/post

  • Cameroun : un nouveau partenariat avec l’OIM pour mieux accompagner les migrants de retour - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62342/cameroun--un-nouveau-partenariat-avec-loim-pour-mieux-accompagner-les-

    Cameroun : un nouveau partenariat avec l’OIM pour mieux accompagner les migrants de retour
    Par Marlène Panara Publié le : 21/01/2025
    Chaque année, de nombreux migrants choisissent de rentrer au Cameroun via le programme de retour volontaire de l’OIM, après des mois de souffrance sur les routes migratoires. Pour mieux les accompagner et faire face aux difficultés à leur arrivée, l’institution onusienne a signé un nouveau partenariat avec le gouvernement camerounais.
    « Quand je suis rentré au Cameroun, je me suis senti totalement abandonné. Mes proches me reprochaient de ne pas avoir réussi à aller en Europe, ils m’en voulaient. Et puis mon atelier de menuiserie avait fermé, je n’avais plus rien. Je me suis senti très seul ». Pierre Marie Ndzana est revenu chez lui à Douala en 2018. Ses deux ans de prison en Libye et les « horreurs inimaginables » qu’il y a vécues l’ont en effet poussé à rebrousser chemin via le programme de retour volontaire de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
    Mais reprendre le cours de sa vie au Cameroun s’est avéré bien plus difficile qu’il ne l’imaginait. « J’ai été très mal pendant trois ans, confie Pierre Marie Ndzana. Tout le monde disait que j’avais échoué. Même mes enfants, sous l’influence d’autres personnes, étaient déçus de moi. Mes traumatismes sur la route et ce rejet dans mon pays m’ont détruit : en Libye, on m’a forcé à enterrer des morts, et chez moi, personne ne me comprenait. J’ai commencé à fumer et à boire, à me perdre ».
    Pour que l’histoire de Pierre Marie Ndzana se répète le moins possible avec d’autres personnes, le gouvernement camerounais a signé le 6 janvier un nouveau partenariat avec l’OIM. Ce mémorandum d’entente conclu à Yaoundé en présence du ministre de la Jeunesse et de l’Éducation civique Mounouna Foutsou, acte la mise en place « de mécanismes pour faciliter le retour volontaire et la réintégration » des exilés, à travers des programmes de formation professionnelle notamment, affirme le site d’actualités 237 online.
    Le projet prévoit par ailleurs une forte mobilisation du secteur privé, afin de créer des opportunités locales pour les migrants. Un dispositif de suivi sera également déployé pour évaluer l’impact du partenariat.
    Ces nouvelles propositions s’ajoutent aux dispositions déjà existantes pour les migrants ayant effectué un retour volontaire avec l’OIM. Ainsi, les exilés ayant fait le choix de rentrer au Cameroun avec l’aide de l’institution onusienne perçoivent dès leur arrivée sur le sol camerounais une enveloppe de 100 000 francs CFA, soit 150 euros, destinée à couvrir les frais de déplacements et de nourriture. Le programme prévoit ensuite le versement de 700 000 francs CFA, un peu plus de 1 000 euros, distribués en deux fois pour les migrants qui justifient d’un projet professionnel fiable.
    Émilia, de retour à Yaoundé depuis le 19 décembre après dix mois passés entre l’Algérie et la Tunisie, compte sur ce programme pour (re)construire sa vie chez elle. « Une semaine après mon arrivée, j’ai passé un entretien avec l’OIM à Douala pour présenter mon projet, explique-t-elle. Mon objectif désormais, c’est d’ouvrir mon propre restaurant qui mêlera cuisine africaine et française ». Cette ancienne étudiante en hôtellerie attend désormais un retour de l’organisation, qui doit la convoquer pour un nouvel entretien. « Cet argent, j’en ai vraiment besoin. Sans le programme, je ne peux rien faire. Quand on rentre on n’a plus rien, c’est difficile de remonter la pente ».
    Le nouveau partenariat compte justement mettre l’accent sur l’entreprenariat local, souvent seule et unique opportunité qui se présente aux migrants de retour. Quinze conseillers en insertion du ministère de la Jeunesse, spécialisés dans l’accompagnement entrepreneurial, seront donc mis à disposition de l’OIM.Daquin, rentré au Cameroun il y a plus de six mois après un passage très difficile par la Tunisie, ne voit lui aussi d’autre solution que la restauration pour s’en sortir. « Mon rêve c’est de me former dans le secteur et devenir chef dans un grand restaurant. Ma passion, c’est la cuisine », raconte-t-il. Le jeune homme a, comme Émilia, présenté son projet à l’OIM à son arrivée. « Depuis, j’attends, et c’est long. Il n’y a pas de travail. Je fais quelques heures par semaine dans une boucherie mais je ne travaille pas à temps plein. Je suis vraiment dépendant de l’argent de l’OIM ».
    Au Cameroun comme ailleurs parfois, pour certains, l’accès à cette aide relève du parcours du combattant. L’an dernier, Ibrahim, un Guinéen de retour chez lui après six ans en Libye, affirmait à InfoMigrants attendre depuis 10 mois l’aide financière promise par l’OIM pour financer son projet.
    Outre le volet professionnel, le nouveau partenariat signé avec Yaoundé propose aux exilés un « accompagnement psychosocial ». Une mesure bienvenue pour Daquin. « J’ai parlé à un psychologue le jour de mon retour, mais c’est tout. J’aurais bien aimé avoir d’autres entretiens car mon moral n’est pas toujours bon », confie-t-il avant d’ajouter : « en rentrant de Tunisie ou de Libye, certains migrants ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes ». Pierre Marie Ndzana n’a pas bénéficié d’une aide psychologique mais il a fini par « remonter la pente ». L’incompréhension de ses proches s’est dissipée avec le temps. Il s’est également plongé dans la création de son association de lutte contre toutes formes d’exclusions, y compris celles qui touchent les migrants de retour. « Jusqu’ici, ni le gouvernement ni l’OIM ne s’attardaient sur cette question, mais il y a tellement à faire. Mon but désormais, c’est de soutenir ceux qui reviennent ».

    #Covid-19#migrant#migration#sante#cameroun#OIM#retour#santementale#psychosocial#libye#routemigratoire

  • De nouveaux outils pour améliorer l’identification des migrants décédés ou portés disparus en mer - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62271/de-nouveaux-outils-pour-ameliorer-lidentification-des-migrants-decedes

    De nouveaux outils pour améliorer l’identification des migrants décédés ou portés disparus en mer
    Par Ana P. Santos Publié le : 17/01/2025
    L’identification des migrants morts en mer reste encore très difficile. Des organisations font leur possible pour développer de nouvelles méthodes et technologies - en ne s’appuyant pas seulement sur l’ADN mais sur les « identifiants secondaires » comme les tatouages, les piercings. Le but : aider les proches des victimes à faire leur deuil plus sereinement.
    Chaque année, des milliers de personnes meurent sur les routes migratoires de l’océan Atlantique, de la mer Méditerranée et de le Manche. De nombreuses victimes qui voyagent sans documents d’identité ou les ont perdus au cours de route. Lors d’une disparition en mer, l’identification des corps récupérés, qui se décomposent rapidement, est souvent impossible. Des organisations comme l’Action pour l’identification des migrants victimes de catastrophes (MDVI), militent pour mieux identifier les personnes qui perdent ainsi la vie aux portes de l’Europe. Le MDVI cherche notamment à élargir les outils et l’expertise disponibles. Une partie du travail de l’organisation repose sur les « identifiants secondaires », c’est à dire les traits du visage, les tâches de naissance, les tatouages ou les piercings, qui sont des moyens d’identification légalement reconnus.
    Actuellement, les procédures d’identification se basent avant tout sur des méthodes ou des documents officiels tels que les documents dentaires, l’ADN et les empreintes digitales. Or, il arrive que la méfiance à l’égard des autorités peut décourager des familles à fournir des échantillons d’ADN. Aussi, nombre de migrants disparus n’ont pas déposé d’empreintes digitales ou ne possèdent pas de documents dentaires.Enfin, le statut administratif précaire des membres de la famille du disparu peut les empêcher de s’adresser aux autorités.
    Les chercheurs du MDVI ont également recours aux photographies, en particulier celles publiées sur les réseaux sociaux ou partagées au cours du voyage. Dans une étude publiée par l’organisation et une équipe de chercheurs, la comparaison des visages à l’aide de photos est un outil précieux pour l’identification, en particulier lorsqu’il s’agit de la seule donnée disponible. « Ses faibles exigences technologiques, sa rapidité d’analyse et la facilité de transfert des données numériques la rendent particulièrement efficace dans les contextes difficiles », explique le rapport.
    Le MDVI contribue également à faire avancer l’utilisation de scanners 3D mobiles conçus pour capturer des images faciales détaillées des défunts. Ces appareils, destinés à être utilisés par les premiers secours et les organisations caritatives, permettent de documenter les caractéristiques physiques avant que la décomposition du corps n’en soit à un stade trop avancé, ce qui augmente considérablement les chances d’identification.
    Une autre organisation, le Marine Institute de Galway, en Irlande, a mis au point un logiciel qui vise à prédire la localisation des naufragés. Le calcul combine les données sur les courants marins avec des modèles de comportement de particules en fonction des conditions de vent. Déjà utilisée par les autorités irlandaises dans le cadre d’enquêtes, cette technologie pourrait s’appliquer aux opérations de recherche et de sauvetage des migrants au Royaume-Uni et en France.De son côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’Université de Dodoma et l’Académie américaine des sciences médico-légales ont mis sur pied un atelier en Tanzanie pour permettre de mieux étudier les restes humains de migrants non identifiés.Il repose sur des techniques d’analyse chimique pour recueillir des informations sur le régime alimentaire des individus et l’historique de leurs déplacements géographiques. L’OIM estime que cette méthode pouvait être utile en Tanzanie, qui constitue un pays de passage pour les personnes voyageant depuis la Corne de l’Afrique vers l’Afrique du Sud ou encore l’île de Mayotte.
    Le projet Missing migrants de l’OIM sur les migrants portés disparus a recensé plus de 766 décès sur la route reliant l’Afrique de l’Est et la Corne de l’Afrique à l’Afrique du Sud et Mayotte entre 2014 et le milieu de l’année 2024, mais le nombre réel de victimes est probablement beaucoup plus élevé. Le journal britannique The Guardian note que les décès de migrants sont rarement recensés dans le registre d’identification des victimes de catastrophes (IVC) d’Interpol, ce qui freine certains protocoles médico-légaux.
    Selon Interpol, les IVC sont principalement conçus pour les évènements impliquant un grand nombre de victimes et résultant de catastrophes soudaines et de grande ampleur, qu’elles soient naturelles ou causées par l’homme. En revanche, les migrants font généralement naufrage seul ou en petits groupes, ce qui ne déclenche pas les procédures d’IVC. Par ailleurs, en raison de la nature clandestine des migrations, de nombreux décès ne sont pas signalés ou ne sont pas documentés pour être suivis par Interpol.
    Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), chaque personne disparue ou corps non identifié entraîne une situation de perte ambigüe chez les proches. Les familles qui ne peuvent obtenir une preuve officielle de la mort d’un être cher restent hantées par l’incertitude, incapables de faire leur deuil et de tourner la page.
    L’absence de réponses plonge les familles dans un gouffre émotionnel et psychologique.

    #Covid-19#migration#migrant#sante#grandebretagne#OIM#missingmigrant#CICR#mortalite#disparition#routemigratoire#migrationirreguliere

  • France : près de 50 migrants, dont une femme enceinte, interceptés à Dieppe avant de prendre la mer - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62282/france--pres-de-50-migrants-dont-une-femme-enceinte-interceptes-a-diep

    France : près de 50 migrants, dont une femme enceinte, interceptés à Dieppe avant de prendre la mer
    Par La rédaction Publié le : 17/01/2025
    Près de 50 exilés, dont une femme enceinte, ont été interceptés par les autorités jeudi sur la plage du Puys, à Dieppe (Normandie), à près de 200 km de Calais. Ils s’apprêtaient à embarquer sur un canot de fortune pour traverser la Manche. Afin d’éviter l’importante présence policière sur le littoral nord, les départs de migrants vers l’Angleterre se font plus au sud, augmentant les risques de naufrage.
    Vers 5h30 du matin jeudi 16 janvier, une groupe de 46 migrants, dont une femme enceinte, « a été repéré (...) aux alentours de la plage du Puys, sur le territoire de la commune de Dieppe », indique la préfecture de Seine-Maritime dans un communiqué.
    « Un drame a été évité », a réagi l’adjointe au maire de Dieppe chargée des Solidarités, Marie-Luce Buiche. Les exilés s’apprêtaient à monter sur un canot de fortune pour traverser la Manche.
    Après leur interception par les policiers au bord de l’eau, les migrants ont été « transportés en bus et pris en charge dans [un] gymnase » de Dieppe, précise la préfecture. « Une évaluation sanitaire a été menée (...). L’état de santé de l’ensemble des personnes n’a pas nécessité de prise en charge médicale. De son côté, le CCAS [Centre communal d’action sociale, ndlr] de la Ville de Dieppe et la Croix-Rouge ont assuré des distributions de collation », ajoutent les autorités.
    Une enquête a été ouverte « à l’encontre des passeurs et des filières d’immigration illégale ». Selon France Bleu Normandie, quatre personnes ont été placées en garde à vue, soupçonnées d’être des trafiquants. Deux d’entre eux, des Syriens, ont été repérés alors qu’ils étaient en train de décharger un bateau et des bidons d’essence sur la plage du Puys, toujours d’après la radio locale.
    La ville de Dieppe se trouve à près de 200 km au sud de Calais, lieu historique des départs de migrants vers l’Angleterre. Mais depuis deux ans environ, on observe un changement de méthode des trafiquants. La militarisation de la frontière sur le littoral nord – déploiement policiers, drones, caméras thermiques, avions Frontex – a poussé les passeurs à envisager d’autres endroits pour mettre à l’eau les embarcations, à des dizaines de kilomètres plus au sud, en Normandie et dans la Somme.
    Une stratégie qui n’est pas sans risques. « Si avant, les migrants mettaient six ou huit heures pour aller de Calais à Douvres [port de débarquement des migrants en Angleterre, ndlr], désormais, ils partent de Berck, du Touquet... Ils doivent donc doubler, voire tripler, ce temps de trajet en mer », assurait à InfoMigrants en juin Salomé Bahri de l’association Utopia 56. « Le problème, c’est qu’une durée de traversée plus longue, c’est plus de chances d’avoir une panne moteur, de se retrouver à la dérive ou d’avoir l’embarcation qui se crève », rappelait Célestin Pichaud, coordinateur d’Utopia 56 à Grande-Synthe, interrogé par RFI en juillet.
    D’autres exilés tentent aussi de partir depuis les terres, notamment en embarquant sur des canaux qui se jettent dans la mer du Nord ou dans la Manche. « Maintenant, on a beaucoup de ‘taxi-boats’, c’est-à-dire que le bateau est gonflé et mis à l’eau sur des cours d’eau [comme la Canche, l’Aa... ndlr] qui rejoignent la mer. Les passeurs remontent ensuite la côte et chargent les passagers à un endroit bien précis, ce qui permet d’éviter l’interception sur la plage », expliquait à InfoMigrants, Xavier Delrieu, chef de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim). Car selon le droit maritime, les policiers n’ont plus le droit d’intervenir quand le bateau est déjà sur l’eau.
    Pour tenter de contrer ce nouveau phénomène, les autorités ont installé plusieurs barrages : dans l’Authie, la Canche et dans le canal des Dunes. Mais malgré la multiplication des mesures prises par Londres et Paris pour essayer de dissuader les migrants de rejoindre les côtes britanniques, les arrivées au Royaume-Uni ne diminuent pas. En 2024, près de 37 000 personnes sont parvenues à atteindre l’Angleterre, soit 25% de plus qu’en 2023. Par ailleurs, selon la préfecture du Pas-de-Calais, au moins 5 800 personnes ont été secourues en mer l’an dernier côté français, et plus de 870 tentatives de traversée ont été empêchées par les forces de l’ordre déployées sur le littoral.

    #Covid-19#migration#migrant#manche#france#royaumeuni#migrationirreguliere#routemigratoire#littoral#frontiere#sante

  • Tragédie sur la route des Canaries : au moins 50 migrants se noient dans un naufrage - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62283/tragedie-sur-la-route-des-canaries--au-moins-50-migrants-se-noient-dan

    Tragédie sur la route des Canaries : au moins 50 migrants se noient dans un naufrage
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 17/01/2025
    Au moins 50 personnes ont perdu la vie après le naufrage d’une embarcation partie de Mauritanie à destination des îles Canaries, selon la porte-parole de l’ONG Caminando Fronteras, Helena Maleno. D’après la militante, 44 de ces victimes étaient d’origine pakistanaise. Les survivants ont été secourus par les autorités marocaines.
    Une cinquantaine de personnes, dont de nombreux Pakistanais, se sont probablement noyées après le naufrage de leur embarcation partie de Mauritanie en direction des îles Canaries, a déclaré jeudi 16 janvier l’organisation d’aide aux migrants Caminando Fronteras (Walking Borders, en anglais).La pirogue avait quitté la Mauritanie le 2 janvier avec 86 personnes à bord, selon la presse espagnole, avant de dériver plusieurs jours dans l’océan Atlantique. « Treize jours de traversée angoissée se sont écoulés sans que personne ne soit secouru », a écrit l’activiste Helena Maleno, porte-parole de Caminando Fronteras, sur son profil X. « Nous avons donné l’alerte il y a six jours à tous les pays qui partagent les eaux (internationales) de sauvetage, conformément à notre protocole en cas de disparition d’un bateau », a expliqué l’ONG à la presse espagnole. En vain.
    Mercredi 15 janvier, ce sont les autorités marocaines qui ont finalement lancé une opération de sauvetage mais elles n’ont pu secourir que 36 personnes. Parmi elles, un adolescent et 22 ressortissants pakistanais.
    Pour l’heure, aucune précision n’a été donnée sur le nombre d’enfants et de femmes à bord du bateau au moment du départ. Les 50 disparus, parmi lesquels se trouvaient 44 Pakistanais, sont tous présumés morts. L’ONG Caminando Fronteras assure avoir pu établir un contact avec les survivants et leurs familles.Il s’agit - déjà - de la deuxième tragédie enregistrée en 2025. La première a eu lieu le 1er janvier, lorsqu’un canot est arrivé au sud de Tenerife avec 60 personnes. À bord, deux migrants étaient décédés.
    Fin décembre, le gouvernement malien avait communiqué sur le décès de 25 jeunes Maliens dans un naufrage au large du Maroc, survenu quelques jours auparavant. Au moins 70 personnes sont portées disparues. Seuls 11 survivants ont été retrouvés.
    Traversées cauchemardesques
    En 2024, près de 10 000 personnes ont ainsi perdu la vie ou ont disparu en mer en essayant de gagner les îles espagnoles, contre 6 000 en 2023, selon un rapport publié fin décembre par Caminando Fronteras. Pour l’association, la route des Canaries est ainsi bel et bien devenue « la plus meurtrière au monde ».
    Les drames sont hélas courant. Il faut compter au moins une semaine, plusieurs parfois, en haute mer, pour rejoindre les rives espagnoles des Canaries, distantes de 1 000 à 2 000 km depuis le Sénégal ou la Mauritanie. Beaucoup de pirogues se perdent dans l’immensité de l’océan. Les vents violents et les forts courants rendent la traversée très risquée, et peut faire dériver les pirogues surchargées et en mauvais état. De nombreux témoignages rapportent des voyages cauchemardesques soumis aux aléas météorologiques, aux avaries de moteur, à la soif et à la faim. Il n’est pas rare de trouver des corps de personnes mortes de faim ou de soif dans les canots secourus au large des Canaries.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#atlantique#routemigratoire#mauritanie#pakistan#mortalite#sante#migrationirreguliere

  • Plus de 30 000 migrants ont été expulsés par l’Algérie vers le Niger en 2024, selon Alarme Phone Sahara - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62209/plus-de-30-000-migrants-ont-ete-expulses-par-lalgerie-vers-le-niger-en

    Plus de 30 000 migrants ont été expulsés par l’Algérie vers le Niger en 2024, selon Alarme Phone Sahara
    Par La rédaction Publié le : 14/01/2025
    L’ONG Alarme Phone Sahara a alerté, dans un communiqué publié lundi, sur le nombre de migrants expulsés par l’Algérie vers le Niger au cours de l’année 2024. Plus de 30 000 personnes ont été refoulées par les autorités algériennes et envoyées dans le désert. Un nombre record par rapport aux années précédentes.
    Jamais autant de migrants n’ont été expulsés d’Algérie vers le Niger qu’en 2024. C’est le constat dressé par l’ONG Alarme phone (APS) qui a publié, lundi 13 janvier, un communiqué à ce sujet. « Au moins 31 404 personnes (...) ont été expulsées d’Algérie à la frontière du Niger pendant l’année 2024 », avance l’ONG qui dénonce les « traitements violents » voire « mortels » à l’encontre de ces exilés.
    Dans un précédent rapport, APS indiquait que l’Algérie avait refoulé quelques 20 000 migrants, rien qu’entre janvier et août 2024. Depuis 2014, des migrants irréguliers nigériens mais aussi d’autres pays africains, dont des femmes et des mineurs, sont fréquemment refoulés d’Algérie, point de transit vers l’Europe. Mais, en 2024, le nombre de personnes expulsées par Alger a « dépass[é] tous les chiffres documentés des années précédentes », y compris celui de 2023 avec 26 031 refoulés, souligne Alarme Phone Sahara.
    Ces expulsions ont lieu après des arrestations massives de migrants dans le pays. Or, ces interpellations de masse sont de plus en plus fréquentes. « Les forces de sécurité algériennes effectuent régulièrement des raids et des arrestations massives sur les lieux de vie et de travail des migrants », rapporte APS dans son communiqué.
    « On observe depuis 2023 une augmentation des expulsions en chaîne, au cours desquelles des personnes sont expulsées [depuis la] Tunisie, souvent après des pushbacks en mer, vers la frontière algérienne, puis par les forces de sécurité algériennes vers la frontière nigérienne », ajoute l’organisation.
    Depuis 2014, InfoMigrants a recueilli de nombreux témoignages d’exilés qui ont été expulsés d’Algérie après avoir été arrêtées dans leur quotidien ou bien à la suite d’une tentative de traversée de la Méditerranée avortée. Les exilés sont alors déposés dans le désert au sud de l’Algérie et sommés de traverser la frontière à pieds jusqu’à rejoindre la ville nigérienne d’Assamaka, où se trouve un centre de transit de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
    Mamadou, un Sénégalais de 22 ans, a notamment affirmé à InfoMigrants avoir passé plus de 20 jours dans une prison algérienne après son arrestation dans le pays. Le jeune homme a ensuite été menotté et forcé à monter dans un bus."Au bout de cinq ou six heures […], on nous a déposés dans le désert, il n’y avait rien autour. La police algérienne nous a crié : ‘Voilà Assamaka !’ en pointant le doigt vers l’horizon. ‘L’OIM [Organisation internationale des migrations], c’est tout droit’. On s’est mis en marche, je ne sais plus pour combien de temps. Tout ce dont je me souviens, c’est que j’étais épuisé, complètement à bout de forces. J’ai quand même réussi à faire la dizaine de km qui nous séparaient d’Assamaka", a-t-il raconté.En avril, les autorités nigériennes ont convoqué l’ambassadeur d’Algérie pour « protester » contre « le caractère violent » de ces opérations de rapatriement et de refoulement. À son tour, Alger a convoqué l’ambassadeur du Niger tout en jugeant « sans fondements » les allégations des autorités nigériennes.
    Mais les expulsions depuis l’Algérie ne sont pas les seules à inquiéter APS. Ces derniers mois, les expulsions de Libye vers l’est du Niger - et notamment vers la ville de Dirkou - se multiplient.
    Le 1er janvier, 770 migrants nigériens refoulés de Libye ont « regagné le territoire national », selon l’armée nigérienne. Mais cette opération d’expulsion initiée par Tripoli a été « encadrée par une escorte (militaire) jusqu’à la localité de Dirkou », côté nigérien, précise l’armée qui indique que leur accueil a été « coordonné » par les forces de sécurité et l’OIM.
    L’augmentation de ces expulsions et l’afflux de migrants à Dirkou créé un goulot d’étranglement dans le minuscule centre d’accueil de l’OIM qui ne compte qu’une trentaine de place. En conséquence, une centaine de personne s’est retrouvée à devoir dormir à l’extérieur du centre à partir de la mi-novembre. « Certains sont même là depuis trois mois », alertait déjà Azizou Chehou, coordinateur de la plateforme d’APS au Niger.La situation s’est depuis aggravée. Dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 janvier, 613 migrants nigériens sont arrivés dans la ville de Dirkou après avoir été expulsés de Libye. Pour les autorités de Dirkou et l’OIM, la seule solution de désengorgement est que ces personnes soient transférées vers Agadez. Mais les centres d’accueil de la capitale nigérienne manquent eux aussi de places d’hébergement.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#algerie#libye#dirkou#assamaka#expulsion#frontiere#refoulement#rapatriement#sante#humanitaire

  • En manque de main-d’œuvre, la Grèce va délivrer près de 90 000 visas pour des travailleurs étrangers - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62218/en-manque-de-maindoeuvre-la-grece-va-delivrer-pres-de-90-000-visas-pou

    En manque de main-d’œuvre, la Grèce va délivrer près de 90 000 visas pour des travailleurs étrangers
    Par La rédaction Publié le : 14/01/2025
    Le gouvernement grec a annoncé fin décembre la délivrance de 89 290 visas pour les travailleurs étrangers en 2025. La Grèce manque cruellement de main-d’œuvre et compte sur les étrangers pour faire tourner son économie, notamment dans le secteur de l’agriculture et du tourisme.
    Pour l’année 2025, la Grèce va délivrer jusqu’à 89 290 visas de travail. Cette mesure a été approuvée en fin d’année par le gouvernement grec afin de couvrir les emplois vacants dans le pays, indique début janvier la presse locale. Sur ces près de 90 000 visas, 45 670 concernent des emplois saisonniers avec des visas de courte durée (quelques mois), 41 670 des visas longue durée (minimum trois ans) pour les métiers en tension et 2 000 postes visent des emplois pour des travailleurs étrangers hautement qualifiés.
    Dans le détail, 16 000 emplois s’adressent aux travailleurs non qualifiés dans l’agriculture, l’élevage, la sylviculture (domaine forestier) et la pêche. Dans le secteur de la construction, 4 950 emplois visent les ouvriers du bâtiment. Dans l’industrie, 5 000 emplois concernent les secteurs de la fabrication, de l’emballage et du stockage. Plus de 5 000 emplois dépendent des domaines du nettoyage, de la cuisine, de la restauration, du tourisme, des aides domestiques, des employés de bureau... Et le même nombre concerne aussi les employés de bureau dans des entreprises nationales.
    Des accords bilatéraux avec plusieurs pays facilitent la délivrance de visas. Environ 4 000 postes vacants dans le domaine de l’agriculture ou du tourisme devraient être pourvus par des personnes originaires du Bangladesh, grâce à un partenariat signé entre les deux pays en septembre 2022. Un autre accord avec l’Égypte, en vigueur depuis janvier 2023, permet aussi à ces ressortissants de venir légalement en Grèce, notamment pour travailler dans le domaine de la pêche.
    Les organisations de métiers en tension ont salué la décision d’accorder ces 90 000 visas cette année mais les patrons rappellent que cela ne représente qu’une goutte d’eau alors que la main-d’œuvre manque cruellement en Grèce. Environ 300 000 emplois, notamment dans le tourisme ou le bâtiment, sont non pourvus dans le pays.
    Par ailleurs, obtenir l’autorisation de venir travailler en Grèce est une véritable gageure. Le gouvernement a d’ailleurs assuré qu’il allait présenter au printemps prochain une proposition de loi afin de simplifier et d’accélérer le processus. « Nous travaillons de manière systématique et méthodique pour la préparation d’un projet de loi global sur l’immigration légale qui viendra résoudre la plupart des problèmes afin de donner l’impulsion pour renforcer immédiatement l’économie grecque avec la main-d’œuvre nécessaire », a déclaré à la presse grecque le ministre de l’Immigration et de l’Asile Nikos Panagiotopoulos.
    « Ce que nous avons identifié, c’est qu’à partir du moment où un travailleur étranger, hors UE, souhaite travailler dans notre pays, des dizaines [de démarches] sont nécessaires jusqu’à ce que le processus soit terminé, ce qui le rend automatiquement dysfonctionnel et inefficace. Nous travaillons sur une série d’interventions qui changeront cela de la manière la plus rapide et certainement la plus efficace », a-t-il ajouté.
    Fin 2023, Athènes avait lancé un nouveau titre de séjour, destiné aux migrants sans papiers installés en Grèce. Il s’adresse aux exilés résidant dans le pays depuis au moins trois ans et qui peuvent présenter une promesse d’embauche. Avec ce permis de séjour, l’État grec entend répondre à « la concurrence intense d’autres pays européens, comme l’Italie », selon un communiqué des autorités. Dans le pays, le marché du travail « est soumis à des tensions accrues en raison de l’exode des migrants vers d’autres États européens », expliquait à l’époque le média grec Ekathimerini. Cela s’explique principalement par le fait que les citoyens de pays tiers peuvent obtenir plus facilement des documents et avoir un meilleur accès au marché du travail ailleurs dans l’Union européenne.
    De plus, une part conséquente de la main-d’œuvre est en fait constituée de migrants sans papiers – déboutés du droit d’asile, ou à qui l’on a refusé un permis de séjour – qui vivent pourtant dans le pays depuis de nombreuses années

    #Covid-19#migrant#migration#grece#maindoeuvre#economie#agriculture#migrationqualifiee#tourisme#titredesejour#visas#sante

  • Un Syrien de 19 ans meurt dans la Manche, premier décès de l’année - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62184/un-syrien-de-19-ans-meurt-dans-la-manche-premier-deces-de-lannee

    Un Syrien de 19 ans meurt dans la Manche, premier décès de l’année
    Par La rédaction Publié le : 13/01/2025
    Un migrant syrien de 19 ans est mort dans la Manche dans la nuit de vendredi à samedi en tentant de rejoindre le Royaume-Uni. C’est le « premier décès en mer en 2025 » à la frontière franco-britannique, précisent la préfecture du Pas-de-Calais et le parquet de Boulogne-sur-Mer.
    L’année 2025 vient à peine de commencer et on assiste déjà à un drame dans la Manche. Dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 janvier, un jeune homme est mort en tentant d’atteindre le Royaume-Uni à bord d’un canot de fortune."Ce matin [samedi, ndlr] vers 4h10 à Sangatte (...), des effectifs de CRS constataient le départ d’une embarcation de type ’small boat" avec une soixantaine de migrants à bord", a relaté à l’AFP le procureur de Boulogne-sur-Mer, Guirec le Bras."Quelques minutes plus tard, le groupe débarque du bateau trempé (...). Sur le sol de l’embarcation, un homme d’une vingtaine d’années de nationalité syrienne est découvert en arrêt cardio-respiratoire (...), probablement écrasé par les autres migrants", a pour sa part souligné la préfecture.
    La victime était âgée de 19 ans, et son décès a été constaté à 5h24, a précisé le procureur de Boulogne-sur-Mer. Des investigations médico-légales doivent être effectuées pour « déterminer de façon exacte les causes du décès », a-t-il ajouté. Il a « probablement [été] écrasé » par d’autres migrants dans la cohue du départ, selon la préfecture.Un homme né en Syrie, âgé de 33 ans, a été « interpellé et placé en garde à vue comme ayant pu organiser le départ », toujours selon le procureur.
    « Il s’agit du premier décès en mer de 2025 » à la frontière franco-britannique, a relevé la préfecture."Cette nouvelle tragédie souligne les terribles dangers que représentent les traversées en petits bateaux, et nous continuons de faire tout notre possible pour les empêcher", a réagi samedi un porte-parole du gouvernement britannique. Londres a de nouveau pointé du doigt les passeurs, « ces criminels » qui « ne se soucient que du profit, pas des vies qu’ils mettent en danger ».
    Le lendemain, un autre drame en mer a été évité de justesse. Dans la nuit de dimanche à lundi, une quarantaine de migrants, dont quatre femmes, ont été secourus dans la Manche par les forces françaises, indique la presse locale. Les exilés étaient trempés, et sept d’entre eux, tous en urgence relative, ont été transférés à l’hôpital. Les autres ont été pris par en charge par les autorités de la ville d’Ambleteuse, à une vingtaine de kilomètres de Calais, qui a ouvert la salle des sports de la commune pour l’occasion.
    « Nos mers se transforment en cimetières »
    Depuis plusieurs mois, les associations d’aide aux migrants dénoncent des montées à bord des embarcations de plus en plus chaotiques pour les exilés. Les causes sont nombreuses : canots surchargés, bousculades au moment des montées dans les embarcations, exilés qui tentent de monter dans les canots sans avoir payé leur place, violences de la part des forces de l’ordre françaises pour empêcher les départs.
    Quelques heures après l’annonce du décès du jeune Syrien, une marche pour dénoncer la politique a réuni environ 500 personnes à Calais, dont plusieurs élus de gauche."Nos mers se transforment en cimetières, et c’est une situation indigne qui n’est pas conforme aux valeurs de l’Union européenne mais aussi aux valeurs de la France" a déclaré Majdouline Sbaï, députée européenne EELV présente dans le cortège. La France « a créé des lois d’inhospitalité qui visent à rendre hostile notre territoire et qui, en sécurisant davantage les frontières, précipitent les gens vers la mort », a-t-elle estimé.
    Dans la manifestation, un groupe d’exilés portait un cercueil noir recouvert de fleurs, et d’autres manifestants une grande banderole affichant les noms de migrants décédés durant leur dangereux périple vers l’Angleterre ces dernières années.Selon un dernier bilan de la préfecture du Pas-de-Calais, 77 migrants sont morts en 2024 en tentant de rejoindre l’Angleterre à bord de « small boats ». Un record depuis le début de l’utilisation de ce moyen de transport pour traverser le détroit du Pas-de-Calais en 2018.
    Les associations d’aide aux migrants ont recensé pour leur part 89 exilés morts sur le littoral du nord de la France en 2024, en incluant également les décès à terre. Depuis le début de l’année, un exilé est également mort écrasé sur la route. Il a été fauché mardi 7 janvier par un véhicule sur l’autoroute A16, au niveau de la sortie 54 près de Grande-Synthe, non loin du camp de migrants de Loon-Plage. « On ne connait pas les circonstances du décès », explique à InfoMigrants Flore Judet d’Utopia 56. « Peut-être que cette personne cherchait à rejoindre son lieu de vie ». Des centaines de personnes survivent dans les bosquets, non loin de la route, à Loon-Plage, dans des conditions extrêmement précaires. « On oublie souvent que les gens ne meurent pas seulement en mer dans la région », déplore Flore Judet.

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#manche#routemigratoire#migrationirreguliere#mortalite#sante

  • En Méditerranée, plus de 100 migrants secourus au large de la Libye - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62187/en-mediterranee-plus-de-100-migrants-secourus-au-large-de-la-libye

    En Méditerranée, plus de 100 migrants secourus au large de la Libye
    Par La rédaction Publié le : 13/01/2025
    L’ONG SOS méditerranée a annoncé vendredi avoir porté secours à 101 personnes qui se trouvaient sur une embarcation en bois au large des côtes libyennes. Les rescapés, principalement originaires de Somalie, de Syrie, d’Érythrée et d’Égypte, font route avec l’équipage vers le port italien de Tarente.
    C’est le premier sauvetage de l’année 2025 pour SOS Méditerranée. L’ONG qui affrète le navire ambulance Ocean Viking a indiqué, vendredi 10 janvier, avoir secouru 101 personnes, dont 29 femmes et sept enfants dans un canot en bois qui se trouvait en difficultés au large des côtes libyennes. « L’embarcation en détresse a été repérée aux jumelles, dans les eaux internationales de la région de recherche et de sauvetage libyenne », a indiqué SOS Méditerranée.
    Les rescapés, principalement originaires de Somalie, de Syrie, d’Érythrée et d’Égypte, ont ensuite été pris en charge par les équipes de SOS Méditerranée et de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge.L’Ocean Viking fait désormais route vers Tarente, le port de débarquement qui lui a été assigné par les autorités italiennes. Une nouvelle destination, alors que le port de Ravenne avait été désigné dans un premier temps. L’équipage dénonce cette décision qui l’oblige à faire plusieurs jours de navigation supplémentaire sur une mer très agitée, avec des vagues pouvant atteindre jusqu’à quatre mètres.
    « Nous demandons ainsi aux autorités italiennes de désigner un port plus proche », a fustigé l’ONG. « Nous rappelons que selon le droit maritime international, les personnes rescapées doivent être débarquées ‘dans un délai raisonnable’. Pourtant, depuis plus de deux ans, la politique des ports éloignés retarde délibérément les sauvetages et met les personnes en danger. Ces décisions cyniques coûtent des vies », a-t-elle accusé.
    En Méditerranée, le début du week-end a également été marqué par l’arrivée, vendredi, à Catane, des 67 personnes qui avaient secourues la veille par le Louise Michel. Parmi elles, se trouvait notamment une femme enceinte de huit mois. L’embarcation en bois sur laquelle se trouvaient les exilés avait été remarquée en mer par l’avion Seabird, de l’association Sea-Watch. Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 31 personnes qui tentaient de rejoindre l’Europe ont déjà disparu ou sont décédées en mer Méditerranée depuis le début de l’année. En 2024, elles étaient 2 301, dont l’immense majorité en Méditerranée centrale, qui reste l’une des routes migratoires les plus mortelles au monde.
    Une très grande partie des bateaux qui quittent les côtes libyennes sont interceptés par les gardes-côtes et ramenés en Libye. En 2024, les forces maritimes libyennes ont arrêté 21 700 exilés en mer Méditerranée. Le chiffre dépasse le bilan annuel de 2023 (17 000 personnes interceptées) mais reste inférieur à celui de 2022 (24 600 personnes interceptées). Ramenés en Libye, les exilés sont emprisonnés et soumis à des traitements inhumains, généralement dans le but d’obtenir une rançon de leurs familles en échange de leur libération

    #Covid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#routemigratoire#migrationirreguliere#OIM#libye#humanitaire#somalie#syrie#erythree#egypte#sante

  • En Suède, le nombre de migrants ayant obtenu l’asile à son niveau le plus bas depuis 40 ans - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62201/en-suede-le-nombre-de-migrants-ayant-obtenu-lasile-a-son-niveau-le-plu

    En Suède, le nombre de migrants ayant obtenu l’asile à son niveau le plus bas depuis 40 ans
    Par La rédaction Publié le : 13/01/2025
    Jamais aussi peu de demandeurs d’asile n’ont obtenu de protection en Suède, depuis 40 ans. Sous l’impulsion du gouvernement de centre droit, en place depuis 2022 et soutenu par l’extrême droite, des restrictions de plus en plus sévères ont été appliquées au droit d’asile en Suède.
    Le gouvernement suédois a indiqué vendredi 10 janvier que le nombre de migrants ayant obtenu l’asile dans le pays avait atteint, en 2024, le niveau le plus bas depuis 40 ans. Au total, 6 250 permis de séjour pour l’asile ont été accordés dans le pays scandinave l’année dernière, a affirmé le ministre des Migrations, Johan Forssell, citant de nouvelles statistiques de l’Agence des migrations.
    Le gouvernement de centre droit dirigé par le Premier ministre Ulf Kristersson a introduit des restrictions de plus en plus sévères depuis son arrivée au pouvoir en 2022. Il est soutenu par les Démocrates de Suède, parti d’extrême-droite anti-immigration.
    En 2024, le nombre de personnes ayant demandé l’asile en Suède s’est élevé à 9 645, soit le chiffre le plus bas depuis 1996 et une baisse de 42 % par rapport à 2022. Un chiffre qui n’inclut pas les Ukrainiens, qui ont bénéficié d’une protection temporaire dans l’ensemble de l’Union européenne.
    En 2015, au plus fort de la crise des migrants, la Suède avait enregistré quelque 163 000 demandeurs d’asile, soit le nombre le plus élevé par habitant dans l’UE.
    « Si le nombre de demandeurs d’asile est historiquement bas, le nombre de personnes qui se voient accorder l’asile est également bas », a déclaré Johan Forssell aux journalistes. « Aujourd’hui, trois personnes sur quatre qui demandent l’asile en Suède ne sont pas considérées comme ayant des motifs suffisants pour obtenir un permis de séjour. Elles ne sont donc pas des réfugiées et doivent rentrer chez elles », a-t-il ajouté.Le faible niveau des demandes en Suède se distingue par rapport au nombre de demandeurs d’asile dans l’Union européenne, en Norvège et en Suisse qui a dépassé le million l’année dernière, approchant le niveau observé lors de la crise des migrants de 2015, note le ministre.
    Johan Forssell a estimé que la Suède devrait continuer à réduire le nombre de ses demandeurs d’asile dans les années à venir.
    Début décembre, le gouvernement suédois avait déjà introduit un projet de loi visant à limiter la possibilité pour les demandeurs d’asile déboutés de déposer une nouvelle demande sans avoir quitté le pays, souhaitant ainsi lutter contre la « clandestinité ». Le texte prévoit aussi d’empêcher les demandeurs déboutés de solliciter un permis de séjour pour travail tout en restant en Suède.
    Au lendemain de la chute de Bachar al-Assad en Syrie, la Suède a également été l’un des premiers pays européens à annoncer une suspension des demandes d’asile dans le pays pour les Syriens. La Suède se considérait autrefois comme un refuge pour les personnes victimes de guerre et de persécutions, mais elle a eu du mal, au fil des ans, à intégrer un grand nombre de ses nouveaux arrivants.
    Le pays nordique a pris des mesures récemment pour réduire l’immigration, comme l’octroi de permis de séjour temporaires aux demandeurs d’asile, le renforcement des exigences en matière de regroupement familial et l’augmentation des revenus exigés pour l’obtention d’un visa de travail pour les ressortissants de pays hors UE. Le gouvernement a également annoncé son intention d’offrir aux immigrants 30 000 euros pour quitter le pays. Il veut en outre faciliter l’expulsion des migrants en cas de consommation de drogues, de liens avec des gangs criminels ou s’ils « menacent les valeurs suédoises ».

    #Covid-19#migrant#migration#suede#UE#asile#syrie#ukraine#politiquemigratoire#immigration#sante#droit

  • Le Royaume-Uni annonce un plan pour sanctionner les passeurs de migrants - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62172/le-royaumeuni-annonce-un-plan-pour-sanctionner-les-passeurs-de-migrant

    Le Royaume-Uni annonce un plan pour sanctionner les passeurs de migrants
    Par La rédaction Publié le : 10/01/2025
    Le gouvernement britannique a annoncé mercredi un plan pour s’attaquer financièrement aux réseaux de passeurs : il prévoit, comme pour les sanctions internationales, de geler les avoirs des passeurs et des fabricants de « small boats » qui collaboreraient avec les trafiquants. Mais la majorité des passeurs utilisent un réseau informel basé sur de l’argent liquide.
    Londres multiplie les mesures pour freiner les arrivées irrégulières au Royaume-Uni. Dernière en date : un régime spécifique de sanctions ciblant les réseaux de passeurs de migrants. « Je suis fier d’annoncer que le Royaume-Uni est sur le point de devenir le premier pays au monde à élaborer une législation pour un nouveau régime de sanctions ciblant spécifiquement l’immigration irrégulière et le crime organisé en matière d’immigration », a déclaré mercredi 8 janvier dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, David Lammy. « Cela contribuera à prévenir, combattre, dissuader et perturber l’immigration irrégulière et le trafic de migrants vers le Royaume-Uni ».
    Ce nouveau dispositif, qui doit entrer en vigueur dans le courant de l’année, permettra « de cibler les individus et entités qui organisent ces dangereuses traversées » de la Manche, et qui « réalisent d’importants profits en exploitant des personnes vulnérables », insiste le Foreign Office. Concrètement, les autorités britanniques prévoient, comme pour les sanctions internationales, de geler les avoirs des passeurs et des fabricants de « small boats » qui collaboreraient avec les trafiquants. Le but, selon le gouvernement : « Endiguer les flux financiers à leur source ».
    Le ministère des Affaires étrangères « prévoit de collaborer étroitement avec les alliés internationaux » pour mener à bien son projet. Mais cette mesure ne s’appliquera qu’aux avoirs britanniques des passeurs, souvent basés à l’étranger, qui utilisent rarement les réseaux bancaires traditionnels. La majorité des trafiquants utilisent un réseau informel basé sur de l’argent liquide. Ce plan est « très similaire aux pouvoirs utilisés contre les terroristes, ce qui nous permet de saisir leurs biens, de les empêcher de voyager et de les mettre hors d’état de nuire », pense le gouvernement. Les autres régimes de sanctions existants (contre certains dirigeants iraniens, ou encore les soutiens à la guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine), prévoient notamment des gels d’avoirs, des restrictions financières ou encore des interdictions d’entrer sur le territoire britannique.
    Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, le Premier ministre britannique Keir Starmer a promis de renforcer la lutte contre les réseaux de passeurs, qu’il entend traiter « comme des terroristes ».
    Le gouvernement a notamment créé un nouveau centre de commandement dédié à la « sécurité des frontières » et a renforcé sa coopération avec ses partenaires européens pour traquer ces réseaux. Le Royaume-Uni a aussi signé l’an dernier un partenariat avec l’Irak qui vise à renforcer la collaboration des deux pays contre les réseaux de passeurs et de « travailler » à accélérer le retour des migrants irakiens dans leur pays, quand ils n’ont pas de titre de séjour valable au Royaume-Uni. Quelques mois plus tôt, Londres avait conclu des accords avec la Serbie, la Macédoine du Nord et le Kosovo destinés à « accroître le partage de renseignements et à intercepter les gangs criminels de passeurs ». Début novembre, Keir Starmer avait aussi annoncé la création d’un fonds de 90 millions d’euros consacré à la lutte contre les trafiquants opérant dans la Manche. L’argent doit notamment servir à financer des équipements de surveillance de haute technologie et 100 enquêteurs spécialisés contre les réseaux de passeurs.
    Mais malgré toutes ces mesures, les traversées de la Manche, à bord d’embarcations précaires et non adaptées à la navigation, ne faiblissent pas. Au contraire. En 2024, 36 816 personnes ont débarqué sur les rives britanniques depuis les côtes françaises. C’est 25 % de plus qu’en 2023. Ce chiffre est toutefois en deçà du record atteint en 2022, avec 45 774 arrivées. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, au moins 5 800 personnes ont par ailleurs été secourues en mer en 2024 côté français, et plus de 870 tentatives de traversée ont été empêchées par les forces de l’ordre déployées sur le littoral.
    Afin de gagner le Royaume-Uni, les migrants versent des milliers d’euros à des passeurs pour s’entasser sur des canots pneumatiques. Depuis plusieurs mois, les associations présentes dans le nord de la France dénoncent des montées à bord toujours plus chaotiques. Les causes sont nombreuses : canots surchargés, bousculades, violences de la part des forces de l’ordre françaises pour empêcher les départs. Résultat : les décès survenus sur cette route migratoire n’ont jamais été si nombreux. Au moins 76 personnes sont mortes noyées ou étouffées l’an dernier, faisant de 2024 l’année la plus meurtrière dans la Manche.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#politiquemigratoire#trafic#migrationirrreguliere#manche#passeur#serbie#macédoinedunord#kosovo#sante

  • « Nous sommes débordés » : à Lanzarote, les nombreuses arrivées de migrants mettent à mal le système d’accueil - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62149/nous-sommes-debordes--a-lanzarote-les-nombreuses-arrivees-de-migrants-

    « Nous sommes débordés » : à Lanzarote, les nombreuses arrivées de migrants mettent à mal le système d’accueil
    Par La rédaction Publié le : 09/01/2025
    Une centaine de migrants ont passé la nuit du 6 au 7 janvier sur un quai du port d’Arrecife, à Lanzarote, en raison du manque de places disponibles sur l’île des Canaries. Tout l’archipel espagnol tire la sonnette d’alarme face aux capacités limitées d’accueil des migrants - qui arrivent chaque jour ou presque sur les côtes canariennes.
    Au moins 120 personnes ont passé la nuit du lundi 6 au mardi 7 janvier sur les quais du port d’Arrecife à Lanzarote, après leur arrivée sur des embarcations de fortune. Selon le journal espagnol Canarias Ahora, des familles avec enfants se trouvaient parmi les exilés : onze femmes, dont une enceinte, quatre mineurs accompagnés et onze mineurs isolés, détaille le journal.
    L’arrivée d’un grand nombre de migrants durant la journée du 6 janvier a obligé le Consortium d’urgence de Lanzarote à déployer en urgence des tentes sur le quai - une mesure exceptionnelle - et à offrir des matelas pour que les migrants puissent dormir dans des conditions décentes.Dans les heures qui ont précédé la soirée du 6 janvier, les opérations de secours se sont enchaînées : 250 personnes avaient rejoint Lanzarote à bord de quatre bateaux pneumatiques. Le premier a été secouru à 66 kilomètres de l’île avec 72 hommes et une femme à bord. Le second a été repéré par le Salvamento Marítimo avec 68 autres migrants à bord, dont deux mineurs et trois femmes. En fin de journée, les autorités maritimes ont porté assistance à deux autres embarcations transportant chacune 51 et 58 personnes.
    Les jours suivants, les opérations ont continué. Au total, plus de 800 migrants sont arrivés à Lanzarote dans les premiers jours de l’année 2025. « Nous sommes débordés, les centres sont saturés, nous devons continuer à ouvrir de nouvelles installations », a déclaré aux médias Marciano Acuña, un élu de l’ile qui s’inquiète aussi de la fragilité des personnes débarquées : une femme qui a accouché sur un canot pendant la traversée et l’arrivée d’une jeune fille de 15 ans avec « un bébé d’un an et quelques mois », a précisé Marciano Acuña.
    Le problème de l’accueil des exilés n’est pas nouveau. Chaque jour ou presque, des embarcations chargées de migrants accostent à Lanzarote et sur les îles canariennes (El Hierro, Grande Canaries, Tenerife...). Le système d’hébergement sature régulièrement avec des conséquences dramatiques sur la prise en charge des migrants, notamment les mineurs isolés.
    Fin octobre 2024, on dénombrait par exemple près de 6 000 jeunes migrants pris en charge dans l’archipel, pour une capacité de seulement 2 000 places réparties dans 81 centres d’accueil. Et les alternatives manquent. Par manque d’espace, « il est difficile d’agrandir les capacités » d’accueil, avait déjà constaté la Croix-Rouge espagnole, jointe par InfoMigrants en 2023. Depuis des années, les ONG locales dénoncent une faillite de l’État de droit, tandis que les autorités canariennes lancent des cris d’alarme. Elles supplient Madrid d’augmenter le nombre de transferts vers le continent espagnol - ce qui permettrait de répartir les migrants parmi les régions espagnoles et de désengorger l’archipel.
    Le gouvernement socialiste n’est pas sourd à ce signal d’alarme et souhaite réformer l’article 35 de la loi Immigration, qui acterait notamment l’accueil obligatoire des mineurs non accompagnés dans les différentes structures du pays (sur le continent), lorsqu’un territoire (comme les Canaries) dépasse 150 % de sa capacité d’accueil. Mais la réforme bloque, car l’exécutif et l’opposition ne parviennent pas à s’entendre. Pourtant, la situation est plus que jamais urgente. Cette saturation a des conséquences déplorable sur la population migrante : la détérioration des soins de santé, pourtant indispensables aux exilés après des jours passés dans l’océan Atlantique, sans eau ni nourriture en quantité suffisante. Pour rappel, le trajet jusqu’aux Canaries depuis les côtes ouest-africaines dure plusieurs jours, dans une embarcation à la merci des intempéries et des forts courants. La soif, la faim, les brûlures causées par le mélange d’eau de mer et de carburant rendent le périple cauchemardesque, pour ceux qui y survivent.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#routemigratoire#migrationirreguliere#atlantique#MNA#accueil#famille#sante#lanzarote

  • Sur la route migratoire entre l’Algérie et l’Espagne, une hausse effrayante des naufrages - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/61991/sur-la-route-migratoire-entre-lalgerie-et-lespagne-une-hausse-effrayan

    Sur la route migratoire entre l’Algérie et l’Espagne, une hausse effrayante des naufrages
    Par Marlène Panara Publié le : 31/12/2024 Dernière modification : 02/01/2025
    D’après l’ONG espagnole Caminando Fronteras, plus de 500 personnes sont mortes en 2024 sur la route migratoire menant de l’Algérie à la péninsule ibérique ou à l’archipel des Baléares. Des chiffres qui font de ce passage en mer Méditerranée la deuxième route la plus meurtrière pour l’Espagne, derrière celle des Canaries.
    Youssef* connaissait bien la mer. Le jeune Algérien de 26 ans a plusieurs fois été pêcheur, et était bon nageur. Il a aussi été saisonnier sur le littoral algérien. Cette nuit de fin novembre, lorsqu’il a embarqué avec 12 autres personnes dans un petit bateau à moteur sur une plage d’Alger pour gagner l’Espagne, « il avait conscience des risques qu’il prenait », assure sa cousine qui préfère garder l’anonymat. « Mais il avait tellement de copains qui étaient partis comme ça et qui avaient réussi … » Mais Youssef n’arrivera jamais à Alicante, sa destination. Après cinq kilomètres seulement en mer, son embarcation prend l’eau. S’ensuit une altercation avec le conducteur du bateau, qui finit par se renverser. « Tout le monde est tombé à l’eau, y compris une famille avec une enfant de 6 ans et un bébé », raconte sa cousine. Les gardes-côtes algériens sont prévenus, mais la localisation du naufrage n’est pas la bonne. Les naufragés, qui n’ont pas de gilet de sauvetage, attendent près de six heures en pleine mer. Youssef fait grimper la petite fille sur un bidon d’essence. Lorsqu’un groupe de jeunes, prévenus de leur départ, parvient finalement à les retrouver, il est trop tard. Le bébé et sa mère sont retrouvés morts. Youssef et deux autres passagers sont portés disparus.
    Ce naufrage est loin d’être un cas isolé. Sur cette route migratoire qui relie l’Algérie à l’Espagne, les drames sont « de plus en plus fréquents », et « des cadavres apparaissent sur la côte [espagnole] plusieurs jours après [...] que les secours ont été alertés », indique la Garde civile dans un document consulté par le média Levante. D’après le dernier rapport de l’ONG Caminando Fronteras publié le 26 décembre, au moins 517 personnes sont mortes sur cette voie en 2024. Elles étaient 464 en 2022, et 191 en 2021.
    Cette année aussi, 26 embarcations ont « totalement disparu » en mer, avec tous leurs passagers. Des chiffres qui font de ce passage en Méditerranée la deuxième route la plus meurtrière pour l’Espagne, derrière celle des Canaries. Empruntée depuis plusieurs années par les candidats à l’exil, cette voie s’est réellement consolidée depuis 2021, affirme Caminando Fronteras. Les passagers déboursent entre 2 000 et 4 000 euros, parfois plus, pour effectuer ce trajet à bord de petits bateaux à moteurs de 60 à 140 chevaux, totalement inadaptés à ce type de traversées en pleine mer. En 2024, 13 952 migrants ont été comptabilisés sur cette voie.
    Les candidats au départ embarquent depuis Oran, Mostaganem, Tipaza ou Alger et naviguent en direction du sud de la péninsule ibérique. Ils sont parfois secourus au large d’Almeria, Carthagène, Murcie ou Alicante. Mais depuis 2022, la route algérienne se déplace de plus en plus à l’est, en direction des îles Baléares, une zone moins surveillée. Le 29 décembre, 18 personnes ont atteint l’île de Formentera, et ont été rejointes par 74 migrants arrivés dans trois embarcations distinctes quelques heures plus tard. Depuis le 1er janvier 2024, 5 793 personnes au total ont débarqué aux Baléares, soit 154,3 % de plus que les 2 278 exilés arrivés dans l’archipel en 2023, d’après les chiffres de l’agence de presse espagnole EFE.
    Cet itinéraire, moins couvert par les secours, est tout aussi « périlleux », prévient Caminando Fronteras. « Les dangers de cette traversée sont même plus importants en raison des distances plus longues, mais aussi parce qu’il existe un risque élevé de perdre le cap et de se retrouver dans les zones les plus hostiles de la mer Méditerranée ».
    Sur cette voie, les profils des « harragas », littéralement « brûleurs de frontières », sont aussi plus vulnérables. Le rapport constate la présence régulière « d’adolescents qui voyagent seuls », et qui cherchent à rejoindre de la famille en Europe. « Pour beaucoup, en France », précise-t-on. Ces mineurs sont habituellement originaires d’Algérie, mais de plus en plus de jeunes subsahariens, syriens, ou palestiniens embarquent, eux aussi, depuis les côtes algériennes. D’après l’ONG espagnole, « près de 40 % des personnes qui s’engagent sur cette route maritime des Baléares proviennent désormais de pays autres que l’Algérie ».
    Les jeunes enfants accompagnés de leurs mères sont également de plus en plus nombreux. « Beaucoup d’entre eux étaient précédemment passés par la Libye et la Tunisie avant d’être refoulés dans le désert », précise l’association. Ces dernières années, les embarcations de fortune parties d’Algérie se remplissent souvent de familles entières. En octobre 2021, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) décrivait ce phénomène comme « une ’harga [migration en français]’ familiale inédite », qui trouve racine dans la morosité économique plombant le pays depuis 2014 et la chute du cours du pétrole.
    « En Algérie, il n’y a pas la guerre. Mais le chômage des jeunes, même diplômés, poussent la plupart à partir. Dans ce pays, si vous ne connaissez personne pour vous pistonner, vous n’avez pas d’avenir », explique la cousine de Youssef. « Et quand vous voyez que la plupart des gens que vous connaissez ont quitté le pays, sont heureux ailleurs et que vous, vous continuez à galérer malgré les années, partir devient votre seul objectif ». « Ici, même les jeunes avec un diplôme ne trouvent pas de travail, et ils s’ennuient », avait également confié en mai dernier Kenza, dont le frère originaire de Tizi Ouzou avait disparu en mer. « Hamza disait que la vie en Algérie, c’était fatigant. Alors quand il est entré à l’université de sociologie, il a rapidement fait des demandes de visa étudiant. À chaque fois, elles ont été refusées ». Youssef avait lui aussi d’abord envisagé de partir de chez lui « dans les règles », sur les conseils de sa famille. Le jeune homme avait fait des demandes de visa pour l’Union européenne, le Canada et le Royaume-Uni. Mais, comme Hamza, aucune ne lui a été accordée. Aujourd’hui, la mère de Youssef « pense qu’il est en prison en Espagne ». « On ne lui a pas dit ce qu’il s’était vraiment passé, car elle a une santé très fragile », confie sa cousine. Tous les jeunes du quartier, en revanche, ont appris la mort de Youssef et des autres passagers. « Le lendemain du drame, beaucoup embarquaient à leur tour dans un bateau ».

    #Covid-19#migrant#migration#sante#algerie#espagne#baleares#routemigratoire#mortalite#sante#jeunesse#mediterranee