le revenge porn et les cyber-attaques ne sont pas nouveaux

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  • Le Web a 30 ans. Et non, il n’était pas forcément mieux avant
    30 ans du Web : le revenge porn et les cyber-attaques ne sont pas nouveaux
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    Le Web fête ses trente ans. Son anniversaire fait resurgir l’idée que le Web utopique du départ aurait glissé vers une version cauchemardesque. Cette conviction doit être relativisée. L’historienne Valérie Schafer rappelle que les conduites criminelles existent depuis les débuts, tout comme les initiatives visant à en faire un espace où règne créativité et égalité.

    Cela ne vous aura pas sans doute pas échappé, le Web fête ses trente ans aujourd’hui. Un anniversaire célébré en demi-teinte. Beaucoup de publications dénoncent ce que le Web est devenu : un espace perverti par la haine et une forme de capitalisme de surveillance. Dans une tribune Medium, l’un de ses créateurs, l’informaticien Tim Berners-Lee, estime que le Web souffre d’importants dysfonctionnements et qu’il convient de le sauver.
    Non le Web, c’était pas forcément mieux avant

    Si la haine sur les réseaux nous semble particulièrement prégnante aujourd’hui, l’idée d’un Web utopique à ses débuts devenu cauchemardesque doit être relativisée. « Le cyberharcèlement, les spams… existent déjà sur Internet, dans les mails, les forums, avant même le Web. Les premiers spams apparaissent dans les années 1970 », explique l’historienne Valérie Schafer.

    « Quand le Web se développe en France, il est accompagné au milieu des années 1990 d’une vague de procès, avec les premières plaintes de l’Union des étudiants juifs de France et de la Licra pour incitation à la haine raciale, mais aussi des affaires touchant à des contenus à caractère pédophile, ou encore la circulation d’une recette de fabrication de bombe sur Internet », raconte la spécialiste de l’histoire du numérique. France 2 consacrera même un reportage à cette recette de bombe en août 1995.
    Premier cas de revenge porn dans les 90s

    Même les premiers cas de « revenge porn » apparaissent dans années 1990. « Le Tribunal de Grande Instance de Privas se prononce en 1997 sur le cas d’un étudiant en informatique, qui a diffusé sur Internet des photographies à caractère pornographique de son ex petite amie accompagnées d’un commentaire sur "les mœurs" de celle-ci », précise Valérie Schafer.

    La violence sur les réseaux existe donc déjà depuis la création du Web. Dans une tribune Médium, Tim Berners-Lee convient lui-même qu’il sera difficile d’éradiquer ces comportements, même s’il est possible de les minimiser à l’aide de lois. Mais l’informaticien se montre sceptique vis-à-vis des projets législatifs visant à réguler les échanges sur les réseaux comme le règlement antiterroriste. Il estime, dans une interview au Monde, qu’ils pourraient conduire à la mise en place d’outils de censure massive. Et c’est l’un des paradoxes : faire d’Internet un endroit meilleur, plus apaisé, tout en évitant de trop le réguler.

    Le créateur du Web estime toutefois qu’il est possible de le « sauver » en jouant sur d’autres dysfonctionnements. Le fait que le Web repose en grande partie sur la publicité et la vente de données, notamment. Il encourage la population mondiale à se réunir autour d’un « contrat pour le Web » pour « discuter de ce dont nous avons besoin pour en faire un endroit meilleur et plus ouvert », explique-t-il au Monde. Mais peu d’actions très concrètes ressortent de son discours. Si ce n’est donner la possibilité aux gens de contrôler et de se servir de leurs données.
    Wikipedia, symbole d’un Web du partage

    La volonté de construire un cyberespace respectueux, libre et pas uniquement basé sur des échanges commerciaux n’est pas nouvelle. « Fondé sur l’ouverture, la gratuité, la participation, Wikipedia, qui démarre en 2001, incarne bien des valeurs d’un Web de l’information et du partage », évoque Valérie Schafer.

    Un certain nombre d’associations cherchent à préserver les valeurs d’Internet et du Web depuis sa création. A l’image de « l’Electronic frontier foundation créée dès les années 1990 », précise Valérie Schafer. Ou « Framasoft créée en 2001 et dont les outils proposent des alternatives à ceux des GAFAM en proposant de "Dégoogliser" Internet » et en promouvant le logiciel libre. »

    De multiples exemples montrent qu’égalité et créativité sont bien vivants sur le Web. Mais les préserver demande, selon Valérie Schafer, « une prise de conscience et des choix, de la part des internautes, des politiques en passant par les acteurs techniques et économiques. »

    #Histoire_numérique #Web #Valérie_Schafer