• Londres : deux rappeurs condamnés à des peines de prison pour les paroles d’une de leurs chansons
    https://lundi.am/Les-tentatives-de-censurer-la-drill-ont-franchi-un-nouveau-cap-alarmant

    Les beats sont délibérément épars et menaçants, et les paroles tendent vers le sombre, vers des récits violents de la vie de quartier.
    Elle est criminalisée parce qu’elle décrit souvent des activités criminelles ; et ainsi, c’est plus facile pour la police d’aller chercher des personnes parlant juste du crime à Londres, que d’aller poursuivre les criminels avérés.
    Qu’est-ce qui est reproché à Skengdo & AM ?

    Les deux ont été condamnés à 9 mois de prison avec sursis parce qu’il ont joué un titre insultant contenant les noms de rappeurs rivaux.
    Comment décrirais-tu le contexte raciste de l’affaire ?

    Les hommes noirs sont considérés comme des malades et des criminels violents. L’idée que ces deux artistes pourraient avoir exprimé leurs conditions de vie avec habileté et esprit s’est complètement dissoute dans l’urgence qu’il y a eu de les étiqueter comme membres de gang, et malfrats. Il y a une longue histoire d’artistes blancs qui traitaient de thèmes inconfortables, mais leur liberté d’y impliquer des expériences vécues est rarement étendue aux jeunes noirs...

    (1) Pour Scotland Yard, drill rime avec crime - Culture / Next
    https://next.liberation.fr/musique/2018/10/12/pour-scotland-yard-drill-rime-avec-crime_1684990

    En Angleterre et au pays de Galles, les crimes à l’arme blanche ont augmenté de 22 % en 2017 par rapport à 2016 et 39 enfants et adolescents ont été poignardés à mort. En août, la capitale a passé la barre des 100 morts violentes. Les rappeurs sont en première ligne : entre mai et août, trois MCs sont morts par arme blanche ou arme à feu dans le quartier de Camberwell. « C’est triste, mais tu ne peux pas changer la volonté de Dieu. Qu’ils reposent en paix », jette Scribz, 26 ans, membre du groupe 67, également connu sous l’alias LD et pour son masque à la MF Doom. Dans la cour de l’immeuble où ils ont grandi, les jeunes rappeurs sont résignés - blasés presque. « C’est la loi de la rue, tout arrive pour une raison », assène Liquez, 21 ans, le plus jeune du groupe. De nombreux « drillers » sont passés par la prison, notamment pour possession d’armes.

    Londres est une ville pétrie d’inégalités. 37 % des enfants y vivent sous le seuil de pauvreté, 81 clubs de jeunes ont fermé depuis 2011 à la suite de coupes budgétaires et les frais universitaires ont explosé (9 000 livres par an, soit 10 300 euros environ) pendant qu’une bourse destinée aux étudiants les plus pauvres (EMA) était supprimée. Un quotidien brutal aux minces perspectives qui se reflète dans les couplets des MCs. Mais pour la police, le lien est fait entre cette recrudescence de violence et le drill : « La musique drill est associée à des paroles qui rendent glamour de graves violences, des meurtres, des coups de couteau », a dénoncé en mai Cressida Dick, patronne de la Met, la police de Londres, appelant YouTube à supprimer certaines vidéos de la plateforme. Fin mai, l’agence Press Association annonçait que 30 vidéos environ avaient été supprimées. Un chiffre sous-évalué, corrige-t-on chez YouTube, sans donner de précisions.

    Nés pour le rap
    http://www.revue21.fr/zoom_sur/nes-pour-le-rap

    Chief Keef porte un bracelet électronique, condamné pour « fabrication et vente d’héroïne ». Il s’en moque : « Rien à foutre de cette merde, je sais que j’irai en enfer. » Né en 1995 dans le ghetto de Chicago, élevé par la rue, il appartient au gang des Black Disciples. « Bang » est sa première chanson. Elle est vue dix millions de fois. Les suivantes – « I don’t like », « Love Sosa » – font de lui une star mondiale. D’autres jeunes le suivent et on se met à parler du rap « drill » de Chicago. La drill n’a pas de définition officielle. C’est une mise en scène de la violence sur un rythme planant, c’est jeune et brut, ça marche parce que c’est réel. « Bang. »

    « Chief Keef est Chicago, il n’aurait pas pu venir d’ailleurs. Les rappeurs drill n’inventent rien. Ils mettent des rimes au bout de leur vie, et leurs vies ne sont pas belles à voir », explique son producteur. Pas aussi branchée que New York, moins pailletée que Los Angeles, la troisième ville des États-Unis est une boiteuse. Blancs et Noirs vivent à part : les riches au nord, les pauvres autour. En 2012, la ville a enregistré 532 meurtres et 2 670 blessés par balle.

    https://zone024.fr/2018/01/28/uk-drill

    • Comme il arrive généralement, la BBC a suivi le mouvement et a commencé à censurer le rock ’n’ roll, interdisant, entre autres, le « Maybellene » de Chuck Berry, étant donné que les paroles, qui mentionnaient l’infidélité (Maybelle drague et Chuck a le coeur brisé) étaient potentiellement dépravantes.

      Les années 70 ont vu l’avènement très documenté du punk, et l’interdiction simultanée des Sex Pistols en concert et sur les ondes, en même temps qu’une poursuite judiciaire avait tenté - sans succès - de faire juger leur album « Never Mind the Bollocks » comme criminellement obscène. Les années 80 ont eu le tube génialement sordide « Relax » suscitant l’indignation à cause de ses paroles osées, les anarcho-punks de Crass se sont vu refuser le pressage de leurs disques par les usines parce qu’ils étaient « blasphématoires » et U2 terrifiait les gardes-côtes de Island Records parce qu’ils chantaient la brutalité de l’armée britannique en Irlande du nord.

      Mais rien de tout cela n’a d’équivalent avec ce qui s’est passé la semaine dernière - parce que, peu importe le nombre de fois où la police a fait fermer un lieu, ou que la BBC (ou n’importe quelle station de radio) a décidé de ne pas jouer un titre, de toute ma vie, je ne peux trouver aucun exemple d’artiste ayant été puni d’une peine de prison pour le simple fait de chanter une chanson pop.

      #Musique #Musique_et_politique #censure #rap #drill #Skengdo_x_AM #UK