• Tout ça pour ça. - Les Questions Composent
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    Je me rappelle, une fois, j’étais chez un vague pote, et on parlait de féminisme. Je lui ai dit que la plupart des hommes avaient peur du féminisme, qu’ils avaient des préjugés. Il était d’accord avec moi et il m’a répondu quelque chose comme : « il s’imaginent que t’es une poilue ! ». A cette époque, j’envisageais déjà de cesser l’épilation. J’ai rien dit, mais j’ai réfléchi. Je me suis dit : quel rapport avec les poils ? Le fait que je sois « poilue » change qui je suis, change la portée de mes propos.

    Pour beaucoup de gens il y a deux féminismes, disons qu’il y en a un respectable, fait de personnes sérieuses, et un où les femmes se laissent pousser les poils sous les bras ; et bien sur, le second est non seulement vu comme un « faux féminisme », mais il est perçu comme menaçant, d’une certaine façon. Faux, menaçant, dangereux, mais aussi futile, se « trompant de combat ». Mais ce qui est fou c’est quand même que la classification entre sérieux/futile, entre vrai et faux féminisme, se fait en fonction d’un critère physique esthétique. Vous voyez, comme je ne m’épile pas, le gars m’oppose à Beauvoir. Comme si je pouvais pas avoir lu Beauvoir (et je l’ai lue, entre autres) et avoir des poils sous les bras. Comme si je pouvais pas lire, écrire, penser, réfléchir et avoir des poils sous les bras. Comme si tout ce que je disais n’avait plus d’importance parce que j’ai des poils sous les bras.

    #poil #épilation #féminisme #sexisme #beauté

    • Certes, j’ai dit dans l’Obs que ma non-épilation avait, à mon avis, une portée féministe. Mais vous savez, pour être honnête, je n’y croyais pas plus que ça à ce moment-là. Enfin, pas autant que maintenant. Disons que je ne voyais pas ça comme quelque chose de spécialement très transgressif, comme quelque chose d’important, je n’y mettais pas tellement d’enjeu. Je me disais que je gagnais du temps et de l’argent, et que la peau de mes aisselles n’était plus irritée en permanence comme c’était le cas avant et que c’était plutôt une bonne chose. Je me disais que de toutes façons je m’étais habituée comme ça, que j’avais la flemme de m’épiler et voilà. Je ne mettais pas à cette absence d’épilation une bien grande portée féministe. Les réactions que l’article a eues m’ont faite changer d’avis. J’écrivais en commentaire à l’article que ces commentaires m’avaient fait « prendre contact avec l’aspect subversif de ma démarche » (oui j’aime bien me citer moi-même yakoi). Il y a même des personnes se disant féministes qui ont des propos assez violents pour condamner ce que je fais (enfin, ce que je ne fais pas, plutôt).

  • « Les sentiments du prince Charles », super BD sur le couple, l’amour, la construction du viril et du féminin, etc.
    http://www.editions-rackham.com/liv-stromquist-les-sentiments-du-prince-charles

    http://www.editions-rackham.com/wp-content/uploads/2012/09/stromquist-sentiments-couv-170x240.jpg

    Lors d’une conférence de presse après ses fiançailles avec Diana, le prince Charles dut répondre à la question : « Êtes-vous amoureux ? » Après une petite hésitation, il répondit : « Oui… Quel que soit le sens du mot “amour” ». Or, en lisant la presse people quelques années plus tard, on constata que de toute évidence Charles et Diana n’attribuaient pas du tout le même sens au mot « amour »… En feuilletant les mêmes magazines, on pouvait aussi se demander comment Whitney Houston avait pu tomber amoureuse d’un sale type comme Bobby Brown, et de remarquer au passage qu’en matière d’amour, le bonheur de l’un ne fait pas forcement celui de l’autre.

    « Qu’est-ce donc que l’amour ? » Forte du constat que les déconvenues sentimentales sont loin d’être l’apanage exclusif de quelques chanteuses ou têtes couronnées, la dessinatrice suédoise Liv Strömquist mène sa réflexion sur le pourquoi du comment de la relation amoureuse.

    Ainsi, les moindres faits et gestes de Charles, Diana, Whitney, Bobby Brown (et d’une foule de philosophes, écrivains et hommes politiques qui peuplent les pages de Les sentiments du Prince Charles) se mêlent à des faits historiques ou à des situations tirées du quotidien et font voler en éclats nombre de poncifs sur le sujet.

    À force d’exemples choisis, Liv Strömquist démontre méthodiquement qu’en amour, les rôles et les comportements de chacun sont loin d’être des données de fait inhérentes à une nature humaine immuable. En replaçant les liaisons sentimentales dans leur contexte socio-culturel, elle invite à reconsidérer la relation amoureuse autrement que selon la norme hétérosexuelle-monogame. En refermant Les sentiments du Prince Charles, nous en sauront certainement un peu plus sur le pourquoi Charles a quitté Diana et Whitney est tombée amoureuse de Bobby Brown mais, plus important encore, nous ne regarderons plus du même œil notre vie de couple.

    Essai en bande dessinée rigoureux et documenté, Les sentiments du Prince Charles est avant tout un plaidoyer passionné pour l’autodétermination et la libération des corps et des consciences. Par son humour décapant et salvateur, Liv Strömquist insuffle à son livre une exceptionnelle vitalité, tout en réussissant – par son trait à première vue naïf – à l’imprégner d’une fraîcheur singulière qui renforce son propos.

    #amour #couple