes vécus et les stigmates qui peuvent affecter l’apparence physique de la personne.
    “Les consignes données aux évaluateurs sont claires : tout doute sur la minorité doit profiter au jeune”, se défend la ville de Paris qui indique avoir créé une plateforme pour renforcer les compétences des travailleurs sociaux à travers une permanence juridique et des formations pour permettre un meilleur accompagnement des MNA dans leur parcours. C’est en grande partie sur cette évaluation sociale que se base ensuite le président du conseil départemental pour statuer sur la minorité et l’isolement d’un jeune étranger isolé.
    Alors que la loi stipule effectivement qu’en cas de suspicion, le doute doit bénéficier à l’individu, la réalité est autre. Au niveau national, le taux de reconnaissance de la minorité est en baisse constante ces dernières années : d’environ 52% en 2016, il est descendu à 19% en 2021 pour légèrement remonter à 23% en 2023.
    L’accès à l’information et à la justice restent aussi difficile d’accès pour des mineurs isolés, ne parlant pas toujours la langue et ne maitrisant pas les rouages administratifs. Le recours gracieux devant un juge des enfants, seul habilité à reconnaitre la minorité, pour contester une non-reconnaissance de minorité est souvent ignoré de ces jeunes. Les délais d’attente de la procédure sont également assez longs et éprouvants.
    Jusqu’à la décision de la justice, "la présomption de minorité" doit être garantie rappelle la commission d’enquête parlementaire et permettre au présumé mineur de continuer à bénéficier de l’accueil provisoire et d’un accompagnement. Le juge des enfants a en effet la possibilité de prononcer un placement provisoire pendant le temps de l’instruction. Or selon le recensement de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de mars 2024, un mineur en recours sur trois vivait à la rue au niveau national. Une proportion probablement sous-estimée. En situation d’extrême vulnérabilité, nombre de MNA se retrouvent à survivre dans la rue, sans aucun soutien. “Chaque jour, dix jeunes sont mis à la rue et se retrouvent sans protection”, y compris lorsqu’ils présentent des graves problèmes de santé ou qu’il s’agit de jeunes filles enceintes.
    Pourtant “dans un cas sur deux, ils sont reconnus comme mineurs après leur recours auprès d’un juge pour enfants, parfois après avoir passé plus de 18 mois à survivre à la rue”, assure le rapport. Sur 2 550 jeunes ayant saisi un juge des enfants en 2023 suite à un refus par le département, 1 550 ont été reconnus mineurs, soit 61% des cas. Cependant, beaucoup restent exclus du dispositif et sortent des radars de la protection de l’enfance. D’autres sont devenus majeurs entre temps.Les associations, à qui les départements peuvent également déléguer la prise en charge des MNA, jouent alors un rôle crucial pour pallier les carences institutionnelles dans l’hébergement, l’accompagnement ainsi que l’aide à la scolarisation des MNA. En l’absence de protection, ils sont privés d’accès à l’éducation, d’un logement ainsi que d’un suivi social, médical et psychologique. Déjà très vulnérables, ils subissent durement cette exclusion qui aggrave leur santé mentale et peut accentuer leurs traumatismes. L’insécurité et leur situation irrégulière les rendent aussi plus susceptibles d’être victimes d’exploitation par des réseaux criminels et soumis aux violences.

    #Covid-19#migrant#migration#france#MNA#politiquemigratoire#ASE#politiquemigratoire#sante#santementale#droit#minorite

  • En Pologne, des milices d’extrême droite patrouillent à la frontière allemande pour refouler les migrants

    Des groupes polonais de la mouvance d’extrême droite patrouillent depuis plusieurs semaines à la frontière avec l’Allemagne pour empêcher les migrants refoulés par Berlin de revenir en Pologne. Alors que ces actions ont été qualifiées d’ »illégales » et de « perturbatrices » par le Premier ministre Donald Tusk, le président nouvellement élu Karol Nawrocki a remercié ces milices pour leur « défense citoyenne de la frontière ».

    https://www.infomigrants.net/fr/post/65671/en-pologne-des-milices-dextreme-droite-patrouillent-a-la-frontiere-all

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/06/05/les-frontieres-ne-devraient-pas-nous-separer-mais-nous-rappeler-que-nous-sommes-tous-membres-de-la-meme-famille-humaine-2/#comment-67931

    #migration #extremedroite

  • Libye : Tripoli annonce un plan anti-immigration lors d’une visite dans le pays de plusieurs ministres européens - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65659/libye--tripoli-annonce-un-plan-antiimmigration-lors-dune-visite-dans-l

    Libye : Tripoli annonce un plan anti-immigration lors d’une visite dans le pays de plusieurs ministres européens
    Par La rédaction Publié le : 09/07/2025
    La Libye a annoncé mardi un plan pour lutter contre l’immigration irrégulière vers son territoire lors d’une réunion avec le commissaire européen chargé des questions migratoires, les ministres italien et maltais de l’Intérieur, ainsi que le ministre grec des Migrations. Depuis le début de l’année, les arrivées en Italie depuis la Libye ont augmenté de 50%. La délégation européenne, qui espérait aussi trouver un accord avec le gouvernement de l’est libyen, a été refoulée à son arrivée à l’aéroport de Benghazi.
    Mardi 8 juillet, une rencontre à Tripoli, la capitale libyenne, a réuni Magnus Brunner, commissaire européen chargé des questions migratoires, les ministres italien et maltais de l’Intérieur, Matteo Piantedosi et Byron Camilleri, le ministre grec des Migrations, Thanos Plevris ainsi qu’Abdelhamid Dbeibah, le chef du gouvernement d’unité nationale. Cette visite a pour objectif de renforcer la coopération entre l’Union européenne (UE) et les autorités libyennes dans la lutte contre la migration illégale, qui a connu une forte accélération ces derniers mois.
    À l’issue de cette réunion, Abdelhamid Dbeibah a annoncé « une vaste campagne nationale [qui] va être déployée avec le soutien de plusieurs pays amis pour lutter contre la traite des êtres humains ».
    Hausse de 50% des arrivées de Libye

    Carte de la Libye à l’appui, le ministère libyen de l’Intérieur, Imad Trabelsi, a présenté les grands axes de ce plan : renforcement de la présence sécuritaire et des contrôles dans les villes, en mer et aux frontières, expulsion d’une partie des migrants, régularisation de « ceux dont le marché de l’emploi libyen a besoin ».Le ministre a affirmé qu’en Libye, pays qui compte environ sept millions d’habitants, il y a « entre trois et quatre millions de migrants entrés illégalement (...) que nous encourageons à repartir ».
    Le responsable libyen a mis l’accent sur la nécessité d’un « soutien politique » à la Libye de la part de l’UE et des pays concernés par les flux migratoires. « La question migratoire ne peut être résolue sans le soutien des pays amis. (...). Le problème est plus grand que les capacités de notre pays », a-t-il souligné.
    Ces derniers mois, la route libyenne qui mène de l’ouest de la Libye vers l’Italie est à nouveau largement empruntée par les exilés. Au cours du premier semestre 2025, 30 060 migrants ont débarqué sur le sol italien, contre 26 131 à la même période en 2024. Soit une hausse de 15%, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Parmi ces quelque 30 000 exilés arrivés en Italie cette année, 27 000 avaient pris la mer depuis une plage libyenne, soit une hausse de près de 50% (14 684 personnes recensées en 2024 sur les six premiers mois de l’année) par rapport à l’année passée.
    Les départs depuis la Tunisie ont en revanche fortement chuté : on compte près de 2 000 arrivées sur le sol italien depuis janvier, contre plus de 10 000 à la même période de 2024. « La vie en Tunisie est devenue si difficile qu’on peut imaginer un déplacement [du flux migratoire] vers la Libye », a expliqué la semaine dernière Sara Prestianni, directrice de plaidoyer à l’association EuroMed Rights, contactée par InfoMigrants.
    Après cette visite à Tripoli, la délégation européenne espérait rencontrer les autorités de l’est libyen. Mais les responsables politiques ont été déclarés mardi « persona non grata » et invités à quitter le territoire libyen à leur arrivée à l’aéroport de Benghazi. L’ordre a été donné par le gouvernement de stabilité nationale (GNS), rival du gouvernement d’unité nationale (GNU) reconnu par la communauté internationale. Le premier contrôle la ville de Benghazi et le second celle de Tripoli. Dans un communiqué, le Premier ministre de l’ouest libyen, Oussama Hammad, a qualifié cette visite de « violation flagrante des normes diplomatiques établies et des conventions internationales », et a dénoncé des « actions qui ne tiennent manifestement pas compte de la souveraineté nationale de la Libye ».
    Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est devenue une plaque tournante pour des dizaines de milliers de personnes cherchant à gagner l’Europe par la mer au péril de leur vie. Les plages de l’ouest de la Libye sont des zones de départs bien connues des exilés qui souhaitent atteindre l’île italienne de Lampedusa, située à plus de 300 km des rives libyennes. Mais ces dernières années, face au renforcement des contrôles dans cette région, une autre route se développe : celle qui part de Tobrouk, à l’est de la Libye, vers la Grèce. Au cours des quatre premiers moi de 2025, « l’afflux en provenance de Libye [a] augmenté de 174% », avait affirmé fin mai Makis Voridis, l’ancien ministre grec des Migrations.
    Depuis un an, la petite île de Gavdos, située au large de l’île grecque et ne comptant que quelque 200 habitants, est devenue une zone d’arrivées pour les migrants partis des rives de l’est libyen. Les plages de Tripiti et Karave voient débarquer ces derniers mois un afflux d’exilés sans précédent, principalement des Égyptiens, mais aussi des Pakistanais, Bangladais, Soudanais et Yéménites.
    Au total, 5 161 ont débarqué à Gavdos et en Crète l’an dernier, soit six fois plus qu’en 2023, où l’on comptait 815 arrivées.
    L’UE se rend « complice d’horribles violations des droits humains »
    Cette nouvelle visite d’une délégation de l’UE est vivement critiqué par les ONG. Amnesty International a affirmé mardi que la coopération migratoire de l’Union européenne avec la Libye était « dépourvue de moralité » et revenait à « se rendre complice d’horribles violations des droits humains ».L’ONG a évoqué les « conditions épouvantables » auxquelles sont confrontés migrants et réfugiés en Libye, et a appelé l’UE à « réévaluer en urgence » son soutien « aux autorités et aux milices libyennes ».
    Depuis 2017, un accord entre la Libye et l’Italie soutenue par Bruxelles autorise Tripoli à prendre en charge la coordination des sauvetages en Méditerranée centrale (tâche qui incombait auparavant à Rome ou à La Valette, à Malte). Le but : « endiguer » les arrivées de migrants en Europe. Depuis cet accord, non seulement la Libye est autorisée à arrêter les embarcations de migrants qui partent de ses côtes, mais le pays bénéficie aussi d’une aide financière et logistique de l’Union européenne : Rome équipe les autorités libyennes et les forme aux interceptions. Lorsqu’ils sont interceptés en mer par les gardes-côtes libyens, les migrants sont envoyés dans des prisons gérées par le département de lutte contre l’immigration illégale (DCIM) où les abus, les tortures, les viols, les travaux forcés, la malnutrition… sont légion. Pour en sortir, les exilés doivent débourser une importante somme d’argent. Certains, totalement démunis, peuvent passer des années enfermés dans les geôles libyennes.
    Un récent rapport de Médecins sans frontières (MSF) a, une nouvelle fois, mis en lumière les pratiques de torture à grande échelle dont sont victimes les migrants dans le pays. De janvier 2023 à février 2025, le projet MSF à Palerme (Sicile) a aidé 160 survivants de torture ayant traversé la Méditerranée. Originaires de 20 pays - principalement du Bangladesh, de la Gambie, de la Côte d’Ivoire et du Nigeria -, ce sont en majorité des hommes (75 %) d’une moyenne d’âge de 25 ans. Dans 82 % des cas, la torture a eu lieu dans un pays de transit, en majorité en Libye. Et les formes de sévices y sont multiples et systématiques. Sur un total de 181 incidents de torture signalés, « 17 types de violences infligées ont été identifiés, notamment des coups, des coups de fouet, des brûlures, l’ablation des ongles, des décharges électriques et la suffocation, entre autres », note MSF.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#libye#UE#mediterranee#routemigratoire#politiquemigratoire#sante#droit

  • Sénégal : l’armée intercepte 201 migrants en partance pour l’Espagne dans le delta du Sine Saloum - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65683/senegal--larmee-intercepte-201-migrants-en-partance-pour-lespagne-dans

    Sénégal : l’armée intercepte 201 migrants en partance pour l’Espagne dans le delta du Sine Saloum
    Par RFI Publié le : 10/07/2025
    Dans la nuit du mardi 8 au mercredi 9 juillet, 201 migrants ont été interceptés dans le delta du Sine Saloum, une zone devenue depuis un an un point de départ privilégié pour les candidats à l’émigration clandestine depuis le Sénégal.
    Au Sénégal, 201 candidats à l’émigration clandestine ont été interceptés par la marine juste avant de prendre la mer pour l’Espagne depuis les eaux du Sine Saloum. Ce delta formé par la confluence de deux fleuves, situé à environ 170 km au sud de Dakar, concentre une grande partie des départs vers la Canaries depuis un an. L’interpellation s’est déroulée dans la nuit du mardi 8 au mercredi 9 juillet. Alors qu’un petit bateau de la marine sénégalaise patrouille dans la zone, celui-ci tombe sur un groupe de 69 personnes rassemblées à terre. Composé d’une majorité d’hommes, il compte aussi quelques femmes et des enfants, selon un communiqué de l’armée sénégalaise.
    Cent trente-deux individus étaient quant à eux cachés dans une pirogue qui se trouvait juste à côté, prête à partir en direction des îles Canaries. Composé d’une myriade de bras de fleuves - les bolongs - qui mènent directement à l’océan Atlantique et transforme la zone en un vrai gruyère potentiellement plus difficile à surveiller, le parc naturel du Sine Saloum est devenu, depuis un an, l’un des points de départ privilégiés des candidats à l’émigration clandestine depuis le Sénégal. Dans une nouvelle tentative de mettre fin à l’hémorragie qui touche l’ensemble des côtes sénégalaises et notamment les zones de pêche selon l’ONG de protection des migrants Horizons sans frontières, la marine sénégalaise avait fait installer l’an dernier une station de surveillance à Foundiougne, l’une des villes situées à l’entrée du parc.

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#routemigratoire#migrationirrreguliere#canaries#foundiougne#sinesaloun#sante

  • Grèce : des centaines de migrants secourus durant le week-end au large des îles de Gavdos et de Crète - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65594/grece--des-centaines-de-migrants-secourus-durant-le-weekend-au-large-d

    Grèce : des centaines de migrants secourus durant le week-end au large des îles de Gavdos et de Crète
    Par La rédaction Publié le : 07/07/2025
    Des centaines de migrants ont été secourus au large des îles de Gavdos et de Crète entre dimanche et lundi, a indiqué la police portuaire grecque. Face à ces arrivées, Athènes veut déployer des frégates en mer pour bloquer les embarcations.
    Au total, plus de 600 migrants ont été secourus au large des îles grecques de Gavdos et de Crète dimanche 6 juillet, selon la police portuaire grecque. Parmi eux, un groupe de 442 personnes à bord d’un bateau de pêche ont été secourues par un cargo battant pavillon du Panama qui naviguait dans la zone, avant d’être transférées par des patrouilleurs grecs au port d’Agia Galini, en Crète. Le même jour, l’agence de surveillance des frontières européennes Frontex a porté assistance à 96 migrants à bord de deux bateaux au large de la Crète, ont indiqué les gardes-côtes grecs.Lors d’un autre incident survenu dimanche, un média grec a publié des images montrant des dizaines de migrants sautant d’un bateau rapide dans l’eau avant d’atteindre les côtes du sud de la Crète.
    Les arrivées en mer de migrants tentant d’atteindre l’Europe depuis le nord-est de la Libye se sont multipliées ces derniers mois. Les candidats au départ sont principalement originaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Parmi eux, de nombreux Soudanais dont le pays est déchiré par la guerre, mais aussi beaucoup d’Égyptiens et de Bangladais.
    Le mois dernier, Athènes a déclaré qu’elle déploierait deux frégates près des eaux territoriales libyennes pour aider à endiguer le flux. Elle a également exhorté la Libye à coopérer plus étroitement avec la Grèce et l’Union européenne afin d’arrêter les migrants qui partent de ce pays ou de les refouler avant qu’ils ne quittent les eaux territoriales libyennes.Le ministre grec des Affaires étrangères, George Gerapetritis, s’est rendu à Benghazi dimanche pour discuter de la migration avec le commandant militaire de l’est de la Libye, Khalifa Haftar.
    « Nous poursuivrons nos relations sans perturbation (...) et nous espérons que dans un avenir proche, nous aurons des résultats tangibles pour le progrès de nos relations », a déclaré le ministre après avoir rencontré Khalifa Haftar.Ces dernières années, les départs de bateaux de migrants depuis Tobrouk, dans l’est de la Libye, en direction de la Crète ou de l’Italie se multiplient.
    Depuis un an, la petite île de Gavdos, qui ne compte que quelque 200 habitants, est devenue une zone d’arrivées pour les migrants partis des rives de l’est libyen. Les plages de Tripiti et Karave voient débarquer ces derniers mois un afflux d’exilés sans précédent, principalement des Égyptiens, mais aussi des Pakistanais, Bangladais, Soudanais et Yéménites.
    Selon la police portuaire grecque, 7 300 migrants sont arrivés en Crète et à Gavdos depuis le début de l’année, contre 4 935 sur toute l’année 2024. Depuis début juin seulement, 2 550 arrivées ont été enregistrées.Cette augmentation pose le problème de l’accueil des demandeurs d’asile sur ces îles dénuées de structures. Selon le média grec Ekathiremini, lors d’une récente visite en Crète, le ministre Makis Voridis a appelé à la création d’un centre d’accueil temporaire à Héraklion ou à Lasithi.
    Fin mai, le ministre des Migrations grec, Makis Voridis, a fait état d’une nette augmentation des arrivées irrégulières depuis la Libye vers la Grèce au cours des premiers mois de 2025. « Grâce à une protection efficace des frontières et à une meilleure coopération avec la Turquie, les flux d’immigration ont diminué d’environ 30 % au cours des quatre premiers mois, bien que l’afflux en provenance de Libye ait augmenté de 174 % », a-t-il déclaré le 22 mai. Athènes reste aussi marquée par le drame de Pylos en juin 2023, lors duquel un chalutier bondé avait sombré au large du Péloponnèse, en Grèce, tuant plus de 600 migrants. Le bateau était là encore parti de Tobrouk, en direction de l’Italie.

    #Covid-19#migrant#migration#libye#grece#mediterranee#frontiere#routemigratoire#frontex#sante

  • « 30 % des décès de personnes à la rue ont lieu l’été » : face à la canicule, les migrants particulièrement vulnérables - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65476/30--des-deces-de-personnes-a-la-rue-ont-lieu-lete--face-a-la-canicule-

    « 30 % des décès de personnes à la rue ont lieu l’été » : face à la canicule, les migrants particulièrement vulnérables
    Par Julia Dumont Publié le : 01/07/2025
    La France connaît cette semaine un important épisode de canicule. Plusieurs départements ont été placés en vigilance rouge et orange. La population est appelée à se mettre à l’abri du soleil et de la chaleur. Une recommandation impossible à mettre en oeuvre pour les migrants qui vivent à la rue en région parisienne ou sur le littoral nord de la France.
    Dans les campements de migrants situés sur le littoral nord de la France, autour de Calais et Dunkerque, le problème de l’accès à l’eau n’est pas nouveau. Mais chaque été, les fortes chaleurs et le manque d’eau mettent en danger la santé des personnes exilées. Pour les associations citoyennes qui leur viennent en aide, la situation est extrêmement préoccupante. Surtout pendant l’épisode caniculaire qui s’est abattu sur la France depuis le lundi 30 juin et jusqu’au mercredi 2 juillet.
    « À Grande Synthe, il y a un seul point d’eau installé par communauté urbaine de Dunkerque au niveau du point de distribution – une rampe avec 18 robinets - mais il est vraiment très éloigné des lieux de vie donc les gens ont beaucoup de mal à y aller », déplore Salomé, l’une des coordinatrice de l’association Utopia 56 à Grande Synthe qui n’a pas souhaité que son nom de famille soit publié. « On alerte la communauté urbaine de Dunkerque depuis des mois sur le manque d’accès à l’eau mais il ne se passe rien ».
    « La semaine dernière, il y a eu une grosse expulsion et la rampe a été détruite ’par erreur’. Elle a été réparée mais l’eau qui coulait était souillée donc on a encore alerté la communauté urbaine de Dunkerque. La rampe a été réparée de nouveau mais, entre temps, les gens sont restés sans eau potable pendant 48 heures », dénonce-t-elle.
    Les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais, comme partout ailleurs, recommandent de fuir la chaleur mais aucune mesure concrète ne semble avoir été mise en place pour protéger les populations migrantes. Contactées par InfoMigrants, ces dernières n’ont pas répondu à nos sollicitations. Face à ce manque d’eau sur les campements, des exilés boivent et se lavent dans l’eau du canal qui passe juste à côté des campements où vivent quelque 1 500 personnes, dont de nombreuses familles avec enfants. « Ce sont des pratiques dangereuses, car les berges ne sont pas du tout sécurisées. Il y a trois ans, un jeune homme soudanais s’est noyé en voulant se laver dans le canal », alerte Diane Léon, coordinatrice de Médecins du monde sur le littoral français.
    « Par ailleurs, on essaye de sensibiliser les gens sur les dangers de la consommation d’eau non potable […] Il y a de jeunes enfants sur les camps et une diarrhée chez un enfant en bas âge, ça peut vite mal tourner », ajoute-t-elle.Chaque mois, l’ONG recense les principales pathologies rencontrées chez les migrants des camps. Entre les mois d’avril et mai, les consultations pour des maux de ventre sont passées de 8 % à 13 %, ont observé les équipes soignantes.
    Lundi 30 mai, Médecins du monde a envoyé un courrier à la communauté urbaine de Dunkerque et à la sous-préfecture pour alerter sur cette situation.
    Dans ce contexte, les humanitaires dénoncent un manque de prise en charge des autorités. Autour de Dunkerque, c’est l’association Afeji qui est mandatée par l’Etat pour mettre à l’abri les personnes qui le souhaitent, mais le dispositif est précaire, selon les associations. « Normalement l’Afeji propose des mises à l’abri en CAES [centre d’accueil et d’examen de la situation, ndlr] du lundi au vendredi mais ils ne viennent pas tout le temps. Tous les matins, on ne sait pas s’il y aura des mises à l’abri », regrette Salomé qui dénonce un « abandon » des familles souhaitant quitter les camps après les récentes fusillades.
    À Calais, la situation n’est pas meilleure. Pour compléter le seul point d’accès à l’eau installé dans la ville, l’association Calais Food Collective remplit des cuves de 1 000 litres d’eau potable à proximité des campements. En été, la fréquence des tentatives de traversées de la Manche associée aux fortes chaleurs multiplie les risques pour la santé des migrants, souligne Angèle Vetorello, coordinatrice d’Utopia 56 à Calais.
    « Actuellement, il y a plus de 2 000 personnes présentes sur plus de 150km de côtes. Et les personnes passent plusieurs jours dans les dunes, sans eau ni nourriture, entre deux tentatives de traversées », indique-t-elle.L’association est très fréquemment appelée au petit matin par des personnes dans les dunes. « Ce dont ils ont le plus besoin, c’est de nourriture et d’eau et aussi souvent de vêtements secs car ils sont mouillés après une tentative avortée », précise Angèle Vetorello.
    En région parisienne – placée en vigilance rouge canicule – la situation est très préoccupante également. Au moins 36°C sont attendus dans la capitale mardi après-midi, avec un ressenti plus important encore. « Paris est une ville extrêmement suffocante et sur les lieux de vie des personnes migrantes, les matériels, comme les tentes qui sont gages d’un peu de sécurité, font effet serre donc il fait vite 10 degrés de plus dedans », met en garde Nathan Lequeux, coordinateur d’Utopia 56 à Paris. « Donc les personnes, rentrent dans leur camp beaucoup plus tard le soir pour essayer de profiter d’un peu de fraîcheur ». Et le responsable d’alerter : « L’été est tout aussi dévastateur et brutal pour les personnes vivant dehors. 30 % des décès de personnes à la rue ont lieu l’été ». D’autant plus que, contrairement à l’hiver et en raison des grandes vacances, les associations connaissent souvent une démobilisation durant l’été.
    Face à la chaleur, « on demande des mises à l’abri et que soit mis en place des points d’eau près des lieux de vie ainsi que des veilles de secours », poursuit Nathan Lequeux. Face à la canicule, « le risque [pour la santé] s’accroît quand les personnes à la rue ont une santé fragile, ce qui va souvent de pair. Elles ont des troubles psychiatriques, des addictions ou doivent prendre des médicaments », explique Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre). Le plan « grand chaud », expérimenté en ce moment par la ville de Paris avec un renforcement des maraudes notamment, est une bonne chose mais il « faut arrêter d’avoir uniquement des actions en fonction de la température », souligne-t-il.Selon le recensement réalisé lors de la nuit de la Solidarité, au moins 4 000 personnes sont sans abri à Paris.

    #Covid-19#migrant#migration#france#canicule#sansabri#sante#camp#expulsion#santementale

  • Près de 20 000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l’année, un record - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65488/pres-de-20-000-migrants-ont-traverse-la-manche-depuis-le-debut-de-lann

    Près de 20 000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l’année, un record
    Par La rédaction Publié le : 01/07/2025
    Près de 20 000 migrants ont traversé la Manche depuis le 1er janvier. Jamais un tel chiffre n’avait été enregistré pour les six premiers mois de l’année, même lors des arrivées records de 2022 où plus de 45 700 exilés avaient rejoint le Royaume-Uni en traversant la Manche.
    Depuis le début de l’année, les records des traversées de la Manche s’enchaînent. Selon les derniers chiffres du ministère britannique de l’Intérieur, 19 982 migrants ont traversé le bras de mer qui relie les côtes françaises des rives anglaises depuis le 1er janvier. La plupart des personnes arrivant par petits bateaux viennent d’Afghanistan, de Syrie, d’Érythrée, d’Iran.Ce chiffre est en augmentation de 48 % par rapport à 2024 (13 489 traversées recensées) et de 75 % par rapport à 2023 (11 433 traversées recensées).
    C’est la première fois depuis l’apparition du phénomène des « small boats » en 2018 que ce seuil est dépassé si tôt dans l’année. Cela ne s’était pas non plus produit en 2022 alors que cette année avait vu des records d’arrivées avec plus de 45 700 exilés enregistrés par les services britanniques.
    Ces chiffres sont « clairement inacceptables », a réagi dans la presse locale un porte-parole du Home Office. « Soyons clairs : l’augmentation des chiffres ces dernières années s’explique par le fait que ces gangs ont été autorisés à implanter des entreprises de contrebande à grande échelle dans toute l’Europe », a-t-il tenté de justifier. Reste que ces chiffres accentuent encore la pression sur le gouvernement travailliste du Premier ministre Keir Starmer, qui a promis de lutter contre l’immigration illégale et qui fait face à la montée du parti anti-immigration Reform UK. « Un an après l’arrivée au pouvoir du parti travailliste, les bateaux ne se sont pas arrêtés, ils se sont multipliés », a estimé Chris Philp, député du parti conservateur.
    Mi-juin, le chef du gouvernement avait admis, en marge du sommet du G7 au Canada, que la crise des petits bateaux dans la Manche se « détériorait ». Pour Keir Starmer, « la migration devrait être une priorité compte tenu de la détérioration de la situation dans la Manche ». Et la France et le Royaume-Uni devraient continuer à « travailler en étroite collaboration » pour « trouver des moyens novateurs de faire avancer les choses ». Comprendre : enrayer les traversées irrégulières entre les deux pays.Les deux dirigeants, français et britannique, ont convenu de se focaliser sur cette question migratoire lors du prochain sommet entre le Royaume-Uni et la France. Le président français est attendu du 8 au 10 juillet à Londres pour une visite d’État.
    Comme ses prédécesseurs, le Premier ministre a fait de la lutte contre l’immigration irrégulière sa priorité. Les accords se sont multipliés ces dernières années. En 2023, le précédent gouvernement conservateur avait finalisé un accord pour donner à la France près de 500 millions d’euros sur trois ans pour militariser davantage la frontière française et empêcher les migrants de faire la traversée. Dernier rendez-vous officiel en date : en février 2025. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur français et Yvette Cooper, son homologue britannique, ont prolongé jusqu’en 2027 leur traité contre l’immigration clandestine, par lequel les Britanniques financent une partie des contrôles menés côté français.
    Pour faire face à cette hausse des départs depuis les côtes françaises, la France envisage de changer de doctrine : autoriser les forces de police à intercepter les migrants en mer. Jusqu’à présent, le droit maritime interdit aux policiers d’entrer dans l’eau et d’interpeller les bateaux.En 2021, Priti Patel, alors ministre de l’Intérieur britannique, avait déjà pressé la France de mettre en place ce genre d’opérations. Mais ce projet avait été rapidement abandonné suite au refus de la France de mener des pratiques contraires au droit maritime international.
    Particulièrement dangereuses, les traversées de la Manche dans ces frêles embarcations pneumatiques provoquent régulièrement des drames. L’année 2024 a été la plus meurtrière recensée depuis 2018 : 78 personnes sont mortes dans une vingtaine de naufrages recensés, selon l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim). Et depuis le début de l’année, au moins 17 personnes sont mortes en tentant de rallier l’Angleterre par la mer, selon le ministère de l’Intérieur français.

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#traversee#manche#mortalite#routemigratoire#migrationirreguliere#sante

  • L’Ofii remplace ses cours de français par une plateforme numérique, les associations dénoncent « une dégradation du service public » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65492/lofii-remplace-ses-cours-de-francais-par-une-plateforme-numerique-les-

    L’Ofii remplace ses cours de français par une plateforme numérique, les associations dénoncent « une dégradation du service public »
    Par Romain Philips Publié le : 01/07/2025
    La plupart des formations de français dispensées aux étrangers par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) vont être remplacées par une plateforme numérique. Seuls les exilés qui ne parlent ni n’écrivent le français auront toujours des cours en présentiel. Un changement qui inquiète les acteurs de terrain.
    Les étrangers qui passent par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) pour une première demande de titre de séjour ou de protection internationale ne seront plus envoyés en classe pour parfaire leur niveau en langue.
    Dorénavant, les signataires du contrat d’intégration républicaine (CIR) – un accord obligatoire pour obtenir son premier titre de séjour en France – seront redirigés vers une plateforme numérique sur laquelle ils devront apprendre le français de manière autonome.
    Auparavant, les personnes étaient orientées, selon leur niveau d’études et de français, vers des formations linguistiques d’une durée de 100, 200 ou 400 heures. Désormais, seuls les étrangers ne sachant ni parler ni écrire le français, et nécessitant une formation de 600 heures, poursuivront leur apprentissage en présentiel.
    Une nouvelle plateforme sera mise en place en août, sur laquelle « le nombre d’heures ne sera plus limité, avec des contrôles de l’évolution de l’apprentissage pour accompagner les personnes », explique à InfoMigrants Didier Leschi, directeur général de l’Ofii. « Cette nouvelle modalité est avantageuse pour les personnes déjà en situation de travail ou demeurant loin des lieux de formation, ce qui génèrerait des coûts de déplacement », pense-t-il.
    Mais cette révolution numérique inquiète les acteurs du secteur. Marianne Bel, chargée de projet « apprentissage du français » à La Cimade et membre du collectif interassociatif Le Français pour tous, redoute tout d’abord une « rupture dans les formations ». « La plateforme n’est pas encore en place, et donc durant juillet-août, il n’y a plus de cours. La réponse à l’appel d’offres n’est pas encore parue officiellement, et le prestataire aura deux mois pour configurer sa plateforme, ce qui reporterait le début à septembre », s’inquiète-t-elle.
    De son côté, Didier Leschi confirme « un temps d’adaptation » et « des aménagements à faire », mais avance un lancement au 1er août. Il concède donc « un mois sans cours ». « Et il y a moins de cours l’été », tempère-t-il.En outre, Marianne Bel redoute « une vraie dégradation du service public ». Elle s’inquiète des conséquences du 100 % distanciel pour les migrants : « Cela remet en question l’égalité des chances. Il faut avoir du temps pour l’apprentissage en ligne, un espace à soi où l’on peut s’isoler pour travailler, ne pas être perturbé, etc. C’est compliqué ».
    Dans cette nouvelle formule, le professeur de français sera remplacé par une intelligence artificielle, signe, selon le collectif, d’un « échec annoncé de l’Ofii pour accompagner les personnes dans l’appropriation et la maîtrise du français ». Le collectif estime en effet que « l’apprentissage d’une langue ne peut être dissocié de l’accueil et d’interactions humaines ».
    Les associations craignent également que des migrants, parfois éloignés du milieu scolaire depuis longtemps en raison de leur parcours migratoire, peinent face à un apprentissage isolé devant un écran. « Être tout seul, c’est compliqué. Il faut savoir organiser un apprentissage », commente Marianne Bel. Le directeur de l’Ofii estime pour sa part que le distanciel a fait ses preuves : « Cela marche très bien, il est utilisé dans des pays comme l’Allemagne. l’ONG Bibliothèques sans frontières utilise avec beaucoup de succès ce type d’outils », assure-t-il. En Allemagne par exemple, où la délivrance de la carte de résident est conditionnée à un niveau B1, en plus des formations en ligne, l’État prend en charge 700 heures de formation, selon l’étude d’impacts du Sénat sur la loi Darmanin.
    Enfin, cette transformation numérique intervient alors qu’une partie de la loi immigration de 2024, prévoyant un relèvement du niveau de français nécessaire à l’obtention d’un titre de séjour, doit entrer en vigueur d’ici la fin de l’année. « Maintenant, avec le même nombre d’heures, il faudra atteindre le niveau A2. Il y a un relèvement des exigences d’un côté, et une dégradation du service public de l’autre. Ça va aussi plonger certaines personnes dans l’irrégularité », estime Marianne Bel.
    Selon le rapport sénatorial, « environ 15 000 à 20 000 signataires se verraient refuser une carte de séjour si l’on exigeait le niveau A2 sans modification du nombre d’heures de formation proposées dans le cadre du CIR ». Les bénéficiaires de la protection internationale ne sont pas concernés par la mesure « car ils se voient attribuer un titre de séjour de plein droit lié à leur statut », précise le rapport. Villes et associations craignent de devoir combler ce manque de formation. « Les personnes vont faire face à des exigences déterminantes pour leur titre de séjour, sans formation adéquate. Elles vont donc se tourner vers des associations bénévoles », anticipe la chargée de projet à La Cimade, qui craint de voir ces associations être « submergées » à la rentrée.

    #Covid-19#migrant#migration#france#OFII#integration#immigration#langue#sante

  • Route des Canaries : pour éviter les contrôles, de nouveaux itinéraires encore plus dangereux

    La route migratoire vers les Canaries connait une nette mutation ces dernières semaines : pour éviter le renforcement des contrôles en #Mauritanie et au #Sénégal, les départs de #pirogues clandestines se font désormais de plus en plus depuis la #Guinée. Ce nouvel #itinéraire emprunté par les migrants, en allongeant la durée de la traversée, rend le trajet encore plus dangereux.

    La route migratoire vers les Canaries connait une nette #reconfiguration ces dernières semaines. Alors qu’habituellement les pirogues de migrants tentaient de rejoindre clandestinement les #îles_Canaries depuis le Sénégal, la Mauritanie ou encore le #Maroc, désormais, les départs se sont déplacés.

    Les embarcations de fortune se font de plus en plus depuis le Sud, en Guinée, a déclaré ce jeudi le délégué du gouvernement aux Canaries, Anselmo Pestana. Ce dernier insiste aussi sur le changement de route de certains migrants qui optent pour l’Algérie, dans le but d’atteindre l’Espagne via les Baléares.

    D’après le délégué, ces changements d’itinéraire opérés par les passeurs est du au renforcement des contrôles menés au Sénégal et en Mauritanie depuis le début de l’année.

    Cette nouvelle route guinéenne vers les Canaries s’avère cependant particulièrement dangereuse, puisqu’en allongeant la traversée, elle augmente également les risques de #naufrages et de #dérive des embarcations. Anselmo Pestana a ainsi mis en garde contre ce changement et exprimé son inquiétude face aux risques accrus pour les migrants.

    Sur la seule année 2024, l’ONG espagnole Caminando Fronteras a établi un bilan de 10 457 personnes mortes ou disparues en mer. Le bilan de ces « naufrages invisibles » est largement sous-estimé puisqu’un grand nombre d’embarcations disparaissent en mer sans que l’on ne retrouve jamais leur trace.

    Au cours de l’année 2024, 46 843 exilés, principalement en provenance d’Afrique de l’Ouest, ont atteint les îles Canaries. Du jamais vu pour l’archipel espagnol, qui fait face depuis plusieurs mois à une saturation de plus en plus importante de son système d’accueil.

    Des itinéraires plus lointains pour échapper aux contrôles

    D’après l’Agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes, Frontex, une baisse de 41% des arrivées de migrants irréguliers sur les îles Canaries a été enregistrée depuis le début de l’année. En novembre 2024, 7 338 arrivées ont été comptabilisées contre 445 en mai 2025. Le délégué du gouvernement aux Canaries, a souligné que le nombre d’arrivées est passé d’environ 19 100 personnes au premier semestre 2024 à 11 300 personnes pour la même période en 2025.

    Cette diminution notable est le résultat du renforcement des contrôles policiers au Sénégal et en Mauritanie, ainsi que des #accords de #coopération_bilatérale récents entre les autorités de ces pays et celles espagnoles pour endiguer les flux migratoires. Ces derniers mois, avec l’appui de la Garde civile et de la police nationale espagnoles, des opérations de démantèlement de réseaux de traite d’êtres humains se sont multipliées dans ces pays d’Afrique de l’Ouest. En avril 2024, la gendarmerie mauritanienne a notamment démantelé un vaste réseau, arrêtant 117 personnes et saisissant d’importantes quantités de matériel.

    Cependant, ces résultats sont trompeurs. Malgré les mois avec une plus faible activité, Frontex souligne que « la pression sur les îles Canaries reste élevée, supérieure à la moyenne des années précédentes, en raison de l’instabilité persistante au Sahel et du développement des réseaux de passeurs en Mauritanie ». La tendance à la baisse ne devrait donc pas se maintenir, souligne l’agence. D’autant que comme chaque année, l’amélioration des conditions météorologiques durant l’été, laisse présager une hausse des arrivées aux Canaries, particulièrement entre août et novembre.

    Et contrairement aux idées reçues, les chiffres officiels ne traduisent pas un ralentissement de la migration par la route atlantique mais plutôt une reconfiguration des voies migratoires vers l’Europe.

    Car pour éviter les contrôles, les réseaux mafieux de passeurs ont adapté leur stratégie en déviant les routes : les nouveaux épicentres des départs d’embarcations précaires et surchargées sont désormais localisés en Guinée, un pays moins surveillé.

    La #Guinée-Bissau est également un lieu de départ de plus en plus privilégié. Ses 200 km de côtes, difficiles à surveiller, en font un point de départ important, principalement via l’#archipel_des_Bijagos (88 îles) distant de plus de 1800 km des Canaries.

    Une #dangerosité des traversées exacerbée

    Cette nouvelle voie migratoire, du fait de son éloignement des Canaries, s’avère être beaucoup plus meurtrière.

    « Le risque est bien plus élevé pour la vie des personnes qui tentent de se rapprocher des Canaries, car elles essaient de s’éloigner de la côte » pour échappe aux contrôles a alerté le délégué du gouvernement aux Canaries. Il a précisé que ces traversées peuvent durer jusqu’à dix jours, ce qui multiplie les probabilités de naufrage des embarcations ainsi que les dérives en pleine mer. En partant de Guinée, les migrants se lancent dans une traversée de plus de 2 200 km jusqu’à #El_Hierro (Canaries), soit 750 km de plus qu’en partant depuis le Sénégal ou bien de Gambie. Les dangers en pleine mer sont donc considérablement accentués (vagues, pénuries d’eau et de nourriture, risque de panne, d’insolation).

    Les ONG alertent régulièrement sur les « #bateaux_fantômes », des embarcations qui errent en mer, dont les passagers ont parfois pu rentrer en contact avec les ONG mais dont le contact a été perdu. Les embarcations sont donc livrées à elles-mêmes, en pleine mer, à la merci des intempéries.

    « Il existe également un risque qu’elles se perdent dans l’océan Atlantique et aillent vers les Caraïbes ou le #Brésil » a-t-il précisé. Plusieurs pirogues parties des côtes ouest-africaines ont par le passé déjà été retrouvées en Amérique du Sud ou centrale.

    La tragédie survenue fin mai à La Restinga (îles Canaries), où un bateau parti de Guinée-Conakry a chaviré à quelques mètres du quai après plus de dix jours en mer, tuant quatre femmes et trois jeunes filles, illustre dramatiquement les conséquences de cet allongement des itinéraires.

    En ce qui concerne la route algérienne, le trajet n’est pas plus sûr. Des embarcations contenant des cadavres de migrants subsahariens ligotés ont récemment été découvertes aux #Baléares, signe que les itinéraires migratoires sont en constantes évolution. Une enquête est en cours.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/65427/route-des-canaries--pour-eviter-les-controles-de-nouveaux-itineraires-
    #mise_en_danger #migrations #réfugiés #route_atlantique #risques #contrôles_frontaliers #frontières #militarisation_des_frontières #accords_bilatéraux #mortalité #létalité #mourir_en_mer
    ping @6donie

  • Contrôle d’identité au faciès : la #Cour_européenne_des_droits_de_l'homme condamne la France

    La Cour européenne des droits de l’homme a donné raison à #Karim_Touil jeudi et condamné la France pour un contrôle d’identité discriminatoire. L’homme avait été contrôlé trois fois en dix jours en 2011.

    La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la France pour un contrôle d’identité discriminatoire jeudi 26 juin, mais donné tort à cinq autres Français qui dénonçaient des contrôles au faciès.

    Le requérant qui a obtenu gain de cause, Karim Touil, avait subi trois contrôles d’identité en l’espace de dix jours en 2011. Dans son arrêt rendu jeudi, la Cour relève qu’il n’a pas été apporté de « justification objective et raisonnable » de viser Karim Touil pour aucun des trois contrôles.

    Tout en se disant « bien consciente des difficultés pour les agents de police de décider, très rapidement et sans nécessairement disposer d’instructions internes claires, s’ils sont confrontés à une menace pour l’ordre ou la sécurité publics », la cour conclut qu’il existe dans le cas de Karim Touil, « une présomption de traitement discriminatoire à son égard et que le gouvernement n’est pas parvenu à la réfuter ».

    La France est par conséquent condamnée pour violation de l’article 14 de la Convention européenne des droits de l’homme, relative à l’interdiction de la discrimination, combiné avec l’article 8 (droit au respect de la vie privée et familiale).

    L’État doit verser 3 000 euros à Karim Touil pour dommage moral.
    Empêcher les contrôles discriminatoires

    En revanche, la cour a jugé que les contrôles subis par les cinq autres requérants n’ont pas été effectués pour des motifs discriminatoires. Elle ne relève pas l’existence de défaillance structurelle en la matière.

    C’est l’épilogue d’un long combat judiciaire pour ces six Français, d’origine africaine ou nord-africaine et résidant à Roubaix, Marseille, Vaulx-en-Velin, Saint-Ouen et Besançon. Tous dénonçaient des « contrôles au faciès », subis en 2011 et 2012.

    Après avoir perdu devant la justice française, ils ont saisi en 2017 la CEDH, qui veille au respect de la Convention européenne des droits de l’homme dans les 46 États qui l’ont ratifiée.

    Ils demandaient à la cour de condamner la France pour discrimination, violation de leur vie privée et de leur liberté de circulation.

    Ils souhaitaient aussi contraindre les autorités françaises à mettre en place des mesures pour empêcher les contrôles discriminatoires et garantir une traçabilité de ces contrôles, avec la remise d’un récépissé lors de chaque contrôle d’identité, par exemple.

    Ces six requérants font partie d’un groupe de 13 hommes qui s’étaient lancés dans un combat judiciaire, dénonçant des contrôles injustifiés, parfois associés à des palpations, des insultes ou du tutoiement.

    Après avoir perdu en première instance en 2013, les plaignants avaient fait appel et en 2015, la cour d’appel de Paris avait donné raison à cinq d’entre eux, condamnant l’État à verser 1 500 euros de dommages et intérêts à chacun.

    En 2016, la Cour de cassation avait définitivement condamné l’État dans trois dossiers, une première historique.

    Six hommes qui n’avaient pas obtenu gain de cause avaient décidé de porter l’affaire devant la CEDH.

    >> À lire aussi : Contrôle au faciès : que font les autres pays pour y mettre fin ?
    Augmentation des contrôles

    La proportion de personnes ayant fait l’objet d’un contrôle d’identité a fortement augmenté entre 2016 et 2024, selon une enquête du Défenseur des droits (DDD) dévoilée mardi, pour laquelle 5 030 personnes ont été interrogées.

    En 2024, 26 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été contrôlées par la police ou la gendarmerie au moins une fois au cours des cinq dernières années, contre 16 % en 2016.

    Les hommes jeunes et perçus comme arabes, noirs ou maghrébins ont quatre fois plus de risques de faire l’objet d’au moins un contrôle d’identité que le reste de la population et 12 fois plus de risques d’avoir un contrôle poussé (fouille, palpation, ordre de partir), révèle cette enquête.

    Plus d’une personne sur deux (52 %) déclare ne pas avoir reçu de justification du contrôle et 19 % des personnes contrôlées évoquent des comportements inappropriés de la part des forces de l’ordre lors du contrôle (tutoiements, insultes, provocations, brutalité).

    Au regard de ces résultats, la Défenseure des droits Claire Hédon a émis plusieurs recommandations, dont la traçabilité des contrôles d’identité afin de garantir aux personnes contrôlées la possibilité d’exercer un recours, notamment en cas d’allégation de discrimination.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/65400/controle-didentite-au-facies--la-cour-europeenne-des-droits-de-lhomme-
    #contrôles_au_faciès #France #condamnation #justice #CEDH #contrôles_d'identité #discrimination #statistiques #chiffres

  • Avec plus de 7 000 arrivées de migrants en six mois, l’île de Gavdos se dit face à un « fardeau » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65359/avec-plus-de-7-000-arrivees-de-migrants-en-six-mois-lile-de-gavdos-se-

    Avec plus de 7 000 arrivées de migrants en six mois, l’île de Gavdos se dit face à un « fardeau »
    Par La rédaction Publié le : 25/06/2025
    Selon la police grecque, 7 300 migrants sont arrivés sur la minuscule île de Gavdos - et sur les côtes de Crète - depuis le début de l’année. Mais les deux îles ne disposent pas d’infrastructures suffisantes pour accueillir cette population vulnérable, partie de Tobrouk, à l’est de la Libye. Nouvelle alerte de la maire de Gavdos, dans le sud de la Crète. Lilian Stefanakis s’inquiète des arrivées de plus en plus fréquentes de migrants sur ses côtes alors que la petite île ne dispose pas d’infrastructures suffisantes pour les accueillir. « C’est un important fardeau », a-t-elle assuré dans une interview à la radio publique grecque Ert. « Nous n’avons pas la compétence pour gérer ces flux [...] Des solutions institutionnelles doivent être trouvées », a insisté l’édile.
    Voisine de la Crète, Gavdos est une île de seulement 30 km2 et qui ne compte que 70 habitants hors saison, et quelques magasins. Elle est située à environ 300 km de la ville libyenne de Tobrouk, dans l’est du pays. Depuis 2023, Gavdos est une porte d’entrée européenne sur une route migratoire moins surveillée que celle à l’ouest de la Libye. Selon la police portuaire, 7 300 migrants sont arrivés en Crète et à Gavdos depuis le début de l’année, contre 4 935 sur toute l’année 2024. Depuis le début du mois de juin, 2 550 arrivées ont été enregistrées.
    La semaine dernière, 731 personnes ont atteint les deux îles en moins de 24 heures. La plupart originaires d’Erythrée, d’Egypte, du Soudan et du Pakistan, et tous étaient partis de Libye. Bien que plus grande que Gavdos, la Crète ne dispose pas non plus de camps pour enregistrer les demandeurs d’asile, et ne propose que des hébergements d’urgence aux exilés avant qu’ils ne soient transférés sur le continent grec. Généralement, les migrants sont logés dans le parc d’exposition d’Agia, à la Canée, avant leur transfert sur le continent. Mais les conditions de vie y sont critiquées.
    En avril 2025, l’association du Centre social de la Canée avait pu entrer dans les locaux et dénoncé « un espace immense, dépourvu des infrastructures nécessaires », avait confié Christina Giannari, militante au sein de l’association et contactée par InfoMigrants. « Il n’y a pas de toilettes, un petit robinet et aucun endroit pour se doucher. Il y a des toilettes chimiques qui, m’ont-ils dit, les dégoûtaient tant elles étaient sales. Il n’y a pas de savon. Ils dorment à même le sol, sur des tapis sales, recouverts de vieilles couvertures fines et sales, trouées. La situation y est misérable ».
    L’établissement accueillait le jour de la visite de l’association une centaine de personnes, dont deux femmes et dix mineurs non accompagnés, originaires principalement d’Égypte, du Bangladesh, du Pakistan et du Soudan. Contacté par InfoMigrants, les autorités grecques avaient affirmé qu’il « n’existe aucun centre d’hébergement affilié au ministère des Migrations et de l’Asile en Crète [...] Le ministère n’a rien à voir avec les conditions de vie des migrants à Agia, La Canée ».Coté politique, Athènes a décidé de serrer la vis pour enrayer les arrivées illégales depuis Tobrouk. « Les passeurs ne feront pas la loi », a averti lundi 23 juin le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, qui a promis d’aborder la question de cette augmentation des flux migratoires venant de Libye lors du prochain sommet européen.
    « Des navires de la marine seront envoyés en dehors des eaux territoriales de la Libye afin de contrôler les flux de migrants illégaux », a-t-il aussi annoncé. Le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis, a ensuite précisé qu’il s’agirait de deux frégates militaires."La semaine dernière, en renfort des gardes-côtes, un navire de Frontex [l’agence européenne de surveillance des frontières, ndlr] a été déployé (...) Certaines étapes sont mises en place mais en raison de sa position géopolitique, l’île a besoin encore de renforts supplémentaires", a lancé Lilian Stefanakis.
    Début juin, le gouvernement grec avait déclaré qu’il souhaitait négocier un accord avec Tripoli pour limiter l’augmentation des départs. Un accord bilatéral sur le même modèle que celui entre l’Italie et la Libye signé en 2017. Depuis février 2017 et la signature d’un accord controversé avec l’Italie, les gardes-côtes libyens sont chargés de stopper les embarcations de migrants en Méditerranée, en échange d’une aide financière italienne. Ces interceptions ont été maintes fois dénoncées par les ONG, rapportant des faits de violences sur les exilés, et des intimidations envers les humanitaires opérant des sauvetages en mer.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#gadvos#libye#routemigratoire#migrationirreuguliere#sante

  • Opération de contrôles dans les transports en France : 691 étrangers interpellés et plus de la moitié relâchés - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65338/operation-de-controles-dans-les-transports-en-france--691-etrangers-in

    Opération de contrôles dans les transports en France : 691 étrangers interpellés et plus de la moitié relâchés
    Par Leslie Carretero Publié le : 24/06/2025
    Selon les informations d’InfoMigrants, 691 étrangers ont été interpellés la semaine dernière lors de l’opération de contrôle renforcé dans les transports, ordonnée par Bruno Retailleau. Parmi les personnes arrêtées, une centaine de personnes ont été reconduites aux frontières et une trentaine ont été placées en rétention. Le reste, soit plus de 500 exilés, ont été relâchés.
    L’opération de contrôle renforcé dans les transports, mercredi 18 et jeudi 19 juin, ordonnée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, a permis l’arrestation de 691 étrangers en situation irrégulière, indiquent les services de la Place Beauvau à InfoMigrants.
    Pendant 48 heures, plus de « 4 000 gendarmes, policiers, douaniers et forces Sentinelle » avaient été mobilisés sur tout le territoire français « pour interpeller des clandestins », avait expliqué le ministre sur CNews.
    Concrètement, les grandes gares françaises, ainsi que les trains régionaux dans les zones frontalières, ont été les zones les plus visées. « Vous veillerez à prioriser, dans toutes les gares ferroviaires, les contrôles des trains à destination des pays voisins et des grandes métropoles françaises, en arrivée comme en départ. Les trains régionaux, en particulier dans les zones frontalières, pourront utilement être contrôlés après sensibilisation des instances régionales concernées », avait détaillé Bruno Retailleau dans sa note adressée aux préfets.
    Au total en deux jours, 844 gares et 1 273 trains ont été contrôlés, précise le ministère de l’Intérieur à InfoMigrants.Parmi les 691 migrants interpellés entre le 18 et le 19 juin, « une centaine » de personnes ont été « reconduites » à la frontière, signale l’équipe de Bruno Retailleau. Cela signifie que ces étrangers ont été arrêtés dans les gares, les trains ou les bus à quelques kilomètres de la frontière française, et expulsés du sol français.Des accords de réadmission avec l’Italie et l’Espagne permettent aux autorités françaises de renvoyer les exilés vers ces pays, quelques heures seulement après leur arrivée dans l’Hexagone.
    Cette pratique, largement dénoncée par les associations depuis des années, avait été jugée illégale par le Conseil d’État en février 2024, qui s’était appuyé sur un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). La plus haute juridiction avait annulé un article du code des étrangers (Ceseda) non conforme au droit européen qui permettait aux forces de l’ordre de prononcer des refus d’entrée aux étrangers arrivés aux frontières françaises en situation irrégulière, sans leur laisser la possibilité de demander l’asile.Après l’opération d’arrestations de la semaine dernière, une « trentaine » de personnes ont aussi été placées en centre de rétention administrative (CRA), en vue de leur expulsion.Les autres ont été relâchés. Environ 200 migrants ont également reçu une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) et « certains » ont été assignés à résidence. Les OQTF ne sont pas suivis systématiquement d’un placement en rétention. Les personnes concernées bénéficient d’un délai « 30 jours pour quitter le territoire français par leurs propres moyens ». Ainsi, sur les 691 migrants arrêtés, plus de 500 ont été libérés.
    Plusieurs syndicats ainsi que le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) avaient dénoncé « une opération xénophobe prenant pour bouc émissaire les plus précaires parmi les précaires ».Ces opérations « s’apparentent à des ’rafles’ », disaient-ils dans leur communiqué, en déplorant une « escalade nauséabonde visant des travailleurs et travailleuses qui se rendent sur le lieu de travail et qui aujourd’hui et demain, un peu plus que d’habitude, le feront la peur au ventre ».De nombreuses associations avaient d’ailleurs conseillé aux personnes en situation irrégulière de ne pas sortir durant ces deux jours afin d’éviter d’être interpellées. « C’est terminé. La campagne de rafles menée par le ministère de l’Intérieur a pris fin. Des millions d’euros d’argent public auront été dépensés pour propager la peur et servir une opération d’autopromotion », a estimé l’association Utopia 56 sur X.

    #Covid-19#migrant#migration#france#politiquemingratoire#reconduite#retention#frontiere#droit#sante

  • La Hongrie, une nouvelle fois condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65351/la-hongrie-une-nouvelle-fois-condamnee-par-la-cour-europeenne-des-droi

    La Hongrie, une nouvelle fois condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme
    Par La rédaction Publié le : 24/06/2025
    La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a condamné mardi la Hongrie pour avoir expulsé trois exilés afghans et syrien en 2021 et 2022. Budapest a été épinglée à de nombreuses reprises par la justice européenne pour sa politique anti-migrants.
    Nouvelle condamnation de la Hongrie par la justice européenne. Mardi 24 juin, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a condamné la Hongrie, qui malgré des décisions de justice préalables, continue de mettre en œuvre des procédures d’expulsions collectives de migrants.Trois jeunes requérants, deux Afghans et un Syrien, avaient saisi la CEDH après avoir été expulsés de Hongrie en 2021 et 2022 vers la Serbie voisine.
    L’un d’eux était un étudiant dont le permis de séjour avait expiré. Les deux autres étaient entrés clandestinement dans le pays et avaient été victimes d’un grave accident de la route. Le plus jeune, âgé de 16 ans à l’époque, avait passé deux mois à l’hôpital, on lui avait retiré la rate et un rein. Le second était resté six jours dans le coma. Malgré leur état de santé fragile, quelques heures après leur sortie de l’hôpital, ils étaient conduits à la frontière.
    « Des policiers transportèrent [le plus jeune] - pieds nus et sans ses effets personnels - jusqu’à la clôture marquant la frontière entre la Serbie et la Hongrie, bien qu’il leur eût apparemment dit qu’il (...) demandait l’asile. Tout comme une dizaine d’hommes arabophones, il reçut l’ordre de gagner la sortie de la zone de transit et d’entrer sur le territoire de la Serbie, ce qu’il fit », raconte la CEDH.Les deux autres ont été conduits de la même manière à la clôture marquant la frontière et ont été contraints d’entrer à pied en Serbie.
    « La Cour relève que l’application du mécanisme d’expulsion d’office l’a conduite à conclure à une violation [de la convention européenne des droits de l’Homme] dans un certain nombre d’affaires dirigées contre la Hongrie, et que ce mécanisme a été jugé contraire au droit de l’Union européenne par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Malgré cela, l’État défendeur a maintenu ce mécanisme en place et les autorités en ont fait application pour expulser les requérants en l’espèce », note la CEDH.
    « La Cour souligne qu’il est urgent que les autorités hongroises prennent des mesures immédiates et appropriées pour prévenir de nouveaux cas d’expulsions collectives et pour garantir un accès réel et effectif à la procédure de protection internationale pour les personnes demandant le bénéfice d’une telle protection », ajoute l’instance basée à Strasbourg.
    Sous l’égide de Viktor Orban, la Hongrie a opté pour une ligne dure envers l’immigration illégale. Depuis des années, le dirigeant nationaliste est dans le viseur des institutions européennes. Il s’oppose à l’arrivée de migrants extra-européens et dit vouloir « défendre » une Europe « chrétienne ». Depuis l’afflux migratoire de 2015, il a bâti des clôtures aux frontières hongroises et restreint le dépôt des demandes d’asile aux ambassades à l’étranger.Sa politique lui a valu plusieurs condamnations de la justice de l’UE. La dernière remonte à juin 2024, lorsque Budapest a été condamnée par la CJUE à payer une amende record de 200 millions d’euros, ainsi qu’une astreinte d’un million d’euros par jour, pour non-respect du droit de l’UE en matière d’asile.
    En mai dernier, la Commission européenne a saisi la CJUE contre la Hongrie pour non-respect des lois de l’UE en matière migratoire. En 2023, le gouvernement dirigé par le nationaliste Viktor Orban avait adopté un décret prévoyant la remise en liberté de milliers de passeurs. Une mesure qui « porte atteinte à l’objectif de lutter efficacement contre le trafic de migrants », selon Bruxelles.
    Pour s’y opposer, Bruxelles avait entamé en juillet 2023 une procédure d’infraction contre la Hongrie et lui avait adressé une lettre de mise en demeure. Budapest, qui avait deux mois pour y répondre, n’a jamais daigné se conformer au droit de l’UE.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#hongrie#politiquemigratoire#CEDH#droit#sante#expulsion#frontiere

  • Le gouvernement tunisien propose des billets retour aux migrants de Sfax, sans passer par l’OIM - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65336/le-gouvernement-tunisien-propose-des-billets-retour-aux-migrants-de-sf

    Le gouvernement tunisien propose des billets retour aux migrants de Sfax, sans passer par l’OIM
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 24/06/2025
    Le porte-parole de la Garde nationale tunisienne, Houcem Eddine Jebabli, a déclaré vendredi que « l’État avait commencé à fournir des billets [d’avion] aux migrants africains irréguliers » pour qu’ils rentrent dans leur pays d’origine. La situation des migrants autour de Sfax s’est considérablement dégradée. La Garde nationale mène depuis plusieurs semaines des opérations visant à démanteler les milliers de logements de fortune érigés dans les champs d’oliviers.
    L’annonce a été faite vendredi 20 juin. « L’État a commencé à fournir des billets [d’avion] aux migrants africains en situation irrégulière » pour qu’ils quittent la Tunisie et rentrent dans leur pays d’origine, a détaillé auprès de l’agence de presse tunisienne (TAP) le porte-parole de la Garde nationale tunisienne, Houcem Eddine Jebabli.
    La rédaction d’InfoMigrants a tenté de joindre la Garde civile pour avoir des détails sur cette décision. En vain.
    Depuis plusieurs années, le gouvernement de Kaïs Saïed a fait de la lutte contre l’immigration irrégulière sa priorité. Depuis février 2023, date d’un discours présidentiel virulent anti-migrants, le chef de l’État multiplie les restrictions pour pousser ces sans-papiers hors du pays. On estime que le nombre de migrants irréguliers en Tunisie se situe entre 20 000 et 25 000, selon les chiffres des ONG.
    Sans possibilité de travailler ou de se loger, ces migrants d’Afrique subsaharienne ont été, ces derniers mois, acculés dans une extrême pauvreté. La majorité d’entre eux vivent dans des champs d’oliviers à al-Amra dans la région de Sfax - bien qu’il leur soit désormais formellement interdit d’installer ces campements informels dans la zone. Leurs tentes sont régulièrement brûlées par la Garde civile.
    Outre les sanctions économiques, les migrants sont aussi la cible d’arrestations arbitraires, de condamnations pour « séjour irréguliers », de rafles. Depuis plusieurs années, ils sont aussi violemment interceptés en mer Méditerranée, puis expulsés dans le désert, vers les zones frontalières de la Libye et de l’Algérie.
    Récemment, le gouvernement a rappelé « sa position ferme » : la Tunisie « refuse d’être la porte d’entrée ou une base pour [ces] immigrés clandestins », qui veulent tenter leur chance en traversant la Méditerranée pour rejoindre l’Europe.
    Intensifier les « retours volontaires » de l’OIM
    Et loin de relâcher l’étau autour des migrants, Kaïs Saïed a même serré la vis en appelant l’Organisation internationale des migrations (OIM) à intensifier sa politique de « retours volontaires » pour « rapatrier » plus d’exilés. C’est en effet via cette agence de l’ONU que les gouvernements internationaux (Libye, Maroc, Niger...) organisent les rapatriements des migrants en situation irrégulière.Le président s’était même dit déçu par le faible nombre d’éloignements en avril : « seulement 1 544 migrants » ont été rapatriés durant les trois premiers mois de l’année 2025. Trop peu, pour le chef de l’État.
    Depuis, le dispositif de l’OIM tourne à plein régime. En cinq mois - de janvier à mai 2025 -, Houcem Eddine Jebabli et l’OIM ont déclaré qu’environ 3 500 migrants avaient quitté volontairement la Tunisie.
    Pour le seul mois d’avril, un total de 1 009 migrants avaient bénéficié du « retour volontaire ». Ce nombre « aurait pu être bien plus élevé si davantage d’efforts avaient été menés pour mettre un terme à ce phénomène inacceptable tant sur le plan humanitaire que juridique », avait ajouté Kaïs Saied dans une déclaration officielle - demandant à « toutes les autres organisations » concernées par ce problème à soutenir également « davantage les efforts tunisiens visant à faciliter le ’retour volontaire’ des migrants irréguliers ».
    En 2024, un nombre record d’exilés étaient retournés chez eux via l’OIM : 7 250 personnes contre 2 250 en 2023, ce qui représentait déjà une hausse de 45 % par rapport à 2022.Pour les ONG, la politique de ces « retours volontaires » est surtout un constat d’échec. Ces Africains n’ont pas eu d’autres choix que de fuir la Tunisie après être devenus les boucs émissaires d’une politique présidentielle devenue virulente à leur égard, estiment-ils. Dans une interview à France 24, Romdhane Ben Amor, le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui vient en aide aux migrants dans le pays, affirme que « le terme de ‘retour volontaire’ est largement critiqué parmi les migrants, car il s’est transformé en un retour forcé ».

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#rapatriment#politiquemigratoire#retourvolontaire#droit#humanitaire#sante

  • L’Italie a procédé à sa première expulsion de migrants depuis son centre en Albanie - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65332/litalie-a-procede-a-sa-premiere-expulsion-de-migrants-depuis-son-centr

    L’Italie a procédé à sa première expulsion de migrants depuis son centre en Albanie
    Par La rédaction Publié le : 25/06/2025
    Début mai, l’Italie a expulsé cinq migrants égyptiens depuis le centre albanais de Gjadër vers leur pays d’origine, a révélé lundi la presse italienne. Cette opération est la première expulsion effectuée directement depuis le sol albanais. Mais ce transfert, passé sous silence par Rome, est jugé illégal par les opposants au projet.
    Le 9 mai, un vol au départ de Rome à destination du Caire a fait escale en Albanie pour récupérer cinq migrants originaires d’Égypte en vue de les expulser, révèle lundi 23 juin le média italien Altreconomia. Ces cinq personnes étaient retenues dans le centre albanais de Gjadër, construit et financé par l’Italie.
    En mars dernier, le gouvernement italien a adopté un décret-loi permettant de recycler les structures en centres de rapatriement pour migrants en situation irrégulière, alors que la justice italienne a refusé à plusieurs reprises de valider la détention en Albanie de migrants interceptés en mer, exigeant même leur rapatriement sur le territoire italien.
    Ainsi, le 11 avril, un premier groupe de 40 exilés maintenus en centre de rétention italien ont été expulsés vers le centre albanais de Gjadër, dans le cadre de l’accord entre Rome et Tirana. Ils restent enfermés en attendant leur expulsion vers leur pays d’origine.
    Selon le ministère de l’Intérieur italien, entre la réouverture du centre albanais le 11 avril et la fin juin, 110 personnes ont transité par le centre de Gjadër. Au 21 mai, 24 migrants au total ont été ramenés en Italie, puis rapatriés dans leur pays, signale Altreconomia.
    L’expulsion des cinq exilés égyptiens le 9 mai représente donc le premier renvoi effectué directement depuis le sol albanais. Et d’après la presse italienne, cette opération a été menée en toute discrétion. Le gouvernement italien, pourtant enclin à communiquer sur le sujet, a passé sous silence cette expulsion.
    Les opposants en projet déplorent l’opacité autour des centres albanais et assurent par ailleurs que cette expulsion est illégale. « Même si l’on voulait soutenir, avec une thèse à mon avis infondée, que le CPR de Gjadër est comparable aux centres situés sur le territoire national ; il n’est en aucun cas admissible de prévoir que la personne soit emmenée hors de la zone du centre de rétention, sur le territoire albanais, puis rapatriée de là », affirme à Altreconomia Gianfranco Schiavone de l’Association pour les études juridiques sur l’immigration (ASGI)."Les opérations de police menées hors du centre de Gjadër, en territoire albanais, contre les personnes transportées à l’aéroport dans ce cas sont dépourvues de tout contrôle juridictionnel et se déroulent donc en dehors de toute réglementation. Ce qui s’est passé est donc un fait très grave", continue le militant.
    Dès les premiers jours, les transferts vers l’Albanie ont suscité de vives critiques. Lors d’une visite dans la structure de Gjadër mi-avril, la députée italienne Rachele Scarpa, du Parti démocrate (centre gauche), et l’eurodéputée Cecilia Strada (Alliance progressiste des socialistes et démocrates) ont pu rencontrer quatre migrants retenus.Human Rights Watch appelle l’UE et le Royaume-Uni à ne pas traiter les Balkans comme un « entrepôt à migrants  »
    Selon ces femmes politiques, toutes les personnes « ont appris dès leur arrivée qu’elles seraient transférées en Albanie. Aucune information préalable n’a été donnée, en violation flagrante de leurs droits ». L’un des exilés a raconté avoir été réveillé à 3h du matin dans le centre de rétention italien où il se trouvait, et qu’il avait découvert qu’il était en Albanie qu’après l’atterrissage. Il n’avait pas eu accès à un avocat.Deux migrants ont par ailleurs été rapatriés vers l’Italie pour des cas d’automutilation. Du fait de leur état psychologique, ils ont été jugés inaptes à ce type de détention.
    Ce partenariat avec l’Albanie est présenté comme un exemple à suivre au sein de l’Union européenne (UE). Les États membres - dont certains veulent appliquer le modèle italien - ont les yeux rivés sur l’Italie, et sur sa possibilité ou non d’externaliser les demandes d’asile dans un pays hors UE.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#albanie#balkan#politiquemigratoire#sante#santementale#detention#rapatriement

  • Les Guinéens sont désormais la première nationalité africaine à demander l’asile en France - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65356/les-guineens-sont-desormais-la-premiere-nationalite-africaine-a-demand

    Les Guinéens sont désormais la première nationalité africaine à demander l’asile en France
    Par RFI Publié le : 25/06/2025
    La Guinée est le premier pays africain dont sont originaires les demandeurs d’asile en France, selon l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra). Le nombre de Guinéens demandeurs d’asile a bondi de près de 50% en un an.
    Avec plus de 11 336 demandes d’asile en France l’an dernier, la Guinée occupe une nouvelle fois le premier rang des pays africains dont sont originaires le plus de demandeurs d’asile en France, devant la République démocratique du Congo (RDC) et la Côte d’Ivoire. Le pays se retrouve même parmi le plus haut nombre de demandes parmi les États du monde, elle ferme le podium des demandes d’asile en France, devancée par l’Afghanistan et l’Ukraine, loin devant Haïti, prise en étau par les gangs et le Soudan, ravagé par la guerre.
    Dans son rapport, l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) a observé une hausse de près de 50% (47,8%) des Guinéens demandeurs d’asile en France en une seule année.Le pays est bien loin des situations de conflit les plus complexes mais, selon l’Ofpra, ce résultat s’explique surtout par la répression politique des militants de l’opposition et de la société civile. Une situation qui perdure depuis une bonne décennie et qui semble s’aggraver.
    « La demande d’asile guinéenne a connu des évolutions suite au coup d’État du 5 septembre 2021 et la prise de contrôle du pays par le CNRD », explique l’Ofpra dans son rapport. L’institution ajoute que les demandeurs « se réfèrent désormais au blocus politique et démocratique » opéré par la junte. Si la situation politique s’est aggravée depuis le putsch du général Mamadi Doumbouya, elle est loin d’être nouvelle. Depuis 2015 déjà, l’agence enregistre des demandes guinéennes essentiellement liées aux violences politiques. Les principaux requérants étant des militants du parti d’opposition UFDG, et, depuis peu, des membres du mouvement FNDC. L’Office note également « une hausse significative des (demandes faites par des) femmes guinéennes », victimes de violences sexuelles.

    #Covid-19#migrant#migration#france#guineeconakry#refugie#asile#violence#crise#sante