Gilets jaunes : derrière l’accusation de « mépris de classe », la condescendance de classe

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  • Gilets jaunes : derrière l’accusation de « mépris de classe », la condescendance de classe

    https://mars-infos.org/gilets-jaunes-derriere-l-3825

    La critique du mouvement des #gilets_jaunes est systématiquement soupçonnée d’être instruite par mépris de classe. Cette accusation est le plus souvent dénuée de fondements et elle est problématique sur le plan politique. Elle reflète surtout la condescendance de celles et ceux qui la formulent.

    Les textes des camarades qui soutiennent le mouvement des gilets jaunes se suivent et se ressemblent. Outre l’aveuglement volontaire dont ils témoignent souvent vis-à-vis du caractère #réactionnaire du mouvement, ils incluent pour la plupart un paragraphe visant à disqualifier les contradicteur·ices potentiel·les. Le ressort de cette disqualification est toujours le même : puisque le mouvement est « #populaire », celles et ceux qui le critiquent pratiqueraient le #mépris_de_classe. Entre militant·es de #gauche et anarchistes, c’est un peu l’injure suprême : accuser l’autre de dédain pour les plus faibles, c’est le discréditer immédiatement.

    [...]

    Cette condescendance est problématique sur le plan politique, à plusieurs égards :

    – Réduire toute critique à du mépris de classe, c’est refuser de voir que nombre de critiques émanent, précisément, de personnes d’extraction sociale modeste et s’appuient, précisément, sur leur vécu en milieu populaire.

    – C’est aussi fournir un paravent bien pratique pour empêcher la critique des comportements racistes, sexistes ou homophobes qu’adoptent les personnes mobilisées, quelle que soit leur classe sociale.

    – Renoncer à tout jugement #critique sous prétexte qu’un mouvement serait populaire, c’est nier au « peuple » sa capacité à faire des choix éthiques et politiques. C’est donc, en leur refusant d’avoir à répondre de leurs actes sur ces plans, exclure les classes populaires des interlocuteurs légitimes et de l’espace démocratique. Les personnes issues des classes populaires sont déjà très faiblement présentes dans l’espace médiatique et politique. Refuser à celles qui le font de les écouter sur le plan politique - et le cas échéant de les combattre sur ce plan - c’est contribuer à leur infériorisation.

    – Cette condescendance révèle enfin la distance qu’entretiennent celles et ceux qui l’adoptent avec celles et ceux qu’ils appellent « le peuple ». Il ne faut vraiment avoir aucun contact avec des ouvrier·es et des employé·es pour pouvoir affirmer, toute honte bue, qu’ils et elles seraient tou·tes indifféremment #dépolitisé·es, #racistes, #homophobes ou #sexistes. Outre que c’est insultant, c’est objectivement faux. Ce « peuple » que nous mépriserions est totalement fantasmé.

    Une des conséquences de la #condescendance_de_classe est de ne pas identifier les #fachos pour ce qu’ils sont mais de croire voir « le peuple » en eux. Camarades, si vous voyez un #fasciste agiter un drapeau bleu blanc rouge en hurlant « on est chez nous » sur une barricade, ce n’est pas « le peuple », c’est quelqu’un qu’il faut dégager.

    Collectif Athéné Nyctalope