» “Les oubliés de la République”. Par Jean-Michel Naulot

/les-oublies-de-la-republique-par-jean-m

    • La révolte des classes moyennes et des catégories défavorisées n’est pas propre à la France. Elle traverse tout l’Occident. Elle s’exprime à l’égard de dirigeants qui ont laissé se développer depuis vingt ans au moins de graves dérives du capitalisme, ce que l’on a appelé le capitalisme financier. En France, les protestataires ne défendent pas des revendications catégorielles mais la nécessité de repenser un système. Ces oubliés de la République dénoncent la baisse du pouvoir d’achat, les inégalités sociales, les excès de la finance, la précarité comme solution au chômage, la toute-puissance des métropoles, la désertification des territoires, l’abandon des banlieues, la montée de la misère.

      Les dirigeants occidentaux, qui avaient dans l’ensemble plutôt bien conduit les affaires du monde au lendemain de la guerre, ont commis des erreurs qui rendent la situation explosive. Les Anglo-Saxons ont cru qu’en faisant tomber les règles, notamment dans la finance, en libéralisant à tout-va, ils allaient doper la croissance. Ce fut vrai un temps, au début des années Reagan-Thatcher. Puis, très vite, les crises à répétition éclatèrent.

      Les Européens ont eu le tort de suivre le mouvement. Pire, ils ont imaginé que l’adoption d’une monnaie commune, en gommant les frontières, allait elle aussi doper la croissance et faciliter la marche vers le fédéralisme. Or, cette monnaie attise les divisions au lieu de les réduire.