La Russie enjambe les divisions au Moyen-Orient

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  • La Russie enjambe les divisions au Moyen-Orient
    Par M. K. Bhadrakumar / Asia Times Online, le 10 octobre 2012 / Traduction [JFG-QuestionsCritiques]

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    Un contrat d’armement de plusieurs milliards de dollars avec l’Irak, une réunion au sommet avec la Turquie, un exercice de réconciliation avec l’Arabie Saoudite, des débuts avec les Frères Musulmans égyptiens qui font penser au Sphinx - tout ceci a de fortes chances de se produire au cours d’un mois turbulent au Moyen-Orient.

    Mardi, Moscou a annoncé que le Premier ministre irakien, Nouri al-maliki, se trouvait dans la capitale russe et que les deux pays avaient signé des contrats d’armement « supérieurs à » 4,2 milliards de dollars, qui incluent l’achat par l’Irak de 30 hélicoptères d’attaque Mi-28 et 42 systèmes de missiles sol-air Pantsir-S1 qui peuvent également être utilisés pour la défense contre des avions d’attaque.

    La déclaration conjointe russo-iraquienne, faite à Moscou, a révélé que des discussions ont été en cours durant les cinq derniers mois sur ce contrat d’armement et que des discussions supplémentaires sont en cours concernant l’achat par l’Irak de jets MiG-29, de véhicules lourds blindés et autres armes. Une annonce du Kremlin a dit que Maliki doit rencontrer le Président Poutine ce mercredi et que leur discussion se concentrera sur la coopération énergétique entre la Russie et l’Irak.

    Cette information sensationnelle va mettre les politiciens nord-américains dans tous leurs états. Il a été rapporté que le téléphone n’a pas arrêté de sonner au cabinet de Maliki, à Bagdad, dès que son voyage à Moscou a été révélé et que quelque chose de gros pouvait être dans les tuyaux. Des questions sont arrivées du Département d’Etat et de la NSA [National Securité Council] pour savoir ce qui justifiait un tel voyage à ce moment précis.

    Le fait est que Maliki reste une énigme pour Washington. Il est sans aucun doute un ami des Etats-Unis, mais il est peut-être également un meilleur ami de l’Iran. A présent, il semble qu’il soit aussi un ami de la Russie - comme l’était Saddam Hussein.

    Washington et Ankara l’ont contrarié à plusieurs reprises, croyant qu’il était à leur service et allant même jusqu’à enterrer son avenir politique, en s’accordant avec le Kurdistan, au Nord, au sujet de contrats pétroliers lucratifs et en ignorant ses protestations disant que l’Irak était un Etat souverain et que Bagdad est sa capitale et que le pays avait une constitution empêchant les pays étrangers de négocier directement avec ses régions en passant au-dessus de la capitale et du gouvernement central.
    (...)

    Telles que sont les choses, la Turquie et l’Arabie Saoudite sont confrontées à une situation particulièrement difficile vis-à-vis de ce qu’il se passe en Syrie. Aucun de ces deux pays n’a pensé que le régime syrien disposerait d’une telle base sociale et politique pour s’accrocher ; tous deux sont contrariés qu’un « changement de régime » en Syrie sera un long chemin lourd de conséquences incertaines, non seulement pour la nation syrienne, mais également pour la région dans son ensemble - et même pour eux.

    Une fois encore, tandis qu’il n’y a aucune accalmie dans l’opposition obstinée à une intervention extérieure en Syrie, que Moscou et Pékin ont largement exposée, un mandat du Conseil de Sécurité de l’Onu pour une intervention doit être écarté. D’un autre côté, sans mandat de l’ONU, une intervention occidentale est improbable, et en tout cas, les Etats-Unis restent désintéressés tandis que les attitudes européennes seront guidées par leurs priorités économiques. Selon la dernière estimation du FMI, l’Europe glisse vers une récession prolongée de laquelle un rétablissement à court-terme semble hautement improbable.