• Rapiécer le monde. Les éditions La Lenteur contre le déferlement numérique | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2019/12/20/rapiecer-le-monde-les-editions-la-lenteur-contre-le-deferlement-numeriqu

    L’objectif de leurs écrits est de construire une critique anticapitaliste de la technologie qui ne soit pas réactionnaire. Une critique en acte qui associerait la parole et l’action, l’analyse critique et la construction de nouveaux mondes. Si, à partir du XIXe siècle, le progrès technique s’est inventé comme la condition de possibilité de l’émancipation sociale et de la liberté, peu à peu s’est imposé un divorce croissant entre ce progrès technique et le progrès humain. La thèse des textes publiés à la Lenteur est que le numérique actuel accélère ce divorce ancien, que les technologies dites numériques facilitent de plus en plus le démontage des droits sociaux, des solidarités tout en restreignant sans cesse la liberté. Loin de rompre avec les logiques de destruction et de contrôle des techniques modernes, les technologies numériques apparaissent de plus en plus comme le franchissement d’un nouveau seuil. Ce constat semble de plus en plus partagé, comme le montre les mobilisations massives autour des compteurs communiquants Linky et les doutes autour de la cybersurveillance et l’impact écologique et énergétique croissant des infrastructures et objets numériques. La thèse selon laquelle le numérique est un enjeu politique central, qui implique de lutter contre les entreprises et l’État qui rendent cette dépendance au numérique généralisée, s’étend.

    #technocritique #critique_techno #La_Lenteur #François_Jarrige #livre

    • Comment envisager d’instaurer un monde vivable et écologiquement moins destructeur si partout explosent les consommations énergétiques, des infrastructures matérielles destructrices, et des promesses abstraites et creuses sur les futurs technologiques heureux. Mais aussi, que signifie concrètement s’opposer à l’informatisation du monde et de nos vies alors que le consumérisme high tech ne cesse d’être vantée, promue et encouragée partout, y compris dans les milieux militants qui invitent à liker, tweeter et partager sur Facebook leurs actions pour les rendre visibles.

      […]

      L’informatique offre de multiples avantages et facilités apparentes – c’est comme ça qu’il s’impose – tout en multipliant les nouvelles complexités, les nouvelles dépendances et les nouvelles fragilités. Les deux vont ensembles et sont indissociables, c’est toute l’ambivalence de ce qu’on nomme le « progrès technique ». Ce débat travaille de nombreux groupes militants qui consacrent un temps croissant à s’agiter sur le net, et une revue en ligne comme Terrestres elle-même n’est pas exempt de ce défaut en faisant le choix de circuler en ligne, via des réseaux sociaux, tout en invitant à redevenir terrestre. Il ne s’agit pas de culpabiliser ni de renvoyer aux usages individuels, car la plupart des gens n’ont pas choisi ni ne sont enthousiastes face à la numérisation en cours. Il s’agit d’abord de penser ces questions d’un point de vue collectif et global, et de s’opposer aux discours officiels et médiatiques dominants, conditions préalables à la possibilité de formes de vies et d’expérimentations différentes.

      […]

      Contre le philosophe et économiste Frédéric Lordon, la critique se fait plus ravageuse puisqu’il est présenté comme un habile rhéteur, aux positions visibles dans la gauche radicale contemporaine, mais qui refuse obstinément de penser la question technique comme une question politique, ni d’affronter totalement le monde réel tel qu’il est.

  • Snowden, Constant et le sens de la liberté à l’heure du désastre | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2019/12/20/snowden-constant-et-le-sens-de-la-liberte-a-lheure-du-desastre

    Aurélien Berlan

    Les géants du numériques ont aboli la « vie privée », face visible de la liberté des Modernes. C’est au contraire à l’autre versant de cette conception de la liberté qu’il faudrait renoncer : être délivrés des nécessités de la vie, rendue possible par l’instauration de dispositifs lointains et aliénants. Il s’agit alors de reconquérir la liberté de subvenir à nos vies.

    A propos d’Edward Snowden, Mémoires vives, Seuil, Paris, 2019.

    Les appels à décréter « l’état d’urgence écologique » qui foisonnent aujourd’hui à l’adresse des Etats sont le dernier avatar d’une idée qui hante une partie du mouvement écologiste depuis longtemps. Compte tenu des liens historiques entre la dynamique des sociétés industrielles et la conception occidentale moderne de la liberté, enrayer l’aggravation des nuisances et la multiplication des catastrophes que ces sociétés provoquent supposerait d’engager une politique étatique volontariste, voire dirigiste, supposant de restreindre les libertés, que ce soit sous la forme d’un renouveau républicain ou d’une dictature verte1. Entre la nature et la liberté, il faudrait choisir – et vu le degré de dégradation environnementale déjà atteint, manifeste dans la brutalité de l’effondrement en cours du vivant, on n’aurait en réalité pas le choix.

    Sur les terrains de lutte ayant une dimension écologiste, là où des gens se mettent en danger pour empêcher tel ou tel projet désastreux de se réaliser, qu’il s’agisse d’un méga-transformateur électrique pour exporter de l’énergie prétendument verte (comme en Aveyron où l’Amassada vient d’être expulsée manu militari), d’une mine de lignite (à Hambach en Allemagne où l’intervention de la police a provoqué un mort) ou d’une poubelle nucléaire (à Bure où les militants font l’objet d’une répression judiciaire acharnée), c’est un autre son de cloche que l’on entend en général. Les militant-es ne se battent pas pour que les prérogatives de l’Etat soient encore renforcées après deux décennies de lois « antiterroristes » (utilisées contre la contestation écologiste lors de la COP 21) et cinquante ans de politiques « sécuritaires », mais pour reconquérir une liberté que le capitalisme industriel, avec la complicité des Etats, nous a selon eux ravie.

    Dans les deux cas, il ne s’agit bien sûr pas de la même liberté – notion dont on sait à quel point elle est polysémique. Dans le premier discours, c’est la conception (néo)libérale de la liberté qui est en ligne de mire, c’est-à-dire la liberté d’échanger et de faire des affaires sans entraves (« laisser faire, laisser passer »), sur les deux plans individuel (« je fais ce que je veux ») et entrepreneurial (« dérégulation des marchés ») – et l’on retombe dans les vieilles ornières du débat opposant les libéraux aux interventionnistes, qu’ils se disent socialistes, républicains ou écologistes. Dans le second discours, c’est une autre idée de la liberté qui est en jeu, que les militant-es désignent en général par la notion d’autonomie en un sens qui ne se réduit pas au fait de « se donner ses propres lois » (l’autonomie politique, au sens étymologique), mais implique aussi de pourvoir à ses propres besoins – c’est de cela dont il est question quand on parle d’autonomie matérielle en général, et en particulier d’autonomie énergétique, alimentaire, médicinale, etc.❞

    • Excellent article !

      Car le désir d’autonomie qui anime une partie du mouvement écologiste, et bien au-delà, invite à lire l’histoire autrement, à penser que si une conception de la liberté a triomphé, c’est l’aspiration à la délivrance – vieux rêve dont le transhumanisme incarne aujourd’hui la radicalisation high-tech : en promettant le dépassement de la mort et en faisant miroiter la colonisation de Mars aux riches qui s’inquiètent tout de même de leurs chances de survie sur la Terre dévastée, cette idéologie réactualise le fantasme d’être délivré des aspects négatifs de la condition terrestre. Or, ce fantasme s’est historiquement imposé contre les aspirations à l’autonomie des classes populaires qui, pendant des siècles, ne se sont pas battues pour être déchargées des nécessités de la vie, mais pour avoir libre accès aux moyens de subsistance, en premier lieu la terre, permettant de prendre en charge ces nécessités.

      […]

      En réalité, les révélations de Snowden n’en étaient que pour celles et ceux qui ne s’étaient jamais interrogés sur les tenants et aboutissants de l’informatisation de leurs activités, ou qui ne le voulaient pas. Pour les autres, elles ne faisaient qu’administrer les preuves irréfutables de ce qu’ils avaient déjà dénoncé, dans l’indifférence générale. Le rappeler, ce n’est pas amoindrir le mérite de Snowden, mais mettre en évidence sa véritable contribution au débat, absolument décisive : avoir permis de démasquer les béni-oui-oui de la High-tech, qui taxent toute critique de « conspirationniste » ou de « technophobe ». Grâce à Snowden, on sait désormais que les discours rassurants sur la révolution numérique sont le fait, au mieux de grands naïfs se voilant la face, au pire de marchands de sable cyniques que l’informatisation du monde renforce et enrichit.

      […]

      Si la sacralisation de la vie privée avait gardé de sa force, on aurait pu s’attendre – c’est ce qu’espérait Snowden – à ce que ses révélations provoquent une levée de boucliers de ce type. Il n’en fut rien. En France, la plupart des gens qui se disaient choqués n’envisageaient pas pour autant de modifier leurs pratiques de communication, comme s’il n’y avait rien d’essentiel à défendre ici, et donc aucune raison de se mobiliser ou de changer ses habitudes électroniques. Ce que l’affaire Snowden a révélé fut pour lui une cruelle désillusion : la liberté pour laquelle il avait pris tant de risques ne faisait plus vibrer grand monde11. Est-ce à dire que la liberté ne nous importe plus ? Ce n’est pas ce que suggère le matraquage idéologique persistant à vendre n’importe quelle réforme et n’importe quelle innovation dans l’emballage de la « liberté ». En réalité, l’indifférence suscitée par Snowden tient au fait que nous nous sentons toujours aussi « libres » qu’avant, comme si la violation de la vie privée n’affectait plus notre liberté. Mais alors, n’est-ce pas le mot liberté qui aurait changé de sens ? Si la véritable révélation de Snowden concerne la dissolution de la liberté des Modernes dans les réseaux de fibre optique, alors nous serions, comme Constant en son temps, à un tournant dans l’histoire du mot liberté, qu’il nous faudrait interroger à nouveau. Où en est-on dans l’histoire du sens de la liberté ?

      […]

      Nous pouvons dès lors reformuler le problème posé par Snowden. Si nous nous sentons toujours libres aujourd’hui, ce n’est peut-être pas que le sens de la liberté aurait fondamentalement changé, mais plus simplement que l’inviolabilité de la sphère privée n’était pas la seule chose qui faisait la valeur de la liberté aux yeux des Modernes, ou la chose principale qui faisait qu’ils se sentaient libres. Mais alors, quelle qualité constituait le cœur de la liberté bourgeoise ?

      […]

      Ce que signe l’affaire Snowden n’est donc pas tant la fin de la liberté des Modernes que celle de l’interprétation libérale qui la définissait par l’inviolabilité de la vie privée. En réalité, ce critère constitutionnel, effectivement bafoué aujourd’hui, masque le fait que les Modernes aspirent d’abord à autre chose, à la délivrance à l’égard des nécessités politiques et matérielles de la vie sur terre. C’est justement ce que suggère l’indifférence suscitée par les révélations de Snowden. C’est aussi ce que confirme une lecture attentive de Constant. Et c’est également ce qu’une histoire de la liberté moderne montrerait. Car face à la conception libérale de la liberté comme délivrance à l’égard des soucis matériels et politiques, le socialisme a souvent, dans ses tendances marxistes dominantes, surenchérit sur ce désir de délivrance en rêvant de surmonter le « règne de la nécessité » par le productivisme industriel et de dépasser la conflictualité sociale dans « l’administration des choses25 ».

      #Aurélien_Berlan #philosophie #liberté #libéralisme #démocratie #politique #capitalisme #anti-industriel #subsistance #autonomie #Edward_Snowden #Benjamin_Constant #vie_privée #privacy #Modernité #transhumanisme @antonin1

    • C’est un très beau texte, et bien écrit. Berlan reprend l’alternative de Constant sur les deux libertés, montre que la liberté individuelle ne peut exister sans liberté politique, collective, et qu’on nous vend la première, censée compenser la perte de la seconde, dans un contexte où celle-ci ne peut pas s’exercer. Et il étend la notion classique de liberté politique en liberté d’assurer et de contrôler ses conditions de vie matérielle, sa subsistance. Au final, c’est comme ça que je l’entends, nous avons accepté le « ou bien oui bien » de cette fausse alternative en prenant la seconde, dénuée de son sens et protégée par de bien maigres garde-fous et déclarations d’intention, parce qu’elle nous libère des nécessités de la vie en nous fourguant des biens et services bien « pratiques » (bagnole, télécom, bouffe produite par des spécialistes, objets à deux balles mais en nombre, la #poubelle_industrielle avec ses nuisances écologiques qu’on feindra de déplorer).

      Ce faisant, on comprendra pourquoi nous nous sentons toujours aussi « libres », en dépit des révélations de Snowden : parce que le système étatico-industriel, si liberticide soit-il, nous délivre toujours plus des limites et des contraintes liées à la vie humaine sur terre.

      Mais depuis, il est devenu clair que la liberté effective ne dépend pas seulement des droits fondamentaux et de l’agencement des institutions, mais aussi de conditions sociales et matérielles. Si l’on dépend d’une instance supérieure pour assurer ses besoins, on se retrouve « à sa merci » et donc potentiellement en situation d’impuissance et d’oppression

      Et si la quête de délivrance à l’égard des nécessités de la vie sur terre, le désir d’un allègement de nos conditions de vie jusqu’à l’apesanteur, jusqu’à l’idée de quitter la terre pour mener une vie extra-terrestre, a fait le lit du capitalisme industriel et du saccage de la planète, il faut rompre avec cet imaginaire et revaloriser l’autonomie comme une manière de revenir sur terre, de revenir à une vision terrestre de la liberté, compatible avec la préservation de nos conditions de vie sur notre planète fragile. En tout cas, c’est une perspective plus enthousiasmante que celle d’un état d’urgence écologique qui conduirait à une restriction draconienne du peu de libertés qui nous reste.

      Merci @rastapopoulos pour l’appel !

  • L’effondrement, nouveau récit social

    « 2019 aura été l’année de la vulgarisation du récit de
    l’effondrement, qui est passé du stade de thèse groupusculaire à celui de récit social.

    Après plusieurs dossiers parus l’été dernier dans
    Science & Vie, Libération ou Le Monde, sans oublier la vidéo très
    partagée de l’ancien ministre Yves Cochet, donnant une illustration
    concrète du survivalisme, le mois de novembre a vu la diffusion du
    premier épisode d’une mini-série éponyme sur Canal +. L’Obs lui
    consacre cette semaine sa première couverture. Enfin, un sondage,
    publié à l’occasion de l’ouverture de la COP25 à Madrid, suggère que
    plus de la moitié des Français redoutent un effondrement de notre
    civilisation.

    (…)

    Comment a-t-on pu passer en moins de vingt ans des promesses d’avenir de l’an 2000 à une perspective de fin du monde ? Certes, le succès du motif tient en partie à sa polysémie. Pour certains, agiter la menace de la catastrophe est le meilleur moyen d’accélérer la prise de conscience et l’acceptation de choix douloureux. D’autres ne croient déjà plus à la résilience de la société confrontée à des crises trop nombreuses, et perçoivent dès à présent les signes d’un effondrement en cours. On rencontre également de nombreuses critiques du récit catastrophiste, assimilé par ses adversaires à un nouveau millénarisme (…) . »

    http://imagesociale.fr/8029

  • L’#effondrement a commencé. Il est politique

    Alors que des #révoltes éclatent aux quatre coins du monde, gouverner aujourd’hui s’apparente de plus en plus à mener une guerre ouverte ou larvée contre les soulèvements des peuples et des êtres vivants, pour maintenir coûte que coûte un ordre de plus en plus discrédité. L’anthropologue #Alain_Bertho revient ici pour Terrestres sur cette « #crise_de_la_gouvernementalité » et sur la longue séquence de révoltes apparentées qui en sont à l’origine.


    https://www.terrestres.org/2019/11/22/leffondrement-a-commence-il-est-politique
    #effondrement_politique #collapsologie #résistance #luttes #maintien_de_l'ordre #gouvernementalité #soulèvements

    Une #liste :

    Deux décennies de soulèvements :

    2001 : 19-20 décembre soulèvement en Argentine contre le FMI, la dette et l’austérité. « Que se vayan todos »16
    2005 : 27 octobre-17 novembre : émeutes en France après la mort de deux jeunes, Zyed et Bouna.
    2006 : Mars : mobilisation et blocages contre le Contrat Première Embauche en France.
    2008 : émeutes contre la vie chère au Burkina Faso, au Cameroun, au Mozambique (février), au Sénégal (mars), au Bangladesh, en Côte d’Ivoire, en Égypte, à Haïti (avril), en Somalie (mai).
    Du 6 au 31 décembre : émeutes en Grèce après la mort d’Alexis Grigoropoulos tué par la police.
    Mars : émeutes au Tibet Chinois.
    2009 : 13 juin jusqu’à fin juillet : soulèvement en Iran après la victoire annoncée de Mahmoud Ahmadinejad à l’élection présidentielle.
    Janvier-mars : grève générale contre la vie chère aux Antilles françaises.
    Juillet : soulèvement Ouïghours dans le Xinjiang (Chine)
    2011 : année du « printemps arabe » : soulèvements en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, en Syrie, au Bahreïn, en Algérie, en Jordanie, au Maroc.
    15 mai : lancement du mouvement des Indignés en Espagne.
    Juin : manifestation et émeutes contre la réforme constitutionnelle au Sénégal.
    6-11 août : émeutes en Angleterre (Londres, Birmingham, Leeds, Liverpool, Bristol, Salford, Manchester et Nottingham) après la mort de Mark Duggan, tué par la police.
    Octobre : lancement d’Occupy Wall Street.
    Septembre : début de la révolte contre la corruption de Wukan (Guangdong) en Chine.
    2012 : « Printemps érable » : mobilisation étudiante au Québec.
    Janvier mars : révolte contre la corruption de la ville de Wukan (Guangdong) en Chine.
    Février-avril : révolte contre les projets hydroélectriques en Patagonie (Aysen).
    2012- 2015 : montée exponentielle des attentats djihadistes dans le monde.
    2013 : Mai-juin : occupation de la place Taksim à Istanbul et affrontements dans toutes les villes du pays.
    21 novembre : début de l’occupation de la place Maidan à Kiev.
    Juin-juillet : mobilisation contre le prix du bus puis contre la corruption au Brésil.
    2014 : Janvier- février : occupation de la place Maidan à Kiev.
    Mai à juillet : manifestations et émeutes contre le Mundial à Rio de Janeiro, Recife, São Paulo, Guarulhos, Brasília, Belo Horizonte, Salvador de Bahia, Fortaleza, Curitiba.
    Novembre décembre : mouvement des Ombrelles à Hong Kong.
    Août : émeutes à Ferguson après la mort de Michael Brown, tué par la police.
    Octobre : soulèvement au Burkina Faso contre la réforme constitutionnelle et le cinquième mandat de Blaise Compaoré.
    2015 : Avril : émeutes à Baltimore après la mort de Freddie Gray, tué par la police.
    2016 : Mai : affrontements lors de la mobilisation contre la loi Travail en France. Nuit debout.
    Émeutes contre la pénurie au Venezuela.
    2017 : Janvier : 69 émeutes au Mexique en raison du prix du carburant.
    Avril à juin : 109 pillages et émeutes au Venezuela contre la pénurie et le régime.
    2018 : Janvier : 26 émeutes en Tunisie liées à la vie chère.
    Janvier : 32 pillages et émeutes au Venezuela contre la pénurie.
    Avril-mai : résistance de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
    Mai-septembre : violente mobilisation contre Ortega au Nicaragua.
    Juillet : violentes manifestations contre la corruption en Irak.
    Novembre-décembre : soulèvement des Gilets Jaunes et mobilisation lycéenne.

    Quelques #statistiques et #chiffres :

    ping @simplicissimus @visionscarto @karine4

  • https://www.terrestres.org/2019/11/22/leffondrement-a-commence-il-est-politique

    “Il semble clair aujourd’hui que cette séquence est liée à la #mondialisation numérique et financière et à ses trois logiques socio-politiques dominantes : l’accentuation considérable des #inégalités, la financiarisation des dispositifs de gouvernance qui alimente la corruption des élites et la mise en # des systèmes politiques, notamment de #représentation. Ce dernier point est essentiel. Faute de système de médiation, toutes les souffrances, tensions sociales et conflits deviennent potentiellement explosifs. C’est pourquoi les situations d’émeutes et d’affrontements sont si diverses dans le monde alors que leurs modalités pratiques et leurs répertoires se ressemblent tant. L’accentuation des inégalités et la visibilité croissante de la corruption complètent le tableau et sapent de façon irrémédiable la #légitimité d’#Etats qui n’ont plus que la violence pour tenter de se faire respecter15. Par-delà la multiplication des explosions locales de #colère, le début du siècle a été marqué par des # auxquels la mise en perspective donne rétrospectivement un sens historique (cf. ci-dessous).“

  • Lubrizol : la catastrophe n’a pas (encore) eu lieu | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2019/10/13/lubrizol-la-catastrophe-na-pas-encore-eu-lieu

    Quelques jours après l’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen, l’historien Renaud Bécot revient sur l’histoire du site et fait le récit de la gestion de cette crise. Une mise en perspective approfondie qui s’impose pour dépasser les écueils d’une lecture présentiste de l’actualité. Symptôme de l’échec toujours répété de la maîtrise des risques industriels, ce type d’accident ne devrait-il pas être l’occasion d’interroger la viabilité écologique et sociale de nos choix de production et de consommation ?

    Le ton est assez désagréable (heureusement que nous chercheurs ne vous fournissons pas la merde que vous bouffez d’habitude, bon là, allez, je consens à écrire vite sur un sujet d’actu) mais Bécot est d’habitude un auteur intéressant.
    #industrie #risques #Lubrizol

  • La terre des ronds-points
    Lena Balaud
    https://www.terrestres.org/2019/10/13/la-terre-des-ronds-points

    13 octobre 2019

    Un des tours de force du mouvement des Gilets Jaunes aura été d’habiter collectivement les ronds-points, péages, zones commerciales - espaces voués à être inhabitables. “Généalogie du déracinement” de Dalie Giroux nous raconte cette guerre entre l’habitation du monde et la valorisation de tout ce qui, sur terre, peut être vendu.

  • Lubrizol : la catastrophe n’a pas (encore) eu lieu | Renaud Bécot
    https://www.terrestres.org/2019/10/04/lubrizol-la-catastrophe-na-pas-encore-eu-lieu

    Quelques jours après l’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen, l’historien Renaud Bécot revient sur l’histoire du site et fait le récit de la gestion de cette crise. Une mise en perspective approfondie qui s’impose pour dépasser les écueils d’une lecture présentiste de l’actualité. Symptôme de l’échec toujours répété de la maîtrise des risques industriels, ce type d’accident ne devrait-il pas être l’occasion d’interroger la viabilité écologique et sociale de nos choix de production et de consommation ? Source : Terrestres

  • Accumuler de la matière, laisser des traces | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2019/09/11/accumuler-de-la-matiere-laisser-des-traces

    Les raisons du pic ? La Chine, 57% de la demande globale en 2015. Comparaison affolante : ce pays a consommé entre 2011 et 2013, donc en trois ans, autant de ciment que toute l’économie américaine au XXème siècle. Vous avez bien lu : en-trois-ans. Que ce pays consomme un peu moins et la courbe mondiale s’aplatit. La même explication, quasi triviale, vaut pour l’accroissement de la hausse depuis le début des années 2000 (1,5 Giga tonnes5 en 2000 à plus de 4 Gt en 2015). On peut encore rappeler, histoire de rajouter du vertige au vertige, que la consommation de ciment en Chine a été multipliée par 9000 entre 1920 et 2013 et par 3600 depuis 1949 (Cao et al., 2017). Evidemment, cette réponse ne peut que laisser insatisfait. La Chine n’est pas un monolithe – on ne rappellera pas toutes les différences socio-économiques entre sa côte, les nouvelles villes du centre et les régions les plus à l’Ouest du pays. En outre, cette courbe agrégée au niveau mondial cache l’explosion de la consommation dans certains pays et la baisse, parfois depuis des décennies, dans d’autres. Enfin, il ne faut pas oublier que les courbes peuvent baisser… pour mieux repartir à la hausse.

    #capitalisme_fossile #ciment #matière #déchets #écologie #finance

  • Menaces sur la Loire : le pont de trop | Sarah Irion et Quentin Hardy
    https://www.terrestres.org/2019/08/05/menace-sur-la-loire-le-pont-de-trop

    Près d’Orléans, un magnifique territoire de nature sauvage du Val de Loire est promis à une destruction prochaine. Depuis bientôt 23 ans, le département veut y construire un pont en dépit d’une avalanche d’arguments contraires, dans un site classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. A partir du 11 août, un vigoureux mouvement de résistance construit un « Village des alternatives » tourné vers l’avenir pour s’opposer à ce projet d’un autre temps. Source : Terrestres

    • Un reportage d’Émilie Massemin / Reporterre
      https://reporterre.net/Mobilisation-sur-la-Loire-contre-un-projet-de-pont-coupant-foret-et-natu

      Enfin, la Loire, à cet endroit, ne se prête pas à l’installation d’un pont, affirme Jean-Marie Salomon en s’appuyant sur un rapport du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) commandé par le conseil départemental, qui devait rester confidentiel jusqu’en 2020 mais dont des extraits ont fuité dans la presse en février : « Selon ce rapport, il est possible, voire probable que le pont s’effondre pendant sa durée d’existence, à cause de l’extrême fragilité du système karstique sur lequel il serait installé. » Entre Châteauneuf-sur-Loire et Blois, les calcaires de Beauce qui forment une partie du lit du fleuve se dissolvent au contact de l’acide carbonique présent dans l’eau et laissent apparaître des fissures, les karsts. Selon les experts du BRGM, boucher ces fissures pour installer un pont risquerait de réduire et de polluer les écoulements d’eau vers la nappe phréatique et les captages d’eau potable en aval. Par ailleurs, ces karsts peuvent s’effondrer et former d’énormes cavités, les « fontis » : en 2010, c’est un pavillon entier du village de Saint-Pryvé-Saint-Mesmin qui a disparu dans un de ces trous, de 16 mètres de diamètre et 8 mètres de profondeur.

      Pour le président du Loiret, les opposants sont injustes quand ils parlent d’un projet imposé. « La déviation n’est pas une lubie du département, puisque c’est la commune de Jargeau qui l’a réclamée. Les gens veulent vivre à la campagne et des lotissements ont été construits un peu partout . Nous avons essayé de mettre en œuvre des solutions alternatives pour les acheminer à Orléans, comme le transport à la demande, le renforcement des lignes de bus régulières et le transport à 2 euros, mais rien n’a marché. Des opposants réclament la réouverture de la ligne ferroviaire Orléans-Châteauneuf, ce qui est une compétence de la région. Évidemment, nous l’encourageons, et nous sommes même prêts à participer à son financement. »

      https://le-castor-enerve.fr
      http://www.loire-et-biodiversite.com


      https://librairie-quilombo.org/Le-cauchemar-pavillonnaire
      ma maison c’est du #béton

  • Des lectures pour l’été !
    https://www.latelierpaysan.org/Des-lectures-pour-l-ete

    Quelques lectures et vidéos pour maintenir notre esprit critique même pendant la canicule : 1. 9 conférences de Sciences Critiques sur la critique de la technologie : L’Atelier paysan est allé écouter ce colloque le 29 mai dernier à Paris, auquel contribuaient des chercheur-euses avec qui nous sommes en contact : Pourquoi (et comment) critiquer la technologie aujourd’hui ? Sciences critiques va lancer une grande enquête de terrain à la rentrée, et propose de voter pour la thématique. Bien entendu, (...) Actualités

    https://sciences-critiques.fr/pourquoi-et-comment-critiquer-la-technologie-aujourdhui-2
    https://framaforms.org/participez-aux-prochaines-enquetes-de-sciences-critiques-1555754564
    http://www.slate.fr/story/176046/alain-touraine-societe-post-industrielle-mythe-hyperindustrielle
    https://www.terrestres.org/2019/07/25/l-an-zero-de-lecologie-macroniste
    https://www.youtube.com/watch?v=fH875gtF-4w&feature=youtu.be

  • Pourquoi le paysan argentin a raison de dire que le soja OGM est « méchant » | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2019/05/06/pourquoi-le-paysan-argentin-a-raison-de-dire-que-le-soja-ogm-est-mechant

    Je dirais que ça a commencé aux États-Unis, il y a une vingtaine d’années, avec les alliances entre activistes et populations indigènes dans les mouvements altermondialistes. Et je crois d’ailleurs que des propositions comme celles des zapatistes y ont été pour beaucoup. Parce que les zapatistes pensent dans leur milieu et pas au nom de l’universel. Donc je pense qu’effectivement dans toute cette culture altermondialiste, il y avait cette nécessité d’hybrider les histoires de luttes sociales et les histoires de luttes contre la dévastation écologique. Quand on dit « Un autre monde est possible », alors le monde n’est plus seulement humain. Il implique aussi d’autres rapports avec tous les êtres vivants.

    De plus, ces relations nouvelles entre activistes et peuples traditionnels fabriquent des modes de résurgence, des manières de faire et d’exister qui s’appuient avant tout sur ce qui a été détruit. Et ça, c’est pour moi l’un des grands changements de perspective qui vient après la domination par le mythe du progrès. C’est cette idée que nous sommes toutes et tous issu.e.s de désastres coloniaux, et ici en Europe aussi. Parce que la colonisation a commencé en s’en prenant aux mêmes choses ici et ailleurs : faire régner un droit de propriété qui est avant tout un droit d’exploiter, d’extraire, d’abuser et de détruire. Et pour moi, l’écologie, par conséquent, a toujours été une étho-écologie. C’est-à-dire que les êtres vivants qui composent un milieu sont issus de ce milieu, et donc des problèmes, des risques et des opportunités proposées par ce même milieu. De fait, on ne doit pas considérer que leur comportement, leur ethos, est déterminé par leur milieu, mais bien qu’ils se déterminent par rapport à leur milieu. Nous, vivants, ne sommes pas déterminés : on se détermine par rapport à ce à quoi on à affaire. Et donc, l’ethos, la manière de se comporter, est une des composantes intrinsèques de l’écologie. Avec l’écologie, on ne peut pas parler des espèces en général. Notre propos doit toujours être situé.

    #stengers #ogm #multiplicité_des_natures

  • La nature de leurs limites | Stéphane Lavignotte
    https://www.terrestres.org/2019/03/05/la-nature-de-leurs-limites

    L’ouvrage « Nos limites », premier livre de deux des principaux animateurs de la revue « Limite, revue d’écologie intégrale » donnait à comprendre, dès 2014, une pensée qui s’apparente davantage à une théologie catholique conservatrice – mal cachée derrière une forêt de références – qu’à une proposition écologiste. Source : Terrestres

  • Le temps compté | #Bernard_Aspe
    https://www.terrestres.org/2019/03/05/le-temps-compte
    Notes sur quelques textes récents de #Jacques_Rancière

    L’autre #temps, qu’instaure un #moment politique, c’est donc celui qui échappe à la simple succession des choses qui « arrivent les unes après les autres ». Mais il y a plusieurs manières d’échapper à la succession. Si la matrice aristotélicienne de la mimesis demeure féconde pour nos dominants, c’est dans la mesure où elle permet une construction du temps qui ne s’en tient pas à la simple chronique, à la simple description de ce qui arrive, à l’enregistrement de la succession des faits. Elle est une matrice parce qu’elle est une reconstruction de ce qui arrive, une reconstruction qui fait de ce qui arrive un enchaînement de causes et d’effets, et plus encore : le développement inéluctable de ce qui est donné dans les conditions objectives de la situation présente.

    Quitter cette matrice, c’est proposer un autre enchaînement des moments ; c’est mettre en œuvre un « pouvoir du moment qui crée un enchaînement temporel déviant ». Ce pouvoir du moment peut trouver son origine dans la situation la plus contrainte. Lorsque Gabriel Gauny raconte une journée de travail, il ne parle pas des gestes nécessaires pour que s’opère la production de l’objet demandé par les patrons ; il parle de ce qui fait dévier cette commande : un geste différent de la main, un regard qui dévie et fait dériver la pensée, une pensée qui survient inopinément et qui change le rythme du corps, un jeu d’affects qui fait que la servitude ressentie ou la liberté éprouvée se traduisent en gestes d’allures diverses et en enchaînements contradictoires de pensée. Ainsi se produisent toute une série d’écarts positifs avec le temps normal de la reproduction de l’être-ouvrier ». Une fois repéré cet écart au sein même de la situation de travail, le geste déviant peut être lié à autre chose qu’à la production à laquelle il est censé être ordonné, par exemple aux journées insurrectionnelles de 1830 ou de 1848, « où le peuple des hommes “passifs” a oublié “le temps qui n’attend pas” et déserté les ateliers pour aller dans la rue affirmer leur participation à une histoire commune ».