• Une « invasion » d’ours polaires agressifs dans l’archipel russe de la Nouvelle-Zemble
    https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/02/12/l-archipel-russe-de-la-nouvelle-zemble-confronte-a-une-invasion-d-ours-polai


    Des ours polaires dans les rues de Belushya Guba, sur l’archipel russe de la Nouvelle-Zemble, le 11 février.
    SAISIE D’ECRAN / ©MUAH_IRINAELIS / AP

    La fonte toujours plus rapide des glaces dans l’Arctique pousse ces animaux à chercher de la nourriture là où elle se trouve.

    Ils errent en bande, attaquent les gens dans la rue, s’invitent dans les immeubles d’habitation ou font les poubelles, comme l’illustrent de nombreuses vidéos.

    Les autorités de Nouvelle-Zemble, cet archipel russe de la mer de Barents, ont décrété, samedi 9 février, l’état d’urgence face à l’« invasion » de dizaines d’ours blancs agressifs (Ursus maritimus), aussi connus sous le nom d’ours polaires, victimes du dérèglement climatique et de la fonte des glaces.

    Les autorités régionales de l’archipel, peuplé de 3 000 personnes, sont confrontées à ce phénomène depuis décembre 2018. Une cinquantaine d’ours polaires rendent régulièrement visite à Belouchia Gouba, le plus grand village des îles, où est basée une garnison militaire russe. « Je suis en Nouvelle-Zemble depuis 1983, mais je n’ai jamais vu une invasion si massive d’ours polaires », assure dans un communiqué le chef de l’administration de Nouvelle-Zemble, Jigancha Moussine.
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    « Les ours polaires dépendent du succès de leur chasse au printemps et au début de l’été pour survivre, se reproduire et allaiter leurs petits », écrit pour sa part le Fonds mondial pour la nature (WWF). Pour survivre, un individu adulte a besoin de dévorer de cinquante à soixante phoques par an. « Des scientifiques ont démontré que la cause principale de mortalité chez les oursons était le manque de nourriture, et notamment un lait trop pauvre en graisse. A cela s’ajoutent des cas de cannibalisme des grands mâles, qui peuvent s’attaquer aux oursons en période de disette », ajoute le WWF.

    La disparition de la banquise réduit le territoire de chasse de l’ours et raccourcit sa période de chasse, d’où l’allongement de son jeûne et un état de santé qui décline. Enfin, la glace, moins épaisse, peut dériver au gré des vents et des courants, emportant les ours en pleine mer. Les animaux doivent alors s’épuiser à nager pour trouver des plaques de glace plus hospitalières ou regagner la terre ferme. Des ours en mauvaise santé se reproduisent moins, ce qui peut conduire à une raréfaction de l’espèce au niveau local.