Partout où l’on constate une faiblesse, supposer une force

/Partout-ou-l-on-constate-une.html

  • Partout où l’on constate une faiblesse, supposer une force - Gilles D’Elia
    http://www.gillesdelia.com/Partout-ou-l-on-constate-une.html

    S’il fallait ramener le génie de #Freud à une seule idée, je l’exprimerais ainsi : partout où il voit une faiblesse, Freud suppose une force . Un lapsus, un oubli, un trou de mémoire ? Tout cela semble témoigner d’une baisse d’énergie, d’une fatigue du sujet — alors qu’il s’agit au contraire d’une force qui agit dans le sujet. Dans cette perspective totalement révolutionnaire, un sujet ne se fatigue jamais : il est toujours dans la manifestation de son #désir. D’ailleurs, la notion même de “fatigue” n’a plus aucun sens après que l’on ait opéré un tel renversement : la fatigue est finalement le parfait symptôme de celui qui gaspille toute son énergie à résister contre son désir (car il en redoute les conséquences dans le réel) et qu’une telle résistance épuise. Mais ici, la fatigue et l’épuisement s’expliquent encore par un trop-plein de force et de désir ! Voilà pourquoi je ramène le génie de Freud à cette idée simple : partout où l’on constate une faiblesse, supposer une force. Transformez cette idée en #éthique, appliquez-là comme critère d’observation à toutes les conduites humaines, et vous obtenez la #psychanalyse.

    Miguel est un enfant qui était à l’école, en classe primaire, avec ma fille. Dans la classe, chaque fois que les enfants avaient une conduite plus “mature”, ils gagnaient un insigne de couleur (blanc puis jaune, vert, bleu...) qui leur donnait droit à des responsabilités. Vers le milieu de l’année, alors que tous les enfants avaient déjà un insigne vert, Miguel n’arrivait pas à dépasser l’insigne blanc. Un jour, sa mère m’expliqua pourquoi : « il n’est pas capable de s’arrêter de parler dans les rangs » me dit-elle. Cette merveilleuse déclaration me fit sourire : tout ce dont cet enfant était capable (s’exprimer intensément, communiquer avec ses amis, défendre énergiquement ses idées) s’était “miraculeusement” transformé en incapacité ! Et l’on comprend bien pourquoi : comme une capacité personnelle n’est pas forcément rentable pour le groupe social (ici la classe d’école), on a transformé la capacité à s’exprimer du petit Miguel en incapacité à se taire .